HISTOIRES RETROUVÉESI. SUR LES BORDS DE L’ARDÈCHE PréambuleIl y a quelques années, dans une petite maison de campagne récemment acquise, j’ai trouvé une caisse pleine de magazines qui avait probablement été oubliée lors du précédent déménagement. Au milieu de ces revues, il y avait un classeur de feuilles dactylographiées qui a éveillé ma curiosité. Après les avoir parcourues, et en raison de leur caractère très intime, j’ai pris rendez-vous avec l’ancienne propriétaire pour les lui remettre. Nous nous sommes retrouvés un midi dans un restaurant. C’était (et c’est toujours) une femme charmante que j’avais amicalement fréquentée et avec laquelle j’avais sympathisé à l’occasion de la vente de la maison.Elle m’a expliqué, un peu gênée, qu’elle avait contacté sans succès des éditeurs de romans érotiques et c’est suite à leurs refus qu’elle s’était désintéressée de ses récits et ne se souvenait même plus les avoir oubliés. Je n’étais pas surpris du rejet de ces textes, car l’écriture en était assez moyenne, comparée à la trame des histoires en général très suggestives, mais mal rendues. Après avoir discuté très librement avec elle, l’ambiance s’est détendue et elle m’a avoué que la plupart des récits étaient des épisodes qu’elle avait vécus mais qu’elle avait beaucoup romancés en les fleurissant de situations et de dialogues reconstitués de mémoire pour rendre ces histoires plus attractives.Puisque j’avais eu connaissance du caractère très particulier de ces textes, l’intimité de fait qui s’est créée entre nous lui a fait accepter ma proposition de me charger d’une remise en forme plus lisible, en y apportant les modifications rendant ces récits anonymes (noms et situations des participants et des lieux).Elle a accepté la version corrigée de quatre de ses récits.I. Sur les bords de l’ArdècheJ’étais détendue, sans soucis et en paix avec moi-même. Le site était superbe, et en ce début de juillet le temps était magnifique. Malgré cela, je m’ennuyais un peu. Vincent, mon mari, fatigué par une mission technique à l’étranger physiquement très dure, m’avait proposé d’aller nous ressourcer et nous reposer une dizaine de jours sur les bords de l’Ardèche. Nous avions installé notre camping-car dans un terrain aménagé au bord de la rivière. Nous passions nos journées à nous baigner, quelquefois à visiter les gorges en louant un kayac. Et nous faisions l’amour. Très souvent.Vincent faisait de très longues siestes, et j’en profitais pour partir à pied en longeant tant bien que mal le bord de la rivière. Un après-midi, à trois jours de la fin de ces courtes vacances, j’ai trouvé en marchant très longtemps une petite plage peu fréquentée, une halte pour les estivants qui descendent la rivière.C’était suffisamment tranquille et isolé pour que je n’hésite pas à retirer mon soutien-gorge et bronzer seins nus. C’était d’autant moins gênant que parmi ceux qui débarquaient là, certains d’entre eux, hommes et femmes, se comportaient encore plus librement, et se baignaient intégralement nus.Ce jour-là, en regardant les embarcations qui se laissaient entraîner par le courant, j’ai aperçu un collègue de Vincent seul dans un canoë, qui scrutait la berge, et j’ai eu la quasi certitude qu’il m’avait reconnue. J’en étais assez gênée, car s’il est assez anodin dans un contexte comme celui-ci de montrer sa poitrine à des inconnus, il n’en est pas de même s’il s’agit d’une connaissance comme un collègue de travail ou son voisin de palier… ou toute autre personne de la vie courante. J’ai été à la fois soulagée, surprise et – je dois l’avouer – un peu déçue qu’il ne s’arrête pas pour venir me voir, car cet homme, Charles de son prénom, n’était pas n’importe qui pour moi.Tous les ans, avant que le personnel ne se disperse pour les vacances d’été, la direction de la société où travaille Vinent organise une soirée où les cadres techniques et administratifs sont conviés avec leur conjoint. Cette année après le repas, Vincent, très peu amateur de danse, avait passé son temps à discuter avec d’autres ingénieurs. J’ai eu à répondre aux multiples invitations à danser, surtout des célibataires, qui profitent de cette occasion pour se placer, en général auprès des jeunes femmes célibataires, mais aussi auprès de certaines femmes mariées pour lesquelles ils pressentent que les absences prolongées de leur époux peuvent leur donner du vague à l’âme.Charles était de ceux-là, et lors de cette soirée il m’a invitée très souvent, au point que cela en est devenu gênant. Lors de la dernière danse, j’avais ressenti, alors qu’il me serrait plus qu’il n’est raisonnable, que son anatomie traduisait à mon égard un intérêt évident. De plus, il m’a entraînée dans une zone très obscure de la salle et m’a embrassée. Ce baiser m’a subjuguée. Je ne m’y attendais pas, et la surprise m’empêchant de réagir instantanément, une émotion intense m’a traversée, probablement nourrie par l’érection que je sentais vivre contre mon ventre. La vague de chaleur qui m’a assaillie a été si forte que je n’ai pas résisté au plaisir de sentir sa langue s’enrouler autour de la mienne. Un très court instant j’ai répondu à son baiser en me serrant très fort contre lui, un petit moment d’abandon total, excusable car Charles faisait partie des rares hommes qui me plaisaient ! Très vite, je l’ai repoussé, et j’ai eu ensuite une réaction très maladroite en lui disant qu’il était fou et que quelqu’un pouvait nous voir. C’était maladroit, car il a bien compris que cette crainte était la principale raison qui m’avait fait rompre cette étreinte. Quoi qu’il en soit, les choses en sont restées là, mais mon corps avait réagi très positivement et, à l’évidence, il l’avait deviné.Je me suis rappelé que lors de cette soirée il est possible, quoique je ne m’en souvienne pas, que je lui aie dit de façon anecdotique que nous allions début juillet passer quelques jours au bord de l’Ardèche. Je lui avais peut-être même indiqué le nom du village où nous projetions d’aller camper.Je n’ai pas voulu parler à Vincent de cette rencontre-surprise. Il pouvait croire qu’elle était fortuite, mais malgré la franchise existant entre nous, il était possible qu’il se pose des tas de questions, d‘autant plus qu’il se doutait que je plaisais à son collègue. Lui expliquer que j’avais accessoirement indiqué à Charles où nous irions, et avec le récit – même très édulcoré – que je lui avais fait des avances que Charles s’était permises envers moi lors de cette soirée, tout ceci lui aurait paru suspect. Et, de plus, je voulais profiter pendant qu’il se reposait de mes moments de solitude sans que ne lui vienne à l’esprit des questions qui n’avaient pas lieu d’être.Ce soir-là, j’ai répondu aux sollicitations de Vincent avec une sensualité particulièrement entreprenante, probablement stimulée par les émois que cette rencontre avait éveillés en moi. J’ai eu beaucoup de mal à m’endormir, et ma nuit a été assez agitée. Je me demandais encore si Charles m’avait vue et reconnue sur la berge de la rivière. C’était très probable, car s’il avait choisi de venir précisément là où il était possible de nous trouver, il était à peu près sûr qu’en nous cherchant son attention n’aurait pas pu être prise en défaut, d’autant plus qu’il était passé à quelques mètres de moi. Je pensais de plus en plus que cette rencontre n’était pas due au hasard et si, effectivement, elle n’était pas accidentelle, je pouvais logiquement supposer que c’était moi et moi seule qui l’intéressais. Dans ce cas, avait-il imaginé une stratégie pour se manifester sans que Vincent ne s’en aperçoive, ou allait-il se découvrir et échafauder malgré la présence de Vincent une manœuvre pour parvenir à se retrouver seul avec moi ? Mon sommeil était traversé d’images dans lesquelles Charles était toujours très présent, et quand je me réveillais avant de retomber encore dans mes rêves, ma peau était moite et mon sexe humide.========== Ô ==========Le lendemain matin, malgré mes occupations diverses, je ne parvenais plus à être totalement sereine et l’évocation de la rencontre de la veille ne quittait pas mon esprit. Avant de déjeuner, allongée sur la plage du camping, je rêvassais et j’essayais de bien comprendre, de mettre de l’ordre dans mes idées, et surtout dans mes sentiments. Je connaissais assez peu Charles, mais outre la soirée récente, j’avais le souvenir d’un épisode, en apparence insignifiant et datant de l’hiver précédent, qui m’avait fait comprendre qu’il était prêt à se lancer dans une relation amoureuse avec moi. Un soir, après avoir dîné au restaurant avec Vincent et trois de ses collègues – dont Charles –, en nous quittant et nous faisant comme de coutume la bise d’adieu, Charles avait glissé ses lèvres sur ma bouche, très discrètement, mais très significativement. J’avais été très émue en sentant sa langue caresser mes lèvres, car c’était la première fois que j’avais senti dans mon corps que le désir d’un homme autre que Vincent me troublait.Après avoir aperçu Charles au bord de la rivière, et en mettant bout à bout ces souvenirs, il était devenu évident pour moi que cette rencontre n’était pas due au hasard ; je me demandai alors, avec une petite déception, pour quelle raison il ne s’était pas arrêté sur la berge pour venir me voir.J’aurais dû le dire à Vincent le soir même, mais plus le temps passait, plus il m’était difficile de lui en parler.Après le déjeuner, Vincent m’a demandé :— Tu n’aurais pas envie d’un gros câlin ?— Tu sais bien que j’aime beaucoup les gros câlins avec toi, mais…— Est-ce que le « mais » veut dire que tu les apprécies ou les apprécierais avec d’autres ?— Non, quoique ce ne doit pas être désagréable, une fois de temps en temps…— Alors ?— Hier soir, tu m’as épuisée et je suis repue. Fais ta sieste, on en reparlera ce soir.J’étais décidée à faire la même promenade que la veille. J’espérais revoir Charles, car sans que j’en sois vraiment consciente, un désir sournois s’était insinué en moi. Je suis passée par la plage du camping et là, à me grande stupéfaction, je l’ai vu, dans un coin assez retiré, allongé sur le sable à côté d’une superbe blonde. Elle devait avoir vingt-cinq, trente ans, à peu près mon âge. J’ai compris que de leur place ils pouvaient observer discrètement le point d’arrivée du petit sentier venant du camping. Charles m’a vue et s’est manifesté, m’invitant à venir près d’eux.Il nous a présentées, Agnès sa compagne, et moi. Il a aussitôt engagé la conversation :— Lors de la dernière soirée dont tu dois bien te souvenir, tu m’avais dit aller passer quelques jours dans cette région et tu m’avais aussi indiqué le nom du village. J’en ai parlé à Agnès qui connaissait le coin, et ça lui a donné l’envie d’y revenir. Nous avons eu la chance de pouvoir louer un petit bungalow, un peu à l’écart du terrain de camping. Nous sommes ici depuis quelques jours ; malheureusement, je suis obligé de rentrer demain.— Je t’ai vu hier canoter sur la rivière.— Moi aussi, mais j’ai évité de venir te voir car tu étais dans une tenue qui aurait pu te gêner.— Merci pour ta délicatesse, mais ça n’aurait pas été un gros problème.— Je ne pouvais pas le savoir… Et Vincent ?— Il vient juste de commencer sa sieste.Agnès est intervenue :— En attendant qu’il émerge, venez… viens prendre le café chez nous. On peut se tutoyer.— Bien sûr, et ça me donnera l’occasion de voir comment vous êtes installés ; c’est sûrement plus confortable que notre camping-car.Le bungalow était assez agréable, avec un petit jardin, l’ensemble entouré d’une clôture aveugle qui protégeait des regards de l’extérieur.Après avoir bu le café, Agnès est allée s’allonger sur la pelouse, a retiré son soutien-gorge, exhibant une poitrine superbe et a déclaré calmement et avec malignité :— J’aime être bronzée intégralement, et à défaut au moins la poitrine, on ne sait jamais : si je change d’amant au retour de vacances, je veux être physiquement au top. Un corps brun, sans la marque du maillot, c’est très stimulant pour un homme. Sais-tu pourquoi ?— Probablement pour des raisons esthétiques.— Pas seulement. Ce qui excite les hommes, c’est d’imaginer qu’une femme se plaît à se montrer toute nue devant des inconnus.— Je pense que c’est aussi pour Charles que tu veux être… belle et désirable.— Également, mais l’idée d’un autre, c’est toujours plus excitant.Charles est intervenu :— Elle dit toujours de trucs comme ça, mais pour le bronzage elle a raison. D’ailleurs toi-même, Annie, j’ai bien remarqué hier qu’il t’était indifférent de montrer tes seins.— Oui, mais c’est un peu délicat devant des gens que je connais dans la vie courante.— Ne te gêne pas devant nous.Agnès, elle, ne se gênait nullement. Elle avait aussi retiré son slip. Elle était très belle, et son duvet blond et clairsemé laissait deviner les replis roses de son intimité. J’ai pris la suggestion de Charles de me déshabiller comme une invitation à adopter la même tenue qu’Agnès. J’étais de plus en plus troublée, et une chaleur bien familière est venue envahir mon ventre. C’était plus que de l’intimité que Charles souhaitait voir s’établir entre nous. Au risque de paraître très prude, je me suis couchée le dos au soleil, à côté d’Agnès, en gardant les deux pièces de mon bikini. Charles a continué :— Agnès, notre pauvre Annie va griller ; mets-lui de la crème.— Je peux le faire moi-même.— C’est plus facile et plus agréable de se faire tartiner.C’était en effet plus qu’agréable, et je pensais que cela l’aurait été plus encore si Charles lui-même s’en était chargé. Cette idée me perturbait et me faisait frissonner. J’étais passablement excitée et je commençais à sentir une douce moiteur imprégner l’intérieur de mon sexe. J’ai entendu Agnès demander à Charles de dénouer les cordons de mon soutien-gorge. Ce n’est pas ce geste normalement anodin qui a stimulé ma sensualité ; mais comme c’est Charles qui s’est exécuté, ce sont ses mains à lui, des mains d’homme, que j’ai senties effleurer puis caresser mon dos.Agnès était douce. Elle s’est attardée sur les zones les plus sensibles, la rivière du dos, le creux des reins. Elle n’a pas hésité à passer la main sous mon slip pour caresser les globes et le sillon de mes fesses. Quand elle a eu fini, j’ai entendu Charles me dire :— Après le recto, passons au verso : retourne-toi.— C’est peut-être un peu… osé.— J’ai déjà aperçu tes seins ; ils sont assez jolis pour que tu n’aies pas peur de me les montrer.— C’est possible, mais je préférerais que Vincent soit là.— Ce qui présenterait beaucoup moins d’intérêt… en particulier pour toi !— J’ai cependant l’impression que tu es aussi très intéressé.— Tu ne te trompes pas ! C’est un hommage à ta beauté.Après cet échange, je n’avais pas à me poser beaucoup de questions concernant les intentions de Charles. Je ne savais pas comment tout cela allait se terminer, mais je commençais à apprécier l’ambiance qui s’épaississait. J’étais très excitée en imaginant – et surtout en souhaitant – que Charles soit aussi, et même plus, entreprenant que lors de la soirée où il m’avait embrassée. Il l’avait probablement deviné, car je percevais par ses intonations et sa voix de plus en plus rauque qu’il avait envie d’aller beaucoup plus loin. J’ai vu son boxer-short déformé par la bosse de son érection, qu’il ne cherchait nullement à dissimuler. Les émotions multiples qui ont commencé à m’assaillir étaient si intenses que je n’ai eu ni l’envie ni aucune raison de me montrer réticente. La tentation de faire l’amour avec Charles, cette pulsion en embuscade depuis quelques mois, ne demandait que cette circonstance favorable pour surgir de façon irrépressible. Et j’étais prête à m’y abandonner sans réserve ; mais il y avait Agnès !Je me suis retournée et j’ai fermé les yeux. Jusqu’à ce moment, il ne s’agissait que d’un badinage assez audacieux ; mais dès que j’ai deviné que ce n’était plus Agnès, mais Charles qui étalait la crème sur mes épaules, mon estomac et mon ventre, j’ai été sûre qu’à ce badinage allait se substituer ce que je souhaitais ardemment. Clignant des yeux, et voyant Charles penché au-dessus de moi, j’ai su qu’il devenait le personnage de mes fantasmes, ici et maintenant. J’ai senti mon sexe exister comme un cœur qui bat, faisant couler dans mes veines le feu liquide d’un désir incontrôlable. Peut-être voulait-il par l’attente faire durer le plaisir, ou voulait-il l’assentiment d’Agnès avant de se décider à étaler de la crème sur ma poitrine et à me caresser les seins ? Moi, je n’en pouvais plus, et j’ai cherché à tâtons dans l’herbe et trouvé le tube de crème. J’en ai mis sur mes mamelons et je n’ai plus bougé, attendant que Charles continue de l’étaler, consciente que je venais de lui transmettre un message sans la moindre équivoque.J’ai entendu au-dessus de moi sa respiration s’accélérer et j’ai senti ses mains caresser tendrement mes seins. Mes tétons se sont érigés, mon ventre est devenu lourd, et j’ai senti mon sexe de plus en plus imprégné de l’humidité de mon désir. Puis tout mon corps a été caressé et, répondant à Charles, je me suis cambrée, offrant à ses regards et à ses mains la protubérance de mon pubis de la façon la plus suggestive. Je n’ai pas pu réfréner un gémissement lorsque j’ai senti ses doigts venir sous mon slip mettre un délicieux désordre dans ma toison. Je ne pouvais plus discipliner les halètements de ma respiration et, ouvrant les yeux, j’ai vu Agnès attentive et souriante qui s’est penchée vers moi et m’a murmuré :— Il n’y a qu’une seule issue possible : lâche-toi complètement.— Mais… Vincent… et toi ?— Nous n’en sommes plus là. En ce moment, tu n’es qu’une femme, rien qu’une femme qui a envie d’un homme. Ne t’occupe pas de moi. Occupe-toi de toi. Je vais seulement vous aider un peu, histoire de participer.Agnès s’est levée et j’ai senti qu’elle enlevait mon slip. Je me suis trouvée intégralement nue et voluptueusement nue, offerte enfin au désir de Charles. J’ai gardé un temps les yeux fermés pour mieux apprécier la douceur de ses caresses et les surprises de ses attouchements.J’ai entendu Agnès rentrer dans le bungalow et j’ai cru, juste un moment, qu’elle voulait nous laisser seuls. Quand elle est revenue, j’ai compris au contraire par sa présence volontaire qu’elle était décidée à participer à nos ébats et je n’en étais pas fâchée. Elle s’était faite complice de mes plaisirs en m’encourageant à les assumer sans réticence, et sa présence me rassurait, sentiment incongru car je n’avais aucunement besoin d’être rassurée par ce qui allait advenir, car la suite je la désirais intensément. Ma seule appréhension était que cette transgression ne m’apporte pas toute la jouissance que j’en attendais. Quand il m’arrivait de penser au plaisir que je ressentirais avec un autre homme, mon imagination me transportait à cet instant-là, cet indicible moment de l’attente du premier contact charnel avec un corps masculin, cette incomparable sensation de connaître de multiples émotions nouvelles avec un inconnu.Il a continué de passer ses deux mains sur mon ventre et mon pubis, progressant lentement jusqu’à écarter les lèvres de mon sexe et venir titiller mon clitoris. Le roulis de mon bassin a accompagné ses caresses qui se sont faites de plus en plus intrusives. J’ai senti ma vulve massée sur toute sa largeur, ses doigts s’enfoncer progressivement dans mon vagin et venir, par des attouchements légers, y stimuler les zones les plus sensibles. Cambrée au maximum, j’ai offert à Charles la profondeur de mon vagin si dilaté qu’il a pu y glisser plusieurs doigts serrés loin dans mon ventre, tout en continuant à masturber mon clitoris avec son pouce.C’était un amant talentueux et expérimenté. Il a arrêté de me caresser le sexe quand il a senti que je pouvais jouir d’un moment à l’autre et m’a dit dans un souffle :— J’ai beaucoup mieux pour te faire jouir… C’est plus gros, plus long et plus doux.J’ai entendu Agnès parler à Charles, mais j’étais dans un tel état d’attente de plaisirs plus intenses et plus profonds que je ne pouvais comprendre ce qu’ils se disaient. J’ai avancé une main vers Charles ; j’ai effleuré son flanc, sa hanche, sa cuisse, et quand j’ai touché son sexe raide et massif, j’ai ouvert les yeux et j’ai vu que la première goutte de semence perlait à l’orifice de son gland. Son phallus avait l’odeur âcre de l’amour. J’ai voulu le goûter.Je me suis tournée vers lui et j’ai embouché sa queue ; je l’ai malaxée, stimulée du bout de ma langue. Ce contact avec sa chair la plus secrète a été ma première profanation, le viol d’un tabou que j’ai transgressé avec un incomparable plaisir et qui m’a plongée dans un monde de sensations où les exigences de mon corps allaient me permettre tous les excès et toutes les impudeurs.Il s’est relevé, m’a chevauchée, et à genoux, à califourchon sur ma poitrine, il a soulevé ma tête pour m’amener à emboucher à nouveau sa queue. Il m’a parlé. Des paroles voluptueuses, impudiques, obscènes, à l’image de ce phallus majestueux dont la simple vue a chassé mes quelques restes de pudeur pour une audace des mots dont je ne me serais jamais cru capable.— Tu aimes sucer ma queue ?— Oui…— Pourquoi ?— Elle sent l’homme… elle est grosse, comme j’aime.— Tu veux que je jouisse dans ta bouche ?— Oui, dans ma bouche… et dans ma chatte.— Il faut choisir.— J’aurais voulu les deux… avec un autre beau mâle… et une queue aussi belle que la tienne.— Tu aurais dû venir avec Vincent. Je crois qu’il aurait apprécié, surtout avec la présence d’Agnès.L’audace de mon comportement et la crudité de mes paroles m’enivraient autant que les sensations qui traversaient mon corps.J’ai caressé sa tige de la pointe de ma langue. Il a gémi et a appuyé ses mains sur ma nuque pour faire entrer son gland le plus loin possible dans ma bouche.Son sexe vibrait entre ma langue et mon palais. Quand je libérais un peu la pression que j’exerçais sur sa verge, je la sentais tressauter, et prête à se vider dans ma bouche. Il m’a repoussée tendrement, en caressant ma chevelure et en embrassant avec douceur mes lèvres. Sa queue était à quelques centimètres de mon visage. Elle était belle : un cylindre de chair, lisse et régulier, le gland de couleur rose-violet débordant de la hampe. Je l’ai saisie. Il a gémi. J’ai compris qu’il voulait que je le masturbe. J’ai tiré la peau le plus possible vers le bas pour dégager complètement la chair sensible. Le phallus m’est apparu encore plus long et plus rigide, d’une verticalité conquérante.J’ai mis tout l’art et la technique que Vincent m’avais appris à satisfaire Charles, en m’interdisant le plaisir de le voir jouir sur mes seins, pour qu’il garde sa virilité intacte le plus longtemps possible. J’ai saisi la peau qui protège la hampe, et j’ai serré très fort la racine du pénis en imprimant à mon poignet des petits mouvements très rapides. Quand j’ai entendu ses soupirs plus forts et plus précipités, j’ai remonté ma main vers le gland en serrant fort pour voir apparaître à nouveau une petite perle de sperme que j’ai nettoyée du bout de la langue. Il s’est mis debout, exhibant son phallus tonique et gorgé de sève, si rigide qu’il était presque collé à son ventre… J’ai vu alors entre ses jambes écartées Agnès, agenouillée entre mes cuisses, qui a introduit un objet oblong dans mon vagin, comme une réponse au souhait que je venais de formuler. J’avais eu l’occasion de découvrir sur des publicités des sextoys de ce type, mais jamais ni moi ni Vincent n’avions utilisé ce genre d’objet au cours de nos ébats.À la surprise s’est substitué un plaisir inconnu. L’objet vibrait, stimulant le moindre millimètre de mon vagin. J’étais fascinée par la vue de cette pénétration et par le talent d’Agnès, qui savait merveilleusement manier ce godemiché, faisant varier l’intensité et le rythme des vibrations. Ces émotions intenses ont accompagné et accéléré celles que je ressentais en cajolant, en caressant, en branlant la queue royale de Vincent. C’était presque la réalisation d’un de mes fantasmes : celui d’être prise ainsi par deux superbes phallus. Agnès m’a demandé :— Tu aimes ?— Oui, c’est bon… et c’est la première fois ; on dirait une vraie bite… C’est presque plus excitant… ça vibre.— Si je continue, tu vas jouir très vite.— Je le sens… c’est proche… mais arrête !— Pourquoi ?J’ai regardé Charles :— Parce que c’est ta queue, une vraie queue que je veux !Agnès s’est retirée ; Charles s’est penché sur moi et, pour la première fois, m’a embrassée longuement. J’ai happé sa langue, je l’ai aspirée, je l’ai enveloppée de la mienne. Ma bouche qui lui appartenait, sa poitrine qui écrasait mes seins, son ventre contre le mien, son pénis raide collé entre les lèvres de mon sexe, mes jambes qui entouraient ses reins, soudaient nos corps dans une étreinte qui s’est prolongée jusqu’au moment où j’ai senti l’irrésistible pression de son gland à l’orée de mon ventre. J’ai poussé un petit cri.— Tu veux… maintenant ?— Oui, tout de suite… mais très lentement… Je veux te sentir écarter mon vagin… glisser doucement.— Tu sens comme ma queue est grosse ?— Énorme… Je veux qu’elle me remplisse… jusqu’au fond.J’ai écarté mes cuisses le plus que je pouvais, j’ai saisi ses fesses, j’ai caressé ses testicules. Il m’a dit :— Ça fait très longtemps… très longtemps que je voulais faire l’amour avec toi. Et toi ?— Oui… Quand j’ai compris que tu me désirais, ça m’a donné envie de baiser avec toi… envie de ta queue… Viens… viens !Il m’a prise avec douceur et lenteur, comme je le voulais. J’étais inondée, je me sentais brûlante, ouverte, liquide.Il m’a pénétrée par petites poussées, caressant les parois de mon vagin, déclenchant des ondes de plaisir qui m’ont fait haleter, gémir pendant tout le temps de sa progression. Quand il a buté au fond de mon ventre, j’ai poussé un cri comme si une décharge électrique secouait mon corps. J’imaginais son gland abuté contre ma matrice prêt à lâcher sa semence, mais je voulais le sentir longtemps coulisser en moi. Je l’ai supplié de se retenir, précaution inutile car Charles, robuste et viril, a continué de caresser mon intimité par des allées et venues dont il faisait varier le rythme, l’amplitude et la force. À chaque coup de sa queue au fond de moi, j’avais l’impression de m’envoler. Plus il me donnait de plaisir, plus nos rythmes s’accordaient, comme si la même onde parcourait nos deux corps.Il m’a besognée longtemps. Mon sexe vibrait, se dilatait comme pour accueillir une multitude de phallus. J’ai saisi mes genoux et je les ai tirés de toutes mes forces pour m’ouvrir encore plus à ses ruades.C’est lui qui a cédé le premier, et quand j’ai deviné qu’il allait jouir, je l’ai accompagné, je l’ai serré contre moi pour sentir, lorsque j’ai sombré, son corps tressauter de jouissance contre le mien.Avant de chavirer, j’ai cru voir Agnès allongée, nous regardant avec passion. Je ne serais pas surprise qu’elle ait pris son plaisir en accompagnant notre étreinte avec cet objet dont elle venait de me faire découvrir les délices.========== Ô ==========Charles m’a raccompagnée sur la plage. Il ne semblait aucunement gêné de m’avoir mise dans une situation où je n’avais pas pu contrôler les excès de ma sensualité. Comme beaucoup de femmes vivant en couple depuis plusieurs années et n’ayant eu comme seul partenaire sexuel pendant tout ce temps que leur mari, l’envie de faire l’amour avec un autre homme traversait naturellement mes rêveries et mes fantasmes. Amateur d’aventures avec des femmes mariées, Charles était conscient de cette vulnérabilité et en avait joué envers moi avec une adresse non dénuée d’une certaine perversité. Je n’ai pas pensé que la mise en scène avait été prévue, mais il a vite compris que j’étais subjuguée par le désir de baiser avec lui.Il ne pouvait pas savoir que malgré l’orgasme fantastique qui m’avait dévastée, je n’étais pas rassasiée et que j’avais encore envie de lui.Avant que je ne rejoigne Vincent qui était probablement encore en train de se reposer, nous nous sommes assis sur la berge.— Je suis sûr que tu as passé une heure très agréable, m’a-t-il dit.— Je ne peux pas dire non ; il reste que j’ai l’impression d’avoir été manipulée, du moins au début.— Tu ne t’es doutée de rien ?— Pas quand vous m’avez invitée à prendre le café ; et il y avait Agnès ! Après, j’ai été entraînée dans une déferlante d’émotions que je n’ai ni pu ni voulu contrôler… Avant de venir dans votre bungalow, j’étais une femme comme les autres. Je ne suis plus la même, et je suis sûre que ma vie va être toute autre. Ce que j’ai ressenti a été si nouveau… et si démesuré !— Étant donné ce qui s’est passé entre nous, je te dois des explications. Tu m’avais indiqué lors de cette fameuse soirée l’endroit où vous projetiez d’aller passer quelques jours. J’ai très bien compris qu’existait entre nous une attirance mutuelle. Je dois te dire qu’à partir de début août, je suis muté au Cameroun pour une durée indéterminée, avec pour mission de créer une agence de la société. Quand cela m’a été confirmé, j’ai ressenti un sentiment d’urgence, comme s’il fallait que nos relations, jusque là à peu près platoniques, aboutissent à quelque chose de plus fort. C’est pour ça que j’ai voulu vous retrouver – te retrouver plus exactement – ici pour une dernière chance. Je suis venu avec Agnès, qui est pour moi plus une complice qu’une compagne et qui, après avoir été mise au courant, a bien compris ce que je recherchais. Ce n’est qu’hier après-midi que je t’ai enfin vue et, en début de soirée, nous vous avons aperçus, toi et Vincent, sans nous manifester. Maintenant, je dois te parler d’Agnès. Je l’ai connue il y a quatre ans, et nous nous sommes découvert des goûts très semblables. Elle est très libre ; et pour illustrer cela, sache que c’est elle qui m’a entraîné pour la première fois dans une soirée échangiste, et ça m’a plu. Quand nous vous avons vus hier soir, c’est elle qui m’a retenu alors que j’étais prêt à venir vous parler. Rentrés au bungalow, elle m’a expliqué. Elle m’a dit que vous voyant tous les deux, elle a trouvé que vous formiez un couple – je la cite – magnifique. J’ai bien compris que dans ce qualificatif, Vincent avait un poids essentiel. Étant donné que nous partions le lendemain soir, c’est-à-dire ce soir, et devant le peu de temps qu’il restait, il nous fallait bien réfléchir à ce que nous projetions vis-à-vis de vous deux. La connaissant, j’ai compris tout de suite ce à quoi elle pensait. C’est pourquoi, tout à l’heure, nous vous avons guettés sur la plage, nous disant qu’entre une heure de l’après-midi et six heures, nous avions largement le temps de nous occuper agréablement… Très logiquement, elle avait pensé que, vu les circonstances, la seule possibilité était que Vincent participe activement à une rencontre à quatre, au cours de laquelle tout pourrait être permis. Elle m’a affirmé qu’elle se sentait capable de produire des arguments auxquels Vincent ne résisterait pas. Tu es venue seule, et tu connais la suite.— Je ne la regrette pas.— J’ai découvert en toi une femme d’un tempérament de feu, moi qui te prenais pour une épouse rangée et bien sage, et c’est pour ça que j’avais envie de te séduire. Maintenant, vu ton tempérament, je ne crois plus que tu sois la femme que j’imaginais, et je présume qu’à la moindre occasion tu ne pourras t’empêcher de te livrer à d’autres incartades conjugales. On y prend goût. Probablement que ça t’est déjà arrivé !— Tu te trompes, bien que, comme beaucoup de femmes, j’ai pu être tentée par une aventure avec un autre homme. Je veux dire un beau mâle, car il s’agit uniquement de sexe. Si tu as été surpris par mon appétit, c’est précisément parce que c’est une première fois, et qu’il est difficile de résister à l’envie de connaître du plaisir avec un inconnu… ou presque inconnu. Je crois même qu’il est impossible d’y résister lorsque tous les obstacles sont éliminés et qu’il ne reste que l’envie ! Et comme je te l’ai dit, je ne me sens plus la même, et la perspective d’incartades sans Vincent, ou avec lui, n’est pas pour me déplaire.— Justement, parlons de Vincent.— Je viens de réaliser que la morale conjugale ne fait pas le poids devant une forte envie de baiser avec un beau mec. On ne se pose même pas la question… Vincent n’est pas concerné ; c’est une affaire entre moi et moi. Et qu’en dit Agnès ?— J’allais t’en parler. Quand elle vous a vus tous les deux, elle a été particulièrement impressionnée par Vincent. Et en dépit de la collaboration qu’elle a apportée à nos plaisirs, il lui reste un sentiment de frustration eu égard à ce qu’elle attendait et ce qu’elle espérait.— Et alors ?— Alors, pendant que tu prenais ta douche, nous avons imaginé une espèce de session de rattrapage. Tu vas dire à Vincent nous avoir rencontrés ici. Indique-lui seulement que c’est Agnès qui a eu l’idée de passer quelques jours dans un coin qu’elle connaissait depuis longtemps. Il sait que je quitte prochainement la France et que je vous propose qu’on se voie avant mon départ pour une petite soirée d’adieu. Nous sommes dimanche, et en fin de semaine prochaine nous serons, vous comme nous, rentrés à Aix. Les parents d’Agnès lui ont cédé une petite maison dans les environs, et c’est là que nous pourrions nous retrouver. Il suffit que tu prennes contact avec elle dès votre retour pour fixer le jour.— Si je comprends bien, tu me propose une rencontre pour le moins atypique.— Tu as probablement déjà pensé concrètement à une rencontre à quatre ?— Bien sûr, mais c’étaient des rêveries… Maintenant, passer à l’acte me semble être du domaine des choses très possibles.— Vincent aimerait probablement.— Comme tous les hommes.— Et, bien qu’elles s’en défendent, comme beaucoup de femmes… En pensant à ça, crois-tu qu’Agnès plairait à Vincent ?— Il serait difficile de trouver un homme normal auquel Agnès ne plairait pas !— Es-tu contre ce scénario ?— J’avoue que non. Je viens de te dire que tout est possible ; et, en matière de plaisir sexuel, lorsque tout est possible, tout devient permis. Pour cette raison, je pense que Vincent n’y serait pas opposé par principe. Si je comprends bien, tu admets qu’entre Agnès et Vincent la question sera réglée aussi naturellement qu’elle l’a été entre toi et moi. C’est probable, mais il y a un hic : il te connait trop. Tu serais un parfait étranger, la perspective d’une soirée débridée ne l’effraierait pas. Du moins, je crois qu’il en a envie depuis longtemps !— Nous verrons comment les choses vont se présenter. Ne faisons aucune supposition avant qu’il n’ait vu Agnès. Je te garantis qu’elle sait s’y prendre. Je suis persuadé qu’elle mettra une robe assez sexy qu’elle porte en général sans rien dessous pour, dit-elle hypocritement, éviter les marques disgracieuses du slip… Vincent ne pourra y être indifférent s’il est, comme tu le dis, très sensuel. Ensuite ce sera à toi et à moi de le mettre dans une forme olympique en bousculant devant lui tous les tabous. Comme pour beaucoup d’hommes, voir sa femme baisant avec un autre est un fantasme récurrent. Agnès pourra assouvir son envie de baiser avec Vincent ; quant à nous deux, je suis persuadé que nous n’en avons pas fini, loin de là.Il est temps que tu ailles rejoindre ton mari… À la semaine prochaine, j’y compte bien, car si j’ai évoqué Agnès et sa frustration, il demeure que c’est surtout à toi que je pense !========== Ô ==========