Résumé des épisodes précédents : (1) La narratrice a retrouvé l’héroïne de « Histoire de Colette » qui lui a offert le gîte et le couvert en consentant à lui raconter la suite de sa vie de soumise.(2-9) Dès son arrivée chez sa Maîtresse d’élection, Me Ève L*, Colette connaît une succession d’humiliations et de jouissances avant d’être conviée à assister et à participer à de sévères punitions de soumises. Elle persiste cependant dans son désir de s’engager dans un contrat de totale servitude.En attendant d’être reçue en formation, elle apprend de Clémence, la plus ancienne des soumises de Ève, la précocité et l’accomplissement de la vocation de domina chez cette dernière, ainsi que la force d’un amour qui conduit à tout accepter de sa maîtresse.Une visite médicale éprouvante et un test culturel mortifiant rendent Colette admissible au Noviciat et une épreuve particulièrement douloureuse cadenasse son engagement définitif. Quant à la précédente Novice, Aloïse, une vérification poussée de son endurance au fouet confirme brillamment son aptitude au niveau supérieur de Converse. (10-13) Sauvées des conséquences réfrigérantes et odorantes d’une panne de chaudière par une jeune et charmante réparatrice, Colette et son invitée ont délaissé le récit des souvenirs au profit d’un prosélytisme actif. Revenues à leur sujet, elles se penchent sur le quotidien mouvementé d’une soumise et les satisfactions qu’elle peut en tirer. Ce qui ne les empêche pas de profiter de plaisirs plus classiques, avant un dîner festif où l’on apprend que le rôle d’une Novice se partage équitablement entre peines et plaisirs lors des soirées privées au Domaine. Ou, si l’on veut, entre jeux et châtiments aussi jouissifs les uns que les autres. De retour du restaurant, la suite du récit des réjouissances cuisantes ou pétillantes au Domaine, incite les protagonistes à s’offrir quelques jouissances bien réelles. Mais sans doute n’est-ce pas la seule raison qui les motive au point de s’autoriser certaine transgression.(14) Dans chaque épisode, la narratrice, nommée d’autorité Chantal par son hôtesse, a rendu compte de l’évolution de ses propres sentiments comme des anecdotes qui émaillent son séjour. De plus en plus attirée par Colette, elle se reconnaît des pulsions insoupçonnées qui l’amènent enfin à vouloir expérimenter par elle-même, au-delà des plaisirs de l’exhibition et des caresses féminines, la jouissance dans la souffrance. Elle est comblée !Je suis chez moi. Il n’y aura pas de onzième récit de Colette. Oh, elle m’a bien raconté la fin de sa première soirée privée de soumise chez Calypso, le nom « d’artiste » de Me Ève L*. Elle m’a détaillé toutes les situations vécues avec les amies et l’entourage de sa Maîtresse durant la nuit suivante, dans le donjon du Domaine Diotime. Et j’ai tout consigné, très précisément. Mais en relisant mes notes, je crains que la narration des événements n’émeuve les âmes sensibles.J’ai quitté mon hôtesse hier après-midi. Nous faisions chacune bonne figure, nous le tentions, au moins, pour ne pas attrister l’autre en lui montrant le déchirement que nous ressentions. Nous nous encouragions par la certitude de nous revoir, moi lui promettant de revenir le plus tôt que je pourrais, elle m’assurant qu’elle en informerait Anaïs et qu’elle me préparerait une réception selon mes vœux. Nous nous sommes séparées sur d’ultimes baisers, de bouches et de chattes, et, je l’avoue, il m’a été pénible de remettre ma culotte pour le voyage.La maison était vide à mon retour. Mon mari ne rentrera que dans trois ou quatre jours. Mon fils poursuit ses études dans une autre ville. Ma fille est en résidence universitaire pour la semaine. J’étais seule avec mes souvenirs tout frais. J’ai jeté par dessus les moulins pantalon et culotte, le reste a suivi sans retard. Ma nudité se reflétait dans le miroir de la chambre. Je me suis souri, et je me suis caressée en pensant à Colette – à Anaïs aussi, pour être sincère.Petit orgasme. Sympa, plaisant, pas culpabilisant pour un sou, délassant même, mais loin d’atteindre les sommets que j’ai connus ces jours derniers, mon « grand jour » notamment. J’ai eu l’idée de faire un tour à la buanderie. Et j’ai recommencé. Avec deux pinces à linge sur les tétons, c’était nettement mieux. Quelque peu inquiétant, du coup. Si j’étais contaminée au point de ne plus jouir pleinement qu’en associant la souffrance au plaisir ? Voilà de quoi faire réfléchir !Je comptais grignoter une bricole en me mettant à jour des nouvelles du Monde, avant de dépouiller et d’organiser le monceau de papiers disparates que j’ai rapporté. J’ai changé de programme. Ni télé, ni radio, ni lecture, place à l’exploration de moi-même, genre voyage intime « en terre inconnue ». Avec un semblant de rigueur, si possible.J’ai commencé par le plus simple, ou le plus banal, comme on voudra : le caractère saphique de mes sentiments. Avais-je eu des élans plus qu’affectueux envers une copine dans ma jeunesse, quelque chose comme des amitiés particulières, version fille ? À bien chercher, non, pas même dans l’adolescence, cet âge où, consciemment ou pas, on s’interroge sur ses penchants. Non, vraiment rien, à part ces rares masturbations côte à côte dont j’avais parlé à Colette. Mais, devenue adulte ?J’avais fréquenté « normalement » des garçons, des flirts. Pas de souvenir impérissable de ma défloration, l’amour était venu après. Pas de question non plus, un homme était attiré par les femmes, une femme s’intéressait aux hommes. C’était « naturel ». Ensuite, des amours éphémères, des erreurs, des emballements, des déceptions, et puis celui qui devait devenir mon mari. Aucune attention spécifique pour les autres femmes là-dedans, ni séduction, ni rivalité, tout au plus pouvais-je remarquer que je m’étais sentie à l’aise en leur compagnie, comme délivrée d’un rôle à jouer. À l’époque, je n’y avais pas attaché d’importance.Le mariage était venu, confortable et agréable, dans le respect d’un espace de liberté pour l’un et pour l’autre. Nous étions suffisamment intelligents et cultivés pour ne pas nous encombrer de serment d’exclusivité : si l’on y manque, les conséquences sont pires que la cause. Tout bien considéré, nous n’en avions pas abusé, pensais-je. Quelques incartades de part et d’autre n’avaient pas entaché notre complicité ni le plaisir physique de nous retrouver. D’ailleurs, en me remémorant nos culbutes, j’ai eu soudain envie d’une bonne bite. Cela avait toujours été le cas avant nos retrouvailles, chaque fois que nous avions été éloignés pendant un certain temps. Rien n’avait donc changé.Qui dit copulation – sauf précaution, bien sûr – dit progéniture éventuelle. Pubis repetita placenta quelquefois, comme disait un copain. Cela s’était répété deux fois. Bien suffisant ! La vie de mère de famille avait un peu changé nos habitudes, mais pas trop. Moins de loisirs, évidemment. On s’était rattrapé lorsque les petits étaient devenus grands. Nous avions su profiter de ces années de relative jeunesse pour réaliser enfin des projets en suspens. Par exemple, trois ou quatre vacances d’été naturistes.Et voilà ! J’avais mis le doigt, façon de parler, sur un point nodal. J’ai refait l’historique de cette expérience.Je ne pensais pas avoir été particulièrement pudique, mais l’idée de me foutre à poil plutôt qu’en maillot sur une plage ne me semblait pas spécialement séduisante. J’avais accepté pour faire plaisir à mon mari dont la perspective d’observer de jolies nudités attisait la curiosité. Le premier jour, je l’avais passé à manœuvrer pour en montrer le moins possible. Mon chéri non plus n’exposait pas sans inquiétude ses bijoux de famille aux regards étrangers. (La vieille histoire de la comparaison des zizis, je suppose.) Pour autant, l’ambiance bon enfant du lieu et l’attitude apparemment indifférente des voisins et voisines nous avaient décontractés dès le lendemain. À nous les jeux de plage et les petites balades, intimités offertes à l’eau et au vent ! J’avais dû reconnaître que c’était bien plus agréable que d’avoir la foufoune dissimulée sous le tissu.Il m’est revenu ma première rencontre avec un sexe féminin en majesté. C’était lors d’une de nos premières de ces balades, justement. Dans un petit creux de l’arrière-plage, une beauté sans voile prodiguait une fellation enthousiaste à un quidam extasié. Nous l’avions surprise de dos : ses fesses se révélaient en gros plan et sa position me donnait une vue explicite de sa chatte. Je n’avais prêté aucune attention à l’action ni au membre en érection. Par contre, je n’avais pas détaché les yeux du minou qui m’exhibait tous ses détails. Je me suis souvenu avoir rougi quand la fille s’était retournée vers nous. Son sourire m’avait déculpabilisée et je le lui avait rendu par réflexe. J’avais pensé réagir avec indulgence pour une démonstration scabreuse. C’était sans doute un inconscient remerciement complice.Parce que, à bien creuser, j’ai dû admettre que les jours, et les étés, suivants j’avais accordé mon intérêt aux seuls corps de naïades. Les apollons, réels ou se l’imaginant, n’étaient que des éléments de décor inévitables et superflus. Même lorsque, par jeu, mon mari m’invitait à exciter les voisins par des poses érotiques, ou que je m’y amusais moi-même, c’était l’œil des voisines qui me troublait le mieux. Laisser une femme, jeune aussi bien que vieille, examiner mes seins, mes fesses, ma minette – surtout ma minette – me procurait des échauffements humides que j’attribuais à l’incongruité de la situation. C’était probablement pour des raisons moins innocentes.D’ailleurs, en m’en repassant le film, j’ai retrouvé ces sensations coquines de loisirs nudistes. Je me suis autorisée, face à la glace de l’armoire, la branlette que je n’avais alors osé faire à la vue de mes observatrices. Le regret de ma timidité passée m’a attristée. J’en ai conclu qu’il s’agissait indiscutablement d’une homosexualité que j’avais refoulée, par ignorance sinon par convention morale. La littérature, la culture en général, m’avaient pourtant donné tous les moyens de comprendre. Avais-je été bête !Ce fait acquis, quid de mes pulsions sadomasochistes ? Il m’a fallu remonter très loin pour en discerner les prémisses. Cette fois où, toute petite fille, j’avais vu des grandes déculotter une de leurs camarades pour la gifler à toute volée sur son cricri – je l’appelais ainsi à cet âge tendre – en la maintenant jambes ouvertes. Je n’en avais jamais rien dit, je ne m’étais pas enfuie affolée. J’étais restée cachée et j’avais tout regardé jusqu’à la fin, fascinée par les claques, les pleurs, et la couleur incarnate que prenait peu à peu la partie malmenée.Et cette autre fois où, vers six ou sept ans, pour un vase – de prix, il est vrai – cassé malgré des avertissements réitérés, une tante avait baissé mon petit bateau devant ses amies venues prendre le thé et m’avait infligé une fessée carabinée (on n’en faisait pas une maladie en ce temps). J’avais eu mal, bien sûr, j’avais été horrifiée que les dames vissent mon derrière nu et mon propre cricri. Mais en étant honnête, je pouvais comparer comme étant similaires les ressentis intimes de victime et de spectatrice.Peut-être était-ce pour éprouver des émotions identiques que j’adorais lire la Comtesse de Ségur. Les fessées distribuées aux petites filles indisciplinées m’enchantaient. La correction au fouet de la méchante marâtre me passionnait. Je les voyais appliquées, vrai ou faux, sur des postérieurs dénudés. J’en étais délicieusement bouleversée. Personne ne trouvait malice à mes lectures et relectures. Je devais pourtant m’identifier confusément aux protagonistes des deux côtés de la punition.L’engouement pour la Comtesse et ses héroïnes avait disparu après la puberté. Les premières règles, d’autres préoccupations, la fin du collège, les contraintes du lycée, des auteurs plus « sérieux », les examens, les sorties, les rencontres, tout un ensemble qui m’avait menée de l’adolescence insouciante à la vie d’adulte (responsable, cela va sans dire). Mes fantasmes de prime jeunesse, s’il y en avait, s’étaient effacés.De longues années plus tard, j’avais découvert par hasard ce fameux cahier oublié et je m’étais piquée de donner corps aux gribouillis du journal de Colette. Je m’étais documentée, évidemment. Je veux dire que j’avais consulté en cachette quelques sites spécialisés. Oh, je m’étais absoute par avance : ce n’était que pour mieux appréhender des choses inconnues…Voire ! J’ai été forcée par le réveil de ma conscience de reconnaître que ces visionnages ne m’avaient pas laissée insensible. Colette m’avait bien devinée en me démontrant que j’avais déployé des trésors d’obstination pour retrouver sa trace avec d’autres motivations que la simple curiosité, « fut-t-elle intellectuelle » avait-elle malicieusement ajouté. Seule dans mon lit, je me suis auto confessé avoir souvent mouillé ma culotte en regardant ces vidéos BDSM, et, peut-être, non, certainement, m’être masturbée aussi.La boucle était bouclée. Mes pulsions sadomasochistes sont bel et bien partie intégrante de ma personnalité psychique. Attention, Mesdames, aux petites filles qui lisent et relisent trop souvent « Les malheurs de Sophie » ou « Le général Dourakine ». Je me suis reposé dans la foulée la question de mon lesbianisme. Mon impatience de baiser avec mon chéri a répondu pour moi : je suis décidément (banalement, dixit Colette) bisexuelle. Je me suis endormie rassurée. Pourquoi « rassurée », au fait ?Je me suis réveillée la chatte aussi baignée que si j’avais passé la nuit avec ma première amante. Conséquence possible de rêves érotiques dont je n’avais aucun souvenir probant. Dans l’expectative, je me suis caressée jusqu’à ce qu’orgasme s’en suive. « Orgasme au réveil garde libido en éveil », autant mettre cette maxime en pratique dès le premier jour du reste de ma vie !La jouissance a été forte, traversée de spasmes de bon aloi. J’ai eu la réponse à l’inquiétude première d’hier : non, je ne suis pas définitivement contaminée par le virus SM. Je pourrai en jouer à ma convenance, la modération m’appartient.Je suis donc seule chez moi, douchée, pomponnée, nostalgique des jours récents, et ravie des promesses du futur. Le congélateur m’a garanti un approvisionnement sans souci en nourritures terrestres. Il fait beau, ainsi que le climat méditerranéen nous le concède souvent à la fin du printemps. Ma terrasse est bien exposée. Je ne contemple pas une mer d’arbres verts, comme depuis le « petit Nice » de la balade avec Colette, mais la mer indigo qui scintille au-delà des maisons de la côte. Les hauteurs de mon quartier sont résidentielles et calmes. Les villas s’alignent le long d’une rue tortueuse et regardent vers le Sud. Pas de vis à vis, les seuls regards que l’on peut poser d’une façade à l’autre sont de biais.Les liasses de feuillets disparates s’entassent sur la table. Leur volume me découragerait presque. Le soleil m’incite à la paresse. J’entrouvre mon peignoir pour mieux profiter de sa chaleur. La tentation est grande de lui en offrir davantage. Coup d’œil à droite, coup d’œil à gauche, personne. Les mères de famille du voisinage immédiat sont plongées dans leurs tâches ménagères. Allez, hop, à poil ! Après tout, maintenant, je m’en fiche. Les pudeurs de convenance, c’était bon avant. Si une voisine me voit en tenue d’Ève, j’espère que mon exemple lui donnera des idées.Ah ! Quel bonheur que la chaleur sur les seins et le reste ! J’en suis ragaillardie. J’attaque les premières notes consignées. Il est facile de les organiser. Pas de problème non plus pour transcrire dans les formes les anecdotes vécues en compagnie de mon hôtesse. Lorsque j’avance dans la lecture de ses confidences, je me rends compte que je ne pourrai en faire état tout de go. Le sympathique site sur lequel j’envisage de publier la suite de mes aventures avec Colette n’acceptera sans doute pas les détails crus, cruels, et néanmoins réalistes, qui m’ont été confiés. Je devrai soit censurer les récits, comme celui de la nuit du donjon – mais alors il n’y aurait plus matière à écrire –, soit les édulcorer soigneusement.Le courage m’abandonne devant l’ampleur des textes à traiter. Combien de temps me faudra-t-il pour mettre tout en ordre, pour expurger sans trahir ? Ma réponse est une fuite : ce travail attendra ! Je préfère rêver nue aux heures qui ont marqué la fin de mon séjour, l’apogée, provisoire j’espère, de mon parcours initiatique en quelque sorte.Nous étions sorties de la douche, le corps détendu et l’âme rassérénée pour moi, le cœur joyeux pour elle. Colette avait massé d’une main légère l’endolorissement de mes mamelons et de mes lèvres. J’avais tendrement embrassé les ecchymoses que ma main maladroite et mon emportement incontrôlé avaient laissées sur ses seins. J’avais usé de ma langue pour adoucir l’agression de l’eau chaude sur leur peau trop sensibilisée.Nous avons pris un petit-déjeuner tardif mais reconstituant, et, les peignoirs abandonnés, nous sommes allées nous allonger sur l’ottomane de son petit salon. J’étais trop lasse pour souhaiter autre chose qu’un long moment de repos. Elle a respecté ma fatigue de néophyte. Lovée contre elle et savourant par tous mes pores la douceur de son affection, je regardais les marques toujours pâles imprimées par les pinces à linge sur mes cuisses et mon buste.— Ne vous inquiétez pas, me rassura Colette. Demain, au plus tard, il n’y paraîtra plus.— Je ne suis pas inquiète. Vous savez que j’ai une totale confiance en vous.— Oui Chantal, je le sais. Vous ne vous seriez pas offerte totalement à moi, sinon.— Je ne suis pas sûre qu’il ne s’agisse que de confiance, Colette. Je crois que c’est aussi par amour.— Stop, ma chérie ! Je vous interdis encore une fois de dire des bêtises. Restons-en à l’amitié amoureuse, à une affectueuse inclination, si vous voulez. Et profitons sans calcul ni retenue de nos moments de passion partagée, pour la baise ou les sévices. C’est tout un, d’ailleurs.Je me suis à nouveau sentie comme une élève devant sa maîtresse. J’avais beaucoup appris avec Colette, d’elle et surtout sur moi. Ma marge de progrès restait pourtant conséquente. J’ai cherché sa chatte derrière mes fesses. Elle avait gardé ses lourdes créoles à travers ses longues et larges petites lèvres, mes chers nymphéas. J’ai joué avec ces anneaux d’esclave qu’elle porte, comme un défi, quand elle me domine. Oui, j’ai pensé au présent à cet instant précis, en me constituant définitivement sa soumise dans mon for intérieur. J’aurais aimé que nous continuions mon apprentissage de la souffrance érotique. Je savais qu’une étape nouvelle me laisserait des traces trop visibles. Succomber à la tentation ou obéir à la raison, j’hésitais en caressant amoureusement ce sexe féminin dont j’avais découvert les délices.— Votre clitoris est toujours douloureux, Chantal ? Vos lèvres aussi ?— Oui Maîtresse, merci, ai-je étourdiment répondu en oubliant la distinction convenue entre « tu » et « vous ».— Nous ne jouons plus, m’a gentiment rappelé Colette. Ne vous laissez pas entraîner dans une forme d’addiction. Répondez-moi sérieusement et franchement : avez-vous encore mal ?— Excusez-moi, Colette. J’étais perdue dans mes pensées. Oui, le clito, les grandes et les petites lèvres, les tétons aussi, tout est endolori, me lance parfois. Mais c’est supportable.— Vous avez enduré peut-être un peu plus que nécessaire pour une initiation. Pourquoi être allée si loin ?Je lui ai avoué que j’avais eu souvent l’envie tenace de crier le mot de sécurité, que je m’étais contrainte à me taire par orgueil et par curiosité, mais que j’étais surtout enivrée par une excitation irrépressible. J’ai essayé de démêler pour elle et pour moi l’écheveau des sensations conflictuelles que j’avais éprouvées, et j’ai conclu en reconnaissant que le souvenir autant que la persistance de la douleur me faisait encore mouiller, au point de souhaiter une autre séance, plus dure.— On parle d’ivresse du pouvoir, on ne pense jamais à l’ivresse de la soumission, a-t-elle ri. Je serais heureuse de combler votre vœu car c’est un plaisir de faire souffrir celle qui le désire à ce point. Mais, d’abord ce ne serait pas raisonnable, ensuite ne pouvez pas rentrer chez vous sans être intacte. Prenez maintenant le temps de réfléchir calmement et jouissez de caresses plutôt que de douleurs.J’ai baissé la tête. Elle avait raison, c’était évident. Pourtant, le sentiment de frustration me poignait. Je l’ai embrassée pour la remercier de sa sagesse, et de sa proposition implicite.Ses doigts étaient merveilleux, comme toujours. Ils étiraient mes lèvres, ils cajolaient mon bouton, ils câlinaient mes tétons, leurs attouchements mesurés calmaient partout peu à peu les élancements. Je les laissais drainer les dernières séquelles des compressions des pinces et les remplacer par l’afflux de sang du plaisir. Impression agréable, apaisante, qui décontractait mon sexe et gonflait mes seins, mais qui ne satisfaisait pas complètement les attentes de mon ventre.— J’ai besoin d’être prise, Colette, ai-je quémandé sans fausse pudeur. Mettez-moi vos doigts, votre main, n’importe quoi, profond ! J’ai trop besoin d’être pénétrée.— Je le vois, ma chérie, mais si vous n’y êtes pas habituée, votre chatte ne supportera pas d’être fistée.— Essayez !Je la lui ai présentée, ma chatte. Je la lui ai ouverte autant que je le pouvais renversée sur le dos, les cuisses écartées, les genoux repliés, insouciante de ma pose obscène. Rien n’est obscène avec Colette. Elle a touillé dans mon vagin, elle m’a barbouillée de mon jus, elle a ajouté sa salive, elle m’a branlée avec trois doigts, longtemps. Elle a pu m’en introduire quatre. Je me suis concentrée pour accepter le cinquième, je me suis détendue de mon mieux, j’ai oublié l’écartèlement de mon con. Nous n’avons pas pu arriver à faire entrer sa main. Elle l’a retirée, j’ai râlé de dépit. Mon sexe réclamait d’autant plus d’être empli.— Caressez-vous, Chantal, n’arrêtez pas de vous caresser. Je reviens.Son absence m’a paru interminable. Je me suis masturbée à en avoir des crampes dans le bras, à éclabousser les coussins de cyprine, à désespérer de me fister moi-même. J’ai joui plusieurs fois sans atteindre l’extase désirée. J’ai rugi d’impatience à son retour.— Un assortiment de jouets, a-t-elle annoncé d’une voix joyeuse. Pour le plaisir mutuel !Ses bras étaient encombrés d’objets divers, mais, plus que le vibromasseur à boule dont j’avais apprécié la caresse, ce qui a surtout attiré mon regard était un gros gode doré qui pointait de sa chatte. Je le fixais, incrédule, pendant qu’elle disposait le reste à côté de moi.— Hé oui, c’est un double gode, poursuivit-elle. J’espère que vous aimerez le partager avec moi. Pardonnez-moi de vous avoir fait attendre, j’avais égaré le gel.— Mais Colette, il est énorme ! Comment faites-vous ? Je ne pourrai jamais enfourner ça !— Bah ! Vous vous y ferez, vous aussi, j’ai quelques petites recettes pour l’aider à passer… Tournez-vous, ma chérie. Votre petit trou a été négligé, il a le droit d’être contenté !Je n’avais pas envisagé la chose par ce côté-là, mais sa suggestion a ravivé le souvenir récent de son doigt entre mes fesses. Je les lui ai offertes sans protester. Le temps de m’enduire l’endroit d’une copieuse dose de gel, elle m’a enfilé dans le cul un petit gode dont les vibrations ont immédiatement charmé mon fondement. Encore une découverte qui m’a fait regretter de l’avoir ignorée si longtemps ! Mais pas question de m’appesantir sur mes lacunes en matière d’érotisme, ni sur le mystère d’un accessoire qui tenait seul, elle me tendait déjà un autre gode et le flacon de lubrifiant.— Soyez gentille, Chantal. Rendez-moi le même service.Je ne me suis pas fait prier. L’œillet qu’elle me présentait, je l’avais léché sans le voir. Je pouvais maintenant en contempler à loisir la forme ronde et plissée comme la couleur sombre qui tranchait sur la pâleur de la peau alentour. J’ai dédaigné le gel, j’ai couvert de ma salive les bords et le centre. J’ai apprivoisé son troufignon de ma langue avant de l’investir avec un curieux instrument oblong resserré à sa base. Il l’a avalé sans forcer et s’est refermé dessus.Il n’apparaissait plus entre les fesses qu’une sorte de rondelle ovale et souple ornée d’un micro interrupteur. Le mystère était levé. Je me suis hâtée d’enclencher le mécanisme pour enchanter à son tour le cul de Colette. Le trémoussement lascif de ses hanches m’a montré que le but était atteint, et rappelé les fourmillements qui montaient de mon propre troufion.Les vibrations dans mon rectum entraient en résonance avec les pulsations de mon vagin. Ce n’était plus un besoin, c’était une exigence : une bite, une queue, vraie ou fausse, n’importe quel simulacre pourvu qu’il me remplît ! Les jambes en l’air, sur le dos, j’ai supplié mon amante de venir sur moi.Elle m’a prise comme un homme. Son gode a écartelé ma chatte, j’ai gémi de douleur autant que de bonheur sous la poussée qui comblait mon vide. Mais Colette ne voulait pas de cette posture triviale. Son bras a glissé sous mes reins, m’a attirée sur ses genoux et obligée à me redresser. Son sexe artificiel ne m’a pas quittée, étonnamment flexible malgré sa grosseur. Je l’ai enlacée, je me suis serrée contre elle, à cheval sur ses cuisses et jouant du bassin à la rencontre du sien.Ma vulve distendue autour de son gode, ses nymphéas coiffant mes nymphes, mes lèvres comprimées par ses créoles, ses seins caressant les miens, nous nous embrassions, langue à langues et tétons à tétons, dans un coït étrange aussi tendre qu’endiablée. J’étais pleine et heureuse. Unies par le gode, nous échangions nos spasmes, la houle de l’une enflait celle de l’autre, l’orgasme venait. Je voulais qu’il nous prenne ensemble.La tête de son vibromasseur s’est encastrée entre nous, coinçant nos pubis contre sa boule vibrionnante. Le brutal tremblement imposé à mon clitoris m’a fait monter en flèche. J’ai lutté pour retenir ma jouissance, pour qu’elle n’éclate qu’avec la sienne. Nos corps se sont tendus, nos mains se sont crispées, nos reins se sont cambrés, nos culs se sont serrés, le gode s’est fiché profond dans nos ventres, et nos râles d’amour se sont mêlés dans nos bouches.Longtemps, longtemps après, je suis revenue à moi dans ses bras. Elle flattait mon cou et mes seins. Les instruments de notre plaisir gisaient autour de nous. Nos regards étaient rivés l’un à l’autre. Mon bonheur se reflétait dans ses yeux comme le sien dans les miens. À quoi bon parler ? Un doux baiser suffisait à nous exprimer notre reconnaissance.Des frissons résiduels m’agitaient encore. Colette nous a enveloppées dans une couverture. Je me suis abandonnée dans la tiédeur de nos peaux frémissantes, repoussant la pensée de notre prochaine séparation. Il me restait tant de choses à apprendre d’elle ! Peut-être au moins recueillir d’autres confidences avant mon départ, espérais-je en cette fin de matinée.— La nuit au Donjon de Calypso, la suite de cette soirée privée chez votre Maîtresse, ai-je timidement demandé après le déjeuner. Puis-je la connaître maintenant, s’il vous plait ?Elle me l’a racontée, sans éluder aucun détail. Un long récit plein de plaisir et de douleur, à défaut de bruit et de fureur (quoique…), où il était question de pique et de pince, de fouet et de fessée, de martinet plombé et de chat à neuf queues, de chevalet de bois, de chaîne, de poutre triangulaire, de suspension – et j’en passe –, d’échange de rôles, d’initiation de nièce, d’humiliation de tante, et pour finir, d’amour et de jouissance. L’après-midi y est passée.J’avais tout noté, au mot près comme je l’ai dit, impressionnée par certaines descriptions et excitée par d’autres. J’aurais aimé savoir mes réactions à l’épreuve de la cravache, ou connaître celles de la dominante travaillant un sexe consentant. Je m’interrogeais aussi sur les sensations subies sous la cire chaude, dont les gouttes rouges et les cris qu’elles suscitaient m’avaient troublée dans les vidéos visionnées. J’en ai parlé à Colette.— Oh, la cire, c’est presque de l’accessoire, s’est-elle amusée. Le rouge ressort mieux et les cris sont forcés, sinon où serait le spectacle ? Il y a des zones plus sensibles, bien sûr, les tétons, le clito, les seins et le sexe en général, ou la peau déjà fouettée, mais dans l’ensemble, colorée ou non, la cire est très supportable et laisse très peu de marques.— C’est ce que je pensais, mais je n’ai pas osé tenter l’expérience sur moi.— Je peux vous faire essayer, si vous voulez. Au pire, vous aurez de vagues traces, comme celles d’une éruption cutanée.— Vous croyez ?— J’en suis certaine. Et si le reste vous tente vraiment, a-t-elle souri, après tout, pourquoi pas ?— Le reste ?— Vous m’avez bien répété avoir envie de goûter la cravache, et même avoué le désir que vous inspire la domination, n’est-ce pas ?— C’est vrai. Mais il est tard, ai-je avancé soudain intimidée.— Cela ne prendra guère de temps. Venez !Nous sommes remontées dans la vaste pièce austère du matin, cette « chambre d’amies » qui lui sert de donjon. En allumant une bougie, Colette a précisé qu’il ne s’agissait plus d’un jeu, mais d’une étape de plus dans la connaissance de mon moi intime, sans maîtresse ni soumise. Elle m’a enserrée dans un bustier identique à celui qu’elle avait renfilé, et mis dans la main un martinet. Mes seins débordants n’avaient jamais été aussi bien rehaussés, mon ventre écrasé et ma taille étranglée me donnaient un cul rebondi sur des hanches boudinantes. Je me sentais mal à l’aise et ridicule.— Pas du tout ! Vous avez l’air d’une vraie domina, m’a rassurée Colette en considérant sa cravache. Lequel de vos tétons a le plus souffert des pinces, ce matin, ma chérie ?— Heu… le droit, je crois.— Tournez-vous de profil pour me présenter votre sein gauche.Je n’ai pas vu venir le coup, juste une douleur fulgurante, comme si mon téton avait été coupé net. J’ai gémis entre mes dents serrées, je me suis retenue de regarder mon mamelon ou d’y porter la main (j’avais fait des progrès ! ). J’ai fixé ma compagne en attendant la suite.— L’autre après la cire, m’a-t-elle prévenue. Allongez-vous sur le tapis, Chantal, sur le ventre.Des gouttes ont constellé mes fesses, brûlantes sur le moment et presque aussitôt figées, ne laissant qu’une sensation astringente sur l’épiderme. Une dizaine sur chaque hémisphère, peut-être, et quelques autres ont coulé dans le sillon. Plus cuisantes, celles-là ! Des claques et des tapotements appuyés du bout plat de la cravache m’en ont débarrassée dès qu’elles eurent refroidi. La fessée a été plus pénible que la douche de cire.Colette m’a montré mon cul dans un miroir : des taches à peine visibles le parsemaient, pas plus colorées que la peau après un léger coup de soleil. Je n’ai pas hésité quand elle m’a invitée à me mettre sur le dos.La cire a enrobé mes tétons, s’étalant en flaques irrégulières sur les aréoles. La chaleur des premières secondes était beaucoup moins supportable et l’impression perdurait bien après que le moulage liquide ait pris. J’ai enduré en silence la morsure éprouvante de mon téton droit, plus vive et plus longue à s’atténuer que celle d’une pince. Malgré mes efforts, je n’ai pu m’abstenir de piailler quand la même peine a été appliquée au gauche, trop récemment sensibilisé. Jappements aigus au contact des baisers de feu et grognements sourds le temps que la douleur s’estompe.Colette a délicatement retiré la gangue de cire froide de mon sein gauche. Elle n’a pas touché à celle qui couvrait le bout du droit. Elle m’a caressé la joue avec tendresse. Je lui ai souri, fière de mon courage et heureuse des papillons qui voletaient dans mon ventre.— Voulez-vous que je continue sur votre sexe, Chantal ?Sa voix était douce, sa main cajolait mon sein endolori, ma chatte palpitait de désir. J’ai hoché la tête pour acquiescer, de peur que ma gorge nouée ne m’empêche de dire oui.— Ouvrez bien vos cuisses, ma chérie.Elle m’a d’abord masturbée, répondant à mon excitation et la décuplant jusqu’au bord de l’orgasme, puis elle a repris la bougie. Elle a évité d’empeser ma touffe, se contentant de couvrir les lèvres qu’elle avait épilées devant Anaïs. Je m’attendais au pire, j’ai failli être déçue. La sensation de chaleur était bien plus difficile à supporter, certes, particulièrement lorsque que des gouttes de cire s’écrasaient sur mes nymphes. Je ne retenais pas mes cris à ces impacts brûlants, mais ma mouille étalée les transformait sans délai en pastilles durcies. La brève douleur se muait alors en fourmillements qui me prenaient le ventre. Ondulant en permanence entre souffrance et plaisir, je crois avoir joui sans m’en apercevoir.Nous avons retiré ensemble les plaques de cire froide. Certaines avaient gardé l’empreinte de détails de mon intimité. Nous en avons ri en imaginant un moulage complet de ma vulve. Pour l’heure, les morceaux disparates baignaient sous ma fourche dans un flaque de sueur et de cyprine, d’urine aussi peut-être tant le contrôle de mes sens m’avait échappé dans ma résolution à aller au bout de l’expérience.— Elle n’est pas tout à fait terminée, Chantal, m’a gentiment rappelé Colette quand je me fus remise debout. Votre téton droit est toujours emprisonné. Pensez-vous pouvoir supporter que je le délivre sans le toucher des doigts ?— Vous me le proposez avec un tel euphémisme, ma chérie, que je serais bien discourtoise si je vous le refusais !J’avais crâné en plaisantant et en me risquant à user du même terme affectueux qu’elle. Mais au fond de moi je tremblais, et pas qu’intérieurement d’ailleurs. J’ai offert ma poitrine en croisant nerveusement les mains dans mon dos. Mon téton gauche conservait le souvenir du premier impact. Je me suis préparée de mon mieux à celui qui allait suivre.Elle m’a embrassé le sein avant de se reculer à bonne distance de frappe. Elle ne m’a cinglée qu’une fois. La cire a volé en éclats sous le coup, l’éclair de douleur m’a coupé le souffle. Je n’ai pas osé regarder tout de suite. Ma peur d’une blessure était vaine : le petit bourgeon de chair fragile était seulement plus rouge qu’à l’ordinaire, guère plus que son jumeau. Et je savourais merveilleusement les délicates succions que leur prodiguait Colette…— Il n’y a pas de meilleur remède que la caresse d’une langue, ni de meilleur pansement qu’une bouche aimante, m’a-t-elle enseigné avant de s’agenouiller pour lécher ma chatte.J’ai avancé mon ventre les jambes écartées, en présentant mon sexe dolent et gluant à ses soins. Je n’ai pas joui, mais mon âme était comblée. Pas assez, semblait-il, au goût de ma préceptrice.— Il ne faut pas vous arrêter en si bon chemin, Chantal. Que diriez-vous d’essayer une flagellation de chatte ?— Oh non, ai-je sursauté, je ne sais pas comment je le supporterais. Et j’aurais trop peur d’en conserver longtemps les séquelles !— Je ne parlais pas de la vôtre, mais de la mienne. Je vous ai fourni un martinet, tout à l’heure, non ?Ah oui, tiens, je l’avais oublié dans les égarements de mon esprit. Il traînait par terre, tombé de ma main sans que j’y prisse garde. N’empêche, je me voyais mal l’utiliser sur Colette. Je me méfiais de la facile dérive qui m’avait saisie le matin. Elle a insisté.— Je sais à quoi vous pensez, Chantal. Ne vous sous estimez pas, vous avez su vous reprendre. J’ai confiance en vous.— Moi pas, Colette ! Je ne suis pas sûre de pouvoir me maîtriser si je rechute.— Raison de plus de vous exercer, ma chérie, pour apprendre à vous dominer. Ne le désirez-vous pas ? Soyez sans inquiétude, je vous aiderai de mes conseils, si besoin.J’en avais envie, c’était vrai. La tentation était grande de retrouver le plaisir particulier que j’avais ressenti fugitivement en maniant la cravache sur ses seins. Un banal martinet paraissait moins brutal, l’attrait pernicieux de l’expérience me poussait, celle qui en pâtirait le demandait, que risquais-je à transgresser les limites de la morale profane en ce lieu clôt ? Colette m’exhortait à les franchir, elle m’honorait de sa confiance. J’ai cédé.— Très bien, Chantal. Lancez-vous, suivez votre instinct.Elle était là, face à moi, sa cravache encore à la main. Une idée soudaine m’est venue, une réminiscence sans doute. Je lui ai enlevé cet emblème de pouvoir dont elle venait de me cingler, et je le lui ai présenté devant la bouche. Elle l’a pris entre ses dents sans rechigner, comme un chien obéissant tient la laisse que lui tend son maître. Cette subite inversion des rôles m’a stimulée. Oui, je dominais, je pouvais être gentille ou sévère. J’ai avancé le bras.Elle a baissé la tête pour déposer docilement sa prise dans ma paume ouverte. L’évidence de la comparaison m’a amusée. J’ai ébouriffé ses cheveux.— Bon chien, ça. Bonne chienne. Assise !J’ai eu aussitôt honte de ce comportement puéril. Trop tard. Elle était déjà accroupie sur le tapis, les fesses dans la mare de mes fluides divers, attendant l’ordre suivant. Je me suis baissée à mon tour, gênée de la stupidité de ma réaction.— Ouvrez les cuisses, Colette, ai-je commandé sur un ton que je voulais neutre. Repliez vos jambes de sorte que vos plantes de pied se joignent et que votre chatte soit bien visible.Sa position me donnait en effet une belle vue de son opulente vulve. Par contre, mes coups de martinet n’ont guère été efficaces, claquant plus souvent au sol que sur leur cible, qui n’en souffrait que faiblement. Pas évident de fouetter à genoux ! Colette m’a tirée d’embarras en se renversant sur le dos.— La posture imposée est une bonne initiative, mais en vous plaçant au-dessus de moi vos gestes seront plus faciles. En plus, vous me permettrez de contempler votre minette pour adoucir ma peine, continua-t-elle dans un sourire.J’ai suivi ses indications. Mes impacts rougissaient ses lèvres, je retrouvais les sensations espérées. J’ai ajouté une touche de mon propre chef en rapprochant ma chatte de sa bouche. J’ai poursuivi mon exercice pratique en alternant les plaisirs : un coup de martinet donné, un coup de langue reçu. Une merveille d’excitation ! Qui m’évitait aussi de me demander si je mouillais par la grâce de l’un ou de l’autre…J’ai arrêté moins par raison que par fatigue. Mimer le trot enlevé, même sur une partenaire coopérante, n’est pas de tout repos. Je me suis rengorgée sans beaucoup de scrupules sous les compliments de Colette. Sa belle chatte était rouge et brûlante, ses nymphéas surtout. La rencontre des lanières et des anneaux les avait quelque peu malmenés. Ses soupirs avaient pourtant trahit la satisfaction plus que la douleur, et elle ne manifestait pas l’intention de mettre fin à l’entraînement dont elle était le cobaye volontaire.— Nous avons encore un peu temps devant nous, Chantal, a-t-elle remarqué sans se clore. Vous trouverez deux jolies jarretières dans le tiroir de la console. J’aimerais que vous les passiez sur mes cuisses.Elle a déplié ses jambes à la verticale pour que je puisse enfiler ces ornements élastiques très étroits plus facilement jusqu’à mi-cuisse, en me recommandant de garder à l’intérieur les petits mousquetons qui leur étaient attachés. J’en ai rapidement deviné l’usage.— Resserrez vos jambes, s’il vous plaît, Colette. Merci. Vous pouvez reprendre la position, maintenant.La traction des jarretières sur les créoles étirait durement ses longues nymphes. L’entaille en était si largement ouverte qu’elle paraissait aplatie. Elle me révélait des muqueuses tapissées de mouille crémeuse. La face interne des lèvres, la lisière du vagin, l’orée de l’urètre, le voile du clitoris, tout s’exposait sans détour. J’ai passé les doigts sur ces chairs frémissantes et fragiles jusqu’ici épargnées. Colette avait agrippé mes hanches, la tête collée à mes fesses. Je n’ai pas repris tout de suite la flagellation.— Vous le voulez vraiment, Colette ? Vous êtes prête ?Deux grognements impatients avaient répondu à mes questions. J’ai mesuré mes coups, le cœur me battait à l’idée de la souffrance que je devais infliger. Des mots indistincts m’encourageaient, une bouche avide mangeait mon con, un nez titillait mon cul par saccades. J’ai frappé franchement. J’ai discerné des « oui, oui, oui » dans les succions de ma chatte, des « plus fort » aussi.J’ai obéis. La touffe était à ma portée, je l’ai empoigné, j’ai tiré dessus, le clitoris s’est dévoilé. Un long « ouiiii ! » est monté d’entre mes cuisses. J’ai cinglé, méchamment, trois fois. Le cri de douleur m’a affolée, j’ai jeté le martinet. Un spasme a refoulé des coulées grasses hors du sexe de Colette, ses jambes se sont détendues, j’ai senti la fureur de son orgasme au plus intime de moi. Son intensité m’a rassurée.Son corps continuait de trembler, des sursauts de jouissance l’agitaient encore tandis qu’elle reprenait haleine. J’ai plongé sur sa vulve écartelée, j’ai bu le trop plein de ses sucs, j’ai léché la moindre parcelle qui venait sous ma langue, je voulais apaiser ce que j’avais embrasé. J’ai allumé un autre feu, plus doux, plus affectueux, un feu d’amour tendre dont j’ai partagé le climax dans un soixante-neuf passionné avec celle qui m’initiait à un érotisme libéré de toute convenance.— C’est peut-être la chance du débutant, mais vous m’avez donné plus que j’espérais, m’a-t-elle dit plus tard pendant que je libérais ses lèvres. Vous devez être douée pour dominer, Chantal. Vous avez été presque aussi sévère que Ève ou Roxane.— C’est trop flatteur, Colette chérie. Je suis déjà assez heureuse de vous avoir fait plaisir. Mais qui est Roxane ?— La grande amie de Ève dont je vous ai parlé : une domina Belge. Une blonde superbe, avec une belle voix profonde et une magnifique poitrine. Transsexuel, en fait, qui détestait ses attributs virils.— Elle les avait gardés ? Par peur de l’opération ?— Je ne crois pas, vu les traitements qu’elle leur infligeait ! Pires qu’avec ses soumis, hommes ou femmes. Et elle n’était pas douce avec eux !La nuit était venue lorsque nous avons fait l’effort de nous relever. Une douche réconfortante s’imposait. En sortant, Colette m’a désigné une sorte de cheval à bascule dont le corps était formé d’une planche recouverte de cuir.— La prochaine fois, il vous faudra essayer ce jouet.J’avais l’esprit ailleurs. J’ai répondu « oui, bien sûr, Colette » sans réfléchir, sans prêter attention à son sourire. J’étais lasse, épuisée, physiquement et moralement. Je n’aspirais qu’à me retrouver dans son lit, dans ses bras, pour profiter pleinement de la dernière nuit de mon séjour.Le soleil est monté pendant mes rêveries nostalgiques, sa lumière et sa chaleur me baignent. Remuer tous ces souvenirs m’a mouillé la chatte et ouvert l’appétit. Curieuse coïncidence d’effets ! Une petite salade composée remédie au second. Je reviens sur la terrasse pour m’occuper du premier. Le transat me propose un lieu approprié qui ne demande qu’à être bien disposé. Un loup opaque protègera mes yeux et me permettra la meilleure orientation possible pour exposer tout mon corps à Phoebus. Un brin de poésie n’a jamais fait de mal…D’autant qu’il était bel homme, l’artiste, d’après ses statues. Ses sœurs en déité n’étaient pas mal non plus. Aphrodite, Athéna, Artémis… de quoi me rendre songeuse. Aphrodite ? Non, trop belle, trop changeante. Athéna ? Sage, attirante, trop sérieuse peut-être. Artémis ? Oui, un petit faible pour la vierge chasseresse. Je la vois avec les traits d’Anaïs. Et Colette ? Ni l’une ni l’autre, sans doute, mais un condensé du meilleur d’Athéna et d’Aphrodite. Sagesse et séduction…Mes fantasmes se développent dans la pénombre de mon loup noir. Faire l’amour avec Anaïs-Artémis, par exemple. Sous le regard attentionné de ma nouvelle déesse Colette-Aphrathéna. Oh oui ! (L’apollon, je m’en fiche : j’aurai mon mari, bientôt.)Mes mains courent dans le soleil sur ma peau chaude. Sur mes tétons, encore un peu endoloris, qui réagissent encore mieux à mes pincements. Mes seins, qui se rengorgent sur mes paumes en coupe. Mon ventre, qui frémit sous mes doigts chatouilleux. Mes cuisses, qui frissonnent agacées par mes ongles taquins. Mes jambes, qui s’ouvrent pour offrir largement aux rayons leur fourche déjà humide. Ma chatte, qui s’écarte, réclamant sa part de flatteries.Je lui en prodigue sans compter, à profusion, à satiété. Qui suis-je ? Celle qui donne, ou celle qui reçoit ? Anaïs-Artémis qui me caresse, Colette-Aphrathéna qui me câline, ou moi-même qui les masturbe chacune leur tour ? Je délire. Qu’importe ! Je me fourre et je m’astique, je me tripote et je me cajole, je me donne du plaisir. Qu’il est doux de se branler au soleil…— Maman !! Mais qu’est-ce que tu fais ?!Allons bon ! Qu’est-ce qui me vaut cette irruption ? Il était prévu qu’elle reste absente toute la semaine. Je devrais être gênée, mais après tout c’est une adulte.— Ben, tu le vois, ma chérie. Ça ne t’arrive jamais ?— Heu… si, mais…— Mais au fait, pourquoi es-tu là ?— Tu sors d’où ? C’est la grève, à la Fac, tout le monde en parle ! On occupe. Je suis revenue chercher des provisions avec des copines. J’allais te le dire.Ah, zut ! Je relève mon loup trop confortable. La gamine n’est vraiment pas seule, trois jeunesses inconnues l’accompagnent. Je me force à rougir – sans succès, il est vrai.— Pardon Mesdemoiselles. Bonjour. Désolée de vous accueillir ainsi.Attitudes diverse, embarrassées ou amusées. Regards divers aussi, intéressés ou détournés. Elles répondent à mon salut, malgré tout. Bien polies, ces jeunes filles. La mienne les presse de retourner à l’intérieur. Je suis à nouveau seule. Pour m’apercevoir que j’ai négligé de fermer les jambes. Était-ce volontaire ou inconscient, je ne saurais le dire.Eh bien, ok, j’ai changé ! Je ne m’en porte pas plus mal, je me sens mieux dans ma peau au contraire. Mais ma décision est prise, je raconterai tout à mon chéri. Pas d’une traite, sans doute, plutôt par touches successives, je lui décrirai ce que j’ai vécu, mes découvertes, mes pulsions dévoilées, mes interrogations et mes acceptations. Bref, je lui expliquerai l’évolution de mes sentiments, ce qui s’est révélé, saphisme et sadomasochisme, et ce qui demeure : mon affection intacte, mon amour et mon désir physique pour lui.Nous verrons bien. Ce n’est qu’au prix de la vérité que je délivrerai mon âme, et que je pourrai revoir Colette l’esprit en paix.Et, qui sait, me retrouver avec elle et ses amies, entre femmes qui s’ébattent « sans cacher aucun de leurs charmes ou de leurs défauts, ni en ressentir quelque honte ou quelque gloire », comme l’a si bien écrit Lady Mary Wortley-Montague.Fin