RĂ©sumĂ© de l’épisode prĂ©cĂ©dent : L’expĂ©rience vient avec la pratique. PrĂ©cisons que le rĂ©cit se dĂ©roule vers 1980.III – Semaine 3 : MurielJe n’aime pas le lundi. La caisse est vide et il y a beaucoup de travail devant nos pas. En plus, on est fatiguĂ© du week-end. Bon, d’accord, la semaine n’est pas faite pour se reposer des frasques du week-end, mais dans mon cas les frasques Ă©taient le plus souvent du travail en garde.Le 3 va peut-ĂŞtre s’en sortir finalement. On va recommencer la routine au moins jusqu’à samedi oĂą je devrais revoir la petite. Je vais lui faire payer très cher sa dĂ©sertion devant l’ennemi. Je vais d’abord la fouetter, ensuite la violer (lĂ , ça va ĂŞtre très très dur, elle est toujours d’accord pour des galipettes), et pour finir je lui ferai le grand huit : la brouette de Shanghai, la chevauchĂ©e des Walkyries (elle a horreur de ça), le lotus suivi des cuillers et de la cravate espagnole, ou l’inverse, peu importe. Pour le reste, une petite levrette (et pourquoi une petite ?), puis j’improviserai, non mais !** *Il me semble bien que nous sommes mardi. Nous avons opĂ©rĂ© ce matin (enfin, moi, je ne fais qu’aider) et bien Ă©videmment, cet après-midi, j’ai la trique. Je vais finir « dĂ©triqué » dans cette clinique.La visite est un peu longue, avec les opĂ©rĂ©s du matin, le 3, et Mme D pour finir. Je termine souvent par elle parce que je n’ai pas grand-chose Ă rĂ©gler sur son traitement et je peux rester le temps que je veux. Enfin, plutĂ´t qu’elle veut. C’est elle qui souffre, et il y a des jours oĂą elle ne veut pas (ou ne peut pas) discuter trop longtemps. Aujourd’hui, j’ai droit Ă sa fille qui s’invite au milieu de notre palabre. Je me lève et dis bonsoir Ă ces dames, mais la jeune m’accroche en demandant Ă me voir.Nous partons donc vers le bureau. Je la regarde marcher, elle est vraiment très Ă©lĂ©gante. Elle a dĂ» faire de la danse dans sa jeunesse. Baudelaire avait commis quelques vers Ă ce propos :Avec ses vĂŞtements ondoyants et nacrĂ©s,MĂŞme quand elle marche on croirait qu’elle danse,Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrĂ©sAu bout de leurs bâtons agitent en cadence.Je la fais asseoir, nous sommes dans une espèce de rĂ©duit sombre, sans ouverture, oĂą l’on entrepose les radios que l’on peut examiner sous toutes les coutures sur le long nĂ©gatoscope fixĂ© au mur. Je l’éteins. Il règne une chaleur d’enfer et la lumière crue du nĂ©on dĂ©livre une ambiance de salle de torture. Je la prie de m’excuser pour la pauvretĂ© du dĂ©cor. Elle balaye mes propos d’un geste du bras.— Comment va ma mère ?— Mal !— Certes, mais encore ?— C’est Ă elle de vous en parler, pour ma part je n’en ai pas le droit.— Mais, je suis sa fille !— Elle est parfaitement au courant de son Ă©tat, et elle a le droit de vous dire ce qu’elle veut. Cela ne me regarde pas.Elle se met Ă pleurer. Nous sommes très proches l’un de l’autre dans ce « bureau ». Une larme tombe sur mon bras. Je lui prends les mains, et elle s’effondre sur mon Ă©paule.— Elle me dit qu’elle va mourir.Ses paroles ne sont plus qu’un souffle.— Certes, nous en sommes tous lĂ .— Elle vous aime beaucoup.— C’est gentil de sa part, et c’est rĂ©ciproque.Ă€ force de murmurer, nous nous sommes encore rapprochĂ©s, et nos bouches finissent par se rencontrer. C’est un baiser sensuel, nous nous goĂ»tons l’un l’autre. Il n’y a pas d’amour. De la tendresse ? Non. La quĂŞte de l’inconnu, plutĂ´t. Nous sommes tous deux en face de quelque chose de nouveau. Nous semblons pris de vertige.— Vous ĂŞtes très belle, mais je n’ose vous emmener dans ma modeste chambre. Quand pouvons-nous nous voir ?— Mon mari est absent cette semaine, venez chez moi demain.Elle s’en va en glissant comme une ballerine. Je reste, misĂ©rable roi dans son taudis, mais roi tout de mĂŞme.** *Je n’ose parler de la soirĂ©e d’hier. J’ai revu Latifa, mais pas Barbara. Ouf ! Je ne savais pas quoi inventer pour Ă©chapper Ă une nouvelle nuit torride. On a ses limites, et lĂ je suis physiquement et nerveusement atteint. J’ai très peu dormi cette semaine, et si je veux ĂŞtre opĂ©rationnel cet après-midi… Latifa a Ă©tĂ© mignonne, comme d’hab’ ». Elle m’a d’abord parlĂ© de Barbara, m’a dit qu’elle l’avait trouvĂ© souriante, ce qui la change beaucoup. Elle est vraiment complètement Ă©panouie, celle-lĂ . Elle a trouvĂ© un Ă©quilibre Ă©tonnant. Ça ne doit pourtant pas ĂŞtre facile : Nord-Africaine, Ă Paris, pas (ou peu) d’argent, un mĂ©tier de nuit, un surpoids pour ne pas dire une obĂ©sité… Elle a dĂ» se ramasser quelques baffes (au moins morales) du genre qui font très mal.Je ne porte pas peine pour Muriel ; elle n’a pas dĂ» en recevoir beaucoup jusque-lĂ des baffes, c’est maintenant qu’elle s’en prend plein la tĂŞte. Et ce n’est pas fini. Je marche tranquillement pour aller jusque chez elle, ce n’est pas bien loin et ça me permet de humer le parfum du pavĂ© parisien. Le quartier Saint-Charles est très agrĂ©able, vivant, populaire, je le trouve « rieur », curieuse expression pour un quartier, mais c’est ainsi. Elle habite un immeuble en pierres de type Haussmann, au troisième. Je grimpe les escaliers rapidement et le palier du troisième me trouve bien essoufflĂ©. Je devrais me remettre au sport, mais quand ? Je sonne.Un sac ! C’est un sac qui m’ouvre ! Je la reconnais Ă peine. AffublĂ©e d’un pull rapiĂ©cĂ© et dĂ©formĂ© par son grand âge, d’une jupe chiffonnĂ©e de chez Tati annĂ©es 50, elle m’ouvre, le regard noir et la bouche sĂ©vère. Un grand « Chuuutttt » avec le doigt devant la bouche m’intime l’ordre d’être sage. Et puis quoi encore ? Ce n’est quand mĂŞme pas moi qui ai fixĂ© ce rendez-vous. Que signifient ces simagrĂ©es ? Elle a un regard amusĂ© en voyant mon visage passer par toutes ces expressions. Je la suis dans le couloir jusqu’au salon. J’ai (un peu) repris mes esprits et arbore une attitude dĂ©tachĂ©e et indiffĂ©rente. Cela dĂ©plaĂ®t visiblement.— Voulez-vous un thé ?J’ai failli faire une fausse route ! Un thé ! Quelle horreur ! Il me semble bien m’être fourvoyĂ© en venant ici. Elle est sur son terrain et mène le bateau Ă sa guise.— Volontiers, Chine de prĂ©fĂ©rence si vous avez.— Je n’ai que du Ceylan.— Alors cafĂ© s’il vous plaĂ®t.Nous sommes dans la confrontation directe. Je refuse ses codes et passe outre ses directives.— Pierre ! Viens dire bonjour au docteur avant de partir.Un adolescent, 14-15 ans, apparaĂ®t.— Alors c’est vous qui soignez grand-mère. Elle dit beaucoup de bien de vous.— Votre grand-mère est trop gentille.— Pierre part rejoindre son Ă©quipe de basket (pauvre gosse). Ă€ ce soir, mon chĂ©ri.— Au revoir, maman, au revoir monsieur.— Au revoir Pierre.Alors voilĂ le pourquoi du comment. Son fils Ă©tait encore ici, ou bien elle avait retardĂ© le dĂ©part d’icelui… Nous attendons en silence que la porte claque. J’ai intĂ©rĂŞt Ă rĂ©cupĂ©rer le contrĂ´le rapidement sinon je suis foutu.— DĂ©shabillez-vous !— Oh !Elle reste un moment avec la bouche en cul de poule, puis se lève. Elle l’a cherchĂ©e, cette expĂ©rience, elle ne va quand mĂŞme pas tout casser au dernier moment. Elle s’extirpe de ses hardes tellement vite que, relevant le nez de ma tasse, je la trouve nue, Ă la notable exception d’un string microscopique en soie dont le prix doit largement dĂ©passer ma paye mensuelle de FFI. Elle est splendide, j’avoue ĂŞtre Ă©bloui. Elle a de magnifiques seins en poire avec de larges arĂ©oles, des hanches aux courbes sensuelles, un cul bien proportionnĂ© sur des cuisses fortes, mais au dessin parfait qu’elle me dĂ©voile en se tournant pour me faire admirer sa chute de reins. Elle a beau avoir quelques fines rides sur le visage et les mains et quelques (très discrets) bourrelets Ă la taille, elle n’en est que plus belle. Une pudeur de jeune fille lui a fait placer les bras devant les seins et le pubis. VĂ©nus sortant du sac ? Elle a les Ă©paules courbĂ©es et la tĂŞte baissĂ©e, les yeux mi-clos. Elle semble attendre, vaincue, que je la force, comme une esclave soumise.Je me lève, j’ai beaucoup de mal Ă contenir l’objet qui se dresse dans mon pantalon. Je m’approche, redresse sa tĂŞte de la main et baise ses lèvres sans chercher Ă fouiller sa bouche. Elle tremble. Je la prends dans mes bras, la soulève et la dĂ©pose sur le canapĂ©. Je suis Ă genoux. Elle a gardĂ© ses bras comme ultime dĂ©fense, m’empĂŞchant de caresser son corps. Je les Ă©carte doucement et l’effleure dĂ©licatement avec mes lèvres. Puis je me redresse et sors mon membre comprimĂ©. Je l’approche de ses lèvres. Elle l’empoigne d’une main et enfonce le gland dans sa bouche. Sa langue se dĂ©place Ă petits coups rapides sur mon frein. Je suis obligĂ© de la calmer, sinon la sĂ©ance serait vite finie. Elle connaĂ®t l’art de la pipe. C’est rare. Visiblement, je ne suis pas son premier extra, ou alors son mari Ă©tait fan. Sa bouche et ses lèvres roulent maintenant sur mon membre. Je n’ai encore jamais Ă©tĂ© sucĂ© comme ça. Il est vrai que les petites jeunes que j’ai l’habitude de frĂ©quenter manquent notoirement d’expĂ©rience.— Vous aimez ça ?— Oui, mais c’est parce que vous avez une belle queue.— C’est pour mieux baiser les cochonnes dans votre genre.— Oh !Je la retourne et l’embroche violemment. Elle pousse un cri de douleur et de surprise.— Nooon !— Si !Bien calĂ© contre son postĂ©rieur splendide, je ne bouge pas. Elle essaie de se dĂ©gager (ou plutĂ´t, fait semblant), mais ses mouvements dĂ©sordonnĂ©s n’amènent Ă rien d’autre qu’à faire grossir un peu plus mon membre. Une claque bien placĂ©e sur la fesse la calme. Je commence alors un lent mouvement de va-et-vient, insistant Ă chaque passage sur le point G. Elle ne rĂ©siste pas longtemps, sa main se crispe et griffe le coussin ; je la sens couler le long de ma verge en Ă©mettant un feulement significatif. Je lui balance une claque monumentale sur la fesse droite. Elle crie. Je recommence.— Taisez-vous !— …— Vous avez l’air d’aimer les queues. Vous allez ĂŞtre servie.Je sors de sa chatte et lui reprĂ©sente mon membre près de sa bouche. Elle hĂ©site devant l’objet dĂ©goulinant de ses humeurs, puis se jette dessus et pompe avidement pendant que je lui caresse le pubis et la vulve. C’est tellement agrĂ©able que j’ai bien envie de la laisser continuer jusqu’à l’explosion finale. Pas facile de rĂ©flĂ©chir Ă ce moment, je cherche une suite qui soit agrĂ©able pour moi, tout en conservant le contrĂ´le total de la situation.Je la mets debout, la soulève dans mes bras, ses cuisses largement Ă©cartĂ©es autour de mon buste, la plaque contre le mur et la pĂ©nètre. Je sais que dans cette position, je rentre tout au fond du vagin, lui offrant des sensations vives. Elle a les yeux clos, la bouche ouverte et s’agrippe Ă mon cou. J’accĂ©lère mes mouvements, car c’est une position difficile Ă tenir. Cette fois-ci, je la sens partir avec un grand mouvement du bassin. Je ne peux plus me retenir et je jouis en mĂŞme temps qu’elle. Mon foutre dĂ©gouline le long de ses fesses. Elle tremble de partout, se laisse glisser le long du mur et termine en position fĹ“tale Ă mes pieds. Elle reste un moment ainsi et, pendant que je me rhabille, rĂ©cupère avec son doigt un peu de mon foutre sur sa cuisse et le lèche dĂ©licatement.Je m’approche, me penche sur elle, prends son menton dans ma main, relève sa tĂŞte. Elle a maintenant les yeux grands ouverts. Je lui mets un petit baiser sur les lèvres.— Je veux vous revoir, nous avons Ă peine fait connaissance.— Oui !— Je vous tĂ©lĂ©phonerai ce soir, Ă 21 h. Vous serez en petite tenue.— Oui !— Et pas d’esquive, je vous prie.— Oui !** *Je presse le pas vers la clinique. Je ne peux pas rĂ©flĂ©chir en flânant, car alors je regarde les petits oiseaux, l’agitation perpĂ©tuelle de Paris, les gens et leurs manies… Cette femme aime la gaudriole, certes, mais on a surtout l’impression qu’elle aime se faire dominer, qu’elle joue et jouit en mĂŞme temps. IntĂ©ressant. On va lui en donner, mais en Ă©change de quelque chose. Le problème est que je ne sais pas quoi. On verra.La fin d’après-midi passe assez rapidement. J’ai toujours largement de quoi m’occuper avec les dossiers des entrants et des sortants. Je relis les CR opĂ©ratoires de la veille pour ĂŞtre clair dans ma tĂŞte sur l’état des patients, les problèmes de douleur post-op’ ou autres et pouvoir rĂ©pondre Ă certaines de leurs questions.Au repas du soir, je dis Ă Henriette que je suis allĂ© baiser une bourgeoise entre deux passages Ă la « salle d’op ». Gros soupir.— Vous en seriez bien capable, espèce de dĂ©vergondĂ©.— Henriette ! C’est juste par hygiène. Je ne fais pas ça pour le plaisir.La casserole est passĂ©e bien près. Nous rions tous les deux.BientĂ´t 21 h, j’ai un peu de temps avant d’aller Ă l’office embĂŞter l’équipe de nuit. Donc je commence par le bureau d’oĂą je peux tĂ©lĂ©phoner.— Bonsoir, Muriel, ĂŞtes-vous bien installĂ©e ?— Oui.— Alors, dĂ©crivez-moi votre tenue.— Mais, je…— Je vous en prie.— Je…— Muriel, je n’ai pas beaucoup de temps, je vous serais très obligĂ© de tout me dire assez vite.— Attendez, je change de pièce.— Non.— Mais si on me surprend ?— C’est encore plus excitant, non ?— J’ai mis un body sous ma robe.— Enlevez votre robe immĂ©diatement ! J’avais dit en petite tenue !— Mais… bien, c’est fait.— Que vous reste-t-il sur le corps ?— Un collier de perles, le body, mes bas et une paire de chaussons.— Vous plaisantez ? Allez mettre des escarpins, entre 9 et 11 cm de talon.— Bien… C’est fait.— Restez debout. Comment vous trouvez-vous ?— J’ai chaud. Je… j’ai envie…— Caressez-vous, mais dĂ©crivez-moi tout.— Je n’ai que la main droite pour cela. Je commence par Ă©carter le body au niveau des seins et Ă caresser les pointes. C’est bon, mais c’est surtout entre les cuisses que j’ai envie d’aller. Elles sont encore chaudes de cet après-midi.— Pas encore, continuez.— Je… J’ai dĂ©fait une bretelle du body, mes seins durcissent. Ma main descend sur mon ventre. Je… oh mon Dieu, elle s’attarde sur mes fesses. Je… j’ai envie… S’il vous plaĂ®t, laissez-moi… ma main est maintenant sur mon pubis, sous le body. Je suis mouillĂ©e, s’il vous plaĂ®t… Elle descend sur mes lèvres. Je… Je… j’ai un doigt dans ma fente… Oh, je vais… jouir…Sa respiration s’est accĂ©lĂ©rĂ©e et j’entends le feulement dĂ©jĂ perçu chez elle. Je raccroche. Elle doit avoir son compte pour aujourd’hui, moi pas. Très excitĂ© par ce que j’ai entendu, je tripote fĂ©brilement mon braquemart, mais il est un peu fatiguĂ©. Je le laisse tranquille et pars faire mon tour dans les Ă©tages.** *Jeudi, c’est charcuterie ! Plaisanterie facile. Un patient a sorti ça un jour Ă Hugo. Il ne faut pas trop le chercher Hugo, et lĂ , il a eu tort le bonhomme.— Alors docteur, vous allez me charcuter ?— D’habitude, ce sont les cochons qu’on charcute, Monsieur, mais si vous pensez faire partie de cette catĂ©gorie animale…Pas mal, je la ressortirai.13 h 30, cinq heures d’intervention ça creuse et ça fatigue. Aujourd’hui, je suis surtout fatiguĂ©. Le mois de janvier est pour moi le mois horrible. J’ai toujours beaucoup de mal Ă le passer. Mes notes de partiels sont mauvaises, ma libido au plus bas, j’ai du mal Ă me lever le matin et je dĂ©prime. La totale. Cette annĂ©e ne fait pas exception. Je tire une gueule de damnĂ©, mĂŞme Latifa trouve que ça ne va pas très fort. Du coup, je suis irritable et ça n’arrange pas mes affaires.Je dĂ©jeune seul, les chirurgiens sont partis, l’un Ă l’hĂ´pital, l’autre Ă l’AcadĂ©mie (on vous expliquera un jour le coup de l’AcadĂ©mie). Pas de chance, la surgĂ© dĂ©barque.— Bonjour, Mme la Surveillante GĂ©nĂ©rale.— Bonjour, Jean, vous m’en voulez toujours pour l’autre jour ?— Non, et c’est mĂŞme Ă moi de m’excuser, je n’ai pas Ă utiliser cette clinique comme un hĂ´tel de passe. Mais je ne peux pas rĂ©sister Ă une jolie femme. Vous n’avez qu’à ne plus en embaucher et vous n’aurez plus de problème. Enfin, dorĂ©navant j’emmènerai mes proies dans des endroits sombres et secrets du quartier pour les violer en toute impunitĂ©.— Oh, Jean !— J’ai dĂ©jĂ commencĂ© d’ailleurs. Mais comprenez-moi. Je passe au moins six jours sur sept ici, parfois plus, je ne pourrai pas rester chaste tout ce temps. C’est une question d’hygiène, pas vrai, Henriette ?Henriette n’avait pas perdu une miette de la conversation, mais lĂ je n’ai pas pu Ă©viter la poĂŞle. Booonnng !— Henriette, vous avez perdu la tĂŞte, vous avez dĂ» lui faire mal !— Oh oui, Mme la Surveillante GĂ©nĂ©rale, je souffre atrocement, si vous pouviez me prodiguer quelque soin. AĂŻe !— Faites voir.— Plus bas, s’il vous plaĂ®t, beaucoup plus bas.— Oh, en plus il se moque de moi. Bon, je comprends qu’à votre âge, avec vos responsabilitĂ©s, vous ayez besoin… disons de dĂ©compresser un peu. Soyez très discret, c’est tout ce que je vous demande et personne de l’extĂ©rieur ici.— Bien, Madame. Qu’est-ce que vous faites ce soir ?— Oh ! Jean !GagnĂ©, elle est chouette quand mĂŞme. Je suis entièrement libre de faire ce que je veux… Ă condition de piocher dans le personnel ! C’est fou. Je vais lui demander de faire partie du comitĂ© d’embauche.Il faut dire quand mĂŞme que je leur rends de sacrĂ©s services. Je travaille comme un dingue, j’assure tout le boulot, en dehors des interventions bien sĂ»r, et les chirurgiens comme les anesthĂ©sistes n’ont plus besoin de venir trois fois par jour comme avec les FFI prĂ©cĂ©dents.Allez, on pensera Ă la bagatelle plus tard. L’après-midi est chargĂ© comme tous les jours d’intervention. Je finis avec la visite de Valois, toujours aussi rapide. Ce soir, bref passage Ă l’office et dodo, je ne pourrai pas en faire plus.** *Vendredi. Je vais leur prĂ©parer un week-end tellement cool qu’ils vont s’endormir avec leurs patients. Pas de blague, la petite vient demain et je n’ai pas du tout envie d’être interrompu dans mes Ă©lans.Donc, ça ronfle dès le matin. Je harcèle les filles toute la journĂ©e, les pauvres. Je fais une CV d’enfer, tous les dĂ©tails sont Ă©pluchĂ©s, tous les traitements rĂ©glĂ©s au micropoil de cul d’une vierge effarouchĂ©e. Je termine par Mme D qui s’inquiète de ne pas avoir vu sa fille depuis trois jours. — Oh ! lui dis-je, ce n’est pas bien. Quel faux cul je fais, quand mĂŞme ! Elle me regarde de travers, je fuis rapidement.** *Samedi, la dĂ©livrance. Deux semaines cloĂ®trĂ©, enfin presque. Comme fait exprès, Valois ne vient faire sa visite qu’à 13 h. Je me sauve rapidement tout de suite après.Alors lĂ , je vous vois venir, mes cocos. Vous vous dites que je vais tout vous dĂ©crire et tout vous montrer. Eh bien non. Rideau. C’est MA PETITE Ă MOI. Je ne montre rien, je ne dĂ©cris rien. Je vous en ai assez dit il y a quinze jours. VoilĂ , elle a sonnĂ©, nous nous sommes fait la bise, nous avons mangĂ©, puis cinĂ©ma, dodo chaste et je l’ai raccompagnĂ©e Ă la gare dimanche matin. C’est tout.Euh, en fait ça ne s’est pas du tout passĂ© comme ça. Je lui ai ouvert et, sans mĂŞme l’embrasser, je l’ai jetĂ©e sur le lit, lui ai arrachĂ© ses vĂŞtements et l’ai « violĂ©e » telle une bĂŞte fauve. Vous ne me croyez pas ? Eh bien, pourtant, ça s’est vraiment passĂ© comme ça. Elle a bien fait semblant de rĂ©sister, mais on est tellement bien ensemble…De plus, ce n’était qu’une entrĂ©e en matière. La nuit fut torride. Je ne dĂ©bandais plus. Je crois vous avoir mis le programme il y a quelques jours, et bien nous avons tout fait, dans le dĂ©sordre, mais en entier, et, dans les moments oĂą je faiblissais, elle assurait brillamment les relais.Je l’ai ramenĂ©e tard au train, vers 11 h. Sur le quai, elle Ă©tait dans mes bras et je ne pouvais plus me dĂ©coller. C’est elle qui est partie. Je suis restĂ© longtemps les bras ballants, sans bouger.C’est Higelin qui chantait :Je veux cette fille, cette filleQui Ă©tait avec moi.Je veux cette fille, cette filleComprenez-moi.Je veux cette fille, cette filleTrouvez lĂ moi.Elle m’a avouĂ© par la suite que, cette semaine-lĂ , elle a dĂ» marcher trois jours en canard, les jambes Ă©cartĂ©es tellement ça la brĂ»lait.IV – Semaine 4 : SylvieLundi. Nous sommes en fĂ©vrier depuis quelques jours, ça va aller de mieux en mieux. Je suis rentrĂ© Ă la clinique hier soir. J’ai des angoisses parfois, mais tout allait bien. J’ai vu Georgette et sa petite protĂ©gĂ©e. Celle-lĂ , il faudra qu’elle vienne me consoler un soir. Je lui en ai glissĂ© un mot en douce, pendant que Georgette Ă©tait occupĂ©e. Elle ne s’est pas dĂ©partie de son air grave, mais a rougi. Elle ne m’a pas repoussĂ© en tout cas.— Comment vous appelez-vous ?— Yasmina.— Et quel âge avez-vous ?— 19 ans, monsieur.Elle a une belle voix, un peu rauque et grave, surprenante chez une jeune fille. Un peu la voix de Claudia Cardinale, mais en plus grave. Charmant.Nous avons prĂ©parĂ© la semaine avec la surgĂ©. Je lui ai glissĂ© que, vu le week-end que j’avais passĂ©, elle n’avait pas trop de souci Ă se faire cette semaine. Elle a souri. Elle pense que je me vante.Après-midi : ma petite CV Ă moi. Ils vont tous bien, il y a quatre sorties depuis samedi. Et autant d’entrants. GĂ©nial. Seule Mme D m’inquiète, elle se met parfois Ă soliloquer, d’après les filles, et je la trouve bien fatiguĂ©e. Son dernier bilan bio est catastrophique, mais il l’était dĂ©jĂ la semaine dernière. Il lui faudrait de la dope costaud. Un petit pot belge ? Je vais en parler au patron. Pas de nouvelle de sa fille, mais je n’ose lui en demander.Visite du patron. J’arrive Ă lui glisser que Mme D aurait besoin d’un sĂ©rieux remontant.— Voyez ça avec Madeleine.En reformulant dĂ©licatement, ça donne : « DĂ©merdez-vous ». Il trouve que ça fait trop longtemps qu’elle est lĂ Ă occuper une chambre oĂą l’on pourrait faire tourner des opĂ©rĂ©s. Les chirurgiens ont un sens aigu de la psychologie du portefeuille.SoirĂ©e calme, je n’ai pas mes copines, et puis tant mieux, je vais dormir avant la matinĂ©e opĂ©ratoire. J’en profite donc pour vous expliquer le coup de l’AcadĂ©mie. La version est sĂ»re, c’est celle de notre surveillante gĂ©nĂ©rale.Donc, l’an dernier, Valois avait l’habitude de faire sa visite du mercredi vers 12 ou 13 h. Puis il lançait le cĂ©lèbre : « Je suis Ă l’AcadĂ©mie de MĂ©decine cet après-midi, ne cherchez pas Ă me joindre ». Dont acte, personne ne l’a dĂ©rangĂ© pendant plusieurs mois. Mais un jour, un patient Ă©tant vraiment mal en point et le FFI de l’époque peu sĂ»r, la surgĂ© s’est trouvĂ©e dans l’obligation de tĂ©lĂ©phoner Ă l’AcadĂ©mie. Surprise. LĂ -bas personne ne connaissait Valois, personne ne l’avait jamais vu.Depuis cette histoire, chaque fois qu’un mĂ©decin s’absente, il ressort le : « Je vais Ă l’AcadĂ©mie ». Et tout le monde de s’esclaffer.** *MatinĂ©e agitĂ©e. Rien ne s’est passĂ© comme prĂ©vu. Valois s’est Ă©nervĂ© contre la terre entière, Hugo a dĂ» poireauter une heure parce qu’on n’arrivait pas Ă finir le pancrĂ©as… Folcoche a voulu mettre son grain de sel et s’est fait rhabiller pour l’hiver. Seul Juin a rĂ©ussi Ă rester zen. J’ai pu attirer Madeleine Ă ma suite dans les chambres pour voir Mme D. Elle est d’accord avec moi pour le pot belge, mais m’a prĂ©venu :— Attention, ça va la fouetter un peu, mais ça va la tuer.Je n’avais pas vu ça comme ça, mais après tout, si elle peut bien vivre ses derniers jours, ça va lui permettre de se mettre au clair avec ses affaires ou sa famille.— Alors, mon petit Jean, on essaie de recoller les morceaux ? Peine perdue, je suis foutue. Occupez-vous plutĂ´t de ma fille.Troisième phase, elle m’a d’abord appelĂ© Docteur, puis Jean et maintenant mon petit Jean. Je n’ai pourtant rien de petit : 1, 75 m, 80 kg, carrĂ©, pas un poil de graisse, ou si peu, avec les Ă©paules et les cuisses de l’ancien rugbyman que je suis. Ou alors c’est parce que je suis jeune. Et elle veut toujours me coller sa fille !— Votre fille est absolument charmante, et ce serait avec le plus grand plaisir que je lui mettrais un petit coup de remontant, chère madame.— Oh ! Jean !Ça, elle adore. Elle fait la mijaurĂ©e, mais ça lui remue les entrailles. La conversation s’arrĂŞte lĂ , car je suis pressĂ©, il en reste encore deux Ă se faire en « salle d’op ». Nous finissons finalement vers 14 h, bien Ă©nervĂ©s tous, sauf Juin qui a commencĂ© Ă draguer la surgĂ©. Celle-ci est ravie, minaude en papillonnant autour de nous. Je lui rappelle que si quelqu’un doit la draguer, ce ne peut ĂŞtre que moi. Elle rit, la vache ! Enfin, l’après-midi dĂ©marre de façon beaucoup plus dĂ©contractĂ©e que la matinĂ©e s’était terminĂ©e.CV rapide, le bloc nous ayant retardĂ©s. Le pot belge m’a dĂ©jĂ valu un coup de tĂ©lĂ©phone affolĂ© du pharmacien. Je lui ai expliquĂ© qu’il n’aurait pas Ă en faire beaucoup. Ces espèces de boĂ®tes ambulantes paniquent dès qu’il faut faire une prĂ©paration magistrale sortant un peu de l’ordinaire !Je retourne voir Mme D. Elle supporte assez bien ma prescription, et ça lui a donnĂ© un peu de punch. Sa fille a dĂ©barquĂ© en plein milieu de notre tĂŞte-Ă -tĂŞte.— Ma chĂ©rie, le docteur veut te trousser.— Oh !— C’est ainsi. Et je te conseille mĂŞme d’accepter, il est adoooraaable.— Maman !— Je vais lui donner une bonne occasion de le faire. Tu sais que je n’ai jamais touchĂ© Ă la chambre de ton père. Il y gardait des objets d’art primitif, africain, quoi. Des hooorrreueurs, mais certains trouvent ça beau. Tu vas y amener notre ami et lui faire choisir celui qu’il voudra. Il a fait l’Afrique et a le mauvais goĂ»t d’aimer cela. Ensuite, vous pourrez batifoler Ă votre aise.— Maman !— Tais-toi et fais ce que je te dis.Elle tourne les talons et sort de la chambre. Je la rĂ©cupère, bouleversĂ©e, dans le couloir et lui explique le coup du pot belge. Elle se calme, met sa main sur mon bras et murmure :— Venez choisir votre objet demain après-midi, je serai seule.Des larmes coulent le long de ses joues. Je les essuie avec un petit mouchoir, elle effleure rapidement mes lèvres et glisse vers la sortie. Quelle femme ! J’ai subitement très envie d’elle. Il faut que je me calme, sinon je ne serai pas en forme demain.SoirĂ©e calme encore ce soir, les deux filles de nuit sont sympas et (presque) avenantes, mais je suis plein en ce moment, j’ai mĂŞme du mal Ă gĂ©rer tout cela. Alors je me contente de quelques plaisanteries graveleuses, histoire d’entretenir la rĂ©putation et le mythe et de ne pas trop les dĂ©cevoir, puis dodo.** *Mercredi après-midi. Tout va bien, madame Juin a fait ses fibroscopies ce matin et j’ai fini mon travail avec de l’avance. Il faut dire que j’étais motivĂ©. Je me promène dans le quartier, dĂ©ambulant jusque chez Muriel en imaginant plein de scĂ©narii, tous plus Ă©rotiques les uns que les autres. Elle m’inspire cette femme. Il y a tellement de choses Ă dĂ©couvrir sur son corps. Je pense qu’elle peut devenir un très bon coup, mais je pense aussi qu’elle saura choisir ses partenaires, malgrĂ© son petit air timide et apeurĂ©.En fait, je ne le saurai jamais, car dès que sa mère sera dĂ©cĂ©dĂ©e, nous cesserons de nous voir. Nous ne sommes pas du mĂŞme milieu. Je ne sais d’ailleurs pas pourquoi nous faisons l’amour ensemble. Elle avait peut-ĂŞtre besoin de rĂ©confort. Dans une pĂ©riode d’incertitude, oĂą elle ne savait plus très bien ce qui se passait. OĂą elle n’avait pas encore pris conscience que c’était Ă elle de barrer le navire. Ce n’est pas suffisant. Alors, recherche d’expĂ©rience ? Non, elle en a certainement beaucoup plus que moi. Ça, c’est valable pour les petites jeunes avec qui je sors d’habitude.Probablement un besoin de s’affirmer, d’avoir quelque chose Ă soi, d’exister en dehors des autres, de la famille, des relations traditionnelles. Et elle a beaucoup hĂ©sitĂ© avec moi. Son accueil en sac la dernière fois prouve qu’elle n’était pas prĂŞte, mĂŞme si le prĂ©texte du fils, prĂ©texte probablement fabriquĂ© d’ailleurs… Il a fallu que je la force, que je profite de sa faiblesse psychologique momentanĂ©e pour qu’elle donne son corps. Qu’est-ce qui m’attend aujourd’hui ? Allons sonner.Waououou ! Alors, lĂ je fais le loup de Tex Avery. Elle est Ma-Gni-Fi-Que. Elle s’approche de moi pour m’embrasser, mais je la repousse pour l’admirer. Une robe divine (Lanvin, j’ai eu la curiositĂ© d’aller voir l’étiquette plus tard) comme faite sur mesure la moule Ă©troitement, laissant deviner toutes ses formes et mĂŞme les rehaussant. Le dĂ©colletĂ© se prolonge jusqu’à la pointe des seins, mis en valeur très probablement par un balconnet. La chute de reins donne le vertige, se terminant sur des rondeurs admirablement dessinĂ©es. Un collier au dessin très simple supporte une pierre qui essaie dĂ©sespĂ©rĂ©ment de se frayer un chemin entre ses seins. Une simple broche en bois sculptĂ© tient ses cheveux en chignon, me permettant d’admirer la blancheur laiteuse de son cou Ă©lancĂ©. Une jambe se dessine dans la fente de la robe, fente qui remonte très haut. Le galbe de ses jambes est encore rehaussĂ©, s’il en est besoin, par des escarpins aux talons d’une hauteur vertigineuse. Mais comment peut-on marcher avec des bijoux comme ça aux pieds ? Comment peut-on… ?Tous mes scĂ©narii se sont Ă©croulĂ©s d’un seul coup. Je suis sous le charme.— Madame, vous m’avez vaincu, faites de moi ce que vous voulez, aujourd’hui je suis votre esclave.Moment de silence, elle ne pensait peut-ĂŞtre pas gagner aussi vite. Puis elle me fait signe de la suivre. Nous enfilons le couloir. La suivre est un ravissement. Ses fesses roulent en cadence de droite Ă gauche et inversement, dans un mouvement qui me donne le vertige. Nous arrivons devant une porte. Elle entre.La chambre est poussiĂ©reuse. Divers statuettes et objets disparates sont disposĂ©s sur les Ă©tagères du mur du fond. Je prends un ivoire reprĂ©sentant un lion couchĂ©. Elle ressort immĂ©diatement.L’injonction est claire. Elle a dĂ©cidĂ© oĂą, quand et comment. Je la suis dans une chambre qu’elle me prĂ©sente comme Ă©tant la sienne. Le dĂ©cor est banal, mais assez fĂ©minin. Comme si c’était un endroit sans importance. Le lit est vaste, aux boiseries un peu kitsch, je dirais 1920-30. Pas de très bon goĂ»t, mais ce n’est sĂ»rement pas elle qui l’a mis lĂ . Un coin est occupĂ© par une coiffeuse du mĂŞme style, un autre par un fauteuil assez confortable surmontĂ© d’une liseuse. C’est probablement lĂ qu’elle vient s’isoler ou lire quelque roman. Une immense armoire est plaquĂ©e contre le mur du couloir. Une porte latĂ©rale doit donner sur la salle d’eau. Elle ouvre l’armoire, fouille derrière une pile et en extrait un sac. Elle le jette sur le lit.— Attachez-moi.— …— Allons, ne faites pas l’enfant, nous sommes entre adultes consentants.Ce n’est vraiment plus la mĂŞme femme qui est devant moi. Entre la petite fille apeurĂ©e et la femme sĂ»re d’elle que je dĂ©couvre, il y a un monde qui me bouleverse et me glace. Je ne comprends pas. Je prends le sac, l’ouvre et en sors des liens, cordelettes de type montagne, un collier de chien, deux ou trois masques, un fouet en cuir et quelques objets dont la signification m’échappe vraiment. Je suis dans un monde inconnu, il va falloir ĂŞtre très inventif. Je me retourne. Elle est nue devant moi, perchĂ©e sur ses hauts talons qui la font paraĂ®tre plus grande et plus sensuelle. Elle n’a gardĂ© que son string ficelle de type timbre-poste (non, ce n’est pas le mĂŞme que la dernière fois) et un collier de perles. Elle a mĂŞme eu le temps de changer de collier sans que je m’en rende compte. Je dois fonctionner au ralenti. Elle me tend les poignets. Je l’attache rapidement et efficacement, ayant un peu pratiquĂ© montagne et marine Ă voile. Elle est surprise de mes nĹ“uds. Elle ne pourra vraiment pas se dĂ©tacher seule, le jeu se complique.Je lui place le masque, qui lui laisse une vision frontale, mais limitĂ©e. Je me sens minable. Autant je bandais tout Ă l’heure comme un taureau, autant je suis flasque maintenant. Ressaisis-toi, pĂ©père. J’empoigne alors le fouet et cingle son postĂ©rieur. Elle crie, n’ayant pas vu dĂ©marrer mon geste.— Allongez-vous.— S’il vous plaĂ®t…Un deuxième coup de fouet s’abat sur ses fesses. Elle crie de nouveau.— Taisez-vous et allongez-vous.— DĂ©tachez-moi !Un troisième coup de fouet empourpre ses reins. Je n’y arrive pas, je ne bande toujours pas, mais je me sens mieux. Serait-ce le fouet ? Elle s’allonge sur le lit.— Restez près du bord. Tournez la tĂŞte vers moi.Je sors mon vit qui commence un peu Ă revivre en voyant cette splendide crĂ©ature, allongĂ©e quasiment nue et Ă sa merci. Je l’approche de sa bouche.— Allons.— Mais… pas sans les mains…— Taisez-vous et prenez ce qu’on vous offre.Elle ouvre la bouche et je m’engouffre sans mĂ©nagement. L’engin se redresse presque aussitĂ´t. Elle est vraiment très douĂ©e dans cet exercice. Sa langue tourne autour de mon gland et elle arrive presque Ă me branler dans un mouvement de va-et-vient très efficace. Je sors de sa bouche. Je suis maintenant revigorĂ© et me dresse fièrement au-dessus de son corps. Je n’ai pas tout le matĂ©riel souhaitable, mais je vais improviser. Je rĂ©cupère une taie d’oreiller et, doucement, j’effleure son corps, pendant que mon autre main s’égare sur les endroits sensibles. Ses seins frissonnent sous la caresse. Je descends lentement vers le pubis. Elle gĂ©mit et Ă©carte dĂ©licatement les cuisses. Je caresse ses lèvres avec le manche du fouet, puis lèche sa vulve qui commence Ă s’ouvrir toute seule. Elle gĂ©mit plus fort et murmure :— Encore, encore… oui, oui…Je continue Ă descendre le long de ses cuisses puis de ses mollets jusqu’aux chevilles. Elle s’est calmĂ©e, son plaisir est plus haut, mais elle est plus dĂ©tendue. Ses mains, toujours attachĂ©es, ont glissĂ© sur le pubis. Ses doigts frottent le mont de VĂ©nus. Je remonte lentement en laissant traĂ®ner mon membre le long de ses jambes jusqu’à ses grandes lèvres. Je me frotte contre elles lĂ©gèrement. Elle râle un peu et veut l’attraper. Le fouet s’abat sur elle. Elle crie, surprise. Je prends ses mains et les fais passer par-dessus sa tĂŞte. Une madone ne serait pas plus belle ! Je continue Ă me frotter contre son ventre puis remonte vers les seins dont je frĂ´le les pointes Ă tour de rĂ´le. Enfin, je termine de nouveau dans sa bouche. Elle ronronne comme une chatte et me suce avec aviditĂ©. Je ne peux rester trop longtemps dans sa bouche, hĂ©las.Je sors donc et approche ma queue de sa vulve. Je m’enfonce en elle et commence Ă bouger en cadence. Elle a repliĂ© les jambes et son bassin suit mon mouvement. Je donne des coups de plus en plus forts jusqu’à ce qu’elle jouisse avec son feulement si caractĂ©ristique.Je sors de son intimitĂ©, ce qui la fait rĂ©agir « Oh, non », puis approche de nouveau mon gland de sa bouche. J’aime sa façon de me sucer. Mais lĂ , j’ai surtout envie de la voir prendre des initiatives. Je la dĂ©tache donc. Elle se frotte les poignets, puis met ses bras autour de mon cou et m’embrasse goulĂ»ment. Ses seins caressent mon torse. Je suis en Ă©rection maximale, dans une espèce de Nirvana.Je m’allonge et elle n’hĂ©site pas une seconde. Elle m’enfourche et s’enfonce sur ma queue en râlant doucement. Son bassin commence Ă s’agiter, enroulant mon membre. Son mouvement s’accĂ©lère progressivement jusqu’à devenir frĂ©nĂ©tique et s’arrĂŞte d’un seul coup, serrant mon sexe turgescent comme dans un Ă©tau. Elle explose, les yeux rĂ©vulsĂ©s, dans un petit cri rauque, puis s’effondre sur ma poitrine. Je suis dans un Ă©tat d’excitation extrĂŞme et, en deux ou trois coups de reins, je la rejoins et jouis longuement.Nous sommes en sueur, le foutre dĂ©gouline de partout, les draps sont tachĂ©s, le lit est ravagĂ©. Nous restons ainsi un long moment, sans bouger, puis elle m’embrasse tendrement.— Merci. Vous m’avez donnĂ© tout ce dont j’avais tant besoin.— Et c’est… ?— … C’est difficile Ă formuler, des sensations, des envies, une impression de libertĂ©, peut-ĂŞtre, mais surtout beaucoup de plaisir, un plaisir dĂ©cuplĂ© par un trouble, faire quelque chose de mal, braver un interdit. Surtout m’évader de tout ce poids : ma mère en train de mourir, mon mari absent, mes enfants qui demandent beaucoup ; penser un peu Ă moi ?— Vous ressemblez Ă votre mère.— ??— Braver les interdits, la quĂŞte du plaisir, la volontĂ© d’exister malgrĂ© tout.— ?? Ma mère n’a jamais…— N’essayez pas de lui ressembler, soyez vous-mĂŞme, vivez. Il aura beaucoup de chance celui qui gagnera votre lit.Nous nous retrouvons en riant sous la douche oĂą nous nous aspergeons et nous frottons encore l’un contre l’autre. Puis je me rhabille, rĂ©cupère mon ivoire et pars retrouver la ville, le travail, les petites misères. Quel moment grandiose ! Je suis heureux et j’espère qu’elle l’est aussi. J’ai l’impression d’avoir grandi sous sa directive, parce qu’en rĂ©alitĂ©, sous ses airs de soumise, c’est bien elle qui menait le bal. Je souris et pars Ă grandes enjambĂ©es en martelant le trottoir.Je ne devais la revoir qu’une seule fois, au dĂ©cès de sa mère quelques jours plus tard. Elle Ă©tait venue avec ses enfants, et un petit paquet pour moi.— Vous l’ouvrirez plus tard.Elle avait le regard dĂ©semparĂ©. Que peut-il nous arriver de pire que de perdre une mère ? Elle est pourtant repartie droite et le regard dur de ceux qui ont dĂ©cidĂ© de s’imposer. Elle avait dit au revoir Ă sa vie de jeune fille. Il Ă©tait temps. J’ai ouvert le paquet le soir. Il y avait un petit ivoire et le masque ; elle n’a pas osĂ© le string !La rue assourdissante autour de moi hurlait.Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,Une femme passa, d’une main fastueuseSoulevant, balançant le feston et l’ourlet ;Agile et noble, avec sa jambe de statue.Moi, je buvais, crispĂ© comme un extravagant,Dans son Ĺ“il, ciel livide oĂą germe l’ouragan,La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.Un Ă©clair… puis la nuit ! – Fugitive beautĂ©Dont le regard m’a fait soudainement renaĂ®tre,Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-ĂŞtre !Car j’ignore oĂą tu fuis, tu ne sais oĂą je vais,Ă” toi que j’eusse aimĂ©e, Ă´ toi qui le savais !Charles Baudelaire** *Jeudi. JournĂ©e agitĂ©e, mais journĂ©e normale de bloc. Le soir je croise Latifa dans les couloirs.— Il y a une surprise pour toi Ă l’office.— Ah, un tajine ?Elle rit. Je me prĂ©cipite vers l’office, j’aime les surprises, et je tombe nez Ă nez avec… Sylvie ! Ouah ! GĂ©nial ! Je tombe dans ses bras.— Sylvie, ça fait deux mois que je te cherche dĂ©sespĂ©rĂ©ment. Deux mois que je ne vis plus, que je dĂ©pĂ©ris.— Menteur !— Sylvie ! MĂŞme Latifa l’a remarquĂ©.— C’est vrai, Sylvie, il Ă©tait triste… mais par moments seulement et pas souvent.— Latifa, tu me trahis ?Nous rions tous les trois. Je suis vraiment très heureux de revoir Sylvie. J’avais demandĂ© de ses nouvelles Ă la surgĂ©, qui m’avait lancĂ© un sec :— Si quelqu’un doit en avoir, il me semble que c’est bien vous.Et paf ! Elle est vraiment au courant de tout. C’est vrai que je suis sorti avec elle le trimestre dernier. Mais depuis deux mois, plus rien. Un vide insupportable.Je me souviens de notre première fois. Depuis quelque temps, je tournais autour de cette fille, pas un canon, mais avenante, toujours un sourire de petite fille amusĂ©e. En rĂ©alitĂ©, une femme qui s’assumait sacrĂ©ment bien et surtout une attitude zen incroyable, quasiment du fatalisme. Je l’avais invitĂ©e dans un petit restau, derrière les Invalides et nous rentrions Ă pied. ArrivĂ© place Fontenoy, je me suis arrĂŞtĂ© et l’ai embrassĂ©e en commençant un roulage de pelle en règle.— Tu vas ĂŞtre surpris.Ça, c’est le genre de truc qui crispe. Des surprises sur le corps d’une femme ? Un transsexuel ? Je poursuis donc prudemment et cherche dĂ©sespĂ©rĂ©ment une rondeur bien placĂ©e.— Je n’ai pas de seins.— Ce n’est pas le plus important.Elle rĂ©agissait quand mĂŞme Ă mes caresses, la zone Ă©tait sensible. Je l’ai amenĂ©e chez moi et nous avons fait l’amour. Curieux physique ; je l’appelais affectueusement ma limande. Plate devant, plate derrière et mĂŞme plate sur la figure ! Mais elle m’attirait sexuellement et apprĂ©ciait Ă©galement nos galipettes, galipettes pour lesquelles elle Ă©tait assez douĂ©e d’ailleurs. C’est avec elle que j’ai pratiquĂ© pour la première fois la brouette thaĂŻlandaise (la vraie), le petit pont, le lotus (ça, elle adore) et tant d’autres positions que nous inventions, sans savoir qu’elles existaient dĂ©jĂ depuis des millĂ©naires. On testait mĂŞme des trucs infaisables en riant comme des fous de nos Ă©checs.Alors que s’était-il passĂ© pendant ces deux mois ?— Raconte.— J’avais trouvĂ© un contrat pour gagner un peu d’argent pour les fĂŞtes, et puis j’ai prolongĂ© de quelques semaines. Le fils du patron m’apprĂ©ciait beaucoup, un peu trop d’ailleurs. Ça devenait malsain, je suis partie.Nous n’avons jamais su de quel contrat il s’agissait. MĂŞme Latifa a Ă©chouĂ©.— Et vous, qu’avez-vous fait depuis deux mois ?— Sans toi, rien de bien intĂ©ressant.— Tu as bien dĂ» me remplacer. Tu ne pourrais pas rester seul.— Bof ! Le vide intĂ©gral…— Il a quand mĂŞme des rondeurs ton vide !— Latifa !Nous rions tous. Ça fait du bien. Je profite d’une sortie de Latifa pour l’embrasser tendrement.— Quand es-tu libre ?— Quand tu veux.— Demain soir chez toi ?— D’accord.— Je t’aime.— Faux cul.J’ai regagnĂ© mes pĂ©nates en planant. Sylvie ! La vie est belle.** *Vendredi, la journĂ©e me semble longue, longue… Longue comme un jour sans pain. Je me force Ă plonger dans les dossiers, Ă prĂ©parer un week-end tranquille pour tout le monde. Mais je n’ai pas vraiment de cĹ“ur Ă l’ouvrage. J’ai croisĂ© la surgĂ©, l’air pincĂ©Â :— Bonne nouvelle pour vous, Sylvie est de retour.— Ah, c’est bien, merci Mme la Surveillante GĂ©nĂ©rale.19 h 30, j’arrive chez Sylvie avec quelques victuailles glanĂ©es de-ci de-lĂ sur le chemin. Nous nous embrassons rapidement, puis nous dĂ®nons. Il nous a fallu refaire le monde au moins trois ou quatre fois avant de nous dĂ©cider Ă faire l’amour. Avec elle je me sens bien. Nous restons un bon moment allongĂ©s sur le lit, nus et enlacĂ©s, avant de se dĂ©cider. C’est elle qui a lancĂ© le mouvement, attrapant ma queue et la branlant sans mĂ©nagement. Elle a fait brusquement remonter mon dĂ©sir. J’ai couvert son corps de baisers, puis l’ai pĂ©nĂ©trĂ©e doucement. Je suis restĂ© longtemps en elle, bougeant Ă peine, avant de nous faire jouir en lui donnant quelques coups de boutoir.SoirĂ©e très calme finalement, des retrouvailles plus tendres que passionnĂ©es. Son cĂ´tĂ© zen qui dĂ©teint ? C’est curieux, il y a des femmes avec lesquelles j’ai envie de dormir et d’autres de baiser. Il n’y a qu’avec ma douce et tendre que j’ai envie des deux.— Alors, Jean, raconte un peu toi aussi. Quelles conquĂŞtes depuis mon dĂ©part ?— Henriette.— Menteur (je ramasse un oreiller sur la tĂŞte) !— Je suis sorti avec Barbara.— Ah, oui, lĂ ses rondeurs ont un volume certain.— Jalouse ?— Oui, un peu, j’avoue.— Mais pour les galipettes, elle ne t’arrive pas Ă la cheville.— Avec un prof’ comme toi, elle va vite progresser.— Ça, c’est gentil.Je plonge sur son corps et la couvre de nouveau de mille petits baisers, tout en la caressant. Elle ronronne en m’enlaçant de ses bras et de ses jambes.— Je ne peux pas tout lui apprendre, il faudrait que tu m’aides.— ???— Et si on s’en occupait tous les deux ?— Salaud ! (de nouveau l’oreiller.)— Écoute ! Barbara ne sort avec moi que pour deux choses : la frime devant les copines (c’est moi que l’interne a choisi, pas vous) et l’expĂ©rience qu’elle espère en tirer, parce qu’elle ne sait vraiment pas remuer son cul. Par contre, elle en a envie. Alors, je te propose d’en profiter avec moi. On s’en sert de godemichet et on invente de nouvelles positions pour notre plaisir Ă tous les deux.— Tu es un monstre.Nous avons parlĂ© d’autre chose par la suite. Elle ne m’a pas donnĂ© de rĂ©ponse, mais il m’a semblĂ© qu’une bonne partie du chemin Ă©tait dĂ©broussaillĂ©e.Je serais bien restĂ© dormir avec elle, mais j’avais promis de faire la nuit Ă la clinique. Nous nous sommes embrassĂ©s longuement avant mon dĂ©part. Elle fait ça très bien et j’ai toujours du mal Ă m’extirper de ses bras.** *Samedi, la petite vient cet après-midi. Mme D ne va pas bien. Le patron voudrait que je reste ce week-end. Je refuse, mais je leur laisse mon numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone et leur promets de passer dimanche matin.Après-midi de fĂŞte : nous sommes un peu bloquĂ©s au studio, alors je passe mon temps Ă l’admirer, la caresser, l’embrasser sous toutes les coutures. Les Ă©vènements de la semaine m’ont un peu calmĂ© sur le plan sexuel, aussi je prends le temps de lui tourner autour. Ça finit par l’exciter grave, et c’est elle qui me saute dessus. Au secours, je me fais violer ! Elle prend son air sĂ©rieux et sĂ©vère et va directement Ă l’essentiel : la ceinture. Il ne lui faut pas longtemps pour m’enlever tout le bas. Elle me chevauche aussitĂ´t et sans attendre prend son pied toute seule. Je rĂ©cupère le ceinturon et l’abats sur son cul. Eh oui, moi aussi je gagne en expĂ©rience.— AĂŻe !— Salope, tu ne m’as pas attendu.— Non, j’avais envie.— De ma queue ou d’une queue, n’importe laquelle ?— D’une queue, n’importe laquelle, du moment qu’elle est grosse.Le ceinturon claque une nouvelle fois.— AĂŻe !— Salope ! DĂ©shabille-toi !Nouveau coup de ceinturon.— À genoux !— …— Suce-moi !Elle s’exĂ©cute, heureuse de remettre ça. Elle s’applique comme une bonne Ă©colière, puis je la prends en levrette et nous jouissons tous les deux longuement. Que c’est bon avec elle ! Je m’endors dans ses bras une nouvelle fois.