PrĂ©faceLa clinique Saint-Roch a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e pendant la guerre de 14-18 pour soigner les blessĂ©s. 60 ans après, contrairement Ă beaucoup d’autres, elle survit dans un des quartiers les plus vivants du XVe arrondissement parisien, Saint-Charles. Un quartier très bariolĂ© oĂą ouvriers, bourgeois, fonctionnaires, commerçants, Ă©tudiants, retraitĂ©s se croisent et se cĂ´toient tous les jours sans qu’il n’y ait ni agressivitĂ© ni jalousie. Le marchĂ© est bien fourni, mĂŞme si les Ă©choppes sont « spĂ©cialisĂ©es » dans un type de clientèle, le cĂ´tĂ© gauche bourgeois ne se mĂ©langeant pas avec le cĂ´tĂ© droit ouvrier (eh oui, nos politiciens se sont trompĂ©s de cĂ´tĂ©). On retrouve cette dichotomie Ă©galement dans les bars et restaurants.Étudiant en mĂ©decine, j’ai Ă©tĂ© recrutĂ© (par cooptation, un ami ayant pratiquĂ© ici) sur un poste de FFI (faisant fonction d’interne) pour un an. C’est mon poste de fin d’études, juste avant la thèse. Je suis censĂ© faire la preuve que je peux ĂŞtre compĂ©tent et efficace dans ce mĂ©tier, que je peux apporter quelque chose aux patients. J’ai choisi cet endroit parce que j’aime la chirurgie, spĂ©cialitĂ© pour laquelle j’aurais optĂ© si je n’étais pas fixĂ© depuis longtemps sur la mĂ©decine gĂ©nĂ©rale. De plus, les deux chirurgiens qui officient ici sont de bons chirurgiens des HĂ´pitaux de Paris, et mĂŞme de très bons.Je n’imaginais pas une seconde en signant mon contrat les « aventures » qui pourraient m’arriver dans cet Ă©tablissement, très honorablement connu, et Ă la rĂ©putation sans tache. Alors, en route pour Cythère !I – Semaine 1 : Clinique Saint RochPlombĂ©, le ciel est plombĂ©. Je n’ai jamais su ce que voulait dire cette expression. Peut-ĂŞtre comme aujourd’hui, un ciel gris sombre, bas et triste. Il va sĂ»rement pleuvoir. Dans la rue les gens ont le visage fermĂ©, inquiet, pas vraiment agressif, mais visiblement faut pas les emm…Ça y est, il pleut. Une petite pluie fine, insistante, agaçante. Il est temps d’aller travailler. Le Val Girard d’abord pour un double express croissant. J’ai toujours faim le matin et ne pourrais commencer la journĂ©e sans quelque chose dans l’estomac. Le garçon n’a pas grand-chose Ă dire. Il essaie de sourire, mais on voit bien que c’est au prix d’un gros effort.Il est 7 h 15, ça doit s’agiter pas mal Ă la clinique. Pas grave, ils n’ont pas encore besoin de moi. Il faut d’abord chasser les derniers miasmes du sommeil. Mon niveau de rĂ©flexion intellectuelle frisottant le zĂ©ro absolu, je suis en train de calculer comment aller le plus lentement possible au travail. Bien, la pluie ne cessant pas, je vais remonter la rue de Vaugirard jusqu’à la place de la Convention et prendre le 62 jusqu’à la clinique. AdoptĂ© Ă l’unanimitĂ©.La promenade, souvent agrĂ©able, est particulièrement dĂ©primante ce matin. Il pleut, certes, mais de plus nous sommes lundi matin tĂ´t et tous les commerces sont bouclĂ©s, les rideaux mĂ©talliques tirĂ©s, les quelques promeneurs pressĂ©s, le visage figĂ©.Dans le bus j’ai fermĂ© les yeux pour ne pas voir tout ce dĂ©cor uniformĂ©ment gris. GagnĂ©, j’ai ratĂ© ma station ! Et hop, un petit sprint pour ne pas ĂŞtre trop en retard, le patron doit dĂ©jĂ ĂŞtre lĂ .— Bonjour Henriette !— Bonjour docteur !— Henriette, je t’ai dĂ©jĂ dit de ne pas m’appeler docteur, je vais finir par y croire !— Allons, docteur, un petit café ?Plus tĂŞtu qu’Henriette, c’est dur. Quand elle a dĂ©cidĂ© quelque chose, c’est dĂ©finitif. Je grimpe dans les Ă©tages Ă toute allure pour finir par me cogner sur le patron et la surveillante gĂ©nĂ©rale qui ont commencĂ© la visite. Il n’est pourtant que 7 h 55, mais je suis en retard. Le patron me jette un regard noir, et la surveillante me gratifie d’un joli sourire. Elle a beau avoir la soixantaine, elle a toujours beaucoup de charme.Comme d’habitude, la visite se passe au pas de charge, dix chambres en moins de dix minutes. « Mais comment peut-on, comment peut-on… » comme disait Robert Lamoureux. Et se termine par le traditionnel : « Pour le reste, voyez avec Jean », c’est-Ă -dire tout le boulot pour moi et la com’ pour lui. Normal.J’occupe donc la matinĂ©e Ă repasser dans les chambres, voir patientes et patients, savoir comment s’est dĂ©roulĂ© le dimanche, quelles familles sont venues rendre une petite visite, quelles sont les pseudos urgences Ă traiter impĂ©rativement avant la semaine prochaine, les douleurs Ă©pouvantables Ă soulager dans la minute…J’ai toujours eu du mal avec la douleur, la confondant souvent avec la souffrance ; j’ai l’impression d’être dĂ©muni devant elle, ou de me faire piĂ©ger par le patient. Et puis un jour, j’ai observĂ© leur visage. Depuis, ça va (un peu) mieux.Je finis depuis la semaine dernière la contre-visite par la chambre 7, chambre attitrĂ©e de Mme D, vieille bourgeoisie du XVe, qui nous termine un petit nĂ©o des familles, bien gĂ©nĂ©ralisĂ©. La soixantaine bien tassĂ©e, Ă©lĂ©gante, un brin charmeuse, elle « aadooore » nos tĂŞte-Ă -tĂŞte, pendant lesquels je la drague gentiment. Elle a cette façon de parler « Vieille France », avec un accent magnifique, et des cris Ă©pouvantĂ©s lorsque je lui sors quelque expression carabine bien salace, chose dont elle raffole. Par exemple :— Vous avez vu la dernière acquisition de notre surveillante gĂ©nĂ©rale ? La petite aide-soignante du deuxième ? Quel beau cul !— Ooooh ! Doooocteuuur !! Une acquisition, vous exagĂ©rez.Bref, nous nous entendons bien, je la distrais au milieu de ses douleurs et pensĂ©es nĂ©gatives et elle me fait sourire au milieu de toutes les misères que nous voyons tous les jours. Elle est peut-ĂŞtre pimbĂŞche, mais elle a pas mal vĂ©cu en son temps, pas si Ă©loignĂ© que cela finalement. Son mari, m’a-t-elle expliquĂ©, lui a fait deux gosses puis s’est plus ou moins dĂ©sintĂ©ressĂ© de la chose. Elle a donc dĂ» se dĂ©brouiller seule la plupart du temps, car il n’était pas très aisĂ© pour une femme de trouver un amant Ă son Ă©poque. Tous ces souvenirs distillĂ©s au compte-gouttes lui font du bien, je le sens. Elle fait une espèce de petit bilan ou une psychanalyse et trouve que, après tout, elle a assez bien profitĂ© de la vie. Elle compare avec sa fille, mais nous reparlerons de sa fille plus tard.J’ai bien besoin de la matinĂ©e pour faire le tour des chambres, bavarder avec tout le monde : patients, aides-soignantes, infirmières… Je termine toujours par un petit rapport Ă la « surgé », avec consignes Ă la clĂ©. Elle semble m’avoir Ă la bonne, la vieille, il faudrait que je lui fasse un peu de rentre-dedans, mais j’avoue avoir une grosse baisse de libido en ce moment. Est-ce le temps, la fatigue ou la dĂ©prime ? Je suis quand mĂŞme bien content de revoir ma douce et tendre le samedi. C’est peut-ĂŞtre elle qui m’épuise.13 h 15 : je descends manger au rĂ©fectoire du personnel, et bien sĂ»r Henriette fait semblant de me gronder.— Toujours en retard, docteur !— Henriette !— Il ne reste plus qu’un steak avec quelques frites.— C’est parfait Henriette.Les aides-soignantes en sont au dessert, pas le cĹ“ur Ă plaisanter aujourd’hui. Elles vont dire que je fais la tĂŞte, tant pis.DĂ©but d’après-midi, j’ai envie de faire la sieste, mais il faut s’occuper des entrants qui vont ĂŞtre opĂ©rĂ©s demain. Le 12, un homme de 55 ans, un peu volumineux, c’est une vĂ©sicule. Le 4, une femme de 72 ans, un simple kyste sĂ©bacĂ© du cuir chevelu, une loupe, elle sera partie demain. Il faut quand mĂŞme un dossier le plus complet possible, antĂ©cĂ©dents, allergies, problèmes cardio-vasculaires ou diabĂ©tiques surtout, et si on peut leur trouver un petit truc original (et pas grave), c’est bonus.17 h : un petit thĂ© en attendant le patron, cela me permet de discuter un peu avec les infirmières que j’ai Ă peine vues dans la journĂ©e. Avec les Ă©quipes de jour, on a toujours du mal Ă se voir et se coordonner, trop de travail. Elles sont gentilles, mais vraiment pas de place pour un petit câlin.18 h : branle-bas de combat, le patron arrive. Nouvelle Ă©quipĂ©e rapide dans les chambres, pour voir surtout les deux de demain, puis passage aux stands pour faire grosse impression sur le personnel. Le changement d’équipe est pour bientĂ´t. Je traĂ®ne un peu dans les couloirs, jette une dernière fois un Ĺ“il sur les radios de la vĂ©sicule de demain (bon gros caillou), fais un bisou Ă Mme D, puis direction Henriette.La grosse Henriette n’est pas une cuisinière exceptionnelle, c’est le moins qu’on puisse dire, mais elle est gentille et m’a appris Ă poser le pain du bon cĂ´tĂ© (sinon le petit JĂ©sus n’est pas content). Le soir, on a le temps de discuter un peu et j’apprends les nouvelles du « village ». Paris est en effet une somme de petits villages qui ont leur vie propre, leurs coutumes, leurs habitudes. Ici, cela n’a rien Ă voir avec mon quartier de Vaugirard. Saint-Charles est beaucoup plus populaire, mĂŞme si l’on y trouve une faune bourgeoise, dĂ©veloppĂ©e autour de quelques enseignes prestigieuses.Bref, je mange tranquillement mon omelette aux petits oignons et pommes de terre, baignant dans l’huile de vidange, et je remonte dans la chambre que j’ai amĂ©nagĂ©e aux dĂ©pens d’une chambre de patient, ce qui fait râler le patron. Pour Ă©viter qu’on me la rĂ©quisitionne, je l’ai tapissĂ©e de dessins et photos psychĂ©dĂ©liques et cauchemardesques et j’ai « trafiqué » le lit, dĂ©montĂ© les pieds et renforcĂ© le sommier. C’est nettement plus pratique pour faire basculer la gueuse les grands soirs.22 h, l’équipe de nuit a fini ses transmissions et l’essentiel de son travail, je vais pouvoir aller les embĂŞter un peu. Ce soir, nous avons Latifa et Barbara. Latifa est une grosse dondon, la quarantaine, toujours souriante, qui aime bien discuter du « pays », son pays, le Maroc, et de sa culture culinaire. C’est une bonne cuisinière, semble-t-il, et je la travaille sec pour qu’elle m’invite chez elle. Ce n’est peut-ĂŞtre pas facile, culturellement parlant. J’ai pourtant tout essayĂ©, la promesse d’un gros câlin, d’une bouteille de champ’, d’une balade en 2 CV… Rien Ă faire. Je l’aurai un jour. Avec elle, tout va toujours bien, on a l’impression d’être dans un monde de bisounours.Barbara est une petite jeune, timide, Ă©tudiante en mĂ©decine dĂ©butante. Adorable, elle est aussi physiquement bien faite, des rondeurs bien placĂ©es, un peu enveloppĂ©e, mais juste ce qu’il faut, bref, je sens que je ne vais pas tarder Ă faire un siège en règle. Ce soir, ce n’est pas le jour ni pour elle ni pour moi. Après quelques plaisanteries (de bon goĂ»t pour une fois), je vais me coucher.** *Pin-pon, ce matin j’ai intĂ©rĂŞt Ă ĂŞtre prĂ©sentable et rĂ©veillĂ©Â : c’est matinĂ©e salle d’op’. En dehors des deux du patron, le deuxième chirurgien vient nous en rajouter une petite vite fait, un kyste de l’ovaire ou un truc dans le genre.Après un petit dĂ©jeuner sĂ©rieux (merci Henriette), direction la salle d’op’ gĂ©rĂ©e par une cochonnerie, maigre, maniaco-dĂ©pressive et toujours prĂŞte Ă vous faire un enfant dans le dos, la mal nommĂ©e Marie, que j’ai surnommĂ©e Folcoche. Ça fait rire la surgĂ©, qui est cultivĂ©e, mais pas du tout la susnommĂ©e qui m’en veut depuis. Heureusement que je suis irrĂ©prochable dans mes fonctions et bien vu par les chirurgiens, sinon elle me pourrirait la vie grave. LĂ , elle n’ose pas.Je n’aime pas trop les vĂ©sicules, souvent Ă enlever chez des obèses, et qui est-ce qui se colle un gros foie Ă tenir Ă l’écarteur, bibi bien sĂ»r. Physique, la vĂ©sicule. D’autant que le chirurgien a un travail très dĂ©licat Ă faire dessous et qu’il n’y a pas intĂ©rĂŞt Ă bouger d’un millimètre. Pas trop de problèmes avec Valois qui est un rapide du bistouri, mais avec Hugo la sĂ©ance se transforme en torture. Hugo est un anatomiste avant tout, roi de la dissection et donc lent, mais lent…Tout s’est bien passĂ© ce matin. On a fait le kyste sĂ©bacĂ© entre deux dans la salle de pansement, les deux autres interventions se sont passĂ©es tranquillement et Ă midi tout Ă©tait rĂ©glĂ©, un record. Folcoche n’a pas fait d’histoire. Seul Juin, le chef de clinique qui vient donner un coup de main de temps en temps, a fait son cirque habituel, sortant de l’ablation du kyste en jouant aux Indiens : « Ouououh ! J’ai scalpĂ© la femme blanche ! ». Gag rĂ©current pendant l’annĂ©e que j’ai passĂ©e dans cette maison.Repas rapide, mais copieux. Remontant vers ma chambre pour me dĂ©tendre, je me rends compte que j’ai la trique. J’ai toujours la trique en remontant de salle d’op’. Je commence Ă comprendre les chirurgiens et leur rĂ©putation sulfureuse. J’essaie de me reposer un peu, rien Ă faire. Et le plus grave, rien Ă se mettre sous la dent ! On va essayer la « Veuve Poignet ». Elle rend bien des services, celle-lĂ . Le problème est de me raccrocher Ă une copine, ou Ă une vieille histoire qui m’avait excitĂ©e. Ah oui, la femme du dentiste !Je ne me souviens plus de son prĂ©nom, Lisbeth, il me semble. C’était aux sports d’hiver. J’étais chez des amis pour la semaine. Nous partagions un deux-pièces Ă quatre. Cette femme, qui habitait Ă 300 m, nous avait rejoints pour skier, et plus si affinitĂ©s, après le dĂ©part de son mari. AffinitĂ©s il y a eu. Elle ne m’a pas quittĂ© de la journĂ©e. Ă€ cĂ´tĂ© de moi sur le tĂ©lĂ©siège, Ă cĂ´tĂ© de ma trace sur les skis, et enfin Ă cĂ´tĂ© de moi au repas du soir, oĂą nos mains s’égaraient sous la table et nos cuisses se frĂ´laient. Elle Ă©tait assez mignonne, une petite brune au regard vif et dĂ©cidĂ©, des yeux rieurs, une bouche charnue et une silhouette agrĂ©able, montrant des jambes parfaites, bien moulĂ©es par les collants. La poitrine Ă©tait moins visible sous les gros pulls que nous portions, mais semblait satisfaisante. Je me suis donc laissĂ© tenter et je l’ai raccompagnĂ©e chez elle après le dĂ®ner. Ce n’est pas tous les jours qu’une femme vous drague ouvertement, et pour une fois que l’on n’a pas Ă combattre, je tenais Ă en profiter. Elle avait une dizaine d’annĂ©es de plus que moi et cherchait probablement les performances physiques d’un petit jeune. Une « cougar » ? Possible. Cela n’avait aucune importance de toute façon.Bras dessus, bras dessous, nous avons affrontĂ© le froid polaire de cette nuit pour gagner son domicile, non sans quelques bisous sensuels pour se rĂ©chauffer. Je bandais dĂ©jĂ sĂ©rieusement. Les trois ou quatre mètres de sa porte au salon furent franchis Ă la vitesse de l’éclair, et pourtant, de façon incomprĂ©hensible, nous avions perdu la moitiĂ© de nos vĂŞtements en nous Ă©croulant sur le canapĂ©. Le reste disparut pendant nos roulades sur le tapis et je me suis retrouvĂ© nu, couchĂ© sur le dos, avec Lisbeth me chevauchant, dĂ©jĂ embrochĂ©e sur ma queue. Elle s’activait vigoureusement et son bassin montait, descendait, tournait sans qu’elle ait besoin d’une quelconque participation de ma part. Au bout de quelques courtes secondes, elle partit dans un grand râle et s’effondra sur ma poitrine. Une grosse envie ! Soit son mari n’assurait pas assez, soit elle ne pouvait se passer d’une queue.Je profitais donc de ce moment de « calme » relatif pour explorer son corps. Elle avait, ma foi, beaucoup d’atouts. Un cul rond, bien dessinĂ© sur des jambes de sportive, une ceinture fine, malgrĂ© quelques bourrelets pas dĂ©sagrĂ©ables, une poitrine Ă©panouie avec des seins ronds, eux aussi, terminĂ©s par des pointes fièrement dressĂ©es sur des arĂ©oles fines et un sourire gourmand qui lui faisait plisser les yeux. « Tu as une belle queue, c’est agrĂ©able », me dit-elle en continuant Ă tourner autour de ma hampe, toujours fièrement dressĂ©e dans son ventre, mais beaucoup plus calmement. Je caressais son dos, ce qui lui donna quelques frissons et des contractions du bassin autour de ma queue. Il ne va pas falloir insister beaucoup pour qu’elle reparte. Je la fais rouler pour me retrouver en missionnaire et commence Ă donner quelques coups dans sa chatte. Elle ferme les yeux et son sourire se crispe. Je transforme vite cette position banale en celle du « charmeur de serpents » qui surprend toujours un peu. Je continue Ă la pĂ©nĂ©trer lentement et j’ai envie de voir son cul. Je la retourne donc en levrette et accentue nettement le rythme. Son souffle s’accĂ©lère. La vue sur son cul et son dos est splendide. Je m’enfonce avec un plaisir dĂ©cuplĂ© en elle. Je suis en extension maximum. Je l’entends gĂ©mir ; douleur ou plaisir ? J’accĂ©lère progressivement le rythme, je ne vais pas tarder Ă jouir, il faut qu’elle se dĂ©pĂŞche si elle veut en profiter. Tout d’un coup, je l’entends râler, mais beaucoup plus fort que tout Ă l’heure, c’est presque un cri qui secoue tout son corps. Elle aime ça, la s… Et moi aussi d’ailleurs. Pas besoin de faire de chichis, pas besoin de chercher midi Ă quatorze heures, on est lĂ pour se faire plaisir, nom d’un petit bonhomme en sucre ! N’en pouvant plus, je lâche un long jet de foutre dans son ventre et plusieurs spasmes me secouent encore avant que nous nous relâchions, Ă©troitement imbriquĂ©s, sur le tapis. Ouf ! Quelle sĂ©ance ! J’en avais besoin autant qu’elle. Les appartements Ă la montagne Ă©tant remarquablement bien chauffĂ©s, nous sommes restĂ©s nus Ă nous caresser mutuellement. J’étais intĂ©ressĂ© par tout son corps que je parcourais avec mes deux mains, mais pour elle une seule chose avait de l’importance : ma queue, qu’elle malaxait et suçait pour essayer en vain de lui redonner quelque vigueur. J’étais jeune Ă l’époque (20/22 ans Ă peu près), mais il me fallait quand mĂŞme un petit temps de rĂ©cupĂ©ration. C’est un bon souvenir, car c’est elle qui m’a fait entrer dans une autre dimension. Fini de jouer Ă touche-pipi avec des copines aussi jeunes que moi, de tourner autour du pot cent sept ans avant de pouvoir conclure. On baise, on prend son pied. Ça fait tellement de bien. Et cela semble largement partagĂ©, mĂŞme quand ça fait un peu mal.Elle m’a entraĂ®nĂ© ensuite dans son lit (la couche conjugale, cette gourgandine !) et nous nous sommes endormis tranquillement. Jusqu’au matin ? MĂŞme pas, car en milieu de nuit je me suis rĂ©veillĂ© avec un engin au garde-Ă -vous et sans lui demander son avis, je l’ai embrochĂ©e de nouveau. Elle a juste grognĂ©, dans un demi-sommeil, et poussĂ© un soupir de satisfaction. Nous ne nous sommes jamais revus, les distances qui nous sĂ©paraient Ă©tant vraiment trop importantes pour l’époque. J’avoue que cela m’aurait fait plaisir.La Veuve Poignet s’activait pendant ce temps et un jet de foutre bien venu a conclu agrĂ©ablement ce souvenir. Juste le temps de se nettoyer un peu et je pars donc dans les couloirs voir oĂą en sont les opĂ©rĂ©s du matin. Je fais sortir le kyste sĂ©bacĂ©, en conseillant Ă son mari de lui offrir un shampoing de temps en temps. Puis, je vais voir si les deux autres sont rĂ©veillĂ©s. A priori, pas de problème, pour l’instant ils roupillent sec. Donc une petite contre-visite, ça n’a jamais fait de mal Ă personne. Je rĂ©cupère la première infirmière qui me tombe sous la main, et hop, nous voilĂ partis pour le tour des chambres, en tout bien tout honneur bien sĂ»r.Les deux chirurgiens se bousculent ce soir. Ils dĂ©barquent presque en mĂŞme temps vĂ©rifier leur opĂ©rĂ© du matin. DĂ©licat pour moi, qui ne peut dĂ©cemment pas choisir d’en privilĂ©gier un. Je fais donc le gars très occupĂ© Ă rĂ©gler la perfusion et le traitement du 8, une colectomie de la semaine dernière qui n’est pas très en forme et je les laisse naviguer avec la surgĂ©, qui m’en veut aussi de la laisser tomber.Je suis quand mĂŞme prĂ©sent pour les consignes de ces messieurs « … et surveiller les bien, je vous prie… ». Tout le monde rigole pendant que nos patrons rentrent le plus dignement possible dĂ®ner avec leur Ă©pouse, ou maĂ®tresse, ça dĂ©pend des soirs. Avec Valois c’est assez clair, il y a les jours oĂą l’on peut (et mĂŞme il faut) le dĂ©ranger, et il y a les jours oĂą il est injoignable. Ce soir, j’ai bien envie d’être injoignable, mais je ne connais pas encore l’équipe de nuit.Henriette arrive Ă me dĂ©tendre un peu pendant le repas en me racontant une histoire atroce arrivĂ©e ces jours-ci, une grand-mère qui attrapait les chats du quartier pour les bouffer !Je remonte dans ma chambre bouquiner. Je fais dans la Science-Fiction en ce moment, j’ai mon cycle Asimov : Les Robots, Fondation… Beaucoup d’imagination, ce gars-lĂ , mais nous sommes quand mĂŞme dans le roman d’aventures dans les Ă©toiles. Je prĂ©fère Philip K. Dick et ses univers dĂ©jantĂ©s.22 h : c’est l’heure oĂą je vais embĂŞter l’équipe de nuit. Eh bien, ce sont les deux mĂŞmes qu’hier soir, Latifa et Barbara. GĂ©nial, bonne soirĂ©e en vue.— Alors Latifa, tu m’as prĂ©parĂ© un tajine ?— Mon poulet ne m’énerve pas, sinon tu vas passer une mauvaise soirĂ©e.— Latifa, si je n’ai pas de tajine avant minuit, je te viole !— Espèce de canard boiteux, essaie seulement d’approcher !— Ma petite Latifa adorĂ©e, viens dans ma chambre me montrer la lune.— Dehors, vicieux personnage, porc immonde.Bref, comme d’habitude avec elle, nous nous balançons des vacheries avec un grand et franc sourire.Au pays parfumĂ© que le soleil caresseJ’ai connu, sous un dais d’arbres tout empourprĂ©sEt de palmiers d’oĂą pleut sur les yeux la paresse,Une dame crĂ©ole aux charmes ignorĂ©s.Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresseA dans le cou des airs noblement maniĂ©rĂ©s ;Charles BaudelaireBarbara n’ose pas intervenir, mais son visage s’empourpre par moments. Nous discutons ainsi de tout et de rien, j’arrive quand mĂŞme Ă glisser mes propres consignes pour nos hospitalisĂ©s, il faut bien faire semblant de travailler. Après avoir refait le monde au moins deux ou trois fois, je propose Ă Barbara de venir voir au bureau une radio extraordinaire, un lavement barytĂ© recto colique en double contraste, avec une très belle image de nĂ©o. C’est une patiente qui doit rentrer la semaine prochaine, programmĂ©e pour une intervention palliative, car vu le problème on ne peut pas faire grand-chose d’autre. Elle me suit donc, mĂ©fiante sĂ»rement, mais ne pouvant faire autrement, on ne refuse pas un enseignement particulier.ArrivĂ© au bureau, je sors les clichĂ©s, vraiment splendides, et lui demande ce qu’elle voit. Elle n’ose rĂ©pondre, car, Ă l’évidence, l’image ressemble Ă une grosse queue enfoncĂ©e dans l’anus de la dame. Impressionnant. J’insiste un peu. Le trouble s’installe. Je m’approche et lui chuchote au creux de l’oreille :— Ne serait-ce pas une grosse queue ?Silence rosissant. Je pose ma main sur son Ă©paule. Tremblements. J’approche mes lèvres de sa bouche, les pose sur ses lèvres fermĂ©es. Elle se dĂ©tourne lĂ©gèrement et sa tĂŞte vient se placer au creux de mon Ă©paule. Adorable timiditĂ©. Je sens ses seins contre ma poitrine et sa bouche sur mon Ă©paule. Elle a gardĂ© cependant le bassin Ă distance du mien. Gymnastique dĂ©licate. Je me penche de nouveau sur ses lèvres, et cette fois elle les Ă©carte lĂ©gèrement. J’en profite pour glisser doucement ma langue, et, magie, elle ne se dĂ©fend plus et rĂ©pond tendrement Ă mon baiser. Je sens une larme couler sur ma joue. Larme de joie, de honte, de peur ? Je ne lui demande pas. Ma main descend lentement le long de son dos jusqu’à ses reins, et lĂ enfin elle se colle contre moi. Son ventre hĂ©site quand il sent le gros objet contre lequel il se trouve, puis laisse ma cuisse se glisser entre les siennes. Nous ne formons plus qu’un seul ĂŞtre en apnĂ©e totale.Je m’écarte progressivement d’elle. Elle est très belle. Une larme coule encore de ses yeux gonflĂ©s. Elle est châtain clair, avec les yeux de mĂŞme couleur, mais tristes. Un visage rond avec des formes rebondies que l’on devine sous sa blouse.— Tu pleures, tu ne veux pas…— Oh si, rĂ©pond-elle dans un souffle,Je lui prends les mains, les effleure des lèvres.— Alors, viens, allons dans ma chambre.— Oh non…Son visage se dĂ©compose.— Il faut que je rejoigne Latifa, je dois travailler.Je ne peux dĂ©cemment pas lui dire que Latifa s’en fout, qu’elle a l’habitude.— Tu ne peux pas me laisser dans cet Ă©tat.Elle retrouve quelques couleurs, rougit, puis tourne les talons et s’en va en trottant. Je la rattrape Ă grandes enjambĂ©es, en essayant de glisser de façon feutrĂ©e ; nos patients dorment, ou pire, sont encore rĂ©veillĂ©s et guettent les bruits dans le couloir.— Barbara, embrasse-moi.Elle me regarde, me glisse un petit baiser et me souffle :— Demain soir, je ne travaille pas, venez chez moi.Puis elle se coule discrètement dans l’enfilade de couloirs sombres pour regagner l’office. Je suis Ă la fois extĂ©nuĂ©, vidĂ©, frustrĂ© et heureux. Sentiments contradictoires qui se bousculent dans ma tĂŞte. J’y verrai plus clair demain, la journĂ©e fut bien longue.Que des nĹ“uds mal attachĂ©sDĂ©voilent pour nos pĂ©chĂ©sTes deux beaux seins, radieuxComme des yeux ;Que pour te dĂ©shabillerTes bras se fassent prierEt chassent Ă coups mutinsLes doigts lutins,Charles Baudelaire** *Mercredi : chassĂ©-croisĂ©, sorti des opĂ©rĂ©s en bon Ă©tat (apparent) et entrĂ©e du programme de demain, dont la rectosigmoĂŻdectomie, les belles images d’hier soir, qui arrive plus tĂ´t que prĂ©vu. Je soupire. Avec une poche Ă gauche, elle aura un certain confort. Le problème reste celui de la diffusion de son nĂ©o. Nous devrions la revoir plusieurs fois cette annĂ©e.Pour me remonter le moral, je file chez Mme D. Elle est en train de pourrir sa fille. Je prĂ©sente mes excuses et fais immĂ©diatement demi-tour, mais je suis bloquĂ© par un vif : « Restez, jeune homme, cela me rĂ©confortera, ma fille me dĂ©prime trop ». Et voilĂ typiquement le genre de situation que nous devons Ă©viter Ă tout prix. Entrer dans un conflit familial, en devenir acteur malgrĂ© soi. Terrible. On vous colle d’autoritĂ© dans un camp, sans vous demander votre avis, et l’on se sert de vous et de votre aura. Coup de chance, aujourd’hui, la surgĂ© dĂ©barque et me demande de la suivre. Je lui aurais volontiers sautĂ© au cou. Je promets Ă Mme D de revenir au plus vite. Il va falloir que je sois sur mes gardes dorĂ©navant.En fin d’après-midi, avant la visite patronale, comme promis, je reviens voir Mme D. Que voulez-vous, je l’aime bien. Elle a le visage fermĂ©, pas remise de sa dispute visiblement. Je la gronde gentiment, l’accuse de harcèlement sur ses enfants. En rĂ©alitĂ©, je ne connais que sa fille, belle brune très Ă©lĂ©gante, la quarantaine, deux enfants, mais le visage toujours crispĂ©, triste et comme apeurĂ©. Le fils serait parti travailler Ă l’étranger, peut-ĂŞtre pour fuir le milieu familial. Le père de famille, autoritĂ© suprĂŞme, est dĂ©cĂ©dĂ© il y a quelques annĂ©es dans un accident plutĂ´t bizarre d’après la surgĂ©, qui connaĂ®t vraiment bien le milieu et le quartier. C’était le seul Ă pouvoir faire taire sa femme. Ce devait ĂŞtre un phĂ©nomène. Bref, on a du caractère dans la famille, sauf cette pauvre fille qui subit les brimades de tout le monde. Sa mère m’explique qu’elle est mariĂ©e Ă une « lopette » (sic), qui lui a fait deux gosses pour faire taire la galerie, puis s’est dĂ©sintĂ©ressĂ© de la chose, prĂ©fĂ©rant les petits copains.— C’est bien fait pour elle, je lui avais dit dès le dĂ©part qu’il Ă©tait louche.— Tout le monde peut se tromper, ne lui jetez pas la pierre. Et, si ça se trouve, elle est très bien comme ça, sans homme dans les pattes.— Ne dites pas de bĂŞtise, mon petit Jean (ça y est, elle m’appelle par mon prĂ©nom), nous avons besoin de vous, ne serait-ce que pour la gaudriole. Son père n’était pas très portĂ© sur la chose, mais moi si. Et si je me suis passĂ© de mon mari, je ne me suis certes pas passĂ© des hommes ni des femmes d’ailleurs. Ce n’était pas toujours facile, Ă mon Ă©poque, pour avoir une aventure. Il fallait parfois faire avec ce qu’on trouvait. Je ne me plains pas, j’ai bien vĂ©cu. Et ça me chagrine fort de voir ma fille perdre son temps et se faire exploiter par son mari, ses enfants… Vous devriez vous en occuper un peu, on dit que vous aimez la gymnastique en chambre.— Oh, Mme D !— Ne protestez pas, vous avez raison. Carpe Diem, comme on dit. Et j’aurais quelques annĂ©es et ce maudit cancer en moins, je me serais chargĂ©e de vous faire passer une ou deux soirĂ©es intĂ©ressantes.— Oooh ! Mme D !— Allez, filez, ça va ĂŞtre la visite du patron, il faut que je me recoiffe.Je ne me suis pas fait prier. La conversation versait dans le chaud – bouillant et je n’étais pas encore de taille Ă croiser le fer avec une femme de cette trempe.Pendant le repas, mauvaise nouvelle, Henriette me remet une lettre de Barbara qui dĂ©commande pour ce soir. Je suis maudit cette semaine.** *Samedi midi : ouf, 24 h de dĂ©tente, et je vais voir ma douce et tendre cet après-midi. N’ayant pu conclure cette semaine, j’ai une forme et une envie terribles. La soirĂ©e va ĂŞtre très chaude !16 h : j’ai fait quelques courses et un peu rangĂ© le studio. On sonne, c’est elle. Nous nous embrassons longuement, et je commence Ă caresser son corps. Elle me repousse gentiment, en souriant.— Laisse-moi me remettre du trajet. J’ai encore la tĂŞte ailleurs.Incroyable ce que cette fille me plaĂ®t ! Elle est douce, gentille, a un corps superbe, et en plus elle aime ça ! J’aime tout chez elle et elle me fait bander Ă chaque fois que je la regarde. Je ne peux pas attendre. Je la serre contre moi et commence Ă la dĂ©shabiller lentement en l’embrassant un peu partout. Sa peau est douce et je m’attarde dans le cou, avant de descendre sur les Ă©paules, puis les seins. De petites arĂ©oles surmontĂ©es de pointes qui se dressent rapidement sous les caresses et durcissent dans ma bouche. Sa respiration s’accĂ©lère, mais elle garde les cuisses serrĂ©es et empĂŞche ma tĂŞte de descendre trop bas. Exquise pudeur !Je remonte donc et reprends ses lèvres. C’est tellement doux et bon que j’ai des vertiges. Je l’aime vraiment cette fille. Il faut que je me la garde bien au chaud. Ma main descend sur sa hanche, une amphore grecque. J’essaie de glisser une jambe entre ses cuisses, mais la demoiselle se dĂ©fend encore. Elle se redresse et me dit :— J’ai quelque chose pour toi.Elle plonge dans son grand sac et en sort fièrement… un gâteau au chocolat ! J’éclate de rire.— GĂ©nial, j’adore ça, on va le manger en faisant l’amour !— Non, on va le manger d’abord et on verra pour le reste après.LĂ , j’ai failli craquer et la violer sur le champ. J’avais trop envie. Et puis j’ai cĂ©dĂ©, comme toujours avec elle. C’est mauvais signe. Bien sĂ»r, il y a quelques morceaux de gâteau qui se sont Ă©garĂ©s dans le chemisier et le soutien-gorge. Bien sĂ»r, il a fallu les rĂ©cupĂ©rer d’urgence pour qu’ils ne tachent pas les vĂŞtements. Et puis nous avons fini par rouler sur la moquette, moi arrachant ses fripes, elle poussant des petits cris effrayĂ©s. J’ai enfin rĂ©ussi Ă glisser ma tĂŞte entre ses cuisses pour lui faire un cunnilingus effrĂ©nĂ©. Ce n’est pourtant pas une clitoridienne, mais lĂ , elle a joui une première fois. Je n’en pouvais plus, j’ai aussitĂ´t approchĂ© mon gland de ses grandes lèvres et me suis enfoncĂ© doucement en elle. J’avais envie d’y aller vite et fort, mais doucement comme ça j’ai failli jouir tout de suite. D’autant que lĂ , il ne faut pas lui en promettre. Elle sait avancer le bassin au bon moment, et faire « les fesses qui parlent » comme disent les Africains. Tant et si bien que je n’ai pas tenu très longtemps, juste assez pour qu’elle ait une jouissance totale. Et puis j’ai explosĂ© violemment. Trop court, dommage, mais j’étais Ă bout.AllongĂ©s et Ă©troitement imbriquĂ©s l’un dans l’autre, nous nous promettons de recommencer dès ce soir. Je m’endors dans ses bras.Un agrĂ©able fumet me rĂ©veille une heure après, la petite s’est mise au travail, c’est bien, je n’aurai pas Ă la fouetter aujourd’hui. Nous dĂ®nons rapidement, car il y a un bon vieux film japonais au Saint-Lambert. « Dodes’ Kaden » de Kurosawa. Je l’ai dĂ©jĂ vu, mais le reverrai avec plaisir. Et puis la petite ne l’a pas vu, alors…SitĂ´t rentrĂ©s, sitĂ´t couchĂ©s. J’ai du mal Ă rĂ©cupĂ©rer de la sĂ©ance de l’après-midi. Alors elle me donne un petit coup de main agrĂ©mentĂ© d’un bon coup de langue. Et hop, nous voilĂ repartis. Elle ne m’a jamais fait le coup de la migraine, la daronne et ça, c’est formidable.Ne croyez pas que je vais vous laisser regarder nos Ă©bats. Pas question. Je garde ses charmes et mon arsenal technique pour moi, d’autant que j’en ai dĂ©veloppĂ© une, de technique, exclusivement pour elle (et moi), une qui nous envoie directement au septième ciel tous les deux tellement c’est sensuel et violent. Une avec laquelle il ne faut surtout pas commencer une sĂ©ance, sinon tout s’arrĂŞte tout de suite.Je vais plutĂ´t essayer de vous la dĂ©crire, ma petite. C’est presque impossible, vous ne pourrez jamais imaginer quelque chose de semblable, tellement elle est parfaite. 1 m 63, 51 Ă 52 kg, selon les gâteaux au choc’, 90 C et un petit 38, toujours selon les gâteaux. La taille fine, fausse blonde, des traits fins, des yeux noisette avec la petite barre des bonnes sĹ“urs, mais il est hors de question que je la laisse partir au couvent. Des jambes fines surmontĂ©es d’un petit cul bien rond et bien placĂ©. Des seins parfaits, ni trop gros, ni trop petits, terminĂ©s par de fines arĂ©oles et une chute de reins de star. Ne cherchez pas, il n’y en a qu’une et elle est rĂ©servĂ©e. Tenez, je vous fais une fleur, je vous laisse regarder quelques instants. Ah, trop tard, la sĂ©ance est finie, tant pis pour vous.** *Dimanche tristounet, j’ai raccompagnĂ© ma douce au train ce matin. Elle ne viendra probablement pas la semaine prochaine, un stage ou Dieu sait quoi ou qui ! Ça va ĂŞtre un peu longuet de l’attendre quinze jours. Puis dĂ©jeuner chez mes vieux, mon père sort toujours une bonne bouteille et veut savoir ce que je fais. C’est difficile Ă dire, il ne comprendrait pas bien. Enfin, ce soir, je me dirige vers la clinique pour Ă©viter l’affolement du lundi matin. Au moins, je pourrai embĂŞter l’équipe de nuit, ça passera le temps.II – Semaine 2 : BarbaraLundi, passage obligatoire dans toutes les chambres pour vĂ©rifier si le week-end n’a pas fait trop de dĂ©gâts, et planifier la semaine : sorties, entrĂ©es, interventions, une bonne partie du programme est dĂ©fini ce jour-lĂ .Cette semaine, il ne semble pas que nous soyons dĂ©bordĂ©s et, sauf urgence cataclysmique, ça devrait rouler tranquille. Je passe donc un bon moment avec Mme D qui s’enquiert de mon week-end, curieuse de connaĂ®tre quelques dĂ©tails graveleux que je pourrais lâcher par inadvertance. Je finis par lui glisser qu’Andromaque a bien fait son travail et elle est ravie.— Mon Dieu, docteur (tiens, ce n’est plus Jean), vous mĂŞlez fort habilement culture et discrĂ©tion. Mais j’espère que vous ne vous ĂŞtes pas contentĂ© de cela.Silence souriant.** *Mardi, c’est Hugo qui opère ce matin, alors c’est long-long-long. Nous finissons Ă 14 h 30. Heureusement, Henriette m’a attendu pour une petite omelette, avec des pâtes rĂ©chauffĂ©es. Je lui glisse un petit baiser dans le cou (quel courage), et je me ramasse un coup de poĂŞle sur la tĂŞte. Brave Henriette !L’après-midi est donc passablement Ă©courtĂ©, le tour des chambres aussi. En dehors des opĂ©rĂ©s du matin, je ne peux voir grand monde.Le soir arrive sans prĂ©venir. Il faut dire qu’enfermĂ© six jours sur sept, 24 h sur 24 dans cette clinique, je ne sais pas très bien parfois oĂą j’en suis. Ă€ 22 h, bien abruti, je dĂ©barque Ă l’office et tombe sur Latifa et… Barbara ! Celle-ci devient pivoine, plonge son nez dans son verre de thĂ© et reste totalement muette pendant que nous bavardons gentiment avec Latifa. Après quelques plaisanteries plus ou moins fines, je lui propose quand mĂŞme de revoir le dossier du cancer colorectal (l’image extraordinaire), qui a Ă©tĂ© opĂ©rĂ© avec succès en fin de semaine dernière. Ă€ ma grande surprise, elle accepte. Je souhaite donc le bonsoir Ă Latifa, qui comprend très vite, et entraĂ®ne la belle vers le bureau.Ă€ peine entrĂ©, je la prends dans mes bras. Elle colle sa tĂŞte dans le creux de mon Ă©paule et je me retrouve Ă embrasser ses cheveux. Position dĂ©licate. Je descends donc le long de son cou pendant que mes mains caressent son dos. Elle finit par cĂ©der, se tourne vers moi et nous nous embrassons enfin longuement, mais « chastement ».Je la prends par la main, et, sortant du bureau, je me dirige vers ma chambre. Elle offre une petite rĂ©sistance, mais me serre la main bien fort et finit par me suivre. Nous glissons sur le parquet sans bruit pour ne pas alimenter les rumeurs. Il y en a dĂ©jĂ assez. Les couloirs dĂ©filent et nous arrivons enfin dans mon antre. Elle est un peu soufflĂ©e par la dĂ©co’ fantastique. Les images du Necronomicon de Giger sont placardĂ©es sur les murs dans une espèce de fouillis apparent. DrĂ´le d’ambiance, peu propice au romantisme. Je la laisse respirer un peu, puis l’entraĂ®ne vers le lit, oĂą nous nous asseyons tous deux. Il n’y a, de toute façon, pas d’autre endroit pour se poser. Je passe mon bras autour de ses Ă©paules et l’embrasse de nouveau. Elle fond cette fois complètement. Je commence Ă dĂ©boutonner sa blouse tout en Ă©cartant progressivement les pans de chaque cĂ´tĂ©. Après avoir caressĂ© ses seins, ronds et fermes, je sors un globe du soutien-gorge et lèche tĂ©ton et arĂ©ole. Elle n’essaie plus de m’embrasser, ferme les yeux, renverse la tĂŞte. Sa respiration s’accĂ©lère. Elle a chaud. Ma main poursuit sur le flanc. Sa peau est fine, douce sous la paume. Son flanc tremble sous la caresse. La blouse est maintenant largement ouverte, on ne voit plus sur elle que les dentelles de ses dessous. Ses formes somptueuses Ă©clatent en pleine lumière.Et, cambrant les rondeurs splendides de ses reins,Étale fièrement l’or de ses larges seinsEt son ventre neigeux brodĂ© de mousse noireCharles BaudelaireElle a soigneusement rasĂ© sa motte, transformĂ©e en un fin triangle semblant partir du clitoris. C’est ainsi qu’elle le souhaitait, probablement ce pour quoi elle a refusĂ© la semaine dernière mes avances. Elle voulait ĂŞtre « prĂ©sentable ». C’est bien plus que cela. Une rose sans ses piquants. Ma bouche se penche sur son pubis. Mes doigts caressent ses lèvres au travers du tissu, l’écartent et plongent dans son intimitĂ©. Après quelques secondes de crispation, ses cuisses s’entrouvrent avec circonspection. Elle est dĂ©jĂ trempĂ©e. Ouf, elle n’est pas vierge, mais le type qui s’en est chargĂ© ne lui a pas fait grand mal. Ma langue fouille ses lèvres dĂ©licatement, elle gĂ©mit. Je ne sais pas très bien comment j’y suis arrivĂ©, mais mon pantalon, mes chaussures et mes chaussettes ont dĂ©jĂ disparu. Je prends sa main et la guide vers mon entre-jambes. Elle a un geste de recul. J’écarte alors lĂ©gèrement le tissu bordĂ© de dentelle et approche mon gland de sa fente. Après m’être frottĂ© quelques instants sur ses grandes lèvres, j’investis dĂ©licatement l’orifice et m’enfonce dans sa grotte. Pas de doute, c’est bien serrĂ©, et malgrĂ© son intense lubrification j’ai un peu de mal Ă progresser. Enfin, j’emplis complètement la cavitĂ©. Elle a le souffle coupĂ© et ne bouge plus du tout. Je commence un lent mouvement de va-et-vient. Son bassin est toujours bien raide. J’accĂ©lère un peu tout en lui caressant les reins. Nous sommes en missionnaire et je n’ose lui proposer autre chose. Enfin, elle se dĂ©tend un peu et commence Ă remuer les fesses, maladroitement d’abord, Ă contre rythme, puis, probablement pour ne pas paraĂ®tre trop novice, plus violemment. J’essaie donc de varier les positions, passant sous elle d’abord, pour qu’elle puisse s’exprimer plus facilement. LĂ , c’est un peu la panique, mais elle finit par coordonner assez bien les mouvements de son bassin. J’enchaĂ®ne donc sur le bateau ivre pour lui donner le rythme Ă prendre. Elle est aux anges, ses traits sont dĂ©tendus et c’est au moment oĂą je ralentis pour changer de position qu’elle explose. Je suis trempĂ©, mais pas encore satisfait. Je la caresse, arrĂŞtant mes mouvements quelques instants. Puis je reprends la gymnastique en la retournant en levrette. Je pilonne dĂ©jĂ plus violemment que tout Ă l’heure. Elle pousse un petit cri Ă©touffĂ© Ă chaque coup de boutoir. Je sens mon plaisir monter rapidement, ma queue gonfle encore plus et nous jouissons tous deux en mĂŞme temps.Je m’effondre sur le lit. Nous sommes en sueur, essoufflĂ©s, dĂ©goulinants de sperme. Nous reprenons nos esprits en souriant. Il me semble bien qu’elle a joui plusieurs fois.Elle n’est plus très prĂ©sentable pour finir la nuit avec Latifa ! Je lui prĂŞte mes affaires de toilette pour qu’elle se lave un peu, avant que je n’en fasse de mĂŞme, et nous tirons un maximum sur la blouse pour la dĂ©froisser. Heureusement, elle n’est pas tachĂ©e. Au moment de partir, elle se jette Ă mon cou et me gratifie d’un baiser passionnĂ©, mais beaucoup plus chaste que tout Ă l’heure.La petite fille timide et complexĂ©e a disparu, je vois s’éloigner une femme souriante et pleine d’assurance.** *Mercredi : je ne sais pas pourquoi, mais j’ai ratĂ© la visite ce matin. Il faut dire que Latifa m’a rĂ©veillĂ© vers 3 h ce matin pour l’estomac du 3. Henriette a l’air furieuse, mais la surgĂ© est souriante. Ça a dĂ» jaser ce matin. Pas grave, ça les occupe.MatinĂ©e dĂ©licate. L’un des opĂ©rĂ©s de Hugo (l’estomac) ne va pas très bien, il a une tension un peu basse, souffre beaucoup. Je passe donc pas mal de temps entre le rĂ©glage de ses perf’, les coups de tĂ©lĂ©phone avec Hugo qui consulte ce matin Ă l’hĂ´pital et les quelques renseignements que je peux distiller Ă la famille, très inquiète bien sĂ»r. Je passe rapidement voir les deux autres opĂ©rĂ©s d’hier, qui vont bien. Pour le reste, je verrai cet après-midi.Je dĂ©jeune en mĂŞme temps que la surgĂ© aujourd’hui. J’espère qu’elle ne va pas me dire que je sens le foutre. Elle en est bien capable. Non, pas tout Ă fait. Mais, après avoir parlĂ© de choses et d’autres, elle me demande mon avis sur les Ă©quipes de nuit. Quand mĂŞme, ça a dĂ» ronfler un peu ce matin. Nous avons pourtant Ă©tĂ© très discrets. Il doit y avoir quelques mĂ©gères insomniaques dans les lits en ce moment.Je lui explique mon mode de fonctionnement : passage Ă l’office systĂ©matique vers 22 h, salutations distinguĂ©es, deux Ă trois questions anodines pour vĂ©rifier si le travail est fait, distribution de consignes ciblĂ©es, se terminant toujours par le fameux « … et surtout, n’hĂ©sitez pas Ă me rĂ©veiller au moindre doute… ».— Ce que j’espère lorsque les rondeurs de l’équipe de nuit sont avenantes.— « Oh ! » dit-elle en rougissant.Je deviens ensuite dithyrambique sur les qualitĂ©s de ces dames.— Vous avez su parfaitement les choisir, mes fĂ©licitations. Il ne manque qu’une 90-60-90 pour le service de ma chambre.— Oh ! dit-elle en rougissant de plus belle.— Voyez-vous, ce qui est dommage, c’est que vous ne fassiez pas partie de ces Ă©quipes, nous pourrions passer de bons moments ensemble.Cette fois-ci, elle devient cramoisie, et quitte la table le plus dignement possible. Henriette, qui a suivi de près la conversation, me menace de sa plus grosse poĂŞle, sans oser me frapper, il reste du monde Ă table.Après-midi chargĂ©, on commence par Mme Juin, qui vient tous les quinze jours faire des fibroscopies en ambulatoire dans un rĂ©duit du premier Ă©tage oĂą je refuserais mĂŞme de ranger mes BD. Les patients sont Ă jeun depuis le matin, quel courage ! Mme Juin est la femme de Juin, grande et belle brune, la quarantaine comme Juin, elle a toujours l’air triste ou prĂ©occupĂ©e. Puis roulement habituel entrant sortant, mais lĂ , je suis en retard, la visite n’est pas faite, et il y a toujours le 3 Ă surveiller. La surgĂ© monte bien avant le passage des chirurgiens, pour prendre des nouvelles et avoir quelque chose Ă leur dire. Elle a l’air bien remise de notre conversation. Le 3 n’est pas brillant. Je lui demande de rester avec lui quelques instants, le temps que je finisse la visite. Nous nous retrouvons ensuite avec les chirurgiens et Madeleine, l’anesthĂ©siste. Ils hĂ©sitent Ă rĂ©opĂ©rer, mais l’anesthĂ©siste refuse.— Il faut le regonfler d’abord.La question est donc close, je sens que je vais passer des nuits difficiles.** *Je le savais, nuit d’enfer, je n’ai quasiment pas dormi. Pas moyen de le regonfler, il saigne, c’est sĂ»r, il va falloir y retourner. Du coup, je suis dispensĂ© de salle d’op’ ce matin, c’est Juin qui s’y colle. Madeleine, l’anesthĂ©siste que j’ai dĂ» contacter deux fois cette nuit, a les traits tirĂ©s, mais elle assure. Pourvu qu’elle ne se trompe pas dans les gaz !Midi, le programme de ce matin est fini, les deux chirurgiens restent pour reprendre le 3. Je suis requis pour faire l’aide opĂ©ratoire. Folcoche râle, bien sĂ»r. Elle va rater son repas ! Juin est reparti Ă l’hĂ´pital assurer des consultations.15 h, nous sortons de salle d’op’. Les chirurgiens ont fait ce qu’ils pouvaient. Les saignements semblent terminĂ©s, mais les tissus sont si fins qu’une suture peut lâcher Ă tout moment. Hugo va voir la famille. Il est vivant, mais pour combien de temps ?Moi, je retourne dans ma chambre et pousse un gros roupillon jusqu’à 17 h. Retour dans la chambre du 3. Il est toujours vivant. Valois dĂ©barque de l’hĂ´pital. Après concertation avec la surgĂ©, il est dĂ©cidĂ© Ă ne plus faire de rĂ©a. Ça passe ou ça casse en gros.Je ne leur dis rien, mais je vais quand mĂŞme faire en sorte que ça passe. Tant pis si la nuit est difficile. Je me ferai aider par une petite mignonne s’il le faut. Le problème c’est que je ne sais pas s’il y en aura une !Au repas du soir (double portion svp, j’ai ratĂ© celui de midi), j’explique mon problème Ă Henriette :— Il faudrait que tu me fasses une petite pipe pour me remettre en forme.Et paf ! J’ai Ă©vitĂ© la casserole de justesse. Je suis un incompris.** *Nuit pas vraiment folichonne, cinq ou six passages au 3, mais ce matin il est toujours vivant. Ce matin ? Je ne sais mĂŞme plus quel jour on est. Enfin, j’ai droit aux remerciements et fĂ©licitations de Madeleine. J’apprĂ©cie, car c’est une excellente anesthĂ©siste, bien meilleure que les deux autres qui viennent faire des piges en remplacement de temps Ă autre. C’est une belle femme, la cinquantaine un peu usĂ©e, beaucoup de charme et un gentil sourire lorsqu’elle est contente comme ce matin. De plus, elle sait rester Ă©lĂ©gante, mĂŞme en blouse !Le vendredi c’est marchĂ© rue Saint-Charles, et pour Henriette pas de discussion, c’est poisson ! Que vous aimiez ou pas, c’est pareil, de toute façon elle ne cuisinera rien d’autre, sinon le petit JĂ©sus… Le problème c’est qu’il faut du poisson pas cher pour tout ce monde, donc pas toujours très frais, ses fournisseurs n’étant pas vraiment Ă la hauteur.Enfin, nous sommes toujours vivants, Ordralfabetix.** *Samedi midi. Le 3 aussi est toujours vivant. Il va mĂŞme mieux. Le patron me demande de rester Ă la clinique ce week-end pour le surveiller et le prĂ©venir si besoin. Il me semble, Ă son intonation, qu’il faudra impĂ©rativement le prĂ©venir, mĂŞme si tout va bien. Je fais la moue, mais ma douce ne venant pas cet après-midi, pourquoi pas. Alors, dans une grande grimace :— Bien, mais j’espère que ça va me faire gagner au moins un point sur ma note de fin de stage.— Du chantage, jeune homme ? Alors, sachez que c’est absolument impossible.Inquiet, je me retourne vers la surgĂ© qui sourit. Elle m’énerve Ă toujours sourire, celle-lĂ .— C’est impossible puisque vous avez dĂ©jĂ la note maximum.Et il part Ă grandes enjambĂ©es en riant.— Mais il ne faudrait pas que certaines nuits vous fassent perdre tous ces points !Et il rit de plus belle.Furieux, je me retourne vers la surgĂ©. Elle a caftĂ©, c’est sĂ»r.— Madame, vous avez la chance d’avoir un personnel de qualitĂ© et respectueux de son travail, il ne faudrait pas gâcher cela avec les « quand dira-t-on » de mĂ©gères mal baisĂ©es.Et je tourne les talons direction le « Bar des Cheminots » pour me taper une grande bière avant de prendre mon service. Ça va me calmer. Quand je suis fatiguĂ©, je m’énerve pour un rien. Tiens, Ă propos, je ne savais pas qu’il y avait des cheminots dans ce quartier.Après-midi calme. J’ai enfin failli faire une visite complète, mais les familles Ă©taient lĂ et certains patients Ă peu près inaccessibles. Je finirai demain matin. Tout le monde sera Ă la messe… J’ai fait officiellement la connaissance de la fille de Mme D, Muriel de son prĂ©nom. Nous avons bavardĂ© un moment. Mme D Ă©tait ravie.18 h : coup de tĂ©lĂ©phone du patron. Il veut avoir des nouvelles du 3 bien sĂ»r, et me demande si je n’ai vraiment pas besoin de lui. Je lui rĂ©ponds que ça m’arrangerait bien s’il pouvait rĂ©gler le traitement pour la nuit. GagnĂ©, il arrive dans dix minutes, le temps d’enfiler un manteau. Il est enchantĂ©.Le soir est tombĂ© depuis longtemps, mais je ne me rends compte de rien ici. Le patron est passĂ© dire bonjour Ă la famille (15 s), au patient (15 s) et Ă moi (5 s), puis est parti en demandant de ne surtout pas le dĂ©ranger, il ne sera pas chez lui. Bien sĂ»r, il n’a pas eu besoin de rĂ©gler le traitement, se contentant d’un « C’est parfait comme ça ».Ă€ 22 h, passage Ă l’office. Ce soir, c’est Georgette, une très spĂ©ciale. 45/50 ans, pas dĂ©sagrĂ©able physiquement, mais pas mon genre, un peu vulgaire et pas froid aux yeux. La deuxième fois qu’on s’est vu, elle est venue s’installer sur mes genoux ! L’accueil a Ă©tĂ© froid, et mĂŞme glacial, ce qui fait que notre entente laisse sĂ©rieusement Ă dĂ©sirer. Il faut que je fasse attention, car, comme toutes les femmes vexĂ©es, elle serait partante pour me faire un enfant dans le dos. Je lui propose donc de me faire une pipe, ce qui fait rougir sa collègue. Tiens, je ne la connais pas celle-lĂ . Très mignonne, type nord-africain, avec une petite figure aux traits fins et bien dessinĂ©s, guère plus de 19/20 ans, brune aux yeux noir très vif, je dirai, au doigt mouillĂ©, 1,58/59 m, 45 kg, l’air grave. Latifa il y a 20 ans, le sourire en moins ? Je la complimente et lui souhaite la bienvenue dans l’établissement que je promets de lui faire visiter, surtout ma chambre, dès qu’elle est libre. Georgette fait sa grosse voix et me prie de me tenir tranquille avec sa protĂ©gĂ©e qui a baissĂ© la tĂŞte et rougit. Il faudrait que je la revoie cette mignonne. Sait-on jamais ?** *J’ai toujours aimĂ© le dimanche matin. Dans mes pĂ©riodes calmes, je traĂ®ne en robe de chambre en Ă©coutant de la musique, dans mes pĂ©riodes agitĂ©es je fais de la varappe Ă Fontainebleau avec des copains, et le reste du temps je suis de garde.LĂ , je suis de garde, mais je traĂ®ne. Le 3 ne va pas trop mal et les autres n’ont pas besoin de moi. Ne sachant pas quoi faire, je vais embĂŞter l’équipe du dimanche. Elles n’aiment pas trop parce qu’elles ont le mĂŞme travail qu’en semaine, mais en service rĂ©duit. Alors je me fais jeter (gentiment) de partout. Henriette est toujours lĂ . On se demande ce qu’elle ferait sans la clinique et inversement. Je règle le traitement du 3 au micropoil et j’annonce Ă tout le monde que je vais faire un tour chez mes parents. Ça y est, le patron a dĂ©teint. Pratique son truc.Je fais donc une petite promenade digestive dans le quartier, histoire de rĂ©viser les classiques. Le village Saint-Charles, la partie la plus commerçante du quartier n’offrant aucun intĂ©rĂŞt un dimanche après-midi, je dĂ©cide de descendre la rue de la Convention, en longeant le superbe bâtiment de l’Imprimerie Nationale, et de rejoindre la Seine. AccoudĂ© au parapet du pont Mirabeau, je regarde couler le fleuve (OK, facile la culture). Des pĂ©niches sont amarrĂ©es en aval devant le chantier de matĂ©riaux de construction, mais rien ne bouge. Dommage, j’aime bien ce coin en semaine, bien vivant, plein de bruit et de travail. Il m’a toujours fait penser Ă un passage du « Voyage au bout de la nuit » de CĂ©line :Le zinc du canal ouvrait juste avant le petit jour Ă cause des bateliers. L’écluse commence Ă pivoter lentement sur la fin de la nuit. Et puis c’est tout le paysage qui se ranime et se met Ă travailler. Les berges se sĂ©parent du fleuve tout doucement, elles se lèvent, se relèvent des deux cĂ´tĂ©s de l’eau. Le boulot Ă©merge de l’ombre. On recommence Ă tout voir, tout simple, tout dur. Les treuils ici, les palissades aux chantiers lĂ -bas, et loin dessus la route voici que reviennent de plus loin encore les hommes. Ils s’infiltrent dans le jour sale par petits paquets transis. Ils se mettent du jour plein la figure pour commencer en passant devant l’aurore. Ils vont plus loin. On ne voit bien d’eux que leurs figures pâles et simples ; le reste est encore Ă la nuit.Mon Dieu, que c’est beau ! Je me damnerais pour Ă©crire un jour une seule toute petite phrase de cette qualitĂ©. En soupirant, j’embouque la rue Balard et passant derrière les anciennes usines CitroĂ«n, fermĂ©es depuis peu, grosse perte pour les commerçants du quartier, file jusqu’au boulevard des MarĂ©chaux puis reviens par la rue de Lourmel. Belle balade tranquille, mais pas un troquet d’ouvert pour s’offrir un cafĂ© ou une bière, regarder passer une jolie fille ou entendre la gueulante de quelque poivrot.18 h, revenu depuis un moment, je fais le tour de la clinique pour que tout le monde sache bien que je suis bien prĂ©sent. C’est de la com’ avant l’heure. Ce soir dodo de bonne heure, Georgette se dĂ©brouillera toute seule.