Résumé de l’épisode 1 : Chercheurs au laboratoire de neurobiologie expérimentale du Professeur Leschtein, Tiphaine et Jeff se sont lancés dans une expérience infernale : échanger leurs corps en transférant les esprits d’un cerveau à l’autre. Après un transfert réussis dans le plus grand secret – personne d’autre n’est au courant – chacun est rentré chez soi pour s’endormir rapidement, épuisé par la fatigue de l’opération. L’échange ne doit durer que trois jours et les polissons se sont accordés pour s’amuser un peu et même beaucoup, plutôt que de multiplier les tests cliniques : on n’a qu’une vie !***Dring, dring !Je suis en train de rêver, zut, le téléphone ! Dans un brouillard, je me redresse pour me lever et je pousse un cri : que fait Tiphaine dans ma chambre, à poil en plus !Mais non, c’est mon reflet dans la glace et toute l’histoire me revient à l’esprit. J’ai plutôt mal à la tête et je trouve ce corps lourd, et ces gros seins, quelle place ça prend quand même, ça ballote dès qu’on bouge un peu !— Allô ? je dis.— Allô, c’est Jeff ?— Moui, qui le demande ?J’articule péniblement, de plus en plus nauséeux suite au réveil surprise, la tête me tourne, puis, entendant ma voix féminine, je m’empresse de chuinter :— Excusez-moi, j’ai une extinction de voix !Puis j’entoure le combiné avec un mouchoir tout en m’apprêtant à japper d’une voix plus grave.— Ben, voilà, je suis Sylvie, la copine de Laurence et…— Ah oui, on s’est vu à la foire du trône !Je fais le poli, pas rancunier envers cette goudoue qui m’a piqué ma meuf.— Oui, vous avez toujours un sac d’affaires et elle n’ose pas vous le demander.— Je peux l’apporter, ou le confier à quelqu’un qui va à Paris ?J’essaye de réfléchir à toute vitesse, c’est ce genre de contact qu’on s’était promis d’éviter, mais la sonnerie m’a piégée dans mon sommeil. Je voudrais surtout pas jouer à « Tiphaine décroche le tel de chez Jeff ».— Non, pas maintenant, je suis en province en ce moment, la semaine prochaine ce serait possible ? elle demande.— Bon, peut être, selon mon emploi du temps, vous me rappelez en milieu de semaine, je réponds.— Alors c’est d’accord, elle raccroche.Elle s’emmerde pas celle-là ! Bien, j’ai gagné du temps. Elle me gonfle avec le sac, et puis il n’y a qu’un pull et trois babioles, pas de quoi en faire un plat. Une question de principe sans doute. Il me vient alors une idée saugrenue, mais oui ! c’est cela. Si Laurence ne veut pas me voir, c’est simple : je vais lui envoyer Tiphaine pour lui ramener son sac !Avant d’appeler, je prends mon pouls et ma température. Pour le moment tout va bien, je note dans mon calepin, au-dessous des mensurations que m’a données Tiphaine. Normalement on devrait bénéficier d’un suivi médical complet, mais avec notre coup en douce, ce n’est pas possible. De toutes façons, les résultats sont plus que probants et maintenant l’idée, c’est de s’amuser un maximum, surtout que tous nos tests montrent qu’il ne faut pas recommencer : c’est la première et la dernière fois !Qu’y a-t-il de particulier dans « changer de sexe ? » bon, il y a sexe, c’est clair. Et puis j’ai déjà remarqué hier soir que le Nutella a le même goût. Ça doit être pareil pour la plupart des choses de la vie, pas la peine de perdre son temps.J’ouvre les rideaux de la chambre qui donne sur la verdure du parc. Houa ! voilà le grand beau temps. Froid mais beau. La météo s’est encore viandée je pense alors, c’est bien la peine de leur payer des Cray ! Machinalement, j’ouvre le tiroir de la commode pour sortir un slip, puis je pars à nouveau dans mes pensées théoriques en repensant aux conversations avec un pote météo. J’enfile une jambe, l’autre, puis ça coince et je me casse la gueule comme une conne. Ben zut, mais qu’elle gourde, c’est pas possible !Je vais farfouiller dans le sac de fringues de Tiphaine et finalement je trouve les sous-vêtements qu’il faut. Devant la glace je ne peux pas m’empêcher de me mater un peu. Trop classe ce corps ! Non, classe, c’est pas le mot. Bandant, je dirais, mais non ! Ouais, mouillant alors ? Je mets la main dans ma culotte en me demandant ce qui me prend de m’habiller déjà, finalement, il y a mieux à faire ! Je force un peu, ouille, ça tire les poils, j’écarte alors un peu les genoux, affichant une position indécente devant la glace. Hum ! je vais me rentrer un doigt ou deux, chouette ! Ouille. Ben ça alors, c’est sec, fermé, pire qu’un… enfin bon, c’est pas disponible d’un claquement de doigt ! Non, évidemment pensé-je alors. Je suis vraiment con. Je commençais à m’habituer de penser « conne », mais là, non : con ça colle mieux ! Oh et puis zut ! j’ai trop faim d’abord. Je finis d’enfiler un tee-shirt sur le chemin de la cuisine.Pendant que le thé infuse, et que les tartines grillent – hum ! jamais je n’ai senti une si bonne odeur – je sors le deuxième bol pour le lait et les flocons d’avoine. Il va bientôt être midi, donc j’ai droit à deux repas. Étonnant quand même cette perception des odeurs, à moins que ce soit la méga faim ? Thé, tartines plus bol de flocons, ça va pas me suffire, et si je me faisais des œufs au jambon ? Si je n’allais pas faire un coup de moto-cross comme prévu, je me taperais bien une choucroute. Tiens, comme blague, je pourrais lui refiler trois kilos en trois jours, pas mal comme idée, non ?Je repense à l’appel de Sylvie, la copine de Laurence. Bon, elle n’est pas là et Laurence veut son sac, j’aurais tort de ne pas en profiter ! Moi qui me disais : mince, avec tout ce boulot, je n’ai pas eu le temps d’organiser les festivités, il va falloir improviser. Voilà une aubaine qui tombe à pic. Punaise ! déjà onze heures, bon, j’appelle :— C’est de la part de Jeff, c’est bien Laurence ?— Oui, qu’est-ce qui me veut celui-là ? répond-elle.— Euh, voilà, comme je passais pas loin, il y a des affaires qu’il voulait vous rendre : c’est moi qui les ai.— Mais vous êtes qui ? demande Laurence apparemment peu réveillée et pas pressée d’entendre parler de Jeff.— Je suis une collègue de l’université. Comme je passais dans le quinzième arrondissement, il m’a confié vos affaires.— Ah, oui. Bon, c’est quoi ? elle demande, et après mes explications : ouais, je l’aime bien ce pull. Tiphaine, c’est ça ?— Oui, je réponds en ne m’habituant décidément pas à ma voix, je suis dans le quinzième en fin d’après-midi, alors je passe ?Et voilà, le samedi qui est booké !***Ah ! l’odeur des œufs sur la plat quand on a faim, c’est quelque chose quand même. Quelle belle invention que l’œuf ! Qui de l’œuf ou de la poule ? Bon, un œuf, c’est le fruit – si on peut dire – d’une reproduction sexuée. Soudain je songe qu’un œuf sur le plat et une partie de jambes en l’air ont la même origine universelle profonde, je sens que le monde est bien fait.Je vais aller reprendre ma température…C’est pas le tout, maintenant faut finir ce petit déjeuner maousse, puis direction le terrain de cross ! Tout à mon sport favori, je n’ai pas la tête à des trucs érotiques. J’ai hâte de sentir la différence de pêche physique avec un corps de femme. Autant se mettre à faire ce que l’on fait de mieux.Dring, le téléphone sonne !Encore ? ah zut ! quel con, j’ai toujours pas mis le répondeur et je ne vais pas entendre qui c’est. Et si c’est Tiphaine, qui a un souci ? J’hésite, elle n’a qu’a appeler sur mon portable ! Ne tenant plus, je décroche.— Allô ?— Ouais, c’est Tiphaine, ça va ?Elle me parle avec ma voix, ce qui m’agace déjà.— Oui, il y a un truc qui va pas ?— Non, tout va bien, j’avais juste une question.— On avait bien dit : en cas d’urgence absolue, sinon, chacun pour soi ! Tu n’as pas de température ? je demande.— Ouah ! non, pas la peine, je me sens bien.— C’est malin ça, tu te souviens du hamster qu’a clamsé avec quarante-deux ?De la fenêtre de la cuisine, j’aperçois au loin quelques bâtiments du campus, c’est ce qui a dû me remémorer l’histoire du pauvre hamster.— Oui, bon, mais on l’avais mis avec une poule grippée alors…— Bon, c’est quoi ta question ?— Voilà, ma petite cousine prend sa douche en ce moment. Tiens ! je la savais chaude, mais saute-au-paf à ce point, alors…— Je ne veux rien savoir, on s’étais mis d’accord non ? C’est quoi ta question ?— C’est normal que je débande pas depuis hier soir ?Là, je commence à flipper parce que, je suis pas médecin, mais en tant que biologiste, je sais quand même que c’est pas bon, c’est un coup à se retrouver impuissant à vie, une crise de priapisme.— Euh, bon, comment ça se fait que t’arrives pas à jouir ? commence alors la télé-consultation.— Ah si, de ce côté-là, ça va. Bande de salauds ! Mais ça me fait pas débander et je redémarre aussitôt ou presque !— Mais t’étais pas crevée, t’avais pas envie de dormir ?— C’est ce que j’ai fait, mais je crois bien que je me suis endormi la queue raide, toujours dans la chatte de Fabienne d’ailleurs. Puis au bout de deux ou trois heures, je sens déjà le gourdin qui pulse et ça me réveille. Alors comme on n’a pas bougé, je l’embroche et au bout d’un moment elle se réveille et trouve ça bien. Faut dire que je l’avais tellement fait reluire avant qu’on s’endorme, ça y allait du premier coup.Me voilà sans voix. À moins qu’il me manque du café ou que mon esprit fonctionne différemment. Voilà Tiphaine qui me parle comme un queutard endurci, le verbe routier, comme quoi l’esprit est faible quand la chair s’en mêle. Mais comment le seul fait de porter une queue fait parler comme ça ? Je ne comprends pas et regrette sur le moment que nous n’ayons pas opté pour une expérimentation plus scientifique du phénomène.— Dis-moi, t’as rien pris ?— Mais non, qu’est-ce que tu vas chercher ?— Euh, bon, je sais pas, essaye une douche froide, un film gore, va courir, un reportage sur le massacre des bébés phoques, mais faut te débarrasser de la petite et penser à autre chose.Je me demande alors comment elle a fait pour démarrer comme ça, sur les chapeaux de roues. J’imagine l’impossible :— Bonjour jeune fille, je me présente : Tiphaine m’a prêté son appartement, comme je bande comme un âne, ce qui est nouveau pour moi, j’aimerais bien vous alanguir un peu…Non, Tiphaine est trop maline, elle a dû concocter un plan en prévision de l’expérience. Je me demande comment elle s’est organisée pour amener la Lolita dans ses rets et se passer de quelques dîners préparatoires. J’imagine l’opération menée à l’avance, des mails enflammés…Ça y est ! je comprends maintenant pourquoi elle m’avait demandé mes photos de vacances. La Machiavel ! la Médicis, la, la… femme ! toutes les mêmes, surtout certaines ! Je songe alors à ma plaisanterie ratée, les trois semaines d’abstinence : amuse-toi avec ça ! Qu’est-ce qu’elle a dû lui mettre…Après un silence, elle finit par répondre :— Bon, ok, je vois ça et je te rappelle, clac !Zut alors, me dis-je en poursuivant mon petit déjeuner, les emmerdes commencent ! Quand même, elle exagère. Bon on s’était bien mis d’accord, on saute tout ce qu’on veut, mais : préservatifs, pas de milieu glauque, évitons les infréquentables, interdiction de se faire machiner le « one way device », etc.Dring ! Déjà ? je décroche en posant ma tartine.— Ouais ! je beugle, pas aimable d’entrée.— Ça y est, c’est bon, allez, salut ! elle dit de façon précipitée.— Attends attends, je dis, tu m’expliques un peu !— Bon, tu vas pas te fâcher, hein ?— Accouche ! j’intime, en craignant le pire.— Bon, alors, toujours avec l’envie pressante, je rejoins la petite sous la douche…— Et ?Faut que je lui tire les vers du nez !— Bon, j’enfile vite fait un préservatif, une petite giclée de gel et hop, me voilà qui surprend la donzelle par derrière, coucou je lui dis, tu tombes bien qu’elle répond, elle me prend la queue et me guide. Je t’ai pas dit : la gamine est très grande. Puis surprise : c’est dans son petit trou qu’elle m’invite !Là, je me dis : c‘est bon, ça suffit ! Le sens de l’humour à la con de Tiphaine est revenu. Elle fait que me vanner depuis tout à l’heure, elle est sous la couette à me promener. Mais non, ce n’est pas possible, l’entorse à la promesse concernant le téléphone :— Uniquement en cas d’urgence, croix de bois croix de fer… Ça doit être vrai !Tiphaine continue :— Apparemment, elle en était pas à sa première fois. Mais ensuite, bon, comment dire ? elle a eu un petit accident, et là, tu vois, ça fait débander ! Je t’explique…— Non, c’est bon, j’ai compris, je lance dégoûté.— Mais si, tu vas voir comment c’est gerbant, écoute…— Non, non, c’est bon, salut ! clac, je raccroche.Tiphaine qui m’explique la méthode miracle pour débander à l’heure du petit déjeuner, quand même, c’est un monde !Je regarde attentivement ma tartine de Nutella à moitié mangée… après un petit haut-le-cœur, elle finit à la poubelle. Heureusement que j’ai fini mes œufs. Quoique…J’arrive quand même à boire mon thé, songeur. Étrange quand même l’influence du corps sur l’esprit, je trouve que Tiphaine est plutôt changée. Mais on avait beau se confier des trucs, on ne faisait pas dans le salace. Comment est-elle réellement ? Finalement, ce n’est pas possible de connaître vraiment quelqu’un. Peut être qu’à la base, on se ressemble plus que ça n’y paraît, avec les femmes. Pour le moment, je me sens inchangé, l’esprit du moins.***Ciel magnifique ! Remis de mes émotions, j’approche du terrain en voiture, suivi de la moto sur sa remorque. L’attelage cahote sur les bosses, soulevant la poussière qui hésite à s’évanouir avant de glisser doucement vers le sud. J’aime ce terrain juché sur une butte boisée, entourée de champs verts. « Sauve-toi tit lapin » je chantonne en apercevant des chasseurs.Cachés par les buissons touffus, les véhicules à l’abri des bosquets ne sont trahis que par les reflets du soleil sur les pare-brises. Au loin j’aperçois entre deux grands arbres la silhouette furtive d’un pilote et sa monture volant un court instant, mon cœur s’accélère en songeant aux moments qui s’annoncent.Sans plan précis, j’ai envie de m’amuser un peu aux dépens des mecs du clubs : faire l’allumeuse ? parler façon corps de garde ? draguer la copine d’un pilote ? J’hésite, mais je pense surtout à en enrhumer un ou deux dans la ligne droite, surtout le frimeur, l’autre burne de macho, celui qui peut pas voir une fille passer sans dire une connerie du genre :— houa ! regarde celle-là, l’est trop bonne, j’lui tasse le caca !Poètes du soir, bonsoir, c’est le Nutella qui m’a fait repenser à la tirade. J’ai jamais réussi à lui rabattre son caquet à ce crétin, sous forme de répartie je veux dire, car lui tourner autour sur le terrain, ça ne compte pas vu que ce n’est pas une fusée.Je me dirige au fond du parking en terre battue, sous les arbres, près d’un virage. Tiens ! je reconnais la camionnette de l’autre : je me mets à coté, de façon à débarquer nos bécanes entre les véhicules. Il est en train de fourbir son matos, puis il se retourne et me mate déjà comme s’il voyait une femme pour la première fois. À peine sortie, j’entends la rumeur tonitruante qui enveloppe le circuit. Un tas de quatre temps aujourd’hui. Quand un gros cube passe devant nous, ça pulse un barouf qui fait vibrer la cage thoracique comme ferait un baffle de boîte de nuit.Plus tard, planquée par sa camionnette, j’enlève mon tee-shirt et me retrouve les seins à l’air. Il a déjà les yeux qui sortent des orbites, la langue qui traîne par terre façon Tex Avery.— Oui tu peux regarder ! Mais parfois ça fait chier grave d’avoir des gros nibards, je lance, sans gène, tout en parlant comme lui pour être sûre qu’il comprenne.Le crétin est sans voix, le vent glacé me fait tout de suite des tétons d’enfer, je passe le sous-tif de sport, et continue :— Ben oui, ça frotte sous le plastron, pas terrible ! Par contre, j’me nique jamais les burnes sur la selle moi, ha ha !— Euh, oui, c’est sûr…Le voilà qui ne sait plus si c’est du lard ou du cochon. Étrangement, j’ai dû me forcer pour faire sortir de ma jolie bouche ce langage de charretier.— Eh, t’as besoin d’aide pour monter dessus ? dit-il, goguenard.— T’occupe, je réponds.— Parce que c’est une moto d’homme, là !Ça y est, il n’a pas pu s’empêcher, à peine ébranlé, le naturel revient au galop.Comme d’habitude, je pars doucement. Bon, Tiphaine fait de la course de fond, ça devrait aller. Par contre, les biscotos, s’agirait pas que le guidon m’échappe des mains sur un saut ! On s’est promis de se rendre des corps en bon état. Tiens, les belles cuisses, c’est largement aussi costaud que les miennes pour se lever de la selle. J’adore ce terrain dans les bois, j’aime les grands arbres. Il suffit juste de ne pas sortir de la piste !Après à peine un tour ou deux, voilà le zigomar qui me fait un intérieur de bourrin, puis il sort à l’extérieur en faisant un travers de porc. Façon de parler. Ça m’étonne pas, il est encore plus con que ce que je pensais. J’en remets un peu pour suivre le crétin qu’envoie sans échauffement, il n’en peut plus après trois tours évidemment ; on sort du circuit.Alors qu’il a retiré son casque, j’arrive en descendant de la bécane tout en calant le moteur :— Tain ! Je pouvais me foutre de la gueule des mecs avec leurs burnes, je dis, me pliant en deux.— Un problème ? il demande, alors que je bloque la meule sur le lève-moto.Je suis haletante, comme on l’est généralement après un ride mais là, j’en rajoute.— Le double ! j’me suis mis court, putain ! j’me suis encastrée dans la deuxième bosse, tu vas pas me croire : j’me suis niqué le clito sur la selle !Il est plutôt blême, à nouveau sans voix. Les grandes gueules, parfois faut pas grand-chose. Je me retourne vite pour pas éclater de rire et pars fouiner dans la caisse à outils.Un double c’est deux bosses. Soit on saute gentiment la première, puis la deuxième, soit on y va en grand pour avaler carrément les deux. Le seul problème, c’est qu’il n’y a pas de solution intermédiaire : entre les deux, et on s’aplatit sur la deuxième bosse à l’atterrissage, façon glaviot ! Faut donc être vraiment sûr d’envoyer les quinze ou vingt mètres nécessaires.Je reviens en attaquant l’amortisseur au tournevis :— Qu’à cela ne tienne, y a qu’à durcir un max ! Et je serre à fond le réglage de la compression.Une nana qui attaque les réglages de suspension à chaud, lui qui sait rien faire, ça l’achève. Il repart, je le suis à distance pour le finir.Après cinq tours, ça y est, je suis tout près. Je vais m’envoyer le double sur sa tête. J’ajuste la sortie de virage qui précède l’appel, je me décale, qu’on ait chacun notre trace, la trois à fond, la quatre : waaaak ! Lui, il coupe les gaz pour amortir, moi j’envoie. Un ange passe. Mes pneus volent au niveau de sa tête. Boum ! réception clean en plus, j’ai remis les watts juste avant la réception. Au revoir… comme on dit dans ces cas là.Plus tard, je remballe le tout. Il est resté à papoter avec la bande. Quand je passe avec la voiture à côté du groupe, ils me regardent. L’habitude est de se faire des gestes d’au revoir entre pilotes. Là, tous les mecs me font des signes enthousiastes. Salut les gars, désolée, mais vous ne la reverrez pas sur le circuit.Dans le futur, revenant au club, j’entendrai peut-être parler d’un mythe :— L’histoire de la meuf à gros nibs qui passe le double.Direction la douche. Je constate qu’après avoir sué un litre, une fille pue autant qu’un mec ! L’idée de revoir bientôt Laurence me fait plus d’effet que ce double finalement.***Je me suis garée pas loin de l’appartement. Le ciel commence à se couvrir à l’ouest, voilà du vent et c’est tout noir. Les feuilles mortes commencent à voler, et je constate qu’elles ne me font pas profiter de leur odeur, non, ça sent la circulation.Pendant que l’ascenseur monte au quatrième étage, je songe que je n’ai pas mis de blé dans le parcmètre, mais c’est la fin d’après-midi quand même. J’ai le cœur qui bat un peu et finalement, je me demande ce qui m’a pris.Dring ! Bonjour, marrant la porte qui s’ouvre immédiatement, ça surprend ! Laurence devait être derrière, des fringues dans les bras. L’heure est aux rangements apparemment. Ça me fait drôle de me retrouver devant elle comme ça. Petite brunette garçonne et toute fine, un visage d’ange, des cheveux courts et les yeux verts, blue-jean moulant et sweat-shirt lui font une silhouette d’ado.J’ai une intense émotion et me dis soudainement que c’était peut-être pas une bonne idée. Il faut savoir tourner la page. Laurence m’a largué et voilà. Sous prétexte qu’elle me quitte pour une copine, c’est une drôle de façon de me ramener dans le corps d’une nana canon. Ça va me retourner le couteau dans la plaie cette histoire, mais voilà, maintenant je suis là.Pendant que mes pensée batifolent, Laurence est comme hypnotisée par mes yeux bleu azur. Je me souviens comment j’ai failli me manger un lampadaire la première fois que j’ai croisé Tiphaine sur le campus. Ça l’avait bien fait rigoler sur le coup, d’ailleurs elle a l’habitude.— Euh, je dérange peut-être, je dis alors, avisant le fourbi en cours de réorganisation.— Non, non, c’est juste un placard qu’on vide, entre donc !Alors on se serre la main, et, comme un petit cérémonial :— Laurence.— Tiphaine.— On se dit tu, non ?— Oui, je dis et je penche la tête en avant, smak un petit bisou.Marrant comment ce geste qui pourrait sembler inopportun entre deux inconnues nous semble si naturel. Pour moi, c’est normal, je la connais bien, et c’est un réflexe, je n’y ai même pas réfléchi. Pour elle, ça lui a peut être fait bizarre, mais étrangement, il est difficile de résister à ce mouvement de tendresse, même engagé d’une façon qui sort des convenances.— Houa ! tu es gelée, tu veux un thé ?— Oui, ça caille un peu faut dire, tiens, voilà ton sac !Je retire mon anorak tout en la suivant dans la cuisine, suite à la proposition de thé qui était justement en cours d’infusion. À peine entrée, j’avise une fille qui fourbit des cartons, décidément. Laurence me présente :— Christine.— Salut. Oui, c’est le grand rangement avant de partir en week-end, annonce Christine. D’ailleurs, faut que je me dépêche. Elle file dans le couloir avec son carton.— Du sucre ?— Oui.On commence le papotage d’usage en la circonstance : d’où tu connais Jeff ? Non, je suis pas avec lui. Qu’est-ce qu’on fait dans la vie, et quoi de prévu pour ce week-end ? etc. Je lui confie alors que je suis bien embêtée parce que ma tante vient d’annuler à la dernière minute notre rendez-vous et que je dois revenir demain matin, sans faute.— C’est si important ? elle demande.— Oui, des papier urgents à signer, des histoires de société, je peux pas y couper. J’aime pas faire ce trajet, en plus il se met à flotter, bouchons garantis.— Ben, si tu veux, tu peux rester là ce soir, je suis toute seule.— Je voudrais pas déranger.— Mais non, Sylvie est en province dans sa famille, Christine part maintenant, tu vois, ça me fait plaisir !— Alors bon, d’accord.— Faut juste faire quelques courses.— Ok, je conclus, je ne sais plus que dire, alors je me tais.Et voilà.Je ne sais quel miracle s’est produit. Nos yeux pétillent, les regards se croient, nous avons comme le cœur léger malgré le temps qui tourne à la grisaille. Le thé brûle les lèvres, il fait frais dans la cuisine et un peu de vapeur monte des bols, on se regarde sans rien dire, on est déjà bien.Je n’en reviens toujours pas de la façon dont j’ai réussi à approcher Laurence ainsi, au culot. En tout cas, soit elle se sent plutôt célibataire, soit je lui fait un méga effet tout simplement. Je ne connais rien des mœurs des lesbiennes. Sont-elles fidèles, comment fonctionnent les couples ? Est-ce que ça se débauche à tout va, comme je crois savoir dans les milieux gays ? Peut être que je me trompe, et c’est même probablement un cliché abusif finalement.Je ne vois pas pourquoi les orientations sexuelles changeraient les questions de fidélité ou de liberté en la matière. Si quand même ! Le seul fait d’être homo ou bi, amène forcément à aborder la sexualité différemment. Déjà, des soucis avec l’entourage, une adolescence peut-être difficile et surtout, un passage dans la vie adulte emprunt de choix envers et contre toutes les pressions de la famille et de la société.L’idée de non pas laisser libre cours à ses désirs fugaces, mais plus sérieusement de considérer ses envies avec respect, en ayant en mémoire comment les choix ont constitué une part importante de la construction de la personnalité dans la recherche du bonheur, l’idée de considérer sérieusement ses désirs, pensé-je, conduit peut-être plus naturellement les homos à envisager les escapades amoureuses.Pour ce qui est de se perdre dans mes pensées : pas très poli cette manie. Là, ça va, pas de problème, Laurence me regarde depuis que mes yeux sont partis dans le vague, examinant ces considérations relatives aux mœurs. Je vois que je lui plais bien, ça la dérange pas quand on dit rien, qu’elle en profite pour me détailler sous toutes les coutures. Nos yeux se croisent, ou plutôt, les miens attrapent les siens, les décrochent de mes seins, qui me semblent déjà chauffer sous le regard caressant. Les yeux dans le yeux donc, on ne cille pas, puis, exactement en même temps, on se sourit. J’aime bien ces trucs qui arrivent en même temps.— Bon alors on y va, faire ces courses, elle demande.— C’est parti !***Dans la rue animée le vent s’engouffre à tout va et à peine sorties, ça donne déjà l’envie de rentrer. J’aime bien ce quartier, toutes les boutiques, ça bouge. Il fait de plus en plus moche et ça commence à cailler. J’ai vraiment eu de la chance tout à l’heure, le soleil du début d’après-midi.— Bon, on commence par le Prisu, elle propose.— D’accord.Pas trop bondé pour un samedi, le plaisir de s’abriter du vent, par où on commence ?— Qu’est ce que tu voudrais manger ? je demande.— Ben j’ai pas trop le moral en ce moment, j’ai pas envie de faire la cuisine, qu’elle me dit.Alors, je sais pas ce qui me prend, mais je lui caresse la joue en disant :— Bon alors, ça sent la pizza au four.Je vois bien que ses yeux sont mouillés, ça va pas vraiment, alors je romps un peu la gêne :— Je pars au rayon pizza.— J’ai plus rien à me mettre, il me faut des petites culottes, me dit alors Laurence, en filant dans le coin des fringues.Ma pizza et une bouteille de champagne – carrément – dans le panier, au milieu de quelques autres denrées, je pars à la recherche du rayon lingerie. C’est le Prisunic quand même et je pense pas qu’il y ait grand chose de bien. Bon, si Laurence a besoin de petites culottes…Je me sens sur mes gardes, cette sorte de peur d’être découverte. Non, ça, c’est pas possible. Le risque c’est plutôt que j’ai l’air complètement gourde en méconnaissant un truc typiquement féminin, par exemple. Genre, je n’ai aucune idée de mes mensurations, ce qui m’arrive quelquefois quand je vais m’acheter un futal au rayon homme. Heureusement que Tiphaine m’a fait un topo complet sur les trucs de meufs, y compris ses mensurations, et il me vient l’envie bizarre d’acheter des sous-vêtements, comme s’il était impérieux que je vive tout ce qui arrive à une femme. Après, cela ne sera plus possible.Oui, c’est ça dont j’ai peur, passer pour une mongole complète et me griller auprès de Laurence. Je la trouve qui est à quatre pattes en train de fouiner dans le bas de la gondole, voilà qu’elle veut faire des économies ?— Coucou, je lance.— Miam miam, elle répond en voyant la pizza.Bon, on n’a plus envie de faire des phrases, la vie, c’est parfois comme ça. Je commence à fouiller les présentoirs à la recherche de ce qui me convient. Le besoin est simple : noir, sobre, doux et, comment dire… avec de la place.À un moment, il y a une jolie brune qui passe. Fine tout en ayant des hanches larges, je ne peux m’empêcher de mater ses fesses. Évidemment, ne serait-ce qu’une demi-seconde et voilà, le regard de Laurence qui attrape le mien. Quand on y pense, c’est une performance étonnante, de trouver en un instant où est dirigé le regard de l’autre.Comme le joli morceau croisait Laurence au moment où elle a levé les yeux vers moi, il n’y avait pas de doute possible. Je rougis immédiatement puis retourne à la collection que j’étais en train d’aviser, trop tard. Finalement, j’aurais pas fait mieux si j’avais voulu en faire exprès.Bon, si ça s’était passé avant, moi en mec, je veux dire, j’aurais eu l’air con. Laurence m’aurait fait les gros yeux, ou lancé une vanne, ou pris un air dépité. Là, je ne sais pas ce qu’elle doit penser. Si elle est satisfaite de constater que je regarde le… dos des femmes, ou si, au contraire, elle se sent dévalorisée, vu qu’elle se trouve peu féminine.Je me rapproche de Laurence après avoir fait mon choix. Arborant fièrement l’ensemble culotte soutien-gorge, noir comme je les aime.— Fais voir, qu’elle me dit, en regardant ma trouvaille.— Tu as de la chance d’avoir ces petits seins, je lâche.Alors elle tend la main tout doucement vers mon sein gauche, le soupèse à peine, et dit :— Des fois, j’aimerais en avoir des comme ça, puis elle retire sa main rapidement, comme si elle s’était brûlée.— Des fois, j’aimerais en avoir des mignons comme ça, réponds-je en observant les siens ostensiblement.Alors on se regarde dans les yeux puis on éclate de rire.***Maintenant on se tient par la main. Légèrement, du bout des doigts. C’est venu sans prévenir. On marchait l’une à côté de l’autre et puis, pour contourner un réverbère, elle se rapproche, je fais exprès de ne rien changer à ma trajectoire, alors les épaules se touchent, les bras, les doigts, et hop, ils s’accrochent, ne se lâchent plus.On n’ose rien faire d’autre. On pourrait s’arrêter de marcher, s’embrasser. Mais non, on continue à avancer sans rien dire. Ni lentement, ni de façon précipitée, un peu comme notre inclination mutuelle. Ni trop lent, ni trop vite, mais on y va, ça c’est sûr. Mon cœur bat fort, le sien aussi peut être. Je me sens bien, c’est la certitude qui est merveilleuse : on va se partager. Je suis émue en songeant à ma virginité en la matière, j’espère qu’elle va chavirer aussi.Je me sens un peu coupable, car il y a beaucoup de tromperie dans tout cela. Mais j’y ai déjà réfléchi et je me promets à l’instant de ne pas me gâcher le plaisir avec des considérations parasites. Alors, on accélère un peu, un tout petit peu, marrant comment cela dit clairement qu’on en a envie toutes les deux.Dans le hall, au moment d’appuyer sur le bouton de l’ascenseur, on s’est lâché la main, des fois qu’on croise du monde. Justement, Christine sort comme une fusée en nous lançant :— Salut les filles, bon week, suis en retard…On rentre dans la cabine en regardant le sac à dos tourner au coin du hall puis on rigole. La speedée nous fait rire, et ça détend un peu. Tout en posant les courses par terre, Laurence appuie sur le quatrième étage, les portes se ferment, elle me saute dessus.J’ai sa langue dans la bouche, elle me l’a enfournée et elle explore tout partout. Je ne la reconnais pas, mais après une seconde de surprise, je réponds favorablement à son assaut. Elle s’est ruée sur moi, me collant le dos à la paroi de l’ascenseur. Ses petits seins pressent ma poitrine, une main derrière ma nuque attire mon visage, une autre derrière mes fesses me colle à elle.Rapidement, elle insinue une jambe entre les miennes puis remonte le genou jusqu’à ce que sa cuisse frotte l’entrejambe. À mon tour, d’une main, je presse une de ses petites fesses musclée, rebondie et étroite comme celle d’un jeune mec. Je l’attire vers moi, qu’elle vienne coller son pubis. Alors sa cuisse remonte encore un peu, pressant la vulve au travers des pantalons. Laurence est avide, presque brutale, elle n’en peut plus de me vouloir, moi aussi j’ai envie.L’ascenseur s’arrête, le ralentissement prévenant une demi-seconde à l’avance de l’ouverture des portes. On s’écarte en un instant des fois qu’un pékin attende derrière. On se regarde en pouffant, comme si nous étions liées d’une longue complicité. Nous sommes comme des pivoines, rouges d’un afflux de sang au visage en attendant qu’il atterrisse ailleurs. Ce dont j’ai le plus envie, d’une façon irrépressible, c’est qu’elle me tête les seins. Je crois savoir que c’est aussi son envie, que c’est urgent.Arrivées dans sa chambre presque en courant, après avoir largué les courses dans l’entrée, on s’assoit de part et d’autre du lit pour retirer nos chaussures. On se regarde en riant, bien contentes de l’incendie qui nous gouverne. Baignées dans la pénombre des rideaux tirés, on retire pulls, tee-shirts et pantalons pour se retrouver en sous-vêtements. Nous sommes toutes les deux en blanc, plutôt dans un style petit bateau que lingerie féminine. Les formes claires se détachent dans l’ombre, accentuant la matité de nos peaux. On s’observe à nouveau pour s’arrêter là, puis on s’approche l’une de l’autre, à quatre pattes, comme deux chats.Deux chattes disons. J’aime bien son petit cul musclé, sa peau mate et bronzée, ses cheveux courts noirs, aussi noirs que ma touffe. J’ai hâte de lui montrer et je me demande alors si elle va être surprise comme je l’ai été quand Tiphaine a retiré sa culotte. Une blonde à la chatte noire.Il y a une grande glace dans la chambre sombre. Je ne me sens plus car je mélange, de mon reflet et de la silhouette de Laurence, le corps qui me fait le plus d’effet. Alors qu’on s’approche, toujours comme deux quadrupèdes, nos visages se touchent, on se hume un peu et voilà qu’on s’embrasse goulûment, c’est bon.La position ne dure pas, j’avance alors, le long de son corps, approchant mon visage de ses seins. Par symétrie, mon soutien-gorge vient caresser doucement son visage. J’ai les tétons durs et l’un d’eux pointe, se fraye un passage au travers de la dentelle. Nous nous allongeons toutes les deux sur le coté, puis je commence à dégrafer son corsage et elle fait de même. J’ai frisé l’erreur au cas où je me serais emmêlé les pinceaux, comme il m’arrive parfois avec certaines copines, mais non, hop du premier coup, normal pour une fille !J’aspire un téton, et suis à l’affût de ses gestes, attentive à ce qu’elle fait pour lui rendre la pareille. Sur le côté, la tête posée sur l’épaule servant d’oreiller, nous tétons le sein proche du lit. L’autre, la main libre vient s’occuper de lui. On ne sait trop qui initie, trouve les gestes, les postures, mais voilà que nous agissons en symétrie. Petit à petit on s’installe confortablement pour s’occuper des quatre tétons, pas de jaloux. Bien qu’occupées, nos bouches laissent s’échapper de légers soupirs, des murmures, des petits gémissements, c’est le bien-être.Je me disais que ça doit être comme des tétons de mecs mais en mieux. En fait, ce n’est pas pareil. C’est bien mieux. Comme il arrive parfois qu’une caresse sur une partie du corps chatouille une autre extrémité, là c’est directement connecté entre les jambes. J’essaye d’imiter ses cajoleries dès l’instant où je les trouve délicieuses. C’est une méthode, j’espère ne pas paraître trop gourde mais non, ça a l’air d’aller bien, surtout que je commence à vibrer d’un peu partout.Je suis trempée et me demande si Laurence est dans le même état, elle qui avait besoin d’une demi-heure pour commencer à humecter lorsqu’elle était avec moi en mec. Le bras allongé commence à se diriger vers sa chatte. À peine ma main glisse sous l’élastique, Laurence écarte un peu les cuisses pour faciliter la manœuvre, puis remonte le genou qui est en l’air pour le poser sur le lit, près de ma tête.Sa vulve alors libérée de la prison des jambes est trempée, elle dégouline, l’état dans lequel elle se trouve me transporte. Je me dis que son orientation sexuelle est la bonne. J’en profite pour m’insinuer entre les lèvres. Pour l’inviter je positionne alors ma jambe comme elle l’a fait. Sa main rentre dans ma culotte, découvrant que je suis comme elle. S’agitant le long de ma fente, mon petit bouton est vite humide du manège de ses doigts. J’imite ses gestes, ses rythmes, ses succions, ses pincements. Petit à petit, ces frottements, ces caresses de nos points sensibles passent imperceptiblement d’un registre doux et tendre à un rythme plus fort, plus rapide, haletant.Plus tard, à la limite de défaillir, rompant le rythme, j’abandonne sa poitrine pour me glisser vers sa chatte, la mienne s’approche alors de son visage. Les culottes se sont vite envolées, alors les senteurs sont fortes, semblent comme épaissir l’air de la pièce. Je l’allonge sur le dos, et recouvre alors son visage de ma touffe. Je sais qu’elle saura se débrouiller, j’en ris intérieurement.Un instant de doute, l’inquiétude de m’y prendre mal alors que Laurence a dû s’en taper, des minous. En tant que Tiphaine, c’est censé être ma première fois, mais justement, ce petit minou je le connais déjà. Au dessus d’elle, je commence alors à m’engager dans un fantasme qui me triture depuis seulement quelques minutes. J’écarte en grand ses cuisses pour l’ouvrir au maximum, je ne peux alors m’empêcher d’écraser un sein sur sa vulve.Pas mal. J’aime bien, c’est mouillé, comme avide, chaud. De deux doigts frénétiques, je serre le bout du sein pour rendre le téton plus proéminent, je l’enfonce un peu, ça rentre à peine. C’est pour cela que je lui ai tant écarté les jambes, pour m’appuyer de la sorte. Partant d’une pulsion fantasmatique rigolote, maintenant j’ai l’air maline. Pas de sensations démesurées dans cette pose trouble. Pourtant, elle se met à onduler du bassin, comme pour répondre à cette étrange caresse, je reste en place.Je sens qu’elle a trouvé la bonne position, rapproché mon bassin de son visage en prenant mes fesses à pleines mains, puis elle s’occupe de mon clitoris, elle le pompe, l’aspire, l’étire de mouvements de succion qui happent en même temps mes nymphes. Ses deux mains sont maintenant affairées à écarter les poils importuns.Je laisse ce sein peser de mon poids et maintenir son téton au chaud. Ses mouvements du bassin sont forts et rythmés. Sans me soulever, chaque impulsion écrase mon sein, l’aplatit encore. Les poils me chatouillent le bord de l’aréole, sur le moment ça me fait plutôt rire que jouir, c’est très gai ; je ne peux pas m’empêcher :— Hi, hi : il y a plein de poils qui me chatouillent !Elle interrompt son œuvre pour sortir :Nous sommes prises alors d’un immense fou rire, les frénétiques convulsions des corps s’évertuant à nous faire perdre la position. Mais, dans un jeu érotique que je trouve incandescent, nous nous évertuons à reprendre à l’identique les caresses interrompues, comme si une impérieuse nécessité supérieure devaient dompter les tressautements des rires qui se poursuivent longtemps.Le calme revenu, je commence à me liquéfier. Il fait maintenant presque noir dans la chambre et je ne vois pas grand chose. D’une main, me contorsionnant un peu, je glisse mes doigts sur son mont, puis j’atteins son clitoris de mon index et commence à la caresser ainsi.***Plus tard, épuisées et repues, nos visages sont à se toucher. Ils sont mouillés de nos jouissances respectives, caressés par nos souffles lents, on s’écoute attentivement respirer.— Et si demain, on allait au cinéma ? je demande.— Pourquoi pas, on va se bécoter ?— Ben oui, ce serait rigolo, non ?— Alors, le cinoche qu’est dans la rue, ils repassent Forest Gump, jamais vu.— Jamais vu non plus, on a failli mourir idiots ! je murmure alors que je sens le sommeil proche.— On dit « idiotes », elle me corrige.C’est pénible, cet accord des adjectifs, faut que je me surveille tout le temps.— Oui, idiotes, on aurait pu aussi ne pas se rencontrer, j’ajoute.— Alors là, c’est pas idiotes, c’est très connes ! qu’elle dit.On pouffe.— Tu sais, ma copine rentre la semaine prochaine, elle finit par dire après un silence.— Ben moi, c’est mon copain qui rentre la semaine prochaine, je mens.— Bon alors, c’est pas grave, ce qui compte c’est maintenant.Alors qu’étendues sur le côté, nous nous faisons face, elle se love encore plus près de moi comme un chaton. Elle approche son visage, l’enfouis dans ma poitrine, pose sa bouche sur une aréole reposée, celle qui a l’odeur de son corps, puis d’une main s’insinue en haut de mes cuisses. Sa paume se love contre ma vulve repue, c’est doux, je me sens si bien en laissant divaguer mes pensées alanguies, vacillantes, disparaître…À suivre…