En manque… de toutLe bar commencait a se vider. Une heure trente du matin, l’heure de la prohibition nocturne approchait. La loi Californienne interdisant la vente d’alcool après 2h du matin, cela suscitait parfois des comportements Ă©tranges de la part des client, comme de commander cinq consommations juste avant l’heure fatidique. Mais rien de tel ne se produisit ce soir-lĂ Â : le Jeudi est un jour mort.Le barman, un grand blond de plus d’1m80, ses longs cheveux blonds touchant ses Ă©paules, et une barbe frisĂ©e lui entourant le visage, essuyait ses verres, attendant avec impatience le dĂ©part des derniers clients.Sur la piste, deux hommes et une femme dansaient sans se toucher. Le barman avait observĂ© cette femme toute la soirĂ©e. Elle faisait tache dans l’environnement. D’habitude, les pĂ©pĂ©es de son âge (elle semblait friser la quarantaine) restaient assises au bar, mais celle-ci s’était frĂ©nĂ©tiquement trĂ©moussĂ©e sur la piste pendant des heures, s’arrĂŞtant a peine quelques instants pour avaler d’un seul trait ses verres de Chardonnay, et pour relancer le juke box sur les Rolling Stones.Sa tenue aussi, Ă©tait unusuelle : pas maquillĂ©e, de courts cheveux d’un brun acajou Ă peine coiffĂ©s, une paire de jeans delavĂ©s qui mettaient ses fesses en valeur, et des baskets aux pieds. Mais des nichons ! Des nichons ! Il en Ă©tait hypnotisĂ©Â ! Ces deux globes s’étaient agitĂ©s sous ses yeux pendant des heures, au grĂ© de rocks endiablĂ©s, suscitant dans son calecon une raideur inconfortable.Les dernière notes de « Not Fade Away » s’estompèrent, et les deux cons mâles sur la piste se mirent a applaudir la femme. Elle les regarda avec un sourire moqueur, mais sans rĂ©pondre a leur Ă©bauche de conversation. Bien vite, ils se rendirent compte qu’ils Ă©taient de trop, et prirent la porte après avoir payĂ© leur note.Elle s’assit au bar, jeta un coup d’oeuil Ă sa montre.— 1h55. Met moi un Chardonnays, mon joli… et bois ce que tu as envie, c’est ma tournĂ©e.Et lĂ dessus, elle se dirigea vers les toilettes. Rapidement, faisant face au grand miroir, le barman sortit un peigne de sa poche et se refit une beautĂ©. Il Ă´ta sa veste noire, se dĂ©barassa de son noeud papillon, et ouvrit trois boutons de sa chemise blanche, laissant apparaitre l’ocĂ©an de robuste poils blonds qui couvrait sa poitrine.C’est Ă ce moment qu’elle rĂ©apparut. Etrangement, elle semblait avoir perdu son sourire. Elle se dirigea vers le juke box, et bientĂ´t la lente mĂ©lodie de « Cry to me » se fit entendre. La femme dansait lentement, les bras levĂ©s, tout son corps ondulant d’une facon lascive. Le barman se leva pour la rejoindre, mais un doigt impĂ©ratif le renvoya derrière son comptoir.Sans s’arrĂŞter de danser, elle fit passer son tee shirt par dessus sa tĂŞte, et le projeta vers le bar. Il l’attrapa au vol. BientĂ´t, le soutien-gorge suivit le mĂŞme chemin. Rapidement, le barman s’en alla verouiller la porte.« Cry to me » fut suivi de « Love in vain », plus lent encore, et Ă©trangement triste. Sans en ĂŞtre bien sĂ»r, il crut voir des larmes couler sur ses joues.Le silence se fit, et elle s’assit face Ă lui sur une haute chaise. Les imposantes rondeurs Ă©taient Ă quelques centimètres Ă peine de son visage, et son Ă©rection commencait Ă devenir douloureuse.— Tu es vraiment mignon… C’est quoi ton nom ?— SĂ©bastien…— SĂ©bastien… Un joli nom ! Moi c’est Jeanette !Elle prĂ©cisa en souriant :— Jeanette, suceuse de quettes…Ce disant, elle bomba la poitrine, la projetant vers l’avant. Comme prises d’une vie independante, les mains de Sebastien s’en saisirent, et se mirent Ă les caresser. Il sentit dans ses paumes deux longs tĂ©tons qui s’érigeaient.— Ils aiment les bisous, tu sais…SĂ©bastien ne se le fit pas dire deux fois. Ă€ demi Ă©tendu sur le comptoir, il sucait l’un après l’autre les tĂ©tons bandĂ©s, et sa langue parcourrait des arĂ©oles boursouflĂ©es de petites protubĂ©rances. Jeanette, quant a elle, caressait vigoureusement sa barbe, ses cheveux, et les poils de sa poitrine. SĂ©bastien se dit que jamais auparavant une femme n’avait si bien honorĂ© son systeme pileux.— Dis, SĂ©bastien, on pourrait parler au propriĂ©taire ?Cette Ă©trange question coupa son Ă©lan.— Mais pourquoi ? Il n’est pas ici, le patron, je ne le vois qu’une fois par semaine… Mais je peux lui faire une commission…— Eh bien, tu lui dira qu’il n’y avait pas de papier cul dans les toilettes des dames. C’est très gĂŞnant quand on a fait sa grande… Et puis pas de serviettes non plus. C’est moins grave, de toute facon, les robinets des Ă©viers ne fonctionnent pas. On en est rĂ©duite a se frotter les mains au mur…Cela dit, elle dĂ©posa deux billets sur le comptoir, raffla son tee shirt et son soutien, dĂ©verouilla la porte, et sortit. Une minute plus tard, la Honda grise quittait le parking dĂ©sert.A l’intĂ©rieur, SĂ©bastien savonnait vigoureusement sa barbe dans l’eau de vaisselle de ses verres.San Jose, Mai 2002.© Jeanne Libon (Jeanette).