C’est mon anniversaire et mon amant Colin – c’est son prĂ©nom d’amour – ne sait rien de la traque qui le nargue. Nous nous draguons depuis deux ans, feintant des retrouvailles d’amours passagères, mais nos regards de cĂ´tĂ© sont des langues Ă l’envi, vu qu’il est beau, franc, intelligent, drĂ´le mais… un peu naĂŻf.Toujours Ă chiner, la truffe en Ă©veil, lui qui, je le sais, aime Ă baguenauder dans Paris. Je le prĂ©cède au dĂ©tour de son grenier et me voici Ă sa rencontre.Je me prĂ©nomme Pauline, un prĂ©nom d’antan, mais c’est comme ça, je le prĂ©cise car je n’ai rien d’une vieille fille. Brune comme les prunes, des seins pas mal, juste un peu lourds et le derrière rebondi sous une jupe Ă©cossaise fermĂ©e par une Ă©pingle irlandaise de nourrice.Mes yeux sont toujours mentholĂ©s, disent mes amies, des p’tits yeux verts quoi…Je suis grande d’un mètre soixante-neuf, alors je porte aujourd’hui des bottes en daim qui s’évasent aux genoux et qui, par de fins talons en hameçons, me rehaussent d’un Ă©tage. MalgrĂ© le froid, j’ai gainĂ© mes cuisses de bas nylons couleur chair, et j’ai la chair de poule quand mes jarretelles se croisent.Pour le reste, une veste de mohair cerclĂ©e d’une ceinture marine qui n’empĂŞche en rien l’air canaillou de s’infiltrer sous mon corsage et qui de ses caresses soudaines, me leste un peu dĂ©lurĂ©e, presque pompette. Les hommes aiment les femmes bcbg coquettes et les froufrous soyeux.Le ciel, copain comme coquin, se gorge de nuages floconneux, doux sentiment de la couette. Bon… Retour Ă mon mouton. Colin, Ă l’heure qu’il est, devrait se trouver au retour de boulot.Tiens, le voilĂ mon amoureux. Qu’il est beau, on dirait Brad Pipe. Je divague tant je le veux, mais le voilĂ qui ralentit devant une vitrine de jeux vidĂ©os ! N’y compte pas, Peter Pan, ce soir c’est ma fĂŞte.Dans son pantalon droit qu’il aime porter pour le boulot, son « bleu d’travail » qui le serre Ă la couture, ses fesses sont des pommes tombĂ©es dans la rue et je veux cueillir ses fruits mĂ»rs.Sa chemise dĂ©passe au fur et Ă mesure qu’il se soulève pour mater n’importe quoi. Moi, je vois son ventre et ses poils blonds sous le soleil d’automne, le galbe de ses mollets tendus pour un inattendu ballet et le voilĂ qui Ă©ternue, soulevant un vol de pigeons qui planent.Personne dans la rue, je glisse une main sous ma ceinture et rentrant le ventre, j’atteins mes soies intimes chaudes et moites.J’en ai les tĂ©tons dĂ©cuplĂ©s, irritĂ©s car trop comprimĂ©s dans mon soutif d’ange. Mes prunes aplaties sous mon chemisier, virent du rose gomme d’écolière au berlingot cramoisi.Le voilĂ , mon Colin, qui arrive. J’ai envie de l’embrasser, de le couvrir de mon corps Ă le dĂ©chirer, je sais, ça ne veut rien dire, mais quand tu jouis debout, le mieux, c’est d’exploser ton amour sur la place du dĂ©sir des secondes qu’il nous laisse.Quelque fut l’endroit, l’être a son endroit.VoilĂ qu’il s’avance, remonte le zip de sa veste le visage dissimulĂ© par son col. Il hĂ©site, un pas en arrière puis les mains dans les poches penche la tĂŞte vers un objet. Son souffle nimbe d’une opalescente buĂ©e le verre de la vitrine.Mon ventre gronde une faim volcanique. J’exagère un peu, mais j’aime ce gars-lĂ . Mon Colin prend toujours son temps. Il ne me dĂ©sape pas, il me dĂ©cortique en gourmet de haut vol, hume mes senteurs fĂ©minines, dĂ©nichant des trĂ©sors de voleur.En arrĂŞt sitĂ´t l’animal surpris, il tremble et m’effeuille avec les dents tout en borborygmes de nature Ă©tudiĂ©e. Sa langue s’insinue. Des couinements de souris aux feulements de la jungle s’échappent chaudement pendant la traque. Son truc, c’est celui qui n’en a rien Ă faire, mais qui bande Ă mort, si vous voyez ce que je veux dire…Son regard s’est posĂ© sur une devanture que je n’aperçois pas très bien… « Chez Christine ». Des sous-vĂŞtements BC-BG ! Lui qui ne m’offre que des fleurs… Le voilĂ qui s’y attarde et puis cette Lollobrigida qui l’invite, et il y va le bougre… J’ai bien fait d’être lĂ .Mince ! Que se passe-t-il donc ? Le matou veut-il me friponner ce soir… Anniversaire aux chandelles et tout le tralala !Qui a secouĂ© Paris dans sa bulle de verre ? Les flocons tombent et se figent en voilette sur ma frange Ă l’équerre. Dix minutes qu’il est Ă l’intĂ©rieur, et zut, j’y vais. Des fanfreluches, photos glacĂ©es de bombes en guĂŞpières, bas nylons, mais personne au rayon ! Evanouis ! Pfuit… Rien, seul persiste indiciblement le mouvement d’un rideau de velours Ă©pais derrière le comptoir. La poignĂ©e de la porte a disparu et bien sĂ»r, la targette est poussĂ©e, ce qui condamne l’ouverture de ce guet-apens.La neige redouble en chute libre et dans le silence de sa neutralitĂ©, mes tempes rĂ©sonnent d’écumes jalouses. Une envie de crĂŞpage, chignon paillasse, m’assaillit et virevoltant, je prends du recul afin d’évaluer ma stratĂ©gie offensive.Ă€ cĂ´tĂ© de la porte d’entrĂ©e se trouve un passage sombre. Ma première envie est de retourner vers la boutique de « Christine » et de tambouriner la façade, mais l’intuition fĂ©minine d’une Mistigri en talons m’oriente vers l’arrière de sa concomitance. La ruelle de chalands et de cloches, terminant la journĂ©e aux dĂ©ballages des stocks lĂ©gumineux, grogne d’avoir du pain plutĂ´t qu’une jolie femme dans ses filets.Un acolyte indĂ©sirable aux sifflets de ficelle m’exprime ses vĹ“ux en rotant.— L’anarchie vaincra !Puis il vomit nos vies, claudiquant vers des poubelles dĂ©bordantes. Dans un renfoncement qu’éclairait autrefois une lanterne Ă©toilĂ©e, je me prends un talon entre les pavĂ©s napolĂ©oniens et tĂŞte la première, valse dans la pĂ©nombre, me pĂ©tant un ongle sur le tambour d’une machine. Quelle conne ! Tout ça pour jouer les miss dĂ©tective. Je souffle une seconde et arrache d’un coup de dents le croissant qui pendouille de mon doigt. Et lĂ , mes yeux s’adaptant Ă l’obscuritĂ©, s’entrouvre faiblement une porte verte dĂ©fraĂ®chie qui, après que j’ai retrouvĂ© mon souffle, s’avère ĂŞtre l’arrière-porte de cette « boutique ».Mon bas caramel effilĂ© me colle Ă la peau qui sous le stress me parait boudinĂ©e.Le cĹ“ur battant la foudre, l’humeur cristalline, je pousse doucement l’antique porte du dĂ©sespoir d’une main qui ne tremble pas. Silence, la queue du chat balance. Pressentiment enrobĂ© d’humour quand vient l’orage et dans le silence ces mots qui me reviennent…Une voix de gorge chargĂ©e de cruautĂ© sadique feule, languissante comme celle d’une crĂ©ature souterraine privĂ©e de drogue, voire de sexe. Fidèle chatte aux pattes de velours, soudain je les vois.Elle hypnotise mon mec et se le tape. La voilĂ qui enturbanne la tige de mon mec avec un bas brun. Eh bien je vais me la taper, mais au beurre noir (les yeux d’la sĂ©duction).— Alors, je sens que tu te dĂ©tends. Tu ne dis plus rien, mais je t’entends râler un peu Ă ce que font mes doigts près de ton gros machin. Et si je t’effleure avec cette plume. Oh le vilain, mais le voilĂ qui bave ce petit chou, mĂŞme pas capable de remuer un muscle Ă part celui-lĂ . Hhum… Ton slip a l’air de te comprimer bougrement, mais tu n’as pas le droit de bouger, non, n’essaye mĂŞme pas, tu ne peux pas petit salaud, le grog a fait son effet, et il te fera bander pendant très, très longtemps, monsieur « j’aime-les-bas-pour-ma-copine ». Tu veux lĂ©cher les miens ? J’ai bien vu que tu regardais sous ma robe petit vicieux, eh bien tu vois, tu auras le droit pendant des jours entiers, des semaines peut-ĂŞtre, et souvent, et plein de dames en profiteront aussi…Ma tĂŞte posĂ©e sur ses cuisses a l’échancrure de sa robe, mes lèvres s’entrouvrent sur l’agrafe d’une jarretelle comprimĂ©e du bas tendu, et la chaleur de sa peau me fait frĂ©mir.C’est pas possible ! L’endroit est bourrĂ© de bric-Ă -brac qui sont autant de pièges Ă l’équilibre instable. J’avance dans un noir tiède pareil Ă la descente du gouffre de Proumessac, pour entrapercevoir une Betty Page sur le retour infliger une branlette Ă mon mec ! La voilĂ qui se lève, prĂŞte Ă le chevaucher, relevant ses jupons au-dessus de son visage congestionnĂ©, Elle va l’étouffer, c’est complètement dingue !Tant pis, je fonce…Une Tornade s’abat sur moi. Des mains se figent Ă ma gorge, je sens un genou dans mon dos, j’halète, je suffoque, on vient de me catcher par derrière.Dans ces moments, on ne raconte pas sa vie, mais j’ai eu l’occasion de faire de la lutte grĂ©co-romaine Ă l’universitĂ©.Me transformant en Diane chasseresse, oubliant mes bottes italiennes, je renvoie les coups.OuatĂ©, le corps en arquebuse, je sais qu’une femme prend sur moi le temps de la surprise et me tamponne l’olfactif d’un parfum qui me rend toute molle…Des pieds me frĂ´lent et j’entends la voix de Colin qui geint…Quand je m’approche de sa poitrine blanche aux tĂ©tons bistrĂ©s, je la tète pĂ©nard, en tĂŞtard vibrant. Des veines sillonnent sous sa peau en tant d’annĂ©es fiĂ©vreuses dont je peux sentir les annĂ©es comprimĂ©es… Je bande dur.Autour de moi flottent des gazes mauves ; rouges ; bleues ; jaunes zĂ©brĂ©es avec des touches hurlantes de fluorescences. J’hoquette de gazouillement inconsidĂ©rĂ©, et la nounou me chatouille les pieds, et je suis sĂ»r d’aimer ça. En fait, depuis rien du tout je suis complètement offert libre Ă l’eau, souriant et bavant, la bĂ©atitude aux bains.Ce que je sais et pourtant pour bizarre que cela fut-ce, celle pour qui je bande un max est une femme autoritaire, lumineuse, maternelle, lĂ©gèrement autoritaire (ce que je croyais). Une sainte quoi. ChĂ©rubin soumis, je tends mon pieu vers un ciel bronzĂ© saturĂ© de jarretelles, et cette madone roucoulante d’injure paradisiaque, de mon corps libère des mots imparfaits de regrets jouissifs.Minablement, je m’engourdis les yeux secs mais le rose chibre tendu Ă l’appel de ses yeux d’un chant montant de mes lèvres – Pauline, pauli…Madame Christine arrĂŞte soudainement son jeu Ă©rotique prĂ©fĂ©rĂ©. Un vacarme d’empoignade s’élève de la pièce aux cartons. Quelques cris Ă©touffĂ©s suivis de gĂ©missements, se terminent dans un silence oĂą le mĂ©tro boulot dodo ronronne puis s’éclipse. Une ombre se distingue.— Tu es fière de toi ?La femme qui s’impose dans la lueur glauque est grise avec un rictus noir comme des bonbons aux cacaos.— La bite… Tu peux donc pas la mettre en sourdine de temps en temps, susurre-t-elle.Elle n’a pas l’air de plaisanter.Chignon Ă la con, très serrĂ©, du style choucroute annĂ©e cinquante qui rime avec cinglante. Des jambes tendues de bas nylons jaune-bleu en arcs, oĂą l’on ne passe pas. Le sang perle du nylon trouĂ©, dĂ©chirĂ©, un peu pliĂ©, de son genou gauche qui se dĂ©tend.C’est dĂ» Ă une empoignade soudaine. Une visiteuse…Une chieuse qui matait en douce. Une fouineuse de journaliste bien gaulĂ©e pour son petit-dĂ©jeuner.De la sueur coule sur son cou et glisse le long de sa poitrine puissante. Cette nana manucurĂ©e mais charpentĂ©e vient de foutre une raclĂ©e Ă une Ă©trangère, ce qui n’altère en rien son programme de dominatrice, voire chef de chez patronne Ă mes pieds.Elle se souvient d’avoir tenu entre ses cuisses cette gueule d’ange et voir ses jarretelles autour de son visage pleurant, la fait frĂ©mir en la serrant d’autant plus fort que la demoiselle tentait de lui arracher des dents sa culotte blanche ornĂ©e d’hirondelles en sifflant rageusement.— Tu n’es qu’une cage Ă fente, les oiseaux s’en iront forcĂ©ment.La belle, les poumons chloroformĂ©s chantonna le nez sur le clito de sa conquĂ©rante des mots mouillĂ©s tirant sa langue dans le nylon pour s’abreuver de cyprine. Ses yeux se fermèrent sur « Chatte » phrase dĂ©nuĂ©e de sens, ses mains relâchèrent l’étreinte de la poitrine laiteuse de l’assaillante qui se frotta sur son nez tout en lui lissant les cheveux. Le talon d’une de ses bottes dĂ©crivit un arc parfait dans la poussière.&&&&&&D’une façon martiale et me tenant soudĂ©e par des menottes, l’horrible mĂ©gère me releva toisant Madame Christine :— Alors, quand est-il ?Et elle m’assĂ©na un coup de pied qui me frĂ´la les Joyeuses. Madame Christine se rabibochant fĂ©brilement (les bas en zigzags et ses Ă©normes seins en libertĂ©s) bĂ©gaya, les yeux vitreux :— Je te demande pardon, je l’avais en main. Puis esquissant un sourire contraint : je veux dire qu’il est Ă nous maintenant.Elle insinua sa main sous mon slip et passant les doigts sur mes fesses, les laissa sur le rose bistrĂ© de mon fond sans fin, puis s’interrompant et fixant mon sexe demanda abruptement anxieuse Ă sa comparse :— Qu’allons-nous faire de l’autre, matant Pauline dans les vaps.— Il n’était pas question d’une femme…Madame sadique posant son talon sur la jupe de mon Ă©vanouie :— Ni que tu t’amuses.— Je l’endormais.— Avec nos produits ?— Non je te le jure… dit-elle en louvoyant.— Mais pourquoi bande-t-il autant encore ?— C’est un garçon hors du commun.— Hors du commun ?— Quand il est entrĂ©, son regard n’a pas arrĂŞtĂ© de me dĂ©shabiller. Je sentais les phĂ©romones d’un avaleur de fesses. Son maintien, sa dĂ©marche se voulait celle d’un fauve lubrique et le temps d’aller chercher quelques articles, il m’a fondu dessus en vrai satyre les yeux injectĂ©s de sang. Un dĂ©mon, je te le dis. Hermione et ses yeux s’embuèrent.— Pas de nom salope ! vocifĂ©ra l’autoritaire se foutant Ă©perdument que l’autre cruche n’eut jamais changĂ© son prĂ©nom de l’enseigne.— Tu crois, vocifĂ©ra-t-elle que la nana qui nous espionnait aime un obsĂ©dĂ© des founes en four. Et c’est la p’tite sĹ“ur a BelzĂ©pute aussi. Ma garce ! Ça, tu vas le payer ! Mets-leurs un sac sur la tĂŞte et ça dans la bouche. Elle se dĂ©lesta de sa culotte en nylon blanc et la dĂ©chira d’un coup sec.+++++++La nana que je ne voyais que d’un Ĺ“il, vu que j’étais sonnĂ© et moitiĂ© Ă terre, c’était mon amour. ChiffonnĂ©e, la jupe retroussĂ©e sur de grandes bottes de biche hors du bois. Que faisait mon amazone si loin de notre jardin. Je ne sais quoi me lourda un coup dans l’aine, je n’étais plus que chien. Il arriva des styles d’ombres tandis que je voyais Pauline empapillotĂ©e de film d’emballage, les cheveux dĂ©faits, le visage blĂŞme et la main tendue vers moi. Un fantĂ´me du haut de ses hauts bas me regarda partir en quenouille tandis qu’elle m’enfonçait dans la bouche sa culotte de suaire.Le voyage dura le temps de mille bosses.L’air sentait la campagne des corbeaux, et le papier kraft que nous avions sur le crâne fut mouillĂ© par une pluie rafraĂ®chissante qui m’éveilla complètement.Un bruit de gravier sous les pas de nos ravisseurs m’indiqua la fin d’une marche sur l’herbe et le sac se dĂ©chirant, je vis les tours d’un château d’O et m’évanouis pour de bon.$$$$$$$Au Journal des « Greniers ».$$$$$$$— Salut Colin, c’est Christelle, on n’a pas de tes nouvelles depuis quatre jours et le rĂ©pondeur de Pauline dĂ©bloque complètement. Je dĂ©barque avec le prof Mikalosko cet après-midi pour voir tes reliques MĂ©sopotamiennes. Si tu m’entends avant 13 heures, essaye de nous rappeler avant. Au fait, tes chiens sont en pleine forme, la campagne leur a fait du bien, je te les ramène. Allez, salut Colin et embrasse ta Pauline !Sur-ce, Christelle appela Betty sa meilleure amie photographe d’art afin de lui piquer sa bagnole, qu’elle lui refusa prĂ©textant une virĂ©e tard dans la nuit. Mikalosko (homme distinguĂ©, rasĂ© avec une gomme) dĂ©barqua dans sa deux-chevaux pourrie oĂą les chiens (un basset et un labrador) s’éclatèrent Ă la sniffette de truffe. Bon, les voilĂ en route et quelle route…