Nous nous promenions bras dessus bras dessous dans une des galeries marchandes des Champs-Élysées, lorsque le regard d’Élise se porta sur une boutique de dessous féminins coquins.— Ça te plaît, n’est ce pas, me dit-elle en souriant.— Autant qu’à toi, ma chérie. Reconnais qu’il y a de jolis ensembles en vitrine, et cela pimenterait encore plus notre relation— Petit coquin, je te reconnais bien là.— Nous sommes deux, me semble-t-il, même si tu n’as pas encore voulu sauter le pas. Si nous entrions dans cette boutique ?— Et si quelqu’un nous reconnaissait ?— Tu sais, plus anonyme qu’à Paris, c’est difficile. Et puis, si nous rencontrions une connaissance, nous pourrions toujours argumenter que nous venons chercher un cadeau surprise pour un anniversaire.— Décidément, tu as réponse à tout. Soit, tu entres le premier et je te suis.— Tu ne vas pas te dégonfler, une fois que je serai dans la boutique ?— Non, non, promis, juré.Prudent quand même, j’entrai dans la boutique, tirant Élise par la main. À l’intérieur, outre la vendeuse d’un certain âge, un homme, la cinquantaine, élégamment vêtu, attendait patiemment devant une cabine d’essayage.— Bonjour. Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? nous interrogea la vendeuse.— Nous avons repéré en vitrine un ensemble noir sur un de vos mannequins dans le coin droit.— Ah oui, c’est un nouvel ensemble qui a beaucoup de succès. Quelles sont les mensurations de madame ?— 90C et 40, répondis-je, sans avoir laissé le temps de répondre à Élise, qui partit d’un petit fou rire.La vendeuse sortit l’ensemble : un soutien-gorge redresse seins (j’ai horreur de cette expression, car les seins de ma compagne tiennent toujours bien et n’ont donc pas besoin de cet artifice. Mais il est vrai qu’il devrait les mettre encore plus en valeur), un porte-jarretelles mini et un string, le tout en soie noire bordée de dentelle, du plus bel effet.— Madame voudra certainement essayer. Installez-vous donc dans la deuxième cabine.Élise, un peu rouge de confusion, y entra et ferma hermétiquement le rideau, de peur d’être vue par l’homme qui patientait.C’est alors que le rideau de la première cabine s’ouvrit tout grand, laissant apparaître une créature de rêve, une grande blonde, les cheveux en queue de cheval, assez bien en chair, élancée, vêtue d’une guêpière rouge en satin, lacée sur les côtés, avec le porte-jarretelles intégré et d’un string mini mini qui ne cachait quasiment rien de son intimité. Du haut de la guêpière émergeait une paire de seins volumineux, rebondis, à faire bander un régiment de séminaristes !— Comment me trouves-tu, mon loulou ? déclara cette blonde, la quarantaine certainement, mais bien conservée, pas du tout gênée par ma présence, avec un accent qui sentait les pays de l’Est.— Ma-gni-fi-que, n’est-ce pas, monsieur ? répondit le quidam en me prenant à témoin.— Pas mal, en effet, balbutiai-je, encore sous le choc de la vision qui s’offrait à moi.— Dis donc, si tu t’intéressais plutôt à moi, m’interrompit Élise, enfermée dans sa cabine.Je tentai d’ouvrir le rideau, mais Élise me fit entrer et referma derrière moi.— Il fait quand même très sombre dans cette cabine. Tu permets que j’entrouvre le rideau pour faire entrer un peu de lumière ?Aussitôt fait. Je pus enfin admirer le corps d’Élise, depuis le temps que je rêvais de la voir vêtue de vêtements coquins. L’ensemble lui allait à merveille. Le soutien-gorge mettait en valeur ses seins, fermes, bien proportionnés, couronnés par deux aréoles brunes ovales et deux tétons que l’excitation de l’essayage faisait se dresser comme lorsque nous faisions l’amour. Le porte-jarretelles était mini, à la différence des porte-jarretelles que porte habituellement Élise quand elle veut me faire plaisir. Le string, petit triangle de soie noire, lui cachait tout juste sa toison qu’elle entretient toujours avec beaucoup de soin.Mon voisin s’adressa alors à sa compagne, ou sa femme, ou sa maîtresse, nous l’ignorions.— Ma chérie, tu me plais beaucoup dans cet ensemble, mais tu devrais aussi essayer ce nouvel ensemble qui plaît beaucoup à ta voisine, dans la cabine d’à-côté.Sans se dégonfler, toujours vêtue de sa guêpière rouge vif, la chérie ouvrit le rideau de la cabine dans laquelle se trouvait la voisine en question et, avec son accent à rouler les r, elle demanda :— Vous permettez que je jette un œil ?Élise ne sut quelle attitude prendre face à une autre femme. Intimidée et impressionnée néanmoins par cette femme qui ne manquait pas d’audace et de prestance, elle tenta bien de se cacher les seins avec les mains, puis y renonça, certainement rassurée par ma présence.— Mais vous êtes superbe. Vous avez beaucoup de chance, Monsieur, dit-elle en se tournant vers moi. Je veux essayer le même modèle.Pendant que la vendeuse sortait le modèle dans la taille correspondante (95D et 44), notre Elvire, d’origine roumaine, cela ne s’invente pas, se débarrassa de la guêpière noire et du mini string et se retrouva complètement nue dans le magasin. Et dans le plus simple appareil, elle admirait mon Élise sous toutes les coutures, si j’ose m’exprimer ainsi, la faisant tourner pour mieux admirer cet ensemble coquin que je m’apprêtais à lui offrir, depuis le temps que j’en rêvais.Je ne savais plus où porter mon regard, essayant de me concentrer sur Élise dans cet ensemble qui lui allait si bien, mais fasciné tout autant par ce corps nu, bien en chair, mais pas trop, et cette paire de seins, certes volumineux et tombant un peu, mais tellement appétissants !Elvire eut la bonne idée de s’habiller du soutien-gorge, du porte-jarretelles et du string en soie noire, identiques à ceux que nous avions choisis, ce qui me permit de me concentrer à nouveau sur Élise.— Puisque nos femmes ont maintenant le même ensemble, nous voici devenus amis, osa mon voisin. Voici ma carte, samedi soir nous organisons une petite soirée entre amis. Vous êtes nos invités, n’est ce pas, Elvire ?— Excellente idée, mon chou, acquiesça la Roumaine.Élise me regarda un peu suspicieuse. Je lui répondis par un petit sourire à traduire par un « ne te fais pas de soucis ».Soudain, les évènements se précipitèrent. Qu’allions- nous décider ?— Et si nous allions prendre un verre ? lançai-je, sans trop réfléchir.— Très bonne initiative. Nous pourrions aller au Fouquet’s, de l’autre côté de l’avenue. Et je propose que nos femmes gardent leur nouvel ensemble sous leur manteau. Nous allons arroser notre rencontre dans la discrétion.Élise était de plus en plus inquiète de la tournure des évènements.— Qu’est-ce que nous risquons ? lui glissai-je à l’oreille. Il y a toujours beaucoup de monde. Ainsi nous pourrons vérifier à qui nous avons affaire.La vendeuse, qui avait tout entendu, offrit un grand sac à nos deux femmes, dans lequel elles purent emmener leurs effets devenus inutiles.Je dois avouer que j’étais très fier d’avoir Élise à mon bras, vêtue simplement de cet ensemble coquin sous son manteau. Et l’attitude de Lucien me rassurait. Il était dans les mêmes dispositions que moi.Nous entrâmes tous les quatre au Fouquet’s. Il y avait une table libre avec banquette et deux fauteuils. Nous laissâmes Elvire et Lucien s’installer sur la banquette. Le maître d’hôtel proposa à ces dames de les débarrasser de leur manteau, d’autant qu’Elvire portait un manteau de fourrure. Mais la décence fit que nos dames déclinèrent la proposition.Ce fut l’occasion d’apprendre que Lucien avait fait fortune dans le commerce des céréales en direction des pays de l’Est, jusqu’à la chute du mur, et qu’il avait fait la connaissance d’Elvire à Bucarest, où elle lui avait servi longtemps d’interprète. Fortune faite, ils pouvaient maintenant profiter à plein de la vie.Nous bûmes quelques whiskies et nous fûmes rassurés sur nos hôtes du samedi à venir. Lucien insista pour que nos femmes portent la même tenue coquine « en toute discrétion » insista-t-il, sentant la réticence d’Élise.Le samedi arriva très vite et je rappelai à Élise l’engagement pris.— Tu crois, me demanda-t-elle, mais je ne peux quand même pas y aller uniquement en manteau ?— Bien entendu que non. Mais tu as une petite robe de cocktail noire qui te va à merveille. L’occasion de la porter.Élise fut rassurée par ma proposition et nous nous rendîmes chez Elvire et Lucien dans un luxueux appartement de l’avenue Foch.Elvire nous accueillit avec toute la chaleur propre aux personnes originaires des pays de l’Est. Elle avait revêtu une longue robe fourreau noire, largement fendue sur le côté, avec un grand décolleté mettant à nouveau en valeur cette poitrine qui m’avait tant impressionné et que le soutien-gorge redresse seins favorisait encore plus.Les présentations nous donnèrent l’occasion de faire la connaissance avec plusieurs couples mixtes, originaires tant de Roumanie, que de Pologne et de Russie. La soirée promettait d’être particulièrement arrosée. Et, de fait, sur fond de musique tzigane, la vodka commença à couler à flot.Une grande table avait été dressée, couverte de fleurs. En entrée, le caviar, arrosé de vodka , nous fut servi dans de grandes coupes d’argent. Puis, en guise de plat principal, nous fut servi un coulibiac de saumon de haute facture et, en dessert, une omelette flambée digne des grandes tables. Le café et les cigares nous attendaient au salon.C’est alors qu’un convive, Boris, pas mal imbibé, interrogea Elvire.— Ma chère amie, je dois te féliciter, tes nouveaux amis sont charmants, vraiment. Mais tu ne nous as pas dit comment tu les as connus.Si Élise, rouge de confusion, avait pu se cacher sous la table, elle l’aurait fait sur le champ ! Devant son trouble, Boris insista.— Y aurait-il un petit secret ? Ma chère Elvire, tu n’as jamais eu de secret pour ton ami Boris. Dis-moi tout !Comment Elvire allait-elle s’en sortir ?— Oh c’est tout simple. Nous étions toutes les deux dans le même magasin cette semaine et nous avons sympathisé.— C’est tout ? Ta réponse ne me convient pas.— Si, si, je t’assure que je te dis la vérité, n’est-ce pas, Élise ?— Oui, oui, balbutia-t-elle.— Vous nous cachez quelque chose toutes les deux, répliqua Boris, pas dupe. Tenez, buvez toutes les deux un verre de vodka à la russe et dites- moi tout.Joignant le geste à la parole, Boris remplit trois verres de vodka à ras bord. Il but le sien cul sec et obligea Élise et Elvire à faire de même. Elvire balança son verre derrière elle et dopée par la vodka, confessa :— Nous avons acheté les mêmes sous-vêtements coquins dans le même magasin.— Mais vous êtes des petites cachottières, comme on dit en France ! Musique. Baissons les lumières. Vous allez vous déshabiller toutes les deux et nous montrer ça.Comme par enchantement, l’intensité des lumières diminua sensiblement et une musique tzigane très romantique démarra. Elvire prit Élise par le bras et se mit à danser langoureusement, sous les encouragements des invités.Lentement, avec beaucoup de dextérité, Elvire, tout en continuant de danser, fit descendre progressivement les fines bretelles de la petite robe noire d’Élise. Arrivée à hauteur des seins d’Élise, Elvire la serra contre elle. Compte tenu de la différence de taille, Élise avait la tête nichée dans la poitrine d’Elvire. Comme je l’enviais… Enivrée par le parfum d’Elvire, Élise saisit le fermoir de la robe de sa partenaire et le fit descendre avec beaucoup de délicatesse.Elvire n’eut aucun mal à enlever la petite robe de cocktail d’Élise, permettant à l’ensemble des convives de découvrir et d’admirer le petit ensemble coquin qui aurait dû, initialement, rester entre nous.Élise éprouva plus de difficultés à déshabiller Elvire, et à lui enlever sa longue robe fourreau. Elvire, en bonne hôtesse, l’aida. Et, soudain, nos deux nouvelles amies apparurent triomphantes, dans la même tenue coquine, sous les applaudissements approbateurs de tous les convives.Boris proposa un toast général, cependant qu’Elvire embrassait langoureusement Élise pour la beauté du spectacle, supposai-je. Sous l’étreinte, les deux femmes tombèrent sur l’épaisse moquette et se mirent à rouler ensemble, toujours liées par un profond baiser qu’elles échangeaient avec volupté, plaisir, violence.Alors que Boris, de plus en plus éméché, s’apprêtait à arroser de vodka ces deux amantes, Elvire se releva, prit fermement Élise par le bras et l’emmena de force hors du salon.— À tout à l’heure, mes chéris ! cria-t-elle en prenant congé.Lucien partit d’un grand éclat de rire et, tout en m’invitant à trinquer avec lui, déclara :— Nous voilà cocus, mon ami !