N’est-il pas normal de croire que notre monde est constitué uniquement d’objets et d’êtres bien réels et palpables ? Seulement, ne vous êtes-vous jamais posé la question, ne fut-ce qu’une seule fois dans votre vie, que dans une autre dimension, il pourrait exister autre chose, d’autres éléments que nous ne maîtrisons pas. Cette autre dimension, Alice l’a découverte. Grâce à un objet tout à fait commun, que chacun possède chez lui, elle a connu une expérience unique. Même dans les plus romantiques de ses rêves, elle n’osa imaginer que son reflet dans un miroir pouvait être surprenant. Pourquoi doit-il rester prisonnier de ce cadre de bois ? Chacun d’entre nous possède une personnalité cachée. Alice, elle, a découvert la sienne…Alice, cette jeune fille de 26 ans, les cheveux mal colorés, était comme bien d’autres de son âge, fort réservée. Habitant encore chez ses parents, à Bruxelles, à deux pas de la Grand-Place, elle sortait rarement en boîte. Sa mère avait été un peu la même dans sa jeunesse. C’est donc dans ce sens qu’elle éduqua sa fille: Sorties interdites jusqu’à l’âge de 18 ans, ne pas ramener de garçons à la maison, telles étaient les contraintes imposées. Alice respecta à chaque fois les consignes parentales. Elle respectait ses aïeuls. Même à l’université, à l’ULB, elle restait souvent dans son coin. Elle n’eut pas le privilège de goûter aux affres du baptême lors de la rentrée académique. Cela lui avait été interdit, de sorte qu’elle n’a jamais été fort intégrée dans les petits groupes d’étudiants.Quand elle eut terminé avec brio ses études de médecin, il y a un an de cela, elle décida de quitter le cocon familial. Il était temps ! Les disputes avec ses parents, il faut l’avouer, souvent pour des peccadilles, devenaient de plus en plus fréquentes. Elle n’avait toujours personne dans sa vie. Mais c’était devenu une sorte d’habitude et elle ne ressentait pas vraiment le besoin, ni le courage pour entamer une relation amoureuse. D’ailleurs, à 26 ans, Alice était encore vierge. Oh, elle avait bien essayé de se masturber quelques fois, comme ses copines lui avaient expliquée: « Couche-toi sur ton lit et pense à ce beau garçon musclé qui t’embrasse », lui dit Véronique, sa meilleure amie à l’unif. Il paraît qu’une sorte de fourmillements aurait dû apparaître dans son bas-ventre mais non, rien ! Elle essaya alors de se caresser entre les jambes, avec un doigt, mais elle avait peur de se griffer et d’avoir mal. Elle avait entendu tellement de chose au sujet du dépucelage… Rien que le fait de toucher son clitoris la chatouillait, ce qui l’agaçait encore plus. Ce fut sa dernière expérience, il y a maintenant deux ans de cela.Cela faisait à peine une semaine qu’Alice avait trouvé ce petit appartement, à Neder-over-Heembeek (NOH). Les accès vers son lieu de travail étaient plus aisés: Elle avait été engagée dans un hôpital à Jette. Quittant sa chambre de jeune fille, il lui fallait à présent trouver de quoi meubler son nid douillet.—  »Véro, j’en ai marre de chercher seule, tu veux bien m’accompagner, ce serait génial de chiner ensemble, non ? », Lui téléphona-t-elle.Après s’être données rendez-vous au centre-ville, nos deux amies se promenèrent dans une petite rue où la majorité des magasins étaient en fait des boutiques d’antiquaires, pas trop chères. Comme jeune toubib, Alice ne pouvait se permettre de dépenser des fortunes.Une des boutiques l’attira en particulier: « Le boisseau d’or », au numéro 666 de la rue. De grandes affiches étaient collées sur la vitrine: « Liquidation totale ». Les deux comparses décidèrent d’entrer, avec la certitude de faire des affaires. Quelle aubaine !Un petit homme, le front largement dégarni, habillé d’un tablier gris sale, les accueillit en se frottant les mains.— Que puis-je faire pour vous aider, mesdemoiselles ? Il avait une voix nasillarde, presque effrayante. Il y avait quelque chose de tellement énigmatique chez cet antiquaire, qu’elle se sentait, à présent, mal à l’aise, déshabillée par le regard soutenu qui pesait sur elle. Alice ne demandait qu’une seule chose: Sortir le plus vite possible de la boutique. Néanmoins, pour éviter de plonger ses yeux bleus sur l’homme se tenant devant elle, elle se concentra sur l’objet de sa venue: L’achat de meubles. Son regard parcouru, de la gauche vers la droite, cette pièce sentant le renfermé, voire le moisi. Malgré le soleil qui brillait dehors, dans la rue, la boutique était à moitié plongée dans l’obscurité.Alice avança prudemment dans la pièce.— Avez-vous les fauteuils qui accompagnent ce canapé ?Elle montra du doigt un meuble imposant, style moderne, les cousins en tissu et les accoudoirs rembourrés.— Oui, il sont également en parfait état. Venez les essayer dans mon arrière-boutique.Alice se méfia du comportement trop généreux de son interlocuteur. Elle choisit plutôt de lui faire confiance sur parole. L’antiquaire lui avait fait une telle offre de prix qu’elle ne put refuser. Les conditions de ventes mises au point, elle quitta précipitamment le petit magasin et se retrouva enfin à l’air libre. Les deux amies flânèrent encore un instant avant de retourner chacune de leur côté, s’étant données rancart pour le lendemain.L’antiquaire arrêta sa camionnette le long du trottoir, sonna et entra après que le contact de la porte fut libéré. Dans la minute qui suivit, Véro et Alice se tinrent dans le hall de jour de l’appartement du deuxième étage de l’immeuble. Elles étaient impatientes de voir les meubles achetés la veille. Elles avaient eu toute la matinée pour leur faire de la place dans le salon. L’antiquaire avait heureusement emmené avec lui deux déménageurs. Sous le poids des meubles, leurs muscles se gonflaient à chaque mouvement. Ils étaient tellement costaux, à peine un petit peu plus âgés que nos amies. Véro, un petit peu nymphomane, leur aurait bien demandé d’essayer le canapé mais elle ne voulait pas incommoder Alice. Un jour, elle s’était laissée prendre par un réparateur télé, comme ça à la sauvette. Il voulait même la sodomiser mais elle voulait réserver cela aux très bons amis, pas aux inconnus qui risque de perdre leurs moyens et de la faire saigner.Véro savait que ce genre de situation dérangerait son amie. Elle s’abstint donc de tout commentaire. Une fois l’installation des meubles terminée et la transaction financière réglée, l’antiquaire revint sur ses pas. Il était vraiment bizarre, ce mec, se dit Alice. Puisqu’il avait presque vendu toute sa boutique afin de prendre un long repos bien mérité, lui avoua-t-il, il lui proposa un petit cadeau. Les deux déménageurs apparurent déjà dans l’embrasement de la porte, un lourd objet entre les mains. Il était entouré de papier pour le protéger et fortement ficelé. Alice aimait les cadeaux et les surprises. Elle accepta donc le présent. Le petit homme avait toutefois imposé une condition: Ne l’ouvrir qu’une fois qu’il serait parti. Etrange ! Un petit sourire maléfique sur les lèvres, il descendit l’escalier, accompagné de ses aides. Dommage, se dit Véro, elle se serait bien laissée posséder par ces deux beaux gars. Ce sera peut-être pour une autre fois…Alice et Véronique déballèrent le lourd colis. À présent que le papier gisait sur le sol, elles distinguèrent les détails de l’objet. C’était un miroir au cadre doré, vraiment imposant: Deux mètres sur deux. Les côtés du cadre étaient sculptés, formant comme une sorte de couples enlacés. Sur la partie supérieure, il y avait deux têtes de femmes dont les visages rayonnaient. Leurs lèvres étaient étrangement pulpeuses. Au fur et à mesure qu’Alice avançait pour observer ces décorations, les bouches de celles-ci semblaient s’entrouvrir. Alice recula, croyant que son imagination lui jouait des tours. Le verre était terni et piqueté dans un coin, mais la plus grande partie réfléchissait le visage des deux amies avec une netteté qui était presque hallucinante, comme si, en fait, elles se regardaient elle-même en chair et en os, et non leur reflet.Alice avança la main pour toucher le miroir et sentit le verre glacé de sa surface.Le retournant péniblement, tant il était lourd, elle aperçut des pattes métalliques sur les côtés, deux de chaque côté; Elles avaient manifestement servi à visser le miroir solidement à un mur ou une cheminée. Trouvant les outils adéquats, cela leur pris pratiquement une heure pour accrocher le miroir. Une fois solidement vissé au mur, dans le salon, elles reculèrent de quelques pas et l’admirèrent et ne regrettèrent pas un seul instant d’avoir accepter ce cadeau. Avec son cadre doré et son verre brillant, le miroir donnait à l’appartement une dimension nouvelle, apportant plus de lumière, d’espace et de profondeur. Il devait pourtant coûter une fortune, alors, pourquoi l’antiquaire lui avait-elle donné ? Alice était perturbée. Elle s’était tout de même promise de rendre visite à l’antique pour le remercier. Les deux copines continuèrent à ranger jusqu’au crépuscule.Le lendemain matin, Alice parcouru la rue dans laquelle elle avait trouvé la boutique mais déjà , la vitrine était occultée par du papier, un panneau « A VENDRE » avec seulement indiqué le numéro de téléphone d’une agence, pendait sur la porte. Résignée, elle rentra chez elle.Poussant la porte de son appartement, elle regarda immédiatement dans le miroir, comme attirée instinctivement par lui. La pièce qu’elle pouvait voir dans la glace était semblable à son salon, mais les objets y étaient inversés. En grimpant sur une chaise, elle pouvait la voir tout entière, à l’exception de la partie qui se trouvait juste derrière le mur.— Oh, comme j’aimerais voir cette partie-là  ! J’ai tellement envie de savoir ce qui se passe de l’autre côté !A peine eut-elle prononcé ces mots, qu’elle entendit une sorte de gémissement. Elle hésita un instant, puis descendit de la chaise qu’elle ramena maintenant vers l’arrière. Le son était étouffé par les bruits de la rue au dehors. Mais c’était comme quelqu’un geignant, elle en était certaine. Alice frissonnait malgré la chaleur de la pièce.Elle était vêtue d’une jupe ample et d’un T-shirt sans forme. Elle ne savait vraiment pas s’habiller. Elle avait l’habitude de voir tous les jours sa mère vêtue de la sorte.Elle se pencha en avant et appuya l’oreille contre la glace, pour écouter. Etait-ce possible que les sons provenaient du miroir ? La glace était plate et froide. Tout d’un coup, elle sentit une sorte de tension électrique. L’air dans la pièce se modifiait, se déformait, comme les ondes de chaleur s’élevant du sol surchauffé. Le son qu’elle parvint à entendre semblait étrange, assourdi et indistinct. Elle se sentit soudain attirée par la glace, comme par un aimant irrésistible. Elle put néanmoins faire un bond sur le côté et échapper ainsi à cette force invisible. Elle hallucinait complètement. Fatiguée de ses émotions, elle décida d’aller se coucher.Alice retira son pull, découvrant un soutien-gorge banal, à larges armatures, presque repoussant. Pourtant elle avait des seins magnifiques et elle ne s’en rendait même pas compte qu’elle possédait des atouts à faire détourner les regards de nombreux mâles. Ensuite, elle fit glisser sa jupe, découvrant sa culotte bleue à fleurs. Même dans le choix de ses sous-vêtements, elle n’avait pas de goût. Terminant de se déshabiller, elle alla prendre une douche. Elle fit mousser le savon Dove dans le creux de sa main et se frotta le corps, en commençant par les bras, puis les seins. Depuis peu, elle aimait se les toucher. Petit à petit, elle se rendait compte que ces caresses lui procuraient du plaisir. Elle s’attarda longuement sur les tétons. Son tour de poitrine étant de 100 C, elle avait besoin de ses deux mains pour prendre son sein. Elle le tenait par en dessous, le pressant légèrement pour mieux voir le mamelon qui commençait à se contracter. Elle ressentit, à ce moment, une décharge électrique provenant de son bas-ventre mais préféra ne pas continuer, ses craintes subsistaient … Elle se contenta donc de se laver rapidement, d’enfiler sa longue chemise de nuit à l’effigie de Mickey et s’endormit immédiatement, seule une fois de plus.Alice rêva qu’elle courait dans un long couloir; Et tout au fond du couloir, il y avait l’antiquaire chauve, qui la regardait, toujours son petit sourire pervers aux lèvres. Comme elle s’approchait, elle distinguait qu’il tenait son sexe rigide en main. Elle trouvait cela répugnant. Comme médecin, ce n’était pas la première fois qu’elle en voyait mais là , cela devenait obscène: L’homme qu’elle avait vu pas plus tard qu’hier, se masturbait devant elle, un énorme sexe, presque irréel, dans la main droite. Il se caressait, décalottant son gland à chaque mouvement, d’abord lentement, avec un bruit de succion, puis de plus en plus vite, jusqu’à ce que son liquide séminal commence à gicler de loin sur sa chemise de nuit, un long flot de sperme à l’odeur âpre.Alice cria et se réveilla ou pensa qu’elle était réveillée. Elle s’assit sur son lit, écoutant. Elle entendit quelqu’un chuchoter derrière la porte de sa chambre: « Viens, viens t’admirer dans le miroir, viens voir comme tu es belle ». Elle ne bougea pas, écoutant, couverte de sueur. Puis elle descendit de son lit et se glissa sans bruit vers la porte, la main tendue.Etrangement, elle sentit quelque chose couler d’entre ses jambes. C’était la première fois qu’elle avait cette sensation. De part l’aspect du liquide blanc et un peu gluant, elle comprit immédiatement que c’était de la cyprine. Elle faisait un rêve humide. Elle avait honte, surtout à cause de l’objet de sa réaction.A nouveau, elle entendit la voix lui demandant d’aller en face du miroir. Lentement, terrifiée, elle tourna la poignée et ouvrit la porte. Il n’y avait personne; Seulement le salon plongé dans la pénombre. Au loin, elle perçut une sirène. « Alice », chuchota la douce voix. « Allons, Alice, n’aies pas peur. Pourquoi as-tu peur, Alice ? »Elle s’avança dans la pièce. Tout au fond, elle aperçut son propre reflet, comme si elle se trouvait juste devant le miroir. Toutefois, elle s’y voyait nue alors qu’elle portait toujours sa robe nuit Mickey. Etrange. « Tu as peur, Alice ? », Chuchota-t-elle. Son reflet écarta les bras, telle un messie, ne cachant rien de sa nudité. Finalement, elle ne se trouvait pas si mal que ça. Elle pourrait même être jolie si elle s’habillait et se coiffait autrement. Contrairement à son image réelle, Alice se voyait coiffée d’un chignon, porté haut sur la tête, qui mettait en évidence son beau visage. Ses lèvres étaient charnues, attirantes comme sur les deux visages situés sur la partie supérieure du cadre doré. Le reflet lui sourit. Un petit peu rassurée, Alice finit par arriver péniblement vers lui. Elle sentit des picotements partout sur le corps mais quelque chose la força à avancer encore plus près de cette image d’elle-même, presque contre la glace. Soudain la voix lui murmura:— je suis ce qu’au fond de toi, tu désirerais être. Il est temps de t’initier dans certaines matières. Tu auras bientôt 27 ans et tu ne connais rien de l’amour.Croyant être encore dans son rêve, Alice écoutait. Cette voix l’hypnotisait littéralement.— Retire cette robe ridicule et viens vers moi »Exécutant ce que son reflet lui ordonna de faire, Alice approcha, nue comme un ver. Ses mamelons touchaient maintenant la glace froide, ce qui les faisait encore mieux se dresser. Finalement, la sensation du froid sur ses seins ne la laissait pas indifférente.Elle appliqua son front contre la glace plate comme pour essayer de regarder de l’autre côté du miroir. Elle eut l’impression d’entendre les sirènes hurlantes dans le lointain mais ensuite, les sons devinrent brouillés et déformés, et Alice fut attirée vers le miroir, la tête la première, si violemment et si soudainement qu’elle fit un bond en avant. Elle était attirée à l’intérieur du cadre par une sorte de puissant aimant. Elle ne pouvait absolument rien faire sinon de garder les yeux bien fermés et prier pour qu’elle puisse revenir dans le monde réel. C’était une expérience des plus étranges. Sentant la force magnétique lâcher son emprise, elle ouvrit les yeux et se retrouva, nue, dans le parc d’un magnifique château.A SUIVRE…