Jeanne traverse le hall de l’hôtel suivie du jeune homme, Franck ferme la marche. Jeanne se dirige vers les ascenseurs. Ils s’y engouffrent. 3e étage, Chambre 314. Franck ouvre la porte et s’efface pour laisser passer sa femme et le jeune homme. Il referme la porte derrière lui en ayant pris soin d’accrocher à la poignée l’étiquette « Do not disturb ».Ils étaient maintenant au pied du mur.***Ils en avaient souvent parlé ensemble, longuement hésité. Tout avait débuté par une sorte de jeu. Un jeu comme peuvent en pratiquer beaucoup de couples. Jeu tendre et pervers sur l’oreiller.— Tu as vu comme Julien te dévorait des yeux hier soir ? Il te déshabillait des yeux.— Tu n’es pas jaloux ?— Au contraire, je suis fier que ma femme suscite le désir.— Tu aimerais que je te trompe ? Qu’un autre homme vienne en moi à ta place.Ces dialogues en faisant l’amour excitaient leurs sens. Tandis qu’il la pénétrait, elle imaginait que c’était un autre qui lui faisait l’amour. Un soir, il devança la pensée de sa femme.— Jeanne ! J’aimerais te voir faire l’amour avec un autre homme.— Tu es sérieux, mon amour ? Et si je te prenais au mot, si je te trompais ?— Tu ne me tromperais pas puisque c’est moi qui te l’aurai demandé. Et puis je serai là à vous regarder.— Tu es vraiment tordu, mais je t’aime.Cette phrase valait-elle pour une acceptation ? Mais tout cela était-il encore un jeu ? Un défi ?Comme souvent, c’est le hasard qui décide de la conduite des hommes (et des femmes, évidemment). Ils avaient décidé de prendre quelques jours de vacances. Besoin de soleil. Le Sud marocain était en hiver une destination de choix. C’est ainsi qu’ils s’étaient retrouvés pour une semaine à Agadir. Grandes balades sur les immenses plages presque désertes en cette saison. C’est là qu’ils avaient rencontré Saïd. Il était venu à leur rencontre. Tout était allé très vite. Le jeune homme avait fait des propositions.— Massages pour madame ? Pour monsieur, il y a ma petite sœur pour lui tenir compagnie.Ils ont immédiatement compris à qui ils avaient affaire. Le garçon était dans ce qu’on nomme là -bas le « baisness ».— On marche ? avait dit Franck.Jeanne avait hésité un moment.— Alors, si je comprends bien, je vais avec ce type et toi tu vas avec sa sœur ? Belle famille ! Et je dis ça autant pour lui que pour nous.— Ou tu fais erreur, répliqua Franck… c’est que si tu vas avec lui, je ne vais pas voir celle qu’il dit être sa sœur mais qui doit être un tapin quelconque. Je reste avec vous deux. Tu te souviens de nos conversations sur le sujet ?— Au moins, tu as de la suite dans les idées !— C’est une qualité… il me semble. Est-ce qu’il te plaît au moins ?— J’admets qu’il est beau mec.— Alors ?— Tu y tiens vraiment. Tu sais où tu nous entraînes ? Tu sais ce que je vais faire avec ce type ?— J’assume, si toi tu es d’accord pour tenter l’expérience.— Alors on fonce !***Ils sont tous les trois dans cette chambre d’hôtel. Ils s’observent. Jeanne semble intimidée. Saïd, debout à côté du lit, attend. Il a enfoui au fond de sa poche les billets que Franck vient de lui remettre. Il regarde son client qui baisse le zip de la robe de sa femme. La robe tombe à terre, elle l’enjambe. Elle est en culotte et soutien-gorge. De jolis sous-vêtements diaphanes couleur chair et qui soulignent plus qu’ils ne cachent une poitrine aux larges aréoles brunes et l’entaille d’un sexe parfaitement épilé.Franck fait s’allonger sa femme sur le lit et lui dégrafe le soutien-gorge. Il fait signe à Saïd de se déshabiller à son tour.Le garçon s’exécute, retire sa chemise, fait glisser son pantalon le long de ses hanches. Il reste en slip.À plat ventre, le visage contre le drap du lit, Jeanne ne peut voir le corps brun et musclé, les épaules larges du jeune homme, le ventre plat et les fesses dures moulées par le sous-vêtement. Franck voit tout ça et ne peut s’empêcher de se comparer, lui dont le corps laisse à désirer. L’empâtement dû à la cinquantaine et à l’absence d’exercices physiques réguliers. Il se dit que les années qui le séparent de sa femme marquent plus que celles qui la séparent de cet amant. Il ressent une pointe de jalousie mêlée de crainte. Dans le même temps, la situation l’excite, ce qui jusque-là n’avait été qu’un fantasme était en passe de se réaliser. La tête lui tournait, ses oreilles bourdonnaient. Étrangement, Jeanne paraissait très calme. Calme feint. En réalité, les tempes lui battaient, elle grelottait non de froid, il faisait plutôt trop chaud dans la chambre, mais d’émotion.Comme la situation semblait vouloir s’éterniser, Saïd demande :— Vous souhaitez commencer par un massage ?Jeanne se soulève légèrement et lui adresse un sourire. Un sourire qui vaut pour assentiment.Saïd s’approche du lit. Il rejoint la femme à la toucher, pose les mains sur le dos qui lui est offert. Elle sent tout contre elle le garçon. Les mains glissent du creux des reins jusqu’aux épaules, chaudes, douces, enveloppantes, caressantes. Un peu tendue au départ, Jeanne progressivement se laisse aller, elle commence à prendre plaisir au contact de ces mains étrangères. Elle s’abandonne totalement. Les yeux fermés, elle profite de ces tendres instants. Elle en oublie son mari qui est là à les regarder. Elle est juste une femme entre les mains d’un homme qui la prépare doucement à des plaisirs encore plus grands, plus sauvage. Saïd sait qu’il doit prendre son temps, faire durer, l’amener peu à peu à désirer, à demander, à exiger la saillie. Il a déjà repéré les préservatifs posés bien en évidence à la tête du lit.Le jeune homme interrogateur se tourne vers le mari. Il a saisi délicatement la culotte de chaque côté des hanches. Franck fait « oui » de la tête. Le léger vêtement glisse sur les fesses, le long des cuisses, et disparaît. La femme a soulevé un instant le bassin pour faciliter le passage de la culotte. Elle est maintenant entièrement nue, livrée à cet homme qu’elle ne connaît pas et qui bientôt va la posséder, elle le sait. Ses dernières résistances ont cédé. Elle est prête.Elle sent les mains nerveuses lui malaxer les fesses, les doigts s’insinuer et chercher son sexe. Avec douceur, mais fermement, Saïd la fait se retourner sur le dos. Elle peut maintenant le regarder. Il est au-dessus d’elle. Elle le trouve très beau. Elle le désire. Franck s’est joint au couple, il s’est allongé à côté d’elle. Elle constate alors qu’il est nu. Elle sent contre sa cuisse le pénis durci de son mari.Saïd lui a écarté les cuisses et s’est placé entre elles. Il lui caresse le ventre, remonte sur les seins. Franck la couvre de baisers.— Mon amour, je t’aime, je t’aime ! répète-t-il sans fin.Elle lui rend ses baisers, tandis que le jeune homme, tout en poursuivant les caresses, a pris possession avec sa bouche du sexe de la femme. La langue s’insinue entre ses lèvres, explore sa vulve, découvre son clitoris. Elle ne peut résister davantage, elle est emportée par un orgasme. Un orgasme bref mais fulgurant. Elle crie son plaisir.— Je t’aime, lui répète encore Franck, je t’aime ! J’aime ton plaisir.Saïd s’est redressé. Elle le regarde, elle constate alors qu’il a retiré son slip, il est là , la verge tendue dans sa direction. Une verge dure et longue, légèrement courbe, comme un sabre qui émerge d’un pubis noir et dru. Franck regarde aussi ce pénis circoncis au gland bien dessiné. Ce gland qui dans un instant va pénétrer son épouse.Tranquillement, le jeune homme s’est emparé d’un préservatif et le déroule sur son dard. Il se couche sur la femme qui relève et écarte instinctivement les cuisses. Elle invite l’homme. Le gland est à sa porte. D’une main, elle écarte les nymphes et de l’autre elle dirige le pénis qui s’enfonce profondément dans ses chairs. Elle regrette la capote, elle aurait préféré sentir directement en elle le contact viril, mais hélas, il fallait bien accepter. Elle aurait aimé qu’il la remplisse de sa semence. Elle enserre avec les jambes les hanches du garçon, ses bras emprisonnent son torse. Elle ne veut pas qu’il bouge, elle désire le sentir au plus profond de son vagin, se mouler sur lui, ne faire plus qu’un avec cet amant dont elle dévore les lèvres.Franck se sent rejeté, il n’a plus sa place dans leur jeu. Il s’écarte du couple. Jeanne desserre son étreinte, alors commence le bondissement des fesses, le choc des pubis, le claquement des cuisses, le clapotis de la cyprine. Dressé sur ses avant-bras, Saïd offre à Jeanne ce qu’il a de meilleur, la vigueur de son sexe. Franck suit la scène. Il voit le pénis s’enfoncer et ressortir du corps de sa femme. Les testicules du mâle qui battent la mesure. Il l’entend haleter. Il voit au moment de l’orgasme ses yeux qui se révulsent. Quand la femme a pris son plaisir, Saïd la quitte, il est sorti d’elle, il se lève et se dirige vers ses vêtements. Franck qui le voit sort encore quelques billets, alors le jeune homme revient vers le lit.— Vous avez peut-être envie d’être seuls. Je vais faire un tour, dit Franck.Il se rhabille rapidement, fait un baiser sur les lèvres de sa femme et sort.Dehors avec la fin de l’après-midi il fait plus frais. Il s’attarde un instant sur la promenade devant l’hôtel. Appuyé sur la balustrade qui surplombe la plage, il regarde le manège des petits groupes de jeunes qui passent en riant, des couples, des femmes et des hommes seuls qui se promènent. Dans sa tête, tout se bouscule. Tout ce qu’il vient de vivre lui paraît un rêve. Comment a-t-il pu en arriver là  ? Comment a-t-il pu entraîner sa femme dans cette aventure ? Et pourquoi les a-t-il laissés seuls ? Instinctivement, son regard se porte sur la façade l’hôtel. Au balcon du troisième étage, une femme apparaît. C’est trop loin pour qu’il puisse bien la distinguer. Pourtant ça ne fait aucun doute, il s’agit bien de Jeanne. Le garde-corps la protège, mais il semble bien qu’elle soit nue. Derrière elle apparaît un homme. Il se colle tout contre elle, dans son dos.Rembobinons le fil de cette histoire. Quand Franck est sorti de la chambre, Jeanne est restée un moment allongée, elle ne quitte pas des yeux son amant. Le garçon est assis sur le lit juste à côté d’elle. Elle ne prend pas la peine de se couvrir, elle reste sans bouger. Elle ressent toute la plénitude de son corps.— Merci ! dit-elle.— C’est votre mari qu’il faut remercier.Elle se lève et se dirige vers la fenêtre, sur le balcon l’air plus frais la saisit.— Faites attention, on pourrait vous voir, lui lance Saïd.— Qui pourrait me voir à moins d’avoir des jumelles ? Et alors, quelle importance ! Viens avec moi.Le jeune homme se lève et la rejoint. Elle remarque que son sexe a perdu toute son arrogance. Elle trouve qu’il reste beau dans cette déturgence d’après l’action. Elle aime cette sorte de fragilité. Il se place derrière elle. Ce corps d’homme tout contre elle réveille son désir. Dans son dos, elle prend le sexe qui se presse contre ses fesses. Elle le caresse, la tige ne tarde pas à se raidir. Elle soupèse les testicules de l’homme.— Penchez-vous en avant, lui dit-il.Elle a compris où il voulait en venir. Elle relâche sa prise et s’exécute. Elle écarte les pieds pour lui faciliter le passage. Sa position en avant, la poitrine contre la balustrade, empêche de voir, mais elle sent le pénis qui passe entre ses cuisses et trouve sa vulve. Elle bascule son bassin et se cambre pour faciliter l’introduction. Une poussée des hanches de l’homme et le membre dur la pénètre. C’est à ce moment précis qu’elle aperçoit Franck qui la regarde. Il ne peut que deviner ce qui se déroule devant lui, mais il doit comprendre. D’ailleurs, à quoi pouvait-il s’attendre d’autre ? Il l’avait entraînée dans cette aventure, elle avait joué le jeu, et même elle y avait pris du plaisir. Elle n’en avait pas honte.Franck avait disparu, il n’était plus là à l’observer depuis la promenade. Elle ne s’en était pas tout de suite aperçu, toute à ce qui se passait derrière et en elle. Saïd la tenait par les hanches et la labourait par derrière. Il n’y avait d’autres mots tant il se montrait fougueux. Comme précédemment sur le lit, mais de façon plus sauvage, il lui donne un nouvel orgasme, très puissant, qui la déstabilise totalement. Ses genoux se dérobent sous elle. Si son amant ne l’avait retenue, elle serait tombée sur le carrelage dur du balcon. Il l’emporte telle une poupée de chiffon à l’intérieur. Il la dépose sur le lit. Il la possède à nouveau. Mais cette fois, ce n’est pas le plaisir de la femme qu’il cherche, mais le sien. Tout de suite il éjacule. Quand il se retire, elle est prise de panique. Elle regarde le pénis. Il est nu. Il n’a pas mis de préservatif. Elle regarde entre ses cuisses, son sexe à elle. Un peu de liquide blanchâtre s’en échappe. Du sperme. Au mépris de toute prudence élémentaire, il lui a fait l’amour sans protection. Elle est prise d’une rage froide. Elle a envie de l’insulter, de le battre. Elle se dresse, c’est à cet instant qu’elle voit Franck. Il s’était introduit dans la pièce sans faire de bruit. Il avait tout suivi, tout vu. Il n’avait rien dit, il avait laissé faire. Il savait qu’elle n’usait pas d’autres moyens contraceptifs que le préservatif. Il avait laissé en toute conscience le garçon féconder sa femme. Peut-être même avait-il payé Saïd pour cela.Alors seulement, Jeanne comprend la manœuvre de son mari. Sa folie. Elle se lève, sans prendre le temps d’un peu de toilettes, elle s’habille, rassemble ses affaires et sort de la chambre sans un mot. Tout était fini pour elle.