Après des mois intenses, j’étais en vacances, enfin !J’assume un poste de cadre dans une multinationale, ce qui veut dire subir une grosse pression et supporter une disponibilité permanente. Cette situation est une des causes de ma séparation. J’étais en couple depuis quelques années avec Christelle, une superbe jeune femme. Nos vies professionnelles ont progressivement, et rapidement, détruit notre intimité, notre complicité, malgré le cadre agréable de notre maison au pied de la Sainte-Victoire. Elle est donc partie vers d’autres horizons. Me voilà donc à trente-cinq ans, célibataire. Comme le disent mes amis : « Jean, beau gosse comme tu es, profite un max ».Beau gosse, je ne sais pas. Mais mon physique bien entretenu par une pratique régulière d’activités sportives ne laisse pas indifférente une gent féminine célibataire ou pas. En ce mois de juillet, j’avais besoin de me ressourcer. J’ai donc décidé de retourner en pays catalan dans la maison de famille, au pied du Canigou, et traîner dans des lieux familiers.L’Abbaye de Saint Michel de Cuxa possède un cloître roman où le marbre rose des colonnades donne un côté flamboyant. J’aime y flâner. Au centre de cette ceinture de promenade, un jardin, simple. L’endroit offre une étonnante impression de sérénité avec au milieu un petit bassin de pierre qui sert d’abreuvoir à de nombreux oiseaux. Les visiteurs arpentent volontiers le cloître à pas lents pour bavarder ou méditer profitant du jeu d’ombres et lumières. Sous leurs pas les larges dalles de pierres blanches semblent briller, polies par les siècles.Pour moi, cet endroit est magique, exceptionnel en particulier la crypte, aussi secrète qu’une grotte. La lumière court sur les voûtes avec discrétion, presque invisible mettant en valeur le pilier central, imposant, grandiose par sa circonférence. J’étais en contemplation devant une niche abritant une vierge quand me vint aux narines un parfum subtil, attachant. Je tournai la tête et vis, à quelques pas de moi, une belle silhouette, grande, habillée d’un pantalon de lin taille haute et d’un chemisier assorti. La tête était couronnée par une capeline, légère, cachant, en partie, le visage de cette apparition. Sentant mon regard, une main avec ses longs doigts releva le bord de la capeline. Devant l’insistance de mon regard, un sourire éclaira un visage que je devinai harmonieux. Un mouvement de visiteurs et voilà mon apparition disparue.Après un détour par le jardin et sa plantation d’iris multicolores, je rejoignis ma voiture. Je sentis alors un regard. Elle était là, avec un groupe d’amis, certainement, bavardant joyeusement. Je croisai son regard, elle me gratifia d’un sourire charmeur. Je regardai la voiture s’éloigner, et restai là, frustré.De nombreux petits villages se nichent dans les vallées du Conflent. Fillols en est un. C’est un tout petit village plein de charmes construit autour de son église romane. La place est le lieu de vie de ces anciens et nouveaux convertis au retour à une vie près de la nature. Le bar de José côtoie le coiffeur d’un autre âge, et l’église, dont la porte tourne de dos à ce lieu de vie. Ici la fête est une institution, attractive pour les villages voisins. Ce soir, une festa major y est organisée. Me voilà donc débarquant au milieu d’une foule déjà bien « ambiancée ». Inutile de demander un jus de fruit au bar ! Une chanteuse à la voix rugueuse décline sa complainte accompagnée par les accords charmeurs du guitariste. Et puis le bal éclate aux sons d’un orchestre typique. Les sonorités du beugle, trompette, et autres cors redonnent de l’attrait à ces danses anciennes, mais combien conviviales. Pris par le mouvement, je me retrouve dans le flot des danseurs. Rires, corps qui se frôlent, exubérances, donnent à cette soirée un goût de plaisirs bruts.Dans cette cohue, un parfum que j’avais croisé éveille mes sens. Je la vois alors, belle, splendide. Sa longue robe blanche, que rehausse une large ceinture rouge, lui donne un côté irréel. Elle sourit, ses cheveux bruns se balancent au gré du rythme de la musique. Elle s’avance vers moi, me prend la main et m’entraîne dans cette folle farandole qui emplit toute la place. Nous dansons, nous buvons, même nous aventurons vers la fontaine de la boisson jaune anisée ! La fontaine du diable. Nous rions, mais nous parlons peu. Serait-il possible de le faire dans ce tumulte ? Nos yeux, nos mains se cherchent, se trouvent. Nos corps se rapprochent à chaque danse. Son parfum m’enivre.L’orchestre s’arrête pour une pause. Le parapet de granit, qui borde le chemin vers l’église, nous accueille. Nous partageons un verre d’eau indispensable à ce moment-là. Son rire éclate, cristallin, et sa tête se pose sur mon épaule.— Qui es-tu, belle inconnue ?— Isabelle, et toi ?— Jean.— Embrasse-moi !Comment résister à cette supplique, ouverture vers un instant de bonheur. Nos lèvres se joignent lentement, puis avec passion. Je suis envoûté par cette sensualité qu’elle dégage. Notre baiser se prolonge, soudainement interrompu. Ses amis sont là devant nous rieurs, moqueurs.— Alors on s’isole ? On roucoule ? Tu nous présentes ?— Jean, je te présente mon frère, Arthur, garçon envahissant, mon amie Géraldine, et son frère Damien. Une bande d’insolents !— Allez, venez, l’orchestre reprend !Et c’est ainsi qu’au rythme suranné de polkas et autres valses lentes, bien déformées au fil de la nuit qui s’étire, tout le monde danse, vit, rit, s’amuse. Isabelle est contre moi, me bécotant, son corps collé au mien. Elle me prend la main et m’entraîne vers le chemin qui descend à la rivière. La clarté des lumières disparaît, la musique s’estompe.Je la prends dans mes bras, l’embrasse avec passion. Mon désir se manifeste et mon érection est trahie par la déformation de mon pantalon. Appuyés contre un arbre nos corps se pressent. Je sens sa poitrine, ses bouts durs.— Prends-moi, ouvre ma robe.Sans quitter sa bouche, je défais tous les boutons de la robe. Je recule légèrement pour admirer dans cette pénombre un corps mince longiligne. Sa poitrine libre réclame son dû. Je suce, mordille ses tétons, joue avec ma langue. Ses mains arrêtent les caresses flattant mon sexe. Elle fait descendre son string et l’envoie au loin d’un coup de pied. Ses mains reviennent libérer mon sexe et le guident vers le sien. Je fléchis les jambes et pénètre dans l’univers tropical d’un vagin en fusion. L’étreinte est forte, son ventre amplifie mes va-et-vient, nos bouches dévorent toutes parties de corps à leur portée. Elle cambre soudainement avec force serrant mon sexe dans l’étau de sa chatte. Je ne tiens plus et explose dans un cri. Nos jouissances nous laissent pantelants, essoufflés, mais pleins de bonheur.— Viens, on va chez moi, dit-elle.Nous prenons sa voiture, à peine rhabillés. Elle conduit doucement, sa main dans la mienne, la mienne, l’autre, sur sa cuisse dénudée. Nous voilà devant un grand portail et ses piliers de granit rose, d’une villa que je connaissais. La voiture abandonnée, elle m’entraîne à l’étage, ouvre la porte d’une chambre et nous voilà enlacés, nus sur un lit qui n’attendait que nous. Aussitôt sa bouche s’empare de mon sexe, le suce avec délicatesse, augmentant la pression en remontant, sa langue malicieuse me met au supplice, le plus doux. Elle tourne, m’offrant son intimité que j’investis de ma langue. Le bruit de nos succions emplit la chambre. Au bord de l’explosion, synchrone, nos corps se redressent. Je la couche sur le dos, à genoux entre ses cuisses. Elle écarte les bras, m’offrant son corps au sacrifice du plaisir. Mes mains accrochent ses hanches, d’un geste je l’attire et, d’un coup de rein puissant, j’emplis sa grotte. Un feulement m’encourage à explorer, limer, à donner mon énergie à son plaisir. Ses seins ballottent au rythme de mes coups. Ses jambes m’entourent me collant au plus profond de son antre. Nous ne connaissions pas et nous voilà exécutant un pas de deux avec harmonie, délices, plaisirs, comme si nous avions déjà répété. Nos corps se donnent jusqu’à plus.Le jour pointe déjà à travers le volet. Je m’endors, ou plutôt je croule dans un sommeil brutal, Isabelle dans mes bras.Un rayon de soleil vient agacer mon œil. Je tourne la tête et rencontre le regard rieur d’Isabelle. Son baiser immédiat me comble, réveille mes sens. Ses bras me prennent, m’entourent, elle se love contre ma poitrine. Ses yeux pétillent, son sourire est lumineux. Je suis heureux et fier. Ses bras me serrent plus fort. Soudain je sens dans mon dos, sur mes fesses une présence. Je sursaute, surpris, étonné. Isabelle me tient fort, m’embrasse. Alors une bouche, douce cour sur mon cou, mes épaules, puis une main apparaît sur ma poitrine. Je suis pris entre deux corps dont l’un m’est inconnu. Je veux parler. Les lèvres d’Isabelle bâillonnent ma bouche de la plus douce des façons. Commence alors l’envahissement de mon corps par quatre mains. Mon dos est soumis à la caresse de ce que j’imagine être une poitrine ferme et généreuse. Une douce toison se colle sur mes fesses. L’érection attendue se précise. Isabelle m’embouche aussitôt, me poussant sur le dos. Je découvre alors Géraldine, l’amie aperçue à la fête. Ses lèvres viennent aux miennes, délicatement, presque superficiellement. Isabelle continue son œuvre et contemple mon érection, matinale ou pas. J’ai perdu toute notion du temps.Elle se relève, sa main court sur le dos de Géraldine. Elles s’embrassent, se cajolent. Je suis sans voix, ne cherchant pas à réfléchir, à raisonner.— Tiens, profite toi aussi, dit-elle à son amie.Voilà l’invitée qui me chevauche, appuyant ses lèvres intimes sur mon mâle attribut. Ses lèvres font un écrin magique sur mon érection ; s’enchaîne une danse diabolique, son sexe coulissant sur le mien dans une sarabande de glissements. C’est énorme comme sensation. Son bassin bouge guidant son pubis dans cette caresse extraordinaire. Isabelle vient m’embrasser, me câliner. J’atteins le sublime du plaisir. Enfin, je croyais, avant qu’une main ne guide ma bite dans cette grotte inconnue, incandescente, inondée. Elle s’empale sur mon sexe sans à-coup et commence une tendre chevauchée. S’appuyant sur ma poitrine, elle monte et descend avec une lenteur calculée. Je glisse une main entre nous flattant son clitoris.Mon cerveau est débranché, en court-circuit. Les deux femmes s’embrassent, Isabelle agaçant les bouts des seins de son amie. Pris au jeu, j’assume mon rôle et apporte mon envie. Ma main investit le sexe d’Isabelle, mon pouce sur son clitoris. J’entreprends un mouvement continu, sortant rentrant, suivant le rythme de ma cavalière. L’explosion de nos trois plaisirs arrive, brutale, puissante, énorme. Le silence s’installe, troublé par le bruit de nos respirations. Sans un mot, Géraldine me donne un baiser rapide et quitte la chambre. La vision de ses fesses blanches s’éloignant est surréaliste. Les mains d’Isabelle courent sur torse effleurant ma peau du bout de ses doigts. Elle se lève.Une douce voix m’invite à la rejoindre sous la douche. Elle m’attend. Ses mains massent mon corps endolori avec tendresse. Toute fatigue s’envole, le soleil emplit la maison, la musique apporte une douce harmonie à cette ambiance d’une fête sans fin. Les deux garçons, accompagnés de deux frimousses blondes, conquêtes de la fête, ont préparé un brunch copieux et bien apprécié par nous tous. L’après-midi s’avance, Isabelle m’embrasse souvent. Je suis perplexe, un peu perdu par ses marques d’affection alors que je fus offert à son amie. Les deux jeunes « frimousses » prennent congé, rapidement, naturellement.L’heure de partir, pour moi, sonne au clocher. Je me lève à regret, réalisant que ma voiture est à Fillols soit huit kilomètres.J’entends alors le moteur d’une voiture qui me rappelle quelque chose. Isabelle m’attend dans sa voiture avec un grand sourire.— Allez, viens, je te raccompagne.Seul le ronron du moteur se fait entendre. Nous rejoignons rapidement le parking du village. Le silence continue, nos regards sont fixes, devant. Isabelle la première rompt cette ambiance.— Je veux te revoir, j’ai envie de toi, je suis bien avec toi.Devant mon regard surpris, interrogateur, elle se presse contre moi, ses lèvres se font câlines, sa main prend la mienne. Sa main se pose sur mon visage, ses yeux brillent, ou sont-ils humides ?— Je peux venir chez toi ?— …— Maintenant.Je ne sais quoi dire. Je voudrais crier un oui, mais le souvenir du réveil me fait douter. Puis je cède à mon envie.— Oui… mais sans ton amie.Aussitôt son visage s’éclaire, ses yeux pétillent, tendrement elle m’embrasse.— Je ne joue plus, je te veux pour moi.Ma maison de village est devenue le nid de nos envies durant le reste de notre temps de vacances, partageant repas et plaisirs charnels, promenades. Rien n’existait plus, que nous et notre fringale de faire l’amour, partout dans la maison. La grande table en chêne n’avait jamais connu une telle agression !Le vendredi sonna la fin de cette parenthèse enchantée et un retour à la réalité. La dernière nuit fut tendre. Nos corps ont communié dans une sensuelle harmonie. Ma bouche la combla par la partition jouée sur ses lèvres et son clitoris. Mon sexe fut aspiré par le sien et lentement avec douceur nous avons fait durer la montée de notre plaisir. Son orgasme a déclenché l’ouverture des vannes de ma jouissance.La matinée fut occupée par les préparatifs de départ. Je sentais le non-dit, l’envie d’exprimer, mais quoi.Je l’accompagnai à sa voiture garée sur la place haute du village. Nous étions silencieux. Un baiser, le moteur tournait et la voiture était déjà en route. Un sentiment de gâchis m’envahit soudainement.Par habitude je fais arrêt devant la fontaine, et je vis sa voiture revenir.A-t-elle oublié quelque chose ? Elle sort, vite, claque la portière, court vers moi, se pend à mon cou, m’embrasse fougueusement.— Vendredi soir, 20 h 45, Aix TGV, viens m’attendre.Elle reprit la route.