Ce que femme veut…— On pourrait passer chez toi deux minutes, François ? J’ai un cadeau que j’aimerais t’offrir…Bien des annĂ©es ont passĂ© et encore aujourd’hui, je dois avouer que lorsqu’Aurore m’a lancĂ© cette question rhĂ©torique, en montant dans ma voiture, je n’ai rien vu venir…Aurore, je la connaissais depuis un peu plus d’un an Ă l’époque. Ă€ la tĂŞte d’un dĂ©partement de conception technique chez un grand constructeur automobile, je partageais ma vie entre mon travail, du vĂ©lo toutes les semaines pour m’entretenir, et une vie de couple paisible et sans histoires. Nos deux enfants, jeunes Ă©tudiants, avaient dĂ©jĂ quittĂ© le cocon familial et partageaient des colocs en ligne avec le style de vie de leur gĂ©nĂ©ration. Ce dĂ©part nous avait permis Ă Anne, ma femme et Ă moi, de retrouver au foyer une intimitĂ© et une vie amoureuse qu’on avait fini par oublier… Sans pouvoir dire que nous Ă©tions redevenus un « jeune couple », je peux affirmer que notre entente sexuelle demeurait intacte !Dans le cadre de mon travail, je devais, entre autres choses, sĂ©lectionner les prestataires de service grâce auxquels on Ă©tait censĂ© « gĂ©rer les pics de charge », comme nous l’expliquait doctement la DRH. Sauf que tout le monde savait parfaitement que ces pics Ă©taient permanents et que le but de la manĹ“uvre consistait simplement Ă disposer d’une main-d’œuvre pas chère, taillable et corvĂ©able Ă merci, qu’on pouvait virer du jour au lendemain et qu’on remplaçait par quelqu’un d’autre, moins cher, mais qu’il faudrait Ă nouveau former… C’était un des aspects de mon travail que je trouvais le plus dĂ©courageant, ayant sans cesse l’impression de remplir le tonneau des DanaĂŻdes, et de me trouver face Ă des crĂ©tins qui n’avaient que la rentabilitĂ© Ă court terme en tĂŞte, obnubilĂ©s par le montant de leur prime de fin d’annĂ©e et « exportant » vers d’autres dĂ©partements, comme le mien, les dĂ©sastreuses consĂ©quences de leurs dĂ©cisions.Ça faisait longtemps que je laissais faire, rĂ©signĂ©, et plus prĂ©occupĂ© par d’autres soucis pour faire tourner le dĂ©partement et rĂ©soudre de vrais problèmes. Sans doute, aussi, n’avais-je plus l’ambition professionnelle des jeunes carnassiers aux dents longues prĂŞts Ă des bassesses auxquelles je ne me rabaissais pas… ou plus. Mais bon, je m’égare, je crois bien…Toujours est-il que c’est lors d’un mois d’aoĂ»t qu’un prestataire m’a prĂ©sentĂ© la candidature d’Aurore pour une spĂ©cialitĂ© un peu pointue pour laquelle j’avais toujours du mal Ă trouver les bonnes personnes… et pour laquelle, d’ailleurs, le dernier candidat n’avait pas fait l’affaire. C’est son CV qui a d’abord attirĂ© mon attention : bonne Ă©cole d’ingĂ©nieurs, pas encore la trentaine, bon dĂ©but de carrière, expĂ©rience internationale, c’était un profil de valeur, Ă haut potentiel, pour des tarifs conformes Ă nos standards. De ceux dont je me disais qu’on les formerait pour qu’ils aillent ensuite faire le bonheur d’un concurrent prĂŞt Ă mettre le prix pour s’attacher les services de collaborateurs brillants ! J’ai tout de suite dĂ©cidĂ© de donner suite et convenu d’un premier entretien avec la candidate.Ce fut donc la semaine suivante que son responsable me la prĂ©senta. Ma première impression fut bonne, très bonne. Aurore Ă©tait compĂ©tente dans son domaine, aucun doute. Elle s’exprimait de manière dĂ©terminĂ©e, mais posĂ©e, il Ă©manait d’elle l’assurance propre Ă celles et Ă ceux qui savent parfaitement ce qu’ils valent, mais sans l’arrogance qui en dĂ©coule trop souvent. Un visage agrĂ©able Ă regarder avec des yeux verts qu’encadrait une longue chevelure châtain, ondulĂ©e, et un sourire dont on ne savait trop s’il provenait plus de son regard ou de ses lèvres. Il fut immĂ©diatement Ă©vident pour tout le monde que la mission serait pour elle, le temps de rĂ©gler les dĂ©tails administratifs. Après lui avoir dit au revoir, en la regardant s’éloigner, je me surpris Ă penser que si elle l’avait voulu, elle aurait sans doute mieux gagnĂ© sa vie en tant que top model… Comme quoi, hein, il y avait bien des signes avant-coureurs quand mĂŞme ! Mais il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre…C’est donc ainsi qu’Aurore intĂ©gra mon Ă©quipe et que nous commençâmes Ă nous cĂ´toyer au quotidien. Certes, elle n’était qu’une de plus parmi deux dizaines de personnes, mais dans un Ă©cosystème plutĂ´t masculin comme celui de l’industrie automobile, une nouvelle prĂ©sence fĂ©minine attire tout de suite l’attention… et les regards. Je n’aimais pas du tout les comportements dĂ©placĂ©s chez mes subordonnĂ©s et j’avais toujours pris soin de tenir Ă distance les propos ou gestes de nature Ă provoquer la moindre gĂŞne parmi les femmes de mon dĂ©partement. Mais dans le cas d’Aurore, j’ai pu assister avec un certain amusement Ă son intĂ©gration aux Ă©quipes de travail et Ă la manière dont elle remettait gentiment Ă leur place ceux dont la curiositĂ© extra-professionnelle s’exprimait avec trop d’insistance… Sans dĂ©sobligeance, sans chercher Ă se montrer mĂ©chante ou blessante, mais les intĂ©ressĂ©s ne s’y risquaient pas Ă deux fois !De mon cĂ´tĂ© je m’habituais peu Ă peu Ă cette nouvelle prĂ©sence dĂ©couvrant, outre ce sens de la rĂ©partie si particulier, les compĂ©tences professionnelles que j’avais pressenties. Elle comprenait vite, elle s’intĂ©grait vite, je n’avais pas donc pas Ă lui accorder plus de temps qu’à quiconque d’autre dans l’équipe. Mais je dois tout de mĂŞme avouer que nos Ă©changes Ă©taient toujours des moments agrĂ©ables et je me laissais facilement distraire par des dĂ©tails qui n’auraient pas dĂ», en temps normal, attirer mon attention. Un parfum, toujours le mĂŞme… Un nouveau dĂ©tail dans sa coupe de cheveux… Des tenues vestimentaires de styles variĂ©s, tantĂ´t dĂ©contractĂ©es, tantĂ´t plus formelles, parfois sportives, mais toujours Ă©lĂ©gantes et soigneusement choisies, idem pour ses boucles d’oreilles, systĂ©matiquement assorties. Une image de sa personnalitĂ© se dessinait peu Ă peu dans mon esprit et je ne me l’imaginais pas, chaque matin, piochant au hasard dans son placard. Oh non, elle n’était pas comme ça Aurore… Mais sans ĂŞtre coquette ou superficielle, elle prenait malgrĂ© tout soin de l’image qu’elle donnait d’elle-mĂŞme.Les dĂ©tails sur sa vie personnelle, ils arrivaient au dĂ©tour de telle ou telle conversation, lorsqu’elle avait envie d’en donner. C’est ainsi que nous sĂ»mes qu’il y avait bien un fiancĂ©, un Alexander, ingĂ©nieur lui aussi, qu’elle avait connu durant son annĂ©e Erasmus, et que c’étaient leurs opportunitĂ©s de carrière respective, aussi bien Ă l’une qu’à l’autre, qui avaient motivĂ© leurs dĂ©placements de ces dernières annĂ©es. Elle expliquait cela comme si c’était la chose la plus naturelle du monde, sans pour autant s’ériger en porte-drapeau d’un fĂ©minisme revendicatif, mais lorsque des collègues essayaient de dĂ©fendre la suprĂ©matie masculine naturelle et historique, elle n’avait pas son pareil, avec une fausse ingĂ©nuitĂ© imparable, pour les faire passer aux yeux de l’assistance pour des hommes des cavernes… dans le meilleur des cas. Quoi qu’il en soit ça montrait bien que l’argent Ă©tait loin d’être la prĂ©occupation prioritaire dans sa vie, et que sa libertĂ© et son indĂ©pendance passaient largement devant. Et au passage, ça expliquait que quelqu’un d’aussi brillant se soit retrouvĂ© dans mon service alors qu’ailleurs elle aurait pu prĂ©tendre Ă bien plus. D’aucuns y verraient sans doute la manifestation de la main inĂ©luctable du destin ! En bon rationnel je prĂ©fère n’y voir que le fruit du hasard…Autant dire qu’Aurore alimentait les conversations, mĂŞme en son absence, surtout en son absence d’ailleurs. Car malgrĂ© cette personnalitĂ© pour le moins atypique dans notre milieu elle ne provoquait ni jalousie de la part des unes ni animositĂ© de la part des autres. Il faut dire qu’elle Ă©tait bien aidĂ©e en cela par ses compĂ©tences professionnelles qui sautaient aux yeux de quiconque avait l’occasion de travailler avec elle. Lui confier un dossier, un problème, c’était l’assurance de le voir traitĂ© et rĂ©solu dans les moindres dĂ©tails. J’ai su bien souvent, après-coup, comment elle avait tirĂ© une Ă©pine du pied Ă tel ou tel collègue empĂŞtrĂ© dans un calcul, dĂ©bordĂ© pour sortir un document, en panne sèche devant les rĂ©sultats d’essais qu’il n’arrivait pas Ă interprĂ©ter. Le tout sans chercher Ă tirer la couverture Ă elle…Toujours est-il que je n’ai pas tardĂ© Ă recevoir des compliments pour le flair que j’avais eu en sĂ©lectionnant Aurore, tout le monde vantant le large Ă©ventail de son talent. Et mĂŞme si j’étais strict quant aux codes de conduite au sein du service, les commentaires tendancieux, Ă©quivoques, n’ont pas tardĂ© Ă circuler, chacun s’interrogeant tour Ă tour au sujet de l’étendue de ses compĂ©tences « professionnelles », voire « extra-professionnelles », et exprimant sa curiositĂ© de savoir ce qu’« elle donnerait au banc d’essai ». Pour ĂŞtre tout Ă fait honnĂŞte c’était comprĂ©hensible et humain, je n’avais pas Ă©tĂ© le seul Ă tomber sous le charme de son physique de top model, d’autant plus que sans aller jusqu’à jouer les Bimbo provocantes, elle ne reniait absolument rien de sa fĂ©minitĂ© et la perfection de ses courbes sautait aux yeux de tout homme normalement constituĂ©. Ah, si j’avais eu vingt-cinq ans de moins, me prenais-je parfois Ă penser…Mais ce n’étaient que des pensĂ©es, et les fantasmes de chacun n’avaient rien Ă faire en dehors de leur tĂŞte. Las, j’avais beau faire mes gros yeux et multiplier les rappels Ă l’ordre, rien n’y faisait, et les conversations de machine Ă cafĂ© revenaient immanquablement sur le mĂŞme sujet. Les hommes en verve ce n’est pas très discret, c’est bien connu, et Aurore finit par en avoir vent. Fidèle Ă son habitude, elle ne monta nullement sur ses grands chevaux et se contenta un beau jour, toute souriante, d’arriver Ă la machine Ă cafĂ©Â :— Bonjour, les garçons ! Alors… J’ai ouĂŻ dire que vous ĂŞtes un peu prĂ©occupĂ©s par les bancs d’essais ces derniers temps…Dans le blanc qui suivit, un ange passa… Chacun s’évertuait Ă regarder son cafĂ©, ou ses chaussures, ou ailleurs, avec la plus extrĂŞme des concentrations, tandis que les femmes du service, sourire en coin, s’apprĂŞtaient Ă savourer le spectacle dont elles pressentaient l’arrivĂ©e imminente.— Non, mais vous avez raison, c’est important le banc d’essai, sans ça comment certifier la qualitĂ© des produits qu’on dĂ©livre Ă nos clients, non ? Tiens, par exemple, toi Antoine, t’en penses quoi ?… Les airbags, Ă quelle pression tu crois qu’on devrait les tester ? Eh, regarde-moi dans les yeux plutĂ´t…En posant ces questions, Aurore avait ostensiblement dĂ©fait un bouton de son chemisier en bombant le torse, histoire de bien lui mettre sa poitrine sous le nez. L’intĂ©ressĂ© ne savait plus oĂą se mettre.— Et toi, GĂ©rard, les pare-chocs, tu en dis quoi ? Tu optes plutĂ´t pour l’essai destructif ou l’essai non destructif ? Il vaut mieux les dĂ©monter pour bien les tester, non ?Le GĂ©rard en question aurait bien voulu disparaĂ®tre six pieds sous terre.— Et Bernard, toi, le spĂ©cialiste en carrosserie, avec quoi on pourrait les astiquer pour les tests d’endurance ? Et la table vibrante, on la règle Ă quelle cadence pour bien faire ?…LĂ , elle Ă©tait passĂ©e juste sous l’intĂ©ressĂ©, en roulant du cul, notre Aurore… C’est Ă ce moment-lĂ que les autres filles sont entrĂ©es en jeu :— Ben alors les gars, on vous a coupĂ© la langue ? Elle a raison Aurore… commença Martine. Moi qui croyais que vous Ă©tiez des spĂ©cialistes du vĂ©rin hydraulique…— Non, mais les bancs d’essai, tu sais… Ce sont ceux qui en parlent le plus qui en ont le moins, il paraĂ®t… renchĂ©rit Laure.— Oui et puis bon, faut vĂ©rifier la date du dernier Ă©talonnage aussi, on a des mauvaises surprises sinon… poursuivit BĂ©atrice.— Moi, c’est plutĂ´t l’endurance du levier de vitesse qui m’intĂ©resse !— Et n’oublie pas de vĂ©rifier la course du piston aussi…— Ouais, la course et la cadence, parce que y’en a qui ne tiennent pas la distance !— Et faut pas caler au dĂ©marrage ni noyer le moteur, sinon c’est galère après… Les pannes Ă l’allumage…— M’en parle pas ! Mais si tu pètes le joint de culasse, t’es bonne pour appeler la dĂ©panneuse et changer de moteur.— Ou direct Ă la casse carrĂ©ment ! Y’a un moment, mieux vaut changer de bagnole…— Ouais, c’est pas con ce que tu dis en fait. On devrait juste se les prendre en leasing pour avoir que du matos neuf nickel chrome en permanence. Après on s’attache et c’est chiant…— Ben oui, les voitures de collection c’est bien beau, mais bon… Ă part pour promener la belle-mère le dimanche, faut pas trop leur en demander.— On devrait faire des essais comparatifs des bancs d’essai en fait…— Oui oui ! Et on va publier le palmarès au panneau d’affichage. Vous en pensez quoi les gars ?… Qui est volontaire, je commence par qui ?J’ai fini par dĂ©cider que le jeu avait assez durĂ©Â :— Bon, les filles. Stop !Elles se sont instantanĂ©ment interrompues et sont parties d’un Ă©norme Ă©clat de rire.— Allez, fini la rĂ©crĂ©ation, c’est bien joli tout ça, mais… retournez bosser ! Non, pas vous, les gars, j’ai encore un truc Ă vous dire…Les filles nous ont quittĂ©s sans pouvoir s’arrĂŞter de rigoler, pendant qu’un silence gĂŞnĂ© s’installait peu Ă peu.— Bon les gars… Vous ĂŞtes grands, je ne vais pas vous faire la morale, vous avez passĂ© l’âge… et j’ai passĂ© l’âge aussi ! Mais laissez-moi vous dire que vous l’avez bien cherchĂ©Â ! Si vous n’arrivez pas Ă vous tenir, vous savez ce qui vous attend, surtout que maintenant elles sont quatre !Je n’ai pas eu Ă le rĂ©pĂ©ter deux fois… L’incident servit de leçon Ă la gent masculine, et aboutit Ă une « paix des braves » dans laquelle les filles n’essayèrent pas non plus d’en tirer avantage. Tout le monde put alors se concentrer sur son travail et sur le maintien d’une bonne ambiance au sein de l’équipe.La vie suivait ainsi son cours, les mois se succĂ©daient, et le mois d’aoĂ»t arriva Ă nouveau, moment que choisit la DRH pour m’envoyer un mail me rappelant que le contrat de prestataire d’Aurore arrivait bientĂ´t Ă Ă©chĂ©ance et qu’il fallait songer Ă lancer une nouvelle consultation pour lui trouver une remplaçante. Eh oui, c’était ça les pratiques standard de nos Ressources « Humaines »… Malheureusement (ou heureusement ?…), ce message arriva dans un de ces jours oĂą rien n’allait comme on voudrait et oĂą je n’avais pas la tĂŞte Ă me laisser emmerder par des incompĂ©tents, d’autant plus qu’une pointe de travail, une vraie cette fois-ci, s’annonçait. Ce n’était vraiment pas le moment pour se retrouver avec un nouveau venu dans l’équipe, qu’il faudrait chercher, trouver, mettre au courant des projets en cours et des mĂ©thodes de travail de l’entreprise. J’ai donc rĂ©pondu, par un retour de service dans les pieds, suivi d’une montĂ©e au filet, que les nĂ©cessitĂ©s opĂ©rationnelles rendaient indispensable le prolongement de la mission en cours.Nullement impressionnĂ©e et bien rodĂ©e Ă ces tentatives de rĂ©bellion la DRH rĂ©pliqua d’un lob magistral, me rappelant qu’en vertu des ProcĂ©dures QualitĂ© elle n’était pas habilitĂ©e Ă autoriser « l’inĂ©vitable dĂ©passement budgĂ©taire » qui en dĂ©coulerait. Et elle m’indiquait, Ă continuation, la liste des Project Manager dont je devais obtenir la validation dans la semaine, afin de poursuivre le process. Faute de quoi, malheureusement, bla-bla-bla…J’ai respirĂ© un bon coup, conscient que les douze travaux d’Hercule m’attendaient… Mais je suis allĂ© les voir, un par un, prenant le temps de leur expliquer Ă chacun ce qu’ils savaient dĂ©jĂ , Ă savoir qu’une ingĂ©nieure d’expĂ©rience, ça n’a pas le mĂŞme rendement qu’un jeunot qui sort de l’école, mĂŞme s’il est moins cher. Ça, ils n’en avaient rien Ă foutre, je le savais… Mais j’ai pris soin d’ajouter que compte tenu de la surcharge de travail qui s’annonçait, je me verrais dans l’obligation de faire des choix et de dĂ©finir des prioritĂ©s entre les projets en cours, et que je serais sincèrement dĂ©solĂ© si le leur devait se voir affectĂ© par un retard Ă la livraison… LĂ , comme prĂ©vu, j’ai fait mouche et obtenu la validation. Comme quoi, lorsqu’on prend les gens par les sentiments…C’est ainsi que, l’un après l’autre, les Project Managers ont validĂ© le prolongement de la mission d’Aurore. Et le vendredi soir, sur le gong, j’envoyais Ă la DRH mon retour acrobatique entre les jambes du fond du court, qui les laissa scotchĂ©s sur place. Jeu, Set et Match…RĂ©trospectivement, je veux bien reconnaĂ®tre que mon brusque accès de zèle n’était certainement pas uniquement motivĂ© par ma volontĂ© de clouer le bec aux crĂ©tins (« d’enculer la DRH », aurait dit Bernard, notre ami poète…). Mais je jure mes grands Dieux que je n’en avais nulle conscience. Et que mĂŞme, si Aurore Ă©tait, certes, fort agrĂ©able Ă cĂ´toyer et Ă admirer, je n’avais pas la moindre pensĂ©e impure ! Du moins… pas consciemment ! Et nul n’est responsable de son subconscient…Toujours est-il que dans le courant de la semaine suivante je reçus la confirmation Ă©crite de la DRH, cette fois-ci sans le moindre commentaire. Je pus alors annoncer Ă Aurore, en plein open space, que sa mission Ă©tait prolongĂ©e pour une annĂ©e supplĂ©mentaire.L’apparition de la Sainte Vierge n’aurait pas produit plus d’effet… Tout le monde s’est tournĂ© vers moi comme si j’étais le Messie en personne, avec des yeux de merlan frit. Tous, sauf Aurore, qui ne comprenait pas la raison d’une telle rĂ©action.— Mais… qu’est-ce qui vous arrive Ă tous ? Ça me fait plaisir de rester avec vous, mais bon…— Tu ne peux pas comprendre Aurore… intervint BĂ©atrice. Ça ne s’est jamais vu chez nous de prolonger un prestataire… Jamais…— Non, jamais… Mais qu’est ce que tu leur as dit François ? Ou qu’est-ce que tu leur as fait ?— T’as sucĂ© des bites, c’est pas possible autrement… suggĂ©ra GĂ©rard— GĂ©gĂ© arrĂŞte ! l’interrompis-je.Mais Antoine surenchĂ©rit :— Ou alors… Tu t’es tapĂ© la vieille peau ? Non, pitiĂ©, me dis pas ça…— Stop, j’ai dit ! Non, mais franchement, vous vous rendez compte de l’image que vous donnez de l’entreprise ?— En tous cas bravo, je te fĂ©licite ! Tu la leur as mis bien profond ! conclut Bernard.Ce fut Aurore qui rabaissa la tension en partant d’un grand Ă©clat de rire :— Si vous vous voyiez… Franchement vous ĂŞtes trop drĂ´les ! Mais je vous adore… MĂŞme toi, GĂ©gĂ©, mĂŞme toi, Antoine, si si, croyez-moi… Bon OK, vous avez Ă©tĂ© lourdingues parfois, mais je sais que ce n’était pas mĂ©chant. Et puis vous avez encore la vie devant vous pour vous amĂ©liorer, non ?…Ces paroles ramenèrent la joie et la bonne humeur et tout le monde se rĂ©jouit, simplement, d’une nouvelle qui ne pouvait que faire du bien au dĂ©partement. Ce fut Martine qui eut le mot de la fin :— En tous cas ça s’arrose, on devrait aller boire un coup pour fĂŞter ça !— VoilĂ une idĂ©e qu’elle est bonne… renchĂ©rit Antoine. Demain soir par exemple ?La proposition fut acceptĂ©e par tous les prĂ©sents, BĂ©atrice suggĂ©ra alors Ă Aurore d’inviter Ă©galement Alexander.— C’est gentil et je pense que ça lui aurait fait plaisir de venir, mais il est parti en dĂ©placement cette semaine. Une autre fois sans doute !Un peu plus tard dans la journĂ©e, elle passa me voir dans mon bureau, pour savoir si demain soir je pourrais la ramener chez elle en voiture. Elle n’avait pas vraiment envie de goĂ»ter aux « joies du RER » Ă des heures oĂą il risquait d’être moins bien frĂ©quentĂ©. J’acceptais avec joie, bien entendu. Sans la moindre arrière-pensĂ©e…C’est ainsi que le lendemain, tout le service Ă©tait au rendez-vous, ou du moins ceux qui Ă©taient encore prĂ©sents en ce mois d’aoĂ»t synonyme pour beaucoup de vacances estivales et familiales… Par la mĂŞme occasion chacun avait fait un petit effort vestimentaire et les tenues Ă©taient un peu moins dĂ©contractĂ©es que d’habitude. Fidèle Ă son habitude, Aurore avait fait sensation, le matin, en arrivant avec une robe un peu dans le style des robes Mondrian d’Yves Saint-Laurent, mais remise au goĂ»t du jour, plus ajustĂ©e sans ĂŞtre moulante, plus courte, mais sans ĂŞtre provocante, bref, juste ce qu’il faut pour ĂŞtre sĂ©duisante sans pour autant jouer les allumeuses.Nous avons passĂ© ainsi un bon moment au bistrot Ă cĂ´tĂ© du bureau, Ă partager les projets de vacances de ceux qui n’étaient pas encore partis, les souvenirs de ceux qui Ă©taient dĂ©jĂ revenus, en essayant de maintenir sous contrĂ´le les anecdotes grivoises de tel ou tel incorrigible. Notre groupe s’est progressivement rĂ©duit, certains Ă©tant attendus Ă la maison par un conjoint ou des enfants. Moi, je n’avais pas cette contrainte, Anne ayant choisi cette semaine-lĂ pour passer voir ses parents en province. GĂ©rard, fidèle Ă lui-mĂŞme, ne manqua d’ailleurs pas de me suggĂ©rer de profiter de cette libertĂ© temporaire pour faire des folies de mon corps ! Le regard noir que je lui lançai dĂ©clencha l’hilaritĂ© gĂ©nĂ©rale…Les meilleures choses ont une fin et lorsqu’Aurore se prĂ©para pour nous quitter, ce fut comme le signal pour que chacun regagne ses pĂ©nates. Tout le monde Ă©tait motorisĂ© ou s’était arrangĂ© avec quelqu’un pour se faire ramener, c’est ainsi que nous nous sommes retrouvĂ©s en tĂŞte-Ă -tĂŞte avec Aurore, dans ma voiture…— On pourrait passer chez toi deux minutes, François ? J’ai un cadeau que j’aimerais t’offrir…— Un cadeau, vraiment ? Voyons, il ne fallait pas, ce n’était pas nĂ©cessaire !— Si, si, j’y tenais vraiment.— Comme tu voudras Aurore… Mais dans ce cas, on peut s’éviter un dĂ©tour, tu me le donnes tout de suite et basta !— C’est un peu… personnel, alors je prĂ©fère attendre qu’on soit chez toi.— Allons donc, tu m’intrigues… Mais je te prĂ©viens, les liasses de billets de 500 sont proscrites par le code de bonne conduite de l’entreprise, alors je ne voudrais pas d’ennuis ! plaisantais-je. Tout le monde nous a vus partir ensemble alors si j’arrive demain en Ferrari ça va jaser !— Mais non, tu n’as rien Ă craindre de ce cĂ´tĂ©-là … lâcha-t-elle, Ă©nigmatique. Et de toute manière tu ne risquais rien, tout le monde t’adore dans le service, je peux te l’assurer. Ça bave pas dans ton dos dès que tu as le dos tournĂ©Â !— Je t’arrĂŞte tout de suite, tu vas me faire rougir !— Bien, bien, chef, je ne dis plus rien… rĂ©pliqua-t-elle pour me taquiner.Notre court trajet se poursuivit en silence jusqu’au parking de mon immeuble. J’avais beau apparenter une attitude dĂ©contractĂ©e, j’étais franchement intriguĂ© et me demandais quelle surprise Aurore pouvait bien me rĂ©server, d’autant plus qu’elle n’avait que son sac Ă main avec elle. Une montre de marque ? Un bon cadeau de Grands-Magasins ? Bref, je n’allais pas tarder Ă en avoir le cĹ“ur net.Une fois la porte d’entrĂ©e franchie, j’invitai Aurore Ă passer dans le salon et Ă s’installer sur le canapĂ©. Elle s’avançait Ă pas feutrĂ©s, scannant mon intĂ©rieur avec un regard prĂ©cis, un peu comme si elle essayait d’y dĂ©couvrir les aspects mĂ©connus de ma personnalitĂ©. Je m’assis Ă mon tour, Ă l’autre bout du canapĂ©, lĂ©gèrement tournĂ© vers elle, et dĂ©cidai de ne pas y aller par quatre chemins.— Bien… Ce cadeau, alors ? Pourquoi tant de mystères ?…Aurore semblait rĂ©flĂ©chir un instant, comme si elle cherchait ses mots, ou si elle voulait mettre de l’ordre dans ses idĂ©es.— Eh bien… comme je te le disais, c’est un peu particulier, un peu personnel… Et puis quelque part c’est un cadeau pour partager Ă deux Ă©galement…— Ah, mais c’est Anne qui va ĂŞtre contente qu’on aille au restaurant gastronomique ou Ă un week-end thalasso alors !— Hmmm… Non, pas vraiment, c’est pas exactement ça…Je gardai le silence, intriguĂ©, ce qui la forçait Ă poursuivre.— Ça fait dĂ©jĂ un an qu’on se connaĂ®t, François, ça fait donc dĂ©jĂ un an que je t’observe…— M’observer ?— Mais oui, bien sĂ»r, que crois-tu ? Qu’il n’y a que les hommes qui matent les filles ?…— Mais, mais… Je ne comprends pas… bredouillai-je lamentablement.— Allons, ne te mets pas sur la dĂ©fensive, je ne te fais aucun reproche. Et quoi qu’en disent parfois les militantes fĂ©ministes, ce n’est pas forcĂ©ment dĂ©sagrĂ©able non plus…— Mais enfin… pas du tout, qu’est-ce que tu racontes !Le tournant que prenait la conversation me mettait quelque peu mal Ă l’aise, car… au fond de moi je devais bien reconnaĂ®tre qu’elle n’avait pas tout Ă fait tort. Je me sentais comme un enfant surpris avec la main dans le pot de confiture, mais pas du tout mentalisĂ© pour l’admettre. Alors j’essayais de botter en touche ou de dĂ©tourner la conversation.— Écoute… Je n’essaie que de faire mon travail du mieux que je le peux et de mettre tout le monde Ă l’aise dans le dĂ©partement. Alors si j’ai pu avoir un comportement qui t’a semblĂ© dĂ©placĂ© je te prie de m’en excuser. Mais ce n’était nullement mon intention.Aurore Ă©couta en silence, sourit, et poursuivit… comme si je n’avais rien dit !— Ça fait un an que je t’observe, donc… et je n’ai aucun reproche Ă te faire. Tu es un supĂ©rieur hiĂ©rarchique comme beaucoup de gens aimeraient en avoir, je pense. Pas quelqu’un qui se contente de refiler les problèmes Ă ses subordonnĂ©s pour mieux s’en attribuer le mĂ©rite, ni un parano qui s’accroche Ă son fauteuil comme une moule Ă son rocher et qui voit des conspirations partout, ni un fouteur de merde qui sème la division dans l’équipe pour mieux rĂ©gner, ni un chef de service blasĂ© et dĂ©sabusĂ© qui attend simplement la retraite… Tu sais, j’en ai vu quelques-uns des chefs quand mĂŞme. Et pour l’instant, tu es le Top One sans l’ombre d’un doute.Qui pourrait rĂ©sister Ă un tel concert de louanges ?… Elle me clouait ainsi le bec, bien sĂ»r, je n’étais pas masochiste au point de la contredire…— En plus tu sais gĂ©rer ton Ă©quipe pour que tout le monde s’y sente Ă l’aise. Avec GĂ©gĂ©, Antoine ou compagnie, c’est vrai que ça pourrait ĂŞtre pesant Ă la longue pour une fille. Moi ça m’amusait, je sais me dĂ©fendre toute seule, je suis grande, mais s’il n’y a personne pour les cadrer, ils peuvent vite devenir franchement lourds. Mais j’ai bien vu comment tu savais mettre des limites.Modestie mise Ă part, elle avait pleinement raison…— Tout ça pour dire que sous ton regard bienveillant, une fille ne peut que se sentir en confiance… mĂŞme si ça reste le regard d’un homme !AĂŻe… Nous y revoilà …— Ça me semblait normal au dĂ©but, j’étais la nouvelle après tout, alors tu te prĂ©occupais que tout se passe bien. Et puis tu m’as laissĂ© me dĂ©brouiller toute seule pour trouver mes marques, ma place… mais sans jamais me perdre de vue. Ça ne m’a jamais mise mal Ă l’aise, je te rassure tout de suite. Comme je te le disais, il y a quelque chose de flatteur, après tout, Ă Ă©veiller l’intĂ©rĂŞt d’un chef aussi remarquable.Elle me regardait droit dans les yeux en me dĂ©bitant tout ça. Et moi, penaud, je ne savais plus oĂą me mettre…— Alors c’est devenu comme un jeu au fil de temps, et chaque matin en me levant je me demandais ce que j’allais bien pouvoir trouver… En fait, vous n’êtes pas si compliquĂ©s, les hommes, hein ? Vous ĂŞtes très… visuels, oui, c’est ça, visuels. Et une fois qu’on accroche votre radar de poursuite, vous ne nous lâchez plus !Elle souriait en me disant ça, fière d’elle, amusĂ©e devant mon air empruntĂ©. AmusĂ©e, mais Ă©galement, quelque part, attendrie. C’était clair qu’à cet instant, Aurore avait tous les atouts en main !— Bon, bien sĂ»r, il y avait les autres aussi qui ne me lâchaient plus… Et non seulement ils Ă©taient nettement moins discrets, mais en plus ils Ă©taient bien plus envahissants que toi ! Mais j’en faisais mon affaire, j’ai un peu l’habitude, après tout… En fait, en y repensant, je ne suis souvent dit que tu pourrais certainement lister toutes les tenues que j’ai portĂ©es pour venir au bureau depuis un an… Non ?… Si, si, si, si tu voulais bien te donner la peine tu y arriverais…Ah oui elle s’amusait, pour sĂ»r, elle buvait du petit lait ! Mais en mĂŞme temps l’intonation de sa voix Ă©tait si douce, si tranquille, qu’on ne pouvait pas du tout s’emporter ni s’indigner. Elle Ă©tait… dĂ©sarmante, oui, dĂ©sarmante. C’était le mot…— En mĂŞme temps, j’espère que je ne t’ai pas trop dĂ©concentrĂ© non plus hein… Si c’était le cas, ça ne s’est pas vu en tous cas ! Moi ça allait, je crois que j’ai quand mĂŞme assurĂ© toute cette annĂ©e, non ?— Je… je… je n’ai aucun reproche Ă te faire Aurore, tu es une grande professionnelle, la meilleure dans ton domaine que j’ai connue !— Ah tu me rassures doublement. Je te remercie du compliment, j’ai une rĂ©putation Ă prĂ©server moi aussi… et je vois que tu n’as pas perdu ta langue !— Écoute, je me sens… affreusement gĂŞnĂ©Â !— Allons, François, il ne faut pas en faire tout un plat non plus, y’a pas eu mort d’homme… ni de femme ! Surtout que maintenant, il nous reste encore un an Ă travailler ensemble, puisque tu en as dĂ©cidĂ© ainsi. Alors il n’y a pas le choix, il va falloir gĂ©rer… et trouver la manière de rendre la cohabitation supportable…— Oui et bien… Justement ! Je commence Ă me demander si ce n’était pas une mauvaise idĂ©e en fin de compte !La tension devenait insupportable, ne pouvant plus rester assis je me suis levĂ© d’un bond pour commencer Ă marcher nerveusement dans la pièce. Aurore est d’abord restĂ©e tranquillement assise avant de se lever Ă son tour, mais avec bien moins de nervositĂ©. Elle s’est lentement approchĂ©e et une fois face Ă moi, elle a pris mes mains dans les siennes et a attendu que j’arrĂŞte de regarder partout ailleurs pour, enfin, affronter son regard.— Tu sais, tu prends les choses trop au sĂ©rieux… Il y a certainement une meilleure solution… Laisse-moi finir, je n’avais pas terminĂ© tout Ă l’heure. N’oublie pas que j’ai toujours un cadeau…Avais-je vraiment le choix, après tout ?…— Tout Ă l’heure je t’ai dit que c’était devenu comme un jeu. Un jeu que je contrĂ´lais, dont je dĂ©cidais les règles au fur et Ă mesure, les prochaines Ă©tapes. Et puis bon, Ă vrai dire, dernièrement, je me rends bien compte que le jeu, je ne le maĂ®trise plus tant que ça… C’était amusant, attendrissant aussi, de te voir me dĂ©sirer Ă distance, avec respect et retenue. Sauf que…Je me suis crispĂ© sur place, pressentant les paroles qui allaient suivre, les redoutant et les dĂ©sirant ardemment Ă la fois…— … sauf que je me suis laissĂ© prendre Ă mon propre jeu François…Ses mains, soudain, devenaient caressantes sur les miennes. Je m’y suis abandonnĂ© un instant avant de me dĂ©gager brusquement, dans un Ă©clair de luciditĂ©.— Mais enfin Aurore, qu’est-ce que tu racontes, c’est insensĂ©Â !— Sois honnĂŞte avec toi-mĂŞme, François, ça fait un an que tu me dĂ©sires… Respectueusement, certes, mais c’est du dĂ©sir, tu le sais aussi bien que moi. Quant Ă moi… Bon, ça ne fait pas un an, d’accord, j’en conviens. Mais en ce moment mĂŞme, je ne sais pas lequel de nous deux dĂ©sire l’autre le plus… Et en fin de compte, nous sommes deux adultes consentants, non ?…Abasourdi, je n’en croyais pas mes oreilles. Je reculais lentement pour prendre mes distances avec Aurore, comme par rĂ©flexe, sans vraiment y penser, mais elle avançait au fur et Ă mesure, pas-Ă -pas, sĂ»re d’elle, ses yeux souriants plantĂ©s dans les miens, avec la conviction et l’aplomb de celles et ceux qui savent qu’ils ont raison, qu’ils ont dĂ©jĂ gagné… Je me suis finalement retrouvĂ© adossĂ© Ă la table, et Aurore continuait Ă avancer, jusqu’à ce que nos corps se retrouvent collĂ©s l’un contre l’autre. Je ne savais plus quoi faire. Je n’ai pas cherchĂ© Ă me dĂ©gager, mais dans un dĂ©ni de rĂ©alitĂ© j’ai prĂ©fĂ©rĂ© fermer les yeux pour ne plus la voir, en cherchant Ă argumenter de manière dĂ©sordonnĂ©e.— Aurore, Aurore… Je pourrais ĂŞtre ton père, voyons…Elle ne se laissa nullement dĂ©monter, passa tranquillement ses bras autour de ma taille, et continua Ă parler en frottant distraitement son corps contre le mien.— Ah, je l’attendais celle-là … La belle affaire ! C’est tout ce que tu as trouvĂ©Â ? C’est un peu court jeune homme, comme dirait l’autre… Regarde-moi donc droit dans les yeux alors, et ose prĂ©tendre que je ne suis pas pour toi une femme dĂ©sirable et dĂ©sirĂ©e…— Mais je suis marié… Et tu es fiancĂ©e…— Exact… C’est très bien comme ça, et personne n’a envie que ça change non ?… Pas moi, en tous cas. Je n’avais pas l’intention de te demander en mariage… Alors quelqu’un qui pourrait ĂŞtre mon père saura très bien faire la diffĂ©rence entre l’Amour et le DĂ©sir, j’en suis sĂ»re… Laissons Anne et Alexander en dehors de tout ça, tu veux bien ? LĂ , on ne parle que de toi… de moi… de nous… Ici, et maintenant… Ce sera notre secret Ă tous les deux…— Aurore, je t’en supplie… Je suis ton supĂ©rieur hiĂ©rarchique… Tu n’es pas obligĂ©e de faire ça pour garder ton travail… Le code Ă©thique…— Tu veux bien laisser le code Ă©thique lĂ oĂą il est ?… N’essaie pas de te cacher derrière le fantĂ´me du harcèlement sexuel ou du droit de cuissage, ça ne prendra pas avec moi… J’ai envie de toi… Et tu as envie de moi… c’est tout… Je le sens très bien, d’ailleurs…Elle avait raison, cent fois raison, hĂ©las, et les rĂ©actions de mon corps ne me trahissaient que trop bien ! Mais je me sentais comme paralysĂ©, incapable de la moindre initiative. Aurore poursuivit donc, comme si de rien n’était, en passant ses bras autour de mon cou et en m’attirant tout contre elle, pour que le souffle chaud de ses paroles vienne mourir au creux de mon cou.— Hmmm… Tu sens bon… Très bon, tu sais… Je n’avais jamais osĂ© te le dire… Je sais ce que c’est, je me suis renseignĂ©e, Kouros, de Saint-Laurent… Comme ma robe d’ailleurs, hein ? Si c’est pas un signe, ça… Moi aussi je suis une femme Saint-Laurent… Mais tu le savais peut-ĂŞtre dĂ©jĂ non ?… Moi c’est Opium… Allez, cesse donc de rĂ©sister, laisse-toi aller…Je me sentais succomber peu Ă peu, emportĂ© par un dĂ©sir que ma bonne conscience ne parvenait plus Ă endiguer. Sentant sans doute la tempĂŞte qui se dĂ©chaĂ®nait dans mon cerveau, Aurore me porta le coup de grâce :— Allez… C’est la seule issue, tu le sais bien… Tu imagines sinon l’enfer dans le Service, l’annĂ©e Ă venir ? Ni toi ni moi ne serons plus bons Ă rien, on ne pourra pas se concentrer sur notre travail… La seule façon d’échapper Ă ce dĂ©sir est d’y succomber… Après on n’y pensera plus… Et on pourra retrouver notre vie comme avant… Allez François… Pour le bien du Service…Elle me servait sur un plateau l’alibi dont ma bonne conscience avait besoin pour… arrĂŞter de faire chier ! Alors dans une sorte de « alea jacta est », je capitulai en rase campagne, je me lançai dans le vide sans parachute et posai mes mains sur sa taille pour l’enlacer.— Hmmm… Oui… Comme ça… Good boy, good boy…Elle leva son visage vers moi, sa bouche Ă©tait toute proche de mes lèvres, offerte, je n’eus qu’un geste Ă faire pour y dĂ©poser un baiser d’abord chaste, puis fougueux, puis furieux, Ă mesure que mon Ă©treinte se resserrait, jusqu’à ce que nos bouches grandes ouvertes se retrouvent collĂ©es l’une Ă l’autre dans un patin d’anthologie. Je bandais, je bandais depuis longtemps d’ailleurs, comme un bouc en rut, et notre corps Ă corps endiablĂ© ne s’interrompit que pour nous laisser reprendre notre souffle.— Depuis le temps que j’attendais ce moment… Les astres Ă©taient avec nous, en fait… C’était bien que ta femme soit partie chez ses parents, sinon j’aurais dĂ» t’amener Ă la maison… Mais tu ne te serais pas senti autant en confiance, non ? C’est mieux qu’on soit chez toi…Je n’ai pas cherchĂ© Ă savoir depuis combien de temps elle prĂ©mĂ©ditait tout ça, mais visiblement elle n’avait pas agi sur un coup de tĂŞte ! Ă€ ce moment-lĂ je m’en foutais royalement, je la voulais, c’était tout, mais j’avançais encore timidement, craignant de sortir de ce rĂŞve Ă©veillĂ©. Je l’embrassai Ă nouveau, avec plus de tendresse et de retenue cette fois-ci, tandis que mes mains commençaient Ă explorer son corps. Toute collĂ©e contre moi, Aurore me rendait mon baiser, le souffle court, et moi je caressais sa nuque, son dos, ses bras, me hasardant mĂŞme Ă lui empoigner les fesses Ă pleines mains. Ses ondulations de hanches et son ronronnement m’encourageaient Ă poursuivre, ce dont je ne me privais pas.Je me hasardai ensuite encore plus bas, glissant mes mains le long de ses cuisses, jusqu’à atteindre la lisière de sa robe. Le contact de sa peau fut aussi chaud que je me l’imaginais, mais bien plus doux. Ooohhh… Cette douceur, j’en voulais encore, et visiblement je n’étais pas le seul Ă apprĂ©cier la caresse. Je laissai donc mes doigts remonter, sous la robe cette fois-ci, la troussant au fur et Ă mesure. Dans un coin de ma tĂŞte, une curiositĂ© mal placĂ©e se demandait ce que j’allais trouver comme petite culotte lĂ -dessous. Coton ? Dentelle satinĂ©e ? Shorty ? Tanga ? Je progressais petit Ă petit, dans l’expectative, attendant le contact du tissu et… rien ne venait. Ses globes souples et charnus s’invitèrent sous mes mains et l’évidence s’imposa : elle avait les fesses Ă l’air, rien sous sa robe. Abasourdi, je la lâchais après avoir interrompu notre baiser et la regardai avec surprise. Aurore, elle, me dĂ©visageait avec une expression qui se voulait pure et innocente, mais dont le regard pĂ©tillant trahissait Ă quel point elle se sentait fière de son coup.— Alors, que dis-tu de ma petite surprise ?….— Mais… depuis quand tu es comme ça ?— Oh, est-ce donc si important ?… Ce serait grave si j’avais passĂ© la journĂ©e au bureau avec les fesses Ă l’air ?… Tu vas encore me sortir un Règlement intĂ©rieur de ton chapeau ?…— Mais… mais…— Mais quoi, tu vas me faire le coup du « je te croyais pas comme ça » ?… Comme ça quoi d’ailleurs ?… Une effrontĂ©e ?… Une courtisane ?… Une catin ?… Non, ne dis rien en fait, ce sera mieux… Viens donc plutĂ´t t’occuper de moi, je suis sĂ»re que tu vas faire ça très bien. Et puis c’est mal Ă©levĂ© de parler la bouche pleine, n’est-ce pas ?…Joignant le geste Ă la parole Aurore se sĂ©para de moi et me prenant par la main, elle recula pas Ă pas jusqu’au canapĂ©. Je la suivais, comme un zombie, me demandant si j’avais bien entendu ce que je venais d’entendre. Elle s’empressa d’ôter mes doutes en se renversant langoureusement sur le canapĂ©, jambes entrouvertes, robe Ă moitiĂ© troussĂ©e, bras Ă©cartĂ©s, abandonnĂ©e, offerte, en m’invitant d’un hochement de tĂŞte langoureux Ă m’agenouiller Ă ses pieds.— Allez… Ne me fais plus attendre… Si tu savais Ă quel point j’ai la chatte en feu… Allez, viens, mange-moi… Bouffe-moi…VoilĂ un… « registre de langage » auquel Aurore ne m’avait pas habituĂ©Â ! Mais avec l’intonation de sa voix, ces mots ne prenaient pas dans sa bouche le caractère grossier et ordurier qu’ils auraient pris chez quelqu’un d’autre. Ă€ ce moment-lĂ , Aurore, je ne pouvais que lui obĂ©ir, je ne pouvais que la satisfaire, la combler et… il faut bien l’avouer Ă©galement, je mourrais d’envie de lui sauter dessus sans autre forme de procès et d’assouvir mes bas instincts !Je m’approchai donc, haletant, fĂ©brile entre ses jambes, terminant de trousser sa robe Ă deux mains, tandis qu’elle ouvrait ses cuisses en grand au fur et Ă mesure dans une impudeur rĂ©flĂ©chie et calculĂ©e pour m’allumer encore plus. Je pouvais dĂ©jĂ sentir les effluves puissants de son intimitĂ©, avant mĂŞme qu’elle ne se rĂ©vèle Ă ma vue. Lorsqu’enfin elle apparut, je dĂ©couvris un ventre clair, ornĂ© d’un fin triangle châtain soigneusement taillĂ©, qui encadrait un sexe rose, fin, entrouvert et luisant, laissant peu de place au doute quant Ă son degrĂ© d’excitation. Effectivement, d’affirmer qu’elle avait la chatte en feu c’était rester bien en deçà de la vĂ©rité…J’aurais pu rester en pâmoison encore longtemps, mais Aurore ne l’entendait pas de cette oreille et, me « rappelant Ă l’ordre », elle m’agrippa par la nuque pour que j’approche mon visage du sommet de sa fourche. Je choisis d’éviter un contact trop direct et optai plutĂ´t pour un chapelet de baisers sur l’intĂ©rieur si soyeux de sa cuisse. Le frĂ´lement de mes lèvres dĂ©clencha chez elle des soupirs langoureux, qui se transformaient en plainte de plus en plus lascive Ă mesure que je m’approchais de son ventre. Lorsqu’enfin ma bouche se plaqua sur son sexe, ce fut comme une dĂ©livrance… pour elle comme pour moi. Aurore s’abandonna corps et âme, dans un concert de gĂ©missements rythmĂ©s par les mouvements de ma langue. Et moi, je donnai libre cours Ă mon dĂ©sir, mon appĂ©tit sexuel, en savourant sans retenue ses chairs intimes juteuses comme un fruit bien mĂ»r.Qu’en dire d’autre, de ce premier moment magique, de cette scène quelque peu surrĂ©aliste d’une femme qui n’était pas mon Ă©pouse, renversĂ©e sur mon canapĂ©, et sur laquelle je m’activais compulsivement ? Que je continuais Ă bander comme un fou, peut-ĂŞtre, concentrĂ©, appliquĂ© pour donner le meilleur de moi-mĂŞme, attentif Ă ses rĂ©actions, curieux de dĂ©couvrir ses points faibles, les zones les plus sensibles, tous les sens en Ă©veil pour profiter au maximum de sa fragrance animale, de la saveur de ses sucs qui n’en finissaient pas de couler, attentif Ă ses dĂ©hanchements ou ses sursauts. J’aurais pu continuer ainsi encore longtemps, mais Aurore glissa ses fesses juste au bord du canapĂ©, remonta tranquillement ses pieds pour les caler sur mes Ă©paules et, m’agrippant par la nuque Ă deux mains, susurra :— Allez… Fais-moi jouir maintenant… Vite…Cette supplique ne souffrait aucune discussion. M’appliquant Ă stimuler ses zones Ă©rogènes les plus sensibles, j’activai ma langue, mes lèvres sur son clitoris, sur ses petites lèvres, avec prĂ©cision et douceur, l’empoignant fermement par la taille pour ne plus qu’elle se dĂ©robe. Je jubilais intĂ©rieurement alors que j’entendais la respiration d’Aurore s’accĂ©lĂ©rer, ses plaintes monter dans les aigus, ses hanches s’agiter pour venir Ă©craser son sexe encore plus fort contre ma bouche, jusqu’à ce que ses pieds dĂ©rapent de mes Ă©paules, l’orgasme la ravage et que ma tĂŞte se retrouve coincĂ©e dans l’étau de ses cuisses tremblantes de plaisir.Ma langue ne bougeait plus, mes lèvres ne bougeaient plus, je la tenais, simplement, attendant que la vague se retire, que ses muscles se relâchent, que sa respiration s’apaise, que le calme revienne après la tempĂŞte, tout en m’enivrant de l’excitant parfum de son sexe.Je finis par me retirer et me redresser et pus alors contempler son visage apaisĂ©, rayonnant, comblĂ©, yeux encore clos. Lorsqu’Aurore les ouvrit enfin elle me gratifia d’un large sourire de satisfaction.— Wouah… GĂ©nial… Tu en as encore beaucoup, des talents cachĂ©s comme celui-lĂ Â ?… C’était… c’était… J’ai pas de mots ! Wouah…Plus guère habituĂ© aux compliments, je restais silencieux, ne sachant trop que rĂ©pondre. Ma nouvelle partenaire de jeux en profita pour reprendre l’initiative qu’elle m’avait un temps cĂ©dĂ©e et m’invita Ă me relever. Tandis que je m’exĂ©cutai, elle sortit des profondeurs du canapĂ©, tout en restant assise, et me cala entre ses jambes avant de s’attaquer Ă ma braguette. Je ne pus retenir une exclamation de surprise :— Mais… qu’est-ce que tu fais ?— Tss tss… Je vais pas te faire un dessin non ?… Tu as eu ta part, c’est Ă mon tour maintenant…— Mais… Je ne sais pas si…— Mais si, mais si, tu le sais très bien… Allez, ne fais pas l’enfant, t’étais très bien Ă l’instant quand tu ne disais rien. Alors, continue comme ça, et laisse-moi faire…C’était clair que je n’étais pas habituĂ© Ă ne pas avoir l’initiative dans l’étreinte et le comportement d’Aurore faisait voler en Ă©clats mes schĂ©mas classiques des rapports amoureux homme-femme. En mĂŞme temps j’étais fort mal placĂ© pour me draper dans ma dignitĂ© bafouĂ©e ou pour crier au viol… et j’avais une furieuse envie de consommer ce qui s’annonçait. J’optais donc pour rester dans mon rĂ´le de « good boy » et la laisser poursuivre. D’autant plus qu’Aurore ne s’était nullement interrompue durant notre court dialogue et qu’elle s’était dĂ©jĂ emparĂ©e de mon sexe dressĂ© qu’elle admirait maintenant avec concupiscence.— Hmm… Pas mal du tout, dis-moi… Miam miam miam…Elle commença Ă jouer avec sous mon regard mĂ©dusĂ©, s’amusant Ă le faire frĂ©mir et se cambrer par de douces caresses sur toute sa longueur, avant d’y faire glisser ses joues, le bout de son nez. Aurore s’appropriait un nouveau jouet en fait, en dĂ©couvrait les points sensibles, tout comme quelques instants auparavant je m’étais amusĂ© avec son sexe. Elle aussi semblait en profiter au travers de tous ses sens, respirant cette senteur masculine, personnelle, nouvelle pour elle. Lorsqu’elle empoigna franchement mon membre, ce fut pour me dĂ©calotter et dĂ©couvrir un gland dĂ©jĂ luisant, sur lequel ma partenaire du moment se jeta sans plus attendre. Je ne pus retenir une plaine lascive.— Hmmm… Oui… Oh oui…Sa bouche Ă©tait… un rĂ©gal. Une caresse d’une infinie douceur qui stimulait toutes mes terminaisons nerveuses. Je vis mon gland disparaĂ®tre entre ses lèvres, ses lèvres s’arrondir autour de mon sexe, et la suite ne fut qu’un tourbillon de sensations exquises. Je me sentais stimulĂ©, malaxĂ©, excitĂ© dans tous les sens, sous tous les angles, sous toutes les coutures, savourant mon plaisir sans retenue. Mes hanches s’avancèrent instinctivement pour m’enfoncer dans sa bouche accueillante et elle ne se dĂ©roba pas, ne broncha pas. J’entamais alors un langoureux va-et-vient, qu’elle amplifia d’une masturbation rythmĂ©e qui me rendait fou. J’avais la sensation de la baiser par la bouche, et l’apparition de cette image mentale dans mon cerveau menaçait de me faire dĂ©finitivement craquer.— Non Aurore… ArrĂŞte… Je ne pourrai pas me retenir…Le regard pervers qu’elle me lança, sans s’interrompre, me fit bien comprendre qu’elle ne comptait pas s’arrĂŞter en si bon chemin. Ă€ l’inverse, elle accĂ©lĂ©ra progressivement la cadence tout en accentuant la pression de ses lèvres et de sa langue, bien dĂ©cidĂ©e Ă me faire succomber. Je n’essayai pas d’y rĂ©sister et me contentai de gĂ©mir Ă mon tour, soupirer, plongeant mes mains dans sa chevelure pour donner Ă mon tour le rythme qui allait maximiser mon plaisir. Elle s’y adapta, me laissa faire, et quand je sentis la sève monter dans mon sexe, j’étais dĂ©jĂ trop loin, Ă fond dans mon trip, et je ne fis aucun geste pour la prĂ©venir ni la prĂ©server. Mon orgasme explosa dans sa bouche en puissantes giclĂ©es de semence qui giclèrent au fond de sa gorge, qu’elle ne chercha nullement Ă Ă©viter. Je jouissais, sans retenue, concentrĂ© sur mon plaisir et rien d’autre, heureux, serein, comblĂ©, dĂ©livré…Aurore, pendant ce temps, me reçut stoĂŻquement, dĂ©glutissant Ă petites gorgĂ©es Ă mesure que sa bouche se remplissait, attendant tranquillement que ça se passe comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Elle me garda en bouche encore longtemps après la fin de mon plaisir, attendant que mon sexe se ramollisse sous sa langue. Redescendu, sur terre, je me sentis soudain tout penaud.— Aurore… Excuse-moi… Je ne sais pas ce que….— Oh… Comme c’est mignon… Celle-lĂ on ne me l’avait jamais faite !— Ne va pas croire que…— Pas croire quoi ?… Que tu es un Homme ?… Allons donc ! Je suis grande, tu sais… Et en gĂ©nĂ©ral je sais très bien ce que je fais… Surtout en si galante compagnie…Je compris que j’avais perdu une belle occasion de me taire… Aurore en profita pour me repousser et se lever du canapĂ©, avant de commencer Ă dĂ©boutonner ma chemise.— Bon, c’est pas tout ça, mais… Si on allait s’allonger un peu ?… Tu me montres oĂą est la chambre ?…MontĂ©e sur ressorts, Aurore continuait Ă s’amuser follement de la situation. Je lui indiquai le chemin, mais notre progression ne fut que très lente, car elle en profitait pour me dĂ©shabiller, petit Ă petit, tout en se dĂ©barrassant elle-mĂŞme de ses chaussures, sa robe, ce qui lui restait de lingerie… On aurait pu nous suivre Ă la trace entre le sĂ©jour et la chambre et c’est dans le plus simple appareil que nous nous allongeâmes sur le lit conjugal et qu’elle vint se blottir tout contre moi. Craignant de dire une nouvelle bĂŞtise, j’attendis qu’elle entame la conversation.— Alors, ce petit cadeau ? Ça t’a plu ?…— Si j’avais su…— Maintenant tu comprends pourquoi je ne pouvais pas te l’offrir devant tout le monde…— Très drĂ´le !— Allez, ne joue pas les rabat-joie, ça ne te va pas du tout…— Franchement je n’en reviens toujours pas.— Ah, tu sous-estimes ton sex-appeal, alors… Mais bon, que ça n’aille pas te donner des idĂ©es hein…— Mais qu’est-ce que tu vas imaginer…— Je n’imagine rien du tout… J’espère juste que je ne t’ai pas trau-ma-ti-sé…— Ça va, ça va, je suis grand moi aussi…— Tu me rassures, je n’aurais pas voulu avoir ton divorce sur la conscience…— Oui, ben, en attendant, si jamais ça se sait, c’est mort pour moi !— Mais pourquoi veux-tu que ça se sache ?— Tu as l’air bien sĂ»re de toi !— Allez, respire un bon coup et sois rationnel. Tout est sous contrĂ´le…Je finis quand mĂŞme par me tranquilliser, elle avait raison en fin de compte. J’en profitais pour passer mon bras autour de ses Ă©paules et lui caresser distraitement le dos.— Ah voilĂ , je vois que tu vas dĂ©jĂ mieux…— Tu es quand mĂŞme une sacrĂ©e fille !— Venant de ta part, je le prends comme un compliment…— Franchement, j’ai rien vu venir, rien senti, tu cachais bien ton jeu !— Mieux que toi en tous cas…— Mets-toi Ă ma place un peu, tu dois en faire fantasmer plus d’un, reconnais-le.— J’avoue, j’avoue, sans doute… Mais tu as pu voir Ă quel point je suis exigeante et sĂ©lective quand mĂŞme…— Mais… ça t’arrive souvent ?— Ah, lĂ , je t’arrĂŞte tout de suite, ne t’aventure pas sur ce terrain… Ă€ moins que tu ne veuilles me faire la liste de tes infidĂ©litĂ©s passĂ©es ? Parce que tu ne me feras pas croire que c’était la première fois…Ces paroles m’ont remis en mĂ©moire des Ă©pisodes passĂ©s de ma vie dont je n’étais spĂ©cialement fier et que je prĂ©fĂ©rais oublier… Suivant le sage conseil d’Aurore, je changeai de sujet… et me penchai sur elle pour l’embrasser. Elle s’abandonna de bonne grâce et je pus cette fois profiter pleinement de son corps, offert dans son intĂ©gralitĂ©. Le grain de sa peau Ă©tait doux, ses courbes harmonieuses, j’explorais chaque parcelle de son Ă©piderme ce qui amusait grandement ma partenaire, et elle roulait d’un cĂ´tĂ©, de l’autre, sans chercher Ă se dĂ©rober Ă ma caresse inquisitrice.— Ça va ? Tu t’amuses bien ?… Tu as fini de jouer Ă la poupĂ©e ?…— Je ne fais rien de mal…— Ah ça, je ne peux pas dire le contraire… Ce serait mĂŞme plutĂ´t agrĂ©able… Tu es plutĂ´t douĂ© quand tu prends des initiatives…La renversant sur le dos, je me concentrai sur ses seins. Harmonieux, gĂ©nĂ©reux, mais sans excès, surmontĂ©s d’un joli tĂ©ton rose au centre d’une arĂ©ole nacrĂ©e… Un 90B, estimais-je Ă vue de nez, il faudrait que j’aille vĂ©rifier sur son soutien-gorge, tout Ă l’heure… Je m’amusai Ă les parcourir, les prendre au creux de ma main, les titiller, les pincer avec douceur… Ils ne tardèrent pas Ă se raidir.— Tu m’excites François… Tu m’excites… Et… je ne crois pas ĂŞtre la seule Ă l’être…Mon Ă©rection naissante ne lui avait pas Ă©chappĂ©e… Elle me laissa poursuivre, consentante, tandis que des soupirs venaient interrompre sa respiration, que ses hanches commençaient Ă onduler, et que mon apparente emprise sur son dĂ©sir attisait ma propre excitation. N’y tenant plus, elle se redressa, me renversa sur le dos et vint me chevaucher, dĂ©terminĂ©e. Je l’interrompis et me redressai sur mes coudes alors qu’elle empoignait mon sexe.— Attends, attends… Je crains bien de ne pas avoir de prĂ©servatifs…— Ne t’inquiète pas pour ça, François… Je sais très bien Ă qui je peux faire confiance… Et toi ?… Tu me fais confiance ?…Comme elle me voyait hĂ©sitant, elle crut bon de rajouter :— Et je ne vais pas te faire un enfant dans le dos non plus… Oh non, c’est pas dans mes plans ça…Je capitulai une nouvelle fois… De toute manière, j’en avais sans doute encore plus envie qu’Aurore, alors sans dire un mot je me laissai simplement retomber sur le lit. Avec un grand sourire, elle se redressa sur ses genoux, empoigna Ă nouveau mon sexe, le guida vers l’entrĂ©e de son ventre et lentement, sans Ă -coups, elle se laissa retomber pour s’empaler littĂ©ralement dessus. Le long soupir qui s’échappa de ses lèvres, son sourire, ses yeux clos, en disaient long sur l’intensitĂ© de son plaisir.— Hmmm… François… Oh oui…Et le plaisir Ă©tait partagé… Son Ă©troit fourreau semblait avoir Ă©tĂ© conçu sur mesure pour mon sexe, tellement il l’enserrait Ă la perfection. J’y Ă©tais bien, au chaud, sans la moindre envie d’en sortir… Aurore, elle, semblait prendre la mesure de mon membre pour bien le caler au creux de son ventre, en ronronnant doucement. Une fois bien installĂ©e, elle alla chercher mes mains, qu’elle attira vers sa poitrine.— Continue… Tu faisais ça très bien tout Ă l’heure…AussitĂ´t dit, aussitĂ´t fait, et je repris mon massage sensuel, empoignant ses deux seins avec dĂ©licatesse, frottant ses tĂ©tons Ă©rigĂ©s avec mes paumes, profitant parfois pour les faire rouler entre pouce et index. Aurore prit appui sur mes Ă©paules avec ses deux mains et elle commença Ă me chevaucher, onduler, se dĂ©hancher, pour bien frotter son sexe contre mon ventre en soupirant. Elle se faisait plaisir, aucun doute lĂ -dessus, et m’en donnait par la mĂŞme occasion… Ses gĂ©missements Ă©taient très excitants Ă entendre, et son visage radieux très excitant Ă contempler. Nos regards se croisaient de temps en temps et j’en profitais alors pour donner un coup de reins plus puissant, histoire de lui faire fermer les yeux et la rendre encore plus folle de dĂ©sir…Il fallait bien l’avouer, son comportement dans l’étreinte flattait mon ego au plus haut point, je ne me sentais pas peu fier de pouvoir la combler autant. Certes, Ă©galement, ma première jouissance dans sa bouche, tout Ă l’heure, me permettait maintenant d’être encore plus endurant. Dans un soudain accès d’euphorie (et, peut-ĂŞtre, avec une luciditĂ© dĂ©faillante…), je me sentais prĂŞt Ă continuer Ă lui faire l’amour aussi longtemps qu’elle me le demanderait ! Je ne tardai pas Ă rĂ©aliser combien ses tĂ©tons Ă©taient sensibles et comment je pouvais contrĂ´ler les allĂ©es et venues de son plaisir, simplement en les faisant rouler entre mes doigts.Elle comprit bien vite que j’avais compris, et loin de me dĂ©courager ou de me dissuader, elle m’encouragea du regard Ă poursuivre, Ă ne pas m’arrĂŞter. ConfortĂ© par cette invitation, je poursuivis mon petit manège, mĂŞme lorsque son souffle devint court, mĂŞme lorsqu’elle monta dans les aigus, et jubilai intĂ©rieurement lorsqu’une nouvelle fois, les tremblements de l’orgasme s’emparèrent de son corps. Elle jouit, longuement, puissamment, son sexe collĂ© Ă mon ventre, la tĂŞte rejetĂ©e en arrière. Je voulus continuer Ă titiller ses seins, mais c’était au-delĂ de ce qu’elle pouvait supporter, et pour se soustraire au supplice elle s’écroula sur moi de tout son long, ses seins contre mon torse, mon sexe toujours dans son ventre, sa tĂŞte au creux de mon cou, pour laisser le calme revenir. C’est ainsi qu’elle finit par retrouver la paix intĂ©rieure. J’attendis en silence qu’elle reprenne ses esprits…— Tu as trouvĂ© mon point faible…— Si tu le dis…— Mais ne sois pas trop fier de toi, avoue quand mĂŞme que je t’ai bien aidé…— J’avoue Madame la Juge, j’avoue, j’avoue… J’avoue tout ce que vous voudrez, du moment que le rĂŞve ne s’arrĂŞte pas…— HĂ©, ho, tu ne vas quand mĂŞme pas devenir romantique non plus… Attention Ă toi ou tu vas encore dire des bĂŞtises…— Des bĂŞtises, moi ? Allons donc !— En tous cas tu as Ă©tĂ© très bien ! Encore une fois… Je ne t’ai pas encore pris en dĂ©faut !— Pourtant je n’ai pas l’impression de faire grand-chose… Tu dĂ©marres toute seule au quart de tour !— Ne crois pas ça… Les femmes ne sont pas des machines…— Les hommes non plus !— Pas des machines, peut-ĂŞtre pas, mais en tous cas, dans ma p’tite chatte, ça ne se ramollit pas…— Oh, mais si je dĂ©range, tu n’as qu’un mot Ă dire !— Oh non, surtout pas, reste encore un peu… Je suis bien…Aurore continuait Ă rĂŞvasser, sereine, dĂ©tendue, et moi je lui caressais simplement le dos, la nuque, les Ă©paules, me hasardant parfois jusqu’à sa croupe rebondie, lui arrachant de temps Ă autre un ronronnement de contentement. Ce n’était pas grand-chose, mais ça suffisait amplement Ă maintenir mon Ă©rection, remplir mon esprit de pensĂ©es impures, et provoquer quelques soubresauts dans le ventre de ma partenaire… Elle finit par rĂ©agir.— Tu es insatiable ! Tu as encore envie ?…— Je te mentirais si je te disais que non… Pas toi ?…— Hmmm… Pas pour le moment, mais ça pourrait revenir… pour peu que tu trouves d’autres points faibles…— Ah oui, tiens, tiens… Tu me mets au dĂ©fi ?— À toi de voir… Mais interdit de toucher Ă mes seins !Le jeu m’amusa, je n’avais rien Ă perdre après tout, c’était un excellent prĂ©texte pour continuer Ă profiter du corps d’Aurore et, dans tous les cas, entretenir mon excitation. La très chère Ă©tait nue, donc, couchĂ©e sur moi, et se laissait aimer, comme aurait dit Baudelaire. Mais moi je ne me sentais nullement l’âme d’un poète Ă ce moment-lĂ , juste celle d’un grand carnassier affamĂ©Â ! Et ma proie, elle n’attendait que moi…Un premier indice me fut donnĂ© après quelques frĂ´lements rĂ©pĂ©tĂ©s sur ses fesses. La chair de poule qui en rĂ©sultait, elle ne pouvait pas la contrĂ´ler, et je compris qu’il y avait lĂ un sujet Ă creuser… Mon intuition se confirma lorsque d’imperceptibles dĂ©hanchements apparurent, alors que je m’approchais de son sillon fessier. Ce fut donc sur cette zone anatomique que se concentra alors mon attention. Aurore sembla chercher Ă mieux s’accommoder sur moi, mais en fait c’était juste pour mieux s’offrir, pour mieux rester dĂ©tendue, sans se crisper, tandis que mes frĂ´lements descendaient de plus en plus loin, vers son intimitĂ© la plus secrète.Lorsque j’atteignis son Ĺ“illet plissĂ© elle eut un premier mouvement de recul rĂ©flexe, incontrĂ´lĂ©, mais immĂ©diatement suivi par un dĂ©hanchement qui creusa ses reins et lança son intimitĂ© au contact de mon doigt. Cet appel inĂ©quivoque, j’y rĂ©pondis en entamant un doux massage, appuyĂ©, mais sans ĂŞtre intrusif, qui fut le point de dĂ©part d’un concert de soupirs de la part d’Aurore dans le creux de mon cou. J’y Ă©tais, j’y Ă©tais, ça ne faisait pas l’ombre d’un doute… Son petit anneau plissĂ©, il restait souple sous mon doigt, il s’offrait, il rĂ©clamait, il en revoulait encore, et je m’efforçais de ne pas le dĂ©cevoir. Ses reins avaient entamĂ© une ondulation ininterrompue maintenant, et elle ne se dĂ©robait Ă la caresse de mon doigt que pour mieux s’empaler sur mon sexe et frotter son clitoris contre mon ventre. Puis inversement. Ça y Ă©tait, la rĂ©action en chaĂ®ne Ă©tait lancĂ©e…Abandonnant mon cou, sa bouche chercha la mienne et elle me gratifia d’un patin fougueux, essoufflĂ©, entrecoupĂ© de soupirs et de suppliques, des « oh oui », des « encore », des « c’est bon » qui en disaient bien plus que de longs discours… Elle Ă©tait Ă fond, chaude-bouillante, et la pellicule de sueur qui commençait Ă recouvrir son corps n’était pas le fruit du hasard. J’eus alors l’idĂ©e (que je continue encore aujourd’hui, en toute modestie, Ă considĂ©rer un Ă©clair de gĂ©nie…) d’abandonner ma caresse l’espace d’un instant pour venir tremper mon majeur dans ma bouche. Aurore me regardait faire hagarde, et lorsque je lui offris mon doigt Ă sucer, elle se jeta dessus comme une naufragĂ©e morte de soif. Je la laissais satisfaire son appĂ©tit, amusĂ©, imaginant parfaitement ses pensĂ©es coquines, avant de la priver de sa gourmandise pour retourner à « mon sujet »…Je pris un plaisir un peu pervers Ă la faire languir, Ă me faire dĂ©sirer, attendant qu’Aurore exprime un « reviens… » langoureux avant de la soulager. Je repris alors ma caresse, mais plus… fluide cette fois-ci, plus appuyĂ©e, rĂ©pondant ainsi Ă l’attente implicite de ma partenaire qui s’évertuait Ă creuser les reins autant qu’elle le pouvait. Sans me presser, sans m’imposer, je me contentai de rester lĂ , d’attendre, lui laissant l’initiative de s’empaler par-derrière aussi bien qu’elle le faisait par-devant.C’était… furieusement excitant, que de sentir ma phalange se glisser dans son sphincter anal, pour en ressortir, et recommencer. Le tout avec un baiser passionnĂ©, fougueux, et une chevauchĂ©e de plus en plus dĂ©bridĂ©e. Je sentais comment les dĂ©hanchements d’Aurore enfonçaient mon doigt de plus en plus loin entre ses reins. Toute ma première phalange y disparaissait. Jusqu’oĂą aurais-je pu aller, jusqu’à quel point se serait-elle abandonnĂ©e entre mes bras ? Et qui sait, plusieurs doigts mĂŞme, peut-ĂŞtre ?… Jamais je ne l’ai su, car n’en pouvant plus, incapable de se contrĂ´ler plus longtemps, elle jouit une nouvelle fois en Ă©crasant sur ma bouche le cri de plaisir qui s’échappa de ses lèvres.Complètement essoufflĂ©e, Aurore se dĂ©gagea cette fois-ci de mon emprise et roula sur le dos, Ă mes cĂ´tĂ©s. Elle chercha toutefois ma main avec la sienne, pour sentir ma prĂ©sence, tandis qu’elle redescendait sur terre. J’attendais, sans la brusquer, profitant simplement de l’instant prĂ©sent. Lorsqu’elle s’adressa enfin Ă moi, elle n’avait rien perdu de son entrain ni de sa bonne humeur.— Dis donc… T’étais pas censĂ© le savoir, ça !— Savoir quoi ?… Je ne vois pas de quoi tu veux parler…— C’est ça, c’est ça, fais le malin… T’es quand mĂŞme un sacrĂ© cochon…— Si je suis un sacrĂ© cochon, alors… dois-je comprendre que tu es une petite cochonne ?— Moi, c’est pas pareil !— Oui, oui, bien sĂ»r… En tous cas, quelle fougue, quel tempĂ©rament !— Gna gna gna… Je vois pas ce qu’il y a de mal ! Et puis d’abord t’étais bien content, mon cochon…— C’est pas faux, c’est pas faux…— Bon, en tous cas… Je ne vais pas te mentir : tu as Ă©tĂ© sen-sa-tion-nel…— Tout le plaisir Ă©tait pour moi, Madame la Juge… Car si je puis te retourner le compliment, tu m’as bien fait prendre mon pied, Ă moi aussi… Je n’étais plus habituĂ© Ă une telle rĂ©ceptivitĂ©, Ă un si bon accueil…— Oui, bon, on va peut-ĂŞtre s’arrĂŞter lĂ , hein, pas besoin de sombrer dans la vulgarité…Nous sommes restĂ©s lĂ allongĂ©s l’un Ă cĂ´tĂ© de l’autre un long moment, en silence, jusqu’à ce qu’Aurore se dĂ©cide.— Il y a quand mĂŞme juste une petite chose, François…— Quoi donc, quoi donc ?…— J’aimerais bien que tu jouisses avec moi… Ensemble… Sinon je vais me sentir un petit peu Ă©goĂŻste…— JĂ©sus Marie Joseph, mais tu vas m’achever…— Tiens, justement, puisqu’on parle du petit JĂ©sus…En prononçant ces derniers mots, Aurore s’était glissĂ©e vers moi ou, plus prĂ©cisĂ©ment, vers mon bas-ventre, oĂą mon sexe commençait dĂ©jĂ Ă reprendre de la vigueur. Sans prĂ©ambule, elle l’introduisit Ă nouveau dans sa bouche pour longuement le sucer, mais avec douceur, tendresse, pas avec la pointe de vice de la première fois.— J’adore la saveur après… J’adore le mĂ©lange des parfums… Je m’en lasse pas…— DĂ©cidĂ©ment, tu n’as pas de bornes…— Encore heureux !… On ne vit qu’une fois après tout…— Oui, bon, ce n’est quand mĂŞme pas une raison pour tout oser, non plus… Prends soin de ne pas te brĂ»ler les ailes…— Oh, comme c’est attentionnĂ©Â ! Mais… malgrĂ© ton grand âge, tu n’es pas mon père… C’est gentil de penser Ă moi, mais ne t’en fais pas, je suis grande et les folies de mon corps, je gère… Allez, pense plutĂ´t Ă toi cette fois-ci. Fais-toi plaisir…Tranquillement elle se redressa sur ses genoux avant de me tourner le dos, se pencher en avant, les reins bien cambrĂ©s, cuisses Ă©cartĂ©es, dans une position Ă la fois impudique, indĂ©cente et irrĂ©sistible. Elle tourna la tĂŞte vers moi et me lança, avec un grand sourire :— Alors ?… Qu’est ce que tu attends, tu viens ?… Ma chatte est Ă toi ! Prends-moi comme une chienne…À nouveau Aurore m’exhibait son petit cĂ´tĂ© canaille auquel je ne pouvais dĂ©jĂ plus rĂ©sister… J’aurais pu discuter, objecter que je la respectais trop pour lui faire l’amour comme ça, mais… Ă quoi bon puisque c’était perdu d’avance ? Surtout qu’au point oĂą nous en Ă©tions je n’avais pas d’arguments dignes de ce nom Ă prĂ©senter pour justifier mes rĂ©ticences. Rien en dehors de principes moraux d’un autre siècle… D’autant plus que le dĂ©sir puissant et primitif, lui, Ă©tait toujours prĂ©sent. Le dĂ©sir est intemporel… Je m’approchai donc derrière elle et agrippai dĂ©licatement ses hanches pour me placer, m’avancer, laisser mon sexe dressĂ© chercher son chemin entre les cuisses d’Aurore, jusqu’à s’enfoncer au plus profond de son ventre.La suite, qu’en dire qui n’ait dĂ©jĂ Ă©tĂ© dit et redit ? Nous savourions tous les deux notre plaisir, bien sĂ»r, avec naturel, sans gravitĂ©, sans trop nous prendre au sĂ©rieux non plus, Ă ce stade nous n’avions plus rien Ă nous prouver l’un Ă l’autre. Je sais juste que je n’ai pas fermĂ© les yeux un seul instant, j’ai matĂ© sans vergogne, j’ai tout vu, ne voulant rien perdre d’une Ă©treinte dont je pressentais dĂ©jĂ qu’elle serait la dernière. Nous avons joui Ă l’unisson, tremblants tous les deux, avant qu’Aurore ne s’écroule sur le lit et que je la suive dans son mouvement. Je suis restĂ© un moment allongĂ© sur elle avant de rouler sur le cĂ´tĂ©, la laissant rouler sur le dos Ă son tour. Nous reprenions notre souffle tous les deux, dĂ©finitivement comblĂ©s, repus cette fois-ci, rassasiĂ©s… Ce fut elle qui rompit le charme la première.— Excuse-moi de plomber l’ambiance, mais… je peux prendre une petite douche ?…— Mais je t’en prie, fais comme chez toi… La première Ă droite !Je la laissai entrer dans la salle de bain, l’entendis ouvrir la cabine de douche, faire chauffer l’eau, avant de me lever Ă mon tour et me glisser dans la cabine pour la rejoindre. Elle accepta ma prĂ©sence en souriant et me laissa la savonner de bonne grâce. Elle me tournait le dos lorsque je me dĂ©cidai Ă parler.— Dis-moi… Il n’y aura pas de prochaine fois n’est-ce pas ?…— Hmmm… Ça me fait plaisir que ce soit toi qui abordes le sujet en premier, François, ça rend les choses moins compliquĂ©es. En effet, il n’y aura pas de prochaine fois. Et si tu en parles, c’est que tu as dĂ©jĂ commencĂ© Ă comprendre pourquoi…— Oui, oui, je comprends… Et je dois bien reconnaĂ®tre que tu as raison, mĂŞme si ce sera sans doute un peu moins Ă©vident pour moi de me faire Ă cette idĂ©e… Moi, tout m’est tombĂ© dessus aujourd’hui sans prĂ©venir, alors que toi, tu avais un peu d’avance…— Je sais bien… Mais je ne pouvais pas vraiment faire autrement…— Oui, oui, je ne te reproche rien…— Soyons lucides. Nous mĂ©ritons mieux, toi et moi, qu’une aventure adultère cachĂ©e. Ça finirait de manière sordide en se disant des choses dĂ©sagrĂ©ables de toute manière.— Je suis d’accord. Et puis bon… J’aime Anne…— Et moi, je suis très amoureuse d’Alexander… Tout ça, ce n’est pas contre lui, c’est juste pour moi.— Oui, oui, je suis peut-ĂŞtre moins psychologue que toi, mais je commence Ă comprendre comment tu fonctionnes… Il a beaucoup de chance de t’avoir.— C’est gentil Ă toi… Surtout que, bon, je pense que je pourrai le lui dire sans rien trahir de notre petit secret !— Je t’en laisse seule juge…Je la laissai se sĂ©cher les cheveux alors que j’allais rassembler ses affaires Ă©parpillĂ©es un peu partout dans la maison. Je pus avoir la confirmation, au passage, que j’avais toujours le compas dans l’œil et qu’elle faisait bien du 90B, hĂ© hĂ© hé… Elle prit le tout pour se rhabiller et nous ne pĂ»mes nous empĂŞcher de pouffer de rire, tous les deux, lorsqu’elle sortit une petite culotte de son sac Ă main qu’elle prit soin d’enfiler… cette fois-ci ! Je l’aidai Ă remonter la fermeture Ă©clair de sa robe pendant qu’elle retenait ses cheveux relevĂ©s, avant qu’elle ne se retourne vers moi.— Tu n’as pas besoin de me ramener, j’ai commandĂ© un taxi… Et je voudrais que tu saches que je serais bien restĂ©e dormir avec toi, mais bon… Je n’allais quand mĂŞme pas arriver travailler demain avec la mĂŞme robe. Ça ne l’aurait vraiment pas fait !— Tu as raison… Ça aurait vraiment Ă©té… too much ! C’est sans doute mieux ainsi…— Oui… On va pouvoir travailler normalement maintenant ! Non franchement, j’aurais pas pu tenir comme ça un an de plus… Et bon, c’est par pour te la jouer « friend zone », mais… je compte bien te garder comme ami, hein, dis ?— Oui oui… Tu es une adepte des solutions simples et directes !— Ex-ac-te-ment… Mais mĂŞme s’il n’y aura pas de prochaine fois, ça restera pour moi un très bon souvenir toute ma vie ! Et je ne le dis pas Ă la lĂ©gère.— Et pour moi donc… Bon, allez, file… Ton taxi doit dĂ©jĂ t’attendre…— Ah, juste une dernière chose qu’il faut que tu saches… Je te promets de toujours mettre une culotte pour venir au bureau Ă l’avenir ! Tu pourras mater pour vĂ©rifier, si le cĹ“ur t’en dit…— Hors de ma vue… File, petite effrontĂ©e !— Oui, chef !Elle dĂ©posa un dernier baiser sur ma joue avant de filer…La suite ? Eh bien… Comme prĂ©vu, il n’y eut pas de prochaine fois, mais sans que ça ne gĂ©nère chez moi de frustration ou de regret. Et pour Aurore non plus, je pense. Au bureau il n’y avait que nous pour savoir ce qu’il y avait dans la tĂŞte de l’autre, parfois, lorsqu’il Ă©tait surpris en flagrant dĂ©lit de distraction au milieu d’une rĂ©union un peu ennuyeuse, ou lorsque GĂ©rard nous sortait une Ă©nième plaisanterie grivoise. Un rapide coup d’œil discret nous suffisait pour nous comprendre. Et Aurore avait raison, notre nuit de folie nous avait permis de crever l’abcès et de nous libĂ©rer d’une tentation qui serait devenue obsĂ©dante.Elle n’a pas terminĂ© l’annĂ©e cependant. Ce fut une opportunitĂ© professionnelle d’Alexander, cette fois-ci, qui les emmena sous d’autres cieux. Tout le monde la regretta et son pot de dĂ©part fut digne d’un dĂ©part Ă la retraite après trente ans de carrière…Ce n’est que lors de son dĂ©part que je me dĂ©cidai enfin Ă l’inviter Ă garder le contact via les rĂ©seaux sociaux. Aurore l’accepta de bonne grâce et nous conservons depuis lors un contact rĂ©gulier, comme deux bons anciens collègues de travail. Je la suis, Ă distance, au grĂ© des mutations de l’une, ou de l’autre. Car elle est toujours restĂ©e avec Alexander, bien sĂ»r… Je n’ai jamais eu l’occasion de le connaĂ®tre. Et c’est sans doute mieux ainsi…Elle n’est jamais revenue travailler sur Paris, et si elle y est passĂ©e elle n’a pas cherchĂ© Ă me revoir. Nous n’éprouvons nul besoin, non plus, d’évoquer le souvenir de cette soirĂ©e mĂ©morable. Mais il ne s’efface pas de ma mĂ©moire… Un souvenir tendre, avec juste une pointe de nostalgie, mais sans le moindre regret…