Teikoku est une nouvelle série que je viens de créer et avec laquelle je vais m’éloigner un peu de mes territoires habituels. Je vais retourner vers mes anciennes amours du fantastique et notamment de l’heroic fantasy, mais aussi m’essayer à décrire des relations qui ne seront pas forcément toutes des actes non contraints.J’espère que cela vous plaira et si c’est le cas n’hésitez pas à me laisser des messages, que ce soit sur ce site ou sur mon adresse mail agentchelateur@gmail.comChapitre 1Parisshy était surnommée la débauchée et elle portait bien son nom. C’était une ville où tous les extrêmes étaient possibles. Si tu avais suffisamment d’argent, tu pouvais trouver tous les plaisirs imaginables, et si tu n’en avais pas, c’était toi les plaisirs en question.La ville accueillait donc bien entendu des centaines de bordels et des milliers de prostituées. On y retrouvait de tout… Des humains, des elfes, des mi-humains, et même des démons dont le royaume d’origine « Ferno » se trouvait à seulement une cinquantaine de kilomètres plus au sud.Ceder Rif et Hirsin Tas entrèrent dans l’un de ces établissements. L’ambiance était sombre et glauque, la fumée émise dans les différentes flasques à Marwan créait une sorte de brouillard dans lequel il était difficile de discerner l’environnement.Les deux hommes s’installèrent à une table, pas trop sale, compte tenu de l’endroit, et attendirent qu’un serveur ou une fille vinssent à eux.— Franchement, commença Hirsin Tas en posant ses fesses sur le petit tabouret qui faisait office de chaise. Si vraiment tu voulais une pute, tu aurais pu choisir un établissement de meilleure qualité.Ceder Rif ne répondit pas. Il se contenta de considérer son ami avec un air ironique.Hirsin Tas était un humain de grande taille aux larges épaules et dont la carrure impressionnait même les plus costauds. Avec sa chevelure brune frisée, sa barbe bien taillée et sa peau brune et tannée comme l’était souvent celle des guerriers, il était parfois difficile d’imaginer qu’il put se lier d’amitié avec un mi-humain, mais Ceder Rif n’était pas n’importe quel mi-humain. Il était aussi grand que son ami, son teint était clair et ses origines animales n’étaient que très peu visibles. Il fallait dire que quand on était d’origine aristocratique, on apprenait à cacher les parties les moins fières de son anatomie. Ainsi, de loin, personne n’imaginait qu’en dessous de ses vêtements, il portait un pelage noir sur sa poitrine et ses membres aussi sombre et dru que celui de l’animal de son lignage, l’ours.Un serveur daigna enfin s’intéresser à eux.— Deux soccas, indiqua Hirsin Tas.— Une cuve de marwa ? questionna le serveur.— Pas du tout. Le socca suffira.— Dites-moi, intervint alors Ceder Rif. Est-ce qu’une dénommée Leora travaille toujours ici ?— Leora ? répéta le serveur, l’air un peu surpris. On peut pas dire que ce soit une fille de la dernière fraîcheur. Même ici, vous trouverez mieux qu’elle.— Je veux juste la voir. C’est possible ?— Elle est avec un client. C’est une chambre avec miroir. Comme ça, si certains veulent se rincer l’œil, ils le peuvent… Moyennant une petite pièce.Hirsin Tas manqua s’étouffer devant la proposition, mais ce ne fut rien quand il réalisa que Ceder Rif sortait sa bourse de sa poche avant de lancer deux pièces de bronze au serveur. Ce dernier testa les pièces puis leur indiqua de le suivre.Hirsin Tas n’aurait jamais cru se retrouver un jour dans une telle position. Dans un bouge infâme, nimbé de fumée de drogue, à aller épier les ébats d’une prostituée de bas étage avec un de ses clients. Il ne connaissait pas ces travers chez son ami et se demandait s’il n’était pas en train de perdre la tête.Le serveur les conduisit dans une petite salle sombre. À la gauche se trouvait un grand miroir. Il s’agissait d’un miroir sans tain qui permettait aux personnes présentes dans ce cagibi de voir tout ce qui se passait dans la chambre d’à côté. Dans ladite chambre, installés sur un lit aux draps plus que douteux, deux individus étaient en pleine action. Il y avait un mi-humain au visage simiesque qui chevauchait une jeune femme.En fait, Hirsin Tas n’était pas sûr qu’elle fut si jeune que ça, son visage était déjà très ridé certainement à cause de l’usage de drogues. Elle était très mince, avait le teint mat et des cheveux violets, témoignant de sa jeunesse. Des filles aux cheveux colorés perdaient souvent leur couleur une fois passée la quarantaine. Compte tenu de ce qu’elle devait consommer comme drogue pour avoir conservé un tel panache, celle-là ne devait pas avoir plus de trente ans. À une époque, elle avait dû être belle, mais maintenant, il ne restait plus grand-chose. Ses hanches semblaient totalement absentes et sa poitrine, qui pendait mollement, aurait été voluptueuse si elle n’avait pas été aussi fripée.L’homme, lui, devait être un soldat ou quelque chose comme ça, comme en témoignaient les vêtements qui étaient posés un peu partout dans la chambre. Il ne devait pas avoir beaucoup d’argent pour se payer une pute aussi mal lotie. De toute manière, les soldats du coin, après quelques mois passés en opération, ça aurait couché avec des chiens de l’enfer ! En tout cas, le gaillard ne semblait pas trop s’offusquer de l’état de sa partenaire. Il la prenait en levrette donnant de grands coups de reins et la faisant sursauter à chaque fois. La fille ne faisait même pas l’effort de ne pas montrer qu’elle ne ressentait rien. Elle restait à quatre pattes, résistant aux coups de reins sans émettre le moindre son. Son expression était vague et elle semblait penser à toute autre chose. Hirsin Tas se demandait même si elle pensait à quoi que ce fut.L’homme continuait à la besogner sans se soucier de son manque de réaction. À un moment donné, il changea de position et la plaça sur le dos. Elle se laissa faire sans montrer une quelconque envie. Une fois sur le dos, elle écarta les jambes afin de favoriser une nouvelle pénétration qui ne tarda pas à arriver. L’homme la prit alors en missionnaire, tâtant sa poitrine molle qui allait et venait au rythme de ses coups de reins toujours aussi puissants. La jeune femme fixait le plafond et ne montrait toujours aucune émotion. Elle aurait très bien pu faire ses courses qu’elle aurait eu la même expression.Le client finit par venir au plaisir et éjacula dans le ventre de la prostituée. Elle ne réagit toujours pas, indiquant qu’elle ne craignait pas de tomber enceinte. L’usage trop intensif de drogue stérilisait souvent leurs utilisateurs, hommes ou femmes. Ça devait être le cas pour elle, parce que, vu son état, elle devait en consommer plus que la moyenne.— Tu es content ? interrogea Hirsin Tas en se tournant vers son ami.— Sûrement pas, répondit celui-ci. Ce n’est pas elle. Encore raté. Il sortit alors un petit carnet qu’il ouvrit à la première page. Hirsin Tas vit qu’il y avait une série de noms dont la moitié avait été rayée. Ceder Rif tira un trait sur un nouveau nom de cette liste et referma le carnet.— Bon, reprit-il en re glissant le carnet dans sa poche. On n’a plus rien à faire ici, on s’en va.— Et on va où maintenant ?— Garolia. On retrouve les autres.Hirsin Tas afficha enfin un sourire radieux. Garolia était un pays en guerre, et la guerre était bien une chose dans laquelle il excellait.Chapitre 2Myrtil était un petit village situé au sud-ouest de Garolia. Il était très peu peuplé, à peine une centaine d’âmes, des paysans qui tentaient de survivre dans ce monde de chaos. Situé juste à la frontière des confins au rebord de la forêt de la nuit, ce petit village n’était que rarement concerné par tout le désordre qui régnait dans le royaume.Fansté était un vieux paysan d’une cinquantaine d’années qui travaillait son petit lopin de terre pour en tirer une subsistance pour lui et pour sa petite fille. Cette dernière, qui venait d’avoir dix-huit ans, l’attendait chez eux en préparant le repas.Le champ se trouvait un peu en dehors du village, mais pas assez pour que le vieux paysan ne vit pas la fumée qui en émanait. Il comprit immédiatement qu’il se passait quelque chose de grave et ce fut confirmé par l’arrivée de Monge.— Fansté ! fit le jeune homme en s’approchant de lui. Des soldats… Ils ont pris ta fille.Fansté comprit ce qui se passait et partit en courant en direction du village, il lui fallut dix longues minutes pour arriver à destination. Il trouva la porte de sa petite cahute défoncée, l’intérieur complètement ravagé, mais aucune trace de quiconque.Il ressortit affolé, ce fut à ce moment qu’il entendit des cris en provenance de la grange.Le village était petit et aucun agriculteur n’avait les moyens de posséder sa propre grange. Cependant, comme ils étaient solidaires, ils s’étaient arrangés pour en construire une dans laquelle ils stockeraient toute leur récolte. C’était à cet endroit-là que les envahisseurs avaient emmené les quelques jeunes filles qu’ils avaient trouvées.Chapitre 3Héraldia était une jeune fille séduisante par tous ses atours. Avec ses longs cheveux blonds, sa taille fine et ses belles formes, elle n’aurait pas juré dans les cours des différents duchés de Garolia. Mais en cet instant, cette beauté était devenue un fardeau.Les soldats étaient arrivés en début d’après-midi alors que son grand-père était déjà au champ depuis de longues heures. Enfin, on pouvait difficilement appeler « soldats » cette bande de manants aux tenues dépareillées, aux armures ébréchées et aux visages mal rasés. Même avec sa petite expérience, la jeune fille sut immédiatement qu’elle avait affaire à ce qu’on appelait des traînards. Il s’agissait de soldats qui avaient fui un champ de bataille à l’orée d’une défaite et qui s’étaient reconvertis en pillards. Les traînards étaient la pire plaie de Garolia pour les paysans qui ne pouvaient compter sur la protection des différents ducs qui ne pensaient qu’à se faire la guerre au lieu d’assurer la protection du petit peuple vivant sur leurs territoires. Leur village étant assez loin du centre du pays et des lieux de bataille, ils n’avaient encore jamais vu débarquer ces bandes d’égorgeurs. Leur chance venait de passer.Celui qui semblait les commander attrapa la jeune fille par les cheveux dès qu’il entra dans leurs cahutes. Les autres se mirent à tout ravager à la recherche de quelque richesse. Le chef avait trouvé son trésor et il comptait bien en profiter.La jeune fille se débattit et tenta d’échapper à un sort sinistre, mais l’homme la faisait deux fois et, même s’il était fatigué par des années d’errance, il restait bien plus fort qu’elle. Il la traîna vers la grande grange. On y avait installé du fourrage pour le bétail, ce fut pour lui l’endroit idéal pour assouvir ses désirs.La jeune femme portait juste une simple robe sans rien en dessous. Ce vêtement ne constitua pas une grande résistance face à cet homme déterminé qui la déchira avec son couteau. Quand elle se retrouva nue, Heraldia tenta de s’enfuir. Elle griffa l’homme qui, en réponse, lui envoya un grand coup de poing dans le ventre. Elle se plia en deux sous l’effet de la douleur et il l’attrapa par les cheveux pour la forcer à se relever. Deux nouvelles claques suffirent à calmer les ardeurs de la jeune fille qui savait que cet homme n’hésiterait pas à la tuer.Il la projeta alors sur le sol, la forçant à écarter les cuisses. Il se glissa entre elles et défit le bas de son de son armure pour libérer son pénis. La jeune fille, vaincue, tourna la tête pour ne pas voir le sort qui l’attendait.Elle était vierge et la pénétration n’en fut que plus douloureuse. L’homme la transperça totalement et s’allongea sur elle en prenant sa poitrine à pleines mains. Il puait les ordures et son haleine sentait l’alcool. Heraldia fut prise immédiatement d’un haut-le-cœur, mais ce n’était pas le pire. Le pire était la sensation qu’elle avait dans son ventre. Le membre qui allait et venait en elle la révulsait au dernier point.Elle n’avait jamais été vraiment amoureuse mais, dans ses rêves profonds, elle avait toujours espéré connaître une première fois romantique avec un jeune paysan où peut-être un chevalier, un riche noble ? Jamais, même dans ses pires cauchemars, elle n’avait imaginé que sa première fois fut aussi terrible.L’homme continua d’aller et venir en elle tout en jouant avec ses seins. Il lui mordit les tétons, lui arrachant un cri. Le premier depuis qu’il avait commencé à la violer.La jeune fille évitait toujours de croiser celui de son violeur qui ne semblait pas s’en offusquer, ne pensant qu’à son seul plaisir physique. Autour d’elle, des cris d’autres jeunes filles se faisaient entendre. Elle comprit rapidement qu’il s’agissait d’autres jeunes filles du village que les égorgeurs avaient dénichées dans leurs cachettes et emmenées en ce lieu pour leur faire subir le même sort que celui qu’elle connaissait déjà.Le viol dura de longues minutes puis elle sentit son agresseur se crisper et une étrange chaleur envahit son ventre. Il avait joui en elle. Elle serra les poings et se mordit les lèvres pour ne pas crier en réalisant qu’il pouvait l’avoir mise enceinte.Une certitude l’envahit alors : les égorgeurs ne portaient pas ce nom pour rien. Ils étaient réputés pour tuer toutes leurs victimes une fois qu’ils en avaient fini avec elle. À cet instant, elle se surprit même à espérer que ce fut le cas.Le pillard se releva, réajustant son armure, et se tourna en direction de ses hommes qui attendaient derrière.— J’en ai fini avec celle-là, expliqua-t-il. À vous d’en profiter !Deux autres hommes s’approchèrent alors de la jeune femme qui était toujours allongée, les dents serrées. Ce fut à ce moment que Fansté arriva dans la grange.Chapitre 4Fansté débarqua donc dans la grange alors que le chef des pillards venait d’autoriser à ses hommes à profiter du corps de sa petite fille. Il hurla et se jeta sur eux.C’était un vieux paysan qui, s’il avait livré quelques batailles dans sa jeunesse, n’avait plus ni la force ni les compétences pour faire le poids contre des guerriers comme eux, même s’il s’agissait de traînards. Les hommes le mirent rapidement à terre avant de le rouer de coups jusqu’à ce qu’il perdît conscience.Il fut réveillé par plusieurs grands coups de pied dans son ventre. En ouvrant les yeux, il vit un homme se relever d’entre les cuisses d’Heraldia et comprit que d’autres hommes l’avaient encore violée pendant son inconscience. Les coups de pied venaient du chef des traînards qui s’était agenouillé à son niveau.— On a bien profité de ta fille, fit l’homme qui avait compris le lien de famille entre eux. On va prendre tout ce qui nous intéresse, et toi, c’est plus ton problème. Les pillards l’agrippèrent avec sa petite fille et les entraînèrent en dehors de la grange. Heraldia n’opposa aucune résistance, même si elle avait compris le sort qu’ils leur réservaient. Fansté avait lui aussi compris. Il criait et suppliait les hommes non pas de l’épargner, mais d’épargner sa petite fille qui avait encore une longue vie à vivre, mais ces hommes n’avaient plus d’âme et faisaient le mal sans remords.Les hommes les traînèrent jusque dans un petit champ aux abords du village. Ils les jetèrent au sol et le chef s’approcha d’eux.— Vous êtes vraiment des inutiles, insulta-t-il. Même pas capable de se défendre, juste des lapins bons à être mangés.L’homme sortit son épée. Elle était ébréchée et rouillée, mais était encore capable de tuer une personne, surtout si elle ne possédait pas de protection. Il la leva et Fransté ferma les yeux en attendant la mort…… Une mort qui ne vint pas, car une intrusion changea le déroulement des événements.Chapitre 5Le pillard s’était arrêté dans son mouvement en apercevant la silhouette qui s’approchait d’eux. Immédiatement, il se demanda qui pouvait être celui qui ne semblait pas les craindre.L’homme était grand avec une belle musculature sans être pour autant impressionnante. Il portait surtout une armure flambant neuve et arborait un écusson que le pillard ne reconnut pas.Il ne connaissait pas tous les emblèmes de Garolia, mais une chose lui dit qui ne s’agissait pas d’un seigneur de ce royaume. L’homme était aristocratique, sans aucun doute. Il avançait droit et fier, la main posée sur le pommeau de son épée, prêt à la sortir. Tous les pillards présents s’étaient tournés vers lui et le surveillaient, méfiants.C’était un homme seul et il ne représentait pas un grand danger pour la dizaine d’hommes qui se tenaient en face de lui. Pourtant, il continuait d’avancer vers eux, sûr de lui.— Cessez cela ! lança l’homme en s’arrêtant à moins de deux mètres des pillards.Les hommes se mirent à rire de concert.— Et qui va nous en empêcher ? ricana le chef des pillards. Toi, peut-être ?— Moi, non. Mais eux, oui. Au moment où l’homme terminait cette phrase, une volée de flèches fendit l’air en provenance de l’ombre des arbres de la forêt. Elle s’abattit sur les pillards en tuant la moitié pour le coup. Au même moment, une troupe de cavaliers sortit du même endroit et chargea sur les survivants.Les pillards tentèrent de s’enfuir, mais ils n’avaient aucune chance. Ils n’avaient cette fois pas affaire à de simples paysans ou à des traînards comme eux, mais bien à des hommes entraînés et motivés. Ils furent massacrés en quelques secondes.Hirsin Tas tira sur la bride de son cheval et lui fit faire demi-tour. Il revint vers Ceder Rif qui se tenait toujours debout au milieu des cadavres des pillards.— C’est tout ? questionna-t-il sur un ton déçu. Juste quelques pillards. Même pas de quoi s’échauffer un peu ?— Éliminez-les tous ! ordonna Ceder Rif en ne cherchant pas à relever l’ironie de son ami. Que personne ne puisse témoigner que nous sommes présents en ce lieu ! Hirsin Tas hocha la tête et relança son cheval. Il repartit vers ses hommes puis ils prirent la direction du village.Ceder Rif se retourna et se pencha vers Fansté et sa petite fille. Il retira sa cape et la déposa sur les épaules de la jeune fille qui était toujours nue. Il se tourna ensuite vers le vieux paysan.— Désolé de ce que vous avez subi, fit-il compatissant. Nous allons faire payer tous ces hommes.— Merci, répondit laconiquement Fansté qui savait que le mal qui avait été fait ne pouvait être réparé.— Je voudrais rencontrer le responsable de votre village, ajouta l’aristocrate, j’ai une proposition à lui faire. Fanste hocha la tête et se demanda si Kikelin était toujours vivant.Chapitre 6Kikelin était bien vivant. Il n’avait échappé à la mort que de justesse grâce à l’arrivée des cavaliers dans le village. Ces derniers avaient rapidement éliminé tous les pillards, y compris ceux qui tentaient de s’enfuir. Il ne faisait aucun doute que ces hommes connaissaient leur métier.Fansté conduisit donc Ceder Rif en présence de celui que tous considéraient comme l’ancien du village et une sorte de maire. L’homme se montra très respectueux en dépit du fait que Kikelin n’était qu’un simple paysan et lui, clairement un aristocrate.Kikelin était un mi-humain dont l’animalité s’exprimait surtout dans sa posture qui rappelait un peu une tortue. Il se tenait souvent courbé comme s’il devait porter un lourd poids sur le dos. Les écailles qui recouvraient sa peau étaient beaucoup plus discrètes et son visage n’avait aucun trait reptilien. Il s’entendit naturellement bien avec l’aristocrate qui ne cachait pas non plus sa nature de mi-humain.— Je veux vous proposer une protection, annonça l’aristocrate. Mes hommes vont rester ici et éviteront qu’il vous arrive de nouveaux désagréments. Une bataille s’est déroulée à quelques dizaines de kilomètres d’ici et il reste encore beaucoup de traînards.— Effectivement, reconnut Kikelin qui n’avait pas eu l’information de cette bataille. Mais nous n’avons pas de quoi vous payer.— À ce que j’ai vu, vous avez de la nourriture et cela nous suffira pour l’instant. Le gîte et le couvert pour mes hommes, le temps que je règle certaines affaires. Ensuite, nous vous laisserons tranquilles et, si nous réussissons ce que nous voulons, vous ne serez plus en danger. Kikelin réfléchit. Les récoltes avaient été bonnes et ils avaient de quoi nourrir l’équivalent du double du village, mais il avait envisagé de vendre ce surplus au marché de l’été, ce qui aurait permis d’acheter de quoi construire une nouvelle grange.Compte tenu de la situation et, si l’homme avait raison concernant la présence de traînards, cet investissement attendrait bien une saison de plus. Leur survie le valait bien. Il accepta donc l’offre de l’aristocrate.chapitre 7Le grand bateau cheminait le long du fleuve Alakuf, Hirsin Tas se posa sur le bord du bastingage pour regarder l’eau couler. Ils avaient laissé leur petite troupe au village de Myrtil avec la certitude qu’ils seraient logés et nourris. Mais Ceder Rif avait déjà décidé de repartir cette fois vers le village portuaire de Karkhol.Le capitaine avait du mal à suivre la logique de son ami et avait décidé d’exiger des explications.— Tout ça peut te paraître bien compliqué, avait avoué Ceder Rif. Nous sommes en conquête.— Conquérir Garolia ? Je sais qu’il n’y a pas d’état et que les rois passent rarement une année entière sur le trône, mais ça ne sera pas facile… surtout avec si peu d’hommes.— Garolia, ce n’est qu’un début. Je vois beaucoup plus loin que ça. Ce que je veux, ce sont les douze royaumes. Hirsin Tas avait soufflé devant cette déclaration. Les douze royaumes ? Alors là, c’était le pompon !Le monde par-delà les confins avait été depuis longtemps divisé en douze royaumes différents, de tailles et d’importances variables. Ils étaient tous gouvernés de manière différente et accueillaient des peuplades aussi variées qu’antagonistes. Hirsin Tas avait toujours su que son ami avait pour ambition de régner, mais il avait pensé qu’il comptait seulement prendre le pouvoir à Garolia.Ce monde était chamarré, mais surtout la proie d’un immense chaos. Cela faisait longtemps que la lignée régnante légitime avait été anéantie et que, de tyran en tyran et de révolution de palais en guerre de Sécession, le royaume avait été comme parcellé en petits territoires gouvernés par des chefs de guerre qui ne cessaient de se combattre avec l’ambition de s’installer sur le trône. L’endroit idéal pour une bande d’aventuriers qui rêvaient de se payer une part du lion, mais les ambitions de Ceder Rif dépassaient l’entendement. Il y avait dans les mondes, de par-delà les confins, des royaumes immenses gouvernés par des rois au pouvoir absolu et soutenus par des armées parfaitement organisées. S’emparer d’un de ces mondes était déjà compliqué, mais les douze, ça frôlait l’utopie.— Dis-moi, reprit Ceder Rif, semblant changer de conversation. Tu connais bien sûr les gardiennes des portes.— Bien entendu. Qui ne connaît pas cette bande de sauvages ?Les gardiennes des portes, en voilà un grand sujet. En même temps que les douze royaumes avaient été créés, le fondateur avait installé, dans des temples censés ouvrir sur le monde du ciel, des sortes de prêtresses. Douze femmes, toutes vierges et possédant un pouvoir issu de l’autre monde, certains disaient même le pouvoir de Dieu. On appelait cela le pouvoir christique et il faisait d’elles des guerrières hors du commun quasiment impossibles à vaincre. Elles formaient donc une sorte de caste qui bénéficiait de la légitimité du ciel. On disait qu’elles étaient le sang de Dieu.Après c’était à peu près tout ce qu’elles avaient en commun. Selon les royaumes, ces femmes s’associaient ou non au pouvoir. Certaines étant même très proches des régnants et assurant une partie de leur légitimité. Dans d’autres mondes, elles se tenaient bien à l’écart de toutes les luttes intestines se contentant d’assurer une sorte d’autorité spirituelle et même, dans certains cas, elles se comportaient juste comme de grandes salopes adorant profiter des pauvres gens qui les adoraient.— Je ne vois cependant pas ce qu’elles viennent faire là, ajouta le capitaine.— Je compte m’emparer de leur pouvoir.— T’emparer du pouvoir du ciel ? À ce que je sais, tu n’es ni une femme et encore moins une vierge.Ceder Rif avait alors marqué un temps de silence. Il avait tourné son visage vers le hublot de leur cabine et sembla se perdre dans la contemplation du ciel rougi par le soleil couchant.— Je ne t’ai pas parlé de toute ma vie, reprit-il songeur. Je t’ai raconté comment j’avais été chassé de mon pays et comment j’avais perdu mon droit au trône, mais je ne t’ai pas précisé ce que j’ai fait les années qui ont suivi et qui ont précédé notre rencontre. J’étais un érudit dans mon monde, ce qui était une qualité. Mais j’étais encore plus curieux que la plupart de mes frères et cousins et, dans certains livres, j’avais découvert l’existence d’un lieu unique, la bibliothèque de la forêt noire.— Bibliothèque de la forêt noire ? demanda Hirsin Tas qui n’avait jamais entendu parler de cet endroit.— Oui, c’est un endroit presque mythique, mais j’ai pu y accéder. On y trouve là-bas des livres plus anciens que l’histoire même. Certains disent même des livres écrits de la main de Dieu. Je ne suis pas aussi spirituel, mais c’est sûr, on y trouve des livres très anciens et certains plus vieux que la création des douze royaumes. J’ai aussi découvert certains secrets grâce à eux, le pouvoir christique peut être volé aux prêtresses. Pour cela, il suffit de leur prendre leur virginité, elles perdent alors leur pouvoir et celui qui les a prises l’acquiert.Hirsin Tas fronça les sourcils. Prendre une gardienne des portes ? C’était aussi incongru que d’imaginer voir un cochon voler. Ce qui définissait justement les gardiennes des portes, c’était leur virginité et il était impensable qu’une seule d’entre elles acceptât de renoncer à ce qui les définissait ainsi qu’au pouvoir qui en découlait.Il ne fallait donc pas être bien malin pour comprendre que cela signifiait qu’il faudrait le prendre de force et, justement, vaincre une gardienne des portes était aussi facile que d’arrêter un troupeau de taureaux lancé à pleine course. On y finissait écrasé quasiment à chaque fois.— Là, ton ambition dépasse de loin tout ce que je pouvais imaginer, reprit le capitaine. Vaincre ces femmes, je ne pense pas que ça soit possible.— C’est là que tu te trompes. Certains ont réussi… Pas à une aussi grande échelle que ce que j’imagine, mais elles ne sont pas invincibles. Il y a même un homme qui avait entrepris de s’emparer du pouvoir christique, et tu ne me croiras peut-être pas, mais il a vaincu et possédé quatre d’entre elles.— Admettons que tu aies raison… Quatre; ça ne fait pas douze et je sais qu’elles sont loin d’être bêtes. Elles donnent parfois l’impression de mener leur vie tranquillement dans leur coin, mais je me doute quand même qu’elles ont des connexions et que si elles sentent un danger qui les menace, elles sauront se coaliser afin de se préserver.— Elles ont même un conseil, confirma Ceder Rif. Il se réunit rarement et jamais avec les douze en même temps, mais elles ont une vraie cohésion, même si certaines jouent parfois un peu les rebelles. Je ne dis pas que ce sera facile et je ne suis même pas sûr que ce soit totalement possible, mais la chance existe et je compte bien en profiter pleinement.— OK, imaginons : tu bats et tu violes une de ces prêtresses. Voilà, tu as un pouvoir divin, mais seul contre une armée, tout ce pouvoir ne suffira pas et, à ce que je sais, ces prêtresses, elles, n’ont pas d’armée.— Le pouvoir christique, ce n’est que la première étape. Il nous faut effectivement des hommes… et beaucoup ! C’est pour ça aussi que nous allons à Karkhol. Il y a des mercenaires et j’espère en recruter suffisamment. Hirsin Tas n’avait pas insisté, car la discussion était allée déjà bien loin, mais il savait que leurs finances étaient déjà aux limites et que payer une armée de mercenaires était hors de leurs moyens.Cependant, avec le temps, il avait appris une chose de Ceder Rif. C’était un homme qui échafaudait toujours des plans et qui avait toujours trois ou quatre coups à l’avance. Il avait donc certainement déjà une idée de comment il réussirait à monter cette armée.Chapitre 8Ils arrivèrent à Karkhol trois jours après leur conversation. L’endroit était un peu mieux fréquenté que Parisshy, mais on était quand même loin du haut du panier.Il s’agissait d’une ville portuaire du royaume de Malo, située à l’embouchure du Alakuf et qui donnait sur le delta de la mer bleue. Hirsin Tas se dit qu’il allait rencontrer des marins avec en prime une ribambelle de mercenaires et autres traîne-savates qui pullulaient dans tous les ports, sans compter tous les marchands d’esclaves qui profitaient de la loi malouéenne qui autorisait leur activité.Ils se retrouvèrent à nouveau dans un établissement offrant des services de plaisir. L’ambiance était quand même bien plus agréable que lors de leur précédent voyage. Pas de fumée de Marwan, des tables propres et des chaises en bon état. Le serveur vint immédiatement à leur rencontre et se montra bien plus poli que celui qu’ils avaient rencontré à Parisshy.— Dites-moi, demanda Ceder Rif après avoir passé la commande. Est-ce qu’une certaine Souraya travaille toujours ici ?Le serveur sourit doucement, visiblement il avait l’habitude qu’on s’enquit de cette jeune femme. Il se contenta de tourner le regard en direction de la scène qui se trouvait sur leur gauche.Une jeune femme venait d’arriver. Elle devait mesurer dans les 1,60 m, et sa tenue qui rappelait celle des princesses de l’orient dissimulait à peine son anatomie. Une anatomie qui valait le détour.La jeune femme était belle et ronde avec une poitrine voluptueuse, un ventre bien plat, des hanches très fines et un fessier rebondi. On était bien loin de la Leora de Parisshy, car là on avait vraiment affaire à une poupée de plaisir. Elle avait le teint hâlé des filles du Sud, mais avec une chevelure blond cendré qui ressortait sur sa peau brune. De loin, son regard bleu qui détonnait dans son physique semblait briller dans la semi-obscurité de l’endroit.Elle commença à danser sous le regard presque hypnotisé d’une bonne partie des hommes présents. Ceder Rif se pencha pour mieux regarder et afficha alors un sourire des plus radieux.— C’est elle, déclara-t-il sans que Hirsin Tas ne fût certain qu’il lui parlât. Je la veux ! Le serveur ne parut aucunement surpris et se contenta de hausser les épaules.— Elle est très demandée, expliqua-t-il. Les prix sont très élevés.— Je paierai ce qu’il faut, mais je la veux maintenant et tout de suite. Pour illustrer ses propos, il sortit une dizaine de pièces d’argent qu’il posa sur la table.Cette fois, le serveur fut pris de court et Hirsin Tas comprit qu’il n’avait pas envisagé de demander une telle somme. Ceder Rif ne semblait pas s’en occuper, il voulait juste être sûr d’avoir ce qu’il voulait.Chapitre 9Ceder Rif fut donc conduit avec tous les égards jusqu’à une grande chambre située à l’étage de l’établissement. Elle était acceptable même s’il avait été habitué à un luxe plus important.Souraya l’attendait déjà. Il put la détailler encore un peu plus. Elle devait avoir à peine vingt ans et toute la fraîcheur inhérente à ce jeune âge. Elle ne devait pas être prostituée depuis bien longtemps même s’il ne doutait pas que bien des hommes avaient déjà profité de ses charmes. Si on attendait la majorité des femmes pour les mettre dans des bordels, il n’y avait aucune limite pour les réduire en esclavage.Il s’approcha et elle se redressa pour se mettre à son niveau. Il ne lut dans son regard que de la soumission et il comprit qu’elle avait subi un dressage en règle. Il savait que la femme qu’il recherchait avait été réduite en esclavage et il se doutait qu’elle eut un comportement comme cela.Il tendit alors les mains pour tâter ses seins généreux. Elle tendit la poitrine afin de lui faciliter le travail et commença à se passer la langue autour des lèvres pour attiser encore un peu son désir.Ceder Rif tira alors sur le soutien-gorge qui cachait à peine sa poitrine et les deux belles mamelles furent libérées. Il commença à jouer avec ses tétons qui se dressèrent rapidement. Sa réactivité le combla. Il se serra encore un peu plus à elle, glissa sa main sous le tissu de sa culotte et commença à tâter son intimité. Elle était déjà bien humide et il apprécia cela.Souraya abandonna son attitude passive et vint se coller à lui. À son tour, elle posa la main sur son entrejambe et commença à lui masser le sexe au travers du tissu de son vêtement. Dans le même temps, elle approcha son visage du sien pour l’embrasser. Le jeune homme accepta volontiers cette offre et ils s’embrassèrent profondément et longuement.La prostituée défit alors le pantalon de son client et prit le pénis entre ses mains pour le masturber. Elle était visiblement experte en la chose et obtint une érection en très peu de temps. L’homme n’était pas en reste. Il continuait à caresser la jeune femme tout en l’embrassant goulûment. Puis cette dernière bascula en arrière, l’entraînant avec elle. Il se retrouva donc allongé sur elle, le sexe en érection au contact de son entrejambe. L’invitation était évidente et il l’accepta bien volontiers. Il plaça alors son pénis à l’entremise de ses petites lèvres et là pénétra d’un coup sec. Comme elle était très bien lubrifiée, la pénétration se passa sans problème.Il commença alors à aller et venir en elle, doucement, mais fermement, tout en continuant de profiter de tous ses atours. Souraya se mit à gémir et à complimenter son amant comme elle avait sans doute appris à le faire depuis qu’elle était devenue une esclave sexuelle.Ceder Rif ne savait pas si elle simulait totalement ou si son esprit avait été conditionné au point qu’elle crut vraiment ressentir du plaisir avec ses clients. Il n’en avait en réalité pas grand-chose à faire, car le passé de prostituée de cette femme allait bientôt s’arrêter. Il continua ainsi à lui faire l’amour avec une véritable tendresse et obtint d’elle un étrange comportement.Elle cessa de crier pour le fixer de son regard bleu azur d’un air interrogateur. Elle n’avait visiblement pas l’habitude qu’un homme la prît en cherchant réellement à créer une intimité avec elle.Ceder Rif en fut satisfait. C’était exactement l’effet qu’il voulait produire. Il continua à aller et venir en elle tout en la caressant, touchant des zones érogènes de telle façon qu’elle se mettait à gémir doucement de ce plaisir dont elle ignorait jusqu’à l’existence. Le coït dura de longues minutes. Les deux amants redoublaient d’ardeur et de passion. Puis il finit par jouir, se retirant d’elle au dernier moment et éjaculant sur le drap du lit. De nouveau, elle se montra circonspecte devant ce signe de respect.Ceder Rif se rhabilla prestement avant de se tourner vers un miroir, parfaitement conscient que quelqu’un les observait.— Je veux parler au propriétaire, lança-t-il à l’intention de cet espion. Tout de suite ! J’ai une affaire à lui proposer.