Je rĂŞvais que Geneviève et moi faisions l’amour furieusement. Elle Ă©tait montĂ©e sur moi, remuant son bassin avec une passion que je ne lui connaissais pas, tandis que je tenais ferme ses seins lourds. En fait, pour une fois, elle paraissait aussi affamĂ©e que moi et lançait des cris gutturaux. Mon rĂŞve paraissait si vrai, si intense et j’Ă©tais sur le bord de l’orgasme…L’idĂ©e que ma blonde Ă©tait partie pour trois semaines en Ontario pour apprendre l’anglais me fit soudain me rĂ©veiller. Pourtant une femme me chevauchait dans l’obscuritĂ©, prenant son plaisir de plus en plus fort. Sa silhouette mince se distinguait Ă peine dans la pĂ©nombre. Ses jambes musclĂ©es m’enserraient comme un Ă©tau.Ă€ peu près sorti des brumes du sommeil, j’allais faire une objection quand un orgasme cataclysmique m’a emportĂ©. En agrippant ses hanches osseuses, je me suis enfoncĂ© en elle avec ardeur. Quand les secousses ont cessĂ©, j’ai senti ses cheveux courts chatouiller mon visage. Elle m’a embrassĂ© le cou et s’est mise Ă rire doucement dans mon oreille.― Marion! … c’est toi?― Surprise! m’a-t-elle soufflĂ© en haletant. Cousin, tu Ă©tais en manque, on dirait. Je suis passĂ©e devant ta porte entrouverte : dans ton sommeil, tu bandais comme un taureau. Alors…Je l’ai poussĂ©e violemment de cĂ´tĂ© et me suis assis sur le bord du lit. Elle ricana dans le noir. Je devinais son visage fin, ses yeux brillants, ses lèvres minces, son teint foncĂ©.― Mais on ne sort pas ensemble. Je suis avec Geneviève… et Pierre-Olivier, c’est ton mari, mon cousin! Qu’est-ce qu’ils vont dire, les deux?― Ils ne sont pas obligĂ©s de savoir…Le matin, j’Ă©tais arrivĂ© Ă vĂ©lo chez mon cousin et sa femme. Mon emploi d’Ă©tĂ© consistait Ă effectuer de petits travaux de rĂ©novation en attendant ma rentrĂ©e Ă l’universitĂ©. Je donnais donc un coup de main Ă Marion, alors au chĂ´mage, qui voulait rafraĂ®chir la peinture du salon et du corridor de leur coquet bungalow situĂ© Ă proximitĂ© d’une large rivière, tandis que Pierre-Olivier, jeune professeur de mĂ©decine, s’Ă©tait isolĂ© quelques jours Ă leur chalet pour prĂ©parer sa prochaine session universitaire. Pour moi, travailler avec Marion Ă©tait exaltant : j’avais l’occasion de connaĂ®tre vraiment celle que je n’avais rencontrĂ©e auparavant que lors de rĂ©unions de famille. Dans le brouhaha gĂ©nĂ©ral, ç’avait pourtant cliquĂ© entre nous. Cette belle femme de vingt-six ans, vive et intelligente, aussi passionnĂ©e de littĂ©rature et de cinĂ©ma que moi, me questionnait sur mes projets et m’Ă©coutait intensĂ©ment, les yeux noisette vrillĂ©s dans les miens. Un jeune homme de dix-neuf ans ne pouvait qu’ĂŞtre flattĂ© et l’admirer, comme une grande sĹ“ur aux Ă©lans protecteurs, alors que, pour mon cousin, l’air blasĂ©, toujours condescendant, je n’avais toujours Ă©tĂ© tenu que pour quantitĂ© nĂ©gligeable.― Mais Marion, on est de la mĂŞme famille!― Prendre son pied, ça fait du bien, non? me rĂ©pliqua-t-elle. Et tu m’as dit toi-mĂŞme que tu t’ennuyais de ta blonde… Bon ben, bonne nuit!Elle sauta du lit avec lĂ©gèretĂ©, disparut de la chambre en un clin d’Ĺ“il. Je l’entendis monter l’escalier du sous-sol en chantonnant La Bohème et retrouver la chambre conjugale. Je restai dans l’obscuritĂ©, complètement sonnĂ©, les oreilles bourdonnantes.Avais-je rĂŞvĂ© cette visite nocturne? C’Ă©tait tellement irrĂ©el et choquant! Bien sĂ»r, le jeune homme en manque que j’Ă©tais avait dĂ©jĂ remarquĂ© les grâces de sa cousine, toujours Ă©lĂ©gante dans ses jolies robes courtes et Ă©troites, mettant sa longue silhouette en valeur, surtout ses jambes fuselĂ©es et bronzĂ©es, sa taille de guĂŞpe. Une poitrine presque plate achevait cette silhouette dĂ©licate qui contrastait curieusement avec sa voix grave. Belle Ă ravir, avec une âme ardente!Dans mon petit lit, je me sentais tout Ă la fois en colère d’avoir Ă©tĂ© jouĂ©, honteux du crime dans lequel j’avais trempĂ©, tout ceci tempĂ©rĂ© par un brin de fiertĂ© d’avoir possĂ©dĂ© furtivement une si belle femme. Je me rejouais en pensĂ©e chaque seconde de contact avec sa peau, alors que j’Ă©tais ensorcelĂ© par son parfum sauvage et aiguillonnĂ© par le dĂ©sir. Quel contraste avec Geneviève, ma première blonde, une fille un peu ronde avec qui j’avais fait l’amour dĂ©jĂ quelquefois bien sĂ»r, mais dans des Ă©lans sages qui n’avaient rien de commun avec l’ouragan Marion! Le sexe passionnĂ© existait donc ailleurs qu’au cinĂ©ma!Je ne pus fermer l’Ĺ“il de la nuit. Devais-je fuir Ă l’instant le plus loin possible? Contacter sur-le-champ Geneviève afin de lui confesser mon crime? TĂ©lĂ©phoner Ă Pierre-Olivier et, dans un Ă©lan de solidaritĂ© familiale, accuser Marion d’adultère… En fait, peut-ĂŞtre leur couple se permettait-il de tels Ă©carts? Comme Sartre et de Beauvoir. En tout cas, il n’Ă©tait pas question que je revoie Marion de sitĂ´t, de toute mon existence! Ah ça, non!J’Ă©tais toujours assis sur le lit lorsque l’aurore pointa lĂ -bas, au-dessus de la rivière. Je me secouai et dĂ©cidai Ă partir au plus vite. Je m’habillai en hâte et, le sac au dos, sortis par la porte donnant sur le jardin. Au moment oĂą la porte se verrouilla derrière moi en cliquant, je me rendis compte que je n’avais pas emportĂ© mon chandail et que mon iPod Ă©tait toujours sur la table de chevet. Merde!Je marchai, grelottant, sur le bord de la rivière, tandis que la nature joyeuse se rĂ©veillait. Je trouvai un dĂ©panneur ouvert pour m’y rĂ©chauffer et croquer un morceau. Mon indĂ©cision me paralysait. L’iPod Ă©tait le premier cadeau que ma blonde m’avait offert. Comment, pour le rĂ©cupĂ©rer, devrais-je expliquer Ă mon cousin que je ne travaillais plus sur sa maison? Je ne voulais surtout pas avoir Ă le quĂ©mander Ă Marion, pas question!J’errai jusqu’Ă midi alors que, le ventre creux, ressassant des idĂ©es noires, je me rĂ©solus Ă revenir chez mon cousin. La porte d’entrĂ©e Ă©tait entrouverte, j’entendais Marion s’affairer Ă peinturer le salon. Un sandwich m’attendait sur le comptoir de la cuisine, Ă cĂ´tĂ© d’une fleur blanche dans un vase. Je mangeai, puis la rejoignis. Impassible, elle me tendit le rouleau et je me mis Ă l’ouvrage. Nous n’Ă©changeâmes pas trois mots de tout l’après-midi. Elle avait peut-ĂŞtre un sourire en coin, je n’en Ă©tais pas sĂ»r et je m’en foutais. Je mettais de la rage dans mon ouvrage. Ça m’a apaisĂ© un peu finalement.Au dĂ©but de la soirĂ©e, elle a pris une longue douche. Tandis que je ramassais les outils, je l’ai entrevue, comme elle passait Ă la chambre, pieds nus, enveloppĂ©e dans une grande serviette blanche, les cheveux trempĂ©s. Je n’ai pu me retenir d’admirer ses jambes. J’en avais touchĂ© la surface soyeuse la nuit prĂ©cĂ©dente. Ces mĂŞmes cuisses douces… Je me sentis rougir.Nous avons soupĂ© chacun de notre bord et aussitĂ´t après je me suis isolĂ© dans le sous-sol après un bref « bonsoir ». Elle n’a pas mĂŞme tentĂ© de parler. J’ai pris bien soin de fermer la porte, devant laquelle j’ai placĂ© une chaise, histoire que les Ă©vĂ©nements ne se rĂ©pètent pas.Je l’ai entendue se mettre une vidĂ©o au salon. Elle s’est interrompue pour rĂ©pondre au tĂ©lĂ©phone : Pierre-Olivier sans doute. Les paroles me parvenaient indistinctes, mais le ton de voix Ă©tait enjouĂ© au dĂ©but, ensuite, c’est devenu plus grave. « Non! pas question! il n’en est pas question! » Puis plus rien, jusqu’au moment oĂą elle a raccrochĂ© et repris son film. Quelques pas : elle devait se prĂ©parer Ă gagner son lit. Puis plus que le silence et le hurlement de mes pensĂ©es. Ă€ une heure du matin, je cherchais toujours le sommeil.Je me dis qu’il fallait que je lui parle si elle ne dormait pas dĂ©jĂ . Me libĂ©rer en me vidant le cĹ“ur. Je rangeai la chaise et montai sur la pointe des pieds. Aucun bruit derrière la porte entrouverte de la chambre.J’hĂ©sitai. La lune jetait une lumière blafarde sur le lit. Je ne l’entendais pas respirer. Je ne distinguais rien.― Entre.Je sursautai. Elle y Ă©tait. Je m’avançai, bien dĂ©cidĂ© Ă mettre les choses au clair.Je la vis alors qui soulevait le drap, pour m’inviter Ă m’Ă©tendre. En m’approchant, mon cĹ“ur bondit en la voyant nue dans le rayon de lumière. Toutes mes rĂ©solutions s’effondrèrent et je pris place Ă ses cĂ´tĂ©s. Elle m’attira contre elle.― J’ai froid. Viens plus près.Mon pĂ©nis, droit comme un i, frĂ´la son ventre. Comme sa peau Ă©tait veloutĂ©e sur son corps musclĂ©! C’est alors que j’acceptai l’idĂ©e que je flambais de dĂ©sir. Je voulus m’installer entre ses cuisses en les Ă©cartant d’office.― Doucement, doucement, mon petit. Tout d’abord, apprends Ă me connaĂ®tre. Ta main ici, dans mon cou. Descends sur mes seins. Lentement. Touche mon ventre. Et plus loin, entre mes jambes… Oui…MalgrĂ© mon impatience, je me laissai guider. Elle n’avait, en fait de poitrine, que de lĂ©gères bosses soyeuses, serties de boutons bien durs. Son ventre Ă peine rebondi cachait un sexe brĂ»lant. Toujours Ă sa remorque, mes doigts s’attardèrent sur son clitoris Ă l’attention et passèrent entre ses petites lèvres tendres. Elle me poussa dans l’ouverture humide. Marion se tortilla en geignant et se lova sur moi. « C’est bon… », soupira-t-elle. Elle chercha ma bouche et me prodigua un baiser passionnĂ©. Cela eut un effet foudroyant sur moi : Geneviève et moi avions dĂ©jĂ frenchĂ©, mais jamais de façon aussi torride. Les sensations Ă©taient dĂ©cuplĂ©es, centuplĂ©es. Je fus pris d’un tremblement irrĂ©pressible. J’atteignais le point de non-retour, lĂ , tout de suite…― Je…― Tsss … tsss… Attends…Elle s’Ă©tendit sur le dos, ouvrit les jambes. Offerte. Je me redressai, prĂŞt Ă la pĂ©nĂ©trer…― Ta bouche…Et comme j’hĂ©sitais :― Je vais te dire quoi faire.Je cachai ma rĂ©ticence juste par fiertĂ©. Jamais Geneviève ne m’avait demandĂ© ça. Je fus agrĂ©ablement surpris par un parfum Ă©trange de fleur et un goĂ»t acide. En suivant ses instructions, je passai la langue sur le pourtour rasĂ© de près, chatouillai et mordillai le bouton dressĂ©, Ă©cartai la chair lisse, et enfonçai un doigt, puis deux dans son doux rĂ©ceptacle. Elle dicta ses directives pendant des minutes qui me semblèrent une Ă©ternitĂ©. Marion vibrait et ses cuisses m’enserraient la tĂŞte, comme un casse-noisette. Elle se mit Ă crier et Ă haleter. Mon crâne me semblait sur le point de se rompre lorsqu’elle se dĂ©tendit soudain en soupirant : « Tu apprends vite, petit… »Elle me prit la tĂŞte Ă deux mains et d’autoritĂ© me fit m’Ă©tendre sur elle.― Tu me veux? murmura-t-elle Ă mon oreille en tâtant mon instrument en pleine Ă©rection. Ça me fit une sensation Ă©lectrique.― Nous… je devrais peut-ĂŞtre mettre un prĂ©servatif? suggĂ©rai-je timidement.Elle me gronda :― Tu ne crois pas que c’est un peu tard pour y penser, cher? Mais non, tu es gentil… bien Ă©duquĂ©… Pas besoin, j’ai pris d’autres prĂ©cautions.Sa main me guida et je la pĂ©nĂ©trai lentement, m’extasiant Ă chaque centimètre. Ma chair Ă©tait Ă vif. J’entrais et sortais de plus en plus vite, emportĂ© par un Ă©lan irrĂ©pressible qui me fit Ă©clater en elle presque aussitĂ´t. Je continuai Ă lui assĂ©ner des coups de butoir encore et encore, comme si mon corps avait autre chose Ă donner.J’allais m’effondrer, mais je vis son sourire en coin. Elle s’Ă©tait laissĂ© faire pour m’observer Ă loisir. Elle ricana et je me sentis tout honteux.― Wow! t’es fougueux, toi!Se moquait-elle de moi? Elle suggĂ©ra qu’on se mette en cuillère, ce qui m’Ă©vita de soutenir son regard. Ses cheveux courts me chatouillaient le nez, ils dĂ©gageaient un arĂ´me capiteux. Je lui soufflai, orgueilleux d’Ă©taler mon savoir :― Lady Chatterley…― Moi? Oh non! Madame Bovary plutĂ´t!― Madame…? C’est de Balzac, ça?Elle pouffa.Quand je rouvris les yeux, le matin entrait Ă pleines fenĂŞtres et elle me dĂ©visageait tendrement de ses yeux rieurs. J’allais parler, mais elle posa son doigt sur les lèvres, puis y dĂ©posa un baiser bref.― Ce que nous avons fait… et que nous ferons encore sera notre secret. J’aime Pierre-Olivier et toi, ta belle Geneviève. Tout ça n’engage Ă rien : c’est pour ne pas rouiller. Tu veux bien?Pour rĂ©ponse, je lui pris le poignet et embrassai galamment le revers de ses doigts. J’Ă©tais soulagĂ© d’avoir de me voir dĂ©chargĂ© de la culpabilitĂ© qui m’accablait. Elle m’interrogea sur ma blonde, oĂą elle Ă©tait, si j’allais aller lui rendre visite Ă Kingston avant son retour. En effet, j’attendais avec impatience l’appel de ma blonde : il y avait si longtemps que nous ne nous Ă©tions parlĂ©, au moins quatre jours. « Une Ă©ternitĂ©, en effet », commenta Marion. Celle-ci fut emballĂ©e d’apprendre que j’Ă©tais acceptĂ© en lettres Ă l’universitĂ©, me demanda les noms de mes auteurs prĂ©fĂ©rĂ©s. Je babillais en la fixant admirativement : comme elle Ă©tait belle! Je le lui dis, m’interrompant moi-mĂŞme au milieu de ma phrase.Elle sourit, retira sa main que je n’avais pas lâchĂ©e jusque-lĂ , souleva le drap pour jeter un coup d’Ĺ“il entre mes jambes.― Oh!Elle Ă©carta complètement le drap et plongea vers mon pĂ©nis en pleine Ă©rection. Ses lèvres Ă©pousèrent le gland et elle se mit Ă sucer pour mon plus grand Ă©merveillement. Les sensations Ă©taient presque intenables quand elle s’amusait Ă passer et repasser le bout de la langue le long de mon membre. Puis, elle l’enfonça loin dans sa gorge. Elle leva des yeux rieurs vers moi et bientĂ´t je ne pus plus me retenir. Je me cambrai et me vidai en quelques secousses profondes.Marion Ă©touffait presque. Je me retirai. Souriante, elle avala ostensiblement.― Dis donc! tu as arrosĂ© mes cordes vocales bien comme il faut!Après un petit-dĂ©jeuner copieux, je pensai Ă vĂ©rifier mes messages : Marion avait appelĂ©. « Pourquoi tu ne rĂ©ponds pas : tu es trop occupĂ©? » Elle concluait qu’elle me rappellerait le lendemain. Je m’Ă©tonnai de ma propre indiffĂ©rence.Nous nous remĂ®mes Ă l’ouvrage avec entrain. Avant l’heure du lunch, nous avions terminĂ© le salon. Il ne restait plus que le passage Ă repeindre. Nous mangeâmes sur la terrasse ombragĂ©e. Avant le dessert, elle exigea que je lui fasse un cunnilingus.― Un quoi?Les voisins ne pouvaient pas nous voir, mais peut-ĂŞtre purent-ils entendre que Marion prenait son plaisir sous mes soins. Oui, vraiment, j’Ă©tais un bon Ă©lève, confirma ma cousine.Elle me parla de Pierre-Olivier, de l’admiration qu’elle lui portait. Que dire de ses ambitions, de son sourire, de sa virilitĂ©! Un jour, Ă leur maison de campagne, ils avaient baisĂ© trois fois de suite. Dont deux fois dans le sous-bois. Et il en redemandait. (J’Ă©coutais ces confidences, franchement embarrassantes.) Il travaillait trop cependant : la clinique, ses cours le tenaient souvent Ă©loignĂ© d’elle. Mais il allait revenir le lendemain matin. Ensuite ils partiraient au chalet sans attendre. Ils allaient rattraper le temps perdu.Je cessai de l’Ă©couter. Notre histoire arrivait-elle donc Ă son terme? Je me sentis trahi. Le souvenir de Geneviève s’Ă©tait estompĂ©, il n’y avait plus que Marion, Marion qui Ă©tait ici, maintenant. Disponible. Et insatiable…Pas tant que ça, car, comme elle passait le pas de la porte pour entrer, je la rattrapai et me collai Ă elle.― Mais… qu’est-ce que tu fais, mon fou? Les voisins pourraient nous voir!Je refermai la porte-fenĂŞtre et prestement la rejoignit. Je lui pris vivement le sein par-derrière.— Non! je ne veux pas… Je ne veux plus.Elle se dĂ©gagea. Je la saisis par les hanches.― HĂ©, Monsieur! Je ne suis pas votre bonne! fit-elle en s’Ă©chappant de mon emprise. Allez, au travail! Il faut finir cet après-midi.Elle me tendit sèchement le rouleau, s’efforça de sourire, empoigna un pinceau et un pot de peinture et se mit Ă l’Ĺ“uvre en silence. Je passai dans l’ouvrage toute ma frustration contenue. Je salopais tout et je m’en foutais. J’essuyai une larme avant que Marion ne la voie. Cela me calma et je me rĂ©solus Ă nettoyer mes dĂ©gâts.Je la regardais du coin de l’Ĺ“il, montĂ©e sur une chaise pour peindre le tour des portes. Ses jambes ambrĂ©es badigeonnĂ©es de blanc, comme elles Ă©taient longues et effilĂ©es! Comme le cousin avait de la chance! Il devait ĂŞtre fier de se montrer en public en tenant la main de sa femme!Ă€ la toute fin de l’après-midi, nous avions tout rangĂ©. Un parfum de latex flottait dans l’air. Elle dĂ©crĂ©ta :― Nous mĂ©ritons bien un p’tit apĂ©ritif avant le repas, n’est-ce pas? Ce soir, on fait les couch potatoes devant une vidĂ©o!Je m’enfermai dans le mutisme, bien dĂ©terminĂ© Ă ne pas croiser son regard. Elle ne hasarda pas de remarque en me dĂ©capsulant une bouteille de bière.― On trinque, mon chou?Je me composai un masque vide de toute Ă©motion.Nous nous changeâmes : elle avait enfilĂ© un short et un t-shirt sous lequel elle ne portait visiblement pas de soutien-gorge. Elle fit l’essentiel de la conversation durant le repas. Puis nous nous installâmes au salon devant le tĂ©lĂ©viseur, affalĂ©s chacun Ă une extrĂ©mitĂ© du canapĂ©. Elle avait choisi un classique en noir et blanc, Le blĂ© en herbe. « Tu as lu Colette? » Non, je ne connaissais pas. Je me concentrai. Je voulais absolument ne rien manquer du film, histoire de ne pas penser Ă elle, mais des idĂ©es noires me brouillaient la vue. Dans ma tĂŞte jouait un tout autre film.Je me voyais me jeter sur Marion et la renverser sur le plancher. J’arrachais ses vĂŞtements et la forçais Ă se mettre Ă plat ventre. Après avoir Ă©cartĂ© ses cuisses, je dĂ©faisais lentement ma ceinture, baissais mon pantalon, exhibais mon membre zĂ©brĂ© de veines que j’enduisais d’une motte de beurre que j’avais prĂ©parĂ©e pour l’occasion (j’avais vu ça rĂ©cemment au cinĂ©ma en compagnie de Geneviève : ça nous avait Ă©cĹ“urĂ©s) et, enfin, je la sodomisais sans Ă©tat d’âme, sinon un sourire sardonique au coin des lèvres. Sans Ă©couter ses supplications, je la labourais mĂ©thodiquement jusqu’Ă ce que…Ma reprĂ©sentation privĂ©e s’interrompit quand la vĂ©ritable Marion Ă©tendit les jambes sur le canapĂ©. Peu après, elle s’Ă©tala franchement, tandis que je me contentais d’une toute petite place. Elle dĂ©posa son pied sur mes genoux. Puis le retira. Et encore le passa sous ma cuisse. Ă€ quoi jouait-elle donc? Les yeux sur l’Ă©cran, je mis toute mon Ă©nergie Ă ne pas me prĂ©occuper d’elle. Jusqu’Ă ce que son pied effleure mon entrecuisse.― Tu boudes encore, cousin? minauda-t-elle en passant et repassant le bout de ses orteils sur la bosse de mon pantalon. Viens ici, je vais te consoler, mon petit… ben pas si petit!De la main, elle me caressait Ă©nergiquement Ă travers le jean. Elle se colla Ă moi en abaissant mon zip. Elle susurra :― Prends-moi encore une fois…Je la bousculai et la renversai sur le sol et nous rejouâmes la scène du Dernier Tango. Elle ne s’y opposa pas. Il fallut mĂŞme qu’elle m’aide un peu, car je n’avais ni l’accessoire ni le calme olympien de Brando. J’Ă©jaculai Ă gros traits, longuement, profondĂ©ment. Nous haletions encore après de merveilleuses minutes d’immobilitĂ©.Marion se rĂ©fugia sous la douche, tandis que je me rhabillais sans me presser, comme pour faire durer le moment de grâce. Je rangeai la pièce tranquillement et souris en ramassant le short de Marion. Je m’apprĂŞtais Ă le humer, lorsque la porte d’entrĂ©e s’ouvrit brusquement :― Pierre-Olivier!? m’exclamai-je en cachant le vĂŞtement derrière mon dos.En me reconnaissant, son visage se rembrunit :— Tiens, tu es toujours lĂ , toi? Et Marion, elle est sortie?C’Ă©tait bien, lui. Un ĂŞtre carrĂ©, comme bien ancrĂ© dans le sol. Ouf! il ne s’Ă©tait rendu compte de rien. Marion rĂ©apparut, vĂŞtue d’une robe de chambre, et lui sauta au cou.― Pierrot? DĂ©jĂ de retour! Enfin!Enthousiaste comme une enfant, elle lui fit faire la visite du chantier. Elle me complimenta au passage, comme quoi mon aide avait Ă©tĂ© inestimable. Elle ajouta que je partirais demain. Eux-mĂŞmes pourraient retourner au chalet dès maintenant, pourquoi pas? Mais pouvait-il payer le cousin immĂ©diatement, comme ça ce serait rĂ©glĂ©?Pierre-Olivier se taisait, froid, sinon embarrassĂ© par ma prĂ©sence. Je prĂ©textai la fatigue et m’Ă©clipsai au sous-sol. Dans mon lit, je pouvais entendre sans comprendre leurs paroles Ă©touffĂ©es. Quelques Ă©clats de voix, puis le silence. Et le moteur d’une automobile qui dĂ©marre et qui s’Ă©loigne. Plus rien. Étais-je maintenant seul? Ils m’avaient donc vraiment abandonnĂ© la maison, sans me payer?