Je suis un scientifique.Cette phrase semble avoir un sens différent pour le grand public et pour la communauté scientifique. La plupart des gens imaginent des blouses blanches et des fioles bouillonnantes, ou encore l’éternel savant ébouriffé, gentil mais toujours dans la lune. Mais pour nous, la science est un processus – beaucoup d’études pour maîtriser un domaine, puis un travail difficile, une documentation soigneuse, des vérifications par nos pairs, et enfin la publication. Dans certains domaines, surtout quand le travail a des conséquences directes sur l’homme, nous devons faire avec une réglementation très rigoureuse quant aux expériences que nous pouvons mener.J’accepte ces contraintes. Elles furent mises en place dans le but de garantir des résultats valides et éviter aux gens d’être exposés à des dangers inconnus. Mais il semble parfois que ce processus a l’effet contraire. Notre découverte a des implications profondes pour la société, et nous ne l’aurions jamais su si nous avions suivi le règlement. C’est pourquoi, maintenant que nos recherches sont sur le point d’être publiées, Gaby et moi avons décidé de mettre nos vies professionnelles en jeu. Nous pensons que vous DEVEZ savoir.Mon domaine est la biochimie, et plus spécialement la neuro-pharmacologie. Je suis (du moins pour l’heure) un professeur titulaire de l’Université d’Hawaii, prolongeant la ligne de recherches que j’avais commencée en post-doctorat dans l’Iowa. Le but de ce travail était de comprendre et, en définitive, de manipuler le cycle de l’œstrus chez différents animaux domestiques. L’œstrus est plus populairement connu sous le nom de » chaleurs » – la partie du cycle de la femelle où elle est fertile, souvent accompagnée de l’émission de molécules attirantes appelées phéromones, qui produisent les réactions bien connues chez les mâles de la même espèce. Quiconque ayant eu une chatte ou une chienne non stérilisée ou habitant près de quelqu’un qui en possède, sait ce qu’est l’œstrus.Le projet était difficile et ambitieux. L’œstrus est un phénomène très complexe qui implique potentiellement tous les principaux systèmes physiologiques. Il est déclenché non pas par une mais plusieurs horloges biologiques dépendantes les unes des autres. Il affecte le système endocrine, libérant un flot d’hormones qui agît comme un messager vers le cerveau, les organes internes et le système reproducteur. Ces derniers, en retour, entraînent des changements. Le milieu extérieur l’influence également – par exemple, le déroulement de l’œstrus varie considérablement selon que la copulation a lieu ou non et selon son moment.Notre projet fut un succès, bien au-delà de nos espérances. S’appuyant sur nombre de recherches faites par d’autres, nous avons appris qu’il y a plusieurs clefs chimiques dans le cerveau – les neurotransmetteurs – qui régulent le cycle. Mon travail produisit un modèle, une description mathématique de la manière dont ces régulateurs fonctionnent. Ce fut le chaînon essentiel, car il signifiait que nous avions un outil pour manipuler le processus.Après cinq mois de travail d’équipe, nous synthétisâmes un composé qui pouvait déclencher l’œstrus chez nos animaux de laboratoires. Les implications d’une telle drogue sont énormes. Pour commencer, imaginez une vache qui aurait trois ou quatre veaux par an au lieu d’un seul. Imaginez les propriétaires de chevaux de course qui pourraient mettre leurs juments en chaleur le jour où ils disposent d’un étalon. Imaginez des chiens de concours qui pourraient engendrer des milliers de descendants, au lieu de quelques douzaines. Imaginez l’élevage de nouvelles variétés d’animaux domestiques dans un court laps de temps, mais sans les dangers inconnus des manipulations génétiques.Notre drogue était efficace sur tous les animaux à qui nous l’avons donnée. Les rats furent les premiers, puis vinrent les chats et enfin les moutons et les vaches. Il n’y avait aucune modification de la drogue, seul son dosage changeait. Et ce fut l’aspect universel de l’effet qui me mena à me disputer avec Gaby.Gabrielle Mercer était une étudiante diplômée, une de mes assistantes de recherche. Elle passait le plus clair de son temps (en dehors de ses cours) au labo, soignant les animaux, faisant les injections selon le protocole expérimental et nous aidant à rédiger les résultats. Elle était très douée – intelligente, rigoureuse, consciencieuse et fiable. Et elle était très excitée au sujet de la drogue. Elle pensait que nous devrions publier immédiatement, en utilisant nos premiers résultats sur les rats, sans attendre ceux sur d’autres espèces.Nous étions dans le labo, dans la pièce des rats. Nous observions une femelle que nous avions dosée ; elle n’était pas sensée être réceptive, mais la drogue l’avait amenée à l’œstrus et elle en prenait la posture, la queue levée, le dos arqué, prête à l’accouplement. Dans les cages voisines, les mâles étaient en état d’alerte, reniflant et grattant sur le côté de la cage. J’essayais d’expliquer à Gaby pour la n-ième fois pourquoi nous ne pouvions toujours pas soumettre nos recherches à la vérification. » Mais, Gaby, tu ne comprends pas ? C’est le fait que nous ayons trouvé un modèle non spécifique qui est important. N’importe qui peut déclencher l’œstrus chez les rats par la force brute, en lui injectant les bonnes hormones en doses massives. Mais toutes ces approches sont spécifiques à l’espèce considérée, elles doivent être rigoureusement minutées, et elles ne nous apprennent rien du tout sur les mécanismes sous-jacents. C’est le fait que nous ayons une solution générale, qui fonctionne avec n’importe quel animal, à n’importe quel point du cycle, qui démontre une vraie compréhension. « » Je sais, répondit-elle, mais nous le savons déjà pour les rats et nous avons des données préliminaires sur les chats. La drogue est totalement différente de toutes les approches que nous avons pu voir dans la littérature. Pourquoi ne pas publier dans la presse et fixer nos priorités ? « » Ce n’est pas un concours, Gaby ! Nous devons être minutieux, et des résultats sur différents animaux sont la preuve. C’est l’affaire de quelques semaines, et nous aurons un papier pré-écrit et prêt à partir. Il n’y aura plus qu’à ajouter les données et donner le document. « Gaby rageait. » Bien, tu ne viendras me le reprocher si quelqu’un nous devance. Bon sang ! Toi, tu l’as, ton doctorat, mais certains d’entre nous doivent encore faire leurs preuves. « Je souris. » Et avec quelle réputation… Gaby Mercer, qui a vu sa carrière stoppée par sa précipitation à publier des résultats incomplets. Enfin, Gaby, un peu de patience ! En plus, ajoutai-je, il y a autre chose qui me trouble, et j’aimerais avoir un peu de temps pour travailler dessus. « Gaby leva les sourcils. » Ah bon ? C’est quoi ?J’aurais du lui dire d’attendre jusqu’à ce que je sois prêt. Mais j’étais habitué à lui soumettre mes idées, et je continuai sans réfléchir. » Je veux effectuer quelques simulations sur des modèles humains. « Les yeux de Gaby s’agrandirent. Puis elle éclata de rire. » Whoa ! Elle est bien bonne. Tu m’as vraiment fait marcher. Et moi qui aie cru que tu étais sérieux. Un modèle humain ! Amenez la ceinture de chasteté, je suis en chaleur ! « » Ca va, ça va, tu ne vas quand même pas te décrocher la mâchoire. Tu penses que c’est amusant, mais les humains aussi ont un cycle reproductif. Les femmes n’ont pas d’œstrus à proprement parler, mais vous avez un cycle menstruel. Si cette drogue entre dans la pharmacopée vétérinaire, elle sera présente dans l’environnement, et les humains y seront exposés. En fait, je suis prêt à parier mon salaire que quelqu’un l’essaiera sur sa petite amie, ou sur elle-même, juste pour rigoler. Et pour le moment, nous ne savons absolument rien sur ses effets éventuels. « Le sourire de Gaby s’était effacé. » D’accord, tu as raison. Je t’aiderai. » Elle attrapa mon bras et m’amena vers le bureau et son ordinateur. C’était à mon tour de rigoler.Mais trois heures plus tard, personne ne rigolait plus. Le super-ordinateur sur le campus avait effectué notre simulation et les résultats étaient déroutants. Interprétés dans un sens, la drogue avait causé peu d’effets, excepté un léger décalage du cycle menstruel. À lui seul ce résultat était significatif, car il signifiait que nous avions potentiellement un contraceptif. Mais une autre interprétation était possible. Et maintenant, c’était Gaby qui s’inquiétait. » Ca ressemble tant au résultats des animaux… Tu ne trouves pas ? Regarde les courbes d’œstrogène et de progestérone. Et celle la ? Qu’est ce que c’est ? Je ne reconnais pas du tout ce composé, dit-elle. « » Moi non plus, c’est sans doute l’indication que nous avons planté notre modèle. Cela peut arriver quand on introduit quelque chose de nouveau et de non prévu. « » Pas prévu est le mot. Mais en omettant cet élément, tout le reste ressemble à nos rates en chaleur. Comment cela est-il possible ? Les femmes n’ont pas de chaleurs ! « » Ce n’est pas la même chose. Tous les ratios des hormones sont erronés. Cela pourrait être un effet de bord du décalage du cycle menstruel. Ou alors le modèle est mauvais, ce qui est probablement le cas. » Je me rappuyai au vieux dossier en bois de ma chaise favorite lorsque je travaille sur l’ordinateur, et je ramassai une petite fiole de notre drogue magique. » Et sommes-nous certains que les humains n’ont pas d’œstrus ? « , demandai-je, fixant les cristaux pourpres dans le tube en verre. » Peut-être que c’est un peu plus subtil. Tous les autres primates ont des chaleurs – les chimpanzés, les orangs-outangs, les gorilles. Nous ne sommes pas si différents. » Je me reculai de la station de travail. » Viens, nous avons besoin de nous changer les idées. Allons dîner, je t’invite. » Je glissai la fiole dans la poche de ma chemise.Gaby et moi continuions notre conversation un peu moins bruyamment en descendant vers la plage. Nous avions eu quelques repas de travail ensemble, mais j’avais toujours pris soin de conserver des liens strictement professionnels. Cela n’était pas toujours facile, du moins pour moi. Gaby n’avait pas le type d’une playmate en double page, grande, un peu dégingandée et plutôt bien en chair, mais elle était attractive de bien d’autres manières – très intelligente, enthousiaste et posée, prompte à rire à une bonne blague. Mais elle n’avait jamais montré le moindre intérêt romantique à mon égard, ainsi qu’à n’importe quel autre homme, d’après ce que j’avais pu observer. Ni à aucune femme, pensai-je alors que nous arrivions.Bien que sur le front de mer, le Micky’s n’avait jamais été sur les guides touristiques. Il était petit et sombre, le long d’une route couverte de nids de poules qui descendait vers la plage, avec seulement un petit panneau sur le trottoir pour indiquer que l’endroit était tout sauf un chalet délabré. Au fond, il y avait une terrasse avec un bar silencieux, avec à l’intérieur de confortables alcôves. Gaby et moi allâmes vers l’une d’elles. » En fait, commençai-je alors que les plats arrivaient, les humains n’ont pas d’œstrus parce que les femmes sont tout le temps en chaleur. « Gaby eut l’air choquée pendant un moment, puis sourit. » Je n’avais pas vu la chose sous cet aspect, mais pourquoi pas. En excluant éventuellement la période des règles, les femmes peuvent avoir et ont des rapports sexuels quand elles le souhaitent. « » C’est exactement ce que je voulais dire. Les autres animaux ont des périodes de chaleurs et copulent… euh, s’accouplent comme des fous à ce moment. Mais le reste du temps, ils restent complètement indifférents au sexe. « » Pour les femelles, en tout cas. Les males peuvent être en rut n’importe quand, à partir du moment où il y a une femelle en chaleur dans les parages. Alors il se la copule comme un fou. » Gaby souriait de plus en plus à mesure que je rougissais. » Bon d’accord, je suppose qu’il est idiot d’essayer d’être aussi » clinique « . Mais tu sais, j’essaye de séparer les relations professionnelles des relations personnelles. « » Quelles relations personnelles ? demanda Gaby. Tu n’as pas eu un seul rendez-vous galant depuis que tu es arrivé de ton ancienne université. « J’ai du rougir à nouveau. » C’est amusant de voir que tu l’as noté. » Je la regardais fixement, et son regard croisa le mien. » Je pourrais dire la même chose à ton sujet. Entre tes cours et les heures que tu passes au labo, il ne te reste pas beaucoup de temps pour avoir une vie sociale. » Gaby baissa les yeux et se concentra sur son hamburger.Je ramenai la conversation sur un terrain plus sûr. » A propos des mâles, que penses-tu des phéromones ? C’est une partie essentielle de n’importe quel cycle d’œstrus. Les femelles émettent toujours une hormone qui indique au mâle qu’elle est réceptive. « Gaby but une gorgée de son soda et dit » Voici un argument de plus contre la présence de l’œstrus chez l’être humain. S’il existait une substance qui déclenchait cette sorte de réponse primaire chez le mâle humain, ne l’aurions nous pas déjà trouvé ? Je veux dire, imagine le marché d’un tel aphrodisiaque. « » Tu as peut-être bien raison. Même si nos lointains ancêtres répondaient aux phéromones, nous avons probablement perdu ce sens avec la perte quasi totale de notre odorat. « » Encore une fois, je ne sais pas. Les phéromones sont très spécifiques d’une espèce à l’autre et sont des molécules extrêmement complexes. Nous ne les avons peut-être pas remarquées, alors qu’elles existent bel et bien. Ou alors elles ont été découvertes et passées sous silence parce que trop dangereuses. « Gaby avait l’air sceptique. » Il est impossible de cacher une chose pareille. Cela aurait été révélé. Même si le premier chercheur l’avait tu, le suivant l’aurait consigné, ou alors le suivant… « » En supposant que ce soit à la portée de plusieurs chercheurs indépendants. N’oublie pas que les domaines de recherche sur les humains sont beaucoup plus lents à cause des protocoles expérimentaux. « » Exact. Alors… » Gaby avait l’air très hésitante, jouant avec la sauce dans son assiette. » … Alors si notre drogue à un effet sur l’homme… » Elle me fixa. » … Comment le saurons-nous ? « Cette question resta en l’air un tout petit peu trop longtemps.Gaby brisa le silence par un murmure. » Nous n’avons aucun moyen d’avoir la permission de faire des expériences sur l’homme pour le découvrir avant que nous soyons prêts à publier. « » Alors, ajoutai-je, Pandore a ouvert la boîte. Seulement ce coup-ci, elle a une idée assez précise de ce qu’il y a à l’intérieur avant de le faire. « Gaby continuait de me regarder avec cette expression interrogatrice. Nous fûmes interrompus par le serveur qui amenait l’addition. Elle me regardait toujours alors que je jetai un œil derrière moi. Cela me prit une minute pour comprendre où elle voulait en venir. N’ayant pas envie d’entendre sa réponse, je dis » Que penses-tu que nous devrions faire ? « Elle ne répondit pas pendant une seconde ou deux. Puis elle s’allongea sur la table dans ma direction et atteignit la poche de ma chemise. Quand elle se redressa, sa main tenait une petite fiole de verre contenant des cristaux pourpres. » Gaby, c’est absolument insensé. Et idiot. Sans parler de l’éthique. Nous n’avons pas la moindre idée des effets que cela peut avoir. Tu pourrais te faire toute sorte de maux, tu pourrais même devenir stérile. « » Nous DEVONS savoir » répéta Gaby.Je pris une profonde inspiration. Cela devenait sérieux. » Même si nous le faisions, les résultats seraient impubliables. Tu parles de ruiner ta carrière ! Gaby, nous ne sommes pas au Victorian London et tu n’es pas Jeckyll. « » Tu as dit toi-même que la simulation que nous avons réalisée était inutile, que la drogue est trop différente pour avoir des résultats valides. Un test humain est le seul moyen. « » Tu sais parfaitement que de tels résultats seraient irrecevables comme données. Il n’y a qu’un sujet, aucun contrôle, aucun protocole. « » Même si cela ne nous fournissait qu’une seule donnée, cela serait infiniment mieux que zéro, puisque nous n’en avons aucune. « » D’accord, d’accord. Mais n’oublie pas, si le modèle est valide, tu es susceptible de ne ressentir aucun effet négatif, et voire même aucun effet visible. Mais s’il n’est pas valide, comme tu le dis, alors tu n’as pas la moindre idée des résultats que cela peut avoir. Tu pourrais mourir, ou avoir des séquelles au cerveau, ou… n’importe quoi d’autre. » J’essayai d’attraper la fiole. Elle la recula. » Nous ne savons pas comment interpréter le modèle. Peut-être est-il parfait. Peut-être est-il très incomplet. Quoi qu’il en soit, les chiffres ne nous disent pas ce que fait la drogue, subjectivement. Nous devons savoir. » répéta-t-elle. » Attends. Nous ne connaissons même pas le bon dosage, ni la durée des effets, s’ils existent. Gaby, je ne te laisserai pas prendre de tels risques. « » Tu ne me laisses pas, moi, prendre des risques ? Non mais pour qui tu te prends ? » Elle était vraiment en colère. Il fallait que je reste calme et que j’essaye de contrôler la situation. » Je suis le principal chercheur de ce projet. Je suis ton tuteur universitaire. Je suis ton ami, enfin je l’espère. En chacune de ses qualités, je te le dis : tu ne dois pas faire ça. « Gaby baissa la tête. Doucement, elle posa la fiole sur la table et la poussa vers moi.Je laissai la fiole où elle était. » Merci » dis-je.Mais quand elle leva ses yeux vers les miens, je vis qu’elle n’avait toujours pas abandonné l’idée. » Alors nous allons seulement continuer. Nous allons publier les résultats, ils vont être mis sur le marché, ainsi toute la race humaine sera un sujet d’expérimentation. « Son regard était suppliant. » Il y a déjà les effets sur l’environnement des pesticides et autres insecticides. Certains sont inspirés d’hormones naturelles et ont déjà affecté la faune et la flore. Ils persistent dans la nature. Ils causent des malformations fœtales, ils interfèrent avec la reproduction. Les humains aussi sont concernés, et en subissent potentiellement les effets : baisse de la qualité du sperme, fausses couches, cancer… « » Dites-moi, monsieur le chercheur principal. Que va-t-il arriver lorsque notre petite création sortira d’ici ? Et quand ils viendront et te demanderont comment tu as pu laisser partir une telle trouvaille, que vas-tu leur dire ? Que le risque courue par une amie était plus important que la vérité à propos de ta précieuse drogue ? « Le serveur vint et repartit avec ma carte de crédit. Personne ne parla pendant qu’il était parti. Quand il apporta la note, il versa de l’eau dans nos verres. Je regardais la petite fiole. Je la regardais toujours quand Gaby l’atteignit et l’attrapa. Elle dévissa le couvercle et forma un tas minuscule sur sa serviette. » A peu près trois cristaux, je pense « , préconisai-je. Ma propre voix semblait enrouée à mes oreilles. » Ne les avale pas, les acides gastriques les dégraderaient. Le mieux est les faire fondre sous la langue. « » Non. Je pense qu’une autre muqueuse serait plus appropriée. » Gaby poussa soigneusement trois cristaux sur son set de table et remis le reste dans la fiole. Elle remit la petite bouteille dans la poche de ma chemise. Puis elle mouilla le bout de son doigt et ramassa les trois cristaux. Elle recula ses mains et les fit passer sous la table. J’entendis alors le bruissement de sa jupe alors qu’elle arqua brièvement le dos. Encore le bruissement. Elle essuya ensuite son doigt sur sa serviette. Elle me regardait droit dans les yeux. » Combien de temps penses-tu que cela va prendre avant que je ressente les premiers symptômes ? » demanda Gaby. » L’éternité, j’espère, répondis-je. Peut-être auras-tu besoin d’un tampon quelques jours plus tôt. « » Je souhaite que tu aies raison. Dit-elle. Sortons sur la terrasse. « La vue sur l’océan s’offrait à nous au sud. Les vagues arrivaient et déferlaient le long du remblai. Nous nous appuyâmes sur la rambarde, nous regardions les derniers rayons du crépuscule. La nuit était chaude, avec une brise douce et irrégulière venant de l’Ouest. Le restaurant n’était pas très plein, trois hommes étaient au bar et quelques couples dînaient sur les tables à l’extérieur. De la musique pré-enregistrée emplissait la salle, un jazz doux, pas cette mixture hawaïenne à touristes des autres bars. Cela aurait pu être romantique si je n’avais été aussi inquiet. » Gaby, je vais rester avec toi pour le reste de la soirée. Si quelque chose arrivait, tu pourrais avoir besoin de quelqu’un qui est net. » Je marquai une pause. » Il y a longtemps, j’ai pris quelques… hum, substances. C’était toujours bon d’avoir quelqu’un à proximité, au cas où cela aurait mal tourné. « » Merci, je suis sure que tout ira bien, mais tu peux venir en qualité d’observateur impartial. De toutes façons, ta compagnie n’est pas un problème pour moi. En fait,… » Elle laissa sa pensée mourir.Si elle était sur le point d’exprimer quelque attirance pour moi, je ne le relevai pas. Ce soir, je devais être objectif. Ça n’était pas facile, avec cette brise tropicale du Pacifique qui jouait avec les petits cheveux qui refusaient de rester dans sa queue de cheval. Gaby était radieuse ce soir. Comment cela se faisait-il ? N’était-ce pas à cause de ce qu’elle venait de faire avec les cristaux ? Je tendis la main et touchai son avant-bras. Elle se retourna et me fit face, dans un mouvement qui tranchait avec son calme gracieux habituel. Dans la pénombre, je n’en étais pas sûr, mais il m’avait semblé que ses joues avaient rougies. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais se rapprocha simplement de moi. Elle était belle, si belle…Deux secondes ! Quelque chose ne collait pas. Je n’aurais pas dû penser comme cela. Mais son souffle était si chaud, et si rapide. Mon cœur battait fort. Je regardai ailleurs.Soudain je portai mon attention sur les trois hommes au bar, tout au fond de la terrasse à gauche. Ils avaient arrêté de parler et regardaient dans notre direction. Leurs expressions étaient étranges. Alors que je regardai, l’un d’entre eux se leva de son tabouret, un peu chancelant ; ses yeux ne cillaient pas. » Je crois que nous ferions mieux de partir. » Gaby ne répondit pas. Elle était rentrée et s’appuyait tout contre moi, sa poitrine et ses hanches. Je jetai un œil vers le bar. Les trois hommes étaient debout et commençaient à venir dans notre direction. Je pris le bras de Gaby et la menai jusqu’à la sortie.Je lui fis rapidement traverser le restaurant. Quand nous atteignîmes la rue, je jetai un coup d’œil derrière moi. Les trois hommes avaient été rejoints par un quatrième, ils sortaient du restaurant avec un regard abasourdi. Puis ils se ressaisirent et se tournèrent dans notre direction. Je pressai Gaby. Elle tenait ses bras autour de moi et murmurait quelque chose dans ma chemise ; je parvins malgré tout à avancer.Nous étions à cinq blocs de mon bungalow. Les quatre hommes nous suivaient. Et ils gagnaient du terrain. Je ressentais un absurde mélange de peur et de jalousie. Elle était à moi ! Je serrai Gaby plus fermement et la pressai vers l’angle.Nous tournâmes à droite. La brise était plus forte, nous l’avions dans le dos. Nous étions à moins d’une moitié de bloc lorsque les hommes atteignirent l’angle. J’étais sur le point de céder à la panique, mais Gaby semblait ne pas les avoir remarqués. Je regardai à nouveau derrière. Ils étaient toujours à l’angle. Ils s’étaient arrêtés et regardaient autour d’eux, troublés. Dans un coin sombre, entre deux lampadaires, je tenais Gaby. Les hommes à l’angle regardèrent encore quelques secondes, puis tournèrent les talons et repartirent vers le Micky’s. J’entendis leurs voix se taire et un éclat de rire étrange alors qu’ils partaient.Gaby se frottait maintenant contre moi, comme un énorme chaton. La brise s’éteignit à nouveau et je sentis soudain monter en moi … une sensation que je ne saurais nommer. Je secouai la tête et bougeai pour nous déplacer. La seule chose dont j’étais certain était que nous étions devant le porche de mon bungalow.Gaby faisait du bruit, me frottant avec ses mains et son corps. Je fouillais mes poches pour trouver mes clefs. Soudain, un vêtement défila autour de moi, puis disparut ; Gaby se tenait debout en culotte et en soutien-gorge. Elle était en train de défaire le haut, euh non, de le pousser sur le côté et Oh mon Dieu, que nous arrive-t-il ?La brise revint et emporta la robe que Gaby venait d’enlever. Elle vola jusqu’au porche puis revint par ici contre le treillis. Mon esprit était soudainement plus clair et je glissai la clef dans la serrure, j’ouvris la porte et je poussai Gaby à l’intérieur. J’allumai la lumière de l’entrée. Un battement de cœur plus tard j’étais parti à nouveau. Gaby se tenait sur ses coudes et sur ses genoux. Elle avait libéré un de ses seins de son soutien-gorge, son téton gonflé et tout dur ; une de ses mains appuyait avec insistance entre ses deux jambes. Elle émettait des gémissements incohérents. J’étais moi aussi sur les genoux. Je collai mon nez sur son entrejambe et respirai profondément, profondément.Sans vraiment m’en rendre compte, mon short était arraché. C’était un soulagement énorme. Mon érection était douloureuse et était refroidie par sa propre humidité dans la brise fraîche. Je devais la réchauffer. Il fallait que je pénètre Gaby. Je me plaçai de manière à être au-dessus d’elle, je donnai un bon coup de rein entre ses jambes – Frustration ! Encore. Et encore. J’entendis un son provenant du plus profond de la gorge. C’était ma propre voix.La brise soufflait dans le hall. Je levai la tête. Danger ! Je rampai jusqu’à la porte encore ouverte derrière nous et la fermai. Le temps d’une inspiration et je savais ce qu’il fallait que je fasse. Je me retournai vers Gaby, qui se caressait d’un doigt dans sa culotte, toujours à genoux, le dos arqué et les fesses en l’air. J’attrapai cette barrière de tissu et tirai un coup sec. Gaby poussa un gémissement. Je tirai à nouveau. Il y eut un bruit de déchirement ; les restes de la culotte tombèrent le long d’une jambe. Les cuisses et l’entrejambe de Gaby étaient lisses et luisantes. Je l’attrapai et entrai en elle d’un seul coup de rein. Ensemble, nous grognâmes de satisfaction.Gaby venait déjà, avec un spasme frénétique amené par ses propres doigts et par la sensation d’être pénétrée. En deux vas-et-vients, je vins avec elle, martelant mon jus au fond de sa chatte trempée. C’est ainsi que tout commença.Je garde quelques souvenirs cohérents des heures suivantes. Je me rappelle que nous n’avons pas quitté le hall d’entrée et que nous avons passé le plus clair de notre temps l’un dans l’autre. Tous les deux avons eu des orgasmes répétés. Ceux de Gaby semblaient presque continus. Je n’ai jamais perdu cette érection intense, même après être venu plusieurs fois. Nous n’avons pas dormi. Nous ne faisions pas l’amour, nous baisions ; nous copulions tels les pré-humains que nous étions devenus, guidés par l’instinct et par le besoin plus que par le plaisir.Ce qui me ramena à mes sens fut un besoin urgent d’uriner. Mon érection m’en avait empêché. J’essayai de me lever et je réalisai que Gaby était couchée sur mon torse, un bras tenant ma jambe, sa motte contre ma hanche. Elle était réveillée et respirait normalement mais alors que je remuais, elle protesta sans articuler et me serra plus fort.Je la pris tendrement par les épaules et la déposai à côté de moi. Son soutien-gorge était encore sur elle, mais ses adorables et guillerets petits seins s’en était libérés depuis bien longtemps. Sa culotte déchirée était toujours autour de sa jambe gauche. Elle jeta son bras autour de mon cou et mis cette jambe décorée d’une culotte en travers de mon ventre. Mon érection était presque partie et il fallait que j’aille aux toilettes immédiatement. Je me dégageai et, baissant la main, je réalisai que je baignai dans une flaque de quelque chose. Je titubai jusqu’à la salle de bain et pus enfin me soulager.Ces quelques secondes passées dans la salle de bain m’éclaircirent nettement l’esprit. Je bus longuement de l’eau au robinet. Je réalisai que le jour était déjà bien avancé. J’enlevai mon pull, que je portais toujours alors qu’il était trempé de je ne sais quoi. Je l’essorai puis le reniflai. Instantanément, je fus assailli de sensations – souvenirs des images de Gaby, de moi et Gaby, de coups de rein, de pénétrations… Je jetai le maillot dans le panier de linge sale et je secouai la tête pour recouvrer mes esprits. Je baissai les yeux pour voir une nouvelle érection montante.