Le récit que je veux vous conter aujourd’hui débute il y a une dizaine d’années environ. À l’époque, j’avais 23 ans et je venais de m’installer à Clermont pour y poursuivre mes études. Et j’étais un peu esseulé, surtout les premiers temps, ne sachant pas trop comment occuper mes week-ends, car il était hors de question pour moi de rentrer sur Lille toutes les semaines. Toujours est-il que je fréquentais assidûment une salle de jeux qui était à deux pas de chez moi. J’étais le roi du flipper et des jeux vidéos, une bonne occasion pour moi de me faire quelques copains parmi les habitués. La salle était tenue par un gros bonhomme avec des énormes moustaches, qui passait le plus clair de son temps à manger des sandwichs graisseux en attendant que nous ayons besoin de monnaie ou qu’une des machines tombe en panne. Il était brutal, lourdaud et grossier (je n’aurais pas aimé être une petite frappe surprise en train de casser un flip). Mais dans le fond, ce n’était pas un mauvais bougre et, lorsqu’on le connaissait mieux, il était même plutôt sympa et arrangeant. Aucun problème donc pour lui laisser des affaires sous le comptoir, ni même pour obtenir de lui quelques parties gratuites lorsqu’il était bien luné. La brave bête en somme.C’est ainsi qu’un jour, je fis la connaissance de Marie-Pierre, une de ses filles, qui venait de temps en temps le voir entre midi et deux. Elle était grande, grosse, imposante et obèse, comme son père. D’ailleurs ils étaient tous comme ça dans la famille, le grand-père, les deux filles et le fils, tous énormes, sans doute une anomalie génétique héréditaire. Il n’y avait que la mère qui échappait à la règle. Elle était fine et fluette, perdue au milieu de tous ces gros, mais évidemment elle n’était pas vraiment de la famille au départ… Ainsi donc Marie-Pierre avait hérité de la cellulite de son paternel, mais pas uniquement de cela. Elle avait aussi pris sur lui ses manières brutales. Elle parlait haut et fort, jurait comme un charretier, frappait dans les épaules des mecs comme un loubard… Oui, c’est cela, une vraie loubarde, vêtue d’un vieux blouson en cuir usé et, le plus souvent, d’un jean et de santiags. Elle vociférait comme un mec et, sans les deux énormes outres qui lui servaient de poitrine, on aurait presque pu la prendre effectivement pour un mec. Elle copinait avec tous dans la salle de jeux mais, d’après ce que j’appris plus tard, elle ne sortait jamais avec personne, car sa vulgarité apparente et son embonpoint les faisaient tous fuir.Pour ma part, je la côtoyais peu, car elle était toujours fourrée avec des lobotomisés aux grandes gueules qui riaient grassement au fond de la salle en parlant de cul, de mobylettes et de beuveries, le style 16 / 17 ans qui glandent dans un LEP. Alors Marie-Pierre, pour moi, n’était au départ qu’une caricature inabordable, tandis que pour elle je ne devais être qu’un étudiant snob et prétentieux. Tout donc nous séparait.Un jour, pourtant, j’arrive là-bas et il n’y a presque personne, ce doit être les vacances scolaires ou quelque chose comme ça. Marie-Pierre est avec son père au guichet, en train de bavasser. Je m’approche pour demander de la monnaie. Ils se retournent tous les deux vers moi. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis gêné, je sens la présence de cette grosse vache près de moi, je sens même sa chaleur… brûlante. J’essaie de concentrer mon regard sur le gérant, mais je me sens épié par cette femelle pachyderme. J’ai l’impression qu’elle me jauge et, sans trop savoir pourquoi, j’ai envie de lui faire bonne impression, et même de la séduire. J’ouvre la bouche pour dire une banalité, je fais un flop en essayant de plaisanter. Suite à cela je rougis, tourne ma tête vers elle incidemment et croise un instant son regard sarcastique, quelle grosse connasse ! Je ramasse la monnaie et pars vers mon flipper préféré, sans oser la regarder à nouveau. Je me sens épié, j’ai l’impression qu’ils bavassent sur moi, qu’ils se moquent de moi, je suis vraiment très mal dans ma peau et j’ai du mal à m’extraire et à me réfugier dans le jeu. Je me dis que je ne vais faire que deux ou trois parties, pour ne pas avoir l’air, et que je vais m’éclipser…Mais, alors que je suis sur le point de m’en aller, la voici soudain près de moi, juste derrière moi, quelle angoisse ! Alors que je m’apprête à mettre une nouvelle pièce, la voici qui me pousse en disant :— On peut faire une partie ensemble, c’est moi qui paie.Je suis coincé, je ne peux refuser. Avec galanterie, je lui propose de commencer. Elle s’impose, me repousse sur le côté. J’en suis réduit à regarder cette brutasse s’acharner sur l’appareil. Elle tape sans ménagement sur les côtés pour faire rebondir la balle, donnant même des coups de poing et des coups de pied pour maîtriser l’engin… Et évidemment, elle finit par tilter. C’est mon tour maintenant, je ne suis vraiment pas dans mon assiette. Elle s’est mise, elle aussi, de côté et est omniprésente à mon esprit. Dans ces conditions, j’accumule les contre-performances et ne tarde pas à perdre la boule à mon tour. Nous nous relayons, l’un après l’autre, en profitant des instants d’inaction pour étudier l’autre.Peu à peu, nous sentons naître quelque chose de magique entre nous. Elle est tout sauf la femme dont j’aurais pu rêver et moi je ne pense pas non plus être son type d’homme. Et pourtant, j’ai l’impression qu’une grande complicité vient de naître entre nous et que, même si tout nous sépare, quelque chose de très fort nous unit malgré tout… Pourtant j’essaie de me raisonner. Je la regarde jouer. Je me dis non, c’est vraiment une grosse vache vulgaire et boursouflée. Mais malgré cela, déjà, je m’imagine avec elle. Et quand je dis que je m’imagine avec elle, je ne veux pas dire que j’ai envie de baiser une fois avec elle. Non, mon sentiment est plus profond, je nous imagine déjà amant et maîtresse, je me dis même qu’il faudrait faire attention pour que notre liaison ne soit pas connue de mes amis et de ma famille, parce que sinon ils ne comprendront vraiment pas mon choix. Quelle honte si l’on apprenait dans mon école d’ingénieur que je sors avec cette mégère ! Ce qu’elle m’avouera plus tard, c’est qu’elle aussi pense à moi à ce moment précis, qu’elle nous voit même mari et femme, évidemment sans trop y croire, et que pour elle aussi c’est la première fois qu’elle s’imagine faire sa vie avec quelqu’un.Au lieu de ne faire que deux ou trois parties, nous ne pouvions plus nous arrêter de jouer, craignant certainement tous les deux quelque part que l’autre ne partage pas notre enthousiasme et, qu’à peine commencée, cette belle histoire déjà s’arrête. Lorsque ses copains sont arrivés, elle les a juste salués mais est restée avec moi. Je m’étais mis à bander, rien qu’à ressentir son corps chaud près de moi, et quand j’entrevoyais le ballottement pulpeux de sa poitrine, mon état ne faisait que s’aggraver. Elle était, elle aussi, toute émoustillée semble-t-il. Nous nous frôlions de plus en plus fréquemment et avec de plus en plus d’insistance. Et lorsque, profitant du fait que personne ne nous regardait, je me décidai enfin à lui coller une main aux fesses, elle ne protesta surtout pas. Elle devint simplement rouge brique, ce qui ne fit que traduire son émoi. Quelques instants plus tard, elle me chuchotait :— On termine celle-ci et après je sors prendre l’air… Il fait très chaud ici… Si tu veux me retrouver un peu plus tard.— Oh ! Je peux venir avec toi si tu préfères.— Non, rejoins-moi plutôt dans une demi-heure près de la petite église, j’ai une course à faire et je ne voudrais pas qu’ici on remarque notre manège.Message sans ambiguïté, s’il en est. Je ne m’étais jamais levé aucune fille aussi facilement. J’ai respecté ses consignes. Je l’ai attendue près de l’église, bientôt inquiet de ne pas la voir arriver. J’allais presque m’en aller, très déçu qu’elle me pose un lapin, lorsqu’une voiture s’arrête devant moi, près du trottoir. Elle est au volant, je l’aperçois. J’ai à peine le temps de m’asseoir près d’elle que déjà elle démarre en trombe. Nous sortons de la ville, une petite route qui traverse un bled paumé. Pendant tout le voyage je ne fais que la regarder. Elle éclate d’un rire gras et grotesque en remarquant mon manège.— Me regarde pas comme ça, en chien de faïence. Je sais que tu as envie de moi et, si tu veux mon avis, moi aussi je mouille pour toi, alors on se la joue cool, mec, OK ? Là, je t’emmène à la maison, on sera tranquilles jusqu’à ce soir. Je ne sais pas pour toi, mais moi j’ai vraiment envie d’en profiter…Pour la rassurer, je pose ma main sur sa cuisse. Elle porte un grand jean tout rêche et ce n’est pas très agréable comme sensation. Je ne sais pas comment m’y prendre mais j’ai envie de plus de tendresse et pas uniquement d’un va-et-vient mécanique. Elle me fait pénétrer chez elle par le sous-sol, un pavillon atrocement ringard, décoré sans goût, direction droit vers sa chambrette. C’est un peu plus moderne, mais tout aussi ringard, avec des posters de Johnny sur tous les murs et un bordel indescriptible partout. Un grand soutien-gorge en coton bon marché sur un dossier de chaise, des culottes usagées qui ont été jetées par terre dans un coin et surtout une tonne de bandes dessinées qui traînent un peu partout, aussi bien sur la table que sur le lit ou sur le sol.D’un geste brusque, elle envoie valdinguer à terre tout ce qui traîne sur le lit avant de m’inviter à m’asseoir. Ce que je fais à contrecœur, tant les draps sont sales et souillés de taches douteuses. Mais pour sa part, cela n’a nullement l’air de la gêner. À peine assise que déjà elle m’enlace et se jette sur ma bouche pour me rouler une pelle juteuse. Et, malgré le caractère grotesque de cette situation, je me remets tout de suite à bander et glisse instinctivement mes mains sous son pull pour lui pétrir les miches. Elle a le feu et moi aussi, il y a urgence. Nous nous déshabillons mutuellement et maladroitement avec une fièvre d’enfer. Et bientôt je la culbute et la troue en oubliant toute précaution. Mon manche bien raide glisse d’un coup dans son vagin inondé par le désir. Et, à peine pénétrée que déjà elle commence à jouir. À jouir et à re-jouir en criant comme une folle. Nous n’avons même pas pris le temps de nous déshabiller entièrement et n’avons même échangé aucune caresse. Je n’ai encore jamais vu personne hurler sa jouissance aussi fort et cela m’excite tellement que je ne tarde pas à mon tour à cracher ma semence dans son ventre mou.Mais évidemment nous ne nous sommes pas arrêtés en si bon chemin et nous avons continué à faire l’amour tout le restant de l’après-midi. De fait, nous nous sommes laissé aller sans retenue aux ébats les plus torrides. Fellation, cunnilingus, branlette espagnole, sodomie, fist-fucking, j’eus droit à la totale dès la première fois, et le tout sans capote. Elle aurait difficilement pu s’offrir à moi avec plus de retenue tellement je la sentais prête à tout. C’est bien simple, je n’avais jamais autant pris de plaisir en un si court laps de temps et je me surpris en train de faire des prouesses sexuelles dignes d’un acteur porno pour épater ma belle. Car désormais, je la voyais belle. Ma grosse, belle et vicieuse salope dont je ne pouvais d’ores et déjà plus me passer. Et dire que si l’on m’avait dit quelques heures auparavant qu’un jour je me baiserais pareille rombière, je serais sans doute parti dans un fou rire dévastateur. Et voici que maintenant j’en étais amoureux et que, dans ma tête, il était hors de question que notre histoire s’arrête ainsi.Si je vous dis qu’aujourd’hui Marie-Pierre est ma femme, que depuis cette première rencontre je suis resté avec elle et lui ai toujours été fidèle, que nous avons deux petites filles rondouillardes comme leur mère, que nous prenons notre pied plusieurs fois par jour, que nous sommes encore amoureux comme au premier jour… Eh bien je peux vous le dire, car c’est exactement ce qui s’est passé.Bien sûr, quelques moments furent difficiles. Au début, c’est vrai que j’avais vraiment honte auprès des autres de sortir avec une fille pareille. Mais un soir que nous allions au cinéma, nous avons rencontré deux garçons de ma promotion. Ça a été le choc, je me suis senti rougir jusqu’aux oreilles, car je ne pouvais pas ne pas remarquer qu’ils avaient beaucoup de mal pour ne pas éclater de rire. Évidemment, cette histoire fit rapidement le tour de l’école, j’avais soudain l’impression d’être la risée de tous. Elle ne pouvait, quant à elle, que s’en apercevoir. Beaucoup plus psychologue que je n’aurais pu le croire à priori, elle m’a mis un jour à l’aise en affirmant :— Si tu veux que nous arrêtions de nous voir, je suis capable de comprendre. Je ne voudrais surtout pas te rendre la vie impossible et te faire honte. Si tu préfères que l’on se rencontre en cachette, c’est possible également, je ne me vexerai pas. Je sais comment je suis et je sais que c’est difficile pour toi.Mais après cette mise au point, j’ai réfléchi. Finalement non, je n’avais pas honte d’elle, ni de son physique, ni de son aspect, ni même de son attitude ou de son caractère. Elle était comme elle était et, à moi, cela me convenait tout à fait. Elle compensait parfaitement son intelligence relativement limitée, son apparent manque d’éducation et son caractère brutal et disgracieux par une force interne époustouflante et aussi par une grande bonté d’âme. Nous nous étions donnés totalement l’un à l’autre et sans aucune limite et je ne pouvais finalement espérer rien de mieux dans la vie.Alors je fis face à l’avis défavorable de mon entourage et décidai d’imposer Marie-Pierre à tous en tant que fiancée et aussi en tant que future épouse. Les êtres obtus obnubilés par des questions de simple apparence ne tardèrent pas, bien sûr, à me tourner le dos et, dans le mois qui suivit, je perdis rapidement les trois quarts de mes soi-disant amis. Ils venaient de se trouver un nouveau pestiféré, sujet de tous les sarcasmes, comme quoi on connaît souvent bien mal son entourage.Puis vint le tour de ma famille, ma mère fut catastrophée, elle se demandait sans cesse ce que la famille allait en penser lorsqu’ils allaient LA VOIR (sans doute parce que ce qu’elle en pensait n’était justement pas beau à voir !). Mon père ne ménagea aucun effort pour me dissuader de faire de grosses bêtises. Seule ma frangine profita de cette période pour au contraire se rapprocher de moi. Du coup je coupai les liens avec mes parents et décidai d’emménager de suite avec Marie-Pierre. Par chance, c’est à cette époque qu’elle trouva un travail, ce qui nous permit de vivoter tant bien que mal en attendant que je termine mes études.De son côté, ce ne fut guère plus réjouissant. Mis à part son père, le reste de sa famille m’a toujours tenu à l’écart, conseillant toujours ouvertement à Marie-Pierre de se trouver quelqu’un de plus en rapport avec son milieu et lui affirmant qu’elle allait vers de graves désillusions. Mais qu’importe les rumeurs puisque dix ans plus tard nous formons, je crois, une famille heureuse. Et même si nous ne fréquentons plus qu’une poignée d’amis, du moins ce sont des amis fidèles en qui nous pouvons avoir toute confiance.Le pire c’est sans doute que, quelques années plus tard, alors que je travaillais depuis quelques mois dans ma nouvelle entreprise, je fus un jour rappelé à l’ordre par mon supérieur hiérarchique qui me conseilla littéralement de me trouver une autre femme si je voulais obtenir un poste à responsabilité dans son entreprise. Inutile de préciser que je ne fis pas long feu dans celle-ci !!! Ma femme, même si elle est très loin du top modèle, a d’autres attraits cachés dont je ne saurais me passer.