Chapitre 1 : une invitationCela faisait plusieurs mois que nous étions revenues de notre dernier séjour en Amazonie, à savoir l’aventure qui a avait failli me perdre à jamais dans les souvenirs de Raquel Velazquez*. J’avais désormais banni de mon existence ce genre d’expérience. On ne m’y reprendrait plus jamais. Mélanie me fit remarquer qu’il ne faut jamais dire jamais, et elle me cita le James Bond « Never say never again ». Cette remarque prenait une saveur particulière compte tenu de notre appartenance au « service ». Je convins qu’il y avait toujours un risque que nos résolutions, aussi bonnes soient-elles, soient battues en brèche par les circonstances. « Toujours » et « jamais » ne font pas bon ménage.Notre amie Lia nous avait parlé à son retour de Russie de son cousin vivant en forêt de Brocéliande**. Elle nous en reparla, à l’occasion d’un apéro à la maison. Arthur, notre directeur des opérations, et qui était devenu un ami, était là lui aussi.— Vous savez, les filles, dit Lia, mon cousin Gwenaël m’a de nouveau invitée à venir le voir en forêt de Brocéliande. Il a une grande maison et pourrait nous loger toutes les trois avec les enfants. Il serait vraiment ravi de vous rencontrer avec son compagnon Alexandre.— Ah oui, c’est vrai que son compagnon a le même prénom que moi, fis-je.— Vous devriez y aller, dit Arthur, je garde un très bon souvenir de Brocéliande lors de ma formation à Saint-Cyr, nous avons souvent crapahuté en forêt.— Le fameux bois du loup ? demanda Mélanie.— Exactement, et Lia connaît très bien aussi.— Oui, enfin, fit Lia, les nuits y sont très humides, c’est mieux d’avoir une maison bien chauffée, surtout en hiver et à la mi-saison.— Entendez-vous ? Notre super-agente qui fait sa chochotte ! C’est la meilleure, fit Arthur.— Ben, j’ai quand même le droit d’avoir eu froid, non ? J’en ai quelques mauvais souvenirs, fit Lia.— Ne compte pas sur moi pour les explorer un jour dans ta tête Lia, j’ai donné avec Raquel, déclarai-je.Ils éclatèrent tous de rire.— Tu sais Alex, tu seras toujours un mystère pour moi, fit Arthur. Mais je t’aime comme ça.— Lia, ressers du champagne à notre directeur, cela commence à devenir intéressant, dit Mélanie.— Vous voulez me saouler les filles ? Je pense être plus résistant que vous.— Pas si sûr, fit Lia.— En tout cas, merci de m’avoir mis au parfum pour ce qui est de l’affaire grecque, l’histoire des cochons…— On ne voulait pas que ce nouvel épisode magique apporte plus de questions qu’il n’en fallait, répondis-je.— Après tout, vous avez la culture du secret, fit Lia.— Le fait est, termina Arthur, que j’ai deux agentes magiciennes.— N’exagérons rien ! fit Mélanie. Il s’agit juste de contacts que nous avons avec deux déesses, enfin pour Alex, moi, il n’y a que Circé qui me parle…— Tu es jalouse ? demandai-je.— Non, mon amour, c’est simplement parfois compliqué quand je veux parler avec la Déesse de la forêt et que notre fille parle aussi sa langue, mais nous avons tout de même réussi à te sauver.— C’est vrai. Dis-moi Arthur, serais-tu derrière le fait que la mère de Mélanie ait gagné au loto ?— Euh, disons que j’avais initialement envisagé de lui faire attribuer l’Ordre National du Mérite, pour services rendus…— Ah, je vois, fit Mélanie…— Ta mère nous a effectivement rendu de très grands services, en gardant vos enfants régulièrement et parfois sur des périodes de plusieurs jours.— Elle n’a aucune idée de mes activités réelles, continua Mélanie.— C’est mieux ainsi.Arthur prit congé vers vingt-trois heures. Lia resta pour la nuit, et si nous restâmes Mélanie et moi en femmes/femmes, les godes furent mis à contribution pour remplir nos chattes et nos culs.Au matin, Lia nous demanda avant de partir :— Alors on se le fait ce week-end en Brocéliande ?— OK, on pourrait y aller pour Pentecôte, on prendrait le mardi ou le vendredi ?— OK pour le vendredi. Je préviens mon cousin, fit Lia. Il faudra trouver une solution pour vos prénoms respectifs quand on y sera.— Facile, je suis Alexandra, et lui c’est un homme… Alexandre, non ?— Oui, reprit Lia, sauf que vous utilisez tous les deux Alex comme diminutif et je pense que lorsqu’il se travestit, il s’appelle Alexandra.%%%%%%%Deux mois auparavant, chez Gwen et Alex :— Gwen ?— Oui Alex ?— Tu crois qu’on pourrait aller dans le monde de nos ancêtres ?— Euh…— Oui, nos amis Marion et Alexandre de Nantes*** savent bien aller dans l’univers inversé, et les korrigans nous ont parlé du multivers…— OK mais ce que nous avons vu au Val**** se passait il y a 30 000 ans ! Et nous ne les avons même pas vus dans leur propre monde !— C’était juste une idée comme ça…— Écoute, demain on va bien chez les korrigans pour la pleine lune ?— Oui, c’est bien demain.— On leur en parle ?— Merci Gwen. Je t’aime.— Moi aussi je t’aime Alex.— Viens m’embrasser…— Seulement t’embrasser ?— Coquine, va…Gwen était alors en fille et Alex en garçon. Ils firent l’amour tout l’après-midi.Le lendemain soir, elles étaient dans la clairière en train de commencer la soirée avec les korrigans (ils/elles préféraient aller en femme voir les korrigans).— Vous vous souvenez de la vidéo que nous avons faite au Miroir aux Fées ? demanda Gwen.— Oui, bien sûr, répondit le chaman, et nous vous en remercions. Il n’est pas toujours facile pour nous, korrigans, avec notre tradition orale, d’avoir des souvenirs complets et précis des événements anciens.— Je trouve merveilleux d’avoir pu trouver trace de nos ancêtres, dit Alex. Pensez-vous que nous pourrions trouver leur monde ?— Oui, enfin, non, je ne sais pas… dit le chaman. Mais que voudriez-vous faire ? Aller dans le passé rencontrer vos ancêtres ? Je ne pense pas que cela soit possible ? Passer dans leur monde pour trouver leur descendance, trente mille ans après ? Cela me paraît improbable et voué à l’échec…— Vous avez sans doute raison… Oublions, dit Gwen.— Attendez, pas si sûr, dit le chaman.— Oui ?— De ce que nous savons, vos ancêtres sont venus de l’autre monde et sont repartis en passant par le portail du Val sans Retour.— Oui mais il ne fonctionne plus depuis des millénaires, dit un des korrigans.— Je n’en suis pas si sûr, dit le chaman. Je pense que personne ne sait plus l’utiliser. Le secret s’est perdu avec le temps.— Et alors ? demanda Alex.— Je pense que je pourrais aller faire un tour au Val pour voir dans quel état est le portail. Il est possible qu’il ait une « mémoire » des passages qu’il a permis, ce que vous appelleriez un « log » dans votre langage moderne.— Non ? Vraiment ?— Si, je pense que c’est possible. Mais cela va me prendre du temps.— Vous pourriez faire cela ?— Que ne ferait-on pas pour nos humaines favorites !— Oh, merci, c’est trop gentil ! dirent les deux femmes.— Allez un peu d’hydromel pour fêter cette perspective !— Mais, dit Gwen, admettons que vous trouviez des traces de leur passage, que ferons-nous après ?— Vous pourrez utiliser le portail pour aller dans leur monde, mais probablement à une époque similaire à la nôtre.— Cela limite l’intérêt de la chose…— Qui sait ? Il y a parfois des raccourcis entre les quatre dimensions de l’espace-temps.À la pleine lune suivante, le chaman leur annonça :— Je suis allé à l’emplacement du portail et ai pu l’activer, sans l’utiliser cependant. Ce n’est pas mon rôle.— Super ! s’écria Gwen.— J’ai pu accéder à sa mémoire et ai trouvé les traces en l’an 18500 de l’ère Marnor, soit en moins 28632 de votre calendrier du passage, de 3 personnes, une humaine, une elfe et une demi-elfe venant d’un monde nommé Érebus et de leur retour là-bas dix mois après.— Impressionnant ! Nous pourrions donc y aller ? demanda Alex.— Oui, répondit le chaman. Il faut que je vous explique comment utiliser le portail, mais il vous faut un objet pour le faire apparaître, à moins que vous n’ayez des talents cachés de magicien·ne·s… Après tout, Gwen, tu descends d’une magicienne et d’un barde qui avait lui aussi des pouvoirs magiques !— Et vous croyez…— Peut-être, il faudrait te tester ! Mais si tu as des pouvoirs, il faudra te former, c’est long et nous n’avons pas les compétences dans la tribu. Cela fait des millénaires que nous n’avons pas formé de magiciennes… Cela sera plus simple pour moi de te faire un anneau de révélation. Cela dit, si tu acceptes, je peux te tester tout de suite et nous verrons ensuite pour ta formation s’il y a lieu.— Oh, j’aimerais beaucoup !— Bien, suis-moi pour le test.Gwenaëlle et le chaman sortirent du cercle pour aller dans la forêt. Près d’une source entourée de rochers couverts de mousse et sous un rayon de lune, le chaman lui fit fermer les yeux et prononça des mots en langue elfique. Gwenaëlle s’entoura d’un halo bleu qui scintilla dans la nuit.— Ouvre les yeux… sorcière ! Tu as le sang de tes ancêtres !— Je… je… dit Gwen en voyant son corps illuminé.— Tout va bien, cela va s’estomper rapidement. Cela va me faciliter la tâche pour que tu puisses utiliser l’anneau, cela sera quasiment inné, tu n’auras qu’à penser à voir le portail et il apparaîtra. Cela marchera aussi avec tout emplacement magique dont tu penseras qu’il est à proximité. Tu le verras.— Oh merci encore !— Reviens me voir dans deux lunes, je te remettrai l’anneau.Au retour vers le cercle où étaient toujours Alex et les korrigans. Gwenaëlle, dont le halo avait disparu, et le chaman ne dirent rien. Tous purent voir cependant le sourire qui illuminait le visage de la jeune femme.En rentrant vers la maison, Alex ne put s’empêcher de demander à son amie :— Alors ?— Oui, il semble bien que j’aie des pouvoirs… mais je ne sais pas plus que cela de quoi il en retourne. Le chaman va me fabriquer un anneau de révélation qui sera naturel à utiliser pour moi…— Je suis impressionnée !— Arrête, je suis toujours moi et je n’ai jamais pratiqué de magie de ma vie.— Ah bon, et utiliser le miroir de ton aïeule, ce n’est pas déjà de la magie ?— Bien vu.Cette nuit-là, Alex et Gwen firent l’amour entre femmes, seins contre seins, chatte contre chatte, avec le bonheur d’usage de leurs doigts et de leurs langues…* Voir la série « Amazonie 2 »** Voir la série « Le miroir de Claude »*** Voir la série « Mondes inversés »**** Voir la série « Le miroir de Claude »Chapitre 2 : Quand magie s’allie à technologieDans un autre univers :Un peu plus de trente-deux mille ans s’étaient écoulés depuis le retour d’Aldvin·e, de Mégane et de Sourisse*. Avec Éléonore, les quatre ami·e·s avaient donné descendance à une longue lignée qui perdurait jusqu’à ce jour.Le monde d’Érebus avait beaucoup évolué depuis l’époque d’Aldvin·e : les sciences et les technologies s’y étaient développées à l’instar de notre planète Terre et avaient chassé peu à peu la magie des temps anciens. À travers les âges, la société, les religions et le système politique avaient eux aussi connu divers changements, ancrés pour la plupart dans le passé.Valentin, Ann-Mar et Olmia étaient les descendants du quatuor d’ami·e·s, tous et toutes frères et sœurs. Sachant utiliser le miroir d’Aldvin·e, ils/elles devenaient tantôt Valentine, Anna-Maria ou Olmio. Ils/elles vivaient toujours dans le même endroit que leurs ancêtres. La maison d’origine en bois de l’époque d’Aldvin·e n’existait plus et était maintenant une demeure de pierre, la forêt d’à côté s’était réduite à un petit bois avec la poussée de l’urbanisme et la construction de lotissements. La source de magie de l’ancienne forêt était toujours là, mais son existence était devenue secrète, comme toute magie d’ailleurs, car cette dernière était interdite par le pouvoir politique.Cela faisait en effet mille ans que le pays était devenu une dictature, après une belle période démocratique, qualifiée d’âge d’or par les quelques gens encore épris de liberté et qui devaient aujourd’hui se cacher. Les royaumes des temps anciens avaient disparu bien avant cela.Le PNDM**, « Parti National du Dieu de la Mort » régnait en maître et imposait sa loi de fer : les elfes, les nains et autres races non humaines avaient officiellement disparu. Le PNDM avait procédé à une épuration ethnique au fil des siècles, avait interdit la magie et mis en place des technologies très intrusives pour surveiller les populations.La résistance était sporadique, sans organisation globale, les opposants vivaient cachés, masquant leurs origines pour ceux et celles ayant du sang des races disparues. Valentin, Ann-Mar et Olmia étaient bien sûr des résistants. Leurs parents avaient péri quelques années auparavant dans une rafle de la Milice du PNDM.Un après-midi à leur maison, surnommée « le refuge » :— Val, pense à vérifier le bouclier magique, dit Ann-Mar, je veux regarder quelque chose sur le miroir.— Tu crois que c’est le moment de changer de sexe !— Mais non, espèce d’andouille, je ne pense pas à cela. Je veux activer le miroir, c’est tout. J’ai étudié les mémoires d’Aldvin·e et j’ai des points à vérifier.Pour ne pas être repérés en utilisant de la magie, les résistants activaient des boucliers magiques, indétectables a priori par la Milice et qui masquaient leurs activités illicites.Ann-Mar activa le miroir avec une console informatique. Les résistants savaient combiner les technologies avec la magie.— J’ai trouvé l’accès au code source du miroir ! s’écria Ann-Mar— Quoi ? Mais c’est super ! s’exclama Valentin.— J’ai la signature du créateur et la date et l’origine de sa fabrication !— Sans dec’ ? Grave, dit Olmia.— Tu peux décompiler le code source complètement ?— Peut-être. J’ai déjà accès à la liste des sous-programmes implémentés.— Les mémoires d’Aldvin·e disent qu’elles sont allées dans un autre monde et l’ont ramené d’une forêt nommée Brocéliande.— Oui, c’est cette histoire de quête où nos ancêtres auraient laissé aux gnomes de là-bas trois nouveau-nés qu’elles ont enfantés pour eux.— Le miroir est signé d’un certain Marador, Maître Magicien Korrigan.— Et les sous-programmes ?— Il y a bien sûr le changement de sexe, avec toutes sortes de variantes.— Ça, on connaît !— Oui et non, s’agissant des variantes… Figurez-vous qu’il y a surtout un module télécom ! Il utilise un canal quantique.— Un module télécom ? Pour communiquer avec qui, d’autres miroirs ? Et pourquoi un canal quantique, cela sert à quoi ?— Cela permet de communiquer instantanément d’un point à l’autre de l’univers, en s’affranchissant du temps et de l’espace. L’elfe Zombar l’avait imaginé dans sa théorie du multivers.— Tu crois qu’il existe d’autres miroirs en fonction ?— Je n’en ai aucune idée, ce miroir a été créé dans un autre monde. Cela dit, si je peux décompiler complètement son code, je pourrais peut-être le cloner… Nous avons la source de magie et la technologie.— Tu créerais d’autres miroirs ? dit Olmia.— Oui, c’est possible, je pense en être capable.— Nous pourrions créer un réseau de communication pour être en lien avec les autres cellules de résistance !— Le PNDM et la Milice n’ont qu’à bien se tenir !— Ann-Mar, tu es merveilleux ! dit Valentin— Tu vois bien que mon besoin du miroir n’était pas sexuel !— Oh, ça va ! dit Valentin.— Et si on se faisait une petite partie à trois pour fêter cela ? dit Olmia. Vous restez en garçon ? Moi je reste en fille… Cela fait longtemps que je n’ai pas profité de vos queues.— Comme tu voudras, Olmia, dit Ann-Mar.Après une soirée torride où Olmia en prit plein de ses trois orifices, ils s’endormirent tous, lovés les uns dans les autres.Au petit matin, Anna-Maria travaillait déjà sur le miroir. Elle avait trouvé comment activer le module télécom. Le menu apparu dans un coin du miroir signalait un « Miroir de Brocéliande ». Elle attendit que ses frères-sœurs soient réveillés pour leur proposer de tenter une communication. Elle avait activé le bouclier d’invisibilité magique.— On y va, dit Olmia ?— Et si c’était la Milice ou le PNDM de l’autre côté ? dit Valentine— C’est impossible, personne ne connaît l’existence de Brocéliande mis à part nous.— C’est pas faux, dit Olmia ? Tu crois qu’il y a quelqu’un de l’autre côté ?— Aucune idée, essayons, nous ne le saurons qu’après coup.Anna-Maria toucha l’écran sur le bouton « Brocéliande ». Il se mit à clignoter en affichant « connexion en cours ». Cela dura une bonne demi-heure où rien ne se passa avant qu’une image apparaisse avec deux visages inconnus de femmes et pourtant très familiers… Les portraits d’Aldvin·e, Éléonore, Sourisse et Mégane avaient traversé les millénaires. De l’autre côté du miroir, les deux visages ressemblaient beaucoup à Mégane et Sourisse.Deux voix s’exprimèrent derrière le miroir devenu écran :— Qui êtes-vous ? demandèrent-elles. Comment est-ce possible ? Nous avons vu le miroir scintiller et un bouton clignoter !— Nous sommes les descendants d’Aldvin·e, de Mégane et Sourisse… comme vous d’ailleurs j’ai bien l’impression… dit Valentine.— Pardon, de qui parlez-vous ?— De vos, de nos lointains ancêtres. Nous sommes des cousins éloignés de trente mille ans.— … je, nous… Vous êtes de l’autre monde ?— Oui, nous vivons en Érébus.— … ici, c’est la forêt de Brocéliande, en Bretagne, en France, en Europe, sur la planète Terre… Comment avez-vous dit s’appeler nos ancêtres ?— Aldvin·e, Mégane et Sourisse.— Nous savons qu’elles sont venues il y a trente mille ans chez nous pour s’y faire faire un miroir et nous serions leurs descendantes, mais nous ne connaissions pas leurs noms.— Le même intervalle de temps nous sépare de nos ancêtres en Érébus. Je suis Valentine.— Moi, Anna-Maria.— Moi Olmia.— Eh bien, je suis Gwenaëlle.— Et moi Alexandra, oh comme nous sommes contentes de faire votre connaissance !— J’aimerais beaucoup passer du temps avec vous, je pense qu’on a plein de choses à se dire ! dit Valentine.— Apparemment vous avez découvert une fonction cachée du miroir ? dit Alexandra.— Oui, il y a un module télécom, si cette terminologie vous est familière, dit Anna-Maria. Je viens de le découvrir.— Nous disons pareil, répondit Gwenaëlle, d’ailleurs c’est sympa que nous parlions la même langue !— Je pense que le miroir est équipé d’une ressource de traduction universelle, dit Anna-Maria. Je n’ai pas fini de décoder tout le code source…— Ah, le miroir est une machine informatique ? Les korrigans nous ont dit qu’il avait des fonctionnalités cachées.— Oui, informatique/magique dirons-nous, répondit Anna-Maria. Vous êtes en liaison avec les créateurs du miroir ?— Oui, leurs descendants, mais ils ne sauraient plus en faire un autre, enfin je crois. On va pouvoir passer plein de temps ensemble à discuter, les filles, dit Alex. Vous utilisez le miroir pour changer de sexe ?— Oui bien sûr ! Mais nous devons être prudentes dans l’usage de la magie, car notre pays est une dictature abominable où les magiciens, les elfes, les nains et les autres races sont persécutés et exterminés.— Quelle horreur ! dit Gwen. Chez nous, nous sommes en démocratie, enfin pour ce qui est de notre pays. Que le Dieu et la Déesse fassent que nous y restions longtemps ! Ici, les gens ne croient pas à la magie, il n’y a pas d’elfes, de nains… sauf les korrigans à côté de chez nous. Ce sont des amis mais ils vivent cachés depuis des siècles, les gens croient que ce sont des personnages de légende.— Nous sommes des résistant·e·s, dit Valentine.— Je m’en doutais, dit Alex. Il faut que nous vous racontions nos discussions des dernières lunes avec nos amis les korrigans, à propos de votre monde.— Ah, vous pensiez à nous ?— C’est une longue histoire, depuis la découverte de notre miroir, de nos origines… et maintenant vous !— OK, on s’appelle demain et vous nous direz tout ça, nous aussi on a beaucoup à vous raconter.— Demain on sera en garçons !— Bon, OK, nous aussi alors, quelle heure est-il chez vous ? Nous, dix heures du matin.— Nous, 11 heures, matin également, nos journées font 24 heures.— Nous aussi, disons même heure demain.— Bises les filles !Elles coupèrent la communication.%%%%%%Le lendemain en Brocéliande :— C’est carrément surréaliste ! dit Alex.— Non, tout simplement magique, répondit Gwen. Tu sais que d’ici une semaine, je récupère l’anneau. On pourra aller les voir…— Aller voir la famille dans un autre monde dans une dictature digne des nazis ?— Et alors, tu n’as pas envie de les aider ?— Entre avoir une âme de résistant et être un résistant, il y a un monde !— C’est le cas de le dire !— Quoique, tu sais que quand j’avais 18 ans j’ai fait un engagement dans les commandos de marine… Mais je pense être un peu rouillé !Gwenaël et Alexandre s’étaient changés en garçons. À 11 heures, ils étaient devant le miroir mais ne savaient pas activer le module télécom. L’écran scintilla avec un bouton appel en cours « Érébus – refuge » qui apparut. Alex cliqua pour accepter l’appel. L’écran révéla le visage de Valentin, Ann-Mar et Olmio.— Salut les gars ! dit Valentin.— Salut, il faut que vous nous disiez comment activer le module télécom.— OK, l’un ou l’autre de vous deux est-il magicien ?— Non, enfin oui, dit Gwen, les korrigans m’ont diagnostiquée comme telle récemment mais je n’ai reçu aucune formation et ne sais pas encore utiliser mes pouvoirs.— OK, dit Olmio, nous pourrions te former. Mais cela sera dur à distance. Cela serait mieux si on pouvait le faire en présentiel.— Il y aurait peut-être une possibilité, dit Alex. Vous savez que nos ancêtres sont venus chez nous via un portail dimensionnel. Gwen sera bientôt capable de l’utiliser.— Le hic, répondit Ann-Mar, c’est que le portail chez nous se trouve à l’autre bout du continent et que les voyages entre villes sont interdits par la Milice et le PNDM.— Le PNDM ?— Le Parti National du Dieu de la Mort. La dictature au pouvoir depuis mille ans.— Cela a des relents de IIIe Reich chez nous. C’était une dictature abominable du siècle dernier qui n’a certes été au pouvoir que 12 ans mais qui a engendré une guerre mondiale faisant des millions de morts et a exterminé des groupes entiers de population avec des méthodes innommables. Ils considéraient une partie de l’humanité comme des races inférieures. Leurs soldats les plus terribles avaient une tête de mort comme emblème.— Les mêmes que chez nous, quoi… Vous vous en êtes débarrassé comment ?— Une puissante coalition de pays les a battus ainsi que leurs alliés aussi abominables qu’eux de l’autre bout de la planète. Au prix de l’explosion de bombes nucléaires pour ces derniers.— Ah vous avez ça aussi ? Chez nous c’est le PNDM qui a détruit une ville de nains avec ça il y a longtemps.— Charmant…— Si vous nous parliez un peu de vous ?Gwen et Alex racontèrent toute leur histoire depuis le début. La communication fut longue. Ils promirent de se recontacter le lendemain.— Gwen, il faut qu’on parle aux korrigans.— Sans doute, Alex, mais si nous envisageons de partir en Érébus il faut quelqu’un pour s’occuper des enfants.— Ils sont ados, ils peuvent se débrouiller quasiment seuls. On peut demander aux korrigans de veiller sur eux.— Bonne idée. Il faudrait qu’on commence notre entraînement militaire avant, tu ne crois pas ?— Pas tout de suite, je te rappelle que ma cousine Lia vient avec ses amies et leurs enfants la semaine prochaine pour Pentecôte.— Ah oui, j’avais oublié. Elle a fait Saint-Cyr, non, enfin quand elle était un homme ?— Oui, et alors ?— Elle pourrait nous entraîner…— C’est ça, on va lui dire : figure-toi qu’on est en contact avec des cousins éloignés dans un univers parallèle et on va aller jouer aux freedom fighters***chez eux…— Oui, tu as raison, c’est idiot ce que je viens de dire.* Voir « Les aventures d’Aldvin le barde », chapitre 16** Le PNDM trouve son origine dans l’ancienne religion du Dieu de la Mort, voir « Les aventures d’Aldvin le barde », fin du chapitre 4 et chapitre 5*** « freedom fighters » : combattants de la liberté, terme donné à un certain nombre de rebelles ou de résistants dans certaines guerres de libérationChapitre 3 : visite en BrocéliandeAlexandra raconte :Nous partîmes le vendredi, veille de Pentecôte, en début d’après-midi, pour éviter les gros bouchons parisiens de ce week-end-là. J’ai toujours aimé la Pentecôte, la légende arthurienne dit que c’est le jour de l’année où les chevaliers reviennent à la table ronde raconter leurs exploits. Nous allions donc en terre arthurienne. Je me demandais comment cela allait se passer avec l’étrange cousin de Lia et son compagnon*. Nous étions 5 dans la grande voiture que nous avions louée. Nous nous partageâmes le volant et arrivâmes en fin d’après-midi. La navigation par satellite avait fait son office, les coordonnées précises nous avaient évité une quête de recherche de lieu.Gwenaël et Alexandre avaient dû nous entendre arriver car ils étaient dehors devant la maison quand nous garâmes le véhicule.Lia fit les présentations. Je proposai qu’on m’appelât Alexandra toute la durée du séjour, Alex étant réservé à Alexandre. Cela eut l’air de convenir à tous et à toutes. Nous fîmes la connaissance des enfants ados de Gwen et Alex, Vivian et Morgane, mais ils partiraient le soir-même passer le week-end chez des amis. La maison était une belle demeure en pierres bretonnes, un peu sombres. Elle était vaste et avait de nombreuses chambres, nous aurions la nôtre, nos enfants la leur et Lia la sienne. Circé avait maintenant quatre ans et Jéromine trois. Alors que Gwen nous faisait visiter, je remarquai dans le séjour un très beau miroir ancien. J’évoquai sa beauté devant Gwen et Alex :— Superbe, ce miroir, il doit être très ancien ?— Il l’est, répondit Gwen, il a toujours appartenu à ma famille, depuis de nombreuses générations, il a traversé les siècles.Mélanie et moi fûmes impressionnées. Il faisait un peu froid et humide ce soir-là, Gwen fit du feu dans la cheminée pour réchauffer l’atmosphère. Les enfants mangèrent avant nous et nous les mîmes au lit avant notre soirée entre adultes. Alex avait fait la cuisine et le dîner fut succulent. Nous parlâmes de beaucoup de choses, Gwen et Alex étaient effectivement très curieux de connaître des détails sur nos vies. Nous étions officiellement deux enseignantes-chercheuses, Mélanie et moi, et Lia faisait de l’import-export.— Dis-moi Alexandra, j’ai regardé par curiosité tes publications, et j’ai vu que tu les signais « Alexandre » initialement ?— Oui, fis-je, j’ai fait une réassignation, comme Lia d’ailleurs. C’est comme cela que nous nous sommes connues, d’ailleurs.— Je suis impressionnée, poursuivit Gwen, de voir comment vos enfants vous ressemblent.— Les vôtres aussi vous ressemblent beaucoup, Gwen et Alex, non ? contre-attaquai-je. Il faut croire que l’ADN de vos mères porteuses n’a pas eu d’influence !— Et vous, celui de vos donneurs de sperme !Nous éclatâmes tous et toutes de rire.Une fois dans nos chambres pour aller nous coucher, Lia nous indiqua par SMS qu’elle avait planqué une microcaméra dans le salon, Gwen et Alex lui paraissant vraiment trop étranges. Après une bonne nuit bien calme, elle nous montra alors que nous étions entre nous le matin le résultat de ses investigations de la nuit. Environ une heure après que nous ayons rejoint nos chambres, Gwen et Alex étaient venus nus dans le salon. Ils s’étaient installés devant le miroir et avaient prononcé chacun une phrase apparemment en breton. La caméra avait alors filmé leur transformation en femme. Elles s’étaient alors embrassées puis avaient quitté le champ de la caméra, probablement pour aller vers leur chambre faire l’amour. La scène inverse avait eu lieu le matin avant notre réveil. Voilà qui expliquait ce que Lia avait remarqué lorsqu’elle était venue les voir et qu’elle nous en avait parlé lors de nos retrouvailles avant notre mission en Grèce. La transformation étant de nature magique, il était probable qu’étant femmes, la cousine de Lia et son amie aient eu des enfants de leur couple, un peu comme Mélanie et moi, même si dans notre cas le don de Circé ne faisait que nous donner des attributs sexuels masculins. Je demandai mentalement à Circé si elle connaissait cette magie. Elle me répondit par la négative mais dit que cela l’impressionnait beaucoup, que cette maison irradiait la magie et que nous étions probablement surveillées par le peuple de la forêt, les korrigans. Mais comme elle le disait si bien, ce n’était pas sa culture.Nous décidâmes avec Lia qu’il nous faudrait briser la glace et trouver un moyen de le faire astucieusement.%%%%%Gwen raconte :Nous avions craqué hier soir, Alex et moi. Nous avions envie de nous retrouver en femme. Nous l’avions fait et passé la nuit ainsi, faisant des câlins toutes les deux. Nous avions dû reprendre nos apparences masculines avant le réveil de nos invitées. Cela me pesait, j’eus aimé pouvoir leur dire, mais je ne savais pas comment faire. Cela dit, les korrigans m’avaient confirmé qu’Alexandra était, comme Lia, un homme changé en femme par la même magie d’origine sud-américaine. Ils m’avaient dit par ailleurs que Mélanie et Alexandra avaient également un pouvoir magique d’origine grecque. Et après tout, si je jouais franc-jeu ? Il faudrait que j’en parle à Alex.%%%%%Mélanie raconte :Lia nous emmena en excursion ce matin-là au Val sans Retour. Nous avions laissé les enfants avec Gwen et Alex. Après nous être garées à Tréhorenteuc et avoir vu la chapelle du Graal, nous démarrâmes la boucle touristique et arrivâmes à l’étang du miroir aux fées, puis remontâmes la rivière pour au final monter sur la crête en face. C’était magnifique, il faisait très beau et le ciel bleu ne contenait que quelques nuages de beau temps. Nous rentrâmes vers midi, pour nous mettre les pieds sous la table, puis partîmes l’après-midi pour d’autres excursions, la fontaine de Barenton, le tombeau de Merlin et la fontaine de Jouvence notamment. Comme pour le matin, nous avions pris des équipements de marche, à savoir des chaussures militaires, dernier modèle. Alex le remarqua et nous dit :— Pas mal vos chaussures, c’est de l’armée, non ?— Oui, fit Lia, j’y ai encore des contacts, bien que je l’aie quittée…— J’aimerais bien avoir les mêmes, continua-t-il.— Sans problème, il faudra que tu me donnes ta taille.— OK.Le soir arrivait, nous prîmes l’apéritif puis fîmes manger les enfants avant d’aller les coucher. Lia nous accompagna. Quand nous revînmes dans le salon, deux femmes s’y trouvaient : c’étaient les alter ego féminins de Gwenaël et d’Alexandre.— Voilà, on ne va pas vous mentir plus longtemps… vu que vous-même pratiquez la magie ! déclara Gwen.— On s’en doutait un peu, fit Lia. Comment faites-vous ? (elle faisait semblant de ne pas avoir filmé la transformation de la nuit précédente.)— Le miroir, il nous permet de changer de sexe à volonté. Je suis Gwenaëlle, et voici Alexandra, que nous continuerons à appeler Alex.— Pas mal, intervins-je. Pour ma part, je ne suis pas une transformée comme Lia et Alexandra. Mais j’use de magie aussi.— Oui, pour commencer dit Alexandra, la Déesse de la forêt amazonienne nous a permis de devenir des femmes, selon un rituel de la tribu dite des amazones.— On leur dit pour le reste ? demandai-je à ma femme.— Oui Mélanie, vas-y !— Ensuite, une divinité grecque et magicienne, Circé, nous a fait un don qui nous permet à Alexandra et moi de faire apparaître à la demande un sexe masculin tout en gardant nos apparences de femmes.— Les korrigans nous ont parlé de la présence de magie grecque, intervint Alex.— C’est tout de même rigolo, ces différentes magies qui aboutissent sensiblement aux mêmes effets, fit Lia. Bon, moi pour ma part, je n’ai pas accès à la magie grecque. Je suis maintenant juste une femme, une vraie femme. Je pourrais essayer le miroir ?— Tu peux essayer, mais je ne pense pas que cela marche, tu n’es pas de la branche familiale qui l’a reçu en cadeau des korrigans. Tu n’as pas non plus de sang elfe a priori.— De sang elfe ? On n’est pas dans le Seigneur des Anneaux, là, fis-je.— Oui, mais nous sommes en forêt de Brocéliande, reprit Gwenaëlle. On va tout vous dire. Les korrigans de la forêt sont nos amis. Nous avons découvert plein de choses grâce à eux.Et Gwen et Alex nous racontèrent leur histoire, celle du miroir, l’accès à la scène du miroir aux fées, qu’ils nous montrèrent en vidéo où nous vîmes leurs ancêtres venus d’un autre univers. Ils nous parlèrent du portail du Val sans Retour.— Vous êtes probablement passées à côté ce matin, fit Alex. Gwen devrait bientôt apprendre à l’utiliser.— Ah bon, mais pourquoi faire ? demanda Lia.— Allez tant qu’on y est, parlons du contact avec les cousin·e·s de l’autre monde, fit Alex— D’accord, répondit Gwen. Il existe un autre miroir, celui que nos lointains ancêtres étaient venus chercher. On peut communiquer à distance entre les miroirs, avec un principe quantique qui assure l’instantanéité. Nos cousins de l’autre univers nous ont contactés.— Vous y allez pour le plaisir de les voir ?— Non, pas seulement, nous allons les aider, reprit Alex. Leur pays est sous une dictature de type nazie, où les elfes, les nains, les orques et les magiciens sont exterminés par eux. Nos cousins sont des résistants et nous avons envie de les aider à vaincre cette tyrannie.— Carrément, fit Alexandra. Mais vous avez le niveau ?— Alex est un ancien commando de Marine, quant à Gwenaëlle…— Les korrigans m’ont diagnostiquée magicienne. Les cousins m’ont dit qu’ils pouvaient me former rapidement. Lia, pourrais-tu prendre quelques semaines de congé pour nous former militairement ?— Euh… Il faudrait que je voie avec ma boîte…— Et vos enfants ? demandai-je. Qu’en ferez-vous ?— Ils sont ados et presque adultes, ils pourraient s’assumer seuls pendant notre absence.— Qui durera combien de temps ? intervint Lia. Ce n’est pas raisonnable, vous n’êtes pas entraînées, et qui plus est si vous mourrez là-bas… Il n’y a pas de plan B dans votre histoire.— Cela me rappelle une autre histoire sans plan B. J’ai failli ne jamais revenir, dit Alexandra.— Ah bon ? fit Gwenaëlle, curieuse.— Je vous en parlerai peut-être une fois, répondit Alexandra. Lia a raison. Je ne vous vois pas laisser vos enfants seuls ici.— Les korrigans nous aideront, ils pourront même dépêcher certains d’entre eux ici à la maison.— Oh, en ce cas, dit Lia…— Notre proposition est sérieuse, Lia, fit Gwen. Tu étais dans des unités commandos, non ?— Oui…Le matin même, Lia contactait le directeur des opérations :— Arthur, j’ai besoin d’un congé sans solde pour convenance personnelle.— Ah, et tu peux me dire pourquoi ? J’en ai un peu marre d’apprendre toujours avec retard toutes vos histoires avec Alexandra et Mélanie.— C’est pas faux, ce que tu dis. C’est encore une histoire incroyable de magie, mais aussi d’autres univers… Je te propose qu’Alexandra et Mélanie te fassent un briefing complet en rentrant. Il y en a pour plusieurs heures. Ma cousine, Gwenaëlle…— Je croyais que c’était un cousin ?— Oui, enfin non aussi. Elle peut changer de sexe comme elle veut.— Ah oui ? Plus rien ne m’étonne désormais avec vous trois. Continue.— Elle et son conjoint veulent aller jouer aux freedom fighters dans l’univers où vivent des cousins éloignés…— À la mode de Bretagne ?— Non juste éloignés de trente mille ans.— Ah oui, rien que ça…— Et ces cousins vivent sous la férule d’une dictature de type nazie qui extermine les elfes, les nains les orques et les magiciens.— Et ce sont des magiciens, bien sûr ?— Tu as deviné.— Lia, si je n’avais pas déjà vécu ce que j’ai vécu avec vous trois, je te ferais enfermer pour démence aggravée. Mais là, je ne peux que te croire et t’écouter. Continue.— Alex, le mari de Gwenaëlle veut que je les entraîne sur le plan militaire. C’est un ancien commando de marine.— Fort bien, donc c’est pour ça que tu veux un congé sans solde ? Tu ne voudrais pas les accompagner aussi, par hasard ?— J’y ai pensé, surtout que je pourrais peut-être être leur assurance-vie…— OK Lia, c’est d’accord, je n’ai pas de mission urgente où tu serais indispensable…— Et puis tu as toujours Alexandra et Mélanie. Leur niveau est devenu excellent en plus de leurs capacités intellectuelles.— C’est pas faux. Lia, je te fais confiance mais surtout ne me fais pas le coup de ne pas revenir, j’ai assez pleuré pour Alexandra dans la dernière affaire amazonienne.— Oui Arthur, je te le promets. Tu sais…— Quoi ?— On est le dimanche de Pentecôte, le jour où les chevaliers de la Table ronde reviennent à la cour du Roi Arthur raconter leurs exploits de l’année…— Diable…— Je serai là l’année prochaine, Mon Roi. Je te le promets.— Bien chevalière Lia, que la Déesse, Circé, les korrigans et tous les autres te protègent.— Ah, une dernière chose, j’aurais besoin que tu nous autorises à accéder à certaines infrastructures militaires pour l’entraînement.— Mais bien sûr, mettez toutes chances de votre côté, si cela peut contribuer à ce que vous reveniez tous en vie. Et qui sait, j’aurais peut-être deux agents de plus pour le service à votre retour ?— Qui sait ? Merci, Arthur, merci pour tout.— Que ne ferait pas le Roi Arthur pour sa meilleure chevalière ?Lia vint nous faire le compte-rendu de son entrevue avec son chef, et qu’elle partirait avec Gwen et Alex pour l’autre univers. Elle annonça aussi à sa cousine et à Alex qu’ils démarreraient bientôt avec elle un stage commando en milieu militaire.— C’est ta société d’import-export, c’est ça ? demanda Gwen négligemment.— Bien deviné, dit Lia, énigmatique mais un peu percée à jour.— Je pensai à une chose, dit Alexandra. Vous risquez de partir longtemps. Même si vos amis les korrigans s’occupent de vos enfants, pensez-vous que cela serait une bonne idée si vous venions ici de temps en temps ? Nous pourrions en profiter pour tenter de communiquer avec vous avec le miroir ?— Oh, Alexandra, c’est carrément merveilleux ! s’exclama Gwenaëlle. Passez tout le temps que vous voulez dans notre maison en notre absence, venez comme il vous plaira.— Génial, fit Lia, cela rassurera Arthur d’avoir de mes nouvelles.— Arthur, demanda Gwen ?— Notre chef.— Ah, Mélanie et Alexandra font aussi de l’import-export ?— Nous le connaissons très bien, dis-je évasive, c’est un ami.%%%%%%Gwen raconte :Nous passâmes une super journée ensemble et le soir venu, la discussion autour du barbecue tourna à certains aspects de nos vies sexuelles. Nous comprîmes que Lia, Mélanie et Alexandra étaient amantes. Nous fîmes l’amour à cinq pour sceller notre pacte. Nous fûmes tantôt équipées de chattes ou de bite et nos hôtes firent de même. Lia pour sa part ne pouvait que rester femme et en prit dans tous ses trous en mode gang-bang. Elle eut tout de même droit à un gode-ceinture pour pénétrer quelques chattes et quelques culs.%%%%%%Alexandra raconte :L’entraînement prodigué par Lia à Alex et Gwen commença le lendemain, lundi de Pentecôte, essentiellement par du sport. Le groupe partirait le mercredi pour un centre d’entraînement où il resterait deux semaines. Gwenaëlle expliqua qu’elle resterait femme pendant toute l’opération, le chaman korrigan lui avait dit qu’étant femme, sa magie serait plus puissante, Alex serait lui en homme. Nous assistâmes le soir-même à une vidéoconférence entre les deux mondes et Gwen et Alex présentèrent Lia à Olmia, Valentin et Anna-Maria. Elle leur dit être une combattante aguerrie et qu’elle allait entraîner Gwen et Alex en vue de leur venue à tous les trois.Nous rentrâmes sur Paris avec nos enfants le lundi soir, laissant Lia avec Gwen et Alex.* Voir le début du chapitre 1 de la série « Amazonie 2 »Chapitre 4 : une mouche porteuse d’espoirPendant ce temps, en Érébus, au QG de la milice :Le général Garmil s’énervait contre une mouche qui lui tournait autour. Un officier frappa à la porte de son bureau.— Mon général ?— Oui capitaine ?— Le service en charge de la surveillance des champs magiques a détecté une anomalie quantique.— En clair ?— Des terroristes ont utilisé de la magie.— Ça, on le sait, quoi de neuf alors ?— Apparemment une forme de communication vers un autre monde.— Pardon ? Et vous avez pu localiser l’origine ?— Non, comme toujours, ces salopards utilisent un bouclier magique. Nous ne savons pas comment les contourner, ils atténuent les signaux et nous ne pouvons jamais les localiser…— Je sais, je sais…— Je suis désolé, Mon général.— Nous avons remarqué l’activité sur plusieurs semaines, dont ce matin.— Et bien entendu, vous ne pouvez pas connaître le contenu de la communication.— Non Mon général, le signal est faible et crypté. Il est quantique et nécessiterait un équipement totalement identique selon la théorie de Zombar…— Putain de magiciens ! Vous pouvez disposer, capitaine.— À vos ordres Mon général ! Mort aux magiciens !Le général Garmil ne répondit pas au salut milicien du capitaine. Son rang lui permettait d’ignorer le protocole officiel.— Et ouvrez cette fenêtre, que cette putain de mouche qui m’énerve dégage, elle aussi, termina le général.Il pensa à son lointain ancêtre dont il portait le nom*. Sa lignée avait conservé trente mille ans de connaissance de filiation. Son ancêtre était un prêtre noir du Dieu de la Mort, comme lui. Il avait péri assassiné par des aventuriers anarcho-magico-libertaires, suite au sacrifice au Temple du barde de leur groupe, qui avait bêtement refusé de se convertir au Dieu de la Mort. Quel con ce barde ! Ces gens et leur descendance étaient tous des dégénérés et des déviants. Heureusement, le PNDM et la Milice étaient là pour guider le peuple vers la vraie foi et assainir la population. Avant son assassinat, son lointain ancêtre avait engrossé une servante du Temple et Garmil en était le descendant. Le fils de la servante avait été élevé au Temple et avait perpétué une lignée ininterrompue de prêtres noirs, exclusivement des garçons, car dans cet ordre religieux les filles n’accédaient pas à de hautes fonctions, étant évidemment cantonnées dans des rôles de servitude et de reproduction. Et dire que dans l’époque bordélique heureusement révolue de « démocratie » les femmes étaient les égales des hommes ! Et tous ces elfes, ces nains, ces gnomes, ces sang-mêlé ! Pas mieux que les orcs et les gobelins ! Cela dit, ces derniers avaient été faciles à éradiquer, utilisant encore à l’époque des chevaux, des arcs, des lances et des épées. La Milice avait elle pour sa part des chars, des avions et de l’infanterie mécanisée. Pour les nains, cela avait été plus dur, ils avaient une armée moderne, des armes performantes et de la technologie. Une bombe atomique avait finalement annihilé la ville naine de Gal-Dûr. Les mines avaient été passées au lance-flamme pour éliminer toute cette vermine. Les forêts où se cachaient les elfes avaient été elles brûlées au défoliant largué par des avions. Restaient les sang-mêlé et les magiciens. Pas facile d’exterminer ces derniers.Le général sortit de ses pensées, que l’auteur juge totalement putrides, nauséabondes, voire pire encore, et espère qu’il en va évidemment de même pour les lecteurs et les lectrices.La résistance ne faiblissait pas, voire se renforçait apparemment. Qu’était cette communication vers un autre monde ? Le pays n’en était pas encore au voyage interstellaire, seulement des vols orbitaux habités autour de la planète et des satellites pour l’observation, les télécommunications et les données. Le PNDM essayait vainement de développer une fusée pour aller sur une des lunes pour y fonder un Temple.Le général était excédé (d’aucun dirait dans une fureur noire, pour prendre une terminologie terrienne !) de l’incompétence de ses ingénieurs et de ses officiers, non seulement ils n’arrivaient pas à percer les boucliers magiques, mais voilà qu’on avait des télécoms quantiques ! De plus, ni les satellites d’observation optiques ni radar ne pouvaient rien ni sur les collines des Galgals** à cause du brouillard, ni sur la zone de Rigomer*** à cause du paysage changeant en permanence. Le général ne comprenait pas pourquoi les radars ne voyaient rien dans ce brouillard, sûrement encore une putain de cause magique. Le rapport des scientifiques sur la lutte contre la résistance ne plairait pas au chef du PNDM, pensa-t-il en le parcourant assis à son bureau, vraiment pas.Il alla se faire un café. Putain de mouche !Ailleurs, pas très loin dans la ville, un groupe de résistants s’affairait sur une console de pilotage de drone.— Alpha Unité, tu peux ramener la mouche. On a toutes les images du rapport des scientifiques de la Milice et l’enregistrement audio de la conversation.— OK, Bravo Roméo, je ramène la mouche. Belle mission.— Je transmets au chef de cellule. Merci à tous et à toutes.Pendant ce temps au refuge :Valentine était dans la cuisine et commençait à préparer le repas pour Anna-Maria, Olmia et elle. Son smartphone magique crypté la fit sursauter, signalant l’arrivée d’un message.— Les filles, venez vite !— Oui, c’est prêt ? Je meurs de faim, dit Olmia.— Non, c’est pas prêt, mais cela vaut le détour.— OK on t’écoute, dit Anna-Maria.— Une mauvaise nouvelle et deux bonnes.— Commence par la mauvaise…— La Milice sait que nous communiquons avec un autre monde…— Merde !— Mais première bonne nouvelle, le bouclier magique empêche de nous localiser et le caractère quantique ne leur permet pas de connaître le contenu.— Ouf !— Et deuxième bonne nouvelle : nous avons potentiellement une zone pour organiser la résistance.— Sans dec’ ? C’est génial !— Collines des Galgals et plaine de Rigomer…— T’as pas mieux ? C’est carrément hostile comme terrain ! rétorqua Olmia.— Tu préférerais te faire irradier à Gal-Dûr ?— Non bien sûr. Mais au fait, le portail dimensionnel est bien à Rigomer ? Cela sera idéal pour récupérer nos cousin·e·s qui veulent nous aider.— Oui !— Espérons-le. Il nous faut surtout contacter les autres chefs de cellules de résistance. Il est temps d’intensifier la lutte et d’envisager la restauration de la démocratie.— Oh là, tu vas un peu vite en besogne, Anna-Maria.— Non, pourquoi ?%%%%%%%%Quelques semaines plus tard, après le retour de stage de formation :Les korrigans venaient de remettre l’anneau de révélation à Gwenaëlle. Elle avait pu faire apparaître le portail. Elles avaient raconté au chaman leurs nombreuses conversations avec leurs cousin·e·s d’Érébus. Le chaman les félicita de leur choix d’aller les aider, il fut très heureux de rencontrer Lia et aussi très rassuré de voir cette puissante guerrière partir avec eux. Gwenaëlle lui parla aussi de la proposition des cousin·e·s de la former en tant que magicienne :— Qu’en pensez-vous ?— C’est une très bonne idée, dit le chaman, et de plus nous ne serions pas capables de le faire.— C’est OK avec les enfants ?— Oui, nous avons quelqu’un à la maison chez vous pour les aider. Ils nous ont dit que vos amies Mélanie et Alexandra viendraient aussi de temps en temps. C’est très bien.— Parfait dit Alex. Nous comptons partir demain, nos cousin·e·s ont pu rejoindre le site du portail dans leur monde.— Ah bon, je croyais qu’ils/elles avaient des difficultés à s’y rendre du fait du blocage des voyages par leur dictature ?— Leurs ancêtres Aldvin·e et Mégane ont apparemment laissé les coordonnées de téléportation, à l’époque, il suffisait de connaître un lieu pour pouvoir s’y téléporter.— Remarquables, ces enfants sont plein·e·s de ressources.Lia avait fourni des équipements militaires, treillis, sacs et armes blanches pour le groupe. Pour les armes à feu, cela n’avait pas trop de sens, ne sachant pas quels modèles et quelles munitions étaient en service en Érébus. Ils étaient prêts pour le départ.Le lendemain, les enfants et les korrigans vinrent les accompagner au portail. Gwen le fit apparaître avec l’anneau. Ils s’embrassèrent tous, puis Lia, Alex et Gwen franchirent la surface irisée pour disparaître de ce monde. De l’autre côté, Valentin, Anna-Maria et Olmia virent apparaître la surface irisée du portail, puis trois personnes habillées en tenues camouflées en sortirent. Ils reconnurent immédiatement Lia, Alexandre et Gwenaëlle.— Waouh, cousin et cousines, impressionnant votre arrivée ! dit Valentin. Lia, nous sommes un peu cousins aussi, non ?— À la mode de Bretagne, comme on dit chez nous, répondit Lia.— J’ai tellement envie de vous serrer dans mes bras, dit Olmia !— Moi aussi, dit Anna-Maria.— Mais que se passe-t-il autour de nous ? Pourquoi les montagnes bougent-elles et les lacs se promènent-ils au-dessus de nous ? demanda Gwen.— Ce sont les merveilles de Rigomer, cette zone est ainsi. Cela dit, le portail est pour sa part dans une zone stable, notre camp aussi.— Un auteur du moyen-âge de notre monde en parle ainsi, c’est curieux, le même nom…— Il y avait peut-être déjà des échanges entre nos deux mondes…— Venez, nous avons établi un campement un peu plus loin. Vous avez déjeuné ?— Non, nous sommes partis tôt ce matin à pied de la maison pour aller au portail du Val sans Retour.— Sans retour, qu’est-ce à dire ?— C’est là où se trouve le portail, mais ce lieu est plein d’autres légendes. Cela serait trop long à raconter.Ils se dirigèrent tous vers le camp, fait de tentes camouflées. Valentin prit la parole :— Nous sommes près de 300 sur ce site, il y a d’autres camps dans les Galgals également, une vingtaine. Depuis que nous avons appris que la milice avait du mal avec cette zone, la résistance s’organise partout, ici et dans les villes. Les actes de sabotage et les assassinats de miliciens se multiplient. Il semble que désormais la résistance ait enfin le soutien du peuple, il était temps. Les gens ont envie d’autre chose après mille ans d’exactions du PNDM et de la Milice.— C’est bien, mais que pouvons-nous faire concrètement, nous sommes des étrangers ici, non ? demanda Gwenaëlle.— Tu vas commencer ta formation de magicienne dès cet après-midi dit Anna-Maria, je pense qu’en deux semaines tu devrais être capable de maîtriser les sorts de combats, de téléportation et de renseignement. Nous ne serons jamais assez de magiciens en cas d’attaque massive de la milice.— Alex, nous avons besoin de toi pour les commandos. Nous commencerons à te former à nos armes après cette réunion.— Parfait, et vous, quelles sont vos fonctions ?— Je suis combattant et responsable d’unité avec le grade de capitaine, dit Valentin. Alex viendra dans mon unité.— Je suis évidemment magicienne, dit Anna-Maria.— Et moi spécialisée dans les actions discrètes, dit Olmia, espionnage et renseignement. Lia est assurément beaucoup plus compétente que moi et que mes collègues. Lia, voudrais-tu devenir notre nouvelle directrice des opérations ? Notre ancien directeur a été tué par la milice il y a trois jours alors qu’il dirigeait une opération dans une ville. Nous n’avons pas pu le téléporter pour le sauver.— Cela dit, malgré cette tragédie, la magie nous donne beaucoup d’avantages sur nos adversaires, ils l’ont abandonnée il y a longtemps. Le fait qu’ils aient des véhicules blindés ou des aéronefs n’est pas si déterminant. Nous pouvons les neutraliser et gagner la bataille sur le plan militaire.— Cela ne sera pas peut-être pas suffisant, fit Lia. J’accepte votre proposition. Puis-je organiser très rapidement une réunion avec les personnes en charge des activités de renseignement ?— C’est prévu, dit Olmia, en fin d’après-midi, en visioconférence pour les autres groupes— Au fait, demanda Gwenaëlle, où en êtes-vous de la fabrication d’autres miroirs ?— C’est fait, mais il y a des bestioles. Tout ne marche pas loin de là, mais la visio, si et c’est déjà très bien. Nous sommes indétectables pour nos communications car cela marche à travers les boucliers.— Des insectes ? demanda Alex.— Oui, nous n’arrivons pas à lancer certains programmes qui dysfonctionnent donc certaines choses ne marchent pas…— Ah, chez nous on appelle ça des bugs… mais c’est un mot d’une autre langue, qui a pris le dessus sur la nôtre en termes de communications internationales.— Vous avez beaucoup de pays sur votre planète ?— Pas loin de deux cents.— Deux cents ? C’est énorme… Votre planète doit être ingérable.— Elle l’est, le profit débridé domine avec une économie où les plus riches deviennent plus riches de jour en jour, les plus pauvres plus pauvres. L’environnement est catastrophique avec un réchauffement climatique exponentiel qui détraque le climat, et provoque la montée des eaux et bientôt des conflits et des déplacements de populations. Les chefs d’État ne font rien du tout, en parlant beaucoup et en ayant l’air concernés ou impliqués… Nos glaciers disparaissent, nos calottes glaciaires fondent…— Finalement, nous, on a juste ici une dictature à vaincre. Il n’y a que dix pays sur notre planète, quatre sur ce continent.— Beaucoup de nos pays sont également des dictatures, avec des dirigeants peu recommandables, dit Lia. La démocratie est menacée partout dans notre monde. Le pire, c’est que même dans les pays qui ont connu par le passé des régimes totalitaires et des guerres abominables, le peuple, oubliant son histoire, est tenté par les extrêmes droites qui sont bien évidemment les héritiers spirituels directs des anciennes dictatures. Il y a eu aussi des dictatures d’extrême gauche par ailleurs, pas mieux… Des millions de morts dans tous les cas… en plus, une nation fait n’importe quoi avec sa recherche sur les virus. Ils ont par bêtise déclenché une pandémie à l’échelle mondiale et font comme si ce n’était pas eux.— Charmant. Quand on aura fini ici en Érébus, on pourrait venir vous aider en retour à assainir votre planète ? proposa Valentin.— J’ai peur que ce ne soit plus difficile que de gagner contre le PNDM et la milice, termina Lia.Alex partit donc avec Valentin, Gwenaëlle avec Anna-Maria et Lia avec Olmia. Ces dernières rejoignirent une tente où se trouvaient des écrans, des ordinateurs et des miroirs. Olmia expliqua la situation tactique, mais Lia voulut des explications également politiques sur l’organisation du pouvoir. Elle comprit rapidement que tout passait par le général Garmil.— Parle-moi de lui, Olmia, demanda Lia.— Il est issu d’une lignée ininterrompue de prêtres noirs du Dieu de la Mort, depuis plus de trente mille ans.— Mazette, chez nous les gens ont la mémoire de trois générations en moyenne… Sauf Alex et Gwen, qui font, je l’avoue, figure d’exception.— C’est parce que vous avez abandonné la magie.— Sûrement. Continue.— Nous l’espionnons régulièrement avec nos mouches. Il n’aime pas les mouches et nous avons perdu pas mal de nos drones, mais j’ai un dossier complet sur là où il habite, ses habitudes, ses passions, ses envies, son mental…— Parfait, regardons cela de plus près.Un peu plus tard, à la réunion des agents de renseignements, Lia raconte :— Mesdames, Messieurs, je suis Lia, cousine éloignée d’Olmia que vous connaissez bien. Je viens d’un autre univers.Un murmure parcourut la salle et se produisit apparemment dans tous les sites distants en visio.— Dans mon pays, je suis un agent de terrain des services secrets, spécialisé en missions très spéciales qui peuvent inclure toutes formes de combat, mais aussi en infiltration chez l’ennemi, y compris en longue durée.— Chez nous, intervint Olmia, Lia serait ce qu’autrefois nous appelions une maîtresse assassine, voire une grande maîtresse assassine, nous n’avons plus l’équivalent. Lia a accepté de prendre la tête du service, décapité récemment par la perte de Jonas.— Je suis persuadée que nous aurons bientôt l’avantage militaire, à l’aide de nos unités combattantes et magiciennes. Cela dit, cela ne sera pas suffisant pour faire tomber le PNDM et anéantir la milice. Nous devons capturer le général Garmil. Olmia m’a fourni un dossier complet sur l’homme. Voici ce que je vous propose pour ce faire…* Voir « Les aventures d’Aldvin le barde » Chapitres 1 à 6** Voir « Les aventures d’Aldvin le barde » Chapitre 12***Voir « Les aventures d’Aldvin le barde » Chapitre 13Chapitre 5 : la chute de GarmilGwenaëlle raconte :J’étais maintenant une magicienne formée. J’avais participé à mon premier combat contre un escadron de blindés où avec trois autres magicien·ne·s, nous avions réussi à stopper la colonne en paralysant la plupart des soldats ennemis avec des sorts. Valentin et ses troupes avaient fait le reste. Alex était chef de section, nommé lieutenant de la compagnie de notre cousin. Tous les jours, d’autres camps de rebelles gagnaient des batailles contre des unités de la milice. Nous faisions prisonniers les ennemis, il n’était pas question de les tuer, parce que ce n’était pas dans la vision politique de la rébellion et que nous ne voulons pas non plus voir la population se retourner contre nous alors que la tendance nous était favorable. Un peu partout, nous avions créé des camps de prisonniers. Le problème était que cela consommait une partie de nos ressources, même si nous arrivions à déterminer par un test magique si tel ou tel prisonnier était radicalisé ou non. Ceux qui ne l’étaient pas – et c’était la moitié d’entre eux – venaient généralement grossir nos rangs, nous amenant au passage leurs compétences de soldats et leur matériel. Nous créâmes donc bientôt nos premières unités blindées et reprîmes les villes éloignées de la capitale. Pour les avions, c’était plus compliqué : le fait de paralyser en vol un pilote risquait de provoquer le crash de son avion. Il fallait utiliser un sort de persuasion pour le faire quitter son avion en s’éjectant et descendre sous parachute. Cela ne pouvait se faire qu’à courte distance. Certain·e·s magicien·ne·s s’étaient spécialisé·e·s dans cette lutte antiaérienne, se transformant en aigle pour approcher les avions et neutraliser les pilotes. Je n’avais pas essayé pour ma part, étant dans les opérations terrestres jusqu’ici. Lia nous annonça qu’elle partirait plus de jours en mission à la capitale du pays. Elle avait demandé à des magiciennes, dont Anna-Maria, de participer à son opération. Elle ne nous en dit pas plus, maintenant le secret.Nous avions régulièrement Alex et moi des visios via le miroir pour voir nos enfants, Morgane et Vivian. Ils allaient bien et recevaient régulièrement la visite d’Alexandra et Mélanie, qui vinrent même s’installer chez nous pour télétravailler. Ils s’étaient mis à la gastronomie korrigane et nous dirent qu’ils appréciaient cela.Lia raconte :Garmil était marié et père de six enfants. Le PNDM préconisait le peuplement, exclusivement humain bien sûr, du pays pour avoir une nation forte et hégémonique. Cela dit, il trompait sa femme, fréquentant régulièrement un bordel de luxe de la capitale. Ces établissements s’étaient beaucoup développés sous la dictature, les dignitaires et leurs sbires étant friands de chair féminine humaine fraîche. Les femmes y travaillant étaient très contrôlées : elles subissaient des tests ADN pour s’assurer de leur pureté humaine. Aucune trace de sang elfe, nain, gobelin ou orc n’était tolérée. Elles devaient aussi se soumettre à un test antimagique prouvant qu’elles n’étaient pas magiciennes ou sous influence magique. La patronne du bordel que fréquentait le général Garmil faisait partie de notre réseau.J’avais décidé d’infiltrer le bordel en me faisant recruter comme prostituée. J’avais beaucoup discuté avec mes troupes lors de la préparation de mission, mais aucune femme n’était volontaire ou si elles l’étaient, j’avais estimé qu’elles n’étaient pas suffisamment armées pour la mission. La seule solution était que ce soit moi qui me charge du rôle, bien qu’étant directrice des opérations. Je pensai à Arthur, j’aurais des tas de choses à lui raconter à mon retour, c’était sûr !Je fus téléportée directement dans la capitale par Anna-Maria, dans une grange inoccupée. La téléportation serait repérée car nous ne pouvions pas utiliser de bouclier pour la téléportation, mais j’aurais quitté les lieux depuis longtemps quand la patrouille de la milice arriverait. J’avais revêtu des habits civils et me dirigeai tranquillement vers le bordel où je fus accueillie par Ésméralda, la tenancière de l’établissement. Elle devait avoir dix ans de plus que moi. Elle prenait soin de ces prostituées, malgré la violence de certains clients appartenant au PNDM ou à la milice. Garmil avait des rapports relativement classiques avec les femmes, aimant particulièrement la galdurie. Je n’étais pas familière avec ce terme, et Ésméralda eut l’air étonnée :— Tu ne connais pas, tu ne t’es jamais fait galduriser ?— Non, de quoi s’agit-il ?— C’est recevoir dans son cul un membre masculin ou un olisbos… Certains hommes le font aussi entre eux, mais c’est très mal vu chez les miliciens et au PNDM. Il y en a parmi mes clients cependant.— Chez nous, on dit sodomiser. Je ne suis pas d’ici, mais je pratique, je te rassure…— L’appellation vient de l’ancienne ville naine de Gal-Dûr…— J’en ai entendu parler, chez nous on dit que cela vient de la ville de Sodome, qui fut détruite par le Dieu de certaines religions parce que la population y pratiquait cet acte sexuel.— Très similaire, en fait, dit-elle. Voici une lettre pour le laboratoire voisin pour tes tests ADN et antimagique. C’est pris en charge par la maison. Vas-y sans plus attendre, que tu puisses être opérationnelle dès ce soir. Les résultats sont livrés en quelques heures, nous les aurons avant ce soir.Je me rendis donc au laboratoire et rentrai ensuite au bordel après que les prélèvements avaient été faits. Ésméralda m’attendait.— Il faut t’occuper de ta tenue, les hommes aiment bien certains dessous, cela les excite.— Chez nous aussi.— Tiens, voilà des chausses, un tour de croupe, un justaucorps et un porte-poitrine. La taille devrait convenir.— Jolis dessous. Chez nous, on dit des bas, un porte-jarretelles, une guêpière et un soutien-gorge.— Ah oui ? Essaye-les. Tu veux que je te laisse seule ?— Tu peux rester, j’aime aussi les femmes. Tu peux me regarder.Alors que je me déshabillai, Ésméralda me fit un compliment.— Tu es très belle, Lia, dommage que tu ne viennes ici que pour une mission, je t’intégrerais bien comme permanente parmi mes salariées.— J’ai un autre métier Ésméralda… Et puis ce n’est pas ma vie.— Oui, bien sûr… J’aimerais goûter à ta bouche et à ton sexe d’étrangère d’un autre monde…— Avec plaisir, Madame…J’étais en chausses, tour de croupe et porte-poitrine, qui m’allaient très bien au demeurant. Nous nous embrassâmes, nous caressâmes puis la mère-maquerelle joua dans un premier temps avec mes seins avant de s’agenouiller devant moi pour venir me lécher l’abricot. J’appuyai sa tête contre ma chatte et elle me fit rapidement jouir. Je n’avais pas eu de relation sexuelle depuis notre arrivée en Érébus et ne m’étais masturbée qu’une seule fois dans mon lit. Ésméralda se releva et vint unir nos bouches une nouvelle fois avec le goût de mes sécrétions. Puis elle me dit :— Tu as bien un goût d’humaine. Si les tests sont bons, tu passeras sans problème pour une fille d’ici. Aucune saveur rappelant les elfes, les nains ou les autres.— Il n’y a que des humains dans mon monde.— Vous perdez quelque chose : les orcs et gobelins sont carrément bestiaux, enfin, il faut aimer. Les femmes elfes sont très douées pour faire jouir les mâles, même si les leurs ne sont pas vraiment à la hauteur. Les nains et les naines sont pervers·e·s et raffiné·e·s à la fois.— Tout un programme, il faudra que je reste un peu après la victoire !— Buvons à cela, dit Ésméralda, et bienvenue dans ma maison fermée, Lia.— Ah oui, chez nous on dit : maison close.Les résultats des tests arrivèrent dans l’après-midi : j’étais négative pour les races interdites et le test antimagique n’avait rien révélé. J’avais par précaution déjà fait un test de ce type lors de la préparation de mission au camp. J’avais peur que la magie de la Déesse, qui fait de moi une vraie femme ait laissé des traces détectables. Ce n’était pas le cas et cela m’avait rassurée, réduisant les risques pour la mission.J’étais prête, je m’étais construit une légende qui ne poserait pas de problèmes a priori.— Lia ? fit Ésméralda.— Oui ?— Comment veux-tu procéder ce soir ? Garmil a annoncé qu’il serait là vers neuf heures.— A-t-il des régulières ?— Pas vraiment, il aime la nouveauté, j’ai l’intention de lui dire que j’ai une nouvelle recrue, toi, à lui faire essayer.— Très bien. Je suis censée venir d’une petite ville de province. Mon âge est-il un problème ?— Non, il aime les femmes mûres et d’apparence encore jeunes. Tu es parfaite. Tu mettras cette robe, elle devrait t’aller.— Humm, provocante à souhait, une vraie pute…— C’est le thème de la maison, non ?— C’est pas faux…— Rigolo, ton expression !— Tu veux pratiquer avec un autre client avant son arrivée ?— Je ne préfère pas, je veux me concentrer sur ma mission. Anna-Maria est-elle arrivée ?— Pas encore, elle doit être très prudente et éviter les détecteurs de magiciens.— Elle a cependant une cape atténuant bien sa signature magique, non ?— On n’est jamais assez prudentes…— C’est bien vrai.Anna-Maria arriva en début de soirée. Tout allait bien, elle pensait de ne pas avoir été repérée. Le plan était simple, Ésméralda accueillerait Garmil puis me ferait descendre de l’étage pour que je lui sois présentée. Le reste était mon affaire jusqu’à la neutralisation de Garmil.Ésméralda raconte :Lia était prête, je devais la présenter à Garmil sous le prénom de Linda. Anna-Maria était cachée dans la chambre que Lia devait utiliser pour leurs ébats supposés. Mon hôtesse d’accueil me signala bientôt l’arrivée de Garmil, que je reçus dans le grand hall. Certaines de mes employées étaient là au bar ou sur les canapés, en tenues plus ou moins légères. Une partie était déjà en galante compagnie, d’autres attendaient leurs clients suivants.— Ah, Général, je suis ravie de vous voir ce soir.— Tout le plaisir est pour moi, chère Ésméralda, si je peux me permettre ce jeu de mots ! dit-il en me faisant le baise-main.— Cher Général, vous êtes impayable !— C’est moi qui vous paye, d’ailleurs…— Ha, Ha, Ha, excellent, vraiment excellent. Vous me ferez toujours rire !— Vous êtes de ce point de vue dans la bonne partie de la population de ce pays… Que me proposez-vous ce soir ?— J’ai une nouvelle, une jeune femme d’expérience qui nous vient de province.— De province ? C’est rare ces temps-ci.— Son mari était milicien et a été tué par les rebelles. Elle est sans le sou et est venue me trouver.— Ah… fit Garmil, il faut que je demande aux instances du Parti de faire une loi pour aider ces malheureuses…— Je reconnais bien là votre bonté d’âme et votre générosité, Général. Dois-je la faire descendre ?— Oui, avec plaisir.— Deirdre, veux-tu bien aller me chercher Linda ? demandai-je à une de mes prostituées inoccupées.— Bien Madame, j’y cours.Deirdre monta l’escalier et nous vîmes bientôt descendre Lia, portant sa robe vaporeuse laissant entrevoir ses dessous.— Superbe, Ésméralda, je la veux, dit Garmil dont les yeux brillaient.— Elle est à vous…— Des contre-indications ? Je veux dire, elle est saine ?— Elle a passé ses tests en arrivant. Tout est nominal, voulez-vous les voir ?— Je vous fais confiance. Et côté sexe ?— Elle vous fera tout ce que vous aimez.— J’en bande déjà.— Général, surveillez votre langage, dis-je en riant.Garmil rit aux éclats.Lia raconte :Je descendis les marches et reconnus Garmil d’après les photos de son dossier, il discutait avec Ésméralda et se mit à rire alors que j’arrivais dans le hall. La mère-maquerelle me présenta :— Général, j’ai le plaisir de vous présenter Linda.— Bonsoir, Linda, vous êtes très belle.— Merci Général, répondis-je. Je suis ravie de vous rencontrer, et impatiente de faire plus amples connaissances avec vous…— Linda, j’ai fait monter du vin pétillant pour le général dans ta chambre, à mes frais.— Vous êtes trop bonne, Madame. Général, si vous voulez bien me suivre…J’ondulai exagérément de la croupe en montant l’escalier. Garmil était derrière moi et ne perdait pas une miette de ma démarche, entrevoyant mes dessous coquins sous ma robe vaporeuse. Nous fûmes bientôt dans la chambre. Dès que la porte fut fermée, il se jeta sur moi pour m’embrasser.— Tût, tût, tût, fis-je. Buvons d’abord une coupe si vous le voulez bien.— Bien sûr, belle Linda, bien sûr.— Voulez-vous d’abord que j’allège ma tenue ?— Rien ne saurait plus me faire plaisir.Je m’absentai derrière le paravent de la chambre et défis ma robe. J’apparus en bas, porte-jarretelles et soutien-gorge, comme on dit chez nous.— À la vôtre, chère Linda, à la nuit que nous allons passer ensemble.— À la santé de nos combattants de la milice et au PNDM !— Oui, bien sûr… Votre mari…— Il est mort dignement et fièrement pour son pays.— Je m’occuperai dès demain que vous soyez compensée pour sa perte. Je le ferai décorer aussi de l’Ordre du Dieu de la Mort, au grade de chevalier.— Merci, Général. Je porterai sa décoration en son honneur.Nous trinquâmes et bûmes notre vin pétillant. Cela ressemblait à du champagne de chez nous. Garmil s’approcha de moi pour m’embrasser. Je me laissai faire mais n’étais pas emballée par l’homme, qui outre être un criminel et un salaud me rappelait trop un homme politique de mon pays, tombé pour frasques sexuelles alors qu’il était promis à la plus haute magistrature.Ses mains baladeuses parcouraient ma lingerie. Je mis ma main sur la bosse de son pantalon et lui proposai de commencer à m’occuper de son sexe. Je m’agenouillai devant lui, défis sa ceinture et sortis de son caleçon, un sexe bien dressé et de bonnes dimensions. Il rentrerait bien ma bouche et l’affaire s’arrêterait alors bientôt. Je commençai ma fellation. Garmil soupirait de bonheur. Mes mains jouaient avec ses bourses alors que je le suçai. C’est alors que je mordis violemment sa bite et lui tordis simultanément les testicules. Il hurla de douleur, je lâchai tout, me relevai tel l’éclair et lui assénai du revers de ma main un coup magistral à la pomme d’Adam. Il s’écroula, inconscient.— Anna-Maria, tu peux sortir, dis-je.— J’arrive, enlève-lui les quatre anneaux qu’il a aux doigts des mains et son pendentif aussi. Cela permettra à la magie d’agir sur lui. Les dignitaires du régime sont tous dotés de ce type de protection contre nous.— C’est fait. Je l’attache, passe-moi les menottes de mains et de pieds, le bâillon aussi.Garmil fut bientôt entravé et bâillonné. Quelqu’un à la porte de la chambre avec le code convenu et Ésméralda entra, accompagnée de deux autres femmes.— Le couloir est vide. On le met dans la malle et on l’évacue par l’escalier de service, dit-elle. Dommage que je n’ai pas le temps de m’occuper de lui, je l’aurais bien tourmenté, ce salaud.— On y va, la voiture est prête, en bas ? demandai-je.Anna-Maria confirma. Olmia nous attendait. Nous descendîmes la malle à nous quatre puis la chargeâmes dans la voiture. Nous dîmes au revoir à Ésméralda et à ses employées puis nous mîmes en route vers la banlieue. Nous avions un peu de temps avant que la milice ne s’aperçoive que son chef avait été capturé. Nous garâmes la voiture dans un entrepôt désaffecté, puis Anna-Maria nous téléporta tous à notre camp dans la zone de Rigomer. La milice serait attirée par le sort lancé mais arriverait trop tard. Ésméralda et son personnel seraient pour leur part exfiltrés depuis un autre lieu. J’étais restée en tenue de pute et les membres présents du service furent surpris de me voir arriver en chausses, tour de croupe, et porte-poitrine !Au camp, les personnes en charge du piratage des médias étaient elles aussi prêtes. Elles avaient pris le contrôle des satellites de communication et étaient maintenant capables de remplacer les programmes des chaînes de télévision par notre propre canal. Sur toutes les chaînes du pays, l’image disparut pour être remplacée par notre transmission. Les réseaux sociaux avaient eux aussi été piratés. Valentin, Olmia et Anna-Maria apparurent à l’écran, Garmil étant en arrière-plan, bâillonné et entravé.— Chers téléspectateurs et téléspectatrices, cher·e·s compatriotes et aussi, détestés membres de la milice et du PNDM, nous sommes en direct de notre camp rebelle et nous détenons, comme vous pouvez le voir, le chef de la Milice, le Général Garmil. Cette action éclair d’enlèvement, menée brillamment par nos agents ce soir, nous sommes capables de la reproduire pour chacun de vous, dignitaires du régime. Vous n’êtes plus, détestés dignitaires, en sécurité nulle part. L’heure du soulèvement général a sonné. Nous incitons toutes les personnes éprises de liberté à descendre dès maintenant dans la rue pour manifester. Nous demandons aux miliciens de ne pas faire usage de leurs armes, de se rendre, et à ceux dans leurs rangs qui ne sont pas étés radicalisés, de se joindre à nous et de fraterniser avec le peuple. Messieurs les dignitaires du PNDM, rendez-vous, abdiquez immédiatement. Si vous fuyez à l’étranger, nous vous traquerons, nous ne vous laisserons pas en paix. Aucun mal ne vous sera fait si vous vous livrez, vous serez ensuite jugé par un tribunal pour répondre de vos crimes devant le peuple. Nous proclamons le retour de l’État de droit et de la Démocratie. Nous déclarons dissous et interdit le PNDM. Une assemblée constituante sera mise en place dès demain, vous, citoyens et citoyennes du peuple, y serez toutes et tous invité·e·s à y participer. Son rôle sera de nous donner une nouvelle constitution républicaine, égalitaire, équitable et fraternelle, où tous, humains, elfes, nains, orques et gobelins, qu’ils soient hommes, femmes ou d’un autre sexe auront les mêmes droits et où toute discrimination sera proscrite. Mes cher·e·s compatriotes, vive la République ! Vive la Liberté !Cette séquence fut diffusée en boucle, il y fut intercalé aussi des scènes victorieuses de combat où on voyait les miliciens se rendre.L’insurrection générale commença dans les heures qui suivirent. Des milliers de gens descendirent dans les rues. Les soldats radicalisés de la milice furent neutralisés par leurs camarades légalistes. Il y eut tout de même des morts et des blessés, mais le nombre ne fut pas si important. Les dignitaires du PNDM ne voulurent pas se rendre et se barricadèrent dans le palais gouvernemental. Il fut assiégé par les forces de libération jusqu’à ce qu’ils finissent par se livrer. Peu à peu, nous vîmes sortir des elfes, des nains, des orcs et des gobelins qui vivaient cachés pendant la dictature. D’autres revinrent de l’étranger. Les couples mixtes aussi bien hétérosexuels qu’homosexuels se promenaient désormais dans les rues, la musique et la joie de vivre étaient revenues, elles aussi.La tâche était accomplie. Alex, Gwen et moi allions bientôt rentrer chez nous, mais nous voulûmes rester quelques jours pour fêter la victoire. De nombreux rebelles nous demandèrent de rester parmi eux pour les aider à reconstruire la démocratie. J’avais été nommée générale et d’aucuns auraient voulu que je fasse partie du gouvernement provisoire en tant que ministre de l’Intérieur… Je refusai. Je retrouvai Ésméralda, à qui je voulus rendre les dessous qu’elle m’avait passés pour la mission de capture de Garmil. Elle insista pour que je les garde. Je protestai en lui disant que j’en avais plein du même genre chez moi. Elle me dit que ceux-là seraient différents, ils porteraient le souvenir de ma mission qui avait précipité le retour à la liberté. Je lui souris.Elle me demanda :— Que pourrais-je faire pour te remercier, belle Lia ?— Ésméralda, tu as un métier particulier… Je…— Ne t’en fais pas pour moi, je vais continuer mon activité et mes employé·e·s auront très rapidement droit à sécurité sociale, retraite, à une considération comme n’importe quel salarié. Je fais partie d’une commission législative travaillant en ce sens.— Bravo, je suis heureuse pour toi et ta profession. J’aimerais… avant de repartir… tester, en ta compagnie, des amours qu’on jugerait… exotiques… dans mon monde…— Tu veux dire avec les autres ethnies de notre peuple ? (le terme de race était désormais proscrit et serait bientôt déclaré anticonstitutionnel). J’en serai ravie. Je t’organise cela pour demain soir. J’invite aussi Gwen, Alex et leurs cousin·e·s ?— Waouh, une mégapartouze alors !— Pardon ? Qu’est-ce à dire ?— C’est un terme de chez nous pour désigner une orgie sexuelle avec de nombreuses personnes.— Alors, va pour une mégapartouze, tu connais les lieux, je crois…— Merci Ésméralda.Nous nous embrassâmes d’un baiser langoureux.Chapitre 6 : Faites l’amour, plus la guerre…Gwenaëlle raconte :Alex et moi fûmes un peu surpris par l’invitation d’Ésméralda. Depuis notre arrivée, nous avions fait la guerre, rien que la guerre. Le temps était venu du retour de l’amour. Ann-Mar nous avait dit qu’il amènerait leur miroir familial, le seul qui marchait pour les transformations sexuelles, les copies étant encore affectées par les bestioles. Cela dit, le fait qu’il fallait avoir du sang elfe ou être de notre lignée familiale pour l’utiliser avait été jugé inéquitable par Lia. Olmia, Valentin et Ann-Mar avaient trouvé cette remarque fort pertinente, en ces temps de retour à une démocratie où l’équité était un maître-mot et Ann-Mar s’attaqua immédiatement à modifier le code source du miroir pour faire sauter ce verrou. Y parviendrait-il d’ici le lendemain ?Le jour dit, nous nous préparâmes pour la soirée. J’étais toujours en femme depuis mon arrivée en Érébus, Alex, toujours en homme. Je ne savais pas si nous pourrions profiter des joies de changer de sexe pendant la soirée. Ésméralda nous fournit des tenues sexy à notre convenance et nous découvrîmes donc avec amusement le vocabulaire local qui leur était attaché. Elle nous indiqua que toutes les ethnies du pays seraient représentées et que tous les invités se faisaient une joie de cette fête où ils et elles pourraient faire l’amour avec des humains d’un autre monde. Cela s’annonçait bien. Alex eut envie de porter lui aussi chausses, tour de croupe et justaucorps. Ésméralda le félicita, il n’était pas si commun qu’un être mâle portât ce genre de tenues. Elle ne savait pas tout de nous, loin de là.Nous arrivâmes ensemble avec Lia et Alex. Olmia, Anna-Maria et Valentine nous avaient précédées. Cela nous fut drôle de voir Valentin redevenu femme. Le miroir marchait donc, mais la modification introduite par Ann-Mar était-elle opérationnelle ? Personne ne voulut rien nous dire. Nous étions toutes et tous dans le hall de la maison fermée. Ésméralda avait invité un orc, une gobeline, une elfe et un nain. Nous étions donc onze en tout. Nous étions tous habillés de robes pour les dames et de beaux vêtements pour les messieurs. Un buffet était dressé sur diverses tables et des bouteilles de vin pétillant nous attendaient, bien refroidies dans leurs sauts pleins de glace. Quand nous entrâmes, notre hôtesse nous accueillit avec une flûte de vin pétillant. Tou·te·s les invité·e·s présent·e·s en avaient un à la main, mais personne ne l’avait encore porté à ses lèvres. Nous étions donc attendues. Ésméralda leva son verre et porta alors un toast :— Je lève mon verre à nos héros et nos héroïnes, combattants et combattantes de la liberté ! Qu’ils et elles soient bénies à jamais !— Au retour de la liberté et de l’amour ! cria Lia.— Au retour de la liberté et de l’amour ! reprit toute l’assemblée.Une musique douce démarra. Nous commençâmes tous et toutes par boire nos verres, puis nous profitâmes du buffet qui était délicieux. Nous engageâmes diverses conversations avec les invités d’Ésméralda. Tous avaient beaucoup souffert de la vie sous la dictature. Il régnait un air de joie et de félicité. Au fur et à mesure de la soirée et de la consommation du buffet, les tenues se firent plus légères et nous fûmes bientôt tous et toutes soit nu·e·s, soit en tenue sexy. Vu sa peau sombre, la gobeline avait choisi des dessous blancs mettant bien en valeur ses grosses fesses et sa volumineuse poitrine. Contrairement aux habitudes de son peuple, elle était intégralement épilée. L’homme orc était par contre lui très poilu et les trois cornes saillantes de son dos laissaient penser qu’il valait mieux l’avoir côté face que pile. La femme elfe avait choisi des dessous verts transparents, évoquant l’origine sylvestre de son peuple. Elle avait la peau très blanche, presque bleue. Le nain était assez poilu. Son sexe, énorme, même ramené à une taille d’homme, était déjà en érection. Ésméralda portait des chausses et tour de croupe rouges. Elle avait gardé une nuisette transparente de la même couleur. J’étais en noir pour ma part, Olmia en jaune, Valentine en bleu. Très arc-en-ciel, cette assemblée !Tout commença par de nombreux baisers et des caresses, puis cela alla crescendo. Lia avait jeté son dévolu sur le nain dont elle suçait la bite. Elle écartait bien la bouche pour permettre au braquemart bien large de trouver accueil dans sa bouche. Alex et l’elfe étaient enlacés et moi j’avais les honneurs de la femme gobeline et nous étions en soixante-neuf sur un des canapés du hall. Le goût de sa chatte n’avait rien à voir avec celle des femmes humaines, c’était plus épicé. J’entendais Lia gémir de plaisir, le nain lui pilonnait maintenant la chatte alors qu’elle suçait la bite de l’orc.J’entendis Alex jouir bruyamment, on m’avait parlé de la réputation des femmes elfes pour ce qui est de faire jouir les mâles. Ce n’était donc pas usurpé et j’aurais l’occasion de le découvrir dans la nuit. La gobeline et moi eûmes bientôt chacune notre orgasme et je restai de longues minutes sous elles à savourer mon plaisir. Elle se retira puis je vis Ésméralda qui s’équipait d’un gode-ceinture ; je lui demandai qui elle voulait prendre. Elle me proposa d’être la première. Elle me besogna tout d’abord la chatte puis le cul, alors que l’orc venait me présenter sa bite odorante à lécher.Lia était toujours en train de copuler avec le nain, qui la galdurisait comme on dit ici. Je constatai un peu plus tard que la bite de ce mâle ne débandait pas après avoir éjaculé, encore une particularité des nains.À un moment de la soirée, Lia se leva pour aller devant le miroir. Elle prononça les paroles qui avaient été imprimées par Olmia et se transforma en homme, qui nous dit alors vouloir être appelé Charles, son ancien prénom. Il proposa de m’enculer, ce que j’acceptai de bonne grâce. Je le vis plus tard baiser avec la femme elfe. Lui aussi eut un puissant orgasme masculin du fait de l’art elfique du coït. Je décidai moi aussi de devenir Gwenaël pour expérimenter diverses choses. Vers le matin, Lia, redevenue femme, se faisait baiser en double pénétration par l’orc et par Ann-Mar. Le matin arrivait, nous étions tous et toutes épuisées. On nous servit une soupe à l’oignon pour nous requinquer, quoiqu’après cela ce fut surtout une journée sous le signe du sommeil réparateur.Nous repartîmes trois jours plus tard, Anna-Maria nous téléporta au portail de Rigomer avec Olmia et Valentine. Nous avions revêtu des habits civils pour le voyage, histoire de ne pas affoler des touristes que nous pourrions croiser dans le Val sans retour après avoir franchi le portail. Nous promîmes à nos cousin·e·s de nous parler souvent. Nous nous invitâmes à venir chez les uns et les autres pour des vacances. Nous nous embrassâmes tous et toutes puis passâmes le portail. Sur la crête du Val Sans Retour, nous eûmes le bonheur en arrivant de retrouver les enfants accompagnés de Mélanie, d’Alexandra et d’un homme que je ne connaissais pas et que Lia nous présenta comme étant son chef Arthur. Dans un mode espiègle, elle l’appela « Mon Roi » et lui dit qu’elle était de retour de sa quête, et bien que nous soyons loin de la Pentecôte. Elle lui dit être prête à lui conter ses exploits. Nous éclatâmes tous et toutes de rire. Nous nous serrâmes dans les bras les uns les autres puis descendîmes à pied jusqu’au parking du village, quoique j’eus pu téléporter tout le monde à la maison, mais je n’étais pas sûre que mes pouvoirs magiques marchent ici. Je décidai toutefois de le faire pour moi seule. Je disparus du Val pour me retrouver à la maison, saine et sauve.Alexandra raconte :Morgane et Vivian nous avaient prévenus trois jours avant du retour de nos combattant·e·s de la liberté. J’informai immédiatement Arthur, qui fit la route avec nous pour arriver jusqu’en Brocéliande. Les enfants étaient aux anges, ces trois mois d’absence de leurs parents avaient été longs. Ils avaient certes suivi avec nous les aventures du combat de libération par ce que Gwenaëlle et Alex leur avaient raconté lors des visios faites entres les deux mondes. Alors que nous descendions vers le village, Arthur remarqua l’absence de Gwenaëlle.— Il manque Gwenaëlle, non ?— Ah, fit Lia, elle doit nous attendre à la maison, je pense.— Ah, d’accord, fit Arthur un peu dépité.— Gwenaëlle est magicienne, Mon Roi.— OK, il ne manque que Merlin et nous serons au complet.— Personne de ce prénom parmi nous, hélas, fit Mélanie. Ça serait drôle !Nous éclatâmes tous et toutes de rire. Gwenaëlle nous attendait effectivement à la maison.— Et bien, vous en avez mis du temps ! dit-elle en riant.Nos combattant·e·s nous firent le récit détaillé (ou presque) de leurs aventures. Arthur fut impressionné. Il sourit quand Lia lui dit que maintenant elle était générale et qu’il lui devait le respect. Ce fut un rire général (c’est le cas de le dire). Arthur demanda à Gwenaëlle et à Alex s’ils avaient des occupations professionnelles dans leurs vies. Ces derniers répondirent par la négative, disant qu’ils avaient assez d’argent pour vivre comme ça. Arthur dit alors :— Et si je vous proposai de travailler pour moi, à l’occasion ?— Dans l’import-export ? demanda Alex.— Exactement, dans l’import-export, comme dit si bien Lia, dit-il. J’ai déjà quelques agents ayant quelques tours magiques dans leur sac, n’est-ce pas Alexandra et Mélanie ? Alors une vraie magicienne formée aux sorts de combat !— Et de renseignement aussi, ajouta Lia.— Je suis d’accord, répondit Gwenaëlle. Alex, qu’en penses-tu ?— Pour ma part, je suis juste un ancien commando de Marine, je ne suis pas magicien.— Mais vous pouvez être en version homme ou femme, selon les besoins, non ?— Oui, enfin seulement en présence du miroir, ajouta-t-il.— Je vous engage aussi.— D’accord.Nous mangeâmes tous ensemble ce soir-là dans la maison. Je remarquai pour la première fois que la table était ronde… – FIN « D’un miroir à l’autre » – (Nos ami·e·s reviendront dans d’autres aventures…)