Résumé des épisodes précédents : « Prologue : c’est donc vous, Colette ? » : la narratrice retrouve l’héroïne de « Histoire de Colette » qui lui offre l’hospitalité et consent à lui raconter la suite de sa vie de soumise.« L’arrivée au Domaine », « Le souper : hors d’œuvres et (d’)ébats », « Le souper » : fin de soirée arrosée » : dès son arrivée chez sa Maîtresse d’élection, Me Ève L*, Colette avait connu une succession d’humiliations et de jouissances. Invitée cependant à assister et à participer à de sévères punitions de soumises, elle avait persisté dans son désir de s’engager dans un contrat de totale servitude. « Clémence, premiers émois », « Clémence, l’essor d’un amour » : en attendant d’être reçue en formation, Colette avait appris de Clémence, la plus ancienne des soumises de Ève, la précocité et l’accomplissement de la vocation de domina chez cette dernière, ainsi que la force d’un amour qui conduit à tout accepter de sa maîtresse. « Examens préalables », « Entrée en Noviciat » : une visite médicale éprouvante et un test culturel mortifiant avaient rendu Colette admissible pour remplacer la précédente Novice, Aloïse, déclarée apte à l’évaluation d’accès au niveau supérieur. Une épreuve particulièrement douloureuse avait ensuite entériné son engagement définitif.Dans chaque épisode, la narratrice, nommée d’autorité Chantal par son hôtesse, rend compte de l’évolution de ses propres sentiments. Au fil des souvenirs qu’elle recueille et des anecdotes qui émaillent son séjour, elle se sent de plus en plus attirée par Colette, et des pulsions insoupçonnées l’amènent à expérimenter ce qu’elle découvre.DiotimeColette parle, j’écris. Comme d’habitude ? Non. Elle est à demi allongée sur son ottomane, je suis en tailleur à ses pieds, ma chatte sur une poche de glace pour calmer le feu de l’épilation à sec. Nous avons pris la douche ensemble pour économiser la réserve d’eau chaude, et nous nous sommes parfumées. Un choix d’essences envoyé par une amie Corse de Colette, ça change des relents de marée de la nuit et du matin.La météo s’est améliorée mais la température n’incite pas à la promenade. De toute façon, il faut entretenir le poêle si l’on veut éviter la pneumonie. Ma libido est calmée pour un moment et j’évite de m’en rappeler les raisons. J’aurai tout loisir d’ici ce soir de coucher proprement sur le papier une nouvelle tranche des souvenirs de mon hôtesse._____________________________Huitième récit de Colette : Être Novice accomplieSon entrée en Noviciat durement sanctionnée, Colette se taisait et, de son coin, observait.Sa Maîtresse Ève avait battu le rappel de ses troupes. Examinateurs, Converses et Sorèles se tenaient auprès d’elle, Clémence la rejoignait. Aloïse, en équilibre précaire sur les orteils, la fixait intensément. Elle s’approcha et fit valser son support d’un coup de pied. L’ex Novice se retrouva dans le vide, les mains cramponnées aux lanières qui la suspendaient au plafond.Ève s’empara de la longue cravache que lui tendait Irène et l’agita négligemment.— J’ai choisi cet instrument pour l’épreuve pratique. Vous conviendrez que ce n’est pas le plus méchant disponible. Donc, dix coups par personne me semblent un minimum convenable. À distribuer où vous le souhaitez, bien sûr. J’interviendrai si la candidate prononce le mot de sécurité.— À vous l’honneur, Chère Amie, ajouta t’elle en présentant le pommeau à l’examinatrice.Affectant une mine souriante, Madame le Professeur fit le tour du corps qui balançait doucement au dessus du sol, le poussant par jeu du bout de la cravache sur les reins ou le ventre. Aloïse respirait à longs traits profonds et, en apparence, calmes. Trois coups rapides l’atteignirent sur un sein. En pivotant, elle en reçut deux autres en travers du pubis. La femme se recula, attentive à un gémissement qui ne vint pas. Un hochement de tête étonné précéda une nouvelle série visant l’autre sein et à nouveau le pubis, n’arrachant qu’une petite grimace et un faible soupir.— Pour faire bonne mesure, maugréa la femme en cinglant le ventre un peu plus bas.Aloïse se contracta au dernier coup et se détendit dans une longue expiration.Le médecin prit le relais en frappant systématiquement les fesses. Il passait de l’une à l’autre, espaçant ses coups de quelques secondes. Aloïse était restée impassible. Pourtant, lorsqu’il la fit tourner sur elle-même pour que chacun puisse constater le résultat, cinq traits rouges marquaient la peau d’un côté et de l’autre du sillon.— Merci Monsieur, répéta Aloïse.La cravache passa dans la main de l’examinateur qui tint d’abord, peut-être par conscience professionnelle, à explorer du doigt les marques des précédents impacts et prit un air ennuyé pour s’adresser à l’impétrante.— Je crains de m’embrouiller, tu veux bien compter à ma place ? Merci.Il délaissa les endroits déjà atteints pour ajuster ses coups sur les côtes. Aloïse les énumérait d’une voix de plus en plus nouée, tandis qu’il s’appliquait à respecter une parfaite symétrie en alternant, de la taille aux aisselles, flanc droit et flanc gauche. Il arrêta le mouvement de pendule qu’il avait ainsi imprimé au corps en glissant la tige de cuir dans l’entrejambe, rudoyant le périnée sans le frapper.— Merci Monsieur, émit Aloïse entre deux respirations haletantes.Dans le prolongement de ses bras levés, deux jolis chapelets de marques en vague forme de cœurs l’ornaient jusqu’aux hanches. Monsieur le Professeur rendit cérémonieusement la cravache à Ève.— Je vous très reconnaissante de votre implication à tous trois, Chers amis, le remercia-t-elle. Et particulièrement à vous, très Chère, qui avez bien voulu inaugurer de façon charmante cette évaluation indispensable à l’admission de Aloïse parmi ses sœurs Converses.Elle déclina gracieusement les protestations de dévouement de ses hôtes et offrit à Clémence de continuer l’exercice.— Montre-moi que tu n’as pas perdu la main, ma chérie.— Je ferai de mon mieux, Maîtresse, l’assura Clémence avant de se dépouiller de sa blouse.Nue, insouciante d’exposer les imperfections de son anatomie aux invités, elle distribua dix coups secs répartis au hasard sur le corps sans défense. Aloïse tressaillait, retenait son souffle ou gémissait selon l’endroit touché. Ève approuvait de la tête.— Merci ma Sœur, murmura l’ex Novice lorsque la série fut complétée.Clémence vint s’agenouiller devant Ève qui l’interrogea aussitôt en saisissant la cravache.— Comment t’a-t-elle remerciée ?— Elle a dit « merci ma sœur », Maîtresse.— Es-tu une Converse ?— Non, Maîtresse.— As-tu corrigé son erreur ?— Non Maîtresse.— Lève-toi ! Tu mérites la punition que tu n’as pas su donner.Clémence obéit et se cambra, les mains sur les reins, en présentant son pubis. De sa place, Colette devinait facilement la suite à venir et l’empathie la gagnait. Elle sursauta plus fort que la victime quand Ève claqua sèchement l’extrémité du cuir sur la fente offerte d’un simple mouvement du poignet.— Merci Maîtresse, opina Clémence sans changer de posture.Ève la renvoya d’un geste et se dirigea vers ses Sorèles qui s’entretenaient à mi-voix avec les membres du Jury, tandis que Clémence retournait vers Colette, sa blouse à la main. Avant de la remettre, elle remarqua l’émotion que trahissaient les yeux de sa protégée et sourit.— Tu es gentille Colette, mais tu ne dois jamais t’apitoyer sur la souffrance d’une autre, murmura-t-elle, avant d’ajouter, en montrant son sexe barré d’un trait carmin : si tu le fais, attends-toi à souffrir plus qu’elle… Chut ! Ne réponds pas.Colette battit docilement des paupières. Détachement et sentiments neutres étaient donc les règles de base pour celle qui domine comme pour celle qui subit. Elle en prit bonne note et se remit à observer le déroulement de la scène dont les protagonistes avaient changé. Aloïse oscillait toujours au bout de ses liens, mais sa Maîtresse avait confié à la Collaboratrice la direction des épreuves et leur instrument.Issa, quittant chemisier et jupette, attirait sur elle des regards intéressés, pour la plupart admiratifs du corps ferme et bronzé qu’elle dévoilait intégralement. Ignorant tant la jalousie que la concupiscence suscitées par un cul irréprochable, elle se prosterna pour baiser les pieds de Gwladys et recueillir la cravache. Puis elle s’avança d’un pas résolu vers Aloïse qu’elle toisa d’un air narquois. Les seins en poire, bien mis en valeur par l’extension forcée du buste, semblaient captiver son attention.Elle jeta son dévolu sur le gauche qu’elle cingla trois fois de haut en bas. Trois gémissements firent écho aux claquements du cuir sur la peau tendre. Sur le droit, elle se limita à deux coups, portés de même façon et accompagnés des mêmes effets, puis se recula d’un pas. L’extrémité de la cravache vivement maniée voletait en bourdonnant au ras des tétons qu’elle rencontra soudain l’un et l’autre à deux reprises. Un dernier coup, visant délibérément l’aréole droite, fut suivi d’une plainte plus claire.— Merci ma Sœur, articula Aloïse.Issa tourna aussitôt les talons pour transmettre le flambeau à sa consœur qui se dénudait à son tour. Quand la jupe tomba, révélant un entrejambe libre de toute contrainte, Colette se dit que le châtiment de la Converse avait été levé. Lorsque le chemisier rejoignit la jupe, elle put constater le contraire. Sur la poitrine de Jenny, les mots « Je suis punie » étaient brodés sur un ruban passé dans des épingles de sûreté fixées aux aréoles.— N’oublie pas ta perruque, lui rappela sèchement sa Maîtresse.Le visage de Jenny s’empourpra sous le coup de l’humiliation, mais elle obéit et exposa à tous son crâne, aussi lisse que son pubis. Plus nue que nue, elle alla prendre sa part aux épreuves infligées à Aloïse.Les cuisses furent les premiers objectifs de ses coups, redoublés sans transition et équitablement répartis. Trop rapides pour susciter une réaction immédiate, ils laissèrent aussitôt de jolis traits rouges près des hanches et au-dessus des genoux. Les remerciements vinrent après.— Plie ta jambe en arrière, s’il te plait, la gauche, demanda Jenny d’une voix égale.Aloïse se mordit les lèvres et se força à une immobilité tremblante en présentant son pied à l’envers pour une longue série de tapotements secs et précipités qui sensibilisaient la peau et affolaient les nerfs. Puis, sans transition, la cravache s’abattit trois fois, de la base des orteils au talon.— L’autre jambe, s’il te plait, susurra benoîtement Jenny.Elle prit son temps avant d’exacerber la plante du pied et de recommencer en partant du talon. Le dernier coup frappa les orteils et un cri aigu en résulta. Flottant mollement au bout de ses liens, Aloïse cherchait sa respiration.— Merci… ma… Sœur, haleta-t-elle.Jenny, le visage fermé, l’avait déjà abandonnée à sa solitude. Prosternée comme l’avait fait Issa, elle tendait humblement la cravache à la Collaboratrice. Celle-ci échangea un regard avec Ève avant d’accepter l’offre et de questionner.— Es-tu satisfaite de toi, Converse ?— Non, Maîtresse Gwladys. J’ai commis une erreur.— Laquelle ?— J’ai mal visé au dixième coup, Maîtresse Gwladys.— Dois-je te pardonner ?— Non Maîtresse Gwladys. Je mérite une punition.— Bien ! Redresse-toi et présente-moi tes seins.Il n’y avait pas eu un mot plus haut que l’autre. Il n’y avait pas eu de geste impérieux ni de mouvement théâtral. Pourtant, le spectacle que les invités et Colette contemplaient était saisissant, tout au moins pour eux et pour elle. À genoux, le buste droit, la tête rejetée en arrière, pitoyable dans sa nudité glabre et fière dans son port, Jenny soutenait des mains sa poitrine toujours ornée du ruban d’infamie.La Converse se donnait sans réserve à la punition et n’eut pas longtemps à l’espérer. Deux claques sèches retentirent dans la pièce soudain silencieuse. Deux sifflements leur succédèrent, si vite que le bout de la cravache semblait n’avoir pas bougé. Mais la bouche de Jenny s’était figée dans un rictus, deux marques rouges décoraient ses seins, et ses tétons étaient devenus cramoisis. La Collaboratrice gardait un visage impassible. Ses yeux ne reflétaient ni colère, ni pitié, seulement une interrogation muette.— Merci Maîtresse Gwladys, énonça enfin Jenny.Un signe la congédia, un autre désigna la Gouvernante. Madame Irène pria son interlocutrice du moment de bien vouloir l’excuser et porta la main à l’épaule pour dégrafer l’attache de sa robe. Le fin tissu glissa gracieusement en ondes fluides sur ses chevilles. Sa nudité dressée sur les vagues bleues des plis évoquait l’image de Vénus sortant du bain. Mais, à la différence de la déesse, elle ne cachait pas sa poitrine altière ni ne voilait sa toison bien taillée. Madame le Professeur qui parlait un instant avant avec elle en resta interdite.— Mais chère Amie, s’étonna t’elle auprès de son hôtesse, vos adjointes aussi sont donc obligées de se mettre nues ?— La tenue d’Ève, sourit celle-ci. Une forme de respect à l’égard de celle dont on va éprouver l’endurance.— J’en déduis que nous fûmes privilégiés, puisque vous n’avez pas souhaité l’exiger pour notre contribution.— Ah, pardonnez-moi, très chère, j’oubliais que c’est votre première participation à une évaluation de fin de Noviciat. Je ne demande jamais au Jury de se conformer aux usages de ma maison. Aucune règle ne l’interdit, cependant. Vous aurait-il plu de vous y essayer, ne fut-ce qu’en petite tenue ?— Oh, vous voulez dire en culotte et soutien-gorge, minauda Madame le Professeur sans décliner ouvertement la proposition. Je serais ridicule, je le crains…Ève la laissa supputer quelques secondes sur la tentation et la bienséance, avant d’émettre d’une voix douce un compliment en forme de suggestion.— Je suis sûre que vous seriez parfaite, vêtue de votre seule lingerie, chère Amie. Il ne siérait pas de vous déshabiller devant mes servantes, mais passons dans ma chambre, si vous le voulez, et, entre femmes, nous trouverons sans doute une tenue qui vous plaise…— Mon dieu, c’est si gentiment proposé… Je ne voudrais pas vous désobliger, ou retarder la fin des épreuves…— Allons ! Ce sera avec plaisir, je vous l’assure ! Mes adjointes nous attendrons pour terminer. Ces Messieurs n’y verront pas d’inconvénient, j’espère ?Ces Messieurs n’en voyaient aucun, bien sûr, ils avaient tout leur temps (d’autant que la Gouvernante ne manifestait aucune intention de se rhabiller). Et Aloïse reprendrait des forces d’ici que ces dames reviennent. Un élan de sollicitude, en quelque sorte…Colette se distrayait à ce concours de prétextes qui lui faisait oublier ses peines. Elle souffrait moins, d’ailleurs. La douleur dans ses lèvres était lancinante, mais assez supportable, bien diminuée en tout cas. Ou bien, s’habituait-elle au mal ? Quoiqu’il en soit, elle aussi appréciait la plastique de Irène. Avec une pointe d’envie, se devait-elle de reconnaître, pour ses formes sculpturales, un peu plus lourdes que celles qu’elle devinait chez Gwladys, certes, mais dont elle aurait bien aimé goûter la douceur.Elle se morigéna intérieurement aussitôt. Une Novice ne devait pas penser en termes d’ « Irène » ou de « Gwladys », mais de « Maîtresse Irène » et de « Maîtresse Gwladys ». Sous peine de sanctions sévères, sans doute, supposait-elle. Lui était-il interdit cependant de les désirer ? On ne lui avait rien prescrit à ce sujet. De même que pour les Converses : quelle titulature employer pour s’adresser à elles ? Pas « ma Sœur », elle l’avait compris à la punition de Clémence. Alors, comment les nommer ? Sans doute l’apprendrait-elle bientôt. Probablement à ses dépens, conclut-elle in petto.Ses réflexions ne l’empêchaient pas d’observer le comportement des hommes, séduits et gênés par la proximité de Maîtresse Irène. Assise familièrement entre eux, elle les laissait admirer son opulente et ferme poitrine, sans leur dissimuler outre mesure la finesse de sa chatte. Colette s’amusait de leurs attitudes compassées, censées déguiser une érection dont personne ne doutait. Elle-même, devant le corps de cette Maîtresse, ressentait une excitation qui adoucissait ses tourments, et s’étonnait, non de son désir mais de ses conséquences, ne pouvant déterminer si c’était la mouille qui calmait la souffrance ou l’émotion qui la faisait oublier. N’était l’interdiction formelle, elle se serait volontiers masturbée, pour en avoir le cœur net malgré le risque de réveiller la douleur.Le retour de sa Maîtresse et de son invitée la dispensa de ce dilemme. Madame le Professeur avait été généreusement drapée dans un peignoir de soie arc-en-ciel qui ennoblissait sa silhouette. Un soupçon de rose aux joues évoquait un récent profond émoi, peut-être dû à s’être mise nue devant son hôtesse. Si c’était cela, elle en restait tout de même guillerette.La Gouvernante nue – Colette lui avait trouvé un faux air de La Naja nue, sur son divan – s’était dressée aussitôt l’entrée de sa Maîtresse. Elle prit la cravache des mains de la Collaboratrice et considéra pensivement Aloïse, cherchant l’endroit qui lui servirait de cible. Elle la fit tourner et retourner pour examiner en détail le corps, puis se décida.— Écarte tes jambes en grand, ordonna t’elle en se plantant face à l’ex Novice. Je veux que tu me fasses un grand écart en l’air.Aloïse s’y essaya autant qu’elle le pouvait. Les muscles de ses cuisses saillaient dans l’effort pour amener ses jambes à l’horizontale. Elle n’y parvint pas vraiment, elle était loin de la figure finale du French Cancan. Mais le compas était assez largement ouvert pour mettre en évidence la jolie petite moule qui en figurait le pivot. Assez mise en valeur aussi pour attirer la caresse d’une cravache, devait penser la victime à voir sa mâchoire crispée dans l’attente.Mais non. C’est l’intérieur d’une cuisse que choisit l’exécutrice, là où la peau est si fine et sensible qu’elle pourrait concurrencer celle du sexe. Aloïse cria de surprise et, par réflexe, faillit refermer les jambes. Elle se ravisa avant le froncement de sourcil désapprobateur qui se dessinait et respira profondément pour affermir sa voix.— Merci… Maîtresse… Irène.Celle-ci espaçait ses coups. Bien campée sur ses pieds, ne balançant que le haut du corps, les fesses durcies dans le mouvement, elle s’appliquait pour chacun. Elle prenait soin également de les étager harmonieusement, du genou à l’aine, équitablement sur les deux cuisses, et symétriquement par rapport à ceux qui ornaient déjà ces dernières. Une recherche d’esthétique qui forçait Aloïse à lutter désespérément pour garder la pose et qui se renouvela à huit reprises, provoquant un gamme montante de gémissements, suivis, à chaque fois, de remerciements péniblement mais distinctement articulés.Satisfaite de son œuvre à l’intérieur des cuisses, la Gouvernante passa à leur face supérieure. Dans son souci d’équilibre, elle augmenta de deux unités le minimum de coups requis, afin d’obtenir une parfaite égalité de marques sur les parties exposées. Quatre claquements du cuir sur la peau, quatre plaintes étouffées et quatre remerciements balbutiés plus tard, Aloïse eut l’autorisation de laisser pendre ses jambes. D’élégants brandebourgs rose foncé soulignés d’incarnat en décoraient le haut.Madame le Professeur avait observé l’application de l’épreuve avec attention – Colette crut même déceler une sorte de fascination dans son attitude – et n’hésita pas, avant le passage de relais à la Collaboratrice, à féliciter l’exécutrice pour son sens artistique. Elle s’en excusa en rougissant auprès de son hôtesse qui eut l’indulgence de la disculper d’un sourire tolérant.L’échange de la cravache se fit entre deux adjointes nues. Jurée et jurés, comme la Novice nouvelle, purent ainsi se livrer à une comparaison instructive de leurs deux plastiques, ronde et délicatement pulpeuse pour l’une, fuselée et musclée pour l’autre. L’arrogance des seins de la Collaboratrice et les fermes hémisphères de son cul en pomme lui donnaient à première vue l’avantage. Lorsqu’elle se retourna vers sa supérieure pour solliciter la permission d’agir, son pubis épilé révéla à tous une vulve charnue qui desservait l’harmonie de sa morphologie.Peu soucieuse des considérations que pouvait susciter ce défaut anatomique, elle se mit d’abord en demeure de détacher la main droite d’Aloïse, qui dut se cramponner plus fort de l’autre à ses liens malgré sa fatigue. Puis, elle lui ordonna de lever la jambe droite et de la tenir à la verticale avec sa main libre.Elle aussi se concentra sur l’intérieur de la cuisse, mais en croisant ses impacts avec les dernières marques. Le premier coup, au ras de l’aine, fit osciller le corps pendu. Aloïse gémit, serra les dents, inspira longuement.— Merci Maîtresse Gwladys, souffla t’elle d’un trait.Le deuxième coup cingla le travers de la cuisse avec les mêmes effets. Des larmes perlèrent aux yeux d’Aloïse, mais elle remercia bravement. Le troisième, au ras du genou, fit penduler son corps. Elle réussit à maîtriser sa respiration et sa voix pour remercier distinctement. Mais elle n’avait pas achevé sa phrase que le bout de la cravache atteignait une lèvre. Sa voix se brisa, elle lâcha sa jambe.— Mer… ci… Maître… tresse… Gwla… dys.Aloïse reniflait, la main sur son sexe. Elle lui en fut retirée sans ménagement pour être liée à nouveau au-dessus de sa tête. Après quoi, ce fut sa main gauche qui fut détachée, avec l’ordre identique de lever la jambe correspondante et de la maintenir verticale.Aloïse tremblait. Elle obéit néanmoins, s’exposant sans défense à la séquence à venir. Sa lèvre droite commençait à enfler. La Collaboratrice n’y jeta qu’un regard négligeant. Les coups se dupliquèrent, les remerciements se firent de plus en plus hachés. La lèvre gauche reçut également la part qui lui revenait en toute égalité.Ce ne fut qu’une fois ses deux mains attachées que Aloïse put articuler faiblement l’ultime « Merci Maîtresse Gwladys » d’assentiment à l’affliction subie. Elle n’avait même pas tenté de porter la main à sa chatte. La tête penchée, le corps abandonné comme un sac accroché au plafond, elle récupérait son souffle, en évitant de serrer les cuisses.La Collaboratrice était déjà aux pieds de leur Maîtresse à toutes qui semblait n’avoir suivi que distraitement sa prestation en devisant avec les membres du jury. Toute à sa conversation, elle laissait son adjointe prosternée exhiber une orchidée rose et grasse ourlée de brun. Le Docteur ne manifestait aucun intérêt particulier pour ce sexe épanoui dont la spécificité était pour lui une simple originalité de plus parmi d’autres. Les universitaires, par contre, avaient toutes les peines à en détacher leur regard, au point que la femme en perdit le fil de ses phrases et se troubla comme prise en faute.— Pardon, je parle, je parle, la sauva son interlocutrice en souriant, et nous faisons attendre Gwladys !Elle daigna se saisir de la cravache que cette dernière lui présentait humblement avant de l’interroger.— As-tu compté tes coups ?— Non, Maîtresse.— Tu n’en as distribué que huit. Pensais-tu épargner ainsi ta soumise ?— Non Maîtresse, j’en ai oublié deux.— Alors ?Gwladys se redressa sur ses genoux comme l’avait fait Jenny devant la Gouvernante et offrit ses seins. Son geste de contrition n’obtint qu’une légère dénégation muette de sa Maîtresse. Elle y répondit d’un battement de paupières résigné et envoya son buste en arrière, en appui sur les mains, cuisses ouvertes. Une caresse du cuir sur la hanche l’incita à poursuivre. Elle décolla ses fesses et fit le pont. Puis elle obéit aux tapotements qui l’invitaient à écarter plus franchement les pieds et elle offrit sa chatte.Ève suggéra aimablement à Madame le Professeur d’échanger leur place. (Elle n’insinua pas que celle-ci aurait un meilleur point de vue, mais l’intention y était…) Puis, dressée à la tête de la coupable d’omission, elle lui retourna sur le sexe les coups oubliés. Les claquements seuls troublèrent le silence.— Merci Maîtresse, s’acquitta la punie dans un rictus fugitif.— Moins d’endurance ne serait pas tolérable à son niveau, expliqua Ève à qui s’en étonnerait, avant de tendre le pommeau à l’examinatrice. Voulez-vous vous en assurez par vous-même, Chère Amie ? Vous m’obligeriez.— Oh, mais ne serait-ce pas exagéré ? Après tout, la faute de Gwla…, heu, de votre adjointe, est vénielle, se récria l’invitée.— Pour vous peut-être, très chère, mais permettez-moi d’en être seule juge. Gwladys est toute à votre disposition.— Dans ce cas… Si vous insister… Pour ne pas vous déplaire… Soit !Les circonvolutions de politesse déguisaient mal l’envie qui démangeait l’invitée. L’excitation, le respect, ou la crainte, lui fit saisir l’instrument d’une main hésitante. Mais elle affermit ses doigts sur le manche en levant le bras, et se lança. Hasard heureux ou choix délibéré, elle toucha juste sur le clitoris. Une timidité soudaine l’avait cependant trop retenue pour que tressaille si peu que ce fut la victime.— Merci Madame, émit obligeamment celle-ci en dissimulant son mépris dans un sourire.— Pardon, répondit la maladroite sans préciser de quoi elle s’excusait.— La manche du peignoir a gêné votre mouvement, l’assura Ève. Cela arrive souvent avec des vêtements trop amples… Mettons-nous à notre aise et vous verrez que l’on est beaucoup plus libre les bras nus.Tout en réconfortant son élève, Ève dégrafait son boléro et faisait glisser sa jupe, dévoilant ses dessous. Le bandeau de tulle blanc qui soutenait ses seins sans en couvrir les tétons et celui qui entourait ses hanches révélaient par transparence les formes qu’ils étaient supposés masquer. Même de son coin éloigné, Colette pouvait deviner les fesses et l’intimité de sa Maîtresse.Elle n’était pas la seule à lui porter un regard admiratif. Les hommes, bien qu’habitués, n’en détachaient pas le leur, et les yeux des femmes de la maisonnée, adjointes ou servantes, témoignaient de leur passion commune. Quant à Madame le Professeur, promue fouetteuse en devenir, elle avait tout bonnement suspendu le geste de quitter son peignoir, comme médusée par la quasi-nudité de son hôtesse et éducatrice. Laquelle s’empressa de venir à son secours avec une telle gentillesse qu’on ne pouvait la repousser.Le geste fut si naturel qu’il parut être le simple prolongement de celui esquissé, et le peignoir retiré découvrit la dame dans des apparaux semblables à ceux qui l’avaient étonnamment stupéfiée. Les bandeaux de tulle étaient corail et non blancs, certes. Celui du haut voilait presque pudiquement les tétons. Mais leur transparence était identique, et celle qui les portait s’en apercevait à sa grande confusion. Elle eut toutefois la hardiesse de se reprendre et le bon goût de ne pas chercher à cacher ses fesses trop maigres ni sa touffe trop visible en suivant sa guide vers la dolente Aloïse.Colette avait pour le coup totalement oublié ses tourments, l’admiration les compensait. Sa Maîtresse savait pousser quiconque la côtoyait à se soumettre à son désir. Une once de flatterie et un brin de séduction avaient transformé l’universitaire compassée en bacchante prête à s’encanailler. Le charme de l’ensorceleuse avait suffi pour qu’émerge la vraie nature de sa proie sous le vernis des conventions. Maintenant, elle l’amenait à ses fins.Elles passaient et repassaient toutes deux autour de l’ex Novice. Sa Maîtresse montrait à une élève de plus en plus excitée les traces qui parsemaient le corps. Elle la pressait de toucher les zébrures, lui désignait les marques à peine visibles qui restaient de ses coups trop timides, parcourait elle-même du doigt les autres plus accentuées et les caressait parfois avec tendresse. Elle termina son inspection par une claque presque amicale sur les fesses et agita sa cravache favorite, fine et méchée, face à Aloïse qui la regardait fascinée.— J’ai compté quatre-vingts et un coups, soumise. Es-tu prête pour vingt autres ?— Oui Maîtresse.— Tu n’as guère souffert aux dix premiers, n’est-ce pas ?— …— Allons soumise, sois franche ! Mon amie Madame l’examinatrice a-t-elle frappé très fort ?— Non, Maîtresse.— Sois gentille de lui pardonner. Verrais-tu un inconvénient à ce qu’elle recommence ?— Non Maîtresse.— Où veux-tu être fouettée ?— Sur les seins et la chatte, Maîtresse.— Tu es bien sûre de toi ! Mais soit, ce sera sur chaque endroit que tu souhaites.— Là où vous le désirerez, Maîtresse. Mon seul vœu est de vous plaire.— C’est bien. Nous allons le satisfaire. Cambre-toi et plie les jambes en arrière, s’il te plait.Ève cingla avec précision chaque bout de sein, sourit aux gémissements contenus et tendit le manche à son amie – sa « Chère Amie », pour reprendre exactement ses termes – en l’invitant à l’imiter. La dame (comment l’appeler autrement quand elle était sortie de sa mission initiale ? l’amie ? la femme ? la disciple ? ou l’envoûtée ? ) la dame, donc, arma son bras du mieux qu’elle put, mais les plaintes exagérées de sa victime ne dupèrent pas son mentor. Aloïse hérita de deux sévères torsions des tétons pour tromperie et Ève enlaça sa disciple pour lui prendre le poignet.— Ne soyez pas si contractée, Chère Amie, pria t’elle suavement en resserrant son étreinte. Laissez-moi vous guider. Détendez votre bras et suivez mon mouvement… Comme cela !Cette fois, le sursaut ne fut pas feint. Après quoi, la Maîtresse redoubla la démonstration pour une meilleure assimilation de la technique du geste par son élève, qu’elle encouragea à recommencer seule en la tenant affectueusement par les hanches. Le trouble manifeste de la dame à ce contact étroit de leurs corps dévêtus ne l’empêcha pas de mettre tout son cœur dans la répétition de l’exercice. Quelques gémissements étouffés récompensèrent ses efforts.— Merci Madame Maîtresse, s’embrouilla Aloïse.Sa Maîtresse fit preuve de mansuétude en tolérant ses balbutiements, et de bienveillance en la délivrant de son inconfortable position. Elle sollicita l’aide de sa Chère Amie pour la soutenir le temps de la détacher. Embrasser à bras le corps la nudité de l’ex Novice était une expérience nouvelle pour la dame. Elle s’acquitta pourtant fort bien de sa tâche, malgré la confusion pudique ou l’émotion sexuelle qui rougissait ses joues, et ne s’en dispensa pas ensuite tant sa protégée revenue au sol vacillait sur ses jambes.— Tes pieds sont encore douloureux, n’est-ce pas, Aloïse, s’apitoya Ève. Je vais te permettre de les soulager. Prends la position du poirier. Tu nous montreras que tu es souple et digne d’être formée.Aloïse semblait s’efforcer en vain d’exécuter le mouvement. Apparemment, ses bras fatigués ne supportaient pas son poids, les muscles ankylosés refusaient de répondre et elle ne pouvait tenir la pose. Elle retomba sur le dos, l’air penaud. Force était, pour corriger cet échec, se désola Ève, de faire encore appel à l’obligeance de son assistante du moment.— Mais je vous en prie, ma chère, c’est un honneur pour moi de vous aider, affirma celle-ci. Comment puis-je vous être utile ?— Placez-vous face à moi, si vous voulez bien. Lorsqu’elle lèvera les jambes, attrapez ses chevilles pour l’aider à se mettre à la verticale et à se maintenir droite. Je pourrai ainsi traiter ses seins sans être gênée.Tête en bas, en équilibre instable, Aloïse attendait en essayant de faire bonne figure pour la dernière étape qu’elle savait la plus dure. Malgré son expérience et ses bonnes résolutions, le premier coup sur ses seins renversés la surprit. Elle serra les dents en attendant la suite de l’épreuve et surtout repousser l’envie de demander à y mettre fin.Mais une bonne soumise ne supplie pas sa Maîtresse de l’épargner. Aloïse tenait bon, geignait parfois, et remerciait d’une voix de plus en plus faible. Quand sa Maîtresse mit fin à l’épreuve, ses remerciements n’étaient plus qu’un murmure.— Tu es très courageuse, apprécia Ève. Le supplément était mérité pour ton échec à exécuter la figure ordonnée, tu l’as compris.— Oui Maîtresse.— Bien. Mais sois tranquille, ta chatte n’en est pas quitte pour autant.— Je sais, Maîtresse.— Et puisque tu m’obliges à demander l’aide de mon amie pour te tenir, elle aussi te punira.— Oui Maîtresse.La suite s’enchaîna très simplement. Ève pria sa disciple de se déplacer du côté fesses au côté ventre de la soumise et de maintenir les jambes de celle-ci en large V. La dame avait à présent sous les yeux ce qu’elle n’aurait peut-être jamais rêvé contempler d’aussi près, sinon en fantasmant sur ses étudiantes. Sa confusion s’augmentait en songeant qu’elle offrait, par effet miroir, le même spectacle à celle dont elle violait la pudeur. Le conseil de son éducatrice ajouta à son trouble.— Si vous me permettez, Chère Amie, écartez beaucoup plus vos pieds pour garder une bonne stabilité, suggéra Ève en brandissant sa cravache. Et ne vous inquiétez pas, vous ne risquez aucun mal : je me flatte de viser assez bien !C’était vrai. Rire ne l’empêchait pas de toucher juste. La zone du périnée était sa cible que le bout du cuir ne semblait qu’effleurer, mais la mèche rabattue par l’élan mordait dans la vulve. Sans violence superflue, l’enfourchure s’empourprait au rythme lent des cinglements et les larmes brouillaient la vue d’Aloïse. L’assistante n’avait plus à se préoccuper d’un regard indiscret sur son intimité.— Voulez-vous que nous échangions nos rôles ? Vous en profiteriez pour vous exercer à nouveau, lui proposa Ève en déposant sa cravache en équilibre entre les cuisses ouvertes.Si faible qu’en fut le poids, ce simple contact fit sursauter Aloïse qui réagit automatiquement. Son « Merci Maîtresse », aussi enroué qu’incongru, ne fut guère entendu que de ses deux tortionnaires mais il amusa l’une et détendit l’autre.— N’hésitez pas, Chère Amie, reprit Ève. J’ai vu que vous étudiiez attentivement la manière de faire et le résultat, en bonne scientifique que vous êtes. Avec un peu d’entraînement, je vous l’assure, vous pratiquerez à la perfection !La dame tergiversait encore, prise entre les délices de la tentation et la crainte du qu’en-dira-t-on. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle pour d’elle pour se rassurer. Ses collègues du jury se désintéressaient totalement de la scène au profit d’un flirt courtois avec les Sorèles et les Converses préludant agréablement à la suite de la soirée. Seules Clémence et Colette la regardaient, mais une cuisinière ne comptait pas, et une méprisable Novice était de toute façon tenue au secret. Les derniers arguments de Ève emportèrent sa décision.— Voyez combien ce cul parfaitement partagé se prête à une facile flagellation de l’anus ! Et n’oubliez pas que j’ai promis à notre candidate que vous la puniriez personnellement pour vous avoir contrainte à m’assister. Vous la désappointeriez en refusant. N’est-ce pas, soumise ?— Oui Maîtresse, confirma Aloïse résignée.Se dérober à une telle obligation aurait été inconvenant pour une invitée si obligeamment reçue comme pour une débutante si chaleureusement encouragée, la dame le concéda bien volontiers. Dès que les mains de sa tutrice eurent remplacé les siennes sur les chevilles, elle saisit le manche avec détermination, un peu maladroitement toutefois ce qui fit gémir la punie. Après s’être essayée dans le vide pour mieux appréhender le mouvement du poignet et s’être reculée d’un pas ainsi qu’on le lui recommandait, elle prit une grande inspiration, le bras levé.Son premier coup tomba de travers, son bandeau de poitrine aussi, découvrant un sein. Elle s’excusa du premier et remit en place le second.— Ne vous laissez pas distraire, conseilla amicalement Ève. Vous perdriez en fluidité du geste.Le second coup fut mieux ajusté, bien que trop long, et le fouettement de la mèche se perdit.— Ne vous découragez pas, insista Ève, insensible au gémissement de la victime. Le troisième essai sera le bon !En effet, ce fut mieux. La cravache s’arrêta trop haut, certes, mais le bout de la mèche atteignit presque la cible. Réconfortée par ce demi-succès, la dame respira profondément, vida ses poumons, et son cache seins glissa derechef. En bonne élève, elle ignora la mise à nu d’un téton et recommença.Elle avait pris la mesure et la réussite la portait. La mèche cinglait parfois plus une fesse ou l’autre que leur centre, mais dans l’ensemble le résultat y était. Aloïse subissait, Ève opinait, l’apprentie se démenait et sa poitrine ballottait. Le bandeau, lui, descendait.Bientôt les seins eurent perdu leur cache, sans qu’aucune des trois ne s’en préoccupât. Puis, pour posture incongrue ou trop maligne attache, le tour de hanche aussi, à son tour s’envola. La très chère était nue et attirait la vue. Sous les regards, bravache, elle mena sa tâche…Ce ne fut qu’une fois la punition terminée, Aloïse reposée au sol, l’instrument rendu à qui de droit, et en ayant à nouveau l’élégance de ne pas s’abaisser à masquer ses charmes flamboyants, que la dame consentit enfin à rougir. Mais peut-être était-ce uniquement à cause des félicitations de son initiatrice.— Bravo ! Vraiment bravo ! Vous pourrez bientôt me remplacer, la taquina Ève. Je suis impressionnée par vos efforts et l’intensité de votre implication.— Mon dieu, c’est vrai, je suis toute en sueur, reconnut la dame avec un sourire contraint. Je n’imaginais pas la dépense d’énergie que réclame votre profession.— Un loisir, tout au plus, ma chère, je vous l’assure… Un simple loisir, pour le plaisir de mes amies et le mien.— Sans doute, et je vous suis reconnaissante de me l’avoir révélé. Mais quelle fatigue il occasionne ! Quelle tension nerveuse ! Cela aussi est une découverte.— Ne vous inquiétez pas. Une bonne douche et il n’y paraîtra plus ! Vous remettrez votre peignoir ensuite pour notre soirée amicale. J’en prendrai une aussi, d’ailleurs, en répondant à toutes les questions que vous voudrez me poser.Jenny et Issa étaient déjà auprès de Aloïse pour la relever et la réconforter. Son évaluation positive ne faisait aucun doute, bien sûr, ainsi que le décréta Ève. Ces messieurs du jury le confirmèrent hautement en se réjouissant d’avoir participé à une séance remarquable, sans que l’on puisse savoir si cette appréciation visait la performance de la nouvelle Converse ou celle de leur collègue féminine qu’ils considéraient d’un œil neuf.Les adjointes de Ève, en émettant également un avis favorable, déclarèrent partager le jugement des jurés masculins, à la nuance près que les regards qu’elles échangeaient et ceux dont elles enveloppaient leur homologue du jour rendaient leur opinion moins ambiguë. Mais leur Maîtresse mit fin à ces velléités de drague en distribuant ses ordres.— Irène et Gwladys, mes chéries, vous serez gentilles de servir l’apéritif à nos amis pendant que j’accompagnerai Madame à la salle de bain. Mais auparavant, mon cher Docteur, puis-je vous prier d’examiner notre lauréate ? J’aurais l’esprit plus tranquille pour la confier ensuite aux soins de ses Sœurs.Le médecin n’éleva aucune objection quant à ausculter intimement une fois de plus la jeune femme. Bien aidée par ses nouvelles compagnes, Aloïse offrit ses seins, son cul, sa chatte, et finalement tout son corps, à un soigneux contrôle des séquelles de son évaluation pratique. Les bleus relevés sur le haut de la poitrine, les côtes, les fesses et l’extérieur des cuisses étaient, de l’avis médical, peu préoccupants. Ils disparaîtraient en quelques jours avec un traitement léger. Ceux de l’intérieur des cuises et sous les seins nécessiteraient l’application d’un baume spécial pour hâter leur résorption.Les zones des aréoles et de l’appareil génital retinrent plus longtemps l’attention du praticien. C’étaient sans doute les plus douloureuses à en juger par les grimaces de l’auscultée tandis qu’il étudiait les tétons, tournait et retournait les lèvres, ouvrait et refermait la fente et l’anus, et palpait le périnée. Il termina par la consultation des voûtes plantaires et des orteils, notamment ceux qui avaient été malencontreusement cravachés, qu’il plia et déplia plusieurs fois en dépit des gémissements de la patiente.— Il n’y a pas de fracture, diagnostiqua t’il. Deux ou trois jours de repos suffiront. Aucune inquiétude non plus pour les seins, la vulve et l’anus. Leur état est plus impressionnant que grave. Rien ne s’opposera, hormis une sensibilité accrue, à une éventuelle activité sexuelle qui peut d’ailleurs s’avérer très bénéfique en favorisant le drainage des hématomes. En conclusion, malgré ses quelques bobos, votre jeune servante est en parfaite santé.— Voilà qui est très rassurant, Cher Ami, le remercia Ève. Vous connaissez le contenu de ma pharmacie. Aurais-je besoin d’autres médicaments ?— Je vous prescris un analgésique spécifique en cas de persistance des douleurs. Cela suffira.— Merci, c’est parfait ! Jenny et Issa peuvent donc emmener Aloïse se reposer et la soigner selon vos recommandations. Pour ma part, je vous invite, ainsi que Monsieur le Professeur, à prendre l’apéritif le temps que notre Amie et moi passions sous la douche. Détendez-vous avec mes adjointes pour patienter…En enlaçant son invitée, Ève lui chuchota « nous ne serons pas longues, n’est-ce pas ? N’ayez crainte, j’emporte votre peignoir », et l’entraîna affectueusement. La dame ne s’était pas donné le ridicule de chercher à réajuster les tulles sur elle, mais, curieusement, le contact des corps nus ne semblait plus la gêner tandis qu’elle emboîtait le pas de son hôtesse. Celle-ci se retourna avant de sortir.— Clémence, tu connais ton rôle. À tout à l’heure.Ce fut tout. L’évaluation était terminée. Colette était dépitée. Elle avait vaguement imaginé que la journée finirait comme la veille, dans une ambiance conviviale et libertine. À l’évidence ce n’était pas le cas. La soirée festive était réservée à l’élite, les Converses n’y avaient pas droit, pas même la nouvelle consacrée, Clémence ne comptait pas non plus. Et quant à elle, la Novice, personne ne lui portait attention depuis longtemps. Déprimant. Douloureusement déprimant !Poussée par la nécessité, elle osa rompre le silence et demander à Clémence la permission de parler pour la questionner timidement sur ce qu’il allait se passer ou ce qu’elle-même devait faire.— Tu fais ce que tu veux, répondit sa tutrice. Tu peux te relever si ça te chante. Ne touche pas ta chatte, c’est tout ! Ne la regarde même pas !Elle en brûlait, pourtant, au sens propre comme au figuré. Avec les mouvements, le poids du cadenas lui semblait plus lourd, plus insistant sur ses lèvres internes. Ces « petites » lèvres dont le qualificatif n’avait jamais été aussi peu approprié et qu’elle pensait être vraiment devenues des oreilles d’éléphant. Les voir l’aurait rassurée, les masser l’aurait peut-être soulagée de lancinements de plus en plus prégnants, la vigilance de Clémence le lui interdisait. Une pointe plus aiguë la traversa, elle ne put s’empêcher de gémir.— J’ai mal…— Prends-en ton parti, ce n’est pas près de s’arrêter.— J’ai soif.— Oublie ! Rien n’entre et rien ne sort jusqu’à demain. Pourquoi crois-tu qu’on t’ait vidée ?— Mais si j’ai besoin ?— Retiens-toi ! Si tu pisses, je serai obligée de te désinfecter à l’alcool. Celui que tu connais. Tu l’as utilisé sur moi hier. Tu te souviens ? Et tu seras punie, en plus !Clémence n’ajouta pas qu’elle serait punie elle aussi, mais Colette le comprit sans peine. Elle se souvenait de l’avertissement de sa Maîtresse en la confiant à sa garde et l’évocation de leur relation de la veille le lui confirmait. Sa faute rejaillirait sur la seule personne qui lui avait témoigné un peu d’amitié. Elle se promit d’endurer sa souffrance pour ne pas être cause de la sienne. Il lui faudrait être patiente et courageuse comme il se doit pour une Novice, elle le serait. Sustine et abstine…Le temps passait et rien ne se passait. Clémence avait perdu son air sévère. Colette pensa que sa docilité l’avait un peu amadouée. Elle essaya d’engager une conversation qui, au moins, distrairait ses tourments.— Clémence, excusez-moi. Comment dois-je vous appeler ?— Exactement comme tu viens de le faire : par mon prénom et en me vouvoyant.— Bien. Je le ferai. Est-ce que je peux savoir ce que devient Aloïse ? Elle a eu très mal, non ?— Ne t’inquiète pas, elle est heureuse ! Ses Sœurs sont aux petits soins pour elle.— Je sais, elles la soignent. J’ai entendu. Mais tout de même, elle doit souffrir !— Elle y est habituée. Comme tu le seras, toi aussi. Quant aux soins… Oui, bien sûr, elles passent de la crème sur ses ecchymoses, mais elles lui donnent surtout du plaisir !— Vous voulez dire qu’elles la masturbent ? Mais sa chatte doit être terriblement sensible !— Elles la branlent, oui ! Plutôt deux fois qu’une ! Et je t’assure qu’elle doit jouir très fort !— À cause de la douleur ?— Oui, et aussi parce qu’il n’y a rien de mieux pour l’adoucir… Tais-toi maintenant, la Maîtresse revient.La soie flottait autour de Ève et de son invitée. Kimono à la japonaise et peignoir arc en ciel mêlaient leurs pans dans le bras dessus bras dessous des deux femmes. L’une assumait avec grâce et charme son personnage de maîtresse de maison. L’autre l’accompagnait dans un mélange de confusion et de reconnaissance qui luisait dans ses yeux. Elles s’arrêtèrent devant Clémence.— Bonne nuit, ma chérie, lui dit Ève en prenant sa bouche.Colette se tenait modestement en retrait. Elle rougit de bonheur quand Ève l’embrassa elle aussi.— Bonne nuit, Novice. Je suis heureuse de t’avoir à mon service, la cajola t’elle en quittant ses lèvres.Puis elle reprit le bras de la dame au regard brillant et lui glissa à l’oreille « allons dîner, très chère Amie, vous devez être affamée après toutes ces sensations imprévues… » avant de l’entraîner étroitement enlacée.Colette gardait sur la langue une saveur dont elle soupçonnait l’origine. Le clin d’œil coquin de Clémence lui confirma ses suppositions. Elle sourit à son tour et suivit docilement sa gardienne._____________________________Je mets un point final à la transcription de ce nouvel épisode des mémoires de Colette. Elle l’a relu avec moi en caressant affectueusement mes cheveux. Je love ma nuque contre son ventre avec un sentiment de bien-être.Le soleil se couche, le poêle ronfle. Anaïs n’a pas téléphoné, nous l’attendons donc d’un moment à l’autre pour qu’elle termine la réparation de la chaudière. Et plus peut-être, si affinités, qui sait ?