Bien que pas désagréable, mon dépucelage (homosexuel, hein !) n’avait pas été à proprement parler une réussite. Pourtant l’envie était toujours là , latente, prête à surgir et à dévorer mon âme à la moindre pensée érotique. Je n’avais visiblement pas été au bout de mon fantasme : je rêvais toujours de me donner à un homme, sans que je sache pour autant si c’était ma voie.Je me retins de recontacter mon amant quelques mois, autrement que pour quelques politesses, me reposant sur un agenda compliqué pour ne pas avoir à franchir à nouveau le pas, pour ne pas avoir à mettre en défaut cette résistance inconsciente mais acharnée que constituait mon hétérosexualité forcenée.Je ne pouvais pas aimer les hommes, ce n’était pas possible. Impossible de m’imaginer tombant amoureux d’un mec, vivant avec… et encore moins accepter une quelconque forme de « féminisation » ou de me voir autrement qu’en mâle avec un M majuscule.Impossible sauf sexuellement…Bref, au bénéfice d’une montée d’hormones un peu plus forte que les autres, j’avais fini par cliquer sur « envoyer » en bas d’un message depuis longtemps rédigé dans mon esprit, et quelques mails plus tard j’avais pris rendez-vous… C’était si simple…Je savais le timing limité, mais j’avais trop envie. Une petite plage horaire en ce début d’après-midi, une grosse heure tout au plus, mais a priori suffisante pour ce que je voulais : sa queue simplement, sans chichi et sans cette appréhension qui avaient probablement pourri notre première rencontre.Là , pas d’inconnu, pas de fausse pudeur : juste une tranche de baise. Après des mois de jeûne je n’en pouvais plus d’attendre.Je me gare à quelques dizaines de mètres de chez lui et fais chauffer mon téléphone… Il vient de rentrer du boulot. Quelques minutes d’attente encore, le temps qu’il prenne sa douche.Je trépigne devant la porte et la tension monte doucement. Il m’ouvre en peignoir et me fait entrer, non sans glisser une main sur mes fesses au passage. Je décline le verre qu’il me propose, et on passe directement à l’étage supérieur.On est face à face dans sa chambre lorsqu’il fait glisser son peignoir. Il bande pour moi.J’embrasse un téton et pose quelques baisers sur son torse pendant qu’il défait ma ceinture et les boutons de mon pantalon. Celui-ci tombe sur le sol, précédant de peu mes genoux. J’embrasse son ventre et descends doucement jusqu’au creux de l’aine. Il m’aide à retirer mon t-shirt et je prends son sexe dans ma bouche. C’est souple, chaud, doux, tendre… J’aime vraiment cette première fellation au naturel mais j’en veux plus.D’autorité je lâche sa queue et vais me positionner à quatre pattes sur le lit, face à lui. J’ai envie de le sucer dans cette position, envie qu’il puisse jouer avec mon anus, envie de me sentir chienne. Je redresse la tête dans sa direction et sans un mot nos regards se croisent. Je baisse les yeux comme son sexe se présente à mes lèvres…Il reste debout aux pieds du lit et se laisse faire. Je m’applique à lui donner du plaisir uniquement avec ma bouche, n’utilisant que mon cou pour aller et venir sur sa queue. J’incline parfois un peu la tête pour permettre à ma langue de s’activer sur les moindres replis de son gland, pour qu’il puisse voir mes joues se creuser et son membre disparaître dans ma bouche. Et puis je creuse un peu les reins… Une main se pose sur le haut de mon dos et glisse le long de ma colonne vertébrale… Je projette un peu plus mon corps vers l’avant et fais ressortir mon cul pour lui permettre d’atteindre mes fesses…Si seulement je pouvais figer le temps, capturer et conserver à jamais cet instant magique ou la pulpe de ses doigts entre en contact avec mon anus brûlant. Quelques secondes de pur bonheur pendant lesquelles il caresse l’endroit le plus intime de ma personne, pendant lesquelles je savoure son sexe dressé de désir pour moi.Nous restons ainsi à rendre honneur à nos intimités respectives, et j’essaye de ne pas perdre pied malgré ces doigts qui décrivent des arcs de cercle sur cette rondelle que j’ai encore du mal à appeler « ma chatte » (mais qu’il m’arrive dans mes rêves de considérer comme mon véritable sexe). Il joue avec, la cajole, la détend sans chercher à s’immiscer…Ça me plaît, mais j’ai envie de m’abandonner un peu plus. Et puis même si je me suis découvert un goût prononcé pour sa queue, je n’ai pas envie que la fellation s’éternise trop, du moins pas sans capote. Je m’allonge sur le dos et lui demande de se couvrir.Il prend ça pour une invitation à me baiser. Je le regarde dérouler le préservatif et se positionner. Avec le recul ça me parait couler de source, mais moi je pensais juste me coucher sur le dos la tête tournée vers le bord du lit… histoire de pouvoir continuer ma fellation tout en lui donnant libre accès à ma rosette… Peu importe : j’aurai d’autres occasions, et puis même si j’adore le sucer, ce n’est pas la finalité !Bref il m’attrape par les chevilles et m’attire à lui. Me voilà tel une dinde prête à farcir : jambes repliées et cul bien dégagé.Il me pénètre directement sans prendre la peine de me lubrifier. Sans aucune difficulté, sans violence ni douceur particulière : je suis tellement offert qu’il entre en moi tout simplement, tout naturellement.— Ça faisait longtemps, hein.Je bredouille vaguement quelque chose, je suis dans un autre monde, tout à mon ressenti. Son sexe coulisse en moi tendrement, avec une forme d’onctuosité. Ce n’est ni hard, ni pervers, ni honteux : il me fait juste l’amour. Juste nos deux corps qui fusionnent dans une forme de tendresse que je n’avais encore jamais connue.Pu…Merde. Mon téléphone !Le temps a passé si vite ?Petit coup de speed : à tous les coups c’est ma femme qui est rentrée à la maison et qui se demande où je suis. Retour à la réalité.Mon amant sent bien que quelque chose s’est cassé.— Tu veux répondre ?— Non non, c’est bon…Il se retire malgré tout, et (c’est pas bien) je vais vérifier. Un appel en absence. Bingo… La messagerie qui s’y met et passe comme une deuxième lame.— Un souci ?— Non, non, c’est bon… Mais je vais pas pouvoir rester bien longtemps…Le ressort est cassé, la magie a disparu, mais lui n’a rien perdu de son érection. Je lui tourne le dos, remonte sur le lit et baisse le torse.— Baise-moi, s’il te plaît.Mains sur mes hanches, il reprend sa place entre mes fesses. Dans cette position si familière, j’essaye de retrouver mes sensations, mais il a beau aller et venir en moi presque amoureusement, je peine à reprendre le rythme. L’impression d’être pris la main dans le sac et de voir les aiguilles de la montre tourner. Elle va rappeler, elle va se demander ce que je fais… surtout rester crédible. J’ai du mal à déstresser.Derrière moi je sens qu’on monte doucement en régime, les mains se font plus fermes, le souffle plus court.— Baise-moi. Vas-y, prends ton pied, t’occupe pas de moi.Les mouvements de bassin s’amplifient et la cadence augmente. Ses mains passent de mes épaules à mes hanches, m’attrapent, m’agrippent. J’entends le bruit de nos corps qui s’entrechoquent à chacun de ses coups de reins, comme sa queue cherche à aller toujours un peu plus loin.Jusqu’à ce qu’il se plante au fond de moi.Quelques spasmes de jouissance achèvent la danse des corps et mettent un terme à la seconde saillie de ma vie…Nous restons quelques instants ainsi, arrimés l’un à l’autre. Il embrasse ma nuque, me caresse les fesses, ne redevient que douceur.Je me rhabille rapidement. Mon téléphone sonne à nouveau mais je l’ignore. Je m’excuse et le quitte non sans lui promettre de lui accorder plus de temps lors de notre prochaine rencontre.Sitôt sorti je rappelle ma femme et noie le poisson… Je l’aime…Mais c’est une autre forme d’amour que j’ai touché du bout du doigt…