Encore une première fois…Lorsque je n’étais encore qu’un préadolescent, au hasard des recherches livresques que me poussait à accomplir une inextinguible curiosité sexuelle, je tombai un jour sur cette phrase : Post coitum animal triste, dont le sens me parut d’autant plus énigmatique que mon expérience en matière de plaisir sexuel se limitait alors à des masturbations frénétiques.L’auteur expliquait doctement que l’homme qui cherche à satisfaire ses pulsions sexuelles en copulant ne peut échapper à une loi générale de l’espèce qui veut que les plaisirs du corps génèrent la souffrance de l’âme… Nous étions encore à quelques années de Mai 68 et l’ouvrage, dans lequel je m’étais plongé pour tenter de trouver des réponses à la part inavouable de mes désirs, avait reçu l’imprimatur du Vatican…Animal triste, j’aurais bien voulu, car pour moi c’était plutôt l’absence de coït, la copulation inatteignable qui alimentait le bleu à l’âme, le spleen existentiel ! En effet, je m’aperçus très vite de l’écart qui pouvait surgir entre cette irrésistible attirance, qui me faisait désirer des caresses de garçons et succomber à la tentation d’être pénétré par leurs sexes raidis, et les possibilités de réalisation de scénarios aussi facilement mis en scène. Fantasmer, désirer n’est certes pas rien, mais dans ce domaine seul le poids du réel compte.Le ballet des partenaires potentiels dans un sauna ou un lieu de drague gay en est une constante illustration : je tourne, je vire, je montre, j’échappe, je reviens, je provoque, j’attends, j’espère, je touche, je repars, je m’allonge, je m’exhibe, mince celui-là est trop gros, celui-ci pas assez membré, ou encore trop crade, trop insistant, insuffisamment entreprenant… Comme au manège, avant d’attraper la queue du Mickey il faut souvent faire plus d’un tour… À moins que…* * * * *Il avait garé la voiture dans un chemin qui menait à quelques villas essaimées dans la colline boisée et éteignit les phares pour permettre à la nuit de nous dissimuler.— Ici on sera tranquille, mais garde tes fringues, on ne sait jamais, si quelqu’un arrive….Devinant mon trouble, il ajouta aussitôt :— Je te rassure, depuis que je viens ici, je me suis jamais fait surprendre.Et pour finir de lever mes appréhensions, il défit rapidement sa ceinture et se soulevant du siège, il fit passer slip et pantalon sur ses genoux pour libérer son sexe.Dans la pénombre, je discernais à peine son membre dressé ; il m’apparaissait magnifique et colossal dans sa nudité, ainsi érigé à portée de main, de bouche, prêt à être saisi, caressé, sucé. Je me tournai et, l’empaumant d’une main, je me mis à le masturber tandis qu’avec ma main libre j’ouvrais ma braguette et sortais ma verge encore flasque. Mon partenaire se pencha alors dans ma direction et prit mon sexe dans sa bouche. Je sentis très vite ma verge se durcir sous l’effet des coups de langue qui circonvenaient mon gland, Cette fellation m’excitait terriblement et j’abaissai mon pantalon jusqu’aux chevilles pour être plus à l’aise. La bouche toujours centrée sur mon sexe, mon partenaire me malaxait les testicules, je sentais les globes sensibles, à la limite de la douleur, rouler sous la peau froncée par ses doigts.Le plaisir que je ressentais était trop intense pour que je puisse continuer à le masturber. Fermant les yeux, je me cambrai sur mon siège pour suivre le rythme des allées et venues de ses lèvres sur mon pénis, aussi je ne sentis pas tout de suite sa main glisser entre mes cuisses et se rapprocher ainsi de mon anus. Ce n’est que lorsqu’un de ses doigts commença à pointer au centre de l’orifice que je compris que nous irions probablement plus loin qu’un simple branle entre mecs.* * * * *Mais n’était-ce pas ce que j’étais venu chercher en faisant ce détour, à la sortie du cinéma, qui me faisait arpenter peu avant minuit le trottoir de ce lieu de drague bien connu de la ville ?La voiture avait ralenti pour me suivre et le conducteur s’était penché côté passager, la vitre baissée :— Tu es nouveau ? Si tu veux, je t’amène faire un tour ?Je n’avais pu prendre le temps de réfléchir, la proposition était si directement branchée sur mes fantasmes que j’ouvris la portière et pris place. Le conducteur avait une trentaine d’années, plutôt costaud, les cheveux châtains coupés assez court ; il semblait émaner de son visage une tranquille assurance à laquelle je ne pouvais que me remettre.— C’est pas libre chez moi, on peut aller dans un coin tranquille que je connais où on pourra se branler.Qui ne dit mot consent et nous étions parti vers les collines qui environnent la ville.Pendant le court trajet, la charge de la conversation lui était revenue, il cherchait visiblement à cerner ce nouveau partenaire. Je m’efforçais de ne lui répondre qu’au minimum de ce que la politesse enseigne, troublé par l’audace qui m’avait poussé à embarquer dans sa voiture, je voulais absolument garder mes distances et ainsi la possibilité d’un complet anonymat.Je lui dis que je m’appelais Éric, que j’étais étudiant en lettres et je finis par lui avouer que mon goût pour les hommes, bien qu’évident depuis des années, ne s’était jamais encore concrétisé dans une rencontre. Il rigola gentiment en posant la main sur ma cuisse.— Une première fois, je m’en doutais un peu à te voir monter en baissant les yeux. T’en fais pas, on va y aller doucement, tu seras pas déçu…* * * * *Sous la poussée, mon orifice anal laissa passer un doigt dont je sentis la présence dans mon rectum. Certes, je m’étais déjà introduit par l’anus divers objets aux formes phalliques pour corser mes masturbations, j’avais même réussi à sculpter à partir d’un manche de pioche un magnifique pénis en bois digne d’un totem africain, grâce auquel j’avais découvert l’orgasme anal.Mais là, c’était bien différent, ce que je sentais fourrager dans mon derrière ne m’appartenait aucunement et échappait totalement à mon contrôle. La pénétration me semblait d’autant plus ardente que mon corps s’y abandonnait, les jambes relevées et écartées, les pieds prenant appui sur le tableau de bord, je m’offrais, ouvrant mon cul pour l’accueillir au plus profond de mon intimité.Mon partenaire comprit vite que je répondrai à toutes ses avances. Enduisant ses doigts de salive, il entreprit d’assouplir mon sphincter en le travaillant avec insistance. C’est ainsi que ma barrière fut franchie par un doigt, puis un deuxième, puis un troisième, chaque passage dans l’étroit conduit m’arrachant un gémissement de plaisir. Quand il estima m’avoir suffisamment dilaté, il fit basculer le siège en position couchette.— Caresse-toi pendant que je mets une capote, ton petit cul m’excite trop, je peux pas le laisser comme ça, faut que j’te baise.Plutôt flatté de produire un tel effet sur mon premier partenaire, je l’embrassai dans le cou tout en lui disant :— Oui, oui, vas-y, baise-moi, j’en ai trop envie.Je ne le vis pas mettre son préservatif ni prendre le tube de gel dont il m’enduisit le bord du sphincter anal avant de basculer vers moi et de s’installer face à moi, entre mes jambes, les genoux calés sur le bord de mon siège. D’une main, il guida sa verge vers mon trou du cul et je retins ma respiration lorsqu’il pressa son gland contre ma rondelle.Malgré la diligente efficacité de ses préliminaires digitaux, accueillir en moi une verge érigée de si bonne taille n’allait pas de soi et je sentais mon anus se contracter sous la pression de son membre.— Détends-toi et respire tranquillement, je vais te pénétrer en douceur, n’aie pas peur, c’est que du plaisir.Si mon cerveau disait oui, je sentais qu’il n’en allait pas de même de la partie la plus basse de mon anatomie. Il me fit relever les jambes jusqu’à ce que mes pieds touchent le pavillon de la voiture puis, utilisant le pouce et les doigts de sa main droite pour écarter au maximum mon sillon, il plongea son dard vers l’ouverture ainsi dégagée et s’enfonça en moi de tout son poids, en un seul mouvement, comme on épingle un insecte sur une planche d’entomologie. Je dus retenir un cri de douleur.Son sexe était si volumineux et mon cul tout juste défloré encore trop étroit ; il m’empalait en forçant ainsi son passage en moi, semblait me déchirer et je me tortillais, comme brûlé au fer rouge. Mes grimaces explicites l’amenèrent à se retirer très vite mais, en sortant, son énorme membre m’infligea encore une douloureuse brûlure. Il se pencha vers moi :— Sûr que je t’ai fait mal, hein ? Excuse-moi, je te sentais tellement ouvert que je t’ai pris à la hussarde.Et il m’embrassa avec tendresse.Rassuré par la douceur de sa réaction, j’acceptai sans peine qu’il reprenne son œuvre. Après une nouvelle enduction de gel, je sentis vite la douleur s’estomper au profit du retour d’une excitation irradiant dans tout mon bas-ventre.La deuxième pénétration fut la bonne, le passage de son gland puis du reste de sa queue s’effectua en douceur. Je sentais mon anus s’élargir pour gainer et suivre le membre viril qui le franchissait alors qu’il m’encourageait par des phrases cochonnes :— Oui, ma chatte, ouvre-toi, prends ma bite, allez fais-toi fourrer, je vais te la mettre bien au fond, fais la salope, tu aimes ça, tu en veux de la bite…Je n’étais plus un homme, ni une femme mais une sorte d’homme-femme avec un trou à combler et une verge bien érigée. Je sentis ses couilles venir battre entre mes fesses lorsqu’il fut entièrement entré en moi, l’orgasme qui m’emporta alors fut aussi inattendu qu’intense, telle une vague de fond partie des profondeurs ; je fus secoué de l’intérieur par les contractions que ma jouissance déclenchait.Je sentis mon anus emprisonner son pénis tandis que j’éjaculais longuement. À peine eus-je relâché mon étreinte anale que je sentis qu’il jouissait lui aussi, prolongeant son orgasme par des coups de reins qui me coupaient le souffle.Nos ébats furent brutalement interrompus par un coup de klaxon aussi impérieux qu’inquiétant ; il nous fallut quelques secondes pour comprendre qu’emporté par la jouissance, j’avais heurté d’un pied le volant et déclenché l’avertisseur…Craignant d’avoir réveillé le voisinage et d’avoir à expliquer les raisons de notre présence, nous nous rhabillâmes en vitesse et mon compagnon démarra la voiture pour nous faire rapidement retrouver la route. Il râlait :— Dommage d’avoir dû s’arrêter comme ça, je t’en aurais bien remis une giclée, des culs comme ça, j’en baise pas tous les jours.Je regardais la route défiler sans lui répondre, perdu dans d’étranges pensées. Voilà, je n’étais plus vierge, cette première sodomie n’avait rien à voir avec mes premiers rapports sexuels avec des femmes. Je me sentais apaisé, serein, plein d’une chaleur douce qui rayonnait entre mon ventre et mes fesses.Évidemment que l’animal n’était pas triste, post coitum, je n’avais que trop attendu avant de le découvrir par moi-même. Nous étions arrivés à notre point de départ et mon initiateur me déposa là où il m’avait embarqué une heure plus tôt. Je rentrai allègrement chez moi, emportant comme un trésor les sensations nouvelles que j’avais découvertes.