Mi-janvier.Demain, Pierre s’envole pour la Chine pour deux semaines dans le cadre de son nouveau poste à la « Purchase Division » du groupe où il travaille. La perspective de me retrouver seule, de devoir rester chaste me met le moral dans les chaussettes. Ah si je pouvais, à l’égale de mon amie Maud, m’offrir sans états d’âme aux beaux garçons qui me draguent ou l’accompagner dans ses soirées libertines, mon appétit sexuel serait rassasié. Mais on ne se refait pas. Je suis trop idéaliste, trop sentimentale pour mener ce genre de vie.Alors… je suis bonne pour une hibernation sexuelle pendant 15 jours, avec un clito qui va dépérir, se rabougrir, un vagin qui va se remplir de toiles d’araignées. Oui, je sais, je peux passer mes soirées à me masturber comme il y a quelques mois, mais cela ne me branche plus du tout. Il y a aussi dans un coin de ma tête les propositions saphiques de Maud, mais je ne me vois pas faire des trucs avec ma meilleure amie. Par contre, avec Ayaan !Ouhhh là , là  ! Rien que de penser à la façon incroyable avec laquelle elle m’a fait grimper au plafond de la salle de massage, j’en suis toute chose. Une leçon de sensualité, une leçon de caresses qui m’a fait péter les plombs. Ayaan hante mes nuits, me fait fantasmer. Je me réveille avec la chatte en émoi pour le plus grand bénéfice de Pierre. Comment puis-je être profondément amoureuse de mon mari, n’avoir jamais eu le moindre penchant saphique et en même temps être obsédée par cette fille ? C’est incompréhensible. D’autant plus qu’elle n’est pas aussi jolie que Maud, petite blonde canon, craquante et extravertie. Elle est plus distante, grande, aussi grande que moi, d’une minceur extrême, presque du genre anorexique, mais elle a… Que dire ? Une allure folle, un charme exceptionnel, une prestance digne de la reine de Saba.Si je reprends contact avec elle, vu ce qui s’est passé au hammam, c’est que j’accepte de passer à la casserole. C’est clair. Pierre s’en va demain, j’hésite. Je suis perdue. Pas question de dynamiter mon couple juste pour calmer ma libido en son absence. Je vais essayer de lui en parler. Sentir le vent… Le soir, sous la couette, en prélude à notre dernier gros câlin avant son départ, j’attaque mon cher époux sur l’oreiller avec une argumentation soigneusement préparée.— Tu sais, Chéri, quand tu étais à New York, Maud m’a rendu visite et nous avons parlé sexe tout l’après-midi.— C’est ça vos petits rendez-vous devant une tasse de thé, s’exclame-t-il, rigolard tout en me caressant tendrement un sein.— Entre femmes, on se dit tout. Elle m’a avoué qu’elle était bisexuelle.— Maud ?— Oui, elle rêve de faire l’amour avec moi.Pierre reste la bouche ouverte comme s’il voulait gober une mouche, puis réplique :— Maud ? Je savais que ta copine était une croqueuse de mecs, mais je ne me doutais pas que les femmes y passaient aussi… Entre nous, elle a raison, cela double mathématiquement ses possibilités de rencontre, ajoute-t-il en souriant.Je ne peux m’empêcher de rire.— Je parle sérieusement, mon loulou, elle rêve de me brouter le gazon.— Cela ne m’étonne pas que tu lui plaises, mais elle tombe sur un os, tu n’as jamais été attirée par les femmes.— Non, mais cela me trouble.Pierre me lance un regard interrogateur. Je baisse les yeux pour avouer :— L’idée de faire l’amour avec une femme ne me hérisse plus du tout. Cela me tenterait même.— Cela te tente ? s’exclame-t-il surpris.— Oui, c’est vrai, explorer un corps de femme, essayer de la faire jouir, ce doit être une sacrée expérience,… mais ne crains rien, c’est juste un fantasme, je ne le ferai pas. D’ailleurs tu me ne l’autoriserais pas.Punaise… Vous réalisez comme je suis manipulatrice ? Je suis loin de m’attendre à la réponse de mon mari :— Karine, pourquoi dirais-je non si tu en en rêves ?Je me retrouve complètement décontenancée, déstabilisée. Ai-je bien entendu ?— Tu… Tu me permets ? Réellement ? bégayais-je sous la surprise. Je ne te comprends pas, tu ne tolères pas que je danse un peu serrée avec tes amis et tu me permets de faire n’importe quoi avec elle ?— Oui, parce que je t’aime. Je ne veux pas te mettre sous cloche. Je veux une épouse sexuellement épanouie. Tu es libre de faire tout ce que tu veux si cela ne met pas notre couple en danger.Je commence à piger.— Je crois savoir comment tu raisonnes.— Explique.— Comme tous les hommes qui épousent des femmes chaudes, tu as peur de te retrouver cocu un jour en rentrant de voyage. Tu te dis que cette fille c’est un moindre mal.— Pas du tout. Karine. Je vais te faire une comparaison. Je suis comme un homme qui possède un tableau de grande valeur. Je peux soit le mettre au coffre à la banque, soit l’exposer à la vue de tous pour le faire admirer par le plus grand nombre au risque de me le faire voler. Quelle solution choisit le vrai amateur d’art ?— De l’exposer, bien sûr.— Pour toi, c’est pareil. Je ne suis pas un taliban qui va te cacher sous une gourka, je veux que tout le monde s’aperçoive que j’ai une épouse heureuse, rayonnante, de plus en plus belle, sûre de son charme, débordante de sensualité.Punaise, si je ne me trompe, ça c’est une méga déclaration d’amour.— Mais, chéri…— Attention, Karine, cela ne m’empêche pas d’être jaloux. L’idée qu’un autre homme puisse te faire mouiller ta petite culotte me rend malade. Alors, c’est vrai, je n’aime pas que tu danses serrée contre mes copains de bringue, ils rêvent tous de te collectionner et toi tu adores plaire, alors… danger à éviter. Le propriétaire du tableau, il n’est pas idiot, il prend aussi des précautions.— Chéri, c’est vrai que j’adore plaire aux hommes, mais tu sais que cela s’arrête là .— Justement, Karine, j’ai confiance en toi, je sais que tu n’es pas le genre de fille qui va me cocufier dès que j’aurai le dos tourné. Mon seul risque, c’est que tu tombes amoureuse de quelqu’un d’autre. Avec ta copine, je n’ai pas ce risque, tu as quartier libre.— Attends, attends… Si je suis ton raisonnement, je peux coucher avec n’importe qui s’il n’y a pas de risque que je tombe amoureuse ?— Non, tu ne comprends pas. Ce que je veux dire c’est que tu me quitteras jamais pour aller vivre avec une femme.— Effectivement, de ce côté-là tu n’as rien à craindre, répliquais-je avec un petit rire forcé.— Ce qui me conforte aussi dans ma décision, c’est que tu me demandes la permission.— Comment ça ? Explique.— Je sais comment tu fonctionnes. Si un jour tu tombes amoureuse de quelqu’un d’autre, tu ne me demanderas pas la permission de coucher avec lui, tu le feras et ensuite tu me diras :— Pierre c’est fini, je m’en vais. Exact ?— Tu n’as pas tort. Je ne suis pas le genre de fille à aimer deux hommes en même temps.— Donc l’expérience que tu désires faire est juste un fantasme. Pourquoi la refuser ? Tu as bien raison, Maud est superbe et si tu n’étais pas ma femme, il y a longtemps qu’elle m’aurait fait craquer.Sidérant ! J’en suis toute retournée… Autant avouer toute la vérité. Confession totale (un peu tardive, je l’avoue). Allons-y.— Chéri, il ne s’agit pas de Maud, mais d’une fille (toute petite voix, en me blottissant sur son épaule)… qui m’a déjà fait jouir le mois dernier en me massant dans un hammam.— Pourquoi tu ne m’as pas raconté ça ? me demande-t-il, visiblement amusé.— Je n’étais pas fière de moi.— Que ce soit Maud ou une autre, quelle importance ? Dis-moi juste qui est cette fille.— Elle s’appelle Ayaan. Elle est originaire d’Érythrée. C’est une amie de Maud, 100% lesbienne.— Jolie ?— Un charme fou.— Va la voir. Va t’amuser avec elle. Je sais que je te retrouverai encore plus amoureuse de moi.M’amuser, quel drôle de terme pour des câlins saphiques. C’est bien un homme qui parle. Toute émue, je lui file un gros baiser amoureux.— Chéri, tu es génial de me permettre ça, mais je ne veux pas que tu le fasses à contrecœur.— Va la voir, tu en as tellement envie. Tu ne vas pas me tromper puisque je suis d’accord. D’ailleurs, être trompé, cela veut dire quoi ? Ce n’est pas une question de trou du cul. Pour moi, je serai trompé le jour où tu aimeras un autre homme sans me le dire, même si tu n’as pas encore couché avec.Il a raison, entièrement raison.— Sincèrement, je peux coucher avec elle ? Sans regret ?— Oui. Karine, sincèrement. Cela me fera plaisir au bout du monde de penser que tu t’éclates avec elle au lieu de te caresser toute seule en attendant mon retour, ajoute-t-il en souriant. C’est plus sain. Il y a une seule condition.— Laquelle ?— Que tu me racontes tout, toujours tout.— D’accord, je t’enverrai un mail et on tchatera pour te dire comment cela s’est passé, mais attention, chéri. Moi, je ne t’autoriserai jamais quoique ce soit. Je suis super jalouse, une vraie tigresse, dis-je en riant.Je plane, en totale admiration devant mon mari. Il est très intelligent. Il me laisse libre, il a raison. En me faisant confiance, il me responsabilise.Vibrante de désir, je glisse sous la couette pour le prendre dans ma bouche. En quelques secondes, il prend sa taille maxi. Je le chevauche, je positionne son gros gland à l’entrée de mon minou brûlant. Je me laisse lentement descendre savourant le plaisir de sentir mon vagin se déplier et s’inonder pour accueillir le sexe de l’homme que j’aime. Punaise… il n’y a rien de mieux. Quel intérêt de vouloir essayer avec une femme ?Je commence une lente chevauchée, Pierre en profite pour martyriser mes petits seins à pleine main comme pour en éprouver sadiquement leur élasticité, leur sensibilité. Ayant une envie folle de l’embrasser, je me penche en avant comme sur un cheval au galop. Du coup, délaissant ma superbe (restons réaliste) petite poitrine, il me tient par les hanches pour accompagner du pubis le rythme du tagada tagada tsoin tsoin imprimé par ma chatte endiablée. Jamais à court d’idées lubriques, il tente une variation. Un petit doigt coquin se met à jouer avec mon petit trou sans défense vu la position.— Eh ! Que fais-tu ?— Rien du tout. Pourquoi ? Tu sens quelque chose ?— Ce n’est pas que je n’aime pas ce petit massage lubrique, c’est que m’enfoncer un petit doigt de ce côté te fait péter les plombs d’habitude. J’ai droit à une explosion trop rapide de ta grosse saucisse du côté principal.— Tu as raison, ça m’excite trop. Comme je ne vais pas te revoir avant 15 jours, je n’ai aucune envie de jouir trop vite. Changeons.Pierre me fait prendre diverses positions ludiques et acrobatiques rarement utilisées. Une sorte de gym sexuelle sollicitant des muscles divers pour arriver à tenir la position, puis bouger et la pénétration prend une autre saveur. Je me laisse faire heureuse de me soumettre à ses caprices, heureuse de faire renaître son désir plusieurs fois. Pourtant, à chaque fois qu’il me fait crier de plaisir, je me demande si Ayaan crie autant que moi et quand, épuisé, il tombe de sommeil, je continue de me caresser une dernière fois en pensant à elle, imaginant que ce sont ses doigts magiques et non les miens qui s’activent entre mes cuisses.Au petit matin, je conduis mon mari à Roissy.Pendant une semaine au lieu de décrocher mon téléphone pour appeler Ayaan, je reste indécise. Il y a un truc qui me chagrine et auquel je n’avais pas pensé. Me faire faire des choses, d’accord, mais pour lui rendre la pareille, j’angoisse. D’abord, je crains de ne pas être bien douée et ensuite, en pure hétéro, je ne suis pas sûre du tout du tout d’en avoir envie. Je me vois très mal au moment crucial enfoncer mes doigts dans sa chaudière surchauffée et jouer au game-boy avec son clito.Du coup, suivant une suggestion de Maud, je passe quelques-unes de mes soirées à mettre en forme les deux premiers chapitres de mes souvenirs érotiques et je les diffuse sur Revebebe (le meilleur site toujours d’après Maud). La seconde semaine, ma libido en manque l’emporte sur mes appréhensions. Ayaan, même si elle risque d’être déçue par ma prestation, devrait être très contente de m’initier. Et puis, Pierre me donne l’absolution. Alors, pourquoi hésiter ? Je passe au hammam avant d’aller travailler. Je laisse à l’accueil un message tout simple à l’intention d’Ayaan : Karine 06 xx xx xx xxÀ elle de décider, je vais voir si elle ne m’a pas oubliée. Vers 13 heures, à la pause déjeuner, elle m’appelle.Je reconnais immédiatement la voix suave teintée d’un léger accent.— Ayaan, je voudrais te revoir. Tu vois, j’ai longtemps hésité, expliquais-je avec un petit rire forcé.Au bout d’un silence qui me semble une éternité, elle répond :— Karine, cela me fait très plaisir, mais je veux te prévenir que ce que j’aime c’est la rencontre. Je ne m’attache jamais. Je veux rester libre. Libre de dormir seule ou avec celle que j’ai choisie pour la nuit.Punaise, elle n’est pas adepte de la langue de bois ! À mon tour.— Ayaan, rassure-toi. J’ai un mari que j’adore. Je cherche juste à faire une expérience sans lendemain… pour ne pas mourir idiote, rajoutais-je avec le même petit rire forcé.— Karine, je ne suis pas un laboratoire.— Oh, non, excuse-moi. Ce n’est pas ce que je voulais dire. Ayaan… Tu es la première fille qui me trouble… qui m’attire… Je n’ai jamais…— Si je te plais, alors, viens, je t’invite à dîner chez moi vers 20 heures. Je vais te préparer un plat de mon pays. J’habite 18, rue xxxxx, un studio sous les toits au sixième étage.Punaise, comment vais-je m’habiller ? J’opte pour un long pull serré par une grosse ceinture sur une jupe courte, un collant noir, des bottines. Sage et classique. À l’heure dite, je rentre dans un immeuble du côté de la Bastille, vétuste sans ascenseur. Mon cœur bat la chamade avant même de grimper les 6 étages. Un couloir triste et sale avec des portes des deux côtés. Je repère une carte de visite avec le nom d’Ayaan punaisée sur l’une d’elle, je frappe timidement. Elle ouvre avec un sourire lumineux.— Karine, cela me fait vraiment plaisir, comment vas-tu ?Je retrouve son look ravageur, son regard de braise dû à de grands yeux dorés maquillés de Kohl, sa chevelure incroyable toute frisée, sa nonchalance. Je rentre dans une jolie pièce mansardée, décorée de quelques objets africains, un grand lit à même le sol, un grand tapis en poils de chameau sur lequel sont posés une table basse, deux poufs et un coffre en bois sculpté. Le long du mur sur une petite étagère, une petite chaîne hi-fi, un ordinateur portable, quelques livres. Dans un coin un rideau se cache une petite penderie. De l’autre côté, une cabine de douche côtoie une minuscule cuisine américaine où mijote une cocotte.Elle est pieds nus, en jean noir et tee-shirt noir. À ses seins qui pointent à travers le léger tissu, je devine qu’elle ne porte pas de soutien-gorge.— Ayaan, tous ces objets africains, ils viennent de ton pays ? interrogeais-je pour ne pas montrer ma gêne.— Oui, bien sûr. C’est de l’artisanat… Ça c’est un poignard Afar. La statuette en ébène qui représente un guerrier vient du Soudan. La croix au-dessus de mon lit est une croix copte éthiopienne…— Et ça ?— Ça, c’est un Krar, un instrument de musique. Si cela t’intéresse, j’ai aussi quelques bijoux qui viennent de là -bas, viens voir dans mon coffre.Ayaan me tend quelques boucles d’oreilles, des bracelets, des colliers.— Celui-là est magnifique, m’exclamais-je devant l’un d’eux.— C’est un collier traditionnel Tigrinien. Il te plaît ? Je te le donne.— Mais… Pourquoi ? demandais-je suffoquée.— Karine, tu n’as jamais fait l’amour avec une femme et tu as choisi de le faire avec moi. Garde-le en souvenir, je te le donne du fond du cœur.Je suis sidérée… Cette fille n’a rien, elle me donne un des objets auquel elle tient le plus ! Du coup, je culpabilise. J’ai honte d’être une accro du shopping, honte de dépenser un pognon monstre en fringues.— Mais Ayaan, c’est trop ! Que vais-je pouvoir t’offrir en échange ?— Ce n’est rien. Je m’en referai faire un autre et si tu veux me faire plaisir envoie un chèque à l’O.N.G. qui m’a recueillie.Émue aux larmes, je l’embrasse en la remerciant.— Karine, installe-toi. Nous allons dîner tout de suite, car tout est prêt.Délaissant le pouf, je retire mes bottines pour être à l’aise et je m’assieds comme elle en tailleur devant la table basse, elle me tend le tajine.— Sers-toi, Karine, ce sont des morceaux d’agneau avec des petits légumes cuits dans du beurre avec des herbes, des oignons et des épices, poivre vert, ail, gingembre. C’est le plat traditionnel de mon pays.— Cela a l’air délicieux.— Parle-moi de toi. Tu es mariée, m’as-tu dit.Je parle. Je me détends petit à petit, je deviens intarissable. Je parle de moi, de Pierre, de mon travail, de Maud notre amie commune.— Et toi, Ayaan ? Maud m’a dit que ta vie était un vrai roman, raconte-moi.— C’est un roman triste, Karine. Je suis née dans la corne de l’Afrique, en Érythrée, d’une famille chrétienne copte. Mon sang est un vrai mélange. Mon grand-père était un soldat Français de Djibouti, ma grand-mère une femme du pays beaucoup plus jeune. Ils n’ont eu qu’une enfant, ma mère, qui était une métisse d’une beauté à couper le souffle. Mon père, lui, était d’origine égyptienne, il était évolué, il faisait du commerce, il voyageait, il était moderne dans ses idées. Grâce à lui, je n’ai pas été excisée et j’ai pu aller à l’école.Je dois avoir les yeux ronds, car elle ajoute.— Ne sois pas surprise, Karine. Toute l’Afrique est prisonnière de ses traditions. 95% des filles sont excisées en Érythrée et même souvent infibulées. Là -bas, une fille non excisée est une fille facile qui trompe forcément son mari.— Mais… 95%… c’est pratiquement toutes les femmes, m’exclamais-je horrifiée. Dans mon idée, c’était l’apanage de tribus reculées du fin fond de l’Afrique.— Non, pas du tout. Le pire, c’est que ce sont les femmes qui transmettent cette horreur. Et puis l’école ! poursuit Ayaan. Pourquoi envoyer sa fille à l’école ? Dès qu’elle est pubère, on peut la marier, c’est-à -dire la vendre. Elle sert alors d’esclave soumise et battue par un homme qui lui fait un enfant tous les 11 mois dont un sur deux survit.Je la regarde effarée. Elle me renvoie un sourire triste.— C’est la réalité Karine, encore aujourd’hui au fin fond de mon pays. Mon père était contre ces coutumes ancestrales, il les combattait. Nous étions pauvres, mais j’allais à l’école, la vie était belle. La guerre d’indépendance entre l’Érythrée et l’Éthiopie en 1988 a été le début du cauchemar. Un jour des pillards sont venus de nulle part. Mon père et mes deux grands frères ont été tués en essayant de défendre notre commerce, ma mère a juste eu le temps de me cacher. J’avais 10 ans. En représailles pour avoir perdu un des leurs, ils l’ont violée puis tuée. Ne sachant pas que j’existais, j’ai eu la vie sauve. Ils sont repartis comme ils étaient venus. J’étais la seule survivante de ma famille.— Comment tu as survécu ? demandais-je la gorge nouée.— Une O.N.G. française m’a recueillie. Je rendais des services tant que je pouvais, je portais des sacs de nourriture, j’aidais les médecins et les infirmiers, j’essayais de me rendre indispensable pour rester avec eux. Comme je parlais un peu le français grâce à mon grand père, je faisais l’interprète. À la fin de la guerre en 1993, j’avais 15 ans. J’étais magnifique, je ressemblais à ma mère, c’est ce qui m’a sauvée. Un kiné est tombé amoureux de moi. C’est lui qui m’a initiée aux massages. Nous avons fait un marché. Je cédais à ses avances s’il faisait son possible pour me ramener en France, c’était du donnant-donnant. Je ne l’aimais pas, j’avais l’impression de me vendre, il me prenait sans aucun respect, les hommes ont commencé à me dégoûter.— Il a tenu sa parole ?— Oui. Je me suis retrouvée à Paris, mais sans papiers. Pour être régularisée comme réfugiée, j’ai dû me donner à des inconnus qui avaient le pouvoir de faire avancer mon dossier ou, plutôt, qui disaient pouvoir le faire. Karine, tu comprends pourquoi je préfère les femmes ?J’acquiesce de la tête, toute retournée par son récit.— Ensuite, continue-t-elle, j’ai pu entamer des études. Bien sûr, il n’était pas question que je devienne Kiné. Je me suis inscrite dans une école de massage. Pour pouvoir payer les cours et subsister, je pratiquais le soir en banlieue des massages… avec « finition, tu vois ce que je veux dire, c’est le terme utilisé. Je branlais les mecs, quoi.Je lève les yeux avec un regard interrogateur.— Oui, Karine, je me suis même vendue. Je demandais une somme astronomique, parfois cela marchait. Cela me suffisait pour plusieurs semaines. Depuis que j’ai mon diplôme, je travaille au hammam et je gagne ma vie honnêtement, j’en suis fière. L’argent ne m’intéresse pas du moment que j’ai suffisamment pour vivre et payer mon loyer.Je reste muette, ne sachant quoi dire. À sa place, aurais-je eu la force de m’en sortir ?— Karine, aimes-tu danser ?— Oui, j’adore. J’ai suivi des cours de danse classique pendant plusieurs années. Pourquoi ?— Connais-tu Faytinga ? me demande-t-elle en me montrant un CD.— Non ? Qui est-ce ?— Une chanteuse de mon pays. Un véritable symbole, elle a lutté pour l’indépendance. Concentre-toi, imprègne-toi de cette musique. Écoute les tambours, les instruments à cordes et la voix de Faytinga. Quand je l’entends, j’oublie tout. Viens danser, Karine. Danser ensemble, c’est déjà faire l’amour.Profondément remuée, je regarde Ayaan commencer à danser au rythme des tambourins. Une danse orientale, incroyablement sensuelle. Elle ne me quitte pas des yeux, elle semble danser pour moi, en mon honneur. La musique envoûtante fait son œuvre, le miracle s’opère, je ne pense plus aux choses affreuses qu’elle a vécu, je regarde cette fille différente des autres, je danse avec elle, j’essaye de l’imiter, je ris, nous rions. Je suis bien.— Et ça, tu connais, bien sûr, me demande-t-elle en commençant une danse du ventre endiablée. C’est le sharqui, une danse traditionnelle égyptienne à la gloire de la femme. Tu sais faire ?— Non, j’avoue, je n’ai jamais essayé.— Attends, je vais t’apprendre. Déshabillons-nous un peu, ajoute-t-elle avec son grand sourire envoûtant.Elle s’approche derrière moi. Je frissonne quand elle me retire mon grand pull, déboutonne ma petite jupe et dégrafe mon sous-tif. Je frissonne encore plus quand, libérant mes seins, elle dépose un baiser tendre sur mon épaule tout en les effleurant. Elle n’est pas déçue, mes tétons pointent comme des vraies petites tiges, un étage plus bas mon ventre s’embrase. Punaise, suis-je bi sans le savoir ?— Tu es belle, Karine, me complimente-t-elle.Elle se met à genoux pour me retirer mon collant, le faisant descendre lentement tout en me regardant avec le même sourire. Il me reste juste mon petit boxer, mon dernier rempart.— Et toi, tu ne te déshabilles pas ? questionnais-je d’une voix que je ne reconnais plus.— C’est à toi de me retirer ce que tu veux, répond-elle, amusée.Je lui retire son Tee-shirt, dévoilant une poitrine de rêve, celle que j’aurais aimé avoir. Une taille idéale, des seins fermes, hauts perchés, arrogants, défiant la pesanteur, des aréoles larges et sombres, des tétons durcis par l’excitation. Punaise. Comment peut-elle être si mince, quasiment squelettique et avoir une telle poitrine ? Je m’attaque à son jean muni d’un zip récalcitrant, le baisse. Elle porte une petite culotte noire toute simple qui souligne sa peau ambrée et le renflement de son mont de Vénus. Je dévoile un ventre plat, des hanches étroites, des cuisses fines, fuselées, des jambes de gazelle.— Karine, regarde, c’est simple, explique-t-elle, il suffit de mimer l’amour.Les bras en l’air, souriante, elle commence à bouger ses mains, ses poignets, ses épaules, ses hanches, avec grâce et volupté. Rien à voir avec le folklore pour touristes effectué par des moukères grassouillettes. C’est une danse du ventre lente, lascive, terriblement érotique, terriblement suggestive. Ayaan mime l’amour en me regardant, un amour lent et voluptueux, c’est comme un appel. Je suis fascinée de voir les globes fermes de ses seins onduler en cadence, de voir rouler sous la peau les muscles de son ventre. Elle accélère progressivement, ses hanches semblent prendre une vie indépendante de celle du reste de son corps.Le rythme se fait endiablé à l’égal de Shakira, la chanteuse Colombienne. Malgré ses mains qui ondulent gracieusement et le sourire qu’elle me prodigue, je ne quitte plus des yeux son pubis en folie enrobé par la fine étoffe noire. Pourquoi ai-je écrit plus haut que je la voyais moins belle que Maud ? Ayaan est sublime. Elle est sûre de sa beauté, de son charme et dégage un magnétisme irrésistible. Elle sait qu’elle va me faire l’amour, qu’elle va croquer la petite oie blanche que je suis, elle me sourit et me regarde avec ses yeux dorés qui virent vers le vert.— Karine, lève les mains en l’air, attrape les miennes, bouge ton bassin lentement. Fais comme moi, essaie de me suivre.Je m’applique.— Non, pas comme ça, dit-elle. Seul le ventre bouge. Au début, il ne faut pas essayer d’aller vite. Ce qui compte, c’est la sensualité.Elle s’approche, nos seins et nos ventres se frôlent. Le contact est électrique, j’ai un petit mouvement de recul qui ne lui échappe pas.— Karine, détends toi, me murmure-t-elle dans l’oreille. Imprègne-toi du mouvement, oublie tout et lâche-toi. Balance ton bassin… Oui… Bien…Je repars dans la danse, je m’améliore petit à petit. Ayaan rit de mes efforts, ses mains me guident, se posent sur mes hanches, me redressent le dos, me forcent à sortir ma poitrine, je ris avec elle, le miracle s’opère, je ne crains plus son contact, je le cherche.— Pas mal du tout, s’exclame-t-elle, toute contente. Colle-toi derrière moi, maintenant je vais te montrer le mouvement des bras et des mains. Imite-moi.Passant dans son dos, je me colle contre elle, mon bas-ventre se frotte à ses fesses, je la tiens par une hanche pour m’imprégner de sa cadence, de l’autre main, j’essaie de bouger mon poignet comme elle. Le courant passe. De la haute tension. Tout devient lumineux. Cette fille si différente, si généreuse, cette fille magnifique, j’ai envie d’elle, et il n’y a pas de honte à avoir envie d’elle. Quoi de plus beau qu’un corps de femme ? Pourquoi les hommes en auraient-ils l’exclusivité ? Je la veux dans mes bras, je veux l’embrasser, la caresser, m’emparer de ses seins, tâter leur fermeté, voir s’ils sont aussi sensibles que les miens, goûter sa peau ambrée, essayer de lui donner du plaisir de toutes les façons possibles.Ayaan, à la manière dont je la tiens, dont je me plaque contre elle, comprend que je suis mûre. Le plus naturellement du monde, elle guide la main que j’avais sur sa hanche vers son entrejambe. Je ne peux m’empêcher de caresser l’endroit de manière appuyée, enfonçant la fine étoffe dans sa fente, remontant à la recherche de son clitoris. Punaise, comme il est gros ! Rien à voir avec mon minuscule bouton, constatais-je.Ayaan apprécie et se remet à onduler du bassin de plus en plus vite. Ses hanches semblent prises de folie. Elle est en train de se masturber sur mes doigts, réalisais-je. Sa tête part en arrière, elle vient poser sa joue contre la mienne. Je ne résiste pas à cet appel, le ventre en feu, je rentre ma main dans la petite culotte devenue gênante, la fais descendre, je pénètre la forêt de sa toison, mes doigts glissent sur les poils pubiens, rencontrent des petites lèvres trempées, s’insèrent dans sa fente, retrouvent le gros bouton, qui ressemble plutôt à une petite tige dure comme du bois. Mon autre main quitte son ventre, remonte, s’empare d’un sein ferme et élastique. Je le soupèse, le prends à pleine main, le malaxe, étire et pince le téton comme j’aime me le faire à moi-même.— Oui, Karine, murmure-t-elle en fermant les yeux.On va basculer sur le lit. Non ! À ma grande surprise, elle se retourne et m’annonce joyeusement :— Karine, je vais faire un thé. La cérémonie du thé est importante chez nous, elle précède toute chose.Me voyant complètement étonnée, elle éclate de rire et explique :— Karine, l’attente fait partie du plaisir.Comme je reste abasourdie, elle ajoute :— Karine, ne sois pas comme un homme. Ils sont pressés, car ils ne tiennent pas la distance. Nous, nous avons toute la nuit, explique-t-elle en riant de plus belle.Elle revient avec la théière brûlante et s’assied en tailleur devant la petite table basse.— Ayaan, comment peux-tu être si gaie, si insouciante en ayant eu une vie pareille ?— Mais, Karine, je suis heureuse. Je suis une privilégiée. Que serais-je devenue en restant là -bas ?Une privilégiée ! Punaise… Elle me donne une leçon dans tous les domaines.— Et puis, tu es là , continue-t-elle. Nous allons faire l’amour ensemble. Pourquoi serais-je triste ? Karine, tu es le genre de fille que j’aime.— C’est-à -dire ?— Grande, mince, brune. Tu es une fille du sud, ce n’est pas si loin de mon pays. Tu as des jambes parfaites, des petits seins superbes… et je sais que tu es très sensuelle, ajoute-t-elle en me faisant un clin d’œil avec son sourire envoûtant.Je la dévore du regard. Punaise, qu’elle est belle, cette fille ! Mes yeux glissent et fixent à travers ses poils pubiens, sa fente entrouverte, teintée du bordeaux sombre au rose clair. Une fente gonflée et toute luisante de désir. Remarquant mon regard, elle éclate de rire.— Tu me plais, Karine, je ne peux le nier. Bois ton thé avec du sucre pour prendre des forces, tu vas en avoir besoin. Le corps d’une femme est comme un instrument de musique, explique-t-elle avec une petite flamme dans ses yeux dorés, il y en a des mauvais et des bons. S’il est bon, il suffit juste de savoir en jouer pour en tirer des choses extraordinaires. Je vais te faire crier, Karine, jusqu’au bout de la nuit.Elle se lève, me prend la main, me fait lever.Elle me prend dans ses bras, sa bouche se plaque sur la mienne, sa langue s’insinue entre mes dents, cherche la mienne, la trouve, entame une bataille, nos seins raides de désir s’écrasent les uns contre les autres, nos jambes se mêlent, nos pubis se collent, se frottent sur nos cuisses, nos mains caressent, explorent, palpent, pétrissent, écartent, partent à la découverte du corps qui s’offre à nos désirs. Dans la même pulsion, nous nous laissons tomber sur le lit.