En ce matin de juin…En ce matin de juin, le soleil dĂ©jĂ chaud illumine la salle de classe, incitant Ă la paresse. Mais les Ă©lèves n’y prĂŞtent pas attention, ils Ă©coutent le professeur de mathĂ©matiques qui leur donne les derniers conseils avant le bac.— Il ne reste plus que quinze jours. Nous avons fini le programme. Maintenant c’est Ă vous de rĂ©viser. Pour faire un travail plus efficace, il serait bon que vous vous rĂ©unissiez Ă deux ou plus, que vous vous questionniez, ainsi vous verriez vos insuffisances. Maintenant je ne peux plus grand-chose pour vous.Ils sont sortis, se rassemblant par affinitĂ©s, formant dĂ©jĂ les groupes. Vincent, un garçon assez grand, sait avec qui il va bosser. Francine, dĂ©jĂ sortie, le regarde arriver en souriant. Enfin maintenant ils vont pouvoir se retrouver Ă la vue de tous, ce sera normal.Ils se sont connus Ă leur entrĂ©e en seconde. TombĂ©s tous deux dans la mĂŞme classe, il a vite remarquĂ© cette fille assez mince, avec un visage sympathique. D’un naturel timide, ne faisant pas de bruit, restant discrète. Elle avait le mĂŞme type de caractère. Du fait de leur timiditĂ©, ils n’ont jamais osĂ© se parler, se rapprocher, n’ont Ă©changĂ© que des propos anodins.Vincent ne voyait qu’elle. Mais il ne trouvait pas le courage de lui dire ce qu’il Ă©prouvait. Discrètement, il est allĂ© voir du cĂ´tĂ© de sa maison. L’arrière est bordĂ© par un chemin piĂ©tonnier permettant d’accĂ©der sans danger Ă l’école primaire voisine. Une haie de cyprès cachait la villa des parents de son amie. Pourtant, en prĂŞtant attention, il a remarquĂ© qu’entre les pieds des arbres existait un trou qui pourrait permettre Ă un animal ou Ă quelqu’un d’habile de pĂ©nĂ©trer dans le terrain.Comme par hasard, il en a fait la remarque Ă Francine qui n’y a pas prĂŞtĂ© attention.Le dernier Ă©tĂ©, pendant les vacances, il a cogitĂ©, rĂ©flĂ©chi : c’est leur dernière annĂ©e ensemble, il devait se jeter Ă l’eau. Le jour de la rentrĂ©e en terminale, il a pĂ©nĂ©trĂ© le premier dans la classe, a posĂ© sa serviette sur la place Ă cĂ´tĂ© de lui, indiquant que l’endroit Ă©tait rĂ©servĂ©. Quand Francine a franchi la porte, elle a vu le regard de Vincent qui semblait la chercher. Elle s’est dirigĂ©e rapidement vers lui, qui a immĂ©diatement libĂ©rĂ© l’endroit. Elle s’est assise, ils ont souri. Quand Bruno, son voisin habituel, est arrivĂ©, il leur a dit :— Oh, qu’est-ce que tu fais lĂ , Francine, c’est ma place.— Tu en trouveras bien une autre, lui rĂ©torque Vincent.En souriant, Bruno s’est Ă©loignĂ©.Le lendemain, Francine est venue en jupe, tenue assez inhabituelle dans leur classe. Vincent a Ă©tĂ© heureux de voir ses jambes. En s’asseyant, par inadvertance, elle a remontĂ© l’étoffe bien au-dessus des genoux, chose qu’il a remarquĂ©e, lui adressant un sourire de remerciement.Quelques instants après, son crayon est malencontreusement tombĂ©. Se baissant pour le ramasser, il a appuyĂ© ses lèvres sur la peau douce dĂ©couverte, s’y est attardĂ© un instant. Quand il a voulu se relever, un coude l’a maintenu en place quelques instants de plus.Personne dans la classe, sauf sa voisine, n’a remarquĂ© combien il Ă©tait rouge quand il a enfin Ă©mergĂ©. Son cĹ“ur battait Ă tout rompre.Ă€ la sortie, Francine lui dit, innocemment :— Tu sais, le trou dans la haie n’a pas Ă©tĂ© rebouchĂ©.Vincent a compris l’invitation, il allait vĂ©rifier s’il pouvait passer.Le soir, il a empruntĂ© le chemin et s’est glissĂ© par la petite brèche, a avancĂ© la tĂŞte, craignant d’être surpris. Face Ă lui, assise adossĂ©e Ă un mur, sa copine, un livre Ă la main, lui a fait signe de venir. Rapidement, sans faire de bruit, il l’a rejointe.Elle a souri en le voyant si craintif.— Tu ne risques rien, on ne peut pas nous voir depuis la maison.Pour toute rĂ©ponse, il a pris sa tĂŞte Ă deux mains et l’a embrassĂ©e comme il l’a lu dans les livres, avec la langue. C’était la première fois pour lui, et au comportement de sa partenaire il a compris qu’elle non plus n’avait aucune expĂ©rience en la matière.Longtemps ils se sont bĂ©cotĂ©s. Elle a dĂ» apprĂ©cier, car elle lui a indiquĂ© comment ils pourraient se retrouver.— Nous sommes adossĂ©s au mur du garage, il n’y que cette porte qui donne de ce cĂ´tĂ©. Personne ne peut nous voir. Nous pourrons aller Ă l’intĂ©rieur. Quand mon père arrive, on entend sa voiture s’arrĂŞter, puis il ouvre le portail extĂ©rieur et le portail du garage. Tu auras le temps de partir et moi de regagner ma chambre.Sur un dernier baiser, ils se sont sĂ©parĂ©s.Dès le lendemain, il est revenu. La porte arrière du garage Ă©tait entrouverte, Francine l’attendait derrière. Après le baiser, les mains de l’intrus sont parties Ă la recherche des trĂ©sors cachĂ©s. Il a caressĂ© cette poitrine tant admirĂ©e et a voulu la dĂ©barrasser de son carcan. Il a fallu l’intervention de Francine pour y parvenir. Ses mains ont pu enfin toucher les seins. Elles ont Ă©galement palpĂ© les fesses enfermĂ©es dans un jean serrĂ©. Il avait touchĂ© le corps d’une fille.Ils ont attendu quelques jours avant de se donner rendez-vous, il ne fallait pas prendre trop de risques. Un jour, en classe, elle lui a discrètement suggĂ©rĂ© de venir le soir. Il s’est faufilĂ©, est rapidement entrĂ© dans le garage obscur. Elle l’attendait en robe de chambre. Lorsqu’elle l’a ouverte, il a eu la divine surprise de la sentir nue. Estimant qu’ils perdaient trop de temps Ă se dĂ©barrasser de toutes les contraintes, elle avait prĂ©fĂ©rĂ© prendre les devants.Ainsi, ils ont progressĂ© dans la connaissance sexuelle commune. Il a dĂ©couvert le goĂ»t de son intimitĂ©, elle en a d’abord ressenti le plaisir, puis elle a apprĂ©ciĂ© la saveur des lèvres de son partenaire. Il lui a enseignĂ© comment, en agitant son sexe, elle pouvait le mener au ciel.Mais tout cela ne les a pas empĂŞchĂ©s de travailler au lycĂ©e, se glissant subrepticement des renseignements lors des interrogations. Ils veulent poursuivre des Ă©tudes, mĂŞme s’ils doivent provisoirement se sĂ©parer. Vincent a dĂ©cidĂ© d’aller suivre une prĂ©pa puis une Ă©cole d’ingĂ©nieur Ă Toulouse oĂą habite sa sĹ“ur. Elle le logera, elle possède un appartement suffisamment grand. Francine ira en fac. Toutefois ils se retrouveront le plus souvent possible.Maintenant, le professeur leur a donnĂ© l’occasion de se rencontrer ouvertement devant les parents qui n’y verront aucun mal, sauf… sauf qu’il existe un problème. Et c’est la raison qui les empĂŞchait d’afficher publiquement leur amitiĂ©.Vincent est un garçon au visage aimable, brun comme beaucoup de gens du midi. Mais il s’appelle Ben Soussan. Son grand-père a Ă©tĂ© mobilisĂ© Ă 18 ans, en 1943 en AlgĂ©rie. Il a participĂ© Ă toutes les batailles : dĂ©barquement d’Italie, Monte Cassino, toute la campagne de France jusqu’au Rhin. Et lĂ , il a Ă©tĂ© grièvement blessĂ©. RapatriĂ© sur un hĂ´pital de Belfort, il a survĂ©cu grâce aux soins attentifs d’une jeune infirmière. Ils se sont plu, se sont mariĂ©s et ont eu quatre enfants. Le dernier d’entre eux, le père de Vincent, après un BEP est descendu dans le midi. EmbauchĂ© dans une entreprise de travaux publics, il a travaillĂ© sur divers chantiers. Et c’est sur l’un deux qu’il a rencontrĂ© son Ă©pouse, une ArdĂ©choise. Vincent n’est donc qu’un quarteron, mais il a hĂ©ritĂ© du nom patronymique. Il n’en rougit pas. Mais…… Mais Francine Hernandez est de famille pied-noir. Son père, encore gamin, a eu l’esprit marquĂ© d’une façon indĂ©lĂ©bile. La veille de leur dĂ©part pour la mĂ©tropole, son père a Ă©tĂ© assassinĂ© dans la rue, devant chez eux. Sa mère n’a mĂŞme pas pu s’occuper de l’enterrement. Depuis, il voue une haine fĂ©roce aux Nord-Africains. Il a jurĂ© qu’aucun d’eux n’entrerait jamais chez lui.Les deux amoureux ont dĂ©cidĂ© qu’ils iraient l’un chez l’autre, simplement Francine ne citerait que le prĂ©nom, Vincent, bien français.Le mercredi après-midi, il est allĂ© chercher Francine chez elle. La maman l’a reçu gentiment, enchantĂ©e de voir un jeune homme aussi poli, et beau en plus, ĂŞtre l’ami de sa fille.Chez Vincent, pas de problème. Il avait expliquĂ© Ă ses parents dans quelle situation il se trouvait, et ceux-ci ne voyaient pas d’inconvĂ©nient Ă cette relation. Aussi, quand tous deux sont arrivĂ©s, ils ont Ă©tĂ© bien accueillis par la maman qui a embrassĂ© Francine. Vincent lui a dit qu’ils allaient travailler et surtout qu’on ne les dĂ©range pas.Ă€ peine dans la chambre, Vincent a fermĂ© la porte Ă clef. Puis il s’est approchĂ© de Francine et lentement l’a dĂ©shabillĂ©e. Elle s’est laissĂ© faire, un peu craintive, mais il l’a rassurĂ©e. Au fur et Ă mesure que les vĂŞtements tombaient, il Ă©tait Ă©bloui devant tant de beautĂ©. Car il avait touchĂ©, senti, goĂ»tĂ© ce corps, sans l’avoir jamais vraiment contemplĂ©. Puis lui aussi s’est mi nu. Francine elle aussi dĂ©couvrait ce garçon mince mais musclĂ©.AllongĂ©s cĂ´te Ă cĂ´te, ils s’embrassent. La tĂŞte de Vincent glisse le long de ce corps pour la première fois entièrement disponible. Il arrive au mont de VĂ©nus, et l’expĂ©rience acquise dans l’obscuritĂ© du garage lui permet d’amener rapidement le plaisir chez Francine. Il s’est retournĂ©. Elle a vu arriver devant son visage ce morceau qu’elle a souvent manipulĂ©, mais qu’elle ne connaĂ®t pas. Comme Ă l’ordinaire, ses mains s’en sont emparĂ©es mais aujourd’hui ce cĂ´ne rose qui apparaĂ®t semble la provoquer. S’armant de courage, elle avance les lèvres et le goĂ»te. Enhardie, elle l’a peu Ă peu absorbĂ©, a agitĂ© la tĂŞte comme elle le faisait avec ses mains. Elle sent par ailleurs monter un plaisir ineffable.Brusquement, Vincent lui a retirĂ© cette sucette, est venu contre elle. Elle a compris qu’il avait voulu la protĂ©ger.— Vincent, prends-moi aujourd’hui, baise-moi.— Tu es folle, je te ferais mal et je risque de te mettre enceinte en plus !— Je ne risque rien, ma cousine m’a donnĂ© des pilules. Quant au mal que je risque d’avoir, il faudra bien qu’un jour je le subisse. Alors je veux que ce soit avec toi, mon amour.Vincent dĂ©sirait cela depuis longtemps, mais il avait peur. Aujourd’hui, Francine le lui demande, il va franchir le pas.Il est venu au-dessus d’elle, plaçant sa flèche au centre de la cible. De la main elle a bien dĂ©terminĂ© l’endroit. Il s’est abaissĂ©, jusqu’à ce qu’il sente une rĂ©sistance, a hĂ©sitĂ©, mais c’est elle qui appuyant sur ses fesses l’a incitĂ© Ă descendre. Et ils se sont retrouvĂ©s, pubis contre pubis. Immobile, il a regardĂ© son amour. Deux larmes perlaient sur les joues, mais elle souriait.— Vas-y maintenant, baise-moi, lentement s’il te plaĂ®t.Alors il se met en mouvement. C’est une sensation formidable, un plaisir physique extraordinaire, et surtout la fiertĂ© d’être enfin un homme. Mais ces sensations sont trop fortes, il Ă©clate rapidement en elle.Francine sent son amant s’épancher. Elle est contente pour lui. Et c’est une dĂ©livrance pour elle, que ce frottement blessait.AllongĂ©s sur ce lit, ils se regardent, heureux d’avoir franchi le pas ensemble.Ils sont allĂ©s dans la salle de bains, la maman chantonnait dans la cuisine. Ils se sont alors mis au travail. Quand sa mère leur a apportĂ© un morceau de gâteau, elle a trouvĂ© deux jeunes en train de discuter math.Le samedi après-midi suivant, Vincent se rend chez Francine. Dès son coup de sonnette la porte s’ouvre. Francine Ă©tait Ă l’affĂ»t. Elle l’amène dans la salle de sĂ©jour oĂą son père, installĂ© dans un fauteuil, semble lire le journal. Vincent le salue poliment, ce qui plaĂ®t Ă l’homme.— Allez travailler, laissez la porte entrouverte.Toute l’après-midi ils rĂ©visent. Plusieurs fois ils sentent une prĂ©sence derrière l’entrebâillement de la porte, mais ils ne bronchent pas. Quand Vincent repart, les parents paraissent enchantĂ©s de leur visiteur.— Alors ça y est, tu t’es dĂ©cidĂ©e Ă laisser rentrer un garçon chez toi, demande un compagnon de travail au père de Francine.— Oui, il vient travailler avec ma fille, c’est un garçon drĂ´lement bien.— Oui, mon fils le connaĂ®t, Vincent, c’est un gentil petit. Mais ce qui m’étonne, toi qui disais que tu ne voudrais jamais qu’un Arabe rentre chez toi, c’est que tu aies acceptĂ©.— Mais ce n’est pas un Arabe, il s’appelle Vincent.— Oui, Vincent Ben Soussan.FoudroyĂ©, JosĂ© Hernandez n’a rien dit, rien laissĂ© paraĂ®tre. Toute l’après-midi il a ruminĂ© ce qu’il venait d’apprendre. Il est entrĂ© en trombe chez lui, sa fille travaillait.— Francine, comment s’appelle ton copain ?Elle a compris qu’il savait tout et qu’elle devait tenir tĂŞte.— Vincent, Vincent Ben Soussan. Et alors ?— Tu as fait rentrer un Arabe chez moi, tu ne sais pas comment est mort ton grand-père ?— Si, mais Vincent n’y est pour rien. Son grand-père a fait la guerre et il est restĂ© en France. Pendant que ton père Ă©tait avec Franco. Lui c’est un hĂ©ros et il a mĂŞme la mĂ©daille militaire. Et de plus, nous nous aimons.— Je t’ai dit que je ne voulais pas d’un Arabe chez moi, et surtout jamais avec ma fille, tu n’es qu’une pute. Va dans ta chambre et n’en sors plus. Tu ne le verras plus ! Et oĂą travaille son père ? Je veux le voir et lui dire deux mots !Le lendemain matin, il est allĂ© Ă l’entreprise oĂą travaille le père de Vincent. Il a saisi le premier ouvrier qu’il a vu dans la cour et lui a demandĂ©Â :— OĂą se trouve Ben Soussan ?— Allez voir au bureau.Beaucoup de monde autour du comptoir, pas moyen de se renseigner. Au fond du couloir, il voit une porte marquĂ©e « Chef de chantier ». Il frappe et entre sans attendre la rĂ©ponse. Un homme grand, en costume, consulte un plan avec un ouvrier en bleu de travail.— Monsieur, vous dĂ©sirez ? lui demande celui qui paraĂ®t le patron.— Je veux voir un raton nommĂ© Ben Soussan.— C’est Ă quel sujet, monsieur ?— Je le lui dirai moi-mĂŞme, oĂą est-il ?— C’est moi, lui rĂ©pond l’homme en veston.— Ne vous foutez pas de moi, oĂą est-il ?Se tournant vers l’ouvrier, son chef lui dit :— Pierre, explique Ă ce monsieur.— C’est bien monsieur Ben Soussan, le chef de chantier.— Pierre, laisse-nous, nous avons Ă parler Ă monsieur. Dis Ă Madame Durand de nous apporter deux tasses de cafĂ©.Le père de Francine est stupĂ©fait. Un Arabe chef de chantier, et lui qui n’est qu’ouvrier !— Alors, que me voulez-vous ?— C’est au sujet de votre fils.— Vincent ! Que vous a-t-il fait ?— Il sort avec ma fille, et ça je ne le tolère pas.— Et pour quelle raison, s’il vous plaĂ®t ?— Mon père a Ă©tĂ© assassinĂ© par ces salauds d’Arabes et depuis je ne peux plus les voir !— Le grand-père de ma femme a Ă©tĂ© tuĂ© par les franquistes et pourtant je n’en veux pas aux Espagnols, mĂŞme si leur père Ă©tait franquiste.— J’interdis Ă votre fils de revoir ma fille, sinon je le tue !— Soyez tranquille, mon fils ne la reverra plus, c’est dommage. Mais faites attention Ă vos paroles. Si vous touchez Ă mon fils, je m’adresserai Ă la justice. Maintenant sortez et que je ne vous revoie plus jamais.Il est parti, plus aussi fier qu’à son arrivĂ©e.Il a interdit Ă sa fille de sortir seule, de revoir aucun de ses camarades. Elle ne lui adresse plus jamais la parole.Le 15 octobre, Francine a 18 ans. Sa mère, dĂ©sespĂ©rĂ©e de voir leur fille unique leur en vouloir Ă ce point-lĂ , a dĂ©cidĂ© de rĂ©unir la famille pour tenter une rĂ©conciliation. Ils savent qu’elle veut s’acheter un ordinateur portable pour la fac, tous ont dĂ©cidĂ© de lui offrir de l’argent, elle pourra faire son choix. Ils ont fait preuve de gĂ©nĂ©rositĂ©.Pendant le repas, elle n’a pas desserrĂ© les dents, sauf pour dire merci aux cadeaux de la parentĂ©. Puis elle est montĂ©e dans sa chambre.Le lendemain vers midi, ne la voyant pas descendre, sa mère est allĂ©e frapper Ă la porte de sa chambre. Sans rĂ©ponse, elle a ouvert. Le lit n’était pas dĂ©fait, les armoires Ă©taient vides. Sur le bureau une feuille de papier.Je pars.Vous ne me reverrez plus jamaisVotre pute de fille.Le père en rentrant a trouvĂ© sa femme en larmes. Elle lui a tendu le papier.L’après-midi, il est allĂ© trouver le père de Vincent dans son bureau.— Dites Ă votre fils de laisser ma fille, qu’elle rentre.— Votre fille est partie ?— Ne vous moquez pas de moi, elle est avec votre fils.— Monsieur, comme promis, il ne l’a jamais revue. Il ignore son dĂ©part. Depuis notre algarade, il est parti chez sa sĹ“ur Ă Toulouse et a dĂ©jĂ attaquĂ© sa classe de prĂ©pa. Maintenant sortez, j’ai du travail.- o-O-o-Il est dix heures et le soleil est dĂ©jĂ haut dans le ciel. L’ombre d’une branche vient taquiner le visage de Vincent, lumière, ombre. Dans sa tĂŞte quelqu’un frappe, peut-ĂŞtre une bière qui veut sortir.Il ouvre les yeux, dĂ©cor inhabituel. Soudain il rĂ©alise qu’il est dans le lit de BĂ©atrice. Hier au soir a eu lieu le bal de la promotion d’ingĂ©nieurs. Ils y sont allĂ©s en couple, ils ont obtenu tous deux leur diplĂ´me avec un très bon classement. Et ils ont abondamment arrosĂ© ça. Le retour a Ă©tĂ© un peu difficile, la voiture hĂ©sitant sur l’itinĂ©raire Ă suivre. Aussi ont-ils jugĂ© prĂ©fĂ©rable de ne pas aller plus loin. Vincent a encore sa chemise de la veille, BĂ©atrice ses sous-vĂŞtements.Un besoin pressant l’oblige Ă quitter la couche. Un passage Ă la salle de bains pour avaler un verre d’eau avec une aspirine. Il en profite pour en prĂ©parer autant pour sa voisine de lit.La terre lui semblant encore un peu agitĂ©e, la meilleure solution est de regagner la couche. L’affaissement du matelas sous son poids Ă©veille la dormeuse. Les yeux papillotants, elle cherche un point de repère.— Bonjour, ma chĂ©rie. Comment vas-tu ?— Oh, quel mal de crâne ! Vite, un calmant.— Tiens, j’ai pensĂ© Ă toi.— Oh merci !Le verre d’eau bu, elle s’affaisse Ă cĂ´tĂ© de lui, se tourne pour le regarder.— Tu as une sale tĂŞte, dit-elle.— Tu ne t’es pas vue !Et ils Ă©clatent de rire.Ils sont entrĂ©s ensemble en prĂ©pa, ont rĂ©ussi le mĂŞme concours de l’école d’ingĂ©nieurs. En trois ans, ils ont eu le temps de s’apprĂ©cier en travaillant ensemble, et accessoirement de faire l’amour.Car BĂ©atrice est une belle fille. Oh, pas un mannequin, bien qu’elle en ait la taille, mais un physique de vraie femme avec des arrondis lĂ oĂą il faut. Dès les premières sĂ©ances de travail en commun, ils ont estimĂ©s que, pour satisfaire leurs besoins sexuels, autant avoir le mĂŞme partenaire que dans le domaine professionnel. Ils s’aiment bien, mais ils ne s’aiment pas vraiment d’amour comme ils le reconnaissent eux-mĂŞmes.— MalgrĂ© tout, tu es merveilleusement belle. Mais ce matin je ne me sens pas capable de « t’honorer » correctement.— Tu te moques de moi. Tu en serais très capable, mais tu as raison, restons sages, c’est trop fatigant d’être fous. PrĂ©parons plutĂ´t ton anniversaire et celui de ma cousine.CĂ©line, sa cousine germaine, a un an de plus qu’elle. Fille unique, elle a toujours Ă©tĂ© proche de BĂ©atrice, elles se considèrent comme sĹ“urs. D’autant qu’elles n’ont qu’un an de diffĂ©rence. Et, coĂŻncidence, elle est nĂ©e un an et quatre jours avant Vincent.Les deux cousines ont dĂ©cidĂ© de fĂŞter les deux anniversaires en mĂŞme temps, et par la mĂŞme occasion le dĂ©part de BĂ©atrice aux USA oĂą elle va poursuivre ses Ă©tudes pendant deux ans. Ils organiseront ça dans la vieille maison familiale, une propriĂ©tĂ© hĂ©ritĂ©e de leurs ancĂŞtres paysans, Ă une cinquantaine de kilomètres. Elles vont y aller Ă la fin de la semaine. Ce sera l’occasion d’inviter quelques copains, dont Daniel qui a fait ses Ă©tudes avec CĂ©line. Ils travaillent dans la mĂŞme banque.Daniel, au dĂ©but de l’école de commerce, a Ă©tĂ© attirĂ© par CĂ©line. Mais timide et peu entreprenant auprès des filles, il n’a jamais osĂ© le lui dire. Depuis, il a trouvĂ© une copine, il est beaucoup moins timide avec les femmes. Il regrette maintenant de ne pas l’avoir draguĂ©e en premier, mais c’est trop tard.Vincent est allĂ© passer quelques jours chez ses parents, leur faire part de sa joie pour le titre qu’il vient d’obtenir et surtout les remercier. C’est grâce Ă eux qu’il est arrivĂ© jusque-lĂ . Il compte revenir Ă Toulouse, chercher un appartement et rejoindre l’emploi qu’il a dĂ©crochĂ©.Le vendredi matin, les deux cousines sont parties prĂ©parer le week-end pendant lequel doit se dĂ©rouler la fĂŞte. Le trajet est rapidement accompli, la voiture emprunte un petit chemin qui mène jusqu’à la propriĂ©tĂ©.La ferme est grande, en forme de U. Un bâtiment central avec un Ă©tage oĂą logeaient propriĂ©taires et ouvriers, sur le premier cĂ´tĂ© une grande « remise », endroit destinĂ© Ă abriter les charrettes et le matĂ©riel agricole, aujourd’hui presque vide. Lui faisant face, l’écurie et au-dessus la rĂ©serve Ă foin. Mais tout cela ne sert plus depuis longtemps.Il est entendu que Daniel va venir cet après-midi avec sa copine qu’elles n’ont jamais vue. Ă€ l’écouter, c’est une fille magnifique, sensationnelle, de leur âge et qui, en plus, est sympathique.Le couple est arrivĂ©, attendu avec impatience par les deux filles.— Vous ĂŞtes les bienvenus. Je vais vous montrer les chambres, vous prendrez celle que vous voudrez, leur dit CĂ©line. Ensuite, avec Daniel nous irons disposer dans la remise tout le nĂ©cessaire pour une dizaine de personnes. Francine et BĂ©atrice prĂ©pareront le repas, vous aurez ainsi l’occasion de faire connaissance.— Vincent sait que nous devons organiser ça, mais il ne connaĂ®t pas l’itinĂ©raire. Je vais lui tĂ©lĂ©phoner chez ses parents, indique BĂ©atrice. Bon, alors allons-y.AussitĂ´t tous se mettent au travail. CĂ©line a voulu rester avec Daniel. Il lui est très sympathique et elle aurait bien aimĂ© qu’il s’intĂ©resse Ă elle quand ils ont dĂ©butĂ© dans leur Ă©cole. Mais devant son manque d’empressement elle a trouvĂ© d’autres partenaires. Car, contrairement Ă lui, elle a eu plusieurs aventures. Le fait qu’il soit depuis deux ans avec Francine semble indiquer que c’est une relation durable. C’est dommage.— Alors, Daniel, quand est-ce que vous vous mariez ? Cela fait un bail que vous ĂŞtes ensemble.— Me marier avec Francine ? Ça va pas… C’est une bonne copine, Ă qui j’ai rendu service en la logeant. Elle me l’a bien rendu, quand je l’ai connue je dois t’avouer que je ne connaissais rien aux filles. Elle non plus, mais elle a progressĂ© plus vite que moi. Maintenant c’est une maĂ®tresse formidable, mais de lĂ Ă l’épouser, il y a une marge…— Et pourquoi ?— Elle est gentille, mais nous ne sommes pas du mĂŞme milieu. Comme toi, j’ai une situation assez bonne, elle n’est que serveuse. J’avoue qu’à un certain moment j’ai songĂ© Ă rester avec elle. Avant de lui proposer de vivre en couple, j’ai dĂ©cidĂ© d’en parler Ă mon père. Il m’a laissĂ© parler, est restĂ© un moment silencieux. Puis il m’a sorti les arguments que je viens de t’indiquer. Ensuite il m’a demandĂ© de ne pas me fâcher et m’a avouĂ© qu’il avait couchĂ© avec elle. J’ai su ainsi comment elle avait acquis son expĂ©rience. Il m’a conseillĂ© de la garder comme maĂ®tresse, elle est gentille, c’est pratique puisqu’elle est sur place. Alors, pas question de se marier. Je cherche plutĂ´t une fille… comme toi, dommage que tu batifoles un peu partout mais, si un jour tu veux te fixer, je suis lĂ .CĂ©line est surprise de ce que lui dit Daniel, mais surtout heureuse de le savoir libre et surtout qu’il s’intĂ©resse Ă elle.Dans la cuisine, les deux filles ont de suite sympathisĂ©. BĂ©atrice a tĂ©lĂ©phonĂ© Ă Vincent. Ce dernier viendra demain matin par le train et retournera chez ses parents dimanche soir.Quand les deux autres sont revenus, ils les ont trouvĂ©es en train de rire. La soirĂ©e a Ă©tĂ© joyeuse et s’est prolongĂ©e assez tard.Le lendemain matin, Daniel est parti chercher Vincent. Les trois filles ont commencĂ© Ă prĂ©parer les festivitĂ©s du lendemain. CĂ©line est intriguĂ©e par ce que lui rĂ©vĂ©lĂ© Daniel. Elle ne voyait pas Francine sous ce jour-lĂ . Elle n’en a rien dit Ă sa cousine.— Alors, Francine, vous allez bientĂ´t vous marier, Daniel et toi, demande BĂ©atrice ?— Non, jamais de la vie. Je ne veux pas. C’est un gars trop bien pour moi, je ne suis qu’une salope.Cette rĂ©plique les laisse stupĂ©faites. CĂ©line se dit au fond d’elle-mĂŞme qu’au moins elle est honnĂŞte.— Ne dis pas ça, dit CĂ©line, tu as acceptĂ© son aide, mais tu lui en as Ă©tĂ© reconnaissante.— Oh non, je suis vraiment une salope. Si vous saviez !Francine s’assied, reste un moment silencieuse.— Je vais vous dire pourquoi je suis une salope, mais promettez-moi de ne rien dire Ă personne, surtout pas Ă Daniel, cela lui ferait beaucoup trop de peine. Vous me le promettez ?— Naturellement.— VoilĂ . Au moment du bac, je me suis disputĂ©e terriblement avec mon père. Le jour de mes dix-huit ans, je suis partie de la maison avec l’argent que l’on m’avait donnĂ© en cadeau pour mon anniversaire et mon livret de caisse d’épargne. J’avais un peu plus de trois mille euros.Je suis venue Ă Toulouse pour essayer de retrouver… enfin, pour ĂŞtre loin de chez moi. Mais il me fallait travailler. Le premier jour, j’ai trouvĂ© un hĂ´tel minable qui me coĂ»tait vingt-cinq euros la nuit. Dès le lendemain, je suis allĂ©e Ă la recherche d’un emploi. Je savais que dans la restauration on manquait de personnel car les salaires ne sont pas très Ă©levĂ©s et les horaires impossibles. Mais ces contraintes m’importaient peu, il me fallait arriver Ă vivre. J’ai donc fait le tour des restaurants et hĂ´tels, prospectant partout, mais sans succès. Partout on me disait de repasser. Et, un jour, le patron d’un restaurant du centre ville m’a proposĂ© une place de serveuse. Trois jours Ă l’essai, non payĂ©s, et si je faisais l’affaire un CDD d’un mois, tarif horaire du SMIG, trente heures par semaine, cinq jours de onze heures Ă quatorze heures et dix-neuf heures Ă vingt-deux heures. Ce n’était pas le rĂŞve.Il m’a gardĂ©e, et mĂŞme au bout d’un mois m’a renouvelĂ© mon contrat. Entre-temps, j’avais trouvĂ© un studio meublĂ© dans un vieil immeuble pour 500 euros par mois. Heureusement que j’étais nourrie. C’était un restaurant oĂą venaient manger tous les employĂ©s ou ouvriers des environs. Pas un Ă©tablissement de luxe, mais la nourriture Ă©tait bonne. Par contre, le travail Ă©tait dur, il fallait aller très vite. Pendant un an je suis restĂ©e lĂ , mais je cherchais un emploi meilleur.Lors d’une visite au camion de la mĂ©decine du travail j’avais rencontrĂ© une serveuse comme moi, et nous avions sympathisĂ©. Elle Ă©tait dans un Ă©tablissement chic. Je lui ai dit que c’était un emploi comme ça que je voulais. Un jour, elle est venue me voir. Elle Ă©tait mariĂ©e et se trouvait enceinte. Son patron cherchait une remplaçante. Je lui avais indiquĂ© que je parlais parfaitement l’espagnol et correctement l’anglais. Je suis allĂ©e me prĂ©senter et j’ai Ă©tĂ© embauchĂ©e.Je travaille donc Ă prĂ©sent dans un restaurant relativement chic, frĂ©quentĂ© par des hommes d’affaires, des touristes fortunĂ©s, etc. Il y a une clientèle d’habituĂ©s, avec leur place, leurs routines. Rapidement, je les ai repĂ©rĂ©s et j’ai essayĂ© de les satisfaire. Souvent nous Ă©changions des mots aimables. Parmi ces habituĂ©s, un bel homme dans la cinquantaine, quelquefois accompagnĂ© d’un jeune homme. Saisissant des bribes de conversation, j’ai compris que c’était un veuf et son fils.Un jour le fils m’a dit « À demain ». Je lui ai indiquĂ© que le lendemain je ne serais pas lĂ , j’étais de repos. Il m’a demandĂ© si j’en profitais pour sortir faire des les boutiques ou aller au cinĂ©ma. Je ne peux pas, lui ai-je rĂ©pondu, mes moyens ne me le permettent pas. Il m’a proposĂ© d’aller au cinĂ©ma avec lui. J’ai acceptĂ©, sous le regard amusĂ© de son père. Nous nous sommes retrouvĂ©s devant le cinĂ©ma. Naturellement, pendant la sĂ©ance il a essayĂ© de me peloter et m’embrasser. Je l’ai laissĂ© faire, il y avait trop longtemps que j’étais seule. Il m’a raccompagnĂ©e jusque devant chez moi.Plusieurs fois, il m’a encore proposĂ© de sortir. Ă€ chaque fois, sĂ©ance de pelotage. Mais pendant quelque temps nos rapports se sont limitĂ©s à ça. Je ne voulais pas qu’il monte.Puis, un jour, lassĂ©e de me retrouver toujours seule, je lui ai permis quelques privautĂ©s nouvelles. Ce jour-lĂ , nous sommes sortis enlacĂ©s, il m’a ramenĂ©e Ă mon studio. Et il est montĂ©.Je n’étais pas pucelle, mon… enfin, j’avais fait une fois l’amour. Nous avions Ă©tĂ© heureux de l’avoir fait, mais je n’avais eu aucun plaisir, cela avait Ă©tĂ© mĂŞme dĂ©sagrĂ©able lorsqu’il m’avait pĂ©nĂ©trĂ©. Mais… j’étais amoureuse…Ce jour-lĂ , j’avais dĂ©cidĂ© de me laisser aimer. Daniel, car c’était lui, a Ă©tĂ© très gentil, très doux. Je le sentais bouillir d’impatience mais il a su se maĂ®triser. Il m’a dĂ©shabillĂ©e lentement, m’admirant au passage. Puis il s’est mis nu. Nous nous sommes allongĂ©s. Il m’a embrassĂ©e. J’étais novice en amour, mais je crois qu’il l’était encore plus que moi. Certes, il m’a embrassĂ© les seins, est venu me lĂ©cher entre les jambes sans trouver le point sensible. Puis il s’est allongĂ© sur moi et a essayĂ© de me pĂ©nĂ©trer. J’ai dĂ» le guider. Cela n’a pas Ă©tĂ© douloureux, simplement un peu gĂŞnant. D’ailleurs, cela n’a pas durĂ© longtemps, il a joui en gĂ©missant. Pour lui faire plaisir, j’ai Ă©mis quelques soupirs de satisfaction.Après, il Ă©tait très fier de m’avoir sĂ©duite, sans se rendre compte que c’était pour le remercier de me sortir de ma solitude que j’avais acceptĂ©. AllongĂ©s, nous avons parlĂ© un moment. Il Ă©tait emballĂ© d’avoir une maĂ®tresse. Toutefois, en partant il a remarquĂ© combien mon logis Ă©tait petit, triste. Il n’a rien dit, mais j’ai compris qu’il Ă©tait surpris, choquĂ© mĂŞme.Au restaurant, son père Ă©tait souvent seul. Il avait naturellement rapidement compris la nature de nos relations. Il avait l’air heureux que ce soit avec moi que son fils s’émancipe.Daniel et moi nous sommes revus la semaine suivante, mais en sortant il m’a proposĂ© de m’amener chez lui. Il m’a expliquĂ© qu’il avait naturellement une chambre dans la maison, mais qu’en plus il s’était rĂ©servĂ© « au grenier » comme il disait, un coin pour lui. C’est lĂ qu’il voulait que nous allions.En arrivant au troisième Ă©tage, nous avons dĂ©bouchĂ© sur un couloir desservant ce qui Ă©tait autrefois des chambres de bonnes. Il a ouvert une porte et nous avons pĂ©nĂ©trĂ© dans un magnifique petit appartement, mansardĂ©, mais tout de mĂŞme beaucoup plus vaste que le mien. Deux pièces amĂ©nagĂ©es avec goĂ»t, salle de bains et une vue magnifique sur la ville. J’étais Ă©blouie, je lui ai dit combien il avait de la chance de disposer de ce nid.Comme la fois prĂ©cĂ©dente, nous avons fait l’amour, mais j’ai un peu participĂ©. Je l’ai guidĂ© vers mon clitoris. Puis je me suis retournĂ©e et j’ai pris son sexe en bouche. Il Ă©tait Ă©bloui. Quand il m’a pĂ©nĂ©trĂ©e, j’étais dĂ©jĂ plus excitĂ©e que la fois prĂ©cĂ©dente. Il a commencĂ© son galop dĂ©sordonnĂ©, mais je l’ai freinĂ©, mais mains sur ses hanches le bloquant en moi. Il a compris et cette fois cela a durĂ© plus longtemps. Il a pris son plaisir, et pour moi cela n’a pas Ă©tĂ© dĂ©sagrĂ©able. Dans ces conditions, je voulais bien baiser, c’était l’occasion d’avoir quelqu’un contre moi, qui s’intĂ©resse Ă moi. Ainsi, de temps en temps, quand nous Ă©tions libres tous les deux, nous nous retrouvions.Un jour, après avoir fini leur repas, quand je leur ai apportĂ© le cafĂ©, ils m’ont retenu, et son père s’est adressĂ© Ă moi :— Daniel m’a dit que vous cherchiez un logement plus agrĂ©able que celui oĂą vous habitez. Il m’a proposĂ© de vous louer son « grenier ». Vous l’avez visitĂ©, je crois, dit-il ironique, et il vous a plu. Ma foi, s’il consent Ă s’en priver, je veux bien.Daniel avait trouvĂ© un moyen de me faire plaisir mais surtout de m’avoir sous la main chaque fois qu’il le dĂ©sirerait. J’avais un peu peur du montant du loyer, mais ils l’avaient fixĂ© Ă trois cents euros. J’ai acceptĂ© avec joie.Le week-end suivant, Daniel est venu me prendre avec ma valise et j’ai intĂ©grĂ© mon nouvel appartement. Je lui ai versĂ© une caution en nature, faire l’amour ne me coĂ»tait rien et j’apprĂ©ciais toujours d’avoir quelqu’un qui s’intĂ©resse ne serait-ce qu’à mon corps. Ce jour-lĂ , il est restĂ© plus longtemps, renouvelant son exploit, il partait pour quelques jours.Le lundi, en sortant du restaurant, j’ai regagnĂ© mon nouveau domicile et je me suis douchĂ©e longuement dans la jolie petite salle d’eau. J’étais en peignoir de bain quand on a frappĂ© Ă ma porte. Tiens, me suis-je dit, Daniel est restĂ©, il vient me voir. Je suis allĂ©e ouvrir, c’était son père. Me voyant comme ça, il s’est excusĂ©, voulait partir, mais je l’ai retenu, m’excusant pour ma tenue. Il venait voir si j’étais bien installĂ©e, si je n’avais besoin de rien. Je l’ai remerciĂ© et lui ai proposĂ© un cafĂ© qu’il a acceptĂ©. Pendant que je faisais le nĂ©cessaire, nous avons parlĂ©. Mon peignoir Ă©tait assez court, il m’arrivait Ă mi-cuisses, quand je me baissais il devait voir mes fesses. En le servant sur la table basse, mon vĂŞtement baĂ®llait, dĂ©voilant mes seins. J’ai senti son regard dirigĂ© sur eux. Je ne me suis pas redressĂ©e de suite, enchantĂ©e qu’un homme de son âge apprĂ©cie mes appas. Quand je me suis redressĂ©e, il a rĂ©alisĂ© que j’avais surpris son regard. D’un sourire, je lui ai fait comprendre que j’avais apprĂ©ciĂ© sa curiositĂ©. Il s’est redressĂ©, gĂŞnĂ©, ne sachant que dire. Je ne sais pas ce qui m’a poussĂ©e, le plaisir d’être admirĂ©e sĂ»rement, mais j’ai tirĂ© sur la ganse de la ceinture du peignoir. Il s’est ouvert, les cĂ´tĂ©s se sont Ă©cartĂ©s, dĂ©voilant mon corps nu. Il y a eu un long silence. J’ai fait un pas vers lui. Il a tendu les bras, peut-ĂŞtre pour me repousser, mais il m’a enlacĂ©e. J’ai rejetĂ© les Ă©paules en arrière, le peignoir est tombĂ©, j’étais nue contre lui.Je l’ai amenĂ© dans la chambre et me suis allongĂ©e en travers du lit, les jambes pendantes. Il s’est baissĂ©, a embrassĂ© mon sexe. Et il l’a vĂ©ritablement honorĂ©, d’une manière inoubliable. Il avait la technique des hommes expĂ©rimentĂ©s. Je suis partie dans une extase extraordinaire, comme je n’en n’avais jamais connue jusque-lĂ .Il Ă©tait toujours habillĂ©. Il m’a regardĂ©e longuement en souriant et s’est tournĂ© pour partir. J’ai saisi son bras pour l’arrĂŞter, me suis mise Ă genoux devant lui, enserrant ses jambes. J’ai libĂ©rĂ© son sexe gros, long, Ă©pais, dur comme l’acier, comme on l’imagine dans les rĂŞves de jeune fille. Je l’ai pris en bouche. Plus qu’un geste de remerciement, c’était le plaisir de saisir, de possĂ©der cet homme qui m’avait donnĂ© tant de plaisir. Ă€ un moment, il s’est brutalement arrachĂ© de ma bouche, a Ă©jaculĂ© sur le sol et est allĂ© dans la salle de bains.Quand il en est sorti, j’étais dans la pièce principale devant le cafĂ© froid.— Excuse-moi, dit-il, mais tu es trop belle. Daniel ne sait pas la chance qu’il a. Mais il faut oublier tout ça, nous ne pouvons pas recommencer. Encore mille fois merci.Il m’a embrassĂ©e sur les deux joues, comme une petite fille, il est parti. J’étais follement heureuse et, si j’avais eu le choix, j’aurais troquĂ© le fils pour le père. Mais ce n’était pas possible.La semaine suivante, quand Daniel est rentrĂ©, j’avais un peu peur lorsque je me suis dirigĂ©e vers leur table. Le père m’a souri de façon tout Ă fait normale. Daniel semblait heureux comme tout.— J’ai quelque chose d’important Ă te dire quand tu nous apporteras le cafĂ©.J’étais impatiente de savoir, certes, mais aussi inquiète. Ils avaient dĂ» parler et j’espĂ©rais que le fils ignorait tout.— VoilĂ , depuis plusieurs jours je demandais Ă papa de te prĂŞter l’appartement sans qu’il soit question de loyer, mais il ne voulait pas. Il disait qu’il semblait que je te payais pour ton… amitiĂ©. Enfin, hier il a acceptĂ©. Donc tu loges gratuitement. Mais je passerai tout de mĂŞme percevoir un acompte en nature de temps en temps…C’était le remerciement du père. Pour moi c’était merveilleux : trois cent euros de plus par mois ! Je comptais bien accorder aussi des acomptes au père !Il ne se passait pas de semaine sans que Daniel vienne me retrouver. Toutefois, je ne voulais pas qu’il dorme avec moi, invoquant le travail qu’il avait. Je ne voulais surtout pas qu’il s’attache, que l’on forme un couple.Jacques, le père, ne manifestait pas de dĂ©sir de revenir me voir. Quelques semaines après, vous ĂŞtes partis en Espagne pendant une dizaine de jours. Dans la maison, il n’y avait plus que Jacques, maintenant je pensais « Jacques », et moi.Le samedi, il Ă©tait seul Ă sa table pour manger. Quand je lui ai apportĂ© le cafĂ©, je lui ai indiquĂ© que j’avais un problème dans mon logement et que j’aimerais qu’il passe. Si j’ai le temps, me dit-il. Il avait compris le sens de mon invitation mais ne voulait pas y rĂ©pondre.Pourtant, dans l’après-midi, on a frappĂ© Ă ma porte. Il Ă©tait lĂ , devant moi. Je lui ai sautĂ© au coup et l’ai embrassĂ© Ă pleine bouche. Il a essayĂ© de me repousser, mais a rapidement cĂ©dĂ©. Et cet après-midi-lĂ , pour la première fois, j’ai vĂ©ritablement fait l’amour.J’étais en peignoir, je l’ai amenĂ© dans la chambre et je l’ai dĂ©shabillĂ©. J’avais calculĂ© comment je devais faire, aller lentement, ranger soigneusement ses habits, l’amener au lit.Il a apprĂ©ciĂ©, me laissant libre d’agir. Simplement, il a fait glisser le peignoir quand j’ai eu fini. Nous nous sommes allongĂ©s cĂ´te Ă cĂ´te, il m’a embrassĂ©e. Pleinement, totalement, jamais je n’avais connu ça, mĂŞme avec… non, rien. Puis il a explorĂ© mon corps d’une manière complète, parfaite. Me retournant pour apprĂ©cier mon dos, mes fesses. Je voulais lui rendre la pareille. Sans que j’aie eu le temps de bouger, il s’est retournĂ© pour me lĂ©cher Ă nouveau et j’ai retrouvĂ© son sexe. Comme la première fois, j’ai mis toute ma science, le prenant longuement au fond de ma gorge.Il m’a arrachĂ©e Ă ma proie, s’est retournĂ©, est venu au-dessus de moi. Son sexe s’est placĂ© et lentement il est entrĂ©. Je ruisselais du plaisir qu’il Ă©tait en train de me donner. J’ai senti un bien-ĂŞtre agrĂ©able d’avoir cette prĂ©sence en moi. Et il a commencĂ© Ă me baiser. En quelques minutes, j’ai joui. Encore plus Ă©blouissant que la fois prĂ©cĂ©dente. Mais il a continuĂ©. J’ai acceptĂ©, voulant que lui aussi prenne son plaisir. Mais mon dĂ©sir est revenu et Ă nouveau il m’a fait exploser, lui-mĂŞme se vidant en moi.Nous Ă©tions cĂ´te Ă cĂ´te, allongĂ©s sur le lit quand j’ai vĂ©ritablement repris conscience. Alors, c’était ça le plaisir ! C’était vraiment le paradis, le bonheur complet. Merci, lui ai-je dit, je n’avais jamais connu d’orgasme jusqu’à aujourd’hui, tu m’as rĂ©vĂ©lĂ©e.— C’est moi qui te dis merci, j’ai retrouvĂ© la fraĂ®cheur, l’innocence des premiers rapports. Aujourd’hui, quand tu m’as invitĂ©, j’ai rĂ©sistĂ© longtemps, mais tu es si belle, j’ai cĂ©dĂ©. Je suis heureux de ton bonheur. Mais je ne veux pas recommencer, c’est trop dangereux, si Daniel venait Ă l’apprendre cela ferait un drame.Quelque temps après, il est venu au restaurant avec une femme d’une quarantaine d’annĂ©es, très belle. Quand je les ai servis, il m’a prĂ©sentĂ© comme sa locataire, occupant le grenier de Daniel, avec un petit sourire.Ă€ midi, il arrivait assez souvent qu’il soit avec cette dame, et Daniel se joignait Ă eux. J’ai compris qu’elle devenait la compagne officielle. Je le regrettais, je n’aurais plus jamais le plaisir de faire l’amour avec lui. Mais par ailleurs j’étais soulagĂ©e, plus de danger.Un jour, je suis arrivĂ©e devant l’immeuble en mĂŞme temps que le couple. Nous avons discutĂ© un instant. J’ai ainsi appris qu’elle s’appelait Aline. Elle m’a dit qu’elle aimerait bien voir mon appartement, si cela ne me dĂ©rangeait pas trop. J’ai naturellement acceptĂ© et les ai invitĂ©s pour l’après-midi mĂŞme, Daniel Ă©tant absent pour quelques jours.Quand on a frappĂ© Ă ma porte, j’étais prĂŞte, vĂŞtue d’une petite robe que je venais de me payer. Bien qu’elle ne soit pas provocante, elle me mettait quand mĂŞme en valeur. Je voulais ĂŞtre au moins aussi bien que cette femme.Elle Ă©tait seule, Jacques avait reçu un coup de fil au moment oĂą ils montaient. Elle ne l’avait pas attendu. Je lui ai fait visiter mon logis, lui prĂ©cisant comme je me trouvais bien ici.— C’est un vĂ©ritable nid d’amoureux, et vous devez ĂŞtre bien avec votre ami.Je me doutais qu’elle savait que Daniel Ă©tait mon amant, aussi ai-je pris la remarque avec un sourire.— Oui, c’est très bien, il suffit d’avoir un partenaire d’un niveau convenable.— Il est vrai que parfois le manque d’expĂ©rience, la trop grande hâte, ne permettent pas d’apprĂ©cier vraiment le moment. Par contre un partenaire plus expĂ©rimentĂ©, mĂŞme s’il est plus âgĂ©, donne des plaisirs extraordinaires, n’est-ce pas ?Entendant ces paroles, je me suis immĂ©diatement demandĂ© si elle Ă©tait au courant de mon aventure avec Jacques. Si c’était le cas, je risquais d’avoir une ennemie dans la maison. Ă€ moins que… qu’elle soit adepte de plaisirs plus compliquĂ©s. Je restais sans voix.— Mais ce n’est pas quelque chose de rĂ©prĂ©hensible d’apprĂ©cier plusieurs plats. Les plus verts sont parfois un peu acides, mais ceux qui ont vieilli dans un bon environnement sont succulents. Il faut un peu des deux. Pour ma part, j’apprĂ©cie ce mĂ©lange.LĂ , plus aucun doute, Jacques avait parlĂ©. Elle Ă©tait au courant et s’amusait de moi.— Tu es très belle, tu sais. Je te tutoie car tu pourrais ĂŞtre ma fille, et je te demande de me tutoyer, nous aurons l’occasion de nous voir souvent dans cette maison. Sous ta robe très bien choisie tu as mis un soutien-gorge alors que je pense que c’est totalement inutile. L’absence de carcan donne une libertĂ© Ă tes seins et quand tu bouges leur balancement est suggestif et agrĂ©able Ă l’œil masculin. Tu vas voir, on va l’enlever.Elle a ouvert ma robe et m’a retirĂ© le sous-vĂŞtement. J’étais paralysĂ©e, ces mains fĂ©minines qui me palpaient dĂ©clenchaient un plaisir trouble.— Mais c’est un pĂ©chĂ© de mettre ce carcan, tu as une poitrine magnifique !En parlant, elle me touchait les seins, la caresse de ses doigts me donnait des envies d’amour. Pour mieux m’admirer, elle a rabattu tout le haut de ma robe, sortant mes bras des manches. Elle a desserrĂ© la ceinture et ma robe est tombĂ©e. J’étais en culotte devant elle. Elle me regardait avec envie. Doucement, elle m’a poussĂ©e sur le lit. Sans rien dire, elle a fait glisser mon dernier vĂŞtement, j’étais nue, Ă sa disposition, et cela me plaisait.Levant la tĂŞte, j’ai aperçu Jacques dans l’embrasure de la porte, qui nous regardait. J’étais perdue. Était-il l’instigateur, le complice ou ignorait-il tout des intentions de son amie ?Celle-ci maintenant m’embrassait comme seule une femme sait le faire. Sans se retourner elle dit :— Jacques, il y a lĂ un morceau de roi. Elle est magnifique, profitons-en pour lui faire connaĂ®tre des plaisirs nouveaux.J’ai fermĂ© les yeux, submergĂ©e par le plaisir. Quand ses lèvres m’ont abandonnĂ©e, j’ai regardĂ©. Jacques Ă©tait lĂ , devant moi, tout nu, son dĂ©sir dressĂ©. Je voulais qu’il me prenne, de suite, je ruisselais. Mais une tĂŞte apparut entre mes jambes et s’empara du sceptre. Elle l’engloutit en entier, j’étais jalouse d’elle. Quelques instants après, elle s’est redressĂ©e, s’est allongĂ©e tĂŞte-bĂŞche avec moi. Elle m’a attirĂ©e sur elle, me prĂ©sentant son sexe, prenant le mien. Je n’avais jamais connu les plaisirs lesbiens, mais je les apprĂ©ciais en ce moment. Nous nous sommes caressĂ©es un moment, je ruisselais de plus belle. Et puis un sexe s’est introduit dans mon vagin. Jacques est très bien montĂ©, mais il s’est enfoncĂ© tout en douceur tant j’étais mouillĂ©e.Combien de fois j’ai pris mon plaisir, je ne le sais pas. C’était une succession de bonheurs, et Jacques continuait inlassablement. Puis il s’est retirĂ© sans avoir joui. Mon sexe a Ă©tĂ© abandonnĂ© par la bouche fĂ©minine. J’ai entendu un bruit de succion. Je me suis redressĂ©e.Aline avait sa tĂŞte entre mes jambes, le sexe Ă©tait enfoncĂ© jusqu’à la racine. Il tenait sa tĂŞte Ă deux mains et j’ai compris qu’il se vidait en elle.Nous nous sommes retrouvĂ©s tous les trois sur le lit, j’étais entre eux deux, leurs mains me caressaient doucement. Je venais de vivre un rĂŞve, de ressentir des plaisirs extraordinaires.Ils se sont redressĂ©s, m’ont aidĂ©e Ă me lever.— Viens, me dit Jacques, nous allons te laver.Tous trois nous sommes descendus, j’étais toujours nue. Elle m’a amenĂ©e dans une salle de bains avec une vaste baignoire. De l’eau tiède coulait. Elle m’a allongĂ©e au fond. Le niveau montait lentement, j’étais au paradis. Aline est venue Ă cĂ´tĂ© de moi et avec une Ă©ponge très douce m’a savonnĂ©e tout le corps. Elle m’a aidĂ©e Ă me lever pour atteindre le dos et les fesses. Je croyais rĂŞver. Jacques m’a aidĂ©e Ă sortir de la baignoire, m’a sĂ©chĂ©e avec une grande serviette douce. Puis, me prenant dans ses bras, il m’a remontĂ©e chez moi, dans mon lit, m’a bordĂ©e et embrassĂ©e sur le front. J’ai sombrĂ© dans un sommeil dĂ©licieux.Quand je me suis rĂ©veillĂ©e le lendemain matin, j’ai pensĂ© avoir rĂŞvĂ©. Mais ma robe sur le lit, mes sous-vĂŞtements sur la chaise me montraient que j’avais vraiment vĂ©cu ce moment merveilleux.Vers midi, on a frappĂ© Ă ma porte. J’étais encore en robe de chambre. Je suis allĂ© ouvrir, c’était Jacques.— Tu as bien dormi ?Je n’ai pas pu rĂ©pondre, mais mon regard devait ĂŞtre Ă©loquent.— Viens, nous allons manger ensemble.— Attends, il me faut m’habiller.— Non, viens comme cela, c’est parfait.Nous sommes descendus. Une table Ă©tait dressĂ©e avec de la vaisselle magnifique, de l’argenterie. Aline est entrĂ©e, m’a embrassĂ©e doucement, comme un enfant.Rien dans leur attitude n’indiquait que la veille nous avions eu des dĂ©bordements incroyables. Pendant le repas, nous avons discutĂ© calmement, ils m’ont demandĂ© ce que je pensais de Daniel. Ils voulaient que je le sonde pour savoir s’il acceptait leur liaison, j’étais la plus proche de lui. Et ils souriaient. Jamais pourtant ils ne m’ont demandĂ© de ne rien dire, j’étais entrĂ©e dans leur monde de dĂ©bauche. Et, le plus terrible, c’est que j’étais prĂŞte Ă recommencer.Daniel est rentrĂ© deux jours après, impatient de me faire l’amour. Inutile de vous dire combien j’ai trouvĂ© fade sa prestation après ce que j’avais connu.Vous comprenez maintenant pourquoi je suis une salope et je ne peux pas rester avec Daniel, j’aurais trop la tentation de renouer des rapports avec son père et Aline.- o-O-o-Elles sont restĂ©es silencieuses après cette confession. Ce qu’elle venait d’entendre dĂ©passait tout ce qu’elle aurait pu imaginer de Francine. Par contre, CĂ©line Ă©tait Ă©mue de sa franchise.Elles ont repris le travail, sans un mot, chacune rĂ©flĂ©chissant. Pour rompre le silence un peu pesant, Francine dit :— Ce Vincent, c’est ton copain, si j’ai bien compris.— Oui, nous sommes très bien ensemble, nous nous aimons bien. Nous nous sommes trouvĂ©s cĂ´te Ă cĂ´te le premier jour, on nous avait placĂ©s par ordre alphabĂ©tique, alors Berger, c’est mon nom, et Ben Soussan, ça se suivait.Francine, s’est immobilisĂ©e, toute pâle. Ă€ un tel point que les autres se sont effrayĂ©es.— Qu’est-ce qui t’arrive, viens dans la chambre t’allonger, propose CĂ©line.— Non, c’est rien, je vais me rafraĂ®chir dans la salle de bains, un petit moment et ça passera.— Bien, comme tu veux.Et elle est sortie, laissant les deux autres commenter les rĂ©vĂ©lations qu’elle venait de leur faire.Le bruit de la voiture pĂ©nĂ©trant dans la cour les a interrompues dans leurs rĂ©flexions. Les deux hommes sont arrivĂ©s tout joyeux, porteurs du pain pour la journĂ©e. Avant de passer Ă table, ils ont pris un moment de dĂ©tente en buvant l’apĂ©ritif.Puis Vincent a interpellĂ© Daniel :— Alors, tu me la prĂ©sentes ta perle, que je voie celle qui te donne tant de plaisirs.— C’est vrai, remarque ce dernier, oĂą est-elle passĂ©e ?— Elle ne s’est pas sentie bien, elle est allĂ©e se reposer dans votre chambre, indique CĂ©line.— Je vais lui dire de descendre, afin de te la prĂ©senter.Quelques minutes plus tard, Daniel redescend, l’air soucieux :— C’est bizarre, je ne l’ai vue dans aucune chambre ni nulle part ailleurs. OĂą peut-elle ĂŞtre passĂ©e ?— Attends, on va la chercher.Les uns après les autres, ils sont revenus bredouilles une demi-heure plus tard : impossible de la retrouver. Elle ne peut pas avoir eu d’accident, pas de route proche, pas de rivière ou de mare Ă proximitĂ©. En fin de compte, ils ont dĂ©cidĂ© de manger car les plats sont froids maintenant.Au cours du repas, Daniel demande la cause de ce malaise ; les cousines ne peuvent le renseigner.— On Ă©tait en train de parler, elle me demandait comment j’avais fait ta connaissance, Vincent. Je lui ai dit que c’était le hasard de l’ordre alphabĂ©tique, Berger et Ben Soussan, nous Ă©tions cĂ´te Ă cĂ´te et…— Attends, l’interrompt soudain Vincent, Francine, quel est son nom de famille ?— Hernandez, pourquoi ?Le visage de Vincent semble se dĂ©composer. La voix enrouĂ©e, il leur dit :— Ne la cherchez pas, vous ne la retrouverez pas.— Mais pourquoi, lui demande Daniel ?Vincent respire profondĂ©ment, comme s’il s’étouffait. Deux larmes perlent Ă ses yeux.— Je connais Francine depuis toujours. Je vais vous expliquer.Et longuement il leur raconte leur amour, et comment ils ont Ă©tĂ© sĂ©parĂ©s.Quand il se tait, un long silence pèse sur le groupe. Tous comprennent que Vincent l’aime toujours et que Francine a eu peur de le rencontrer après ce qu’elle venait de leur raconter.Daniel est immĂ©diatement allĂ© chez lui, espĂ©rant la retrouver. Ă€ son retour, il leur a dit qu’elle Ă©tait passĂ©e rapidement, son père l’avait croisĂ©e mais elle ne lui avait pas parlĂ©. Elle Ă©tait repartie incognito. Le restaurant oĂą elle travaille Ă©tait fermĂ©, congĂ©s annuels.Les autres invitĂ©s pour l’anniversaire sont arrivĂ©s, la fĂŞte a Ă©tĂ© animĂ©e. Les quatre participants n’ont rien rĂ©vĂ©lĂ©, excusant Francine qui travaillait, ont-ils dit. Vincent est reparti avec les deux cousines. Il est restĂ© muet pendant tout le parcours. Il les a quittĂ©es sans fixer de nouveau rendez-vous et est rentrĂ© chez ses parents.- o-O-o-Le parking devant la mairie du petit village est encombrĂ©, des voitures sont mĂŞme garĂ©es sur le trottoir. Mais personne ne proteste, c’est jour de joie, un mariage ! Il y avait deux ans qu’on n’en avait pas cĂ©lĂ©brĂ© ici.Daniel Ă©pouse CĂ©line. Depuis un an ils vivent ensemble. Après le week-end, elle a voulu le consoler du dĂ©part de Francine, il se sentait un peu coupable. Mais quel meilleur lieu d’écoute qu’un endroit calme et isolĂ©, une chambre par exemple. Venu pour un moment, Daniel n’est reparti que le lendemain matin. Le soir, ils ont dĂ©mĂ©nagĂ© dans le grenier.Naturellement, le repas aura lieu dans la propriĂ©tĂ© familiale, tous les amis sont invitĂ©s. BĂ©atrice est revenue d’AmĂ©rique passer les vacances en Europe. Vincent est son cavalier aujourd’hui.Dès son arrivĂ©e, elle a tĂ©lĂ©phonĂ© chez la sĹ“ur de ce dernier. Celle-ci lui a donnĂ© ses coordonnĂ©es.Un peu inquiète, redoutant de tomber sur une voix fĂ©minine, BĂ©atrice a tĂ©lĂ©phonĂ©.— AllĂ´, a rĂ©pondu un homme.Cette voix, elle l’aurait reconnue parmi mille autres, ça lui a donnĂ© un coup au cĹ“ur.— Vincent, c’est BĂ©atrice, je suis arrivĂ©e aujourd’hui. Comment vas-tu ?— Bien, et toi.Le ton est amical, mais dĂ©sabusĂ©. Le moral doit ĂŞtre bas, se dit-elle.— J’aimerais bien que l’on se rencontre, si tu es d’accord.— Oui, si tu veux.— Un de ces soirs, tu pourrais venir chez moi, ou on irait au restaurant. Qu’est-ce que tu en penses ?— Comme tu veux, je suis chez moi, je ne bouge pas beaucoup. Tu pourrais venir ici, on mangerait une pizza.— Quand puis-je passer ?— Quand tu veux, je suis en repos pour deux jours.— J’arrive de suite, si tu es d’accord. J’apporte ce qu’il faut.— Bon, si tu veux.Elle a agi le plus rapidement possible, prenant une bonne bouteille dans la cave familiale, achetant une pizza et un gâteau au passage.Moins d’une heure après, elle sonnait chez Vincent.Il l’attendait car la porte s’est ouverte rapidement. Ils se sont embrassĂ©s, ont refermĂ© la porte, mais il l’a gardĂ©e dans ses bras, la tĂŞte sur son Ă©paule.— Viens, Vincent, laisse-moi me dĂ©barrasser, nous serons mieux.— Excuse-moi, tu as raison.Dans les bras l’un de l’autre, dans une stricte Ă©treinte amicale, BĂ©atrice l’a interrogĂ©.— Comment vas-tu ? Tu ne me parais pas en forme.— Non, plus rien ne va. Sauf le boulot, c’est ma seule activitĂ©.— Tu as bien quand mĂŞme une petite amie, tu n’es pas resté…— Si, la dernière fille que j’ai touchĂ©e, c’est toi, tu te souviens ? Je n’ai plus d’amis, CĂ©line et Daniel m’ont invitĂ©, mais je n’y suis pas allĂ©.— Mais il ne faut pas rester comme ça. D’ailleurs ils vont se marier dans quinze jours.— Je sais, je suis invitĂ©. Je ne sais pas si j’irai.— Tu viendras et tu seras mon cavalier, CĂ©line m’a prise comme tĂ©moin. Ă€ partir d’aujourd’hui, nous reprenons comme autrefois. Fini ton cafard. Et… Francine ?— J’ai passĂ© mon temps Ă la chercher Ă son ancien emploi, mais elle a envoyĂ© sa lettre de dĂ©mission et son patron ne sait pas oĂą elle est, j’ai tentĂ© des recherches sur Internet, mais rien…Ils ont passĂ© la soirĂ©e ensemble, ont couchĂ© dans le lit, en amis. BĂ©atrice aurait aimĂ© retrouver la virilitĂ© et la fougue d’autrefois, mais il l’a simplement enlacĂ©e, cherchant refuge entre ses bras.Elle s’est rĂ©veillĂ©e la première. Soulevant le drap, elle s’est aperçue que, si la tĂŞte de Vincent refoulait le dĂ©sir, la queue, dans le sommeil, n’obĂ©issait pas. Le mât Ă©tait dressĂ©, triomphant. Alors, avec toute la douceur dont elle Ă©tait capable, elle l’a gobĂ©. La tenant d’abord au chaud dans la bouche, peu Ă peu elle l’a humectĂ©e avec la langue puis a commencĂ© le mouvement de va-et-vient. Deux mains ont saisi sa tĂŞte avec l’intention de la retirer. Mais elles aussi n’ont pas obĂ©i, elles ont seulement caressĂ© cet instrument de plaisir.BĂ©atrice est heureuse d’être parvenue Ă tirer Vincent de sa lĂ©thargie, de rĂ©veiller sa libido. Elle poursuit son Ĺ“uvre, il reste inerte. Soudain, il tire la tĂŞte en arrière et la ramène vers lui. BĂ©atrice s’allonge sur lui et prend l’initiative. D’une main elle met en place le mandrin, et elle commence la danse Ă©rotique. Elle ressent un double bonheur, le plaisir physique Ă l’état pur avec cet amant qu’elle connaĂ®t si bien, et surtout le fait de l’avoir ramenĂ© Ă la vie. Car maintenant il l’enserre dans ses bras, baise sa bouche, retrouve les gestes autrefois familiers.Tous deux Ă©clatent simultanĂ©ment, restent enlacĂ©s un moment puis retombent cĂ´te Ă cĂ´te.— Merci. Tu es une fille merveilleuse. Je t’aime beaucoup.— Moi aussi, mais pas assez pour t’épouser. D’ailleurs, lĂ -bas j’ai trouvĂ© un boy-friend. Je devrais dire un petit ami, parce que c’est un Français, et nous nous aimons. Il est revenu, est allĂ© chez ses parents. Je vais le rejoindre dans quelques jours.— Et tu t’es sacrifiĂ©e pour moi !— Le sacrifice n’a pas Ă©tĂ© très pĂ©nible, je savais quel serait mon supplice.Ils se sont retrouvĂ©s plusieurs fois Elle abandonnait ses parents, mais en cachette, compte tenu de son engagement officieux.Et aujourd’hui ils sont venus ensemble Ă la noce. La petite salle de la mairie Ă©tait bondĂ©e, mais la plupart des amis ou curieux attendaient les nouveaux Ă©poux Ă l’église. CĂ©rĂ©monie accompagnĂ©e de l’harmonium poussif.Puis les mariĂ©s ont descendu l’allĂ©e en premier entre les bancs des invitĂ©s, les tĂ©moins derrière. Brusquement, BĂ©atrice a quittĂ© le cortège, se prĂ©cipitant vers l’allĂ©e latĂ©rale. Vincent, surpris, s’est Ă©cartĂ© pour laisser passer le reste du cortège. Sa compagne est revenue, tirant par la main une femme qui protestait.— Francine ! C’est toi, tu es lĂ Â ! murmure Vincent.— Je me doutais qu’elle viendrait, pour voir les nouveaux mariĂ©s et tous ses amis, mais surtout pour te voir. Elle Ă©tait bien cachĂ©e derrière un pilier. En entrant, j’ai bien observĂ© et il m’a semblĂ© la reconnaĂ®tre dans l’ombre. Aussi, en sortant, je ne l’ai pas manquĂ©e.— Pourquoi as-tu fait ça ? proteste l’intĂ©ressĂ©e, maintenant lâche-moi, laisse-moi partir.— Non, tu viens Ă la noce, tu es invitĂ©e, ta place est rĂ©servĂ©e. Avec CĂ©line nous nous doutions que tu y serais. Alors on a fait le nĂ©cessaire.L’encadrant, chacun lui prenant la main, ils la font sortir de l’église, l’amènent devant le couple nuptial. Elle est assaillie par Daniel et CĂ©line qui lui font fĂŞte.Elle est repartie entre ses ravisseurs jusqu’à la ferme. Toute la soirĂ©e ils l’ont choyĂ©e. Quand a commencĂ© le bal, Vincent lui a accordĂ© la première danse, puis BĂ©atrice, lui montrant ainsi qu’elle lui rendait son homme.Tous deux ont quittĂ© rapidement la fĂŞte, laissant BĂ©atrice souriante, contente de voir Vincent enfin heureux.Ils n’ont fait l’amour ensemble qu’une seule fois, mais ils en gardent un souvenir inoubliable, pas seulement pour le plaisir qu’ils en ont eu. Mais ce soir, forts de leur expĂ©rience, ils vont vraiment se connaĂ®tre.