Les personnages:WILLIAM : le meilleur ami d’AdélaïdeLUCINDA : la meilleure amie d’AdélaïdeANSELME : le meilleur ami de PaoloGLENN : un collègue d’AdélaïdeLIVIO, JOACHIM: des amis de GlennKATARINA, TATIANA, EVA, MAGDALENA: des amies de PaoloDes serveurs, des clients***Acte I, scène 1Samedi 17, 16h45Le salon de Paolo (Paolo, Anselme) Paolo et Anselme sont assis, débraillés, chacun sur un fauteuil, et se masturbent assidûment en regardant la télé qui diffuse un film x.PAOLO — Ah, au fait ! J’ai rencontré une nana hier.ANSELME, absorbé par le film — Hein ?PAOLO — Je te dis que j’ai rencontré une meuf !ANSELME — Ah ? Encore une ?PAOLO — Non mais attends, laisse tomber ! Une comme t’imagines même pas.ANSELME — Ah ?PAOLO — Attends…Il se lève et se rhabille vaguement pour attraper la télécommande et mettre le film en pause.ANSELME — Eh ! Qu’est-ce tu fais ? T’es fou, c’est la meilleure scène !PAOLO — Tu ne m’écoutes pas, là. Je te dis que j’ai rencontré une super nana et toi tu t’en branles…ANSELME — Si je devais arrêter de me branler dès que tu rencontres une nana…PAOLO — Non mais attends ! Je te dis que c’est une pure merveille, là ! Une bombe absolue !ANSELME, soupirant, mais sans cesser de se masturber — Vas-y, raconte.PAOLO — Eh ben, hier après-midi, je prenais un café au tabac de la gare, après le boulot. Y avait une nana, installée à une table, avec d’autres gens. Elle arrêtait pas de m’allumer.Un silence.PAOLO — Tu veux pas arrêter de te branler ?ANSELME — Tu crois ?Un silence. Anselme, soupirant de nouveau, range ses attributs.PAOLO — Ouais, donc… elle arrêtait pas de me provoquer du regard. Et tu sais quoi ? Elle a carrément fini par se lever pour aller aux toilettes en passant devant ma table et en me faisant un petit clin d’œil.ANSELME — Ah ouais ! Cash !PAOLO — Alors, tu me connais, j’ai carrément pas hésité, j’ai foncé aux chiottes pour la rejoindre.Anselme ressort son sexe et se masturbe de nouveau.ANSELME — Et alors ?PAOLO — Alors c’était hallucinant ! Cette fille m’a sucé comme une reine et on a baisé sauvagement pendant pas loin d’une demi-heure ! Hmmm ! Rien que d’y repenser, d’ailleurs…Il extrait son sexe tendu de son pantalon et se masturbe à son tour. ANSELME — Attends, attends, pause ! Comment était-elle ? Décris-la moi. Je la connais ?PAOLO — Non, tu la connais pas. Elle s’appelle Adélaïde, elle a vingt-cinq ans, elle est brune avec des cheveux longs ondulés, roulée comme une déesse, et elle a un sourire d’ange et des yeux bleus qui feraient fondre la glace.Paolo s’avance vers Anselme, toujours assis. Celui-ci se saisit de son sexe et le caresse doucement. ANSELME — Hmmm ! Ça donne envie !PAOLO — Je crois que je vais essayer de la revoir…Acte I, scène 2Vendredi 16, 18h40Un bar (William, Lucinda, des serveurs, des clients) William et Lucinda sont attablés ; leurs verres sont vides. Autour d’eux, de nombreuses personnes vont et viennent, des clients et des serveurs.LUCINDA — Bon, qu’est-ce qu’elle fout, là ? Vingt minutes pour aller pisser, franchement, elle exagère !WILLIAM — Bah, j’sais pas, peut-être qu’elle a été prise d’une grosse envie ?LUCINDA — Ouais, enfin, vingt minutes, elle doit avoir une sérieuse chiasse !WILLIAM — C’est l’enfer pour toi de te retrouver seule avec moi ?LUCINDA — Mais non… c’est pas ça… c’est que je vais devoir y aller, et qu’on n’a pas décidé ce qu’on faisait demain soir.WILLIAM — Tu dois y aller tout de suite ?LUCINDA — J’ai mon bus dans cinq minutes.WILLIAM — Eh ben, vas-y, c’est pas grave, je vois ça avec elle et on t’appelle ce soir.LUCINDA — Mouais… Alors, tu lui diras qu’elle me saoule, et que j’en ai eu marre de l’attendre, et que pour la peine, elle paiera mon verre.Lucinda se lève et fait une bise à William. LUCINDA — Si elle est pas là dans un quart d’heure, va quand même voir si elle est pas tombée dedans…WILLIAM, rigolant — Oui, t’inquiète pas.LUCINDA — Tu m’appelles, t’oublies pas ?WILLIAM — Pas de problème.Lucinda sort. Un silence. William soupire. Un serveur s’approche de lui.SERVEUR — Désirez-vous autre chose, monsieur ?WILLIAM, hésitant — Euh… Oui, allez. Un autre whisky, s’il vous plaît.Le serveur s’éloigne, puis revient avec la boisson, qu’il dépose sur la table avant de ramasser les autres verres. Un silence. William boit une gorgée. WILLIAM — Oh, c’est vrai qu’elle met le temps à la faire, sa crotte !Paolo entre, et s’approche de la table de William. Il lui tend un petit bout de papier. PAOLO — Vous voulez bien donner ça à votre amie ?WILLIAM, s’en saisissant — Euh… qu’est-ce que…Paolo s’éloigne, prend hâtivement un manteau sur l’une des chaises puis sort par un autre côté. WILLIAM — Mais qui c’est ce taré ? Et qu’est-ce que c’est que ce truc ?Il parcourt le bout de papier. WILLIAM, lisant — « Merci, appelle-moi », et un numéro de téléphone… N’importe quoi ! Eh ben, au moins, y en a qui s’embêtent pas ! Tu m’étonnes qu’elle en avait pour longtemps !Un silence.WILLIAM — Eh ben, s’il croit que je vais lui donner…Adélaïde entre, William cache le papier. WILLIAM — Alors ? T’étais passée où ?Adélaïde s’assoit en soupirant à côté d’elle ; elle a l’air exténuée. ADÉLAÏDE, d’une voix morne, au serveur le plus proche — Une vodka orange, s’il vous plaît ? Une double.SERVEUR — Oui, mademoiselle, je vous apporte ça tout de suite.WILLIAM — Bon, Lucinda s’est cassée, elle a dit que tu la faisais chier et qu’elle en avait marre de t’attendre.ADÉLAÏDE, soupirant — Aaah, si tu savais ce que je m’en fous !WILLIAM — Non, mais sérieusement, qu’est-ce que tu faisais, là ?Le serveur revient et dépose le verre sur la table. ADÉLAÏDE — Merci.WILLIAM — Alors ?ADÉLAÏDE — Alors je crois que je viens de rencontrer un dieu… Je suis tombée amoureuse…WILLIAM — Ah, rien que ça ?ADÉLAÏDE, abattue — Mais je suis écœurée, il est parti sans rien me laisser d’autre que son prénom.WILLIAM, souriant — Ça t’apprendra à baiser avec des inconnus !Un silence.WILLIAM — C’était bien, au moins ?ADÉLAÏDE — Pffff, tu peux même pas imaginer !WILLIAM — Enfin, franchement, écoute, tu peux pas tomber amoureuse d’un gigolo qui tronche la première venue au fond des chiottes d’un bistrot !ADÉLAÏDE — Merci pour la première venue !WILLIAM — Tu comprends très bien ce que je veux dire.Adélaïde ne répond rien. WILLIAM — Eh bien, alors ?Adélaïde ne répond toujours rien. WILLIAM — Ah, bah, voilà, tu boudes ?ADÉLAÏDE — Non, je boude pas, je suis triste.WILLIAM — Triste ?ADÉLAÏDE — Oui, triste, parce que je le reverrai sans doute jamais.WILLIAM — Attends, ce mec t’a impressionnée à ce point-là ?ADÉLAÏDE — Pffff, tu peux même pas imaginer !WILLIAM — D’accord… Je vois… Plus que tous les autres mecs avec qui t’as baisé une fois et que t’as jamais revus ?ADÉLAÏDE — Oh, là, là ! Infiniment plus.WILLIAM, avec un sourire — Plus que moi ?ADÉLAÏDE — Mais je te dis, c’est le mec de mes rêves ! C’est pas que sexuel, y a un truc en plus, je ne sais pas ce que c’est, mais y a un truc…Un silence, Adélaïde boit plusieurs gorgées de vodka. Elle semble de plus en plus effondrée. WILLIAM, amusé — Bon, allez, tiens, console-toi. J’ai quelque chose pour te remonter le moral.ADÉLAÏDE — Boaf, non merci.WILLIAM — Mais attends de voir ce que c’est, au moins !William ressort le bout de papier de sa poche et le tend à Adélaïde. Celle-ci le lit, et semble soudain revivre. ADÉLAÏDE, agitée — Oh, William, je t’adore ! Merci ! Tu peux même pas imaginer ce que ça me fait plaisir ! Merci !Elle se lève et l’embrasse puis le serre dans ses bras. WILLIAM — Eh, oh ! du calme ! Et puis, imagine : s’il nous voit, il va être jaloux…ADÉLAÏDE — Ah là là ! Merci William ! Tu me sauves ma soirée ! Tiens, allez, je t’invite au restau, ce soir, pour fêter ça.WILLIAM — Bon, ben, j’ai au moins gagné une bouffe dans l’affaire.Avec un grand sourire béat, Adélaïde se replonge dans la lecture du papier. Acte I, scène 3Dimanche 18, 19h55Le salon de Paolo, (Paolo, Adélaïde) Paolo et Adélaïde sont vautrés nus enlacés sur le canapé, et paraissent exténués d’un long moment d’amour. PAOLO — Oh, Adélaïde ! Jamais je n’ai vécu quelque chose d’aussi fort. Tu es vraiment une déesse !ADÉLAÏDE — Et toi un dieu. Le dieu de l’amour et du sexe. Moi non plus je n’ai jamais ressenti quelque chose d’aussi géant. Je crois que je t’aime déjà !PAOLO — Et je crois que je t’aime aussi.Il se relève et repasse son caleçon. Adélaïde s’assoit un peu plus convenablement sur le canapé, mais reste nue à se caresser nonchalamment les seins. Paolo va-et-vient dans la pièce autour d’elle, visiblement heureux. PAOLO — Alors, qu’est-ce qu’on fait ce soir ? Tu invites tes amis ?ADÉLAÏDE — Oui, tu verras, ils sont géniaux, tu vas bien t’entendre avec eux.PAOLO — Mouais. Je te préviens : faudra pas qu’il t’approche trop quand même.ADÉLAÏDE — William ?PAOLO — Oui, William…ADÉLAÏDE — C’est quoi, ça, c’est de la jalousie ?PAOLO — Je ne sais pas, peut-être. Tu m’as dit que tu m’aimais, non ?ADÉLAÏDE — Si. Mais c’est quoi le rapport ?PAOLO — À toi de voir ; c’est toi qui m’as dit qu’il vous arrivait d’être très proches, William et toi.ADÉLAÏDE — Ça nous est arrivé, disons, mais c’est du passé, ça. Maintenant il n’y a plus que toi qui compte.Paolo se rapproche d’Adélaïde, et l’embrasse tendrement. PAOLO — Bon, vas-y, appelle-les, moi je vais inviter mon copain Anselme, et puis je vais voir ce que j’ai à manger pour tout ce petit monde.Paolo sort. Adélaïde se lève pour aller prendre son téléphone, puis revient s’asseoir et compose un numéro. ADÉLAÏDE — Ah, zut, c’est son répondeur ! … Oui, Lucinda, c’est Adélaïde, écoute, je suis chez… euh… chez Paolo, tu le connais pas, mais on mange là ce soir, avec William, et un ami de Paolo. Tu es invitée, alors tu me rappelles sur mon portable et on voit ça ensemble ? À plus.Elle raccroche. Paolo entre. ADÉLAÏDE — J’ai eu que le répondeur de Lucinda, mais à mon avis elle viendra. Je vais appeler William.Elle compose à nouveau un numéro. Paolo s’approche du canapé et s’assoit à côté d’elle. PAOLO — Ah oui ? Tu appelles William ?ADÉLAÏDE — Allô, William ?PAOLO — Dis-lui que tu es amoureuse d’un mec génial et qu’il ne vienne pas avec l’idée d’être ton chevalier servant…ADÉLAÏDE, à Paolo — Oh, chut ! (Au téléphone) : Oui, c’est Adélaïde.PAOLO — Chut ? Comment ça, chut ?ADÉLAÏDE — Ça va ? Je te dérange pas ?PAOLO, à part — Elle m’ignore ! J’hallucine. Elle m’ignore pour se consacrer tout entier à son William !Paolo caresse doucement la poitrine d’Adélaïde et passe une main entre ses cuisses. ADÉLAÏDE — Oui, oui, ça va. Alors qu’est-ce que tu fais ?Paolo accentue ses caresses. Adélaïde gémit brièvement mais parvient à poursuivre sa discussion sans broncher. ADÉLAÏDE — Okay. … Moi ? Euh… ben… là, je suis en train de me faire caresser…. … Mais, non, c’est pas pour ça que je t’appelle.PAOLO — Si, si, dis-lui que c’est pour ça !ADÉLAÏDE — Non, c’est pour t’inviter à manger ce soir.Paolo reprend ses caresses de plus belle. ADÉLAÏDE — Hmmm ! … Non, pardon. … Oui, ce soir. … Là, c’est tout près de chez toi, vers la résidence du parc. … Ben non, je te dis pas chez qui, c’est une surprise.Paolo accélère ses mouvements. ADÉLAÏDE — T’avais quelque chose de prévu, ce soir ? … Bon, eh ben impeccable ! … Tu vois la résidence du parc ? Eh ben, c’est là, au numéro 4. … Oui, quand tu veux.PAOLO — Laisse-nous cinq minutes, quand même !ADÉLAÏDE — Okay ? … Oui. … Non, rien que toi.PAOLO, abandonnant Adélaïde — Comment ça, rien que lui ?ADÉLAÏDE — Okay, à tout de suite.Elle raccroche. PAOLO — Tu aurais dû ajouter « mon amour » en lui parlant, et ç’aurait été parfait !ADÉLAÏDE — Oh… Tu exagères ! Arrête d’être aussi jaloux !PAOLO — Oui, c’est ça !Il se lève et sort. Adélaïde soupire et se caresse un instant machinalement. Acte I, scène 4Dimanche 18, 20h30La rue du parc, en bas de l’appartement de Paolo (William) William est à l’entrée de l’immeuble, son téléphone portable à l’oreille, et observe avec agacement un pavé numérique qui commande l’ouverture de la porte de la résidence. WILLIAM — Putain, et en plus son portable est éteint ! Mais quelle conne !Il essaie de tapoter différentes combinaisons au hasard sur le pavé numérique, puis appuie également divers boutons. Une lumière s’allume, mais rien d’autre ne se passe. WILLIAM — J’hallucine ! Et je fais quoi maintenant ?Il attend quelques secondes, réfléchissant. WILLIAM — Oh, ça me gave de retourner à la maison ! Je vais attendre, y aura bien quelqu’un qui va se pointer.Il fait les cent pas une ou deux minutes devant la porte de l’immeuble. WILLIAM — Oh là là ! C’est vraiment n’importe quoi, les plans galères d’Adélaïde ! J’attends encore deux minutes et je me casse.Lucinda entre. WILLIAM — Tiens, Lucinda, toi aussi tu es du plan foireux, ce soir ?LUCINDA — Salut, William.Elle lui fait une bise. LUCINDA — Pourquoi du plan foireux ?WILLIAM, désignant l’entrée de l’immeuble — Je sais pas, un pressentiment… Dis-moi qu’Adélaïde t’a donné le code, et que c’est juste pour me faire chier qu’elle me l’a pas donné ?LUCINDA — Euh… non.WILLIAM, hors de lui — Oh, putain, mais quelle conne ! Elle prévient à la dernière minute ! Elle oublie de nous donner les codes et elle éteint son portable ! Elle fait vraiment chier !LUCINDA — Oh, eh, du calme ! On va attendre que quelqu’un entre dans l’immeuble, et on le suivra, et puis voilà.WILLIAM — Génial !Ils attendent, faisant les cent pas. William tente de téléphoner à nouveau, mais sans succès. LUCINDA — Y a pas grand-monde, hein ?WILLIAM — Tu as remarqué ?LUCINDA, innocente — Et dire que c’est quand on cherche pas l’intimité qu’on la trouve…WILLIAM — Hein ?LUCINDA — Non, rien. Je me disais juste que si on était un couple et qu’on profitait de ce moment où finalement on se retrouve tous les deux pour envisager des choses un peu plus chaudes, eh ben peut-être, justement à ce moment-là, quelqu’un arriverait pour rompre cette intimité, tu vois ?WILLIAM — Non, pas très bien, mais bon… Et alors ?LUCINDA — Ben je sais pas, on pourrait faire l’amour…Un silence.WILLIAM — Tu es sûre que ça va, Lucinda ?LUCINDA — Ben… je me disais juste que…WILLIAM — Tu peux pas me dire tout simplement que tu as envie de moi ?LUCINDA — J’ai envie de toi, mon William adoré !WILLIAM — Hmm, voyons voir… Non !LUCINDA — Non ?WILLIAM — Non. On va pas baiser là dans la rue ! Et puis, on sort même pas ensemble !LUCINDA — On s’en fout de ça !WILLIAM — Mais non on s’en fout pas ! N’importe quoi ! Je savais pas que t’étais comme ça, toi…LUCINDA — Comment ça, comme ça ?WILLIAM — Écoute, Lucinda, je suis peut-être vieux jeu, mais je ne baise pas comme ça n’importe quand avec des copines.LUCINDA, avec un sourire — Ah bon ? Pourtant c’est pas ce que m’a dit Adélaïde…WILLIAM — Quoi ? Ça veut dire quoi, ça ?LUCINDA — Non, rien.WILLIAM — Ben voyons !Un silence.WILLIAM — Qu’est-ce qu’elle t’a dit sur moi, Adélaïde ?LUCINDA — Boh, rien, des trucs de filles.WILLIAM — Des trucs de filles ? C’est-à-dire ?LUCINDA — Non, rien, juste des trucs qu’une fille dit à une autre pour parler d’un mec.WILLIAM — Oui, du style: « il est canon ! »LUCINDA — Ah, non, ça elle me l’a pas dit.WILLIAM, avec une pointe de déception — Ah bon ? Ben quoi alors ?LUCINDA — Je sais pas, des trucs. Et puis ça te regarde pas.WILLIAM — Elle t’a dit: « il baise bien » ou quelque chose comme ça ?LUCINDA, amusée — Ah, non, ça non plus elle me l’a pas dit.WILLIAM, suppliant — Eh ben, dis-moi !Un silence.LUCINDA — Bah, écoute, en fait, elle m’a plutôt dit que t’étais pas très chaud, et plutôt maladroit, que tu manquais d’expérience, quoi.WILLIAM — Hein ?!? La salope !Il s’agenouille précipitamment aux pieds de Lucinda et, à toute vitesse, relève sa jupe et écarte sa culotte. WILLIAM — Tiens, tu pourras témoigner qu’elle s’est trompée.Il caresse et lèche Lucinda de toutes ses forces. Celle-ci arbore un grand sourire, et gémit doucement. Mais William s’arrête soudain et contemple sa partenaire d’un air dubitatif. WILLIAM — Euh, dis donc, tu te serais pas foutue de moi, là, par hasard ?LUCINDA, faussement étonnée — Moi ?Elle éclate de rire devant l’air déconfit de William, qui tient toujours la jupe relevée. WILLIAM — Vous êtes vraiment toutes des salopes !Il hésite, puis finit par rigoler aussi. WILLIAM, souriant — Bon, allez, tiens, pour ta peine…Il enfouit sa tête entre les cuisses de la jeune femme et la lèche quelques minutes avec avidité. Elle gémit en savourant ses caresses. LUCINDA — Hmmm ! Aaaah ! En fait tu t’y prends vraiment très bien !Anselme entre, se dirigeant vers l’entrée de l’immeuble ; mais il n’ose pas passer devant le couple et reste légèrement en retrait à les observer. LUCINDA — Oh, oui, ouiii ! Continue !Elle se crispe soudain en gémissant plus fort et jouit dans une série de spasmes en serrant contre elle la tête de William. Celui-ci finit par se relever et s’essuie lourdement la bouche d’un revers de manche. Anselme s’avance alors vers la porte de l’immeuble. WILLIAM, gêné, l’ayant remarqué — Euh… Bonsoir.ANSELME — Bonsoir.Il compose un code sur le pavé numérique, la porte s’ouvre.LUCINDA, à William — Tiens, qui c’est qu’avait raison ? Tu veux deux minutes d’intimité, tu les as pas, quelqu’un se radine… Puis à Anselme — Bonsoir.WILLIAM — Attendez, s’il vous plaît, vous pourriez nous laisser la porte ouverte ?ANSELME — Oui, tenez, entrez.LUCINDA — Merci, on arrive.WILLIAM — Merci. On va manger chez des amis, au numéro 4, mais on n’avait pas le code.ANSELME — Au numéro 4 ? C’est là que je vais aussi, suivez-moi. À William, en désignant d’un geste le bas de son visage — Vous avez encore quelques traces, là…William s’essuie encore d’un geste distrait. LUCINDA, à Anselme — Vous y allez aussi ? Quelle coïncidence !WILLIAM, à Lucinda — Ça veut dire quoi, ça ? Que si t’avais su, tu te serais retenue, c’est ça ?ANSELME — Vous devez être les amis d’Adélaïde, sans doute ?LUCINDA — Oui, c’est ça, c’est nous. Je m’appelle Lucinda, et ça c’est William.WILLIAM, à voix basse — Ça ??? Non, mais j’hallucine ! Eh, je te signale que je viens de te lécher, Lucinda !ANSELME — Enchantée, je m’appelle Anselme, je suis un ami de Paolo.LUCINDA, battant des cils — Anselme… J’adoooore ce prénom !ANSELME, souriant — Après vous, belle demoiselle…Ils entrent. William soupire, avant d’entrer à son tour. ***Acte II, scène 1Mardi 20, 23h50La chambre d’Anselme (Lucinda, Anselme) Anselme et Lucinda sont allongés nus dans un lit, achevant de faire l’amour dans des hurlements de jouissance mêlés. Ils s’embrassent langoureusement, puis se détendent quelques instants, roucoulant de bonheur. Lucinda retire le préservatif du sexe mollissant d’Anselme, et le pose sur la table de nuit, à côté de quelques autres. ANSELME — Ah, quelle bonne idée Paolo a eue là, d’avoir organisé cette bouffe dimanche soir ! Quelle chance j’ai eue de t’y rencontrer !LUCINDA — Oui, en y allant, je ne pensais pas y rencontrer l’homme de ma vie.ANSELME — C’est pas un peu tôt pour dire ça ?LUCINDA — Non, je suis sûr que je t’aime.ANSELME — Et moi aussi je t’aime.Ils s’embrassent une nouvelle fois avec passion, longuement. Ils sont interrompus par la sonnerie du téléphone. ANSELME — Qui ça peut être, aussi tard ?Il décroche. LUCINDA — Oui, en général, c’est pas très bon signe à cette heure-ci…ANSELME — Oui ? … Ah, c’est toi, Paolo ? Mais qu’est-ce qui te prend d’appeler si tard ?Un long silence.ANSELME — Oh, merde ! Et ça va, quand même ?LUCINDA — Et voilà ! Qu’est-ce que je disais ?Un autre long silence.ANSELME — Donc normalement c’est bon ?Un silence.ANSELME — Ben, oui, mais… Tu l’as oublié, c’est un peu con, ça. … Ouais. … Et tu veux que j’aille chez toi ? … Mais attends, je suis avec Lucinda, là, je vais lui demander. … Peu importe ce qu’elle fait là, elle est là, c’est tout. … Oui, à cette heure-ci. … Bon, tu veux que je lui demande, ou pas ? … T’es sûr ? … Bon, okay. … Et tu penses rentrer quand ? … D’accord. … Okay. … Bon courage, à toi et à eux. … Bisous.Elle raccroche.LUCINDA — Alors ?ANSELME — Ben alors c’est pas la joie pour Paolo.LUCINDA — Oui, c’est ce que j’ai cru comprendre… C’est grave ?ANSELME — Ça a failli, mais non. Son père a eu un accident de voiture, cet après-midi, assez sérieux.LUCINDA — Oh, pas cool !ANSELME — Il est parti en urgence pour l’hôpital où ils l’ont opéré. Apparemment, ça a été la grosse grosse opération. Mais il a l’air de dire qu’il est tiré d’affaire, maintenant.LUCINDA — Bon… tant mieux.ANSELME — L’opération ne s’est terminée que vers dix heures et demie, et il va rester là-bas passer la nuit avec sa mère, et attendre que son père se réveille.LUCINDA — C’est où, là-bas ?ANSELME — J’sais pas très bien, quelque part dans l’Est, je crois.LUCINDA — Et Adélaïde est allée avec lui ?ANSELME — Justement, c’est pour ça qu’il a appelé. Il est parti en hâte dans la soirée et il a pas réussi à la joindre avant de prendre la route.LUCINDA — Et alors ? Il a qu’à l’appeler de là-bas ? Ou bien il lui laisse un message.ANSELME — Oui, mais cet idiot a oublié son portable ! Il a quitté le boulot en urgence, il est passé chez lui vite fait, et en repartant, il a oublié son portable et son portefeuille.LUCINDA — Ben il est vraiment con !ANSELME — Oh, ça va ! Il devait surtout être méga inquiet et hyper stressé.LUCINDA — Et du coup ?ANSELME — Ben du coup il a pas le numéro d’Adélaïde.LUCINDA — Aïe ! Et elle, elle doit se demander où il est… Et c’est ça que tu voulais me demander ?ANSELME — Oui mais il appelait d’une cabine sans rien pour noter.LUCINDA — Mouais. Bon, ben je vais l’appeler, alors…ANSELME — Oui, je veux bien.LUCINDA — Mais comment vous auriez fait si j’avais pas été là ?ANSELME — Il voulait que j’aille chez lui, et que je prenne son portable, pour appeler Adélaïde.LUCINDA — Rien que ça ? Eh ben ça va quand même être plus simple si je l’appelle.ANSELME — Fais gaffe, elle risque d’être un peu énervée, ils avaient rendez-vous à neuf heures ce soir…Lucinda jette un coup d’oeil au réveil qui indique 00h05.LUCINDA — Cool ! Et je lui dis quoi, exactement ?ANSELME — Je sais pas. Improvise… Tu trouveras bien un truc de nana à lui dire…LUCINDA — Génial !Elle prend son téléphone, et appelle. Un silence.LUCINDA — Merde, c’est le répondeur ! Je fais quoi, je laisse un message ?ANSELME — Oui, il faut la prévenir, de toute façon.LUCINDA — Adélaïde, c’est Lucinda. Tu me rappelles dès que tu peux ? À plus.Elle raccroche.LUCINDA — Bon, voilà. Y a plus qu’à attendre qu’elle rappelle.Anselme la regarde curieusement.ANSELME — Euh… c’est tout ? Tu lui racontes pas ?LUCINDA — Bah, on verra quand elle rappellera. Inutile de l’inquiéter. En plus, si ça se trouve, elle dort.ANSELME — Bon…Un silence. Ils s’embrassent. Lucinda fouille dans la table de nuit et en sort une boîte de préservatifs ; elle en en prend un, qu’elle ouvre avec les dents d’un geste adroit et précis. ANSELME — Encore ?LUCINDA — Bah, il en reste plus que deux, on va les finir…Acte II, scène 2Mardi 20, 23h25Le salon de William (William) La pièce n’est éclairée que par la télé, qui diffuse un film d’action bruyant. William est assis sur son canapé, et regarde l’écran avec intérêt.WILLIAM — Oui ! Vas-y, tire ! Mais tire, bon sang !LA TÉLÉ — Bang ! Bang !WILLIAM — Ouiiii ! Bien ! Tu l’as mérité, salaud !Des coups sourds portés sur l’un des murs attenants résonnent dans la pièce.WILLIAM, fort — Oooh ! Oui, oui, ça va, je baisse !Il attrape la télécommande et baisse quelque peu le son de la télé.WILLIAM, à voix plus basse — Mais estimez-vous heureux, ça aurait pu être un film de cul.Il regarde encore un peu, puis des coups sourds retentissent, dans la porte d’entrée, cette fois.WILLIAM — Oh, non, là, elle fait chier ! Je vais lui dire ma façon de penser.Il se lève, allume la lumière, se dirige vers la porte et commence à l’ouvrir en hurlant.WILLIAM — Là, vous m’énervez vraiment, madame Duflanc. J’ai déjà baissé et…Il achève d’ouvrir la porte.WILLIAM — Oh ! Pardon… Entre, Adélaïde.Adélaïde entre, William ferme la porte. Ils se font une bise.ADÉLAÏDE — Je te dérange pas trop ?WILLIAM — Non, non, pas du tout. Je matais un film. Assieds-toi. C’est presque fini, je regarde la fin, et…ADÉLAÏDE, l’interrompant — Non.WILLIAM — Non ? Comment ça, non ?Elle éteint la télévision.WILLIAM — Eh ben ?ADÉLAÏDE — Il m’a posé un lapin.WILLIAM — Qui ça ?ADÉLAÏDE — Le curé !WILLIAM — … ?ADÉLAÏDE — Ben qui ça, à ton avis ? Paolo, évidemment !WILLIAM — Eh ! Oh ! Du calme !ADÉLAÏDE, à cran — Non, pas du calme ! Ce salaud m’a mis un vent ! Il est pas venu à notre rendez-vous. Je savais bien qu’il se foutait de moi, c’était trop beau pour être vrai !WILLIAM — Eh, relax ! Attends, assieds-toi, et recommence depuis le début.Ils se laissent tomber tous les deux dans le canapé.ADÉLAÏDE — On devait se retrouver à neuf heures, ce soir, pour dîner ensemble au restau, il est jamais venu, et il m’a jamais appelée. J’ai essayé de lui téléphoner plein de fois, chez lui et sur son portable, et pas de réponse. Je suis même passée à son appart et y avait personne. Un vent, je te dis ! J’ai fait une belle connerie en m’amourachant de lui !WILLIAM — Attends, attends, t’énerve pas, il a peut-être juste eu un empêchement.ADÉLAÏDE — Mais il m’aurait prévenue ! Je te dis, il s’est foutu de moi depuis le début. Il avait juste envie de tirer quelques coups, c’est clair.WILLIAM — Tu crois ? Attends un peu, ça fait que deux heures, il est peut-être retenu quelque part.ADÉLAÏDE — C’est ça… certainement…William sort d’un placard deux tasses.WILLIAM — Tiens, je vais te préparer un peu de thé, tu vas te détendre un peu, et réfléchir cinq minutes.ADÉLAÏDE — Sers-moi plutôt une vodka !William la regarde curieusement, mais s’exécute.ADÉLAÏDE — Crois-moi, y a pas à réfléchir. Quand je pense que j’ai dit non à Glenn, qui me proposait de passer la soirée d’hier avec lui. Que je lui ai dit que j’étais amoureuse d’un mec génial qui m’aimait aussi…William remplit deux verres d’un mélange d’alcool et d’orangeade. Il reste debout en face d’Adélaïde ; il a l’air de réfléchir. Adélaïde allume une cigarette.WILLIAM — Et alors ? Tu comptes faire quoi ?ADÉLAÏDE — Rattraper le temps que j’ai perdu.WILLIAM — Tu ne lui laisses aucune chance ?ADÉLAÏDE — Je te dis, il avait qu’à m’appeler.WILLIAM — T’as pas essayé d’appeler son pote Anselme ?ADÉLAÏDE — Non, c’est pas à moi d’appeler.Un silence.ADÉLAÏDE — Et puis j’ai pas son numéro.WILLIAM — Ha !ADÉLAÏDE — Quoi, ha ?WILLIAM — Non, rien. Moi non plus, je l’ai pas, mais Lucinda doit l’avoir ; elle a l’air d’avoir bien sympathisé avec lui, dimanche soir.ADÉLAÏDE — Je l’emmerde, Lucinda !WILLIAM — Pourquoi ? Qu’est-ce qu’elle t’a fait ?ADÉLAÏDE — Attends, t’as pas vu ? J’ai l’impression qu’elle essayait de bien sympathiser avec Paolo aussi, dimanche soir…WILLIAM — Tu vois ? T’es encore jalouse.ADÉLAÏDE — Boh, pfff !Un silence.WILLIAM — Oui, elle est bien sympathique, cette Lucinda…ADÉLAÏDE — Comment ça ?WILLIAM — Ben, disons que j’ai bien sympathisé avec elle avant d’arriver chez Paolo, dimanche soir.ADÉLAÏDE — Hein ? J’hallucine !WILLIAM — Oh, rien de bien poussé non plus, hein…ADÉLAÏDE — Super !Un silence.ADÉLAÏDE — Enfin, j’imagine qu’Anselme n’est pas venu te prendre la tête en te disant de ne plus toucher à sa nana, lui !WILLIAM — Tu vois, si Paolo t’a dit ça, c’est qu’il tient à toi.ADÉLAÏDE — Tu parles ! Tiens, d’ailleurs pour l’emmerder, je vais…Elle s’interrompt et regarde intensément William.WILLIAM, souriant — Tu vas quoi ?Un silence. Adélaïde paraît hésiter.ADÉLAÏDE — Non, rien…Elle vide son verre.WILLIAM — Tu devrais aller dormir, ça te ferait du bien.ADÉLAÏDE — C’est mort, je vais aller en boîte, et je vais me taper dix mecs !WILLIAM — Prétentieuse !ADÉLAÏDE — Oh, je t’emmerde !WILLIAM — Allez, calme-toi, et détends-toi cinq minutes.ADÉLAÏDE — Me détendre ? Comment veux-tu que je me détende ?Un silence. William regarde Adélaïde en souriant toujours plus.ADÉLAÏDE — Remarque, j’ai bien une idée, mais…WILLIAM — Ah, moi j’ai promis à Paolo que je ne te toucherais plus…ADÉLAÏDE — Au diable, Paolo !WILLIAM, souriant encore — Remarque, je pourrai toujours dire que tu m’as forcé…Il s’approche d’elle pour l’embrasser. Adélaïde se laisse faire. Ils s’embrassent encore. Il s’assoit à côté d’elle et caresse sa poitrine. Elle le serre dans ses bras. Ils se câlinent quelques minutes. Mais Adélaïde finit par le repousser doucement et se prend la tête entre les mains.ADÉLAÏDE — Non, arrête, c’est mal !WILLIAM — Tu as des scrupules ? C’est bon signe, ça…ADÉLAÏDE — Oh, tu me gonfles !Elle se lève soudainement et sort en claquant la porte. Un silence.WILLIAM — Bon, eh ben, bonsoir !Un silence. William reste debout, bêtement.WILLIAM — J’hallucine ! Elle m’a quand même collé un sacré vent.Il ôte son pantalon, rallume la télé et se rassoit.WILLIAM — Enfin, c’est peut-être mieux comme ça…Il prend son verre d’une main, et passe l’autre dans son caleçon.Acte II, scène 3Mercredi 21, 14h40La chambre d’Anselme (Anselme, Lucinda) Lucinda et Anselme sont allongés sur le lit, et dorment d’un sommeil profond. Le téléphone sonne. Anselme sursaute. Il jette un regard au réveil.ANSELME — Merde, il est déjà cette heure-là ?!?Une nouvelle sonnerie. Il décroche.ANSELME — Allô ?Lucinda émerge doucement.ANSELME — Ah, c’est toi, Paolo ?LUCINDA — Oh la vache ! On a dormi jusqu’à cette heure-ci ?!?ANSELME — Euh… si, si, on a essayé de l’appeler.LUCINDA, se mordant la lèvre — Aïe !ANSELME — Si, si, je t’assure ! Mais on n’a pas réussi à la joindre.LUCINDA, à voix basse — Ooops ! C’est vrai qu’on n’a pas non plus trop insisté…ANSELME — Non, je suis pas passé chez toi, mais…Un silence.ANSELME — Non, mais… Attends !Il se tourne vers Lucinda et la regarde d’un air coupable.ANSELME — Il a raccroché.Un silence. Lucinda compatit d’un air également coupable.LUCINDA — Mouais, on n’a pas été super, sur ce coup-là…Acte II, scène 4Mercredi 21, 17h00Le salon de William (William, Paolo) Paolo et William sont debout dans la pièce et discutent, une bière à la main.WILLIAM — Eh ben ! C’est une belle embrouille, tout ça. Ils ont pas trop assuré, Lucinda et Anselme.PAOLO — Tu m’étonnes ! Je leur en veux à mort… Et toi, alors, raconte ?WILLIAM — Ben, pas grand-chose. Elle est venue chez moi hier soir, vers onze heures, et a commencé à me raconter que tu lui avais mis un vent. J’ai tenté de la calmer, de la retenir, mais elle m’a mis à moi un vrai vent, et s’est cassée d’un seul coup, sans rien me dire.PAOLO — Et tu sais pas du tout où elle est allée ?WILLIAM — Non, elle m’a rien dit.Un silence.PAOLO — Elle a laissé onze messages sur mon téléphone ; le dernier à minuit cinq.WILLIAM — Et depuis, plus rien ?PAOLO — Non, plus rien. Et là je l’ai coupé, parce qu’Anselme arrête pas de me faire chier à essayer de m’appeler.Un silence.WILLIAM — Attends, j’ai peut-être une idée.PAOLO — Quoi donc ?WILLIAM — Hier soir, elle m’a dit quelque chose à propos d’un certain Glenn.PAOLO — Oui, elle m’en a déjà parlé ; c’est un de ses collègues, qui la drague sans cesse, paraît-il.WILLIAM — Elle m’a dit qu’elle avait refusé des avances qu’il lui aurait faites avant-hier.PAOLO — Et alors ?WILLIAM, hésitant — Euh… Eh ben, peut-être que par dépit, elle est revenue sur ce refus…PAOLO, soudainement angoissé — Tu crois ? Mais… c’est… à ce point là ? Elle en était à vouloir me tromper ?WILLIAM — Euh, je ne sais pas, hein… Peut-être pas…PAOLO — Oh, la salope ! Pas de nouvelles pendant trois heures, et au lieu de s’inquiéter pour moi, elle pense à me tromper !Un silence.PAOLO — Mais toi qui la connais bien, tu l’en crois capable ?WILLIAM, hésitant — Euh… vraiment, je n’en suis pas sûr…PAOLO, suspicieux — Attends, il me vient un soupçon, là… Elle est venue chez toi, et…WILLIAM, l’interrompant net — Non, promis, juré ! Il ne s’est rien passé !PAOLO — Mais ?WILLIAM, d’une petite voix — Mais, euh… disons que, euh… ça aurait pu en prendre le chemin.PAOLO, hors de lui — Putain mais j’hallucine ! Vous êtes vraiment tous des enculés !WILLIAM — Oh, attends, moi j’étais au courant de rien ! Elle se pointe chez moi et, en gros, elle me dit : c’est fini avec Paolo, j’ai besoin de réconfort.PAOLO — Pffff ! Ça valait le coup de me promettre de plus la toucher !WILLIAM — Je ne l’ai pas vraiment touchée, j’ai juste suggéré un peu…PAOLO — Mais oui, bien sûr !WILLIAM — Elle a hésité, et elle s’est cassée. C’est plutôt positif, non ?Un silence.PAOLO — Mais tu vois, au fond, je t’en veux même pas. J’en veux déjà trop à Anselme, et maintenant j’en veux aussi à Adélaïde.Un silence. William est mal à l’aise.WILLIAM — Dis, tu sais quoi ? On va aller voir chez Glenn, si elle est pas là-bas.PAOLO — Parce que ? Tu sais où il habite ?WILLIAM — Oui, je suis déjà allée à une soirée chez lui. Adélaïde m’y avait emmené.PAOLO — Mais tu le connais bien ?WILLIAM — Sans plus.PAOLO — Si on débarque comme ça chez lui, ça va aller ? Tu es en bons termes avec lui ?WILLIAM — Non, pas vraiment. En fait, il me déteste depuis qu’il sait que… euh…Il s’arrête et hésite.PAOLO — Qu’il sait que quoi ?WILLIAM — Euh… que… disons, que… qu’Adélaïde et moi, euh…PAOLO, agacé — Putain ! J’hallucine !WILLIAM — Mais c’est du passé, je te promets !PAOLO — Et alors ? Je vais arriver chez ce Glenn, et je lui dis quoi ?WILLIAM — Ben que tu viens reprendre ta copine.PAOLO — Oui, et puis si elle est pas là, j’aurais vraiment la classe !WILLIAM — Bah, tu t’en fous !Un silence. Paolo semble hésitant.PAOLO — Attends, je vais quand même essayer de l’appeler encore une fois.Il allume son téléphone, et appelle Adélaïde.PAOLO, soupirant — C’est encore son répondeur à la con !Il raccroche.PAOLO — Bon… on tente le coup chez Glenn ?WILLIAM — Allez, c’est parti ! Je t’emmène.Ils sortent.Acte II, scène 5Mercredi 21, 17h30L’extérieur de la maison de Glenn (William, Paolo) Paolo et William sortent d’une voiture, garée à quelques mètres de l’entrée d’une maison. Il y a de la lumière à l’une des fenêtres du rez-de-chaussée.WILLIAM — Voilà, c’est là.PAOLO — J’hésite un peu, quand même. Si elle est pas là ?WILLIAM, rigolant — Ouais, ce serait bien fendard !PAOLO — Bon, allez, j’y vais. Tu viens pas, t’es sûr ?WILLIAM — Non, à mon avis, il vaut mieux pas. Si Glenn me voit, il risque de péter un câble. Je t’attends dans la bagnole. Bonne chance !William rentre dans la voiture. Paolo s’avance vers l’entrée de la maison, fait mine de sonner, puis semble hésiter un instant. Il décide finalement de franchir en l’escaladant un petit portail. Il se dirige silencieusement jusqu’à la fenêtre éclairée, y jette rapidement un coup d’œil, et pousse soudain un cri de stupeur. Il reste à observer quelques secondes, puis revient à la voiture en escaladant une nouvelle fois le portail. William ouvre une vitre de la voiture.WILLIAM — Alors ?PAOLO — Putain, je sais pas si je dois rire ou pleurer, mais je crois que tu devrais venir voir ça !WILLIAM — À ce point-là ?PAOLO — Oh oui !Paolo se dirige de nouveau vers la fenêtre éclairée, escaladant une nouvelle fois le portail. William le suit, mais s’aperçoit que le portail n’est en fait pas fermé à clef. Il le franchit en l’ouvrant simplement et en se moquant de Paolo.PAOLO — Oh ça va, c’est bon ! J’avais pas vu qu’il était ouvert ! Arrête de te marrer ! Et mate plutôt ça…Ils parviennent jusque devant la fenêtre, et regardent à l’intérieur. William pousse à son tour un cri de stupeur.PAOLO — Tu vois, je t’avais dit que ça valait le coup.WILLIAM — Oui, mais je m’attendais pas à ça, quand même…Ils reportent toute leur attention un long moment sur ce qu’ils voient à l’intérieur de la maison.PAOLO, vert — Bon, alors, c’est lequel Glenn ?WILLIAM, rigolant — Excuse-moi, j’ai du mal à me retenir de rire.PAOLO, sardonique — Ha, ha, ha ! Qu’est-ce que c’est drôle !WILLIAM — Bah, avoue que si t’étais à ma place, tu te marrerais.PAOLO — Mouais. Et reconnais que si t’étais à la mienne, tu serais dégoûté !Un silence.PAOLO — Bon, alors, tu m’as pas répondu. C’est lequel, Glenn ?WILLIAM — Attends, je vois pas bien la tête de celui qui l’encule, mais je crois que c’est lui.PAOLO — Et les autres, c’est qui ?WILLIAM — Les deux qu’elle suce ?PAOLO, effaré — Pourquoi, t’en vois encore d’autres ?WILLIAM — Non, non, quand même…PAOLO — Ouf, tu m’as fait peur !WILLIAM — Boh, tu sais, deux ou trois, c’est kif-kif…PAOLO — Merci de m’épargner tes commentaires ! Contente-toi de répondre à mes questions.WILLIAM, riant encore — Excuse-moi, c’est nerveux !PAOLO — Tu mériterais que je te pète la gueule !WILLIAM, rigolant toujours — Pardon.PAOLO — Bon, donc, c’est qui ?WILLIAM — Je sais pas, je les ai jamais vus.Ils reportent leurs regards vers la fenêtre. Un silence.WILLIAM — Oui, tu vois, c’était bien Glenn qui l’enculait. Maintenant qu’ils ont changé de place, on le reconnaît mieux.PAOLO, froidement — Merci !Un silence.PAOLO — Putain, mais il a une bite énorme, celui-là !WILLIAM — Tu m’étonnes !Un silence.WILLIAM — Hmmm ! Eh ben, ça rentre tout seul, elle doit être bien mouillée…Un silence. Paolo bouillonne.PAOLO — J’hallucine ! Et il lui éjacule sur la gueule, allez !Un silence.WILLIAM — Dis donc, ça m’excite presque…PAOLO — Euh… je te rappelle que c’est ma meuf, quand même !WILLIAM, riant à moitié — Oui… excuse-moi.Ils regardent de nouveau longuement à l’intérieur.PAOLO, toujours observant la scène — Hmm ! Ça par contre, j’aimerais pas. Être avec un autre mec dans sa chatte, bof !WILLIAM — Ouais…PAOLO — Putain ! Mais je savais pas qu’elle était comme ça ! T’as déjà fait des trucs à plusieurs, comme ça, avec elle ?WILLIAM — Euh… comme ça, non…Paolo le regarde curieusement. William tire discrètement sur son pantalon.WILLIAM — Et toi ? Tu l’as déjà fait ?PAOLO — Attends, ils ont fini, j’y vais !WILLIAM — Je vais t’attendre dans la voiture ?PAOLO — Non, amène-toi, je préfère.WILLIAM — Tu crois ?PAOLO — Oui, allez, viens !WILLIAM — Comme tu le sens.Ils se dirigent subrepticement jusqu’à l’entrée de la maison, repassant et refermant le portail, puis actionnent innocemment la sonnette, que l’on entend résonner dans la maison.Acte II, scène 6Mercredi 21, 17h50L’intérieur de la maison de Glenn (Adélaïde, Glenn, Livio, Joachim) La jeune femme est vautrée nue sur un canapé, de nombreuses traces de sperme sur le corps et le visage. Les garçons, écroulés autour d’elle, paraissent épuisés.GLENN — Oh, Adélaïde, t’es vraiment une bombe ! J’ai jamais vu ça !LIVIO — C’est clair ! T’as bien fait de m’appeler, Glenn !JOACHIM — Ouais, tu t’en serais jamais sorti tout seul !ADÉLAÏDE — Bon, les garçons, je prends la salle de bains cinq minutes, okay ?GLENN — Fais comme chez toi, ma puce. Tu connais le chemin…ADÉLAÏDE, souriant — C’est bon, je l’ai trouvé depuis hier soir.Elle sort.LIVIO, à Glenn — Eh ben putain ! Elle est vraiment canon, ta copine ! Et qu’est-ce qu’elle est salope !JOACHIM — Ouais, si t’en veux plus, tu nous préviens…GLENN — Pour l’instant, elle me plaît bien aussi. Je vous laisse deux secondes, je vais aux chiottes.Il sort. Un silence, puis la sonnette retentit. Les garçons hésitent un instant, puis Livio se rhabille en hâte d’un caleçon et d’un tee-shirt, et va ouvrir la porte pendant que Joachim sort.LIVIO — Oui ?La voix de PAOLO, glaciale — On voudrait voir Adélaïde.LIVIO — Ben, faudra attendre quelques minutes, elle est à la douche, là.Bousculant Livio, Paolo entre, suivi de William.PAOLO — Ah bon ? À cette heure-ci ?LIVIO — Mais, eh ! Vous êtes qui, au fait ?Glenn entre, en caleçon.GLENN — C’était qui ? Puis, remarquant William. — Ah ! Monsieur William !WILLIAM, froid — Salut, Glenn. Je te présente Paolo, il est venue rechercher sa nana.GLENN — Ah, voici donc le fameux Paolo ? Le mec génial qu’elle aimait tant et qui l’aimait tant. Ce fut finalement d’assez courte durée.PAOLO — Mais ce n’est pas terminé !GLENN — J’ai bien peur que si, mon pépère…PAOLO, agacé — Bon, y a moyen de lui parler, au moins ?GLENN — Euh… je suis pas sûr qu’elle en ait envie…WILLIAM — Tu veux pas te contenter de la prévenir qu’on est là ?Glenn soupire.LIVIO, à Glenn — C’est bon, attends, j’y vais.Livio sort. Un long et très lourd silence. Livio rentre, suivi d’Adélaïde, en peignoir. Elle salue William, et fait un vague signe de tête à Paolo.ADÉLAÏDE, froide — Qu’est-ce que vous voulez ?PAOLO — Dissiper un malentendu.ADÉLAÏDE — Je t’écoute.PAOLO — Si je suis pas venu, hier soir, c’est parce que mon père a eu un grave accident.ADÉLAÏDE — Ben voyons.PAOLO — Je t’assure que c’est vrai.ADÉLAÏDE — Et t’as jamais trouvé moyen de me prévenir ?PAOLO — Je suis parti à toute vitesse et j’ai oublié mon téléphone à la maison.ADÉLAÏDE — Mais bien sûr !PAOLO, suppliant — Écoute-moi au moins, laisse-moi t’expliquer ! J’ai demandé à Anselme et Lucinda de te prévenir.ADÉLAÏDE — Ben ils l’ont pas fait !PAOLO — Je sais, justement, c’est à cause d’eux que tout est parti en vrille.ADÉLAÏDE — Oui, faut bien que ce soit de la faute de quelqu’un…PAOLO — Je te promets. Je suis rentré cet après-midi, et quand j’ai vu qu’ils t’avaient pas eue, je suis devenu dingue.ADÉLAÏDE, cynique — Mieux vaut tard que jamais.Pendant qu’ils discutent, Glenn passe derrière Adélaïde et la caresse ostensiblement dans le cou, puis sur le ventre et la poitrine, et descend peu à peu au niveau de l’entrejambe. Paolo reste un instant interloqué, mais continue.PAOLO — Écoute, mon père a failli crever, et toi, tout ce que tu fais, c’est penser à ton cul !ADÉLAÏDE — Attends, t’aurais quand même pu me prévenir, merde !PAOLO — Je sais que j’aurais dû…ADÉLAÏDE — Je serais même venue avec toi à la rigueur.Glenn passe ses mains dans le peignoir d’Adélaïde sous les yeux consternés de Paolo et William.PAOLO — Écoute, si tu me crois pas, t’as qu’à appeler ta copine Lucinda.ADÉLAÏDE — Je l’emmerde Lucinda ! Si c’était ma copine, elle m’aurait prévenue.PAOLO — Elle m’a dit qu’elle t’avait laissé un message.ADÉLAÏDE — Hmmm… Tu parles d’un message: « C’est Lucinda, tu peux me rappeler ? »Glenn intensifie ses caresses.PAOLO, à cran — Est-ce que… j’aimerais qu’on discute un moment.ADÉLAÏDE — Je t’écoute.PAOLO — …seuls.Un silence.ADÉLAÏDE, soupirant — Glenn chéri, je te laisse quelques minutes.S’éloignant de Glenn – qui bande très nettement –, elle sort dans une pièce attenante, suivie de Paolo. Glenn prend une cigarette d’un paquet et en propose une à Livio et à William. Ils les allument et tirent quelques bouffées dans un silence lourd.WILLIAM — Excuse-moi, Glenn, mais t’es vraiment qu’un gros enculé ! Ça se fait pas, ce que tu viens de faire là ! Ni de piquer une nana comme ça !LIVIO — Ouh là, si ça s’engueule de tous les côtés, je me casse. Je vais prendre une douche.Il sort.GLENN — Excuse-moi, William, mais si t’étais choqué, tu n’avais qu’à sortir, ou bien ne pas regarder. Et puis, tu vois, je ne me sens en rien responsable des déboires sentimentaux du pauvre petit Paolo. S’il est pas assez grand pour prévenir son entourage de ce qui lui arrive, c’est pas mon problème.WILLIAM — Mais t’as bien compris que ce n’est qu’un malheureux concours de circonstances.GLENN — Peut-être, mais je ne m’en sens pas du tout responsable.WILLIAM — Et ça t’empêche de compatir ?GLENN — Écoute, Adélaïde est assez grande pour décider toute seule quoi faire, non ?WILLIAM — Pfff ! De toute façon, ils vont se remettre ensemble, et tu seras bien dégoûté.GLENN — Bah oui ! Et, au fait, je peux savoir pourquoi tu intercèdes pour celui qui t’a piqué ta nana ?WILLIAM — Il ne m’a pas p…La porte par laquelle étaient sortis Paolo et Adélaïde s’ouvre avec violence. Paolo entre, hors de lui. Il traverse la pièce sans un mot, et sort en direction de la rue. Adélaïde, le visage tiraillé par la rage, fait quelques pas dans le salon.WILLIAM — Eh ben, bravo ! Belle réconciliation !Il sort, à la suite de Paolo.GLENN — Alors, ça y est, il a compris ?Il s’approche d’Adélaïde pour l’embrasser.ADÉLAÏDE — Ne me touche pas !Elle le repousse et sort par une autre porte.GLENN — Oh, merde ! Ils font chier avec leurs sentiments !***Acte III, scène 1Mercredi 21, 20h10Un restaurant (Paolo, William, des serveurs, des clients) Paolo et William sont attablés et savourent un apéritif. Paolo a toujours l’air un peu morose.WILLIAM — Bah, essaie de voir le bon côté des choses.PAOLO — Ah, parce que tu vois un bon côté à tout ce qui m’arrive ?WILLIAM — Oui, tu as rencontré un type formidable : moi !PAOLO — Voilà, voilà. Ça va, les chevilles ?WILLIAM — Oh, j’essaie juste de te faire marrer un peu.PAOLO — N’empêche que, même si c’est vrai que je te trouve très sympa, j’ai quand même perdu ma copine et mon meilleur pote.WILLIAM — Attends un peu, tout n’est pas terminé.PAOLO — Tu rigoles ? Après ce qu’ils m’ont fait ?WILLIAM — Ça mérite peut-être pas le break absolu.PAOLO — Attends, Adélaïde m’a trompé avec tous les mecs qu’elle a pu trouver, et Anselme me rend autant de services qu’une enclume !William pouffe. Un serveur s’approche.LE SERVEUR — Avez-vous choisi, messieurs ?WILLIAM — Euh, non, pas tout à fait.PAOLO — Et moi, je crois que je vais reprendre un apéro, en fait. Un autre whisky, s’il vous plaît.Un silence.WILLIAM — Bon, ben, moi aussi, alors. La même chose, s’il vous plaît.Le serveur note, puis s’éloigne.WILLIAM — Du coup t’as décidé de te retourner la tête ?PAOLO — Bof… en tout cas, ce qui est clair, c’est que c’est la dernière fois que je me fais couillonner comme ça par une nana.WILLIAM — Comment ça ?PAOLO — Désormais les seules relations que j’aurai avec une nana seront exclusivement sexuelles.WILLIAM — Oui, mais on dit toujours ça quand on vient de vivre un moment difficile.PAOLO — Oui, bah, là, c’est fini. Que du cul, désormais ! Et ça commence ce soir !William le regarde d’un air inquiet. Le serveur revient, dépose les deux verres sur la table, et ramasse ensuite les verres vides.SERVEUR — Puis-je prendre vos commandes ?William jette un dernier coup d’oeil à la carte.WILLIAM — Euh, oui, moi, je vais prendre une Calzone.PAOLO — Et moi, des lasagnes.SERVEUR — C’est noté.WILLIAM — Merci.Le serveur s’éloigne.WILLIAM — Alors, tu disais ? Qu’est-ce que tu fais, ce soir ?PAOLO — Tu passes à la maison, et je m’occupe de tout, okay ?WILLIAM — C’est-à-dire que, formulé comme ça, ça me paraît limite suspect…PAOLO — Mais, non, t’inquiète pas. J’ai une ou deux copines qui devraient être ravies de passer la soirée avec nous…WILLIAM, sidéré — Vraiment ?Paolo acquiesce. William reste un instant les yeux dans le vide, rêvassant.PAOLO — Quelle salope, quand même !WILLIAM — Qui ça ?PAOLO — Ben, Adélaïde.WILLIAM — Tu vois, tu tiens encore à elle.PAOLO — Non, je constate, seulement, que c’est une salope…Acte III, scène 2Mercredi 21, 21h45La chambre d’Anselme (Lucinda, Anselme) Anselme et Lucinda sont toujours allongés nus dans le lit, et paraissent plus exténués que jamais.LUCINDA — Oh, Anselme, mon amour, tu es vraiment merveilleux !ANSELME — Oui, je sais, mais dis donc, on va peut-être quand même se lever, non ?LUCINDA — Bah, oui, de toute façon, y a plus de capote…ANSELME — Ouais, enfin, là, même s’il en restait…Un silence. Il embrasse Lucinda.ANSELME — Tu sais, je m’en veux quand même un peu, pour l’histoire de Paolo.LUCINDA — Bah, c’est fait…ANSELME — Non, faudrait quand même qu’on essaie de rattraper le coup, tu crois pas ?LUCINDA — Si, ce serait bien. T’as une idée ?ANSELME — Non. Mais je vais réfléchir.LUCINDA — Bon ben pendant que tu réfléchis, moi je vais à la douche.Elle l’embrasse puis se lève, passe un peignoir, et sort.ANSELME, fort — Je vais essayer de rappeler Paolo.Il attrape un téléphone, et compose un numéro.ANSELME — Allô ? … Oh, merde, messagerie ! … Oui, Paolo, c’est Anselme. Tu me rappelles ?Il raccroche. Un autre téléphone sonne.ANSELME, fort — Lucinda ! Ton téléphone !La voix de LUCINDA, de l’extérieur — Vas-y décroche, je suis à la douche !Il décroche.ANSELME — Allô ? … Ah, non, c’est un ami à elle. … Non, c’est pas William. … Non, c’est son mec. … Mais si, elle a un mec. … Mais c’est qui, là, d’abord ? … Ah, Adélaïde !Acte III, scène 3Mercredi 21, 22h35Le salon de Paolo (Paolo) Paolo est assis sur un canapé, en pleine discussion au téléphone.PAOLO — Alors, c’est okay ? … Super ! … Bon, allez, à tout à l’heure.Il raccroche, puis se lève et titube jusqu’à une porte, qu’il ouvre.PAOLO, fort — Bon, alors, ça y est ? Qu’est-ce tu fous ?La voix de WILLIAM — Oui, oui, voilà, j’arrive !Un bruit de chasse d’eau. William entre.WILLIAM — Ce pizzaïolo devrait se spécialiser dans les laxatifs…PAOLO — Ouais, enfin, si tu veux mon avis, c’est plutôt l’alcool.WILLIAM — C’est vrai que j’ai bien la tête qui tourne aussi.PAOLO — On n’aurait peut-être pas dû prendre cette deuxième bouteille de vin.WILLIAM — Surtout après trois apéros…William chancelle jusqu’au canapé, et Paolo jusqu’à un fauteuil.PAOLO — Bon, parfait. Elles arrivent d’ici une demi-heure.WILLIAM — Je serai mort dans une demi-heure…PAOLO — Pas grave, ça m’en fera plus !WILLIAM — Ta compassion me touche beaucoup.PAOLO — Bon, on va se servir un petit digeo…WILLIAM — Putain mais t’es complètement cinglé !PAOLO — T’inquiète pas pour moi.WILLIAM — Elles viennent à combien, tes copines ?PAOLO — Trois.WILLIAM — Ouaouh !PAOLO — Tu veux un whisky ?WILLIAM — Ouaiiiis !Paolo sert deux verres.PAOLO — Putain j’ai déjà la gaule !WILLIAM — Bah pas moi. J’ai plutôt la gerbe, pour l’instant…PAOLO — Attends un peu, quand tu les verras, t’auras la gaule toi aussi !WILLIAM — Elles sont bien ?PAOLO — Bah, on a vu mieux, mais ça suffira…WILLIAM — Ouais, remarque, des nanas qui débarquent comme ça sur un simple coup de fil pour partouser avec des inconnus, faut sans doute pas être trop exigeant…PAOLO — Mais je leur suis pas inconnu, t’inquiète pas. J’ai déjà baisé avec elles.WILLIAM, atterré — Avec les trois ?PAOLO — Ouais.WILLIAM, consterné — Ensemble ?PAOLO — Non, quand même pas, mais avec deux, oui.WILLIAM — Eh ben…Il boit quelques gorgées, tandis que Paolo vide presque son verre.PAOLO — Putain c’est incroyable comment je suis excité !Il déboutonne son pantalon et sort son sexe effectivement tendu qu’il commence à caresser vivement.WILLIAM — Euh… attends, retiens-toi, elles sont pas encore là, tes copines !PAOLO — Oh, on va pas rester à les attendre sans rien faire, quand même…William le regarde d’un air mi-étonné mi-inquiet. Paolo vient s’asseoir à côté de lui et plaque une main entre ses cuisses.PAOLO, approbateur — Hmmm… ben pour quelqu’un qu’est pas excité…Acte III, scène 4Mercredi 21, 22h35La rue, en bas de l’appartement d’Anselme (Adélaïde, Lucinda, Anselme) Anselme et Lucinda sortent de l’immeuble, et se dirigent vers Adélaïde, qui les attendait.LUCINDA, piteuse — Salut, Adélaïde.ADÉLAÏDE — Salut, traîtresse !ANSELME — Oh, ça y est, ça recommence.LUCINDA — C’est bon, on s’est déjà expliquées au téléphone tout à l’heure. Tu vas pas me faire chier avec ça toute ta vie, quand même !ADÉLAÏDE — Tu parles d’une explication ! Imitant Lucinda — Euh, désolée, euh, c’est peut-être un peu de ma faute si, euh, si tu t’es fait larguer par Paolo…LUCINDA — Eh, c’est pas moi qu’ai couché avec tout un tas de mecs, hein !ADÉLAÏDE — Oh, fous-moi la paix ! Tu crois que je l’aurais fait si j’avais su ?LUCINDA — Bah, d’accord ! Tu pouvais peut-être te retenir de baiser pendant deux ou trois heures, non ?ANSELME — Oh, vos gueules ! De toute façon, maintenant c’est fait ! Alors ça sert à rien de vous bastonner.ADÉLAÏDE — Mouais.LUCINDA — Mais si, il a raison. Essayons plutôt d’être constructifs.ADÉLAÏDE — Ah, mieux vaut tard que jamais ! Mais dis plutôt : essayons de rattraper le coup qu’on a lamentablement fait foirer.LUCINDA — Oui, mais si mademoiselle Adélaïde voulait bien ne pas écouter que son cul, on n’en serait pas là !ADÉLAÏDE — Ah, parce que peut-être que mademoiselle Lucinda n’écoutait pas que son cul, la nuit dernière ?ANSELME, hurlant — Vos gueules, les filles ! Vous êtes vraiment chiantes, là !Un silence.LUCINDA — Oui, excuse-moi, mon chéri.ADÉLAÏDE, à voix basse — Gna gna gna, mon chéri.LUCINDA, à Adélaïde — Quoi ?ADÉLAÏDE — Non, rien.ANSELME — Bon, alors, qu’est-ce qu’on fait ?LUCINDA — Oui, c’est vrai, ça, qu’est-ce qu’on fait ?ADÉLAÏDE, à voix basse — Vous êtes vraiment faits l’un pour l’autre, vous deux…ANSELME — Il est chez lui, là ?ADÉLAÏDE — Oui, sans doute. Je viens de passer devant, et, en tout cas, y a de la lumière.ANSELME — Eh ben, pourquoi t’es pas montée ?ADÉLAÏDE — Mais parce que j’ai honte ! Il peut plus me voir à l’heure qu’il est. Tu te rends pas compte de ce que je lui ai fait !LUCINDA — Bah oui, avec tes conneries…ADÉLAÏDE — Je te signale que mes conneries découlent des tiennes !ANSELME — Et tu veux que nous on y aille, c’est ça ?ADÉLAÏDE — Ben, je sais pas trop… oui, pourquoi pas… Au moins pour voir si y a une chance de sauver l’affaire.ANSELME — Tu sais, je suis pas sûr qu’il nous porte haut dans son cœur non plus, en ce moment.LUCINDA — Oui, à mon avis, il nous tient en partie responsables de ce qui s’est passé.ADÉLAÏDE — Et il a raison !LUCINDA — Eh ben voilà au moins un terrain d’entente entre vous !ANSELME — Bon, on peut toujours essayer d’aller voir.LUCINDA — Et puis si on se fait jeter, tant pis…ADÉLAÏDE — Oui, je veux bien que vous tentiez le coup, quand même…ANSELME — Et toi, tu fais quoi ?ADÉLAÏDE — Je sais pas… Je vais vous attendre chez moi ?LUCINDA — Oui, okay, on te rejoint là-bas.Anselme et Lucinda s’éloignent vers une voiture. Adélaïde attend un peu, désemparée. Un silence.ADÉLAÏDE — Eh, Lucinda !LUCINDA, s’arrêtant — Oui ?ADÉLAÏDE, grave — Merci. Je suis désolée, t’as raison, tout est de ma faute…Acte III, scène 5Mercredi 21, 22h40Le salon de Paolo (Paolo, William) William et Paolo sont assis nus sur le canapé, collés l’un à l’autre. Chacun a une main glissée entre les cuisses de l’autre, et les deux jeunes hommes se déhanchent au rythme de leurs caresses réciproques, tout en s’embrassant avec fougue. Paolo s’agenouille bientôt aux pieds de William mais la sonnette retentit, l’interrompant.PAOLO — À suivre…Paolo se relève et s’éloigne, sexe tendu, en direction de la porte.WILLIAM, à demi affolé — Euh, attends, tu vas leur ouvrir comme ça, à poil ?PAOLO — Bah, tu sais comme moi et comme elles pourquoi elles viennent…WILLIAM — Hallucinant !Il tente de se rhabiller vaguement, mais n’a que le temps de repasser son caleçon – qui ne masque que bien peu son érection – avant que Paolo n’ouvre la porte.La voix de LUCINDA, ravie — Ouaouh !PAOLO, déçu — Ah merde, c’est vous…La voix d’ANSELME — Ben c’est comme ça que t’accueilles les gens, toi ?Anselme et Lucinda entrent et referment la porte. Paolo revient auprès de William, le sexe s’amollissant, et remet son caleçon.ANSELME — Eh ben, vous avez l’air contents de nous voir…Paolo se ressert un verre et s’allume une cigarette. William tente encore de se rhabiller plus ou moins.LUCINDA — C’est pas nous que vous attendiez, peut-être ?Un silence.ANSELME, sarcastique — On ne vous dérange pas ?WILLIAM — Mais non, du tout ! Pourquoi tu dis ça ?LUCINDA — Vous savez, vous n’êtes pas obligés de vous rhabiller, hein…Les garçons la regardent curieusement. Elle observe scrupuleusement les caleçons de Paolo et William.LUCINDA, à Anselme — Chéri, maintenant qu’on est là, on pourrait…ANSELME — Non non non, rien du tout ! On n’est pas venus pour ça.PAOLO, austère — Qu’est-ce que vous voulez ?ANSELME — D’abord, nous excuser…WILLIAM, à part — Eh ben y a du boulot !PAOLO — Et puis ?ANSELME — Et puis… Hésitant — …et puis… dis-lui, Lucinda.Un silence. Lucinda contemple le corps de Paolo.ANSELME — Lucinda !LUCINDA — Hein ?ANSELME — Dis-lui.LUCINDA — Euh… De quoi ?WILLIAM, à part — C’est pas gagné…ANSELME — Dis-lui ce qu’on est venu faire.LUCINDA — Oui, ben, on vient de la part d’Adélaïde.ANSELME — Quel tact ! Ben, finalement j’aurais pu le dire moi-même…PAOLO, archi-froidement — Je ne connais pas d’Adélaïde.Un silence.PAOLO — Bon, et c’est tout ? Parce que là, on attend du monde.ANSELME — Non, mais sans déconner, elle est hyper malheureuse. Tu lui manques, et elle t’aime toujours. Okay, nous on a pas assuré…PAOLO, l’interrompant — C’est le moins qu’on puisse dire !ANSELME — Oui, je suis vraiment désolé. Mais essaie de passer l’éponge. Tout est parti d’un malentendu. Pardonne-nous. Et pardonne-lui.PAOLO — Mais est-ce que tu te rends compte de ce qu’elle m’a fait ? Est-ce que tu te rends compte ?ANSELME — Oui, mais…PAOLO, l’interrompant — Non, tu te rends pas compte ! Mais imagine seulement que ta Lucinda vienne passer la nuit avec William et moi, et que le lendemain, quand tu viens essayer de la récupérer, elle t’explique gentiment que t’es qu’une merde et que c’est à cause de toi qu’elle t’a trompé…Un silence.LUCINDA — Euh… sinon on peut faire tous les quatre ensemble, plutôt, non ?Anselme, William et Paolo la regardent curieusement.LUCINDA — Oh excusez-moi, j’ai pensé à voix haute…La sonnette retentit. Paolo bondit vers la porte, un grand sourire aux lèvres.WILLIAM, à Lucinda et Anselme — Allez dire à Adélaïde que s’il y a quelque chose à faire, c’est à elle de le faire, et à personne d’autre.ANSELME — Oui, tu as sans doute raison.LUCINDA, à William — Qui c’est que vous recevez ?William hausse les épaules en souriant. Paolo ouvre la porte. Katarina, Tatiana, Eva, Magdalena entrent.KATARINA — Bonsoir.TATIANA — On ne dérange pas ?MAGDALENA, avisant le caleçon de Paolo — Non, visiblement, il nous attendait.PAOLO — Hmmm, vous avez amené du renfort, en plus. Bonne idée, ça !EVA, comptant les personnes présentes — Hmm ! Mais ça va être une vraie orgie !LUCINDA, à William, affolée — Dis-moi que c’est pas ce que j’imagine !WILLIAM, souriant — Je ne suis pas sûr… je ne voudrais pas dire de bêtises…ANSELME — Paolo, tu n’es pas dans ton état normal. Arrête ! Tu vas regretter, ensuite…PAOLO, aux nouvelles arrivantes — Entrez, les filles. Je vous présente Anselme et sa copine Lucinda, qui allaient justement s’en aller. Au revoir, les amis, à bientôt. Mes amitiés à Adélaïde. Et là-bas, c’est William, un pote.Eva et Magdalena s’approchent lascivement de William tandis que Tatiana et Katarina plaquent une main entre les cuisses de Paolo.Acte III, scène 6Mercredi 21, 23h10L’appartement d’Adélaïde, (Adélaïde) Adélaïde est assise, prostrée dans un canapé, un téléphone à la main.ADÉLAÏDE — Oh, Paolo, Paolo ! Me pardonneras-tu jamais ? Mais ils ont raison, tous. Tout est de ma faute. C’est moi qui suis conne !Elle prend un téléphone et compose un numéro. Un silence. Elle raccroche.ADÉLAÏDE — Oh, et William qu’est pas là ! Il aurait peut-être pu m’aider…On frappe à la porte d’entrée.ADÉLAÏDE — Oui ?La porte s’ouvre. Anselme et Lucinda entrent.ADÉLAÏDE — Ah, c’est vous. Alors ?LUCINDA — Oui, on l’a vu, il était avec William.ADÉLAÏDE — Ah ! Et ?Un silence.ADÉLAÏDE — Ben, racontez-moi !Un silence.ADÉLAÏDE — Oh, putain, merde ! Vous faites chier ! J’ai plus qu’à l’oublier, c’est ça ?ANSELME — Non, mais à mon avis y a qu’une seule chose à faire, c’est que tu fonces chez lui.LUCINDA — Oui, il était sur le point de faire une grosse connerie, là.ADÉLAÏDE — De quel genre ?LUCINDA — Genre pire que la tienne encore. Une vraie partouze !ADÉLAÏDE — Putain !Un silence.ANSELME — Mais bon, y a une chose positive, dans tout ça : s’il se venge, c’est peut-être qu’il tient encore à toi…***Acte IV, scène 1Jeudi 22, 00h30Le salon de Paolo (Personne, la pièce est vide) La porte menant à la chambre de Paolo s’ouvre ; William, nu le sexe légèrement gonflé, entre en titubant et se traîne jusqu’au canapé. On entend toujours des gémissements monter de la pièce voisine.WILLIAM — J’avais déjà la tête qui tourne, maintenant en plus j’ai mal à la bite !Il bâille.WILLIAM — J’en peux plus, je suis exténué ! Les salopes, elles ont de la ressource ! Et Paolo est carrément increvable !Un silence. Il bâille encore, puis s’allonge en chien de fusil sur le canapé, et ne tarde pas à s’endormir. On entend toujours gémir dans la pièce voisine. Soudain quelqu’un frappe à la porte d’entrée. William sursaute.WILLIAM — Qu’est-ce qu’il y a ?Un silence – relatif, on entend toujours gémir dans la chambre.WILLIAM — J’ai dû faire un cauchemar.De nouveau, on frappe.WILLIAM — Non, j’ai pas rêvé.La voix d’ADÉLAÏDE, derrière la porte d’entrée — Paolo ?WILLIAM, à voix basse — Ouh là ! C’est Adélaïde !La voix d’ADÉLAÏDE — Ouvre, Paolo, je sais que tu es là !WILLIAM, à voix basse — Euh… c’est-à-dire que… il est occupé, là… À voix haute — Oui ?La voix d’ADÉLAÏDE — William, c’est toi ? Ouvre-moi !WILLIAM — Ouais, ouais, j’arrive !William bondit jusqu’à la porte de la chambre et l’ouvre.WILLIAM — Paolo ! C’est Adélaïde, je fais quoi, j’ouvre ?La voix de PAOLO, au milieu des hurlements des filles — Dis-lui d’aller se faire foutre !WILLIAM — Oh merde ! Non, je vais lui ouvrir, fermez-la, et magne-toi d’être présentable.William va ouvrir à Adélaïde. Celle-ci entre. Elle dévisage William longuement des pieds à la tête.ADÉLAÏDE — Eh ben c’est comme ça que tu accueilles les gens, toi ?William, réalisant soudain qu’il est nu, tente de cacher son sexe derrière ses mains.ADÉLAÏDE — Laisse tomber, je t’ai déjà vu… Il est là, Paolo ?WILLIAM — Euh, oui. Il se reposait, je viens de lui dire que t’étais là, il arrive.ADÉLAÏDE — Il se reposait ?WILLIAM — Oui.ADÉLAÏDE — Et toi ? Qu’est-ce que tu fous là ? Et à poil, en plus ?WILLIAM — Je dormais, là, sur le canapé. Il faisait un peu chaud, c’est tout.ADÉLAÏDE — ?!La porte de la chambre s’ouvre, Paolo entre, nu, en sueur et le sexe droit comme un i.WILLIAM, à part — Eh ben, heureusement que je lui ai demandé d’être présentable…ADÉLAÏDE — Oh, putain, j’hallucine !PAOLO, cynique — Oui, moi aussi, je suis content de te voir.ADÉLAÏDE — Bon, ça y est, t’es calmé, tu t’es vengé ?PAOLO — Eh, je te signale que je fais ce que je veux de ma bite, okay ?ADÉLAÏDE — Bon, on peut discuter un peu, là ?PAOLO — Cinq minutes, je vais me laver.Paolo sort, en direction de la salle de bains. Adélaïde s’assoit sur le canapé, à côté de William.ADÉLAÏDE — J’hallucine, vous êtes vraiment deux énormes salauds !WILLIAM — Oh du calme, ma belle ! T’as pas de leçon à nous donner, je crois !La porte de la chambre s’ouvre de nouveau. Katarina, Tatiana, Eva et Magdalena entrent, à la queue-leu-leu, et se dirigent vers la porte d’entrée. Adélaïde rougit de colère à mesure que les filles passent devant elle. William se marre.KATARINA — Euh, excusez-nous, on ne fait que passer.EVA — Oui, on était justement sur le départ.MAGDALENA — Merci de votre hospitalité et bonne soirée.TATIANA — Et bien des choses à tous.Elles sortent.ADÉLAÏDE, explosant — Aaaaahhh !!! L’enculé ! J’en reviens pas !!! Quelle ordure !!!WILLIAM — Oh, la ferme ! J’ai mal à la tête, tais-toi !ADÉLAÏDE — Non, mais attends, tu te rends compte ?WILLIAM — Oui, mais je te signale que rien ne serait arrivé sans tes conneries à toi.Un silence.ADÉLAÏDE — Oui, tu as raison…Un silence.ADÉLAÏDE — Tu crois que j’ai encore une chance avec Paolo ?WILLIAM — Je sais pas. Tu verras bien.Un silence.WILLIAM — Mais à mon avis, oui, il tient encore à toi.ADÉLAÏDE — Si tu savais ce que j’aimerais que tu aies raison.Un silence.ADÉLAÏDE — Mais qu’est-ce que je dois lui dire ?WILLIAM — Oh, j’sais pas ! Démerde-toi, t’es assez grande !Paolo entre, en peignoir.PAOLO, à Adélaïde, froidement — Bon, alors, qu’est-ce que tu veux ?ADÉLAÏDE — Parler.PAOLO, tout en se servant un verre — Je t’écoute.WILLIAM — Je crois que tu devrais arrêter de boire, Paolo.ADÉLAÏDE — Oui, il a raison, tu as assez bu. Elle se saisit du verre de Paolo. Écoute-moi, maintenant. Je suis désolée, Paolo. Je t’aime encore, tu sais.PAOLO — Ouais, d’accord, et en plus tu te fous de ma gueule ?ADÉLAÏDE — Non, je me fous pas de toi.PAOLO — La dernière fois qu’on s’est vus aussi, tu t’es bien foutue de ma gueule !ADÉLAÏDE — Non, mais arrête, là c’est toi qui te fous de…WILLIAM, l’interrompant — Stop ! Allez vous engueuler ailleurs, et laissez moi dormir !Paolo sort vers la cuisine, Adélaïde le suit. William ferme la porte derrière eux, et vient se recoucher sur le canapé. Il s’endort, tandis qu’on entend le ton monter dans la cuisine.Acte IV, scène 2Jeudi 22, 03h45Le salon de Paolo (William) William est couché sur le canapé, et dort paisiblement. La porte menant à la cuisine s’ouvre ; Paolo et Adélaïde entrent en prenant soin de faire le moins de bruit possible.ADÉLAÏDE, chuchotant — Bon, okay, à tout à l’heure.PAOLO, chuchotant — À tout à l’heure, mon amour. Et excuse-moi encore. Je te demande pardon.ADÉLAÏDE, chuchotant — Non, c’est moi qui te demande pardon. Je suis sincèrement désolée de tout le mal que je t’ai fait. Je t’aime.PAOLO, chuchotant — Je t’aime aussi. À tout à l’heure.Adélaïde traverse le salon à pas de loup et sort. Paolo contemple un instant William, qui tressaille légèrement dans son sommeil.PAOLO, chuchotant — Il doit être en train de rêver… Merci William, c’est grâce à toi, si on a pu se réconcilier.Un silence. Paolo s’approche du canapé.PAOLO, chuchotant — William ! … William ! … Viens, je vais te préparer mon lit, tu seras mieux. … William !WILLIAM, toujours endormi — Non, Adélaïde, laisse-moi, j’ai pas envie.PAOLO, tout fort — J’hallucine !!!WILLIAM, émergeant brutalement — Euh… que… euh… excuse-moi… Je crois que j’étais en train de rêver…Paolo éclate de rire devant l’air déconfit de William.WILLIAM — Alors ? Comment ça s’est passé ? Tu l’as foutue à la porte ?PAOLO, souriant — Non.WILLIAM — Comment ça, non ?PAOLO — Disons qu’on s’est réconciliés.Un silence.WILLIAM — Eh ben, ça valait bien tout ce bordel… Et elle est repartie ?PAOLO — Oui.WILLIAM, incrédule — Mais vous vous êtes vraiment réconciliés ?PAOLO, haussant les épaules avec un sourire désarmé — Oui, finalement. Comme quoi…WILLIAM — Oui, l’amour triomphe toujours, c’est ça ?Un silence.WILLIAM — Bon, c’est pas que je sois fatigué, mais pas loin.PAOLO — Oui, c’est pour ça que je t’ai réveillé.WILLIAM, cherchant à comprendre — Bien sûr, c’est logique.PAOLO — Je veux dire que tu serais mieux dans un lit, non ?WILLIAM — Ouais, je vais rentrer chez moi.PAOLO — Non, reste là, je vais te filer mon lit. Tu vas pas repartir à cette heure-ci.WILLIAM, regardant une pendule — Ouais… Mais garde le lit, moi je prendrai le canapé, ça me va bien.PAOLO — Mais non, tu seras mieux dans le lit. Et moi j’ai pas sommeil.WILLIAM — T’es sûr ?PAOLO — Oui, puisque je te le dis.WILLIAM, hésitant — Mais, euh… ton lit, il est plein de sperme !PAOLO — Oh, faut pas exagérer !Un silence.PAOLO — Bon, okay, je vais changer les draps.Acte IV, scène 3Jeudi 22, 04h00L’appartement d’Adélaïde (Anselme, Lucinda) Lucinda et Anselme parcourent la pièce, fouillant un peu partout, mais ne semblant pas trouver ce qu’ils cherchent.ANSELME — Mais enfin, tu es sûre qu’elle en a ?LUCINDA — Oui, je les ai vues y a pas longtemps, tout un stock.ANSELME — On sent tout de suite la fille qui doute pas d’elle…LUCINDA — Hmmm…ANSELME — Bon, mais elle les met où, alors ?LUCINDA — Tu crois que si je le savais, on serait en train de fouiller partout ?Un silence.LUCINDA — Ah, ça y est j’en ai trouvée une.ANSELME — Ah !LUCINDA — Oui, mais elle est déjà utilisée…ANSELME — Bêêuuaaahh ! C’est dégueu !LUCINDA — Oui, elle pourrait les jeter, quand même…Elle jette le préservatif usagé, puis se remet à fouiller.LUCINDA, victorieux — Ça y est, j’en ai trouvé !Elle s’approche d’Anselme et s’agenouille à ses pieds. Elle le masse un instant doucement à travers son pantalon, tandis qu’il lui caresse les cheveux tendrement. Lucinda sort bientôt le sexe d’Anselme, à demi tendu, et l’enfouit dans sa bouche après l’avoir masturbé un instant. Elle le suce lentement, jusqu’à ce qu’il soit tout dur.LUCINDA, malicieuse — Tu trouves que je m’y prends bien ?ANSELME — T’es vraiment une déesse.Lucinda retire son chemisier et son soutien-gorge. Elle se saisit à nouveau du sexe gonflé d’Anselme et le frotte vigoureusement sur sa poitrine, avant de le prendre à nouveau entre ses lèvres.ANSELME — Hmmm ! C’est merveilleux !La porte s’ouvre soudain et Adélaïde entre en trombe. Anselme et Lucinda n’ont que le temps de sursauter.ADÉLAÏDE — Salut, ça va ?ANSELME — Euh, Lucinda, je t’avais pas dit de fermer la porte ?LUCINDA — Non.ANSELME — Ah, merde ! Pourtant j’y ai pensé…ADÉLAÏDE, amusée — Ne vous dérangez pas, faites comme si j’étais pas là. Je ne fais que passer.ANSELME — Oui, enfin, c’est facile à dire.ADÉLAÏDE — C’est vrai que tu ramollis à vue d’oeil…Il remballe son sexe, sous les yeux déçus de Lucinda et ceux amusés d’Adélaïde. Celle-ci va-et-vient à toute allure dans la pièce, ramassant quelques affaires par-ci par là.ANSELME — Bon, alors, on fait quoi ?ADÉLAÏDE — Ce que vous voulez, mais sans moi. Je repars. Dans deux minutes, vous serez tranquilles.LUCINDA — Tu as vu ton ex, alors ?ADÉLAÏDE — Pas mon ex. Mon chéri.ANSELME — Eh ben, ça valait bien le coup de nous faire chier comme ça…LUCINDA — Ça y est, vous vous adressez de nouveau la parole ?ADÉLAÏDE — Oui, tout est arrangé. C’est génial !LUCINDA — Bon, eh ben, je suis bien contente que tout aille mieux. Allez, merci d’être passée, bonne soirée !ADÉLAÏDE — Non, mais tu vas quand même pas me virer de chez moi ? Deux secondes…Elle ramasse encore deux ou trois affaires, puis s’éloigne vers la porte d’entrée.LUCINDA — Allez, à bientôt !ADÉLAÏDE — J’hallucine ! Bon allez, à plus.ANSELME — Salut.ADÉLAÏDE, rigolant — Bonne bourre !Elle sort. Lucinda ferme la porte derrière elle, puis revient s’agenouiller devant Anselme.Acte IV, scène 4Jeudi 22, 04h20La chambre de Paolo (Paolo, William)William a passé un peignoir. Les deux jeunes hommes achèvent de changer les couvertures du lit.PAOLO — Voilà, tu seras quand même mieux ici.WILLIAM — Oui. Merci.Il s’allonge sur le lit, et ferme déjà les yeux.PAOLO — Eh ben dis donc, t’es crevé comme ça ?WILLIAM — Oui, j’ai un gros coup de barre, là. Je crois que je vais dormir.PAOLO — Bonne nuit, alors. Dors bien.WILLIAM — Merci. Bonne nuit aussi.William bâille, puis ferme de nouveau les yeux.PAOLO — Oui, moi aussi je suis un peu crevé, en fait. Je crois que je vais aller dormir aussi…Un silence.PAOLO, innocemment — Ça ne te dérange pas si je dors avec toi ?WILLIAM, souriant — Tu t’arrêtes jamais, toi…PAOLO, ingénu — Bah, quoi, j’ai rien dit de mal…WILLIAM — Je devine tes pensées !PAOLO, faussement renfrogné — Euh, mais non, pas du tout… C’est juste que c’est le seul lit de la maison.WILLIAM — Bah, de toute façon, rien ne t’empêche de dormir là…PAOLO — C’est pour me faire pardonner tout ce que je t’ai fait subir.WILLIAM — Mais non, y a rien à pardonner.PAOLO — Mais si, je t’assure ! Attends je vais t’expliquer…Il se glisse sous les draps, à côté de William, qui se marre à moitié.WILLIAM — Bon, allez, bonne nuit, Paolo !PAOLO — Non, mais attends, deux secondes…WILLIAM — Deux secondes, pas plus.PAOLO — Tiens, tu sens là ?WILLIAM — Non, quoi ?PAOLO — Attends… tiens…WILLIAM — Hmmmmm !PAOLO — Alors ?WILLIAM — Alors… hmmmm… alors, on avait dit que… hmmm… qu’on dormait !PAOLO — Boh, deux ou trois petites caresses avant de dormir, ça ne fait pas de mal.Paolo continue quelques instants ses caresses, puis disparaît entièrement sous les couvertures, qu’on voit quelques secondes bouger en tous sens.WILLIAM — Mais… attends… qu’est-ce que tu… hmmmm !!!La voix de PAOLO, de sous les couvertures — Tu vois, tu vas bien attendre deux ou trois minutes avant de t’endormir.WILLIAM — Hmmm ! Tout ce que tu voudras, mais continue !PAOLO — À ce point-là ? Mais c’est un compliment, ça…La porte de la chambre s’ouvre soudain. William, s’en apercevant, sursaute et rabat sur lui un morceau de drap. Adélaïde entre, et découvre Paolo tête bêche dans le lit, le visage près des cuisses de William. Elle sourit en voyant la scène.ADÉLAÏDE — Eh ben on s’amuse bien, ici !WILLIAM, à Paolo — Euh… tu aurais pu me dire qu’elle devait revenir… Écoute, Adélaïde, ce n’est pas du tout ce que tu crois !ADÉLAÏDE, éclatant de rire — Si, j’en ai bien l’impression, pourtant.WILLIAM — Oui, enfin, je veux dire, euh…ADÉLAÏDE — Laisse tomber, je m’en fous, bien au contraire.Elle se déshabille rapidement et s’avance jusqu’au lit.WILLIAM — Euh… vous voulez peut-être que…Adélaïde monte sur le lit. Paolo replonge la tête sous le drap entre les cuisses de William.WILLIAM — Bon, ben, faut croire que non…Il penche légèrement la tête en arrière, se laissant aller à savourer les caresses de Paolo. Adélaïde passe à son tour sous le drap et se penche au-dessus de l’entrejambe de William.WILLIAM — Bah, après tout, vous me devez bien ça, tous les deux !RIDEAUMerci à Gufti Shank.