— Je lui avais bien dit Ă Mariane que c’était une mauvaise idĂ©e ! Une très mauvaise idĂ©e ! Ă€ son âge, sortir avec un homme qui en a le double et une barbe en prime ! J’aime pas les barbes, ça m’inspire pas confiance. Ah ! On ne pourra pas dire que je ne l’aurai pas prĂ©venue. Ça doit faire deux fois dĂ©jĂ , depuis le dĂ©but en fait, que je lui conseille de changer de copain. Et vous croyez qu’elle m’aurait Ă©coutĂ©Â ? Risque pas ! TĂŞte de mule comme elle est ! Et voilĂ le rĂ©sultat : maintenant elle pleure jour et nuit, jour et nuit ! Elle se sent dĂ©laissĂ©e par monsieur. Il ne l’appelle plus aussi souvent, il ne lui prend plus tendrement la main lorsqu’ils se baladent ensemble… Change, que je lui dis. Mais non, elle est trop amoureuse, trop accro Ă cet espèce de… qui fait souffrir ma meilleure amie…Ainsi s’exclamait Sophie devant le miroir de sa salle de bain alors qu’elle venait de sortir de sous la douche. La buĂ©e avait envahi la pièce. La jeune fille ne se voyait qu’à travers une sorte de voile, ce qui la mettait encore plus en colère. Quant Ă ses nombreuses gesticulations – pour chasser ce flou ou exprimer son exaspĂ©ration ? – elles ne l’empĂŞchaient pas d’éprouver la fraĂ®cheur de cette soirĂ©e de printemps qui se glissait par la fenĂŞtre entrebâillĂ©e. Elle enfouit son corps frissonnant dans une chaude et moelleuse serviette de bain et se dirigea vers sa chambre. Elle marmonnait, levait les bras au ciel, s’indignait… Elle cherchait une solution pour mettre un terme au grand chagrin d’amour de Mariane.Elle abandonna la serviette maintenant humide sur son lit et entreprit de fouiller dans la grande armoire rococo qui se tenait devant elle. Elle couvrit ses jeunes seins voluptueux et fermes d’un top moulant Ă fines bretelles et ses fesses charnues d’un simple jean qui avait dĂ©jĂ bien vĂ©cu. Elle contempla quelques instants sa silhouette dans la psychĂ©. Elle aimait bien s’habiller ainsi, sans sous-vĂŞtements, laissant toute libertĂ© de fantasmer Ă ceux qu’elle croisait.« Pas de doute », pensait-elle, « si j’étais un garçon je me trouverais hyper bonne ! J’aurais envie de mettre des mains partout… »Elle commença Ă laisser ses pensĂ©es divaguer. Ses pensĂ©es, et ses mains aussi d’ailleurs. Oubliant Ă qui elles appartenaient, elle les fixa sur la glace, et les regarda partir Ă l’exploration de ce corps qu’elle trouvait si dĂ©sirable… Depuis ses dĂ©buts dans la vie Ă©tudiante, cette annĂ©e, elle avait dĂ©couvert une nouvelle vie, faite de soirĂ©es dansantes, de cocktails plus ou moins alcoolisĂ©es… et de garçons, plus charmants les uns que les autres. Sa timiditĂ© naturelle l’empĂŞchait de finir sa nuit avec un garçon Ă chaque sortie mais elle ne manquait nulle occasion de se laisser inviter Ă danser, et pas qu’à ça d’ailleurs. Les codes implicites et non Ă©crits des jeux de la sĂ©duction lui convenaient parfaitement, du moins dans ses premières Ă©tapes.Elle n’avait aucun mal Ă blottir son visage contre telle Ă©paule virile, contre tel torse musclĂ©, tandis qu’elle sentait des mains indiscrètes se promener sur son corps dans la pĂ©nombre ou l’obscuritĂ© typiques des slows langoureux. Que c’était bon, ces frissons le long de son dos…. Comme c’était excitant, ces caresses sur ses tĂ©tons tout pointus au travers de son dĂ©bardeur… Comme c’était affolant, lorsqu’elle ces mains indiscrètes constataient l’absence de petite culotte sous son jean… Elle ne ratait jamais son effet, et se sentait fière lorsque son partenaire affamĂ© devenait impatient et s’efforçait de la convaincre qu’ils aillent s’isoler dans un coin tranquille. Mais c’est l’instant qu’elle choisissait pour s’enfuir telle une biche apeurĂ©e, telle une vierge effarouchĂ©e. Vierge, elle l’était, d’ailleurs. Gourmande de plaisir certes, mais pas encore prĂŞte dans sa tĂŞte pour s’offrir au grand mĂ©chant loup. C’est donc toute seule, au fond de son lit, qu’elle avait l’habitude de finir, dans sa tĂŞte, ces Ă©treintes si dĂ©licieuses.La rĂŞverie de ce matin-lĂ n’échappa pas Ă la règle. Une fois que ses mains eurent trouvĂ© le chemin de ses seins sous son dĂ©bardeur, de son sexe sous son pantalon, elle se renversa sur le lit, yeux clos, revivant la dernière soirĂ©e du jeudi soir, et ce garçon si gentil qui n’avait rien compris lorsqu’elle avait disparu… Son orgasme ne tarda pas Ă arriver. Elle resta un instant rĂŞveuse, savourant ce plaisir, si intense, avec sa main crispĂ©e sur sa jolie p’tite chatte tellement brĂ»lante, tellement juteuse…Mais rapidement, ses pensĂ©es se focalisèrent de nouveau sur le problème de son amie. Une idĂ©e un peu farfelue lui traversa l’esprit. Mais après tout, pourquoi pas ! Il fallait tenter quelque chose. Mais il faudrait que Mariane l’aide et joue le jeu. Alors, finie la tĂŞte d’enterrement : il suffisait peut-ĂŞtre juste de rendre Pablo fou de jalousie…(…)Mariane poussa timidement la porte du pub irlandais qui se trouvait au coin de la rue qu’elle habitait. C’était un endroit chaleureux oĂą elle aimait bien passer du temps entourĂ©e de ses amis pour faire la fĂŞte, seule lorsqu’elle se laissait envahir par le blues. La douce musique celtique diffusĂ©e en continu constituait une atmosphère propice Ă l’évasion et Ă la rĂŞverie. LĂ , devant une tasse de thĂ© bouillante, elle se rĂ©fugiait dans ses pensĂ©es. Elle revoyait leur première rencontre (c’était au cinĂ©ma), sentait ses lèvres enflammĂ©es, passionnĂ©es lors de leur premier baiser (un moment magique), entendait le son de sa voix lui murmurer des mots d’amour (cela la faisait toujours fondre). Et, lorsqu’elle rentrait chez elle, dans son petit appartement, elle devait trouver un moyen pour assouvir ses dĂ©sirs envers l’homme de son cĹ“ur qui malheureusement Ă©tait bien souvent absent, de plus en plus souvent Ă ce qui lui semblait…Mais aujourd’hui Ă©tait un jour particulier. Bien que des larmes perlassent au coin de ses yeux Ă longueur de journĂ©e, elle n’était pas venue se rĂ©fugier dans son petit monde empli de tendres souvenirs. En rĂ©alitĂ©, elle n’avait pas exactement compris ce qu’elle faisait lĂ . Elle avait entendu Sophie, sans vraiment l’écouter, lui conseiller de faire la tournĂ©e des bars avec une de ces p’tites tenues sexy qui lui allaient si bien. Comme si elle Ă©tait d’humeur !— Et surtout, Ă©vite de faire la gueule, avait-elle ajoutĂ©. Tu verras comme tu trouveras des tas de garçons tout prĂŞts Ă te changer les idĂ©es !Mariane n’avait pas vraiment pour habitude d’écouter les conseils ou recommandations de sa meilleure amie mais cette fois-ci, allez savoir pourquoi, elle Ă©tait entrĂ©e dans son jeu. Peut-ĂŞtre avait-elle besoin de se rassurer, malgrĂ© tout, et de s’assurer qu’elle pouvait sĂ©duire. Avec une jupe rouge fendue et un top noir en satin, elle avait donc franchi le seuil du premier bar qu’elle avait rencontrĂ© sur son chemin. Elle s’efforçait maladroitement de soulever le coin de ses lèvres. Mais ce sourire, très difficile Ă identifier comme tel, ressemblait Ă s’y mĂ©prendre Ă la grimace d’un singe farceur. Quant Ă ses yeux, ils ne pouvaient mentir sur la dĂ©tresse qui avait envahi son âme.Contrairement Ă son habitude lorsqu’elle venait dans ce pub, elle alla s’installer au comptoir.— Lait sirop de menthe ? lui demanda le barman avant qu’elle n’eĂ»t ouvert la bouche.Elle posa des yeux Ă©tonnĂ©s sur lui.— Je travaille ici depuis pas mal de temps et vous venez souvent ici, s’expliqua l’homme. Et il est difficile d’oublier un si joli minois, ajouta-t-il avec un sourire charmeur.Elle rĂ©ussit Ă esquisser quelque chose de convenable en retour. C’est vrai qu’elle venait frĂ©quemment dans ce lieu, pourtant le visage de cet homme ne lui disait rien. Il ne paraissait pas beaucoup plus vieux qu’elle. Un grand brun, teint halĂ©, corps sculptĂ© comme une statue grecque d’après ce que laissait deviner son T-shirt moulant. Le physique dont rĂŞvent toutes les filles, mais pas elle… Cependant, elle allait tout de mĂŞme essayer de faire un effort. Après tout, on ne sait jamais…Elle posa dĂ©licatement ses lèvres sur la paille de la mĂŞme couleur que le liquide contenu dans le verre. Elle sirota lentement et avec dĂ©lectation la boisson aromatisĂ©e. Ce geste lui rappela sa première fellation. Bien sĂ»r, elle avait eu lieu avec Pablo.Il faisait beau ce jour-lĂ , au milieu de la forĂŞt, les oiseaux chantaient, le soleil brillait, un vrai conte de fĂ©es ! Elle ne savait pas du tout comment s’y prendre et avait fini par imaginer que ce bâton de chair Ă©tait un sucre d’orge. Cela lui avait donnĂ© plus d’assurance. Elle l’avait d’abord parcouru timidement, du bout des lèvres, du bout de la langue, puis avait sucĂ© cette friandise longuement, profondĂ©ment, mais parfois un peu violemment tellement sa gourmandise Ă©tait grande. Elle avait tout de suite aimĂ© sa saveur, son odeur, sa chaleur et par-dessus tout, les gĂ©missements de plaisir de son amant. Et ce bonbon-lĂ semblait pouvoir durer une Ă©ternitĂ©. Bien mieux qu’un simple morceau de sucre enrobĂ© d’un attrayant papier de couleur : sous la couverture, on pouvait trouver de mauvaises surprises. Avec Pablo, jamais. Elle n’avait pas osĂ© poursuivre la fellation jusqu’à son terme Ă cette occasion. Après tout, elle avait beau sembler sĂ»re d’elle, elle n’était Ă l’époque qu’une lycĂ©enne d’à peine 18 ans qui goĂ»tait pour la première fois au gland… Elle avait eu l’occasion de se rattraper depuis, et ne manquait pas une occasion de dĂ©guster la dĂ©licieuse semence de son amant.Ce souvenir la replongea dans un Ă©tat mĂ©lancolique et nostalgique et elle laissa Ă©chapper un profond soupir qui n’échappa pas Ă l’homme qui se tenait derrière le comptoir.— Chagrin d’amour ?Cette voix grave la fit revenir dans la rĂ©alitĂ©.— Oui, souffla-t-elle en s’efforçant de ne pas paraĂ®tre trop dĂ©sespĂ©rĂ©e.— Vous avez envie de m’en parler ? Les barmen sont faits pour ça !Elle hĂ©sita.— C’est toujours plus facile avec un inconnu…Elle fixa son regard sur cet inconnu qui ne lui parut plus si insignifiant que cela. Ses yeux pĂ©tillaient. Il semblait incarner Ă lui tout seul, toute la magie du lieu. Elle se laissa aller.Elle se sentait Ă©trange en rentrant chez elle. Elle avait passĂ© la soirĂ©e Ă parler de Pablo Ă un autre homme et pour la première fois depuis qu’ils se frĂ©quentaient, il lui avait semblait très loin, un souvenir qu’on chĂ©rit au plus profond de son cĹ“ur, une sorte de fantĂ´me qu’on ne cessera jamais d’aimer, mais qui n’est plus vraiment lĂ .Elle n’aimait pas ce sentiment. En y repensant, cela la rendait encore plus malheureuse. Pablo Ă©tait encore en vie, il Ă©tait son prĂ©sent. Elle ne voulait pas le voir disparaĂ®tre, recouvert par la photo d’un nouveau jeune homme. Ce n’était pas dans ses habitudes de se servir des gens, mais tous les moyens Ă©taient bons pour reconquĂ©rir l’homme de ses rĂŞves. Le barman, c’était un peu une incarnation de ce lieu qu’elle apprĂ©ciait tant. Et on ne pouvait tomber vĂ©ritablement amoureux d’un endroit, aussi merveilleux fĂ»t-il. Elle dĂ©cida quand mĂŞme de retourner le voir, au bar, mais bien sĂ»r sans lui faire part des rĂ©cents « conseils » de son amie Sophie.(…)Pablo sentit son portable vibrer dans la poche de son pantalon. Il y plongea immĂ©diatement la main pour en sortir le petit objet mĂ©tallique indispensable Ă tout homme moderne : message de Mariane. Lire maintenant ? Bien sĂ»r pensa-t-il aussitĂ´t. Quelques mots s’affichèrent sur le minuscule Ă©cran. La jeune fille lui donnait rendez-vous Ă 21 heures dans un pub celtique non loin de son appartement. Il y Ă©tait dĂ©jĂ allĂ©, ce n’était pas son lieu favori, il prĂ©fĂ©rait franchement l’ambiance festive d’un bar espagnol. Dans tous les cas, ni l’un ni l’autre ne convenaient vĂ©ritablement Ă une rencontre amoureuse.Il se sentit soudain un peu inquiet. Il Ă©tait vrai que depuis quelque temps, il nĂ©gligeait sa maĂ®tresse. Ce n’était pas qu’il ne la dĂ©sirait plus, loin de lĂ . Mais il ne savait plus exactement oĂą il en Ă©tait quant Ă ses sentiments. Depuis qu’ils se frĂ©quentaient, cela avait Ă©tĂ© très clair entre eux. OK ils couchaient ensemble (d’ailleurs, quelles parties de jambes en l’air !), mais dĂ©fense de tomber amoureux ! Mariane avait succombĂ© la première. Il l’avait acceptĂ©, il trouvait mĂŞme que c’était gratifiant qu’une jeunette ait craquĂ© pour lui. Mais aujourd’hui, il se sentait dĂ©faillir Ă son tour et cela l’effrayait : quel avenir pour eux deux ?Pablo pĂ©nĂ©tra dans le pub. Il portait toujours des vĂŞtements chics : costumes, cravates, chaussures impeccablement cirĂ©es. Il se souvint du jour oĂą elle Ă©tait venue lui rendre visite Ă son bureau Ă l’heure du dĂ©jeuner et après avoir saisi sa cravate, elle l’avait implorĂ©, en lui murmurant au creux de l’oreille, de lui faire l’amour, tout habillĂ©, dans cette tenue qu’elle trouvait si sexy. Pablo s’était abandonnĂ© Ă son dĂ©sir. Elle avait toujours aimĂ© qu’il la prenne sur-le-champ dans les endroits les plus insolites les uns que les autres, et il avait ainsi l’impression de retrouver l’insouciance de ses vingt ans. Sans mĂŞme prendre la peine de fermer Ă clĂ© la porte de son bureau il l’avait renversĂ©e au milieu de ses dossiers, factures prospectus, n’ayant mĂŞme pas pris la peine de le dĂ©gager des papiers qui le jonchaient. Certains avaient eu la chance de voler jusqu’au sol, d’autres en avaient eu beaucoup moins, coincĂ©s sous les fesses de Mariane agitĂ©es par les puissants coups de reins de son amant. Il Ă©tait devenu fou en constatant que cette petite cochonne Ă©tait encore une fois venue le voir toute nue, sous sa jupette, et une seule poussĂ©e violente et brutale lui avait suffi pour se planter au plus profond de son ventre. RenversĂ© sur sa maĂ®tresse, il lui avait longuement fait l’amour tandis qu’elle le serrait dans ses bras, jambes nouĂ©es dans son dos.Lorsque le tĂ©lĂ©phone avait sonnĂ©, elle avait su se comporter en jeune fille faussement sage, mais silencieuse, tandis qu’il s’efforçait de ne pas gĂ©mir en Ă©coutant distraitement les jĂ©rĂ©miades de son connard de client. Mariane savait que c’était très vilain, mais elle adorait qu’ils soient ainsi interrompus dans leurs Ă©bats et elle faisait tout pour l’affoler. Une fois le combinĂ© raccrochĂ©, il avait pu reprendre sa dĂ©licieuse besogne en la grondant et la « punissant » de la plus dĂ©licieuse des manières pour son vilain comportement qui aurait pu lui provoquer des ennuis. Mariane avait eu l’impression que son sexe n’avait jamais Ă©tĂ© aussi gros et puissant que ce jour-lĂ . Cela avait Ă©tĂ© terriblement bon et excitant, d’autant plus qu’il avait fallu s’efforcer de rester le plus silencieux possible. Mais dans l’état second qui Ă©tait le leur, ils n’avaient pu rĂ©primer un cri de dĂ©livrance au moment de l’orgasme. La semence de Pablo avait inondĂ© le ventre de sa jeune maĂ®tresse… et avait mĂŞme largement dĂ©bordĂ© sur le bureau. Par bonheur, personne ne s’était vraiment penchĂ© sur la question de savoir d’oĂą avaient bien pu venir les tâches qui ornaient telle facture ou tel contrat.Quelle folie tout de mĂŞme, il avait vraiment Ă©tĂ© insensĂ©. Ça ne lui ressemblait pas du tout de prendre de tels risques pour juste tirer un p’tit coup, en fin de compte. S’il avait Ă©tĂ© lucide, il aurait dĂ©jĂ pu se rendre compte Ă ce moment-lĂ qu’avec Mariane, ça n’allait pas ĂŞtre comme avec toutes ces prĂ©cĂ©dentes maĂ®tresses. Un très bon souvenir, malgrĂ© tout…Mariane ne semblait pas ĂŞtre arrivĂ©e. Il se dirigea vers le comptoir, histoire de boire un petit verre en l’attendant.— Un mojito s’il vous plaĂ®t, commanda-t-il au jeune barman. Il le dĂ©tailla un instant : oui, typiquement le genre de p’tits minets qui plaĂ®t aux filles, pensa-t-il…Au dĂ©but, il avait d’ailleurs imaginĂ© que c’était Ă cause de lui que sa maĂ®tresse se rendait si souvent dans ce lieu, qui d’après lui ne possĂ©dait aucun attrait. Mais il s’était vite rendu compte que Mariane ne semblait mĂŞme pas l’avoir remarquĂ©. Elle prĂ©fĂ©rait passer des heures fixer l’homme de ses rĂŞves avec des yeux d’amoureuse transie, lui prenant la main, embrassant chacun de ses doigts et lui faisant coquinement du pied sous la table. Enfin bref, tout ça pour dire que finalement il avait eu de la chance de trouver une fille qui, en plus de fantasmer sur les hommes mĂ»rs, fut Ă©galement aussi exclusive dans ses relations amoureuses.Le mojito avait Ă©tĂ© parfait. Mariane n’était toujours pas lĂ . Il recommençait Ă se faire du souci. Il composa le numĂ©ro de son mobile. Il tomba sur le rĂ©pondeur. Avec nervositĂ©, ses doigts se mirent Ă pianoter sur le zinc.— Vous attendez peut-ĂŞtre quelqu’un Monsieur ? s’enquit le barman curieux.D’ailleurs, il ne devait pas ĂŞtre sans savoir qui Ă©tait cet homme qui accompagnait quelquefois sa cliente prĂ©fĂ©rĂ©e.— Euh, oui. Une jeune fille brune, mince, pas très grande.Il lui montra la photo qu’il gardait prĂ©cieusement dans son portefeuille. Vous devriez la reconnaĂ®tre. Elle vient souvent ici. Peut-ĂŞtre mĂŞme tous les jours.Il secoua la tĂŞte d’un geste nĂ©gatif.— Difficile Ă dire. Il y a tellement de personnes qui passent ici et Ă´ combien de jolies filles.Il souriait malicieusement.Pablo, lui, demeurait sombre. La sonnerie d’un tĂ©lĂ©phone retentit. Le serveur s’éloigna pour rĂ©pondre. Mais Ă cause du bruit des voitures qui passaient devant le bar, il Ă©tait obligĂ© d’élever la voix et si on Ă©tait attentif, on pouvait entendre et comprendre toutes les paroles qu’il prononçait.— Bonsoir Mariane, tu vas mieux qu’ hier soir ?Ă€ ce nom, le cĹ“ur de Pablo fit un bon dans sa poitrine. Il tendit un peu plus l’oreille.— Ton bracelet ? En or ? Avec des pierres incrustĂ©es ? Oui, ne t’inquiète pas, il n’était pas tombĂ© bien loin…Pablo ne put en supporter davantage et s’enfuit du bar. Ce bracelet… Il lui en avait offert un semblable pour la Saint-Valentin. Cela ne pouvait pas ĂŞtre une coĂŻncidence, il ne pouvait s’agir que de SA Mariane. Elle venait souvent ici, il pouvait facilement la sĂ©duire. Elle possĂ©dait un bracelet semblable. Et en plus de ça, il Ă©tait persuadĂ© que ce connard lui avait menti. Il ne pouvait ignorer l’existence d’une cliente aussi fidèle. Il voulait visiblement l’éloigner de la jeune fille. Et hier soir ? Après son travail ? Ils Ă©taient peut-ĂŞtre rentrĂ©s ensemble. Il l’avait amenĂ©e chez lui, et alors… Il essaya de chasser les sordides images qui envahissaient son esprit. Il lui Ă©tait insupportable d’imaginer SA maĂ®tresse, SA jeune maĂ®tresse, qui n’avait jusqu’à prĂ©sent connu QUE lui, dans les bras d’un autre. Son corps parcouru par ces mains Ă©trangères. Ses cuisses ouvertes pour un autre sexe. Sa fente fondant sous d’autres doigts, d’autres lèvres. Ses tĂ©tons pointant sous cette nouvelle langue. Les mots doux qu’elle avait pu lui murmurer, sans doute les mĂŞmes qu’elle lui susurrait au creux de l’oreille lorsque son plaisir montait en flèche. Oui, son plaisir. Il dĂ©testait l’idĂ©e qu’elle ait Ă©tĂ© heureuse ne serait-ce qu’un soir avec un autre. Et pire que tout, que cet autre l’ait fait jouir. Ça, il avait cru pendant longtemps que c’était son privilège. Et pendant longtemps aussi, il avait cru que la jalousie n’appartenait pas Ă son monde, Ă un tel point qu’il avait encouragĂ© Mariane (qui heureusement ne l’avait jamais Ă©coutĂ©) Ă sortir avec d’autres hommes.Il s’efforçait de ne pas penser Ă Mariane et Ă ce p’tit con, mais il ne pouvait s’en empĂŞcher. Il en souffrait et pourtant… il bandait, Ă©galement. Comme un taureau. Le plaisir de Mariane l’excitait malgrĂ© tout, mĂŞme si c’était un autre qui le lui donnait. Il avait beau ĂŞtre jaloux, il n’en restait pas moins un homme cĂ©rĂ©bral, voyeur, profitant du spectacle du plaisir fĂ©minin.Mais pourquoi donc suis-je ainsi jaloux, se demandait-il…(…)Il errait dans les rues, depuis combien de temps ? Il ne se souvenait plus. Il avait errĂ© de bar en bar, de mojito en mojito… Il avait seulement ces rĂ©pugnantes pensĂ©es dans la tĂŞte et cette rage qui commençait Ă empoigner son cĹ“ur. Il avait envie de retourner au pub celtique, de se jeter sur ce bellâtre, de lui arracher ce qu’il avait entre les jambes et de lui faire bouffer.Par hasard ou par acte manquĂ©, ses pas l’avaient menĂ© devant le studio de Sophie. Il ne voulait voir personne, surtout pas elle qui l’avait si souvent discrĂ©ditĂ© aux yeux de sa maĂ®tresse. Pourtant, il laissa son doigt actionner la sonnette.Sophie vint rapidement ouvrir la porte. Elle Ă©tait en pyjama : un petit dĂ©bardeur qui dĂ©voilait ses formes voluptueuses et un short qui ne cachait rien de ses jambes. Sur le moment, une bouffĂ©e de dĂ©sir animal envahit Pablo. Il eut envie de la plaquer contre le mur, de lui arracher sa lĂ©gère tenue, tenue de salope qui d’ailleurs n’était faite que pour allumer les hommes, et lui faire l’amour sauvagement, la violer, l’obliger Ă recevoir sa grosse queue dans son ventre, sa bouche, son cul… DĂ©cidĂ©ment, l’alcool ne rendait pas intelligent…Mais il resta immobile sur le pas de la porte. C’était un fantasme propre Ă Mariane, qu’il lui avait dĂ©jĂ plusieurs fois permis d’assouvir, et bien qu’il soit un peu soĂ»l, il pouvait encore discerner la rĂ©alitĂ© du fantasme. C’était un jeu qu’ils adoraient. Il adorait l’entendre crier sous ses gestes qu’il se permettait plus brutaux, lui crier de s’arrĂŞter alors qu’elle n’avait qu’une envie, qu’il continue encore, encore et encore de la baiser. De nouveau Mariane dans la tĂŞte, il Ă©tait incapable de faire un mouvement.Il se souvenait encore de cette Ă©treinte sauvage dans ce parking souterrain. Rien n’était prĂ©mĂ©ditĂ©, c’était rarement le cas d’ailleurs. Mais il avait su profiter de l’occasion. ArrivĂ©s au deuxième sous-sol, la lumière qui tombe soudain en panne et lĂ , Ă la faible lueur lointaine de l’éclairage de sĂ©curitĂ©, il l’avait plaquĂ©e Ă plat ventre sur le capot pour la sodomiser brutalement et sauvagement après lui avoir arrachĂ© son string. Il l’avait insultĂ©e, la bouche remplie de mots orduriers, la main plaquĂ©e sur sa bouche pour Ă©touffer ses cris. Elle avait jouĂ© le jeu Ă fond, essayant de crier, se dĂ©battre, et sa jouissance n’avait Ă©tĂ© que plus intense. Lorsqu’il s’était retirĂ© de ses entrailles, elle Ă©tait restĂ©e prostrĂ©e un instant, laissant la semence couler le long de ses cuisses. Puis elle s’était retournĂ©e, s’était amoureusement blottie dans ses bras et le remerciant de tout son cĹ“ur. Ce soir-lĂ , elle s’était endormie dans ses bras comme une bienheureuse et au petit matin, il l’avait Ă nouveau honorĂ©e, mais comme la plus prĂ©cieuse des princesses cette fois-ci.Comme tout ceci lui semblait loin ce soir, sur le pas de la porte de la confidente de sa maĂ®tresse…Sophie ne paraissait pas très heureuse de le voir, surtout Ă une heure pareille ! Mais intĂ©rieurement, elle jubilait. Si Pablo Ă©tait sur le seuil de son studio avec cet air de chien battu, cela ne pouvait signifier qu’une seule chose : son plan fonctionnait Ă merveille.— Que viens-tu faire ici ? Surtout Ă une heure pareille, le rudoya-t-elle vivement.Visiblement elle aimait le faire souffrir. Il hĂ©sita quelques secondes et s’apprĂŞtait finalement Ă partir, quand :— Ça a pas l’air d’aller très fort, allez tu peux bien rentrer un moment.Il bredouilla un merci du bout des lèvres et pĂ©nĂ©tra dans son petit studio, parfait reflet du caractère de sa locataire. Elle Ă©tait passionnĂ©e par tout ce qui avait un rapport ne serait-ce qu’infime avec la civilisation celtique. Les murs Ă©taient placardĂ©s de photos de runes, de dolmen, mais aussi de tableaux reprĂ©sentant druides ou princesses plongĂ©s dans une inquiĂ©tante forĂŞt peuplĂ©e de fĂ©es et de trolls. Cela lui paraissait assez puĂ©ril, mais elle, elle prenait ces idĂ©es très au sĂ©rieux. D’ailleurs c’était elle qui, pour la première fois, avait entraĂ®nĂ© Mariane dans ce dĂ©testable pub. Nouvelle envie de meurtre…Il se laissa lourdement tomber sur le canapĂ© en poussant un profond soupir. Si Sophie avait pu ne serait-ce que soupçonner qu’il s’était vautrĂ© dessus avec Mariane, faisant passionnĂ©ment l’amour, elle serait rentrĂ©e dans une rage folle et l’aurait jetĂ© dehors sur-le-champ. Il se souvint que du sperme avait coulĂ© sur le tissu et que sa dĂ©licieuse maĂ®tresse (du moins elle l’était Ă ce moment-là …) s’était appliquĂ©e Ă le nettoyer Ă petits coups de langue gourmands. Tout lui rappelait Mariane. C’était une situation invivable.— Elle me trompe, n’est-ce pas ?— Qui donc ? le taquina-t-elle, narquoise.Il lui jeta un regard noir.— On peut dire que tu as un sacrĂ© culot ! C’est toi le mec mariĂ© dans l’histoire, je te rappelle ! Comment peux-tu dire qu’elle te trompe alors que tu l’as si souvent encouragĂ©e Ă aller voir ailleurs ?Il ne savait quoi rĂ©pondre. Ă€ l’époque, il pensait juste que ce serait une expĂ©rience des plus excitantes pour leur couple illĂ©gitime.— Et puis… depuis le temps que tu la nĂ©gliges…— Parce que peut-ĂŞtre que ce jeune blanc-bec s’occupera mieux d’elle ? Ce doit ĂŞtre le genre de mec qui couche avec la première qui passe. J’ai pas envie que Mariane souffre Ă cause d’un salaud pareil.— Et tu crois qu’elle fait quoi depuis des semaines ? Ça se voit que c’est pas sur tes Ă©paules que coulent ses larmes et que ce n’est pas toi qui les sèches ! Pourtant, tu devrais. Mais comme tu n’accomplis pas ton devoir d’amant, de chĂ©ri ou tout ce que tu veux, c’est normal qu’elle ait trouvĂ© quelqu’un de plus apte Ă lui redonner le sourire et Ă la rendre heureuse !Pablo se leva d’un bond, en pleine fureur. Sophie jubilait et n’arrangea rien Ă son Ă©tat. C’était vraiment jouissif pour elle de le voir autant bouleversĂ© pour une jeune fille qu’il s’était jurĂ© de ne jamais aimer.— Alors si tu veux tout savoir, oui, elle te trompe ! Mais Ă mon avis, il te sera facile de la rĂ©cupĂ©rer, ajouta-t-elle en murmurant, un sourire malicieux aux lèvres, lorsqu’elle vit Pablo se prĂ©cipiter vers la sortie, une seule idĂ©e en tĂŞte : se battre en duel avec ce barman et rĂ©cupĂ©rer sa belle et « pure » princesse.(…)Sophie se jeta aussitĂ´t sur le tĂ©lĂ©phone :— Mariane ? Mon plan fonctionne Ă merveille ! Pablo vient de partir comme un fou au bar casser la gueule Ă ton pseudo amant !Ă€ l’autre bout du fil, Mariane Ă©tait saisie de stupeur. Elle avait trouvĂ© cette idĂ©e complètement stupide, et bien que visiblement elle fonctionnât, il Ă©tait clair qu’elle Ă©tait stupide, vu que Pablo avait dĂ©cidĂ© de s’attaquer Ă son prĂ©tendant. En mĂŞme temps, il fallait avouer qu’elle trouvait Ă cela un charme dĂ©suet qui n’était pas dĂ©nuĂ© de romantisme. Il Ă©tait craquant, ça la faisait encore plus fondre d’amour pour son homme… Mais bon, l’heure Ă©tait grave, les violons ce serait pour plus tard !Sans un mot, elle raccrocha le combinĂ© et se prĂ©cipita dans la rue, espĂ©rant trouver Pablo avant qu’il ne commette l’irrĂ©parable ou que cela le conduise sur un lit d’hĂ´pital. Ă€ peine le temps d’enfiler une veste en laine par-dessus son pyjama, et elle Ă©tait dehors.Elle se rua dans le pub, les joues Ă©carlates, les cheveux en bataille. Pablo Ă©tait dĂ©jĂ lĂ . Il ne fit pas attention Ă son entrĂ©e, tout occupĂ© qu’il Ă©tait Ă menacer le beau barman. Après l’avoir agressĂ© verbalement, il Ă©tait passĂ© Ă la violence physique. Il le saisissait par le col de sa chemise et n’allait sans doute pas s’arrĂŞter lĂ , lorsqu’il sentit une main se poser sur son bras. Cette main, elle s’était dĂ©jĂ tellement posĂ©e sur sa peau, qu’il la reconnut instantanĂ©ment. Il ne savait pas vraiment comment rĂ©agir : la repousser violemment ou se calmer et accepter le choix de Mariane. Il ne rĂ©agit pas assez vite et c’est dans son cou qu’il sentit les lèvres de la jeune fille dĂ©poser un doux baiser. Elle lui murmura Ă l’oreille :— Mon amour, je ne pensais pas que tu serais capable d’aller jusque-lĂ pour moi.Il Ă©tait estomaquĂ©, totalement perdu. Qu’est-ce que tout ceci pouvait bien signifier ? Il relâcha son emprise et sa « victime », blasĂ©e, retourna tranquillement derrière son comptoir. Ah, les amoureux… Comprenne qui pourra !Pablo se retourna vers la jeune fille. Son visage portait un air d’interrogation et d’incomprĂ©hension. Mais Mariane aussi voulait connaĂ®tre les raisons de l’attitude de son amant qui avait poussĂ© Ă cette Ă©trange histoire.— Je t’aime Pablo, tu le sais, je n’aime que toi et je crois bien que je ne pourrai en aimer d’autre. Alors sois rassurĂ©, je ne t’ai jamais trompĂ©, cette idĂ©e ne m’a mĂŞme jamais effleurĂ© l’esprit. Mais, toi ? Pourquoi ce comportement si Ă©trange ? Pourquoi ai-je eu l’impression que tu voulais me chasser de ta vie ? Et pourquoi maintenant t’en prends-tu Ă mon soi-disant amant ?— Je crois bien que je suis jaloux, rĂ©ussit-il Ă bafouiller un peu piteusement.Il ne parvint pas Ă avouer ses sentiments naissants pour sa jeune maĂ®tresse. Mais la jeune fille, habituĂ©e depuis quelque temps Ă recevoir si peu de Pablo, se satisfit entièrement de cette rĂ©ponse.— Je m’excuse de t’avoir donnĂ© l’impression de ne plus vouloir de toi, j’avais juste besoin de rĂ©flĂ©chir un peu. Mais voilĂ chose faite…La jeune fille lui prit la main et rapprocha ses lèvres des siennes. Sur ces entrefaites, Sophie fit son apparition.— Ah, ben je vois que j’ai ratĂ© le meilleur ! Enfin bref, je constate que tout se termine pour le « mieux », on va dire…Mais personne n’avait fait attention Ă sa prĂ©sence. Ni Pablo et Mariane qui se dirigeaient main dans la main, les yeux dans les yeux vers la porte de sortie, ni les quelques habituĂ©s du bar, qui seuls Ă©taient encore prĂ©sents Ă cette heure-lĂ et qui ne se prĂ©occupaient que de ce qui se passait dans leur verre.(…)Mariane l’avait conduit dans son appartement. Il s’était laissĂ© faire comme un enfant. Une fois Ă l’intĂ©rieur, elle se mit face Ă lui et entreprit de se dĂ©shabiller, lentement, pour faire monter le dĂ©sir en lui. En mĂŞme temps, elle lui parlait d’une voix langoureuse :— Il y a tellement longtemps que tu m’as pas fait l’amour. Si tu savais combien j’ai envie de toi…Il restait immobile, Ă la contemplait. Seuls ses yeux qui suivaient chacun de ses gestes et son sexe qui gonflait et se redressait Ă©taient animĂ©s de mouvement.La jeune fille se retrouva nue devant son amant. Elle alla s’allonger sur le lit et attendit qu’il vienne Ă elle. Il s’installa Ă ses cĂ´tĂ©s. Ses mains commencèrent Ă glisser lentement sur sa peau douce et lisse, une peau chaude qui exprimait dĂ©jĂ tout le dĂ©sir ressenti par Mariane. Ses gestes Ă©taient lents, tendres, habiles. Sa maĂ®tresse ronronnait, soupirait mĂŞme de temps en temps. Cela l’excitait encore plus de savoir que son plaisir montait. Il poursuivit longtemps ses caresses, explorant chaque partie de son corps. Ses petits seins, ses fesses, son dos, le creux de ses reins, tout le long de ses jambes, l’intĂ©rieur si soyeux de ses cuisses… Mais il rĂ©serva la caresse de son sexe Ă sa bouche.Elle poussait des soupirs de plus en plus fort. BientĂ´t ce ne seraient plus que des cris de plaisir. Son corps ondulait. Elle voulait des caresses plus appuyĂ©es. Elle voulait qu’il la prenne. Elle le supplia dans une sorte de miaulement plaintif. Ă€ son tour, l’homme se dĂ©shabilla avec lenteur, laissant la jeune fille admirer son corps en mĂŞme temps qu’elle poursuivait les caresses de Pablo sur sa poitrine. Elle le connaissait par cĹ“ur, la moindre cicatrice, le moindre grain de beautĂ©, pourtant elle ne se lassait pas de poser ses yeux sur lui.Il s’installa entre ses cuisses largement ouvertes. Elle lui demanda de lui faire l’amour lentement, comme lors de leur première fois, lorsqu’elle lui avait offert sa virginitĂ©. Elle voulait que ça dure longtemps, très longtemps. Il satisfit tous ses dĂ©sirs. Cette soirĂ©e Ă©tait la sienne. Elle Ă©tait la princesse qui ordonne, il Ă©tait l’humble serviteur qui exĂ©cute. Il Ă©tait aussi doux que possible, mĂŞme si parfois il avait envie de donner des coups de reins plus violents.Ses soupirs Ă©taient entremĂŞlĂ©s de mots d’amour qui le faisaient frissonner, ils ne lui avaient jamais semblĂ© aussi bons. Il se sentit le courage de lui en dire lui aussi, de lui dire LE mot d’amour.— Je t’aime, chuchota-t-il dans un souffle.C’est ce moment-lĂ que Mariane choisit pour laisser aller son plaisir. Elle Ă©tait tellement heureuse. Elle Ă©tait au septième ciel, dans un autre monde, comblĂ©e au-delĂ de toutes ses espĂ©rances. C’est dans cet Ă©tat second qu’elle laissa faire son amant lorsqu’il dĂ©cida, Ă la suite de cet orgasme, de profiter de son corps Ă sa guise pour se faire jouir.Ils s’assoupirent dans les bras l’un de l’autre, amoureusement. Tout ce qui venait de se passer ce soir Ă©tait oubliĂ©, et il n’était pas encore temps de songer aux consĂ©quences du lourd aveu que Pablo venait de faire Ă sa maĂ®tresse. Pas plus que de songer ce qu’il allait bien pouvoir raconter Ă sa femme pour avoir dĂ©couchĂ© Ă l’improviste. Il sera bien temps, demain…