Résumé de l’épisode précédent Nos deux « héros » ont conclu et s’endorment, enlacés, toujours privés d’électricité. Mais que va-t-il pouvoir encore se passer ?Dimanche matin :Jeff fut réveillé par le soleil qui entrait dans la chambre. Pas de surprise, en ce dimanche matin, il savait à côté de qui il avait dormi. Il se retourna. Madeleine ! Elle s’était débarrassée de son pyjama, haut et bas et ne portait plus qu’un t-shirt qu’elle lui avait emprunté. Couchée en chien de fusil, elle lui offrait le spectacle divin de son petit cul nu. Il observa, fasciné, le bas de ses reins. Ces deux globes fermes qui le narguaient appartenaient à une femme qui frisait la soixantaine. Il les avait caressés, avec passion et des deux mains, la veille et à leur vue son désir renaissait. Soudain, il réalisa : Madeleine, au trois quarts nue, la couette rejetée au bas du lit, cela ne pouvait signifier qu’une chose : l’électricité avait été rétablie.Alors qu’il tendait la main vers ses fesses, il stoppa son geste. Un bruit au rez-de-chaussée avait attiré son attention. Plus exactement le grincement de la porte de la cuisine. Si on l’ouvrait normalement, elle ne produisait aucun son, mais si on tentait de le faire silencieusement, sadiquement, elle grinçait sur ses gonds. C’est ce qui venait de se produire. Mathilde et le connard ! Ce ne pouvait être qu’eux ! Le SMS qu’elle lui avait envoyé ne lui faisait pas craindre la réaction de sa femme, mais il ne savait pas de quoi était capable, le beau Jacky. D’ailleurs, il la voyait mal se pointer. Mais l’autre ! Mathilde ne lui aurait pas donné sa clé. Trop occupé qu’il était à lutiner Madeleine, il avait dû une fois de plus oublier de fermer la porte d’entrée. S’il venait lui chercher des crosses, il allait le regretter. Jeff avait beau n’être qu’un bureaucrate, il avait dû subir tous les stages de techniques de défense. Et il n’était pas le plus mauvais en combat rapproché.Le beau temps était revenu, sans doute la décrue avait-elle commencé. La Lescherette, en torrent qu’elle était, descendait aussi vite qu’elle montait. On pouvait sans doute traverser le pont, du moins à pieds. Après avoir vérifié que sa compagne dormait toujours, il se leva et, en essayant de se montrer le plus discret possible, il descendit.En entrant dans la cuisine, il se trouva nez à nez avec la gueule noire d’un pistolet style Glock ou Beretta, genre d’arme qui ne vous incite pas vraiment à faire le malin. Et l’hurluberlu qui tenait le pistolet n’était pas le cocufieur jaloux, mais ce foutu immigré suédois dont la radio avait parlé. Machinalement, il leva les bras. Et lui de poser cette question qui montrait la hauteur de son Q.I.— Qu’est-ce tu fous là , toi ?Jeff lui aurait bien répondu qu’il était chez lui, mais il préféra se taire.— J’trouve c’tte vieille baraque pourrave au fond du désert et faut qu’elle soit habitée. Fais chier, man. T’es tout seul ?Avant qu’il ait eu le temps de répondre, Madeleine vêtue de sa seule nudité apparut.— Fatche de pute… une meuf… et à poil ! Pas mal roulée pour son âge. Tu dois pas t’embêter mon salaud. J’entrave mieux… Z’êtes venus là pour jouer tranquillou !Tétanisée par la vue de l’homme ou du pistolet, elle restait figée, les bras ballants offrant au regard concupiscent du Suédois une vue panoramique sur son anatomie. Jeff se plaça devant elle.— Qu’est-ce tu fais, toi ? Bouge, je veux mater mamie.Le mot mamie ne plut pas, mais alors pas du tout à Madeleine. Elle repoussa Jeff et, mains sur les hanches, elle affronta la petite gouape.— Vous vous prenez qui, espèce de goujat ! Vous avez été élevé dans une porcherie ! Vous croyez que votre mère serait fière de vous si elle vous entendait parler ainsi à une dame. Je dis pas votre femme parce qu’avec un tel manque d’éducation, ça m’étonnerait que vous en ayez trouvé une.Jeff béait d’admiration devant l’audace de Madeleine, mais il craignait que la réaction de Willander. Surtout que pris par sa diatribe, elle ne s’apercevait pas du spectacle qu’elle donnait : ses petits seins aux tétons excités ballottaient au rythme de sa gesticulation, ses yeux brillaient de colère. Il avait envie de la prendre dans ses bras et il supposait que le Suédois devait éprouver les mêmes sentiments. Il se trompait gravement.— Fermez-la ! Bouclez-la ! Taisez-vous ! Fatche de salope ! C’est pas vrai ! La scoumoune me poursuit. J’en chie comme un Russe pour traverser le pont plein de merde. J’m’dis les bouseux ont dû être évacués ? J’choisis la turne la plus pourrave. Et je tombe sur une baraque où y’a une vieille et son gigolo qui prennent du bon temps. Et toi, tu dis pas du mal de ma maternelle, compris ? Bon faut que tu te rhabilles, sinon tu vas prendre froid et tu vas encore m’avoiner. Tes fringues sont dans le baisodrome, j’suis sûr ! Allez, on va chercher.D’un geste éloquent de son pistolet, il indiqua à Madeleine de se bouger.— Toi aussi, le matou. Tu suis. T’as du goût pour les vieilles ! Je reconnais qu’elle est bandante, mamie, avec ses petits seins et son cul qui tombe pas trop. Et t’as vu comme il remue… eh bé, t’as pas dû t’ennuyer.Jeff ne savait pas quel jeu Madeleine jouait, mais elle en rajoutait. Elle montait l’escalier en tortillant du cul de manière plus que suggestive.— Si c’est comme ça que vous parlez aux dames, je comprends que vous soyez contraint à la masturbation. Ou au viol. Non, c’est pas votre style !— Elle est marrante, la daronne. T’as raison ma poule, je respecte les dames, mais t’as tort, la veuve poignet, c’est pas mon truc et si t’avais déjà pas un coquin, j’t’f’rai une démonstration.S’adressant à Jeff :— J’t’comprends, vu comme elle tortille du valseur, ce doit être un sacré bon coup. Ses heures de vol, ça devient bonus.Entrée dans la chambre, Madeleine enfila le premier vêtement qu’elle trouva : le peignoir de Mathilde qui traînait sur une chaise. S’il ne couvrait pas grand-chose, il cachait au moins l’essentiel.— C’tte crèche me plaît bien. Avec le ruisseau qui déborde… J’aurais dû être tranquille… J’m’porte la poisse, c’est pas possible. Ce poulet qui débarque et qui veut jouer au héros. I m’a foutu les jetons ce con. J’voulais pas lui tirer dessus. Qu’est-ce que je vais faire de vous ? J’ai flingué un putain de flic, alors je n’ai plus rien à perdre. Si vous faites les malins, j’vous colle une bastos à chacun et on n’en parle plus. Alors vous avez intérêt à la jouer calmos.Jeff décida d’intervenir. Borg n’était pas un tueur. S’il apprenait que son collègue n’était que légèrement blessé, ça risquait de changer beaucoup de choses.— Le flic, c’est celui du cambriolage à Bellecour ? demanda-t-il calmement— Vous avez écouté la radio, vous ? Pas à Bellecour, mais rue de la Ré…— Donc, c’est vous ! Le flic n’est pas mort. Vous l’avez seulement légèrement blessé.— C’est vrai ? Vous ne me racontez pas des putains de craques ?— Pourquoi vous raconterais-je des « craques » ? On est à votre merci, ce ne serait pas notre intérêt.— Alors, je ne suis pas un assassin…Il se précipita sur Jeff et l’enlaça brièvement, avant de se reculer et de les braquer à nouveau.— Merci, merci… Vous êtes un aminche !— Un « aminche » que vous menacez avec un revolver, s’exclama Madeleine.— Pas un revolver, ma petite dame… un pistolet… un revolver a un barillet, un pistolet, un chargeur, répondit-il en secouant l’arme sous leurs nez— Revolver ou pistolet, c’est du pareil au même, s’enflamma-t-elle. Vous nous menacez.— La ferme ! Il faut que je réfléchisse.Il regarda autour de lui. Ses yeux s’arrêtèrent sur la fenêtre, plus précisément sur les gros rideaux qui, l’été, préservaient la fraîcheur de la chambre et l’hiver empêchaient le froid d’entrer. Jeff vit un sourire éclore sur son visage. Le truand s’approcha et arracha sans précaution les cordons qui servaient à fermer et ouvrir les tentures.— On va pas séparer les tourtereaux. Allongez-vous sur le lit.— Vou… vous allez nous attacher au lit ? demanda Madeleine qui perdait un peu de son sang-froid.— Ben oui, ma poule. Je vais vous attacher ensemble. Comme ça vous pourrez vous réchauffer, même vous câliner. Il est pas gentil, Bjorny !Jeff intervint pour la première fois :— Pourrions-nous passer aux toilettes avant ? Vous ne voudriez pas que mon amie fasse sur elle.— Qui t’a dit de l’ouvrir, l’gigolo ?Après une hésitation.— Bon, t’as raison. Faut être galant surtout avec les dames. Mamie, tu peux y aller. Si tu essaies de te casser, j’l’flingue.— Mamie ! Quelle galanterie, pesta Madeleine en se dirigeant vers les w.c. Si vous m’appelez encore une fois mamie, vous le regretterez.Willander éclata de rire :— T’as du caractère, ma belle ! J’aime ça chez une greluche ! Dommage que tu sois déjà en attelage.Jeff craignit que, par sadisme, surtout après la dernière remarque de Madeleine, il l’empêche d’y aller. Mais non. Après qu’ils eurent satisfait leur besoin, ils revinrent dans la chambre.— Au paddock, les amoureux.Il les fit allonger face à face, ventre à ventre. Il obligea Jeff à lier étroitement leurs chevilles opposées. Ensuite, il fit de même avec leurs poignets.— Vous allez pouvoir vous bécoter autant que vous voulez. J’suis trop gentil. N’essayez pas de descendre du pieu, là j’serais moins gentil.Et il les quitta, laissant la porte de la chambre ouverte. Dès qu’il eut disparu, les nerfs de Madeleine lâchèrent. Son corps ne fut plus qu’un tremblement qui, par leur proximité forcée, se propagea dans celui de Jeff. C’est la seconde fois qu’elle craque en deux jours, remarqua-t-il dans sa Renault intérieure (j’en ai marre de Ford et écrivons Français). Cette nana est incroyable. Elle est d’un sang-froid sidérant dans l’action, un vrai mec et redevient une pauvre chose fragile dès le retour au calme. Maladroitement, il entreprit de remonter sa main pour lui caresser tendrement le visage.— C’est juste un mauvais moment à passer. Je le connais. C’est une petite frappe en cavale, pas un tueur. Il a peur. Maintenant qu’il sait qu’il n’est pas un assassin. Si nous ne l’affolons pas, il ne nous fera pas de mal.Toujours pleurant, elle demanda :— Tu le connais… Mais il…— Quand je dis que je le connais, je veux dire que j’ai eu son dossier entre les mains.— C’est pour ça que tu es resté si calme.Parler semblait l’apaiser. Il entreprit de lui réciter le curriculum vitæ de Bjorn Willander en s’étendant sur sa réaction quand il avait appris que le flic était vivant. Cela rassura Madeleine. Jeff se rendit soudain compte qu’il bandait. Quand il était descendu, attiré par le bruit, il n’avait pas songé à s’habiller : il ne portait qu’un t-shirt. Dans les mouvements désordonnés provoqués par la panique de Madeleine, celui-ci était remonté libérant ses génitoires tandis que le peignoir de celle-ci qui fermait mal s’était ouvert. Le mont de Vénus soubresautant contre sa queue avait provoqué cette réaction naturelle. Le désir le prit. Hypocritement, sous couvert de la consoler, il passa leurs bras derrière son dos qu’il caressa du haut des omoplates au bas des reins. Une caresse qui se voulait tendre et rassurante… L’étrangeté de leur situation rajoutait à son excitation. Madeleine ne pourrait pas ignorer longtemps son état d’ailleurs son corps réagissait : ses tétons durcissaient. Il le sentait à travers le tissu de son t-shirt. Les ballottements involontaires et heurtés de son bassin se transformèrent en oscillations lascives. Sa respiration qui avait retrouvé le ronron du repos s’affolait de nouveau.D’une voix chavirée, elle l’interrogea :— Est-ce qu’on est en train de faire ce que je crois qu’on fait ?— Oui je crois, lui murmura-t-il au creux de l’oreille en la baisouillant. C’est horrible, mais je suis excité comme une puce.— Ça, je le sens. Et même une puce avec des arguments de poids si j’en juge par le volume de la raideur qui frotte contre ma toison.— Je suis désolé, mais je ne contrôle rien.— Ne sois pas désolé, mon chéri. Depuis hier, ma vie est devenue un tourbillon. À soixante ans, je vivotais aux côtés d’un mari que je n’aimais plus, attendant la vieillesse. Que tu aies pu me désirer, c’était extraordinaire et pour tout dire inespéré. Tu m’as ramenée à la vie. Alors aujourd’hui, on se retrouve attachés l’un à l’autre pour une nouvelle aventure : je prends. Mais assez parlé, moi aussi, j’ai envie. Il va peut-être nous tuer alors autant partir en beauté.Ils s’embrassèrent fougueusement. Leurs bras tentaient des étreintes et des caresses, mais ils étaient gênés par les liens qui les entravaient. Difficile de s’enlacer avec leurs membres étroitement liés. À l’issue d’une reptation instinctivement coordonnée, ils avaient écarté leurs bassins et une paire de bras s’était insinuée dans l’espace créé. Une main droite, fine, fuselée, ridée enserrait une bite gonflée à bloc et la masturbait au rythme imposé par les gros doigts malhabiles qui taquinaient un clitoris dressé sous son petit capuchon. Bien que la position soit inconfortable ou peut-être parce que…, Jeff sentait son excitation monter, monter. Lorsque son index parvenait à s’aventurer entre les larges lèvres entrouvertes, il constatait avec plaisir qu’une certaine humidité régnait en ce lieu augurant que Madeleine gravissait les marches en même temps que lui. L’un et l’autre avaient oublié Björn Willander. Seule comptait la satisfaction de leurs désirs.C’est elle qui prit l’initiative de les faire basculer. Jeff se retrouva allongé sur le dos. Ainsi leurs bras acquéraient une nouvelle autonomie. Cela devint très compliqué lorsqu’elle voulut écarter leurs jambes. S’ensuivit une gesticulation pour qu’à la fin, jambes tendues et écartées, pieds plantés dans le lit, la bite de Jeff se présentait à l’entrée du temple d’amour largement ouvert. Malheureusement cette gymnastique avait fait baisser la tête du vit. Cela n’arrêta pas Madeleine. De sa main droite traînant à sa suite la gauche de Jeff, elle dirigea le membre, qui sous son attouchement retrouvait son honneur, vers sa vulve. Une projection de bassin opportune et Popaul avait atteint sa cible.Cette intrusion réussie, il leur fallut encore quelques acrobaties. Celles-ci génératrices, à cause/grâce aux frottements/glissements du membre dans le fourreau, d’une importante montée d’adrénaline. Aussi quand Madeleine, profondément embrochée sentit le corps de son amant s’écraser sur elle dans un nouveau renversement, le compte à rebours était lancé. Oubliant, une fois de plus tout ce qui les entourait, ils partirent dans un voyage tournoyant. Elle, les fesses au plafond, lui, le cul dans le matelas… Lui, les fesses au plafond, elle, le cul dans le matelas. Lui en elle, elle… Elle jouit dans un feulement digne du lion de la MGM. Il allait la rejoindre quand elle se mit à hurler. Débandade instantanée.— Qu’est-ce que tu as ?— T’es vraiment con, toi ! Tu vois pas qu’elle a une crampe. Jambe droite, interrogea-t-il ?— Ouuii.Et Willander de prendre leurs pieds droit/gauche et d’étirer la jambe de Madeleine.— Tourne-toi ! Laisse-la respirer.Jeff, abasourdi, effaré par la présence de Willander dans la chambre, obéit mécaniquement. Il s’effaça sur le côté, entraînant sa partenaire à sa suite et la libéra de son poids. Il réagit alors que le truand massait la cheville droite de Madeleine qui peu à peu retrouvait des couleurs.— Qu’est-ce que vous faites là  ? Vous nous avez matés ?Jeff battait des records deux questions idiotes à la suite.— Vu le barnum que vous menez, j’allais pas rater ça. Et y’avait rien à la téloche ! D’ailleurs elle marche pas faudrait que tu fasses quelque chose. Vu le bordel, on est chez toi, le gigolo. Oui, j’vous ai matés. Et j’ai kiffé la performance de Mamie. Elle se défend.— Arrêtez de m’appeler mamie. Vous avez de la chance que je sois immobilisée et que vous massiez divinement bien.— Z’avez pas tort m’dame ! Comme tu drivais ta monture, on aurait pas dit qu’t’avais dépassé la date de péremption. Mais tu m’as fait peur quand tu l’as basculé et que t’as fait de l’escalade. Une vraie petite contorsionniste. À ton âge, faut le faire. Y’a bien des jeunettes qui se seraient ramassé la crampe du siècle ou qu’auraient quitté la route. Mais non. Tu t’es mise en selle et t’as entamé un petit trot. Ton petit cul qui remuait, putain c’était du lourd. J’aurais pas été si respectueux, j’aurais bien participé. Ta rosette qui frémissait, c’était un vrai appel.— Oui, j’ai constaté. Mais quand vous avez sorti la bête, je vous ai fait signe de rengainer.Les yeux de Jeff ! Elle l’avait vu et ça ne l’avait pas perturbé, voire ça l’avait…— J’ai respecté, j’aurais pas voulu gâcher ton plaisir surtout qu’à ton… C’était bien au moins ?— Comme vous l’avez bien vu, j’étais passé du trot au galop. Nous n’étions pas loin de l’arrivée, j’ai passé la ligne toute seule. S’il n’y avait pas eu cette « putain » de crampe et que j’emmène Jeff au paradis, ça aurait été grandiose…— Et ton Gigolo, yeux fermés, il dégustait. S’est même pas aperçu que j’étais là  ! Trop concentré… et pas de tomates !Tout en devisant, le truand continuait son massage. Jeff, complètement largué, trouvait la scène totalement surréaliste. Madeleine, toujours entravée, collée à lui, nue, discutait, tranquille, souriante, de leurs étreintes avec leur agresseur comme s’il parlait d’une course de chevaux. Cette situation aurait pu être glauque, mais le parfait naturel du duo la rendait presque drôle.Le massage cessa. Willander se recula et lança à Madeleine.— Tu te sens mieux, poupée ?— Oui ! Merci ! Au risque de me répéter : vous avez des mains magiques. Vous vous seriez fait des couilles en or comme masseur et vous ne seriez pas à fuir…— Dans mon HLM, masseur, c’était un taf pour les tarlouzes. Z’êtes bien gentille, ma p’tite dame. J’vous aime bien, mais on n’a pas grandi dans les mêmes quartiers.— Vous êtes un gentil garçon, minauda la p’tite dame, vous pourriez nous détacher. Nous…— La meuf, stop !, s’énerva-t-il. Faut pas prendre pour un cotorep ! J’suis gentil, mais pas débile.Changeant de ton et de sujet.— En tout cas, faudrait te calmer. À ton âge, faut pas abuser ! C’était un peu trop sportif ! Des galipettes comme ça, c’est un coup à t’envoyer à l’hosto.Ce retour « à la normale » rendit la voix à un Jeff qui, bien que très énervé par la tournure prise par les évènements, parla calmement :— Détachez-nous. Comme vous l’avez vu, nous ne sommes pas un couple, mais des amants. Nos conjoints ne savent rien.— Et nous n’avons aucune envie qu’ils l’apprennent. Mon mari est très jaloux. Ils nous tueraient, enfin Jeff sûrement, surenchérit Madeleine en faisant un clin d’œil au truand.Cette nana l’époustouflait, en pleine tourmente, elle trouvait de faire de l’humour.— Je vous ai dit, je suis pas complètement débile. Maintenant que vous vous êtes essoré les glandes, j’veux plus vous entendre. Vous n’avez qu’à pioncer.Le truand quitta la chambre. Fausse sortie. Il repassa la tête.— Une dernière chose, le gigolo. La prochaine fois, fais, au minimum, un doigt de conversation au p’tit fripé de l’arrière. À la manière dont il frétillait, madame ne demandait que ça. Pas de reproche, les conditions étaient spéciales, mais penses-y.Et il disparut. Les deux se regardèrent.— Ben il manque pas d’air ! Nous donner des conseils ! N’importe quoi.— Désolée, lâcha Madeleine.— Pourquoi serais-tu désolée, ce n’est pas de ta faute si cet individu nous a regardés.— Ça, je m’en fiche. Au contraire, c’était excitant ! Sauf quand il a sorti son gros zizi. Là , j’ai eu un peu peur. Mais quand je lui ai fait signe que je n’étais pas d’accord, il a tout rentré.— Tu es vraiment trop…— Il était super drôle. Il me faisait des grimaces et des signes d’encouragement. Et puis il a dit que j’assurais.— Alors si ce n’est pas ça, je ne comprends pas pourquoi tu es désolée— Ben de t’avoir abandonné en plein vol.Incroyable ! Cette femme était vraiment un cas, mais aurait-il eu les yeux de Chimène pour elle si les circonstances ne lui avaient pas fait prendre racine en sa demeure. Hier, elle lui avouait qu’elle avait fait deuil de sa féminité après avoir, selon ses dires, mené une vie de fidélité et aujourd’hui, alors qu’ils étaient pieds et poings liés, elle s’éclatait parce qu’un mec les avait matés et se faisait du souci parce qu’il n’avait pas joui. Son crétin de mari avait vraiment raté le coche. Jeff se mit à espérer que leur mésaventure aurait une issue heureuse. Et si telle était le cas, il croisait les doigts pour que…— T’es vraiment… Tu auras l’occasion de me le rendre plus tard enfin si tu en as envie et… si on s’en sort vivants.— On va s’en sortir, mon ami. Tu avais raison, ce n’est pas un vrai méchant.— Tu as un optimiste qui fait du bien, Mad. Oup’s, ça ne te dérange pas que je t’appelle comme ça ?— Non, au contraire… Jackie m’a toujours appelée Mado et j’en étais arrivée à détester ce diminutif. Alors Mad, j’aime bien ! Serre-toi contre moi.Les émotions et un peu leur partie de radada les avaient fatigués. Ils s’endormirent dans les bras l’un de l’autre… mais avaient-ils le choix ?#***************#L’obscurité, la faim, l’ankylose et le silence, dans le désordre réveillèrent Jeff. Madeleine, les yeux grands ouverts, le contemplait. Leurs regards s’emmêlèrent. Leurs mains gauche/droite se caressèrent le visage. Lentement, ils réintégrèrent la réalité.— J’ai envie de pisser, annonça prosaïquement Madeleine, et je ne vais pas tenir longtemps.Ils appelèrent et appelèrent encore. Leurs cris ne déclenchèrent aucune réaction de leur ravisseur.— J’ne peux plus Jeff. Je vais faire dans ma culotte.— Je te rappelle que tu n’as pas de culotte.— Bon ben je vais faire sur moi, si tu préfères et vu nos liens indéfectibles, je vais faire sur nous.Une pensée perverse, qu’il repoussa aussitôt, traversa son esprit.— On va bien arriver à se détacher.— Non, pas le temps !— OK ! Les toilettes sont juste à côté, on va bouger.— Parce que tu crois que saucissonné comme on est, j’y arriverai ?— Faudra bien.Sans attendre, Jeff avait commencé à rouler sur le bord du lit côté porte. Afin de se stabiliser, il posa leurs pieds droit/gauche sur le sol puis dans un mouvement de bascule, les deux autres suivirent. Il devait garder ses jambes tendues sous peine de mettre à mal celles de Madeleine. Au-dessus de lui, elle pesait de tout son poids, heureusement léger, et rendait la manœuvre difficile. Deux mains en appui sur le matelas, les deux autres autour de son cou plaquant le corps féminin contre le sien, il entreprit de se relever. Une paire de pieds dérapa et ce fut la chute des corps amortie par le moelleux de la descente de lit à poils longs. Madeleine éclata de rire, mais se reprit très vite.— Dépêchons-nous ! Je crois que j’ai eu comme une absence.Jeff ne fit aucun commentaire. Il avait senti « l’absence » contre sa cuisse. Sans chercher à se relever, ils rampèrent tant bien que mal jusqu’à la porte. En s’aidant du loquet, ils parvinrent à se relever. Ils ouvrirent la porte, et en clopinant atteignirent les toilettes.La question se posait. Comment allaient-ils se débrouiller ?— À la guerre comme à la guerre.Madeleine se plaça fesse en face des toilettes. Elle leur écarta les jambes pour pouvoir enjamber la cuvette et positionner son minou au-dessus de la lunette. Ils plièrent les jambes autant qu’il leur était possible. Dans ce mouvement, leurs torses s’éloignèrent. Ils durent s’agripper à leurs mains aux genoux, pour parvenir à un équilibre précaire.— Je crois qu’on fera pas mieux. Ferme les yeux, s’il te plaît.Jeff sourit intérieurement ce retour de pudeur tardif après ce qu’ils avaient vécu, mais il s’exécuta. La miction ne se fit pas attendre et au bruit évocateur qu’elle émit, nul doute ne pouvait subsister sur l’urgence du besoin.— Ouf ! Je me sens mieux !Et les redressant, il l’embrassa à pleine bouche. La bizarrerie de la situation avait déclenché une érection qui vint rebondir contre le ventre de son binôme. Elle se frotta contre lui l’espace d’un instant avant de se reprendre.— Ce n’est pas le moment. Tu ne trouves pas bizarre qu’avec le raffut qu’on a fait, notre mateur ravisseur n’ait pas réagi…Soit il dormait profondément, soit il s’était enfui. Ils devaient vérifier. Après une descente d’escalier chaotique, ils parvinrent à la cuisine. Après avoir constaté l’absence de Willander, en utilisant un couteau à viande, ils parvinrent, sans se couper, mais pas sans difficulté, à se désunir. Aucune trace du malfrat, il avait dû mettre les voiles.Leur sommeil avait duré plusieurs heures. À cette heure-là , Willander, même à pieds, devait être à des lieues. Il fallait que Jeff prévienne rapidement ses collègues. Il téléphonerait directement au SRPJ à Lyon, la réactivité serait autre que s’il appelait le 17. Mais le truand avait, prévoyant, pris la poudre d’escampette emportant avec lui smartphones et laptop. Il n’avait pas de ligne fixe. Il allait devoir se rendre chez Madeleine. Celle-ci tint à l’accompagner, elle ne voulait pas à rester seule. Ils s’habillèrent prestement.Lorsqu’ils sortirent, une surprise les attendait : la 108 de Madeleine s’était volatilisée. Conclusion, le pont devait être praticable. Il appela Lyon, s’identifia et fut mis en contact avec l’officier chargé de l’affaire.IL lui fit un rapide compte rendu des évènements. Ce dernier le remercia, lui dit qu’ils devraient faire une déposition, mais que ça n’avait rien d’urgent.Après avoir raccroché, il embrassa Madeleine qui durant toute la conversation s’était tenue collée à lui.— Ça va aller ?— Oui ! Et c’est complètement fou, je devrais être dévastée par ce qui nous est arrivé, mais en fait je suis super excitée. Non, vilain ! Pas sexuellement… Enfin pas seulement.Cette dernière remarque venait en réponse à une main qui s’insinuait entre ses fesses et au regard égrillard qui lui faisait écho.— C’est les journées les plus exaltantes que j’ai vécues depuis des lustres. Je suis vivante ! Et oui, j’ai envie de faire l’amour, de baiser, de m’envoyer en l’air avec toi, mais j’ai la dalle.Ils regagnèrent tendrement enlacés le chalet, sous le regard complice d’une lune bienveillante. Heureusement, le Suédois n’avait pas emmené les œufs. La demi-douzaine y passa accompagnée d’une boîte de petits pois rapidement cuisinée.Puis, tandis que Madeleine se faisait couler un bain, Jeff fit le tour du chalet pour voir les dégâts causés par Willander. En fait l’homme s’était assez bien comporté, il avait été jusqu’à laver la vaisselle qu’il avait utilisée. Par contre, il avait vidé le frigo de tout ce qui était immédiatement comestible.Il rejoignit Madeleine. La baignoire était remplie et, seule, une tête émergeait d’un nuage de mousse.— Je crois que je me suis servi des sels de Mathilde. Elle va peut-être pas aimer, mais j’en avais trop envie.— Je crois, répondit-il en parodiant son ton, qu’elle n’aura pas l’occasion de le constater.— Tu vas la…— Je vais la… non, je ne serai pas aussi direct que toi, mais nous allons nous séparer, c’est une certitude.— Viens !Ce qu’il fit après avoir ôté ses fringues. Elle ne mentait pas : elle avait envie… et pas seulement d’utiliser les sels. À peine fut-il dans l’eau qu’elle le chevauchait. Les mains plaquées contre les épaules de Jeff, elle frottait activement sa vulve contre ses génitoires. Elle n’eut guère de mal à rendre le pénis suffisamment opérationnel afin qu’elle s’empale dessus. Les yeux plantés dans ceux de son homme, elle entama un va-et-vient tranquille provoquant des gerbes d’eau qui inondèrent le carrelage de la salle de bain. Elle s’interrompit soudainement, le sexe roide de Jeff pointant au bas du col de l’utérus.— Tu sais, déclara-t-elle. Il n’avait pas tort.— Attends ! Je ne suis pas. Qui n’avait pas tort ?— Le bandit !— À quel propos ?— À propos de ma rosette ! Je suis… vierge de ce côté-là .— Et ?Jeff confusément sentait où elle voulait en venir. Mais il voulait qu’elle le dise, elle. Elle baissa les yeux et continua rougissante.— Ben… je ne voudrais pas mourir idiote.— C’est-à -dire ?Il prenait un malin plaisir à simuler l’incompréhension.— J’aimerais essayer. Je… je voudrais… je voudrais que tu me sodomises.— Pourquoi pas. Mais ça ne sera pas pour cette fois !L’émotion provoquée par ses mots avait déclenché des contractions spasmodiques de tous les muscles de son vagin. Jeff en avait immédiatement ressenti les effets et ses petits spermatos attendaient le coup de pistolet du starter. Inconsciemment, ses mains s’étaient crispées sur les hanches féminines. Elles enclenchèrent un mouvement d’oscillation auquel Madeleine ne put résister. La jouissance arriva très vite.La houle s’apaisa : ils continuèrent à se câliner, se bécoter comme des adolescents à leur premier rendez-vous. Il avait même dû sommeiller et dans cette demi-conscience, il se dit qu’avec Madeleine, ce ne serait pas lui qui aurait le contrôle.L’eau en refroidissant les tira de leur béatitude. Ils se séchèrent mutuellement. La situation faillit encore leur échapper, mais Madeleine réagit et le repoussa. Ils s’habillèrent silencieusement. Brutalement, sans qu’un mot ne soit prononcé, l’ambiance avait changé, s’était alourdie. Il se remémora instantanément cette même gêne qu’il avait ressentie le premier matin. Pas bon, ça ! Il craignait ce silence qui s’était installé entre eux. Elle rentrait dans sa coquille. Quand elle parla, ce fut pour déclarer d’une voix linéaire :— Il est bientôt minuit, je vais rentrer chez moi essayer de dormir un peu et préparer les bagages de Jacky. Le pont est redevenu praticable. Je crains qu’il ne se pointe demain matin et je ne veux pas qu’il rentre dans la maison, ma maison.— Veux-tu que je t’aide ?— Non, je suis une grande fille. Je peux me débrouiller toute seule.Jeff eut l’impression de prendre un coup de poing dans l’estomac. Plus que les paroles en elles-mêmes, c’était le ton détaché ! Exit ce bon Jeff. Elle venait de le renvoyer dans ses quartiers. Il avait cru sentir une étincelle… Il avait oublié sa jeunesse, leur différence d’âge. Elle était plus réaliste que lui.— Bien m’dame, lança-t-il sur un ton qu’il voulut léger. C’est comme tu veux, tu choisis. Tous ces évènements m’ont donné faim. Je vais me prépare un casse-dalle.Il quitta la chambre sans se retourner. S’il l’avait fait, il se serait peut-être aperçu que Madeleine peinait à retenir ses larmes.#***************#Réfugié à la cuisine et plongé dans des pensées moroses, incapable d’aller se coucher, Jeff aurait bien grignoté quelque chose, mais le frigo avait été vidé par cet abruti de Willander ! Il s’était servi une lichette de gnôle, mais il n’y avait pas touché. En quarante-huit heures, sa vie avait été chamboulée. Un amour depuis longtemps consumé s’était éteint définitivement, déjà s’allumait une nouvelle flamme. Pour rester dans le registre incendie qui avait été le point de départ de tous ces bouleversements, cette idylle naissante n’avait pas fait long feu. Il n’aurait jamais cru être capable d’une si grande solitude. Elle lui…Dans le silence sépulcral, il entendit comme un murmure la sonnerie d’un téléphone, le sien. Le truand ne l’avait donc pas emporté. Il se dirigea machinalement vers l’origine du bruit. Le garage. Qu’est-ce que son smartphone… À l’instant où il y entrait, la sonnerie se tut. Mais il avait identifié la direction. Il aperçut d’abord son laptop et derrière lui deux téléphones : le sien et celui de Madeleine. Willander n’avait pas dû vouloir s’embarrasser avec ce matos et il l’avait glissé par l’interstice entre la porte du garage et le sol. Un bon gars, ce Suédois, il aurait pu tout jeter dans le torrent.Mathilde avait tenté de l’appeler plusieurs fois. Le dernier appel correspondait à la sonnerie qui l’avait entendue. Ras-le-bol des gonzesses ! Il n’allait pas la rappeler. Cependant elle avait laissé un message. Il l’écouta. Grand bien lui en prit. Elle l’avertissait :« Jeff, Jackie est parti depuis je ne sais pas combien de temps. Il était fou furieux ! J’ai essayé de t’appeler, mais je suppose que vous étiez trop occupés. En tout cas faites attention. »Il la rappela sans se préoccuper de l’heure. Elle était sur le chemin du retour. Elle lui expliqua :— Madeleine, ce matin, a envoyé un SMS. Elle lui a annoncé que lui aussi était cocu, que toi, tu ne t’étais pas contenté de la baiser. Et elle lui a répété que c’était fini entre eux. Qu’il la fasse cocue, normal, mais le contraire…Mathilde éclata d’un rire désabusé.— Vraiment le beauf complet. Il m’a bien eue… Faut-il que je sois nulle pour t’avoir trompé avec un tel connard ! Tu ne méritais pas ça.— Arrête Mathilde. Entre nous, il n’y avait plus que de l’amitié. Jacky, c’était l’opportunité…— Je suis désolée que tu l’aies appris de cette façon. Fais attention à toi.Dès qu’elle eut raccroché, il se précipita. Il fallait qu’il prévienne Mad. Les halogènes dont l’extrême sensibilité avait fait hurler de nombreuses fois Mathilde, l’hypocrite, illuminait la voiture de Jacky garée dans l’allée. Il arrivait trop tard. Madeleine, dans une robe de chambre informe, faisait face à un Jacky, échevelé. Rouge de colère, il hurlait tendant le poing vers sa femme. Jeff sauta par-dessus le portail, se précipita vers les protagonistes pour s’interposer entre eux. Madeleine l’apostropha.— S’il te plaît, ça ne te concerne pas. Tu n’aurais pas dû venir… Laisse-moi faire.Le regard qu’échangèrent Jeff et Madeleine malgré le ton qu’elle avait employé n’avait pas échappé au mari.— Alors c’était vrai ! Tu es vraiment une salope. Tu baises avec ce connard.Elle fit signe à Jeff de s’écarter puis se tournant vers son mari.— Hier, lorsque nous avons parlé au téléphone, il ne s’était encore rien passé. Mais depuis, oui, nous avons fait l’amour comme je te l’ai écrit. Pas baiser… fait l’amour et…— Pff. Il t’a mis sa bite dans ta chatte. Alors, il t’a baisée… Si tu préfères chochoter et dire faire l’amour. T’as couché avec ce blaireau, ce gamin maigrichon juste pour te venger. Je peux comprendre, t’étais en colère, mais je suis revenu et on va oublier tout ça.— Justement, tu n’as pas vraiment tout compris, mon pauvre chéri. Toi, tu me baisais, tu tirais ton coup, tu te vidais les burnes pour employer ton vocabulaire, mais avec Jeff…— Des conne…— Maintenant tu fermes ta gueule et t’écoutes.Madeleine énonça cela sans élever la voix, mais avec une froideur à congeler sur place le plus téméraire. Et Jacky, comme tous les machos grandes gueules, ne brillait pas par son courage.— Tu ne m’as pas laissé finir ma phrase. Donc je vais répéter pour que tu enregistres bien. Nous avons fait l’Amour. Pour ta gouverne, cela n’a pas duré cinq minutes douche comprise, mais plutôt des heures. Même au temps de ta splendeur, nous n’avons jamais atteint un tel degré de communion. Le temps, vois-tu mon pauvre Jacky : nous avons pris notre temps. Nous avons laissé mijoter. Une cuisson lente à feu doux, mais pour un résultat… En effet, tu ne peux pas comprendre.Se tournant vers Jeff.— J’ai fui tout à l’heure. J’avais peur. J’avais tort. Mais si tu le veux, nous recommencerons. Surtout qu’une partie du programme n’a pas été accomplie, termina-t-elle avec une œillade coquine.Jeff, sans se préoccuper d’irriter le mari, s’approcha et lui prit la main pour marquer son approbation.— T’as l’air maline. Tu te prends pour la femme du président. Elle au moins, elle ne ressemble pas à une mamie qui tient son fiston par la main.Elle retint Jeff qui avançait avec l’intention de faire ravaler ses paroles à Jacky.— Laisse ! L’insulte est l’arme des faibles. Quant à toi, Jacky, détrompe-toi. Je crevais d’envie de faire l’amour avec Jeff depuis quelque temps déjà . Peut-être, je dis bien peut-être et on ne le saura jamais, je ne l’aurais pas fait par respect pour toi. Pas par amour, car il y a longtemps que c’est un sentiment que nous ne partageons plus. Veux-tu que je te dise : ma première pensée quand j’ai compris que tu me cocufiais, ça a été le soulagement. Pas la colère, le soulagement. Un grand Ouf ! J’allais pouvoir, sans aucun état d’âme t’éjecter de ma vie et me laisser… Et puis ça ne te regarde plus.Elle énonçait cela comme des évidences sur le ton qu’elle aurait employé pour parler de la météo.— Et tu veux que je débarrasse le plancher pour que l’autre puisse emménager chez nous.— Je te rappelle que ce n’est pas chez nous, mais chez moi, que c’est la maison de mes parents.— Et je n’ai pas du tout l’intention de venir jouer les squatters, intervint Jeff.— Tais-toi, mon chéri. Quoi que tu fasses, quoi que je fasse, cela ne le regarde pas. Quant à toi, tu disparais de ma vue. Je te préparerai tes affaires et les mettrai dans le garage…— Je…— JE, rien du tout. Je te préviendrai quand tu pourras venir les chercher et la prochaine fois que je te verrai ce sera avec mon avocat.— Mais j’ai plus de fringues, larmoya-t-il.— J’y ai pensé.Elle rentra brièvement dans la maison pour en ressortir avec une valise à la main. Valise qu’elle jeta aux pieds de son bientôt ex-mari.— Et je vais où ?— Alors là , où tu veux… Tu peux rejoindre Mathilde, mais je ne suis pas sûr que t’avoir à demeure l’intéresse. Et de ce que m’a dit Jean-François, elle est trop bien pour toi. Et tu me rends les clés de la maison !Il les balança furieusement.— J’allais oublier : les télécommandes du garage et du portail également. Et tu ne les jettes pas.Elle s’avança vers lui et, dompté, il les lui tendit.— Maintenant, tu dégages.Les mains aux hanches, bien campées sur ses jambes, Jeff la trouvait bandante, malgré la robe de chambre tue-l’amour qu’elle portait. Il s’approcha d’elle. Passant ses bras sous les arceaux formés par les siens, il l’attira contre lui enveloppant ses seins de ses mains cajoleuses. Ils se tinrent ainsi immobiles jusqu’à ce que la voiture de Jacky eut disparu au bout de la rue. D’un geste sec, elle appuya sur la touche qui déclenchait la fermeture du portail.Elle se retourna vers Jeff, passa son bras sous le sien et, sans se retourner, l’entraîna dans la maison.#***************#La porte refermée, Madeleine éclata en sanglots. Jeff l’enveloppa dans une étreinte protectrice. La crise dura des minutes qui ne parurent pas du tout interminables. Sentir le corps de Madeleine frémir contre le sien, secoué, qu’il était par ses pleurs le mettait dans un état proche de la béatitude. Après la peur qu’il avait eue de la perdre, il la serrait dans ses bras et il savait qu’il ne la lâcherait plus. Quand le flot de larmes commença de se tarir, il tenta le mode plaisanterie :— La douleur qui se tait n’en est que plus funeste, comme disait un copain ! Ne t’enracine pas dans ce silence.— T’es con, toi, hoqueta-t-elle partagée entre rire et larmes. Je viens de refermer la porte sur une grande partie de ma vie et si je pleure, c’est de soulagement. Je ne sais pas ce que sera le reste of ma life, mais ce ne sera pas, ce long tunnel ennuyeux que j’avais comme seul avenir, y a encore une semaine. Ne profite pas de ma faiblesse pour me peloter.— Vous peloter, très chère, jamais je n’oserais !— Ah bon ! Alors ma roupane (employé par cheux moi dans les sens de vieux manteau en mauvais état) est animée d’une vie propre.— Si tu ne portais pas des vêtements aussi provocateurs…— Idiot, s’exclama-t-elle en le repoussant. Je suis HS. Juste envie de dormir… dans tes bras, si affinité.— Affinité répond présent.— Mais dans ton lit, si tu veux bien.— No blem à la condition que tu quittes ce déshabillé… sinon je réponds de rien.— Tu veux que j’aille chez toi toute nue ?— Plutôt que tu mettes des vêtements qui n’éveillent pas ma libido.— Je poserai cette horreur dès que je serai dans ta chambre. Allez, viens !Sans l’attendre, elle se dirigea vers la porte d’entrée. À cet instant la sonnerie de la porte retentit. Elle sortit. Derrière le portail, deux pandores, armés jusqu’aux dents, encadraient un Jacky menotté.— Chérie, dis-leur qui je suis, s’écria-t-il dès qu’il la vit.L’ignorant totalement, elle s’adressa aux gendarmes :— Que puis-je pour vous, messieurs ?— Nous avons intercepté cet homme alors qu’il tentait de pénétrer dans votre propriété. Il n’avait aucun papier sur lui et il prétend qu’il est votre mari. Cela nous a paru suspect. Surtout que nous sommes à la recherche d’un criminel qui après avoir tiré sur un policier à Lyon a pris deux habitants du hameau en otage.— Vous pensez que c’est lui ?— L’âge et la corpulence correspondent. Pour le reste, on a envoyé son portrait à la PJ de Lyon.— Je peux vous assurer que ce n’est pas mon mari. Je n’ai plus de mari, il a foutu le camp avec une pouffiasse.— Mais bibiche…— Mais ce n’est pas non plus l’homme qui nous a retenus en otage, intervint Jeff.Regard assassin de Madeleine et gueules ébahies des deux flics.— C’était vous les otages ? On nous avait parlé d’un couple.— Nous sommes un couple en devenir, asséna Jeff.Il passa son bras autour du cou de la femme et l’attira contre lui.— Salope ! C’est pour ça que je suis revenu. J’étais sûr qu’il jouait déjà les coucous.— Nous avons assez longtemps joué les cocus… Alors, tu la fermes. Foutez le en tôle c’est tout ce qu’il mérite.Les deux pandores semblaient dépassés par les évènements.— C’est bien votre mari ?— Je vous ai dit que je n’avais plus de mari !Jeff intervint à nouveau se rendant compte que les deux représentants de la loi perdaient patience.— Messieurs. Ce que veut dire mon amie, c’est que cet homme a perdu le droit d’être son mari. Il la trompait, honteusement avec ma femme depuis des mois. Après l’avoir appris, elle a été retenue en otage dans des conditions que vous ne pouvez pas imaginer…— Qu’est-ce que c’est encore que cette connerie ! Vous ne savez pas quoi inventer pou…— Assez, s’énerva le flic numéro 1. Elle vous a dit de la fermer, alors fermez-la ! Madame est en état de choc !Madeleine et Jeff n’osaient se regarder sous peine de fou rire.— Vous allez passer la nuit en cellule, ça vous fera le plus grand bien, ajouta le flic numéro 2.— Et sous quel prétexte, se rebella Jacky— Vagabondage ! Pas de papier, pas d’argent…— Je vous ai dit que je les avais laissés dans ma voiture. On y va et je vous les…— Pas le temps, coupa le flic numéro 1. Vous attendrez dans la camionnette. Nous sommes à la poursuite d’un criminel.— Il doit être loin maintenant, allégua Jeff.— Pas tant que ça, lui répondit flic numéro 2. Ce crétin a planté la voiture à moins d’un kilomètre du village.— Ma petite 108… Il va falloir que je déclare le vol, si je veux que mon assurance me rembourse. J’espère qu’elle est réparable, j’y tiens à cette auto, larmoya Madeleine.La capacité de Madeleine de passer de la femme forte et réfléchie à la pauvre chose faible et sentimentale surprenait Jeff à chaque fois. Le flic numéro 2 le regarda d’un air entendu.— Prenez soin de madame, elle a l’air passablement secouée. Des collègues passeront demain, enfin tout à l’heure, pour prendre vos dépositions. Allez, on l’embarque.Les deux pandores quittèrent la propriété entraînant à leur suite un Jacky vociférant. La vue de son ex partir entre deux gendarmes avait requinqué Madeleine. Elle prit la main de Jeff et l’entraîna vers le portail.— On va chez toi. Je n’ai aucune envie de dormir seule et encore moins dans un lit qui me ferait penser à Jacky.— J’ai pas refait le lit.— Ben, j’en ai strictement rien à foutre, pourvu que tu me tiennes dans tes bras pour me foutre.Tout en devisant gaiement, ils rejoignirent le chalet. Une surprise les attendait dans la cuisine. Un homme était assis à la table et sirotait la gnole que Jeff n’avait pas fini : Bjorn Willander.— Surprise ! Surprise ! Je vous ai pas trop manqué, les amoureux ? s’exclama-t-il.— Je suis très en colère, énonça Madeleine en s’asseyant en face de lui. Qu’avez-vous fait à ma titine ?— Je suis désolé, Mamie. Aïe !Madeleine venait de lui retourner une baffe et pas une pour faire semblant.— Ça va pas bien la grand…Il s’interrompit. Madeleine armait son bras.— Je vous avais averti ! Ne me manquez plus jamais de respect.— Fatche de pute !Se tournant vers Jeff :— Je préfère être à ma place qu’à la tienne, le gigolo ! Tu vas pas rigoler tous les jours.S’adressant de nouveau à Madeleine :— Votre tire, elle tient pas la route, ma p’tite dame. J’suis parti en aquaplaning dans un virage et boum dans le fossé. Y vont vous la réparer, vous en faites pas. Y’a que de la tôle froissée !Pendant la fin de l’échange, Jeff avait sorti deux mugs du buffet, avait versé généreusement de la gnole dans les mugs, en avait fait glisser un vers Madeleine. L’autre à la main, il s’approcha du Suédois et lui déclara :— Tu vas pas faire chier, tu nous attaches si tu veux, mais maintenant, j’ai envie de dormir, DORMIR, tu comprends… ! Alors tu nous installes dans la chambre ensuite tu fais comme chez toi ! Tu commences à avoir l’habitude…Se penchant, il lui glissa :— En plus, tu as donné des idées à Mamie. Alors si tu entends du bruit c’est que je la dépucelle du côté pile.