(Bretagne – Le noir et le blanc)DĂ©sĹ“uvrĂ©e, j’erre comme une âme en peine. Le cĂ©libat a sans doute du bon, mais moi, je suis accro Ă cet animal Ă©trange qu’on appelle usuellement garçon, mec ou jules. Je ne dirais pas que je suis Ă plaindre, je trouve facilement de quoi remplir ma couette, et plus, si affinitĂ©, mais il faut bien constater que ces derniers temps, je suis tombĂ©e sur des passages Ă©clairs, des courants d’air ! MĂŞme si j’ai des tas d’activitĂ©s (surtout activistes), je traĂ®ne mon spleen auprès de la grande Bleue…Bref, comme on dit de par chez moi, en Armorique : Skuizh on hiriv (je suis fatiguĂ©e aujourd’hui) !Je ne demande pourtant pas grand-chose, pas mĂŞme un quelconque engagement style Pacs et encore moins mariage. Ce n’est certainement pas Ă vingt ans que j’ai envie de me fixer dĂ©finitivement, popote, moutards et famille envahissante. Nan ! J’ai encore quelques belles annĂ©es de libertĂ© devant moi, mais j’aimerais si possible ne pas les passer seule : les choses Ă deux, c’est nettement mieux !Toujours est-il que je dĂ©ambule dans ce petit port breton, sous un soleil de dĂ©but d’après-midi qui a dĂ©cidĂ© aujourd’hui d’être radieux. Je prends l’air, essayant d’oublier mon dernier Ă©chec avec la gent masculine. L’air marin me fait du bien, ça me change de ma campagne habituelle, de mon hameau coincĂ© dans le centre du massif armoricain, dix-sept habitants, pas un de plus.Ah, un cafĂ© d’ouvert ! Je vais aller voir, de plus ça tombe bien, j’ai justement un peu soif, un petit cafĂ© me fera du bien.— Salud ! Mat an traoĂą ganeoc’h ?Vous connaissez l’expression « faire un flop » ? C’est ce que je vis, lĂ maintenant. Bon, j’assume ma « bretonité » et je m’assois Ă une table, pas trop loin d’un groupe de garçons de mon âge. Il y en a un qui n’est pas mal du tout, un blondinet bien dans mon genre, mais il n’a mĂŞme pas tournĂ© la tĂŞte quand je suis entrĂ©e, et encore moins, quand j’ai lancĂ© ma formule de politesse. Je demande un cafĂ©.Peu après, je me retrouve en tĂŞte Ă tĂŞte avec une minuscule tasse fumante. L’ambiance n’est pas très folichonne. Mon blondinet est en grande conversation philosophique sur les mĂ©rites des diffĂ©rents clubs locaux de football. Doucement, je tourne avec ma chaise autour de la table, insensiblement. Il a un beau profil, traits rĂ©guliers, grand comme il faut, pas mal du tout ! Je suis maintenant presque Ă cĂ´tĂ© de lui. Quand je lui demanderai de me passer le sucre, ça paraĂ®tra naturel ! Ainsi, il pourra dĂ©couvrir que, moi Gwennaig, je suis une assez mignonne brune aux mèches un peu folles, aux grands yeux noisette, au visage ovale avec un mignon petit nez pointu au milieu. Pour les lèvres, je n’ai pas non plus Ă me plaindre. De toute façon, si je ne me fais pas ma propre publicitĂ©, personne ne le fera Ă ma place… On n’est jamais aussi bien servi que par soi-mĂŞme !— Vous pouvez me passer le sucre, s’il vous plaĂ®t ? dis-je de ma plus belle voix au timbre clair.Et paf, le sucre sous mon nez ! Ouiiii… Boooon… Je crois que ça ne commence pas tout Ă fait bien ! Tant pis, mais je ne baisse pas les bras pour autant ! Comme je suis bien Ă©duquĂ©e par ma maman et mon papa, je rĂ©ponds :Vous remarquerez l’effort de le dire en français, cette fichue langue impĂ©rialiste. Je bois mon cafĂ© sucrĂ©, enveloppĂ©e des conversations hautement primordiales sur les qualitĂ©s de jeux de jambes des diffĂ©rents footballeurs locaux. Ça me fait une belle jambe !Tentative numĂ©ro deux : je respire un grand coup, je me dĂ©contracte et je me lance :— Euh, vous pouvez me passer le journal, svp ?Et hop, le journal sous mon nez ! Bon, ça va, j’ai compris : un mec qui parle avec ses copains de foot est totalement hermĂ©tique Ă quoi que ce soit ! Je suis presque persuadĂ©e que si je lui faisais un strip-tease sur le comptoir, sous son nez, il continuerait ses considĂ©rations footballistiques ! Par acquis de conscience, je promène un regard distrait sur les pages du journal. La mĂ©tĂ©o promet d’être bonne demain. Bof, j’aurais aimĂ© en profiter avec le blondinet, mais bon, je me suis plantĂ©e sur ce coup-lĂ Â !C’est en soupirant que je regagne l’air iodĂ© du petit port. Je traĂ®ne mon dĂ©sĹ“uvrement sur les quais. L’après-midi passe quand mĂŞme assez vite, je mets mon nez partout, je suis assez curieuse de nature. Je converse mĂŞme avec des pĂŞcheurs, mais ceux-ci pourraient ĂŞtre allègrement mon père, voire mon grand-père. La plupart cause encore breton, ça me fait plaisir de pouvoir m’exprimer dans ma langue maternelle, mes parents Ă©tant des irrĂ©ductibles de la Bretagne aux bretons !Le vent fraĂ®chit, dĂ©jĂ presque dix-neuf heures. J’avise une sorte de brasserie qui me semble diffĂ©rente des pièges Ă touristes. Je passe commande, indiffĂ©rente Ă ce qui m’entoure, je suis trop lasse, mon Ă©chec d’avec le blondinet n’a rien arrangĂ©. Il y a beaucoup de va-et-vient, mais je m’en fiche : je mange. Pour le prix que je paye, ce n’est pas le nirvana, mais c’est correct…— Vous pouvez me passer le sucre, s’il vous plaĂ®t ? dit une voix masculine.D’un bras tout mou, je saisis le sucrier et je le tends au quĂ©mandeur, le nez toujours plongĂ© dans mon assiette. Je disais quoi, moi ? Ah oui, la nourriture est correcte, mais pas de quoi y revenir. C’est tout juste si j’entends l’homme me remercier. Je bois un petit coup : le cidre n’est pas mauvais, mais mon père en fabrique du nettement meilleur !— Vous pouvez me passer le journal, svp ?Ah bon, j’ai un journal sur ma table ? Ah oui ! Je le tends Ă la voix masculine, le nez toujours dans mon assiette. Soudain, j’écarquille les yeux, une main vient de saisir mon poignet et une voix agrĂ©ablement chaude murmure Ă mon oreille :— Faut-il que je danse sur la table, grimĂ© en chippendale, pour que vous leviez votre mignon petit nez ?Mon blondinet !Sans attendre mon invitation, il s’assied Ă ma table, tout en me dĂ©visageant effrontĂ©ment. Moi, je ne sais plus trop oĂą me mettre, la situation est Ă©trange… Mais je serais idiote de m’offusquer, d’autant que mon blond aux yeux verts vient se jeter dĂ©libĂ©rĂ©ment dans mes filets ! –ooOoo–Ça va faire maintenant un bon mois que nous sommes ensemble. Alain (son petit nom) vient souvent chez moi, moi, plus rarement chez lui. La première fois que j’ai mis les pieds dans son antre, je m’attendais Ă la parfaite caverne de l’homme de Neandertal ! RatĂ©, c’était clean, Ă un point inimaginable, on aurait pu manger par terre, tellement que c’était propre ! Le pire, ou le mieux, dans l’histoire, Ă©tait que ma visite chez lui Ă©tait totalement improvisĂ©e. Les autres fois que je suis allĂ©e chez lui, c’était aussi nickel, une vĂ©ritable fĂ©e du logis !Impressionnant !Ce matin, chez moi, nous prenons le petit-dĂ©j en tĂŞte Ă tĂŞte, après une nuit pas tout Ă fait calme, si vous voyez ce que je veux dire. Un de mes rituels est d’ouvrir le journal que je reçois chaque matin, pendant que le cafĂ© passe.— Ah, encore un attentat ! Un local de gendarmerie, d’après ce qu’ils disent !— Encore ? Ça va faire au moins le cinquième ou sixième depuis le dĂ©but du mois !— Erreur mon chĂ©ri : le septième !— Tu les collectionnes, Gwennaig chĂ©rie ?— Non, j’ai de la mĂ©moire, c’est tout, mon doudou d’Alan !Il n’aime trop que je le prĂ©nomme Alan, pourtant c’est breton ! Il beurre une tartine de pain grillĂ©, en soupirant :— Curieux quand mĂŞme tout ça ! On avait la paix depuis belle lurette et puis, d’un coup, ça repart comme Ă la belle Ă©poque d’il y a vingt ans de ça ! Et ce, depuis Ă peine trois mois…— Que veux-tu, certains rĂ©sistent toujours et encore Ă l’envahisseur !— Je ne vois pas Ă quoi il faut rĂ©sister ? Ça va faire des siècles que la Bretagne est française !HolĂ , pas touche ! Je rĂ©torque :— Ah oui ? Interdit de parler breton et de cracher par terre ? Tu connais ? Dès qu’il y a une Ă©cole qui essaye de mettre en place des cours bretonnants, le pouvoir central nous met des bâtons dans les roues ! Je ne te cause mĂŞme pas des tentatives de faire un spectacle dans notre langue !— Oui, oui, oui, je sais ! DĂ©solĂ© Gwennaig, je ne suis pas du cru, moi ! Je suis un simple gallo d’importation !— Très bien, mon doudou, il te sera beaucoup pardonnĂ© car tu es Ă moitiĂ© de chez nous !Dessus, nous nous faisons un GROS bisou, un comme je les aime, sensuel, vorace, sucrĂ©Â !— Tu sais quoi, mon doudou ?— Non, ma chĂ©rie !— Karout a ran ac’hanout ! Da garout a ran ! Me az kar ! (je t’aime en 3 versions)— Moi aussi ! Trugarez vras ! (merci beaucoup)Et il fait quelques efforts dans ce sens-lĂ Â ! Ah quel homme, mon homme !Je me souviens alors de nos nuits enfiĂ©vrĂ©es, de nos corps dĂ©chaĂ®nĂ©s, de nos peaux collĂ©es par la sueur, par le dĂ©sir, de nos mains qui se cherchent, qui se trouvent, qui se possèdent, absolument, totalement !Je n’aurais jamais cru le dire un jour, mais j’adore me faire possĂ©der par lui, l’accueillir en moi, au plus profond, qu’il plonge, qu’il me soumette, que je jouisse tandis qu’il s’abandonne en moi, me remplissant, me rassasiant ! Oh oui, j’adore ! J’adore ĂŞtre sa chose, rien qu’à lui, toute Ă lui, sans rĂ©mission ! Toujours !Je secoue la tĂŞte : si je commence Ă resonger Ă toutes les cochonneries qu’on a pu faire cette nuit et les prĂ©cĂ©dentes, je n’en ai pas fini ! J’essaye de penser Ă autre chose, n’importe quoi. Il a dĂ©jĂ dit quoi, mon Alan prĂ©fĂ©rĂ© et inconscient :— Je ne vois pas Ă quoi il faut rĂ©sister ? Ça va faire des siècles que la Bretagne est française !Quand j’y repense, j’ai toujours sur le cĹ“ur le coup des divers spectacles que j’avais voulu monter au collège et au lycĂ©e ! Tant que ça causait le français, pas de problème, mais dès qu’il y avait un mot breton, c’est tout juste si ce n’était pestifĂ©rĂ©. Je me rappelle d’un censeur complètement parisien, je venais de lui proposer un petit sketch pour la Saint Jean, il s’était alors rĂ©criĂ©Â :— Quoi ? Pas question d’ouĂŻr cette langue de sauvage dans mon Ă©tablissement ! Ce… ce patois impur !— Pardon ? Mais c’est du breton, notre langue, celle de nos ancĂŞtres !— Il n’y a qu’une seule langue en France : le français. Les dialectes, les patois ne sont que des nuisances Ă la RĂ©publique, qu’il faut Ă©radiquer pour le bien de l’Union Nationale !Ce jour-lĂ , c’est ce con de censeur que j’ai failli Ă©radiquer ! Je lui ai flanquĂ© mon poing en pleine face qu’il en a valsĂ© Ă travers toute la pièce ! Comme nous n’étions que deux, il lui fut difficile de prouver que le splendide coquart qu’il avait venait de moi. Le carrelage est si glissant… De plus, beaucoup de personnes firent bloc derrière moi, mon paternel en premier, qui se fait toujours un malin plaisir de clamer sur les toits que sa fifille avait rossĂ© un agent de l’impĂ©rialisme ethnocentriste…Oui, bon, je sais, je suis un peu « pasionaria » de la cause bretonne…Mon chĂ©ri s’en accommode assez bien, il faut dire que, dans d’autres domaines, je suis très passionnĂ©e et passionnelle et il ne s’en plaint pas ! MĂŞme si parfois, je l’épuise complètement, mais il en redemande toujours et encore ! Et zut, je resonge Ă nouveau Ă toutes les folies nocturnes !!! Passons ! Mon doudou est parti au boulot, Ă son emploi de fonctionnaire. Je n’ai toujours pas bien compris ce qu’il faisait exactement comme mĂ©tier, mais au moins, il n’est pas chĂ´meur. C’est un bon petit gars, fils de militaire, ce qui se ressent d’ailleurs dans pas mal de dĂ©tails, mais c’est un bosseur, aussi calme que je peux ĂŞtre explosive.Puis un jour, mon doudou d’Alan est revenu le soir avec un air très embĂŞtĂ©. Il a tournĂ© en rond au moins dix minutes et puis, dans un soupir, il s’est assis et il m’a tout racontĂ©Â : il Ă©tait flic, du genre très spĂ©cialisĂ©Â !— Toi, t’es flic ?!— Agent des forces de l’ordre, s’il te plaĂ®t…— Tu parles d’un agent des forces impĂ©rialistes de l’ordre centralisĂ© parisien !— Tu exagères, ma chĂ©rie !— Et c’est moi qui suis tombĂ© sous le charme de… de cet… de ce flic ?— Oh, pousse pas !Je le regarde, incrĂ©dule : un flic, un oppresseur, et moi, grande conne, je suis devenue Ă mon insu une vulgaire collaboratrice du pouvoir usurpateur ! Les bras m’en tombent, je ne trouve mĂŞme plus mes mots, ni en français, ni en breton ! Ce suppĂ´t des forces d’occupation ose ouvrir la bouche :— Bon, ça suffit, Gwennaig ! Je vais te dire deux, trois trucs : ton « combat pour la cause bretonne, soit, c’est mĂ©ritoire de ta part, mais que je devienne un moins que rien, uniquement Ă cause de mon mĂ©tier, alors lĂ , je ne suis plus d’accord !— Et bien si tu n’es pas d’accord, tu sais oĂą est la porte !— Ah non ! Tu ne t’en tireras pas comme ça ! Je m’en fous, moi, de ta Bretagne Ă©ternelle et de tes satanĂ©s binious ! Rien Ă cirer ! Moi, je suis amoureux d’une fichue pasionaria, et de cette foutue fille, je suis raide dingue, mĂŞme si…— Mes satanĂ©s binious ? Comment ça !!!— Oui, tes satanĂ©s binious : ouin, ouiiin, turlututut, piou-piou ! Ça te convient ? Tu veux que j’aille chercher mes sabots de bois et que je guinche autour de toi ?— Tu… tu oses !!!— Oui, j’ose ! Tu crois que ça a Ă©tĂ© marrant de t’avouer mon vĂ©ritable mĂ©tier ? Je me doutais bien de ta rĂ©action Ă la con, mais, vois-tu, ma chĂ©rie, je suis un crĂ©tin, j’ai Ă©tĂ© tout te dire !— Ça pour un crĂ©tin, t’es un crĂ©tin !— Qu…Je lui saute dessus, ce crĂ©tin de fichu flic vient de me faire une belle dĂ©claration d’amour. Ah, il est raide dingue de moi ? Tu vas voir, mon petit gallo, tu vas voir ce que c’est, qu’une pasionaria bretonne peut te faire subir sous la couette et dans ton pantalon !!!Je plonge ma main dans son pantalon, et j’ai l’agrĂ©able surprise de cueillir entre mes doigts un sexe dĂ©jĂ bien dur. Il ne m’en faut pas plus pour lui tirer sans mĂ©nagement son jean vers le bas et abaisser son boxer, bien faible rempart contre ma concupiscence !Je le repousse sur le canapé ; entravĂ© par son pantalon autour de ses pieds, il s’effondre dedans sans rĂ©sistance, l’air ahuri. En un tour de main, je me retrouve fesses dĂ©nudĂ©es Ă le chevaucher sans rĂ©mission. Dominatrice, je plaque mes mains sur ses Ă©paules pour le bloquer sur le canapĂ© et j’agite mon popotin avec Ă©nergie, Ă la fois par dĂ©sir et par dĂ©fi !Le rĂ©sultat ne se fait pas attendre, je jouis sur lui, en fière amazone que je suis, satisfaite d’avoir vaincu l’ennemi, d’avoir pris ma revanche sur des siècles d’oppression ! Je me vautre sur lui, toujours rivĂ©e sur son sexe pantelant.Puis, sans un mot, après un bref baiser sur le nez, je le libère. Il reprend ses esprits.Quelques jours ont passé ; les autres fois furent plus calmes. Pas toujours, car parfois j’avais bien l’impression qu’il cherchait Ă se venger, mais comme il s’y prenait d’une façon particulièrement passionnelle, je ne disais rien, y trouvant largement mon compte. Avec surprise, je constate que ses collègues de travail ne sont pas forcĂ©ment des sales types, des oppresseurs stupides et sans cervelle.Un autre soir, Alan revient avec sa tĂŞte des choses pas faciles Ă avouer. Je me demandais dĂ©jĂ Ă quelle sauce j’allais le dĂ©vorer : canapĂ©, machine Ă laver ?— Euh, j’ai un petit truc Ă te demander…— Accouche…Alan sollicite de ma part, d’un air de petit garçon pris en flagrant dĂ©lit, que j’accepte de l’accompagner Ă la petite rĂ©ception traditionnelle organisĂ©e par son service. Il me regarde attentivement : je sais que je suis connue comme le loup blanc chez eux, je sais aussi qu’Alan compte sur cette « sauterie » pour me prĂ©senter officiellement Ă tout ce beau monde, une façon pour lui de rendre notre relation plus « lĂ©gale » encore. Comme si j’avais besoin de ça ! Moi, je sais qu’il m’aime, c’est tout ce qui compte pour moi. NĂ©anmoins, je comprends l’enjeu pour lui alors j’accepte. Bien sĂ»r, je râle un peu pour la forme, histoire de donner un peu de valeur Ă mon sacrifice !Inutile de vous dire qu’il me dĂ©montra sa reconnaissance jusqu’au petit matin, le lit Ă©tant complètement dĂ©vastĂ©, et moi, totalement Ă©puisĂ©e !Je m’étonne moi-mĂŞme de ma propre vitalitĂ© dans ce domaine. Bien sĂ»r, je ne dĂ©teste pas faire l’amour, surtout quand mon partenaire est… disons… très efficace ! Mon petit Alan est particulièrement Ă©nergique mais avec plein de doigtĂ©, caressant avec fougue, tout ce qu’il faut pour qu’une femme se sente dĂ©sirĂ©e.Bref, nous irons Ă sa petite fĂŞte, Ă condition qu’il me prouve d’ici lĂ , ainsi que les jours suivants, sa reconnaissance… Ce qu’il ne manqua pas de satisfaire, mon corps se souvient encore de certaines nuits torrides oĂą nos chairs fusionnèrent sans retenue et sans tabou… –ooOoo–La fĂŞte bat son plein, tout le monde s’amuse, Alan est heureux, Ă l’aise dans son Ă©lĂ©ment. Moi, tout attendrie, je le contemple. Une grosse voix rĂ©sonne alors :— Heureux de vous voir parmi nous, mademoiselle Kerouac ! Je pensais que notre compagnie vous Ă©tait indĂ©sirable !— Tiens donc, gĂ©nĂ©ral, vous ĂŞtes descendu parmi vos hommes ?— Capitaine, mademoiselle, seulement capitaine !Verre en main, je continue de regarder mon homme. Le capitaine de brigade suit mon regard et sourit :— Il suffisait de mettre un homme dans votre lit pour que vous changiez de bord ?— Ma vie privĂ©e ne regarde que moi. Alan et moi, ça n’a rien Ă voir avec mon engagement envers mon pays. Nous nous aimons, et je sais regarder au-delĂ du fait que c’est un flic payĂ© par le pouvoir central et oppresseur.— Vous prenez le meilleur de l’adversaire, si je comprends bien ? raille-t-il.— Exactement ! Vous avez tout compris !Je me retourne vers mon agresseur, un large sourire carnassier :— Mais ça a du bon pour vous que j’aime quelqu’un de l’autre bord, voyez-vous : il y a quelques semaines de cela, je vous aurais fichu mon verre en pleine figure avec mon poing ensuite.— Je suis au courant de votre façon… particulière d’agir…— Et puis, quelque part, c’est très jouissif de bĂ©nĂ©ficier des largesses de l’État afin de le contrer… J’avoue que ça aide beaucoup pour la parution du petit journal et de nos divers spectacles… Ça paye plutĂ´t bien, n’est-ce pas, de maintenir l’ordre en pays occupĂ©Â !— Il s’agit de terroristes, mademoiselle Kerouac, des terroristes qui font sauter des bombes, je vous signale !— Des bombes qui ne font aucun mort pour l’instant…— DĂ©solĂ© de vous contredire : deux personnes en sont mortes… indirectement…— Crise cardiaque, je suis au courant, je sais. L’État français devrait plutĂ´t s’occuper sĂ©rieusement de l’alcoolisme qui fait des ravages sur les routes et dans les mĂ©nages… Mais hĂ©las, ça rapporte pas mal en taxes, et puis, faut bien payer les forces d’occupation… Un cercle vicieux ou vertueux, tout dĂ©pend du cĂ´tĂ© de la barrière…La voix de mon amoureux vient interrompre ce doux Ă©change d’amabilitĂ©s :— Ah, Gwennaig chĂ©rie ! C’est plus fort que toi ! Les deux seules personnes Ă ne pas devoir se rencontrer se rencontrent quand mĂŞme !— Alan, c’est ton supĂ©rieur hiĂ©rarchique qui est venu Ă moi ! Moi, j’étais sage comme une image dans mon coin !— Bien que ça me… rĂ©pugne de le reconnaĂ®tre, mademoiselle Kerouac Ă©tait effectivement sage dans son coin…Mon Alan sourit, son visage s’illumine :— Excusez-moi mon capitaine, mais j’ai besoin de ma future femme pour aller danser.— Future femme ???Le capitaine et moi sommes tous deux Ă demander la mĂŞme chose. Future femme, il veut donc m’épouser ? DrĂ´le de façon de faire sa demande ! Ou bien simple tactique pour clore la discussion ? Nous nous Ă©loignons. Il me prend par la taille et Ă©bauche un pas de danse. IntriguĂ©e, je questionne :— Tu Ă©tais sĂ©rieux ?— Quoi donc, Gwennaig chĂ©rie ?— Oh, tu sais très bien ! Ton histoire de mariage !— Ya (oui) !Et il m’embrasse ! DĂ©cidĂ©ment, la vie est toute simple quand on s’aime !La semaine passe Ă toute vitesse, malgrĂ© la tournĂ©e Ă©reintante, les spectacles me prennent du temps et mon Alan prend tout le reste ! Mais je ne m’en plains pas du tout, au contraire ! –ooOoo–Ce vendredi soir, je suis allongĂ©e dans le lit, les bras en croix, relaxĂ©e. Alan, lui, est assez tendu, sa journĂ©e a Ă©tĂ© rude, l’enquĂŞte piĂ©tine, les terroristes sont insaisissables, pire encore, imprĂ©dictibles. Il s’interroge tout haut :— Je ne comprends pas la logique de tout ceci !— Quoi donc ?— Ces attentats, pas de logique, rien ! rĂ©pond-il.— Et si… il n’y avait pas de logique ?— Comment ça, pas de logique ?Il s’assied sur le lit, l’air intriguĂ©. Je m’agenouille près de lui :— Je ne sais pas. Tiens, imagine que les objectifs sont tirĂ©s au sort ou jouĂ©s aux dĂ©s…— Je ne vois pas l’intĂ©rĂŞt ! C’est… stupide !— Pas tant que ça ! Imagine un peu que les objectifs aient Ă©tĂ© Ă©crits sur des petits papiers, on met le tout dans un chapeau et on tire au hasard et on applique. Tout simplement !— Je comprends ce que tu veux dire, mais je persiste Ă penser que c’est stupide !— Pas tant que ça ! Comme justement c’est stupide, comme tu dis, qu’y a-t-il Ă comprendre ? Rien justement ! Et dans ce cas, tu as beau, mon chĂ©ri, ĂŞtre suprĂŞmement futĂ© et gĂ©nial, tu ne peux rien faire contre une façon de faire absolument pas logique, car tu n’as aucun Ă©lĂ©ment en main pour tenter de prĂ©dire quoi que ce soit !— Pas con, en effet ! Comment tu peux avoir ce genre d’idĂ©e, toi ?Ah, je crois que j’ai un peu poussĂ© le bouchon, il me regarde d’un drĂ´le d’œil ! Je souris, m’approchant plus encore de lui, dĂ©colletĂ© pigeonnant sous son nez :— Parce que c’est comme ça qu’on fait lors des spectacles d’improvisation !— Ah bon ?— Oui : en impro, tu tires le thème de ton sketch juste avant de le jouer. Tout au plus, tu as une ou deux minutes pour te concerter avec les autres.Il est songeur, un doigt sur la bouche, un droit que je croquerais bien ! Le silence dure bien une minute, c’est long ! Il pense tout haut :— Peut-ĂŞtre qu’il faudrait alors fouiller vers les gens du spectacle… Oui, pas con, ils bougent souvent, tout le temps, ils ont un alibi parfait et des facilitĂ©s pour entrer partout…Aie, aie ! Je vois que son cerveau tourne Ă toute allure ! De lĂ qu’il pense que je sois impliquĂ©e, il n’y a qu’un pas. DĂ©jĂ , que j’ai une rĂ©putation d’activiste Ă tout va…Et puis, nous sommes vendredi soir et demain, ni lui, ni moi ne travaillons, c’est repos, rien Ă faire ! Alors : dĂ©tente ! Je me serre Ă lui, toute câline :— Allez, laisse ton boulot Ă l’entrĂ©e de notre chambre Ă coucher ! Tu ne crois pas que tu te tortures suffisamment les mĂ©ninges en temps normal ?— Tu as raison, cette histoire de bombes me tourneboule la santĂ©Â ! Mais…— Mais, quoi donc, mon chĂ©ri ?— Comme dire… on dirait que je commence Ă voir le bout, un fil…— Un fil ?— Oui, un fil d’Ariane, tu sais, celle du labyrinthe !— Je connais mes classiques, je te signale que je suis une littĂ©raire Ă la base. T’inquiète pas, je ne songeais sĂ»rement pas Ă la fusĂ©e !— Je me doute… Je crois voir quelque chose, mais ça s’enfuit…— Sois mon ThĂ©sĂ©e et je serais ton Ariane mais pas question de me planter lĂ ensuite sur une Ă®le dĂ©serte !Mon Alan se dĂ©tend, il me sourit, se colle Ă moi et demande :— Et il a fait quoi, le ThĂ©sĂ©e après ĂŞtre sorti du labyrinthe ?— D’abord, il a pris la poudre d’escampette en embarquant son Ariane.— Ok et ensuite ?— Je prĂ©sume qu’il a voulu tester si les crĂ©toises Ă©taient plus chaudes que les athĂ©niennes. Ariane a dĂ» vouloir vĂ©rifier dans l’autre sens… dis-je, taquine.— Pas con, le ThĂ©sĂ©e !— Et toi, tu ne veux pas tester combien peuvent ĂŞtre chaudes les bretonnes ?— Surtout une, en particulier ! Une brĂ»lante, une explosive !— Alors prouve-le-moi !!!Il me saute dessus, c’est primaire, animal, mais j’aime ça, quand il me dĂ©sire ainsi. Très vite, je n’ai plus rien sur moi, il me ravage de bisous partout, mon cou, mes seins, mon ventre, puis en plus osĂ©, il s’attaque Ă ma fente secrète et mes fesses rebondies. J’aime ĂŞtre dĂ©sirĂ©e ainsi, ce mĂ©lange de sauvagerie et d’attention !Une fois le vent de folie passĂ©, il s’essouffle un peu, alors j’en profite pour en faire de mĂŞme sur lui, sur son large torse, son cou musclĂ©, son ventre dur et ensuite j’attaque le morceau de rĂ©sistance. Lutine, je commence par les fesses, son beau petit cul habituellement bien moulĂ© dans ses jeans ! Bien rondes et bien fermes ! Juste Ă point ! Puis direction la tour de Pise, son sexe qui penche curieusement toujours Ă gauche… J’ai vite fait de lui mettre la main dessus pour en tâter la chaleur et la grosseur entre mes frĂŞles petits doigts. Alan se laisse faire, comme le gros bĂ©bĂ© qu’il est Ă ces moments-lĂ . Et moi, j’en profite allègrement !J’adore m’occuper de lui, sachant qu’il s’occupera de moi, après… et de bien belle façon…Après une sucette endiablĂ©e, accompagnĂ©e de quelques ludicitĂ©s lubriques, je suis assez fière de moi, mais je sens que mon chĂ©ri est toujours prĂ©occupĂ©. Alors, je dĂ©cide de sortir le grand jeu, aussi bien pour lui que pour moi. Je me love dans ses bras, tout contre lui, impudique en diable ! Je lui susurre d’une voix trouble :— Imagine… toi et moi… plus rien que toi et moi…— Oui… j’imagine sans problème…— Imagine que ce soit la dernière fois, la toute dernière fois… que toi et moi…— Pourquoi, la toute dernière fois ?— Imagine, c’est tout…Je me presse plus encore contre lui, je sais que je lui fais de l’effet, c’est incontestable, sa grande aiguille me l’indique clairement. Ă€ son oreille, je continue mon murmure :— Imagine, que toi et moi… la toute dernière fois… puis après plus rien…— Plus rien ? Plus de toi et moi ?— Oui, plus rien, notre dernière nuit, comme si nous devions nous sĂ©parer Ă jamais, mourir, plus rien que le nĂ©ant pour nous deux…— J’imagine mal…— Imagine notre dernière nuit, celle de toutes les folies, la toute dernière, sans avoir ensuite de regret… car ensuite, il n’y aura plus rien du tout…— Oui… je vois… la toute dernière… celle oĂą l’on s’embrase une dernière fois, sans honte, sans remords…— Oui… tu as compris… la toute dernière, toi, moi, sans entrave…La façon dont il me regarde me donne plein de frissons dans tout le corps ! Il me demanderait de grimper l’Himalaya Ă pieds nus que je serais bien capable de dire oui avec allĂ©gresse ! Je suis complètement folle de ce type ! Il reprend de sa voix grave qui me remue les entrailles :— La toute dernière, n’est-ce pas, ma Gwennaig chĂ©rie ?— Oui…Ce fut alors ma nuit la plus folle depuis que je suis femme…C’est Ă©trange ce que, par dĂ©sir et par amour, on peut faire, on peut oser, on peut accomplir. Je crois bien que cette nuit, j’ai tout osĂ© avec lui, tout acceptĂ©, tout voulu. J’ai eu les moindres recoins de son corps sous ma langue, je lui ai offert toute ma peau. D’innombrables fois, il est venu en moi, il s’est enfoncĂ© en moi, par les trois voies du paradis, les trois portes de jade, d’ébène et de nacre. Une incroyable voluptĂ© d’être prise de toutes parts, qu’il entre en moi, qu’il en sorte, sans rĂ©pit ; moi, complètement ouverte, offerte Ă son dĂ©sir, Ă son dĂ©lire. Ă€ la pour me fois, sa femme, sa maĂ®tresse, sa chose…J’ai goĂ»tĂ© sa peau, ses lèvres, son sperme, son urine, tout ce qui est sur lui, tout ce qui est en lui, par pure folie, dans ce dĂ©lire de tout savoir, de tout avoir. De tout entendre, ses mots doux, ses mots crus, ses prières, ses ordres, ses Ă©garements. Oui, j’ai Ă©tĂ© au plus bas, si bas, relevĂ©e ensuite si haut, en pleine lumière de me savoir aimer et ĂŞtre aimĂ©e ainsi.De la poussière vers la puretĂ©, par la simple volontĂ© d’être Ă lui, sans tache, sans bleu Ă l’âme, naturellement toute Ă lui, mon corps souple sous ses doigts avides, ma peau toute tendre sous sa bouche vorace.Un jouet de luxure, sa poupĂ©e d’amour, lui mon homme, celui qui voulait, qui veut, qui voudra toujours de moi, sa source, son devenir. Oui, sans raison aucune, sans logique assurĂ©ment, parce que je l’aime et que je sais qu’il m’aime.Je lui ai tout donnĂ©, il m’a tout pris.Je lui ai tout fait, j’ai tout subi de lui.Sans aucune honte…Ce soir, mon Alan rentre plus tĂ´t que prĂ©vu, je suis en train de mettre en place la mise en scène d’un futur spectacle. Il est tout content, il m’embrasse avec fougue. J’aime me faire distraire ainsi… N’empĂŞche qu’il n’a pas ses mains dans ses poches : il est en train de me mettre un sacrĂ© bordel dans mon soutien-gorge ! Ma bouche dirait bien non, mon cerveau ne sait plus très bien, les tĂ©tons ont dĂ©jĂ rĂ©pondu oui, dĂ©jĂ tout dressĂ©s et rigides. Au diable, la mise en scène, je l’attire Ă moi, nous roulons dans le canapĂ©. Des souvenirs de la nuit d’hier me reviennent en mĂ©moire : je ne sais pas si je dois en avoir honte ou me rĂ©jouir… DĂ©jĂ , sa langue est arrivĂ©e sous ma jupe et se glisse sous la fine barrière de mon slip, Ă moitiĂ© trempĂ©. Il ne perd pas de temps, il est un peu trop direct, mais un petit coup de langue bien appliquĂ© et suave m’arrache un gĂ©missement de plaisir…Nous nous retrouvons vite fait, bien fait, dans le lit que nous ne prenons mĂŞme plus la peine de refaire. Il couvre mon corps de baisers ardents, je me laisse faire. Il embrasse mes seins dressĂ©s, mon cou Ă©lectrisĂ©, puis redescend, lentement, insensiblement vers mon ventre. Il s’y attarde quelque temps puis continue sa descente.J’aime quand il m’explore, qu’il farfouille tous mes coins et recoins, Ă la recherche de ma source, de mon origine. Il est entre mes jambes, mes mains dans ses cheveux sombres. La bouche ouverte, le souffle court, je le plaque contre moi, sa bouche sur mon sexe liquĂ©fiĂ©, pour qu’il me boive toujours et encore, pour qu’il Ă©tanche sa soif en moi, pour qu’il assèche ma fontaine !Un coup de langue plus vicieux que les autres, un long frisson qui me coupe le cĹ“ur en mille morceaux et je jouis sans retenue, dans une longue plainte ! C’est si bon, si absolu !J’ouvre les yeux, il est toujours lĂ , agenouillĂ©, dĂ©posant des petits bisous sur mon ventre. Je souris, il me sourit ; pas besoin de mots.J’attrape son sexe dressĂ©, je me glisse entre ses genoux. ImpĂ©rativement, je lui fais comprendre que je veux le boire Ă mon tour, tout lui aspirer, tout lui vider. Je veux aussi sentir son poids sur moi, sa masse, sa force, ĂŞtre protĂ©gĂ©e auprès du chĂŞne qu’il est, moi, si petite, si fragile…Son sexe entre mes lèvres, ma langue autour de son gland, je veux le faire craquer, je veux qu’il se dĂ©verse en moi, qu’il remplisse ma bouche. Je m’applique du mieux que je puis, difficilement car il fait de mĂŞme plus bas. J’ai du mal Ă ne pas me laisser aller, Ă ne pas me remettre une fois de plus entre ses mains, sa langue si agile ! Je veux gagner, mĂŞme si je dois tricher pour cela ! J’accentue mon pompage autour de sa tige qui palpite, mes doigts effleurent vicieusement ses bourses, je les sens prĂŞtes Ă tout lâcher ! Je veux gagner, je veux cet homme dans ma bouche, je veux sa semence sur ma langue, dans ma gorge, le boire, le manger, le dĂ©vorer !J’accentue plus encore la pression, tandis qu’il s’active de plus belle entre mes lèvres intimes dĂ©trempĂ©es ; je dois ressembler Ă une rivière qui coule… je sens que je vais perdre pied, qu’il risque de gagner, de me faire craquer avant lui, alors je triche : je glisse prestement un doigt le long de sa tige, pour le sucer de concert avec son sexe, puis, d’un geste dĂ©cidĂ©, je plonge mon index mouillĂ© dans son anus, sans l’avertir. Surpris, il s’arrĂŞte de me lĂ©cher. Avec une surprenante aisance, je l’enfonce au fond Ă la recherche d’une mystĂ©rieuse petite glande qui fait tant d’effet aux hommes. Juste un petit agacement sur cette petite boule ronde, et il explose, son sperme chaud envahit ma bouche en longues saccades. Satisfaite, je savoure Ă la fois ma victoire et cette crème dont il me rĂ©gale…Peu après, nous reposons l’un Ă cĂ´tĂ© de l’autre, moi blottie dans ses bras. Il murmure :— Tu as trichĂ©Â !— Comment ça, mon chĂ©ri ?— Tu sais très bien ! grogne-t-il.— Ah bon ? Et alors ?— Et alors ? Ça ne se fait pas de passer par lĂ , c’est…— C’est quoi ? Tu n’as pas joui ? Dis-je, câline en diable.— Ben… si…— Et moi, j’ai eu ce que je voulais : toi en moi !— Tout de mĂŞme…Le tĂ©lĂ©phone sonne, un appel d’urgence. Je lance le bras, je plaque l’écouteur Ă mon oreille. Quelques mots puis je donne le combinĂ© Ă mon chĂ©ri, il Ă©coute silencieusement. Il se redresse soudain. Il s’exclame soudainement :— Moi ? Comment ça, moi ?— (silence)— Je comprends… j’arrive tout de suite !Alan se lève d’un coup, l’air grave :— Une alerte ! Un indicateur anonyme, une bombe reliĂ©e Ă un tĂ©lĂ©phone portable ! J’y vais de suite !— Fais attention, mon amour !Je l’embrasse follement, nous nous sĂ©parons Ă regret. Je le vois partir Ă travers les carreaux embuĂ©s de la fenĂŞtre. Oui, fais très attention ! –ooOoo–Mon pauvre Alan chĂ©ri… Non, l’explosion ne t’a guère laissĂ© de chance… aucune. Tu as Ă©tĂ© Ă©parpillĂ©, volatilisĂ© en mille morceaux. Avec des mots choisis, tes collègues m’ont tout expliquĂ©Â : la bombe au milieu du garage sur un grand baril de fuel avec ton nom taguĂ© dessus, un tĂ©lĂ©phone portable sur la bombe, tu es arrivĂ©, le tĂ©lĂ©phone s’est mis Ă sonner, une fois, deux fois, trois fois, tu as fini par dĂ©crocher, un court dialogue, tu tournais le dos Ă tout le monde, personne n’a compris ce que tu as pu dire juste avant…HabillĂ©e de noir, je te suis jusqu’à ta dernière demeure. Tous tes collègues ont de la compassion pour moi, ta future femme effondrĂ©e, celle que certains dĂ©daignaient naguère, mĂ©prisaient mĂŞme, il n’y a mĂŞme pas quelques jours…Sur le cercueil, une dĂ©risoire mĂ©daille…Je pleure ce qui aurait pu ĂŞtre notre couple, notre vie Ă deux, nos enfants qui ne verront jamais le jour, je pleure d’avoir perdu un compagnon, un amant, un homme tout court.Je pleure sincèrement ta disparition, le fait que plus jamais tu ne me serreras dans tes bras, que plus jamais tu ne m’embrasseras Ă me faire tourner la tĂŞte. Plus jamais, tu ne m’emporteras dans tes bras puissants vers notre lit, faire l’amour en toute libertĂ©, sans retenue, sans fausse honte…Tu Ă©tais si… je ne trouve pas mes mots. Tu prenais tant de place, tu occupais tout mon univers, Ă tel point que j’en oubliais presque tout le reste. Mon complĂ©mentaire, mon amant si exclusif, celui qui me faisait redevenir une petite fille, m’oubliant moi-mĂŞme, ce que je suis, ce que j’étais…Tu Ă©tais trop tout ça…Peut-ĂŞtre as-tu compris Ă l’ultime seconde quand tu as entendu ma voix te dire adieu dans le portable posĂ© sur la bombe… Un grand merci Ă Favasso pour ses avisĂ©s conseils…