A la manière de… Une scène me semblait manquer cruellement à L’écume des jours, celle où Colin et Chloé font l’amour. Aussi je me suis autorisé à combler cette lacune. Que ce cher Boris me pardonne, j’espère qu’il ne se retournera pas dans sa tombe! Les amateurs d’érotisme torride seront une nouvelle fois déçus, il n’y a rien d’alternatif là dedans! Mais à tout ceux qui ont aimé Groddoc (que je remercie), j’ai le plaisir d’offrir ce petit conte rafraîchissant, pour passer d’agréables fêtes de fin d’année.Chloé fit son entrée dans la chambre de Colin. Elle portait une robe couleur mante religieuse, ainsi que des bas jaunes, rayés horizontalement de grosses bandes violettes. On pouvait compter quatre rayures entre ses genoux et le bas de sa jupe. Sa chevelure flamboyante avait un volume impressionnant, et jouait en riant de sa complémentarité avec le vert de la robe.Colin aimait par dessus tout les yeux de Chloé. De beaux yeux verts, saupoudrés de minuscules pépites de chocolat, qui l’éclaboussaient de bonheur chaque fois qu’il les rencontrait.Quand Chloé riait, ils lançaient de petites flammèches qui débrinboulaient en cascade sur tout ce qui se présentait.Chloé sourit, entrouvrant ses lèvres roses, pour montrer les deux rangées de perles alignées avec un soin de joaillier, qu’elle portait avec grâce.Colin lui rendit la pareille, prouvant qu’il n’avait rien à lui envier.Il demeurèrent ainsi debout, face à face, dans la pièce inondée de la douce lumière généreusement dispensée par le soleil qui brillait sans le savoir.Chloé sourit. Colin, imbésilencieux, ne dit rien, mais passa son bras autour du cou de Chloé, et se mit à jouer négligemment avec la fermeture de sa robe qui s’ouvrait par-devant.Colin savait pourquoi Chloé était venue… Il fallait bien depuis le temps qu’ils s’effleuraient au son des piano-bars dans des caves obscures, qu’un jour, ils se frottent plus profondément l’un dans l’autre. Ce jour, Colin espérait bien qu’il était arrivé, avec elle, par la porte.Comme Chloé se tenait droite devant lui, et que sa robe comportait une fermeture à glissière, faite pour glisser de haut en bas, Colin pensa que tout le monde attendait qu’il la fasse glisser.Ainsi, il déroba Chloé, dont la peau blanche s’irisa des reflets mordorés du soleil. Colin plissa les yeux sous l’impact des images qui frappaient sa rétine.Les deux excroissances menues qui ornaient le devant de son torse étaient enfermées dans des petits sacs de cellophane translucides. Deux museaux de fouine les décoraient agréablement, et pointaient leurs nez mutins.Au bas de son ventre, un triangle tout aussi diaphane était retenu par des liens qui disparaissaient subrepticement dans son dos.Chloé roula agilement des épaules, et la robe qui n’en pouvait plus, s’affaissa sur le sol en jetant un petit cri soyeux.Colin n’arrivait pas à détacher son regard, des deux nez pointus qui cherchaient à sortir de leur emballage, pour respirer un peu.Les voyant près d’étouffer, il pensa devoir les libérer. Aussi il détacha les rubans roses qui les tenaient enfermés. Ils accusèrent un léger fléchissement, en levant au ciel des yeux pleins de reconnaissance,et s’enfuirent précipitamment, caracolant dans la chambre toute éclaboussée des paillettes d’or que le gros disque rouge projetait violemment.Un gros soupir qui sentait la violette sortit des lèvres roses de Chloé.— Ils sont incorrigibles, je n’arrive plus à les tenir… je n’ai pas encore réussi à les apprivoiser.Un voile de confusion lui couvrit le visage. Il lui allait plutôt bien. La couleur pastel de ses joues faisait ressortir les deux astres lumineux qui lui servaient d’yeux, et lui permettaient de subjuguer Colin.Colin, quant à lui, pensait qu’il saurait bien amadouer ces deux bestioles, qui en dépit de leur caractère facétieux, semblaient bien sympathiques.Chloé descendit de ses escarpins en loutre blanche, et perdit quelques centimètres. Les deux museaux pointus en profitèrent pour s’agiter, faisant semblant de ne pas se connaître.Colin, que ses jambes refusaient de porter plus longtemps, se laissa glisser aux pieds de Chloé.Les deux gaines soyeuses roulèrent sur elle même comme des préservatifs, faisant disparaître une à une les rayures violettes.Les jambes déliées de Chloé entrèrent en scène, partenaires complices d’un duo bien rodé. Elles étaient capables des rocks les plus effrénés, Colin le savait bien, mais pour l’instant, elles se contentaient de se tenir droites comme des piquets. Elles avaient la consistance de fruits murs, et une pâleur d’endive.Une brume légère flottait à la charnière de ces deux longues tiges graciles, et des gouttelettes de condensation perlaient sur ce qui la couvrait encore.Elle fleurait bon la banane, et Colin s’enivrait de cette odeur qui provoquait chez lui, le même étourdissement que trois cocktails bien tassés.Chloé ne bougeait pas. Elle ressentait une brusque augmentation de sa température intérieure et se demandait ce qui avait bien pu dérégler son thermostat. Comme Colin ne bougeait pas plus qu’elle, et que la chaleur devenait insupportable, craignant de faire fondre ce qui lui restait de vêtement, elle se résolut à s’en défaire.Immédiatement, l’air léger lui lécha agréablement le ventre, et la brise s’accrocha au buisson frissonnant qui le couvrait.Chloé se laissa tomber sur le lit liquide qui lui tendait les bras. Il fut heureux de l’accueillir, et pour lui prouver sa reconnaissance, s’amusa à la faire rebondir plusieurs fois.La cascade de feu des cheveux de Chloé coulait sans fin. Elle se répandait paresseusement sur les draps jaunes, où elle finissait par disparaître dans le sable, en laissant de crépitantes petites taches rousses.Les cuisses de Chloé eurent des battements d’ailes de papillon, et finirent par s’étaler au soleil. Cette explosition fut éblouissante…Une mousse dorée ornait le petit mont qui émergeait du lac blanc de son ventre. Ses lèvres roses souriaient, et le petit orifice qui s’y cachait, adressait des clin-d’oeil malicieux à Colin.— Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse, Chloé? demanda Colin— S’embrasser, dit Chloé.— Sûr!… répondit Colin. Mais après?— Après dit Chloé, je ne peux pas le dire tout haut.La chambre, qui à la dérobée, observait depuis un moment le corps de Chloé, décida que le printemps était arrivé. Un souffle chaud, venu du Sud, émerveilla la pièce. Une montée de sève l’envahit toute entière. Les tiges dressées des amaryllis fleurirent. Les fleurs s’ouvrirent déployant leurs corolles, comme autant de sexes offerts. Toutes les branches se mirent à se développer, et une pousse bourgeonna au ventre de Colin.Le coquin, enfermé, demandait de l’air, et faisait des efforts désespérés pour émerger au grand jour.Colin craignait un peu ses réactions, s’il lui lâchait la bride. Il le savait incapable de la moindre retenue.Son pantalon de jersey fauve tomba à terre, et un taureau bondit, trépidant. En entrant dans l’arène, il jeta un oeil hagard à droite et à gauche, avant de se fixer, tendu, vers la cible ouverte entre les jambes de Chloé.— Oh!… fit Chloé, la belle bête!…C’était donc ce qui faisait dire à Voris Bian que les garçons appartenaient au sexe pointu! Pointu, il l’était…Chloé était toute intimidée devant cette chose qui se tenait droite en l’air, avec un air arrogant. C’était un émerveillement de la voir tressaillir chaque fois qu’elle faisait un geste. Une onde télépathique la reliait aux mouvements de son corps. La belle fraise qui le couronnait se balançait en cherchant à se faire remarquer. Telle une antenne dressée, elle captait les ondes électriques violettes qui sillonnaient la pièce.On aurait dit une banane gorgée de sève. Chloé pensait pouvoir en faire sortir du jus, juste en pressant dessus.Chloé riait, parce qu’elle voyait le rouge qui colorait les joues de Colin. Il semblait tout gêné, et restait là, debout, les fesses serrées, le ventre en avant, avec ce drôle d’attribut qui regardait le plafond, à se remplir les prunelles du paysage de son corps.Elle s’étira langoureusement, car elle aussi, était rose de confusion. Des escargots étiraient paresseusement leur bave, là où elle était ouverte.— Tu sais… je t’aime bien en gros et en détail.— Alors détaille, dit Chloé, en se laissant aller, câline comme une couleuvre.Colin passa son bras autour de Chloé, il posa sa tête sur son ventre. À l’intérieur toute une machinerie en mouvement, faisait entendre des gargouillis de centrale électrique.Son cœur battait vite. Il prit le cou gracieux entre ses doigts, sous les cheveux, fragile comme une porcelaine chinoise.— Oui dit Chloé, touche-moi, j’ai peur toute seule…Colin était étendu à plat ventre, les bras autour des hanches de Chloé. Elle rit d’un petit rire nerveux et s’agenouilla à côté de lui.Son dos était si appétissant que Chloé le caressa doucement de ses paumes aplaties.— Tu me chatouilles! dit Colin qui commençait à rire.Chloé le caressait exprès à l’endroit où ça chatouille, sur les cotés et jusqu’aux hanches. La peau de Colin était chaude et vivante.— Embrasse-moi dit Chloé, je suis si contente.Chloé se laissa faire avec une certaine complaisance, le guidant vers les places de choix. Elle avait une peau blanche et savoureuse comme une pâte de fruit.Assise en tailleur, elle regardait les fesses de Colin rondes et fermes comme des pommes. Elles semblaient si tendres que Chloé avait envie de les croquer. D’un doigt léger, qu’elle laissait courir, elle parcourait la chute de ses reins, en faisant naître de merveilleux petits frissons.Chloé rit en secouant ses boucles.Colin avait envie de lui toucher la poitrine…— Tu la trouves jolie? murmura-t-elle.— Chloé, je voudrais sentir tes seins dans mes mains, tout ton corps me fait chaud… Çà te fais cet effet là?Chloé ne dit rien. Elle respira un peu plus vite et se rapprocha insensiblement, tenant dans ses mains en coupe, sa poitrine menue. Elle la regardait d’un air attendri.— Je te les donne, prends-en bien soin, ils sont fragiles et délicats…Colin posa ses lèvres sur la framboise qui pointait. Il l’aspira dans sa bouche, tourna sa langue tout autour. De sa deuxième main, il pétrissait l’autre coussin, s’émerveillant de sa douce résistance élastique. On aurait dit un petit chat, tétant sa mère et faisant son pain.Chloé poussait de petits soupirs de bonheur, ravalait sa salive en fermant les yeux. Elle tenait pressée la tête de Colin contre son cœur qui cognait fort dans sa poitrine, comme s’il voulait sortir de sa cage.— Oh, Colin… comme ils aiment çà…Les caresses de Colin envoyaient des messagers qui traversaient en courant le corps de Chloé pour éclore en bulles savonneuses entre les lèvres de son sexe.Colin chercha à attraper les poissons multicolores qui fuyaient entre ses cuisses comme des anguilles. Elle leva les pieds, et les posa sur ses épaules. Les deux mains furtives couraient comme des folles, et lui causaient mille agaceries qui la faisaient se tortiller dans tous les sens. Chloé riait, et son beau rire cascadait comme un lustre de cristal agité par le vent.Elle fit non de la tête, et fit oui de ses mains.Colin enfila deux gants en fourrure de lapin angora pour caresser le corps de Chloé.— C’est bien plus agréable avec les mains dit ColinChloé rougit.— Ne dis pas des choses comme çà. Je n’aime pas les garçons qui disent des horreurs devant les jeunes filles.— Je suis désolé dit Colin, je ne voulais pas…Il savonna tout le corps de Chloé. La friction faisait naître des courants d’électricité statique qui pétillaient sur la peau de Chloé.Il se fit un abondant silence à l’entoure, et la majeure partie du reste du monde se mit à compter pour du beurre.Il déposa de gentils baisers, éclos tout chauds sur son corps. Ils se dissipaient en petites rides circulaires à la surface de l’eau.Chloé était curieuse de ce gros doigt que Colin possédait et qu’il allait vouloirfaire entrer entre ses jambes.Le concombre malicieusement recourbé ne touchait pas au ventre de Colin.— Je peux y toucher? demanda Chloé— Fais attention… c’est un sauvage…Chloé y risqua un doigt. Le gros boudin frémit.— Comme il est beau… si fier… il palpite comme un bel animal…il est si doux, si chaud… il brûle…Chloé frottait sa tête sur le ventre de Colin.— Et là, au bout, c’est doux comme de la soie… on dirait une bouche, avec deux lèvres pour me donner des baisers… Tu crois qu’il veut venir?Le monstre s’agita pour montrer son impatience, et fit sourdre une perle brillante à son extrémité.— Je n’arrive plus à le tenir…— Viens maintenant, je veux te sentir…Chloé l’attira sur elle, ses hanches étaient creuses comme un panier vide, l’arceau de ses cuisses ouvert en éventail.La tête ronde du gros bout glissa sur la margelle de son puits moussu. Colin se présenta au guichet. Le portier lui demanda de décliner son identité, regarda s’il était autorisé à entrer. Quand il reconnut Colin, il tira sur le cordon, pour ouvrir les tentures roses pales qui fermaient le passage.Dans l’étroit conduit parfumé, tapissé de velours rouge, la lumière était éteinte. Il y régnait une douce chaleur humide et un silence abyssal. Les parois suintaient d’une huile odorante, étrange et obsédante. Colin glissait merveilleusement sur les pentes d’un toboggan magique, ouvrant les parois qui lui opposaient une douce résistance. Il se dit qu’il était dans le train du plaisir, et que c’était bien plus agréable que le train fantôme.A l’entrée du tunnel, Chloé le serrait amoureusement. Colin sentait le cœur de Chloé battre autour de lui, et c’était comme si son cœur l’enveloppait tout entier.Colin était heureux d’être à l’intérieur de Chloé. Il se sentait en sécurité, à l’abris du regard de tous. Cette douce chaleur qui le cernait lui rappelait le ventre de sa mère, mais aussi, quand il plongeait au fond de sa baignoire pour ne plus rien entendre.Il aurait pu rester là, caché tout au fond de son ventre, pendant une éternité. Il y faisait bon, tout était calme et tranquille, la moiteur et le moelleux qui y régnaient valaient toutes les couettes du monde.Chloé pressa sur les reins de Colin et le sortit de sa douce torpeur.Aussitôt la musique se mit à jouer, Colin attrapa au vol le tempo de la caravane traversant le désert, et ses reins se mirent à bouger en cadence.Le piston du trombone entrait et sortait comme une mécanique bien huilé. Les fesses de Colin bondissaient comiquement, mais ne faisaient rire personne.Colin plongeait avec délices dans une glaise meuble et tiède, qui le suçait tendrement. Des algues gluantes l’emmaillotaient, fuyantes sous ses reins.Il se délectait de la viscosité qui l’enveloppait, semblable à la graisse rose et filante qu’il utilisait pour sa voiture.Chloé était une mer sans fin, elle dansait sur la houle qui la portait,prise dans le même mouvement, avec les mêmes soulèvements, les mêmes débordements.Le petit homme gris, dans sa poitrine, activait son soufflet de forge de plus en plus vite, en produisant des gémissements de souris. Colin s’amusait à les entendre, il savait qu’il en était responsable. Chaque fois, il s’enfonçait un peu plus pour les accentuer.— Oh!… Colin, que c’est bon, que c’est doux, j’aime te sentir là, au fond de mon ventre…La musique jouait de plus en plus fort et le rythme s’accélérait. Colin sentait venir le moment où il l’éclablouisserait en lançant des gerbes brûlantes à travers la chambre. Il voulait que ce soit un vrai final, avec feux d’artifice, et bouquets d’étincelles de toutes les couleurs.Chloé, en petit animal sauvage palpitait. Tout son corps vibrait, tressaillait, ses reins bondissaient en avant essayant d’établir un contretemps.Enfin le gros condensateur qui avait accumulé tant d’énergie et de tension nerveuse pendant tout ce temps, commanda le relais qui ouvrait la bonde.Alors tout fusa dans une apothéose resplendissante. Des feux de Bengale jaillirent au quatre coins de la pièce, les bouchons de champagne sautèrent, l’air se mit à pétiller de mille escarbilles incandescentes, la musique dans un final grandiose mourut en maintenant vibrante la note finale qui n’en finissait pas de résonner dans l’air emplit du crépitement des gerbes scintillantes.Seule la souris qui jusque là avait assisté au spectacle sans mot dire, disparue effrayée par ce vacarme assourdissant.Chloé eut de petits soubresauts de carpe qui agonise, tandis que Colin se déversait abondamment en cascade et lui remplissait le cornet.— Tu crois que j’aurai un petit?LongJacq