Résumé des épisodes précédents : L’héroïne de « Histoire de Colette » est retrouvée par la narratrice. Amusée et émue par la transcription faite de son journal intime, elle lui offre l’hospitalité et consent à lui raconter la suite de sa vie de soumise.L’arrivée de Colette au domicile de sa Maîtresse d’élection, Me Ève L*, avait été marquée par une succession d’humiliations et de jouissances. Les punitions auxquelles elle avait ensuite assisté et participé, en tant qu’invitée, l’avaient avertie des épreuves à subir si sa candidature était acceptée. Elle avait néanmoins persisté dans son désir et signé le contrat qui acterait sa totale servitude en cas de réussite à l’examen d’entrée en formation.En attendant d’y être convoquée, elle avait lié amitié avec Clémence, la plus ancienne et la plus amoureuse des soumises de Ève, qui lui avait révélé les débuts d’une vocation précoce de domina chez la propriétaire du Domaine Diotime.En recueillant ces souvenirs que lui confie Colette, la narratrice – nommée d’autorité Chantal par son hôtesse – se sent de plus en plus attirée par elle et rend compte des anecdotes qui émaillent son séjour ainsi que de l’évolution de ses propres sentiments.DiotimeNous prenons le café dans le petit salon qui jouxte la cuisine de Colette. Elle a soigneusement fermé toutes les autres portes pour concentrer dans ces deux pièces la chaleur du poêle. Pour l’instant, nous sommes installées face à face sur son canapé, le dos calé contre l’accoudoir. Mais je sais qu’il nous faudra renouveler la provision de bois et affronter à nouveau la pluie. Elle avait cessé durant le déjeuner. Voilà qu’elle reprend de plus belle.Colette semble perdue dans ses pensées, ou peut-être rassemble t’elle ses souvenirs pour finir de me raconter les premiers pas du couple Ève Clémence dans son duo domina dominée. Je me suis fait une règle de respecter ses silences. C’est aussi l’occasion de mettre un peu d’ordre dans mon esprit. J’ai toujours dans les narines le souvenir du parfum intime de mon hôtesse.Elle avait raison. Je n’ai trouvé sur les bords ourlés de son sexe, ni sur les replis de sa fente ou sur la peau autour de la vulve, aucun stigmate de son récent jeu de pique-nique avec l’amie en visite. Curieux amusements érotiques, tout de même ! Mais j’ai pris le parti de ne pas juger ce que je ne comprends pas. Ou plutôt, pour être honnête avec moi-même, je suis confusément attirée par ce mélange de douleurs et de plaisirs revendiqué.Et ce qui m’interpelle, plus qu’il ne m’inquiète, c’est le trouble que j’ai ressenti en approchant d’aussi près sa chatte. Sa vue m’avait déjà remuée, certes, un peu par l’opulence de ses formes, beaucoup par la nouveauté, pour moi, de son exhibition. Là, étalant et retournant ses étonnantes lèvres à la recherche d’hypothétiques traces, je respirais les fragrances qui s’en dégageaient, et je mouillais.Je mouille encore en repensant à ses longues nymphes qui, déployées, m’ont fait songer à un petit nénuphar. Nymphes, nénuphar… l’association de ces mots m’évoque une image… Oui, bien sûr, le tableau de Monet, Les Nymphéas. Je me demande si Colette aimerait que l’on appelle nymphéas ses petites lèvres surdéveloppées… Je souris en moi-même. Enfin, je le crois.— Vous rêvez, Chantal ? À quoi pensez-vous ?— À vos lèvres, dis-je franchement. Les lèvres de votre…— J’avais compris ! Mais encore ? Croyez-vous que j’aurais utilisé une recette magique pour faire disparaître les séquelles que vous attendiez ?— Non, non. Pardonnez-moi, Colette, je ne vous soupçonnais pas de mensonge. Je me disais que le mot nymphéa décrirait bien vos petites lèvres. Nymphes, nymphéas, vous voyez ? C’est la même racine…Pour la première fois, je la surprends vraiment. J’en suis fière. Oh, juste le temps d’une seconde de réflexion.— Oui, je connais le mythe de la fleur et de la Nymphe, me renvoie- t-elle. C’est aussi le titre d’une série de tableaux. C’est à ça que vous comparez ma chatte ? À un nénuphar ?— Heu… Pour être sincère… oui… sans vouloir vous vexer… Je la trouve très belle, vous savez, me reprends-je, penaude.Elle me regarde pensivement, puis éclate de rire.— Petite Chantal ! Tu es… Pardon. Vous êtes adorable d’ingénuité ! Vous savez pourtant qu’on les a traitées d’escalopes, mes hyper petites lèvres. J’aurais préféré qu’elles vous fassent penser à des ailes de papillon, mais non, je ne suis pas vexée !— C’est vrai ? Je… Pour moi, c’était affectueux.— Mais oui, j’aime bien. Nymphéas, c’est joli ! Tant que vous ne dites pas « nymphéasses » …Je ris aussi. Je l’assure que non, je n’aurais pas utilisé ce terme. Je n’y ai même pas pensé.— Et vous pouvez me tutoyer, ça ne me gêne pas, je vous l’ai dit, conclue-je.— Vraiment ? N’oublie pas que le tutoiement marque un rapport de maîtresse à soumise, me rappelle-t-elle.— Vous êtes un peu ma maîtresse, Colette, intellectuellement du moins. Vous m’enseignez.— Restons sur ce plan, alors, pour l’instant, admet-elle avant d’ajouter : tu n’as pas froid aux pieds, toi ?— Si, un peu. Je vais chercher des chaussettes. Vous en voulez aussi ?— Pas la peine. Je vais t’apprendre une bonne recette. Mon grand-père paysan se réchauffait les mains, l’hiver, au labour, en les glissant entre les cuisses du cheval. Mets tes petons contre mes nymphéas et tu les auras au chaud.— D’accord, si vous glissez vos pieds entre mes cuisses, réponds-je du tac au tac.Je suis surprise de ma hardiesse qui enchante Colette. Elle m’accueille contre sa chatte, je l’accueille contre la mienne. Mes orteils apprécient la tiédeur de leur nid, les siens sont froids au creux de moi. Je sens le moelleux de ses chairs, elle doit sentir l’humidité des miennes.Nos jambes s’entrelacent, il nous faut nous ajuster pour retrouver une position confortable. Une fois correctement installées, c’est un bonheur de sensualité. Colette se prépare à reprendre le fil de ses souvenirs, j’attrape crayon et cahier pour les noter scrupuleusement. Dans le mouvement, ma vulve frotte deux fois sur ses orteils. Deux pressions délicieuses…Je suis prête !______________________________________Cinquième récit de Colette : Clémence, l’essor de l’amourAprès le spectacle de baise décomplexée prodigué par Clémence et son amant – ex-amant en l’occurrence – au bénéfice de Ève, la vie reprit son cours usuel pour les deux complices. Complices, car, de fait, elles l’étaient devenues et s’en félicitaient.Ève avait malgré tout été impressionnée par la sodomie. Le soir même elle voulut inspecter le trou du cul de Clémence. Une pénétration indolore par ce chemin ne lui semblait pas normale ni sans conséquence. Elle ne fut convaincue de l’absence de séquelles et de l’élasticité du conduit qu’après l’avoir éprouvée de son propre doigt. Clémence lui expliqua que l’habitude permettait d’accueillir un cylindre plus gros, mais que son index était déjà bien agréable. Pour le lui prouver, elle se masturba pendant qu’il était en place. La rapidité de l’orgasme et sa plénitude emportèrent les derniers doutes de Ève.De son côté, elle fit part le lendemain à Clémence de son avis sur les piètres compétences de son amant en matière de cunnilingus. À la fin de la séance traditionnelle de flagellation, seins et sexe en plus des fesses cette fois-là, elle lui proposa une démonstration des capacités qu’elle avait pu développer pendant ses années de pensionnat. Clémence ne refusa pas, elle était tourmentée par ce fantasme depuis le premier examen de son sexe, sans oser l’avouer.Le gazon ombragé servit de couche pour la première minette. La chatte fouettée était enflée et légèrement tuméfiée, des traces rouges à l’intérieur des cuisses signalaient les impacts qui avaient manqué leur but principal. Ève commença par effleurer ces marques de sa bouche, adoucissant leur sensibilité par de petits baisers mouillés. Elle mêlait sa salive à la sueur de la peau pour l’étaler de la langue en cercles concentriques sur le pubis. Ces simples caresses faisaient naître des frissons de l’anus au nombril de Clémence et avivaient son impatience.Ève aussi était impatiente. Impatiente – elle l’admit plus tard dans un moment de tendresse – de boire à la source la cyprine de son aînée, qu’elle n’avait goûtée que fugitivement sur ses doigts. Pourtant, elle se retint de dévorer goulûment le con offert comme l’eut fait un étalon se piquant de délicatesses préliminaires. Elle lécha précautionneusement les lèvres gonflées, les enveloppant d’une alternance de douceur tiède et de souffle frais. Puis, rassurées et calmées, elle les goba l’une après l’autre, les relâchant dès que l’afflux de sang les enfiévrait.Les soupirs de Clémence variaient au rythme des succions et des frémissements envahissant merveilleusement son ventre. Sans y toucher autrement que du bout de la langue, Ève lissa les nymphes, les flatta, les aplatit, les ouvrit enfin pour plonger une pointe souple dans le miel que ses agacements avaient accumulé. Sa langue s’y noya, s’en enroba et le quitta pour remonter lentement la fente, glissant dans le velours muqueux, titillant l’urètre au passage, jusqu’à frôler la base du bourgeon sous son voile, et se retirer au moment ultime.Les plaintes de plaisir qui accompagnaient l’ascension s’interrompirent, bloquées entre espoir et frustration. Ève reprit ses léchouillis et le bonheur revint sous le mont de Vénus. La langue frétillait maintenant sur les lèvres, agitant sans relâche les festons de leurs plis. L’excitation s’accrut quand les doigts se joignirent à la fête, massant le périnée, pressant la commissure poisseuse, la fermant par malice, l’entrouvrant aussitôt pour libérer une coulée de mouille.Les gémissements de Clémence montèrent d’un ton quand la bouche se posa sur son clitoris. Ève se contenta d’abord de passer du baiser au léchage et du léchage au baiser. Ses doigts continuaient de jouer sur l’entaille, d’affoler l’orée du vagin sans le pénétrer et d’étaler sur les bords le surplus de cyprine. Elle enserra le bouton de ses lèvres et Clémence cria. Elle l’aspira et Clémence se tu. Elle le téta et Clémence râla. Elle le mordilla et Clémence jouit encore.Elle jouit à longs traits, saccadés et drus, dont Ève fit ses délices. Aucune de ses anciennes camarades de jeu ne lui avait offert le cadeau d’une aussi généreuse éjaculation féminine. Clémence non plus n’avait jamais connu une telle inondation. Elle crut à une trahison de sa vessie, ce dont son cerveau cotonneux ne se préoccupait guère. Sans lui laisser le temps de se reprendre, Ève la détrompa en lui prouvant par le parfum et la consistance que le produit de son orgasme n’avait que peu en commun avec l’urine.Clémence flottait dans un demi-sommeil comateux, ressentant vaguement les lèvres de Ève revenues sur sa chatte. Ce n’était plus les délicats léchages qui l’avaient enchantée. C’était un gougnottage en règle qui la tirait de sa torpeur bienfaisante et qui l’embrasait toute entière. Son sexe lui semblait avoir envahi tout son corps. Elle se tortillait pour échapper à la goule déchaînée qui la dévorait et s’arquait vers elle en même temps. L’orgasme revenait, presque douloureux. Elle dérivait, elle ne savait à quoi se retenir. Elle s’accrocha à ses seins.Ils étaient dolents, empourprés par le fouet. Elle n’en eut cure. Elle les pressait, les écrasait, les tordait, ravivant la souffrance qui se mêlait au plaisir qui montait de son ventre. La tête lui tournait, elle jouit une énième fois sur la bouche de Ève. Cette fois, elle avait senti les spasmes se succéder, les pulsations qui battaient au plus profond d’elle, l’impression de tension et de délivrance dans un bouleversement dont elle pensa défaillir.Mais Ève ne la lâchait pas, et de fait elle défaillit. Un nouvel orgasme l’électrisa, et parut n’en plus finir. Un voile noir tomba sur ses yeux. Tout son sang semblait vouloir se concentrer dans sa chatte. Sa vulve n’était qu’une boule de feu, son clitoris, une pelote de nerfs à vif, ses lèvres, un abîme de chairs hypersensibles. Son ventre n’était qu’une contraction qui torturait ses organes, qui vidait ses glandes de leurs dernières gouttes de mouille et d’éjaculat, qui la forçait à expulser des sécrétions qu’elle ne produisait plus.Son esprit vacilla. Le monde tournoyait, elle était au centre d’une spirale tourbillonnante… Ève planta l’index dans son cul, et le monde disparut.— Ma première vraie « petite mort », s’enorgueillit Clémence. J’en ai connu bien d’autres par la suite, sous d’autres formes, en d’autres circonstances, parfois plus intenses, parfois plus douloureuses, jamais plus avec une semblable plénitude. Le nombre fait l’habitude. J’ai appris à jouir, à retarder l’orgasme, à m’en passer, même ! Mais le souvenir de celui-ci est un instant précieux que je dois à Ève.Clémence aurait aimé rendre les caresses. Ève le lui interdit. Pour elle, jouir sous la main de sa servante avait été un moment de faiblesse. Elle ne se privait pas, par contre, de l’exciter, de la provoquer. Elle se masturbait sous son nez, jouissait devant elle, lui faisait sentir sa chatte, lui donnait ses doigts à renifler, la branlait ou la gougnottait si l’envie lui en venait, mais n’autorisait rien en échange. En dehors de ces amusements, les séances de fouet et autres sévices continuaient comme à l’accoutumée. La frustration du bonheur de retourner les plaisirs reçus avait simplement été ajoutée aux exercices de soumission.Ève interdisait toujours à Clémence de se caresser en son absence. Le manque s’additionnait au manque, situation d’autant plus désespérante que l’orgasme ne lui était plus que rarement permis dans les masturbations qui suivaient les punitions. Pourtant, malgré ce surcroît de brimades, Clémence n’arrivait pas à se venger plus cruellement sur Ève lorsque celle-ci le lui ordonnait. Elle savait qu’elle la décevait, mais ne pouvait se résoudre à lui faire vraiment mal. Elle préférait se résigner à pratiquer l’onanisme en cachette. Elle fut surprise une nuit en pleine désobéissance.Le matin suivant, Ève entra dans la chambre en talons haut et bas noirs, sans rien d’autre que sa cravache à la main. Toute en douceur, elle pria Clémence de s’allonger en écartant les cuisses, de retrousser avec ses ongles le capuchon de son clitoris, et de lui présenter son bouton aussi nu que possible. Clémence tremblait mais s’exécuta. Il n’y eut qu’un seul coup.Clémence jappa et inonda le lit.— Ève a eu peur ! En outre, elle a été obligée de changer seule les draps, rit-elle. J’étais bien incapable de l’aider : mon clito m’a lancé pendant deux jours, mais sans conséquence grave. Cela nous a servi d’expérience. Une étape de plus dans notre apprentissage, en somme…Il leur fallu tout de même alléger les exercices le temps que les meurtrissures se résorbent. Remord, générosité, ou désir, Ève mit à profit cette période pour autoriser enfin Clémence à goûter sa chatte. Les démonstrations avaient été nombreuses, la soif d’apprendre de l’élève ancienne et insatiable, sa conversion saphique fut complète et son instruction rapide. Elle maîtrisa bientôt l’art du léchage aussi bien que son enseignante. La fin des vacances se partagea agréablement entre caresses brutales et caresses buccales.Peu avant que ses parents ne rentrent de voyage, Ève gratifia Clémence d’un autre cadeau, sans doute le plus merveilleux qu’elle pouvait lui faire. La rentrée universitaire se profilait, où Ève allait intégrer une Faculté de Droit réputée. Elle comptait bien explorer toutes les facettes de la vie étudiante mais ne voulait pas l’aborder en pucelle ignare. C’est à Clémence qu’elle demanda de la déflorer.L’achat de gel et de préservatifs échut bien sûr sans difficulté à cette dernière. Disposer d’un substitut phallique posa par contre un problème. Clémence ne possédait pas de godemiché, ce genre de jouet n’était pas si courant à l’époque. La mère de Ève s’était certes procuré un appareil oblong vibrant, recommandé pour le massage du visage sur un célèbre catalogue de vente par correspondance, mais elle l’avait apparemment emporté pour se détendre pendant son périple. L’écoute impromptue de La folle complainte apporta la solution.Comme la bonne de la chanson, « avec une passoire, se donnant de la joie », Clémence essaya l’ustensile devant Ève. Le résultat les convainquit toutes deux, mais ce matériel de cuisine ne les enchantait pas. Elles optèrent pour une brosse à cheveux cylindrique dont le manche rond se prêtait mieux à une pénétration prudente.Clémence déploya tous ses trésors d’affection en cajoleries sous lesquelles aurait fondu n’importe quelle pure jeune fille. Elle effleura les cuisses, les flancs, les fesses, les épaules, de douces caresses qui faisaient frémir la peau et frissonner les duvets. Elle câlina les seins, les embrassa, les téta, les dorlota, tant et tant que la bouche de Ève chercha d’elle-même la sienne. Elle y mêla sa langue et sa salive en longs baisers tendres avant de descendre lentement de la gorge à la poitrine, du sillon des seins au nombril, du ventre au pubis, et enfin, du mont de Vénus à la vulve qui palpitait d’impatience.Bécots et suçotements enchantèrent le clito, succions et mordillements agacèrent les lèvres, léchages et aspirations affolèrent le con, la rose s’épanouit engluée de rosée. Le bout d’un doigt précautionneux explora l’entrée du conduit et en mesura l’étroitesse, buta sur l’hymen et en estima la souplesse, se retira de la fente et en massa les bords. La bouche revint et la langue remplaça le doigt, la bouche s’écarta et le doigt remplaça la langue, et l’échange se répéta, léchant ou titillant, lutte affectueuse où se disputait l’exaspération d’un sexe qui réclamait d’être comblé.Le gel n’aurait même pas été nécessaire. Les lèvres épousèrent l’extrémité du manche sans que Ève s’en rendît compte. Elle en était encore à appeler de ses vœux et de ses cris la pénétration qu’elle était exaucée. Une simple pression, et son vagin avait avalé l’intrus tant désiré. Sa fragile membrane s’était comme dissoute, n’opposant ni résistance ni douleur. C’eût été presque décevant sans le sentiment d’intense plénitude qui l’avait envahie.Clémence faisait doucement jouer d’avant en arrière l’olisbos perruquier. À chaque retrait, les poils de la brosse lui transmettaient les contractions qui s’y opposaient. Elle leur cédait, et un soupir de satisfaction accompagnait la nouvelle pénétration. Une épaisse crème mousseuse montait et descendait au gré des allées et venues. Elle en couvrit son pouce et le fit rouler sur le clitoris délaissé.Ève sursauta et ses plaintes de bonheur s’étranglèrent dans un brusque hoquet de surprise. L’orgasme qui suivit la submergea, puis reflua, remonta en houles successives, la bouscula et s’en fût sans calmer son désir de jouir. Son ventre prit le relais de la main de Clémence. C’est lui qui allait et venait vers la brosse, qui baisait le manche à coup de reins précipités, qui se jetait toujours plus loin, toujours plus fort sur le simulacre, pour l’avaler, pour l’absorber, pour s’y empaler enfin, et retomber, épuisé et pantelant.Le silence retomba, lui aussi, à peine troublé par les sanglots de ravissement de Ève que les légers baisers de son initiatrice ramenaient sur terre.— Je l’ai dépucelée comme j’aurais aimé l’avoir été, reconnut honnêtement Clémence. Nous avons refait l’amour plusieurs fois avant son départ pour la Fac. C’étaient des récréations tendres et affectueuses entre nos entraînements à la soumission et à la domination. Elles m’ont permis de lui prouver mon attachement d’une autre façon, comme elles lui ont donné les moyens de mieux se connaître et d’en tirer ensuite avantage avec ses jeunes amants. Mais elle a été assez maligne pour leur laisser croire qu’elle leur devait son bonheur !Le retour des parents de Ève suspendit temporairement cette idylle multiforme. Il ne fallut toutefois que quelques semaines à l’étudiante en Droit pour leur démontrer que ses études seraient notablement plus fructueuses si la présence d’une gouvernante la déchargeait des questions bassement matérielles, et qu’une personne de confiance apporterait une tranquillité supplémentaire compte tenu de l’éloignement. Clémence était évidemment toute désignée.Le mois suivant, Ève aménageait dans un coquet petit appartement de la vieille ville auquel se rattachait une chambre de bonne, rustique mais suffisante pour affirmer le rang social et sauver les apparences. Elles y passèrent les six ans précédant le mariage de Ève, après quoi Clémence y résida officiellement jusqu’au veuvage de sa maîtresse.Dès la première année d’étude, Ève s’employa à constituer un réseau d’amitiés féminines et masculines, ces dernières en nombre toutefois plus restreint et moins pérenne. Pour les garçons, elle les laissait la draguer, les recevait en compagnie de Clémence, jouant pour l’occasion le rôle de chaperon, et, après échange d’avis avec celle-ci, décidait de poursuivre en amourette ou en relation amicale, voire de rejeter purement et simplement le soupirant.Concernant les amies, elle avait mis au point un scénario plus élaboré. Elle conviait une ou deux copines, pas plus, à un dîner que Clémence servait en tenue de soubrette. L’apparat un peu collet monté du service impressionnait les invitées jusqu’au moment où elles étaient amenées à découvrir que la servante ne portait pas de culotte. Si elles s’en offusquaient, Ève grondait vertement Clémence en promettant de la renvoyer séance tenante, ce que les pudibondes ne pouvaient vérifier car elles n’étaient jamais priées de revenir…Si au contraire elles s’amusaient du spectacle ou brocardaient l’impudique, Ève poussait plus loin le jeu. Elle confessait en riant avoir une bonne exhibitionniste, proposait que la coupable montre la totalité de son cul et, tant qu’à faire, sa partie face après sa partie pile, suggérait qu’on ne pouvait se faire une opinion sans vue d’ensemble, et autres coquines plaisanteries qui provoquaient régulièrement la mise à nu de Clémence ainsi qu’en général son tripotage par des mains curieuses.Celles qui le souhaitaient participaient ensuite à des réunions plus érotiques durant lesquelles Ève et Clémence partageaient avec elles tous leurs talents saphiques, voire un peu plus. Une bonne partie de plusieurs promotions d’étudiantes fut ainsi initiée, ou convertie.— Lorsque Ève pressentait des penchants identiques aux siens chez l’une de ces filles, ajouta Clémence, elle l’amenait à les réaliser avec moi. Je l’acceptais volontiers, par amour et par fierté. Grâce à moi, elle élargissait son cercle d’intimes et se constituait un carnet d’adresses qui contribuerait plus tard à sa notoriété auprès d’un public averti.Les soirées estudiantines plus classiques n’étaient pas négligées pour autant. Judicieusement conseillée par Clémence, Ève y acquit une réputation flatteuse parmi les Don Juan de la Fac dont les plus chanceux goûtèrent sans lendemain à ses charmes. Elles organisèrent aussi plusieurs parties carrées mémorables pour les heureux bénéficiaires, et, dans les dernières années du cursus, quelques réveillons orgiaques où elles assuraient un spectacle SM.Ces errements demeuraient cependant strictement limités au domaine privé. Dans l’enceinte universitaire, Ève se trouvait honorablement connue et estimée par ses professeurs. L’un d’entre eux était un praticien chargé de cours en droit notarial qui connaissait de longue date ses parents. Il remarqua naturellement la présence de la fille de ses amis et l’encouragea à s’orienter dans sa spécialité. Les dons et la personnalité de la jeune femme firent le reste. Son diplôme obtenu, elle intégra l’Etude de son mentor, en devint la collaboratrice et, de fil en aiguille, l’associée, puis la conjointe.La différence d’âge ne posa de problème pour aucune des parties. En mari conciliant, le vieux Notaire savait ne pouvoir satisfaire le tempérament volcanique de son épouse. Son affection lui suffisait et sa compétence l’enchantait. Il fermait donc les yeux sur les distractions qu’elle s’accordait avec son ancienne bonne. De menus travaux de secrétariat justifiaient l’illusion que cette dernière n’était pas une femme entretenue.Un tel accommodement, pour original qu’il fut, n’était pas une rareté dans le milieu concerné. Au cours des quelques années qu’il dura, Ève assuma sans faille son activité professionnelle comme son rôle social. Après le décès de son mari, elle reprit la charge et hérita de la propriété domaniale. Clémence la rejoignit au premier appel pour être promue gouvernante de la maison.— Gouvernante au foyer et assistante au donjon, pour être précise, expliqua-t-elle en souriant. J’ai aidé Ève à organiser sa petite entreprise personnelle à but très spécialisé, d’abord en l’accompagnant comme soumise dans des clubs où elle a été remarquée par des Domina déjà établies, et ensuite en gardant le contact avec celles-ci pour construire son propre réseau.Clémence avait aussi contribué au dressage des premières stagiaires une fois le Domaine Diotime approprié pour les accueillir. La réputation de la nouvelle Maîtresse s’était répandue assez vite en France et dans les pays voisins. Les invitations à participer aux soirées privées s’étaient multipliées au point que Ève avait dû parfois déléguer la fonction de dominatrice à sa soumise préférée lorsqu’elle ne pouvait l’exercer elle-même. Cette pratique courante dans les duos bien rôdés trouva en l’occurrence ses limites.— Je n’ai jamais été douée pour bien dominer, reprit Clémence. Je n’aime pas ça, je me force, et ça se voit. J’ai lamentablement raté une séance chez une grande Maîtresse Belge avec qui Ève est très liée et qui lui a fait part de la déception des invités. Pour les dédommager, elles leur ont offert une nouvelle soirée où elles m’ont punie toutes les deux devant eux. Après ce fiasco, Ève ne m’a plus envoyée la remplacer et je suis restée consignée au Domaine.Dégradée au rang subalterne de cuisinière, Clémence avait malgré tout conservé l’affection de Ève et représentait la mémoire du Domaine dont elle transmettait l’histoire aux nouvelles adeptes. Elle y trouvait également la satisfaction de ses jouissances masochistes car elle était sanctionnée pour les fautes des stagiaires, en même temps et plus durement qu’elles.______________________________________Je reste un moment pensive en relisant mes notes. Colette s’est chargée d’alimenter une nouvelle fois le feu. Comme à chaque séparation, lorsque nos pieds quittent nos chattes, j’ai une impression de manque. En levant les yeux, je remarque une petite tache à l’endroit qu’elle occupait. Je passe la main sous mes fesses. Le tissu est humide. Je ne crois pas que l’on puisse seulement parler de contacts sensuels.— Il n’y a plus de bois, annonce Colette à son retour.— J’irai en chercher… Maîtresse, souris-je en me redressant.— Hé là ! Je ne t’ai pas encore acceptée comme soumise !— Pardon. Je plaisantais. J’étais encore plongée dans les relations entre Ève et Clémence, je me disais qu’il y avait vraiment de l’amour, beaucoup d’amour, dans leurs rapports.— Encore plus que tu ne crois, confirme Colette sans relever l’ambiguïté de mon excuse. De Clémence envers Ève surtout, je peux en témoigner.— J’ai trouvé qu’il y avait chez Ève une grande affection pour sa soumise, en dépit des horreurs qu’elle lui faisait subir.— Ou peut-être pour ça ! Qui bene amat, bene castigat, c’était la devise que Ève avait affiché dans notre salle de sport, qui n’avait rien d’un couvent, pourtant !— D’après ce que vous m’avez déjà raconté, je me doute que la chasteté n’était pas la vertu cardinale recherchée…— Non, reprend Colette en riant avec moi. Mais je voulais dire que Clémence aimait Ève au point de se sacrifier affectivement. Elle n’a jamais été jalouse, tu l’as compris, et elle a laissé toute la place aux amantes de Ève, dont moi, quand son corps n’a plus été en mesure de la satisfaire sexuellement.— C’est vous qui êtes devenue l’amante de cœur de Ève, Colette ?— Oui Chantal. Je crois que je l’aimais presque autant que Clémence.Sa voix s’est cassée en terminant la phrase. Elle détourne la tête, je regarde ailleurs, pudeur sentimentale en dépit de l’impudeur physique. Un silence s’instaure, il me pèse. Je ne veux pas troubler son chagrin évident par des mots convenus. Je me tais, je n’ai que ma peau nue pour lui offrir mon réconfort. Je l’étreins de toute ma tendresse. Nous restons longuement enlacées, ma joue contre son oreille, son front sur mon épaule.Colette halète à petits coups, comme des sanglots étouffés. Mes mains caressent son dos, je la berce doucement contre moi. Nos battements de cœurs s’accordent dans les palpitations de nos seins. Nos poitrines s’écrasent, ses bras m’enserrent comme pour me fondre en elle. Mon ventre est collé au sien, les boucles de nos touffes se mêlent. Une chaleur intérieure m’envahit et je ne sais plus qui d’elle ou de moi frémit. Je dépose de petits bisous à la base de son cou, sa respiration se calme, elle se détend, se redresse. Une humidité légère tiédit le haut de mon buste quand nous relâchons notre étreinte.Son geste me surprend sans que je m’y soustraie. Sa main saisit ma nuque et m’attire à elle. Sa bouche se plaque sur mes lèvres et j’entrouvre les miennes. J’accepte son baiser spontané en répondant à la sollicitation de sa langue. Mon premier vrai french kiss d’une fille ! Il ne me répugne pas, mais peut-être ne suis-je qu’un substitut qu’elle embrasse…— Excuse-moi, murmure t’elle en se retirant confuse.— Ce n’est rien Colette, émets-je dans un souffle.Je vois son air navré, ses yeux rougis, les larmes encore accrochées à ses paupières, et c’est moi qui l’embrasse.La bouche de Colette est douce, ses lèvres sont douces, sa langue est douce, tout n’est que douceur et tendresse dans ce baiser féminin. Je le prolonge par plaisir, par affection, par égoïsme ou par amour, qui sait ? Elle ne me retient pas, ne me repousse pas, ne me caresse pas, non plus. Elle m’enveloppe de ses bras, simplement, comme je l’enveloppe des miens. Un baiser de velours, une accolade sensuelle, une étreinte amicale où le sexe est secondaire, qui ne se délie que lorsque l’air nous manque.— Vous êtes gentille, Chantal. Je suis heureuse de vous connaître, me remercie une voix feutrée.— Je le suis aussi, Colette. Je vous… Je suis bien avec vous. Et triste que vous ne me tutoyez plus.— Je vous apprécie comme amie, ma chérie, pas comme soumise.— Je vous aime déjà comme amie, je pourrais vous aimer comme maîtresse.— Vous le croyez vraiment ?— Oui Colette, oui, j’aimerais essayer, savoir ce qu’on ressent, ce que moi je ressentirais.— Et votre mari ?— Ce sera notre secret. Je vous fais confiance.Elle se recule et me considère d’un œil dur. Je retrouve le regard acéré du premier jour qui m’a détaillée des pieds à la tête quand je suis sortie de voiture. J’avais eu l’impression qu’il traversait mes vêtements. Je suis nue aujourd’hui, ça fait trois jours que je suis nue devant elle, et pourtant j’ai un sentiment de honte à être examinée ainsi. Je me sens bête.Que m’avait-elle dit de sa présentation chez Ève ? Les mains à la nuque, le dos droit, les jambes écartées. Je monterais sur le canapé à défaut d’estrade, mais je n’ose pas. Je me contente de prendre la pose du mieux que je peux. Elle opine du chef avec un petit sourire cruel. Je sais que c’est le jeu, je frissonne pourtant. Elle a remis sa cape de cachemire noir, ses yeux me soupèsent comme si elle calculait les meilleurs endroits où me fouetter.— Tourne-toi ! Tends tes fesse !J’obéis. J’imagine son regard sur mon dos, sur mon cul…— Ouvre plus grand les jambes ! Penche-toi ! Mets les mains sur tes chevilles !J’obéis. J’attrape le bas de mes mollets, c’est tout ce dont je suis capable sans piquer du nez. J’imagine son air ironique, sa critique de mon absence de souplesse, ses yeux qui fouillent ma raie et ma fente…— Mains aux fesses ! Montre-moi ton trou du cul !J’obéis. Je m’écartèle le cul en chancelant. Je lui exhibe mon anus ouvert… Je mouille.— C’est bien ! Suis-moi !J’obéis. Je marche toute nue derrière elle en sachant qu’elle a vu ma chatte couler.J’ai toujours une sensation de malaise, qui ne devrait pas être pourtant, et en même temps j’ai l’impression de regarder cette situation avec détachement. Par exemple, je vois le ridicule de la silhouette échevelée de Colette. On est loin de la représentation parfaite de la Domina avec une telle chevelure séchée à la diable plusieurs fois !Nous passons devant la caisse à bûches. Elle est vide, le poêle ronfle. Ma maîtresse s’arrête devant la porte. Il pleut toujours. Elle chausse des sabots, passe un ciré et sort. Je la suis, je tends la main vers ma cape restée s’égoutter sous le porche.Elle m’entraîne et me pousse dans la cour. Les gifles de la pluie me frigorifient, mes seins se glacent, mon corps grelotte. Une forte claque réchauffe mes fesses.Je cours. Mes pieds nus giclent dans les flaques. Je glisse, je manque m’étaler. L’eau ruisselle sur moi, mes cheveux dégoulinent, mes yeux se brouillent. J’atteins le bûcher, je suis à deux doigts de pleurer de froid, et de peur. Je tremble en essayant de récupérer deux rondins.Ma maîtresse arrive tranquillement, bien à l’aise dans ses sabots, bien à l’abri sous son ciré. Elle fait sauter le bois de mes mains.Je m’exécute, inquiète. Elle empile les morceaux dans le berceau que je lui offre. Mes bras faiblissent sous la charge. Je dois les serrer contre moi. Un téton se coince entre deux bûches. La douleur m’irradie, je serre les dents. Encore une bûche, je vacille. Elle ramasse une badine.Une brûlure cingle mon cul. Mon fardeau a failli m’échapper sous la surprise. J’évite de peu une dégringolade. Je trottine pesamment vers la maison. Si je ralentis l’allure, la badine me rappelle à l’ordre. Quatre ou cinq coups, je trébuche, piaille, me reprends, et me trouve enfin à l’abri. Je me déleste en vitesse de ma cargaison. Je retire in extremis les orteils de la menace d’un lourd rondin. Je souffle.Je repars. Voyage aller, chargement, voyage retour, la scène se répète trois fois. Je suis en nage, mes jambes sont fatiguées, les écorces m’ont égratigné le ventre et les seins, mes deux tétons ont souffert d’écrasement, pas de jaloux ! Mes fesses, je ne le vois pas mais je l’ai senti, sont zébrées.Ma maîtresse est satisfaite de la quantité approvisionnée. Ouf ! Elle se débarrasse des sabots et du ciré, se met au chaud, commande d’un signe de la main. Oui, je lui passe les bûches, courbée vers le sol, mon cul exposé à la pluie. Elle les range une à une, sans se presser, près du poêle. C’est fini, je m’apprête à rentrer.La pointe de la badine a heurté mon pubis. Je grimace. Trois centimètres plus bas, elle piquait mon clito. Une mare s’élargit sous moi, mes pieds sont boueux, mes mollets ne valent pas plus, l’eau qui me coule des épaules aux cuisses échoue à les nettoyer. Je comprends, j’attends, je frissonne.Ma maîtresse revient avec un broc et une cuvette.Un pied et puis l’autre dans la bassine, il faut un arrosoir de plus pour récurer complètement mes jambes. Penchée sur ma tâche, les fesses en l’air, les mèches de ma touffe pendouillant lamentablement entre mes cuisses, je suis pitoyable. Pas assez cependant, ni assez rapide pour m’épargner quelques incitations cuisantes à me presser.Ma maîtresse étend une serpillière sur le seuil. J’entre, m’arrête sur le chiffon. Elle me jette une serviette, froide et rêche.Inutile de me le dire deux fois, dès la porte refermée, je me frotte avec vigueur, un rictus aux lèvres quand le tissu agresse les zones sensibles où la peau est marquée par la badine ou par l’écorce. Tant pis, le traitement que je m’inflige a le mérite de faire oublier l’eau et le froid. Voilà, je suis bien sèche, bien propre, et déconfite. Je rends la serviette, assouplie et humide. Je tremblote encore.Je suis seule dans la cuisine, nue, abandonnée, interdite. Je ne sais quoi faire. Ai-je le droit de m’approcher du poêle ? La chaleur ambiante me réconforte un peu. Je m’examine : quelques rougeurs sur le ventre et sous les seins. Mes tétons semblent sortis sans dommage de leurs mésaventures. Ma touffe a repris à peu près contenance, mais ne pensons pas aux cheveux ébouriffés. Je passe une main prudente sur mon cul, m’attendant à y trouver boursouflures, voire égratignures et sang. Hé bien non, rien sous ni sur mes doigts, à peine des endroits un peu plus dolents à la pression, en haut des cuisses et à la pointe des fesses.— Alors, ma chère Chantal, comment avez-vous trouvé l’expérience ?Colette est là, un sourire jusqu’aux oreilles. Elle me couvre d’un épais manteau en peau de mouton retournée. Elle me frictionne les flancs et les reins à travers le cuir. Elle ne s’égare ni sur ma poitrine, ni sur mon ventre, mais le contact de la laine douce et tiède sur la peau est suffisamment sensuel. Je me love contre elle.— Oh, Colette, c’était bizarre. J’ai presque eu peur. J’avais froid, j’avais mal, je me sentais désespérée. Et en même temps, j’avais envie de vous obéir, besoin de vous faire plaisir. Quand vous me fouettiez, je croyais que ça laisserait des traces, mais non.— Non ? Faites voir, s’interroge t’elle en relevant le manteau sur mes reins.Elle palpe mon cul, j’aimerais qu’elle ne s’arrête jamais. Je frémis à nouveau, mais de plaisir. Elle s’en aperçoit et tapote gentiment mes fesses.— En effet, à part quelques petits bleus sans importance, votre joli popotin est intact. Je craignais d’avoir perdu la main, vous êtes si sensible… vous avez la peau si fine…Elle la caresse encore. J’ai la chair de poule sur tout le cul. Des frissons me parcourent des reins à la chatte. Ils remontent en papillons de mon ventre à mes seins. Je voudrais lui crier de m’embrasser les fesses. Je cache mon visage dans son cou, je murmure à son oreille.— Donnez-moi la fessée, Maîtresse.— La fessée, vilaine fille ? Et pourquoi donc ?— Pour avoir gâté la délicieuse omelette que vous avez préparée à midi, Maîtresse.— Ah, pour ça, rit-elle. Vous ferez… Tu feras… Zut, j’en perds le fil ! La punition sera de faire la cuisine ce soir.— Les deux, Colette. La cuisine, parce que je voulais vous le proposer, et… la fessée, parce que… je voudrais essayer.Je me sens piteuse. Je ne conçois même pas pourquoi je demande ça. Elle me prend aux épaules et m’éloigne, me regarde avec perplexité.— Vous êtes étonnante, Chantal. Est-ce que je vous aurais contaminée ?— Je ne sais pas… peut-être…Elle reste silencieuse. Je suis embarrassée. Je baisse la tête. Elle respire fortement.— Bon ! Tu veux ta fessée, tu vas l’avoir ! Tu feras aussi la cuisine, après, toute nue. Tant pis pour toi : j’ai envie de frites ! Relève le manteau sur ton cul et penche-toi sur la chaise.Je découvre mes fesses et empoigne les bords du siège. Elle remonte le vêtement sur ma tête. Les pans retombent sur ma figure. Je suis isolée, aveugle, enfouie dans un cocon de laine. J’attends.Curieux comme la notion de temps est subjective. Mon attente parait ne plus finir. Des bruits assourdis me parviennent. Que fait Colette, pardon, ma Maîtresse ? Si je distingue bien les craquements du feu, je ne perçois pas de mouvements derrière moi. Aurait-elle changé d’avis ? C’est ça, elle plaisantait, elle m’a fait croire que…J’ai crié de surprise plus que de douleur. Enfin, j’ai eu mal mais pas comme maintenant ! Les claques se succèdent, elles passent d’une fesse à l’autre plus vite que je ne peux les compter. J’ai le cul en feu. Ce n’est pas possible d’avoir la main aussi dure, elle doit avoir pris un battoir ! Je crispe mes doigts sur la chaise, je serre les dents, je refuse de crier, je pleure, je vais lui demander d’arrêter. Non, elle se moquerait de moi, je veux être forte, je veux lui montrer… La peau me cuit du haut des cuisses au bas des reins. Ça n’en finit pas, je ne peux plus me retenir, je crie. Je sue, je supplie, je hurle, je… Je mouille !— Chantal… Chantal ? Hé ho, Chantal !Bouche pâteuse, oreilles bourdonnantes, muscles endoloris, je suis à genoux, le front posé sur le siège. Si je relève la tête, elle me tourne comme si j’étais ivre. Le manteau de mouton a glissé. Je suis nue à nouveau, recroquevillée, cramponnée à la chaise. Colette m’aide à me redresser, me soutient quand je vacille. Je cherche à m’asseoir.— Non, non, pas encore ! Fais un effort, attends que le sang reflue. Appuie-toi sur la table. Je reviens.Les mots m’arrivent à travers un halo… (Ça se dit, ça ? En tout cas, c’est l’impression que j’ai.) Je ne comprends pas tout, mais j’obéis. Mes jambes flageolent. Oui, j’ai besoin de la table pour me retenir. Au moins, la sensation de tournis s’estompe. Ma vue redevient nette. Tiens, la nuit est tombée. Les vitres de la porte me renvoient ma silhouette pitoyable.Colette est de retour, un miroir dans une main, un sac de glaçons dans l’autre. Elle dirige la glace vers le bas de mon dos.— Regarde ton cul, il en vaut la peine. C’est t’y pas joli, cette belle couleur rouge ?Ah oui, c’est rouge ! Partout où la peau me cuisait, elle est enflammée. Pourtant, la douleur est moins prégnante qu’au sortir de la fessée. J’en fais timidement la remarque.— Oui, ça ne dure pas trop longtemps. Tu verras, ça ira mieux avec un massage aux glaçons. Tu veux te branler, avant ?L’idée m’était venue. Mais, pudeur soudaine ou surprise de la vulgarité, je décline l’invitation d’une dénégation muette. Ma Maîtresse hoche la tête d’un air entendu. Je lui tends encore une fois mon cul… Brrr ! Le froid me fait serrer les fesses. Le sac navigue sur leur rondeur, monte, descend, remonte, calme l’effet de brûlure. Je me détends. L’ivresse disparaît tout à fait. Je n’ai plus envie de jouir. Je souris.Quelle est la formule consacrée, au fait ? Ah oui !— Merci, Maîtresse !A suivre
