Deux jours pour découvrir Le Cap d’Agde. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un haut lieu du naturisme et du libertinage. Un village dont l’entrée est réglementée (n’entre pas qui veut) et qui rassemble donc une forte concentration en lieux libertins, le tout « au naturel ».Pour moi, qui suis quasiment novice en naturisme et à peine plus aguerri en libertinage, ce lieu est très dépaysant. Les codes du libertinage que je commence à maîtriser (aucun jugement, aucune obligation) sont appliqués ici. Les corps se découvrent sans vergogne. Pour le meilleur et pour le pire. Et il n’y a pas de jugement dans ce « pire ». Il y a juste l’observation que les corps vieillissent, que le printemps ne dure pas et que les beautés rayonnantes de ces jeunes que notre société aime tant mettre en avant sont plus l’exception que la norme. Cela renvoie à sa propre finitude, à sa propre décrépitude qui pointe déjà son nez alors qu’on se sent encore si jeune, si plein de choses à faire, à sentir, à vivre. Bref, je croise des centaines de personnes nues, vaquant sans problème à leurs occupations, la plupart dans leurs parfaites imperfections. Pour moi, c’est la première leçon : si tu te freines à cause du regard des autres, où iras-tu ? Pas bien loin…Une fois installé, je vais faire un tour sur la plage. C’est plus fort que moi, j’ai enfilé mon bermuda : ça reste un trop grand saut de sortir tout nu dans la rue pour moi au début (et deux jours ne gommeront pas quarante-cinq ans de conditionnement). La plage est magnifique, avec de grosses vagues que j’adore et que je croyais réservées à l’océan. J’enlève mon bermuda lorsque je dépasse un panneau (incroyable ailleurs) qui indique que le port de maillot de bain est interdit sur la plage. Un autre monde, je vous dis !La plage est longue d’environ deux kilomètres. Autant le premier est 100 % naturiste, autant les comportements se « relâchent » au second. Certains couples se masturbent mutuellement, même au milieu de la plage, au vu de tous. Tranquillement, comme si c’était normal. J’emploie « normal » dans le sens de « sociétalement acceptable », bien sûr ? Quoi de plus normal en effet que de caresser son/sa partenaire ? Quel genre de société a pu rendre ce geste d’amour, d’attirance, de plaisir partagé, d’altruisme, plus immonde qu’une scène de crime ? Comment a-t-on pu laisser le monde de la visualisation de l’amour (aussi physique), le plus beau qui devrait être, tomber dans l’escarcelle limitée, atrophiée, irrespectueuse et trompeuse du porno ? Ce serait un combat de plus à mener…C’est donc tout à mes pensées que j’arrive dans la poétiquement (mais pas trop) dénommée « la baie des cochons » où la concentration des serviettes augmente soudain. Des centaines de couples ou d’hommes seuls (pas vu de femmes seules ici, encore un signe des dysfonctionnements de nos sociétés, j’imagine) s’observent, se caressent. Ici et là , des regroupements d’hommes seuls. À leur centre, une femme donne du plaisir à certains. Ici aussi, je reste perplexe devant les chemins tortueux qui peuvent mener à trouver son plaisir ainsi. Et ce n’est pas tant dans le fait de sucer des inconnus ou de se faire sucer qui me déconcerte, c’est surtout de le faire en plein soleil, sous une chaleur terrible, avec ce sable insidieux que tu retrouves partout et ce goût acre de sel qui doit accompagner tout ça. Pas mon truc, j’aime trop mon confort. Je repars donc loin de ce lieu qui épouvanterait plus d’un (et me déplaît aussi, mais pour d’autres raisons que la majorité). Je reviens les pieds dans l’eau et décide, avant de rentrer à l’appartement, de piquer une tête dans ces vagues si tentantes. La sensation de la baignade, nu, est l’un des plus grands plaisirs que je connaisse : l’eau qui court sans entrave le long de son dos, de ses hanches, de ses bras et jambes, quelle joie ! Quel immense bien-être que de se sentir intégralement « dans son élément » pour la première fois depuis si longtemps ! Je me repais donc à l’envi de la mer et rentre, aussi joyeux que de prendre une bonne douche pour virer ce sable et ce sel dont je me sens couvert.Ma première soirée au Cap, je la passe dans un club libertin. Un club spécial puisqu’il se compose de deux espaces : un réservé aux couples et un autre mixte où les hommes seuls et les couples peuvent se rencontrer. Vaguement sceptique au début, je comprends vite l’intérêt de cette disposition. Alors que je vis mal d’habitude cette dissymétrie entre couples et hommes seuls (souvent vus comme des lourds qui viennent essayer de profiter des femmes des autres), ici, cette dissymétrie disparaît. Pourquoi ? Car les couples qui sont visibles le sont sciemment : ils cherchent des hommes seuls, sinon ils resteraient de l’autre côté !Ça rétablit une saine parité.Je vais m’asseoir et patiente sur les divans près du bar. J’ai toujours besoin d’un moment pour prendre la mesure des environs, de l’espace qui m’entoure, des gens présents. C’est alors que je la vois. Une belle femme blonde d’environ mon âge qui vient s’asseoir juste à côté de moi. Elle me tourne légèrement le dos, mais je devine un visage gracieux. Un de ces visages susceptibles de me faire rêver, dont je suis si friand et qui sont si rares. Dans ma vie, quelles sont celles qui peuvent se targuer de m’avoir fait rêver avec leur visage ? Ma femme, une amie-amante chère à mon cœur, quelques autres dont le ramage n’était pas à la hauteur du plumage ? Je me penche vers elle : — Veuillez m’excuser si cela vous semble déplacé, mais je vous trouve très belle.Elle me regarde, me sourit et me remercie. Comme prévu, elle a un beau sourire. Aucun problème à dire une gentillesse sincère à quelqu’un(e), cela éclaire ma pensée pour l’autre. Bien sûr, en ces lieux, les approches sont rarement désintéressées, mais, même en dehors, toute tentative de créer une communication obéit à des pulsions peut-être pas moins honnêtes qu’ici…Nous commerçons doucement et je lui demande si elle est seule, elle me répond, sibylline :— Non, mais ce n’est pas grave. Je comprendrai par la suite la profondeur de sa réponse…Rapidement en effet, son homme vient s’asseoir à ses côtés. Elle ne me parle plus. Bon, je vais reprendre un verre au bar de peur d’être inopportun, dommage, elle me plaisait bien…Quand je reviens avec mon verre, ils s’éloignent peu après, en direction des « coins câlins ». Je finis mon verre et vais faire un tour moi aussi dans cette direction. Devant la première petite pièce (le coin câlin est composé de plusieurs petites chambres munies de matelas et pouvant fermer à clef), se tient un homme qui regarde à l’intérieur, signe que vraisemblablement (à moins d’avoir développé un fantasme sur le vide, après tout, j’aurais vu plus étrange…), il s’y passe quelque chose. J’ai juste le temps de distinguer la blonde en train de sucer son mari, mari faisant signe d’entrer à l’autre homme et fermant la porte derrière lui. Un bien large sentiment d’injustice m’envahit lorsque j’entends le loquet me priver de la vision du couple… Calimero, sors de ce corps !Je poursuis mon chemin dépité, mais cela ne dure pas. Je croise rapidement une autre femme, asiatique, la quarantaine, qui me sourit, bien plus qu’espérée. Je la vois se tourner vers son compagnon et lui dire en anglais que je ressemble à … (sûrement quelqu’un qu’elle aime bien). Cela m’est arrivé à quelques reprises d’être ressemblant à une personne aimée ou appréciée, et je peux dire que ça aide beaucoup les relations ! Moi aussi, il m’est arrivé de croiser des personnes m’en rappelant d’autres que j’avais pu apprécier auparavant, et je dois avouer que les nouvelles bénéficiaient de l’aura des précédentes. C’est donc dans ce nouvel état d’esprit plus serein que je me rends dans le hammam du club. J’ouvre la porte et, juste derrière moi, coïncidence heureuse (?), se trouve mon Indonésienne. Je lui tiens la porte et lui souris, elle me suit, avec son compagnon derrière elle. Elle se place devant moi, le hammam est assez plein et rapidement elle me caresse le sexe avec sa main, ses fesses. Je deviens dur et elle s’extasie devant ma grosseur et ma dureté (qu’elle est gentille, elle sait parler aux hommes…). Elle me tend un préservatif, le message est clair. Elle se penche alors pour me permettre de la prendre… Comme si c’était si simple… Le fait de mettre le préservatif alors que tout le monde nous regarde me fait perdre mes moyens. Gloire et misère, je ne fonctionne pas comme ça. Je glisse un puis deux doigts en elle, mais ne pourrais donner plus. Étrangement, je la vois « apprécier » et dire que je suis gros, etc. Je comprends rapidement que, ma position pouvant laisser penser que je la prends, elle donne le « change » pour son compagnon qui doit être tout émoustillé par ça ; le candaulisme, ça ne se commande pas (l’érection non plus, d’ailleurs). Je lui glisse à l’oreille qu’elle devrait en essayer un autre et la laisse bientôt, alors qu’elle jette son dévolu sur un autre homme à ses côtés. Je repars au bar, et philosophe sur le fait que quand ça veut pas…Un verre de jus d’orange plus tard, je regagne le hammam, déserté depuis. Je m’assieds et profite, stoïque, de la vapeur chaude qui me plaît bien. Grande est ma surprise de voir entrer peu après moi la blonde accompagnée de son compagnon et suivie d’un homme (un autre que celui d’avant). Elle s’assied (de nouveau) pas loin de moi, son mari à ses côtés, l’autre homme pas loin d’elle. Le silence s’installe. Ces moments de flottement où une rencontre potentielle est en passe de se concrétiser sont toujours ambigus. D’une beauté fragile, ils risquent de ne déboucher sur… rien du tout, mais gardent en eux des promesses d’un futur qui chante. L’autre homme se masturbe ouvertement à un mètre de la blonde. Le couple reste sans réaction (ce qui en est une, malgré tout). Je reste légèrement en retrait, toujours dans la peur de déranger, par contre, lorsque l’autre homme (j’allais l’appeler le branleur…) s’avance et que la femme le prend en main, je m’approche à mon tour et présente mon sexe déjà dur à la belle. Elle me masturbe puis me suce alternativement avec l’autre. Rapidement, d’autres hommes arrivent et se pressent. Je ne me sens plus à l’aise et, si cette fois, je reste « présentable », je décide de m’en aller au lieu de tirer profit de mon avantage. Quand je reviens quelques minutes plus tard, elle est prise et crie son plaisir quand elle n’en suce pas un autre. Apparemment, j’étais le seul gêné. Cela me fait sourire intérieurement (je suis bien calé en sourire intérieur ; j’ai été deux fois vice champion cantonal) et je ressors.Un nouveau jus d’orange plus tard (qu’est-ce que j’ai pu boire ce soir !), je retourne au coin câlin et je retrouve mon candauliste (mari de la blonde) devant la porte d’une pièce ouverte. Ce qui est dedans relève plus de la course d’endurance qu’autre chose : la blonde est au milieu de quatre hommes. Si deux regardent, le troisième la prend fort par-derrière pendant qu’elle suce le 4e… et ce ne sont pas les premiers de la soirée… Rapidement, celui se trouvant derrière jouit et le sucé le remplace : allez hop, au trou ! Le mari me fait signe de prendre la suite d’un sourire. La complicité naissante (et la beauté de sa femme aussi, va savoir ?) me pousse(nt) à me mettre un préservatif le temps que mon prédécesseur, peu endurant, ne laisse sa place. Je patiente un instant, le temps qu’elle se reprenne… avant que je la reprenne. J’interprète le fait qu’elle écarte ses jambes comme un geste d’invite et je me place sur elle. Je me glisse en elle et la besogne, elle geint, et m’encourage de ses mains, de sa façon de s’ouvrir à moi. Cependant, elle garde les yeux fermés (j’apprendrai par la suite qu’elle est malvoyante) et cela me dérange. J’aime profiter de toutes les sensations possibles, spécialement quand je fais l’amour, et je prends ce refus de contact oculaire comme une distance qu’elle met entre nous. Bien sûr, pas de sentiments ici, et cela ne me satisfait pas complètement, malgré le fait qu’elle est si belle, et avec ce visage si angélique. En résumé, ce moment est ambivalent, avec d’un côté le plaisir de voir mon corps donner du plaisir à un autre corps (et en recevoir) et d’un autre la frustration de rester superficiel, sans grand échange malgré tout (étrangement, je me sens plus proche du regard du mari que je devine dans mon dos…). Chacun ses limites, je touche aux miennes et à celles de ces clubs pas si faits pour moi que ça après tout. Après un moment, je l’embrasse sur la joue et la remercie en m’éclipsant (je suis le roi de l’éclipse aussi, vous aurez compris).Je sors du club peu après, en proie à des sentiments contraires : à la frustration de faire l’amour sans amour se superpose la joie d’avoir été choisi à deux reprises (même si une fois par un mari pour sa femme) comme un amant désiré. Le sentiment qui prédomine est plutôt positif même si, même si…Lorsque je sors, je suis entraîné dans une improbable farandole, une sorte de défilé de mode un peu fou où les naturistes de la journée ont laissé la place aux libertins du soir. Dans les rues, les femmes rivalisent avec leurs tenues transparentes, aguichantes, se voulant excitantes. Un monde à part…Je suppose que je dois être auréolé de mes récents « exploits », car une jeune femme d’environ vingt-cinq ans me salue et commence à me parler. En fait, elle m’a pris dans un premier temps pour un de ses clients gentils de la veille (quand je disais que les sosies sympas, ça aide…), elle est serveuse dans la brasserie à côté et, le temps de sa cigarette, elle m’explique sa vie, me dit qu’elle va bientôt partir à la Réunion, etc. Elle me demande aussi où je dors. Deux fois. Il est 23 h passées et j’avoue que plusieurs fois, je me demande si elle ne m’allume pas. Est-ce l’environnement libertin ? Est-ce que je me fais des idées ? Je choisis de ne pas lever l’incertitude et de rester sur cette si agréable sensation, je la salue, lui souhaite plein de bonheurs pour la suite, et je vais me coucher, pas si malheureux que ça.Le lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil (ouf), je me lève assez tôt et vais me promener sur la plage. Et là , moment magique : aussi bien le naturiste que le libertin sont des lèves tard, la plage est désertée et c’est un luxe inouï de profiter de cet endroit magnifique presque seul. Surprise, sur la baie des cochons où au milieu de nulle part, quatre personnes coquinent malgré tout. Feraient-ils les trois 8 ? Je rentre après un bain seul avec les vagues. L’après-midi est studieuse avec une visio et, après une nouvelle promenade sur la plage en fin d’après-midi, je retourne au même club que la veille en début de soirée.La fréquentation est faible au début : quelques hommes seuls, peu de couples. Je me retrouve à échanger avec un jeune qui a un anneau à la base du sexe. Je lui demande si c’est purement esthétique ou si cela a un intérêt physiologique. Il me répond que ça permet de contrôler l’érection et de retenir l’éjaculation. Très bien, je m’éloigne et vais prendre le chaud au hammam. Peu après, il m’y rejoint. En sauna gay, ça aurait été un signe, ici, peut-être pas. Je décide d’en avoir le cœur net et de laisser traîner mon pied pas loin du sien. Rapidement, il m’effleure. Ce n’était pas un hasard. Nos orteils se touchent désormais et je prends l’initiative de sortir pour trouver un endroit calme avec lui. Je rentre dans une pièce munie d’un matelas (en fait, ce sont plus que des matelas, les « chambres » sont confortables) et attends. Il ne tarde pas à arriver. Je ferme la porte. Je le masturbe et le suce. Lui me suce aussi. Après un moment, je lui dis avoir envie de lui en moi. Jimmy (il s’appelle ainsi) se met un préservatif le temps que je me mette… à quatre pattes devant un miroir. J’ai à peine à le guider et il s’enfonce d’un coup en moi. Il y a va fort très vite, l’impétueux. Je cherche et trouve un angle qui me convient et me laisse aller (et le laisse aller). La présence du miroir est excitante également et me voir ainsi cambré et offert me trouble. Lui ne tarde pas, tout anneau qu’il ait, à se répandre dans son préservatif (qu’il a en moi) et à sortir rapidement. Ici non plus, pas de sentiment surnuméraire, soit.Je sors un peu groggy de cette rencontre et… vais boire un coup au bar (pour changer). La soirée avance et je fais connaissance avec certains. Principalement des habitués que j’ai déjà croisés la veille. Des vacanciers pour la plupart, d’autres de la zone, il y a notamment une caricature d’Aldo Maccione, Italien tout bronzé se voulant mâle alpha et super sûr de lui. Montrant son sexe à qui veut (la plupart des hommes portent leur serviette autour de leur taille, lui l’a sur l’épaule), je suppose qu’il en est très fier, il me fait bien rigoler. Je me demande à quoi ressemble sa vie, lui qui semble la passer dans ces établissements tout en superficialité… (bon hein, je ne juge pas, mais un peu, je peux quand même).Je retourne dans le « coin câlins » et je vois un couple qui s’embrasse, ils semblent très amoureux et j’ai plaisir à les regarder. Elle s’agenouille bientôt et prend son partenaire dans sa bouche. Rien de tel pour attirer les hommes seuls du coin qui rappliquent en effet rapidement. L’un d’entre eux s’approche du couple et pose sa main sur la femme, l’homme le repousse aussitôt. Je me réjouis d’avoir gardé mes distances. Au bout d’un moment, il fait se relever sa partenaire et ils se dirigent vers la sortie de la pièce, mais, en passant devant moi, lui me presse discrètement le ventre avec son doigt. Le message dans le contexte est assez clair, je leur emboîte le pas et les suis dans une plus petite chambre avec verrou. Il ferme derrière nous. Je n’ai jamais batifolé avec un couple, et c’est tout émoustillé que je les observe de plus près. Ils sont minces, certainement un peu plus âgés que moi, et elle est très douce. C’est du moins ce dont je me rends compte lorsqu’elle se penche vers moi pour me prendre dans sa bouche et que je pose mes mains sur elle. Elle est à quatre pattes et lui, il est derrière elle et ne tarde pas à lui faire l’amour. Je gémis, elle gémit, il gémit, nous prenons du plaisir (parce que la conjugaison, c’est bien un moment). Puis il s’écarte et elle dit :— il n’y aurait pas un préservatif pas loin ? Moi j’aime bien ce genre de phrase. Il se trouve que par hasard, j’en avais justement un sur moi (bon, on peut écarter l’hypothèse du hasard), et comme je maîtrise à la perfection les non-dits (je vous ai parlé des triathlons communaux sourires intérieurs – éclipses – compréhension des non-dits ?), je me place à mon tour derrière elle et, une fois coiffé (j’avais un peigne aussi), je la prends. Sans vouloir dire, je pense que je soutiens la comparaison avec son mari (ah, ces hommes et cette obsession puérile, qu’ils sont touchants…) et je m’applique à lui faire partager mon constat. À en croire le volume sonore qui emplit soudain la pièce à mesure que je me présente (j’allais dire que je l’emplis, mais je crains les répétitions), je pense être crédible. J’aime promener mes mains dans son dos si doux pendant que mon sexe dompte le sien. Elle jouit fort et longtemps et je jouis (mais juste dans ma tête) de l’entendre jouir si fort. Je m’écroule après quelques minutes à ce rythme et son mari la prend par la main (un peu précipitamment ?) en me lançant un :— C’était très bien, merci ! Ah oui, j’avais entendu que c’était très bien. J’ai juste le temps de leur demander leurs prénoms qu’ils disparaissent dans l’embrasure de la porte. Ben, c’est pas ce soir que je ferai des rencontres un peu profondes (re sourire intérieur, je suis bon public).De retour au bar pour mon nième verre d’eau gazeuse, je suis positivement surpris de voir s’asseoir à mes côtés… la fameuse blonde de la veille. Qui m’ignore ! Je me penche vers elle et lui glisse :— Bonsoir, vous savez, je me suis demandé toute la journée comment vous vous appeliez, ça vous ennuierait de me le dire ? Oui, j’aime connaître le prénom des personnes avec qui je couche, chacun son truc. Elle se retourne vers moi et me lance un :— Oh, désolé, je ne vous avais pas reconnu (bah oui, c’est pas comme si on avait couché ensemble hier… les yeux fermés certes, mais bon…), vous savez, je suis malvoyante…Et là , je note un petit quelque chose dans son regard, comme si elle regardait un peu au-delà de moi, quelque chose qui la rend un peu plus mystérieuse, pas moins charmante en tout cas. Mais notre conversation s’arrête là , car son homme arrive et l’entraîne bientôt…Je finis calmement mon verre, me demandant s’il serait intéressant que je les suive… Je le fais après quelques minutes. Il me semble que je fais partie des meubles lorsqu’un habitué (vu la veille) me dit d’un air entendu : — La blonde d’hier est au sauna, hier elle a bougé (en l’occurrence, c’était plutôt moi qui avais bougé), je serais toi, j’irais ! D’un naturel peu contrariant, je suis son conseil et me retrouve au sauna avec quatre ou cinq gars qui ont eu la même idée que moi. Un peu glauque tout ça, et ça empire lorsque l’un d’entre eux tente de caresser la blonde et qu’elle le repousse une première fois. Quand il réessaie (et là , c’est carton rouge, le consentement n’est pas optionnel, ici encore moins qu’ailleurs), c’est le mari qui s’interpose. La blonde se plaint de la chaleur (tu m’étonnes) et je sors vite du sauna, suivi par tous les autres. L’homme qui a insisté sera prestement éjecté du club. On ne rigole pas avec ça ici, et c’est très bien ! Et finalement, toute malvoyante qu’elle est, elle est un minimum « picky » et je préfère (il n’était pas joli, le malheureux éconduit).De nouveau déambulant dans le coin câlins, je retombe sur le mari candauliste, en faction devant une chambre (et sa femme) particulièrement pleine(s) de monde. J’engage la conversation avec lui : comment on peut en arriver là  ? Est-ce lui ou elle qui a initié le processus ? Et comment gère-t-il ce mélange étrange de jalousie, de joie, d’envie, de frustration, de plaisir mêlés ? Il me dit le mieux de ce qu’il aurait pu répondre : que c’était un fantasme commun (quelle horreur, sinon), qu’il faut beaucoup de complicité et de communication pour faire ça (tu m’étonnes), et qu’elle aime vraiment bien multiplier les amants d’un soir et que les quinze (quinze…) d’hier l’ont laissée un peu fatiguée (sans blague ?). Il me conseille d’entrer avant que ne s’arrêtent les « hostilités » et, de nouveau arrangeant (quand ça m’arrange), je rentre. Un homme attendant me passe même un préservatif (je trouve le geste émouvant, on ne me l’avait jamais faite, celle-là ), mais je ne m’en servirais pas. Elle me masturbe un moment, bien occupée par un autre, mais demande bientôt grâce, épuisée.La soirée se termine calmement, au bar, où le fameux couple s’est replié. Je m’attarde et échange finalement avec eux. J’apprends qu’ils ont une boulangerie, qu’ils ont des enfants de l’âge des miens, qu’ils ont les mêmes problèmes dans la vie courante que moi. Qu’ils sont comme moi ! Qu’ils s’appellent Christian et Christiane et que c’est rigolo quand même ! C’est très étrange pour moi de superposer (finalement) ces deux dimensions, sexuelles et mentales, dans ce type de lieu. Bon, c’est possible, et je trouve ça très bien. Je les salue bientôt et vais m’endormir, plein de souvenirs.