Résumé des épisodes précédents : L’héroïne de « Histoire de Colette » est retrouvée par la narratrice. Amusée et émue par la transcription faite de son journal intime, elle lui offre l’hospitalité et consent à lui raconter la suite de sa vie de soumise.L’arrivée de Colette au domicile de sa Maîtresse d’élection, Me Ève L*, avait été marquée par une succession d’humiliations et de jouissances. Malgré le spectacle des sévères punitions auxquelles elle avait été ensuite invitée à assister et à participer, elle avait néanmoins persisté dans son désir de soumission et signé le contrat qui acterait sa totale servitude en cas de réussite à l’examen d’entrée en formation.En attendant d’y être convoquée, elle avait lié amitié avec Clémence, la plus ancienne et la plus amoureuse des soumises de la propriétaire du Domaine Diotime. Ses confidences lui avaient révélé la précocité et l’accomplissement de la vocation de domina chez Ève, ainsi que l’extrémité d’une affection qui conduit à tout accepter de sa maîtresse.Au fil des souvenirs qui lui sont confiés, la narratrice – nommée d’autorité Chantal par son hôtesse – se sent de plus en plus attirée par Colette et rend compte des anecdotes qui émaillent son séjour comme de l’évolution de ses propres sentiments dont elle découvre des profondeurs insoupçonnées.DiotimeJ’ai encore déclenché l’hilarité de Colette. J’en suis déboussolée au point d’oublier un instant mes fesses douloureuses. J’étais pourtant persuadée d’avoir prononcé les mots consacrés, et j’étais même fiérote de m’en être souvenue. Je me suis apparemment trompée puisque mon éducatrice suspend le jeu pour une amicale rectification.— Non Chantal, on ne dit pas « merci, Maîtresse ! », avec une exclamation d’orgueil, mais « merci Maîtresse », d’une voix modeste et convaincue. La soumise accepte humblement sa punition et exprime sa reconnaissance à l’égard de la maîtresse qui la lui a infligée. Vous saisissez la nuance ?Tout est donc dans le ton, paroles et nudité ne suffisent pas. Il est vrai que l’intonation traduit l’état d’esprit du locuteur. Je reconnais qu’il y avait une pointe d’arrogance et de rebuffade au fond de moi après la fessée. En revanche, la mise en condition d’infériorité qu’implique la symbiose physique et morale dans l’attitude exigée de la soumise peut entraîner de graves dérives psychologiques. La pause décidée par Colette m’autorise à lui en faire la remarque.— Vous n’avez pas tort, admet-elle, ce serait même le seul point sur lequel les moralistes auraient raison. Il ne faut jamais oublier que l’on joue un rôle. Comme le comédien qui habite son personnage et l’occupe totalement durant la représentation, mais le quitte et redevient lui-même quand la pièce est terminée.— Est-ce toujours possible ? Un tel investissement de soi n’est-il pas dangereux ?— Pour les âmes faibles, oui. Voilà pourquoi je parle toujours de spectacle à propos des situations SM, pour bien séparer la fiction de la réalité.— La réponse serait simplement de se fortifier l’âme ?— La réponse est dans l’acculturation. On ne s’engage pas à la légère ni sans connaissance préalable. La soumise doit en être consciente, la dominante encore plus. Elle assume une double responsabilité : dominer sérieusement sans se prendre au sérieux, et empêcher la dominée de succomber à l’ivresse des sens. La maîtrise de soi est la vertu première de la Maîtresse.Je m’incline. Colette vient de résumer tout ce qu’elle a essayé de me faire comprendre au cours de nos échanges. Les humiliations sous la pluie et les brûlures de mon cul me paraissent soudain plus légères. Ma honte d’en avoir joui se révèle et s’envole. Adieu la culpabilité latente, vive le plaisir raisonné !— Je suis prête pour la seconde punition, Maîtresse, dis-je pour réintégrer mon rôle.— Nouveau péché d’orgueil ! Attention, rigole Colette, nouvelle faute, nouvelle sanction !— C’est la maîtresse qui décide du moment, pas la soumise. C’est ça ?— L’éducation comme à porter ses fruits. Je ferai peut-être quelque chose de vous, Chantal… En attendant, couvrez-vous et accordons-nous une récréation, propose t’elle en allant chercher l’apéritif. Si vos fesses vous ont cuit, mes paumes s’en souviennent. Je peux vous le confesser entre nous.Colette est adorable et prévenante tout le temps que nous conversons, un verre à la main, en dames de bonne compagnie. Puis, à son heure et à son ordre, je me dévêts pour accomplir ma punition ancillaire. Peler et découper des pommes de terre en tenue d’Ève (celle de la Bible, évidemment ! ) ne pose aucun problème, sinon d’éviter d’amener quelques poils dans la passoire lorsqu’une tranche indisciplinée s’est nichée dans ma touffe. Il en est autrement quand il s’agit de manier la cocotte, y faire chauffer l’huile et plonger ladite passoire dans l’huile bouillante.D’infinies précautions m’épargnent la plupart des éclaboussures. Il en est cependant d’infimes que l’on ne remarque pas sur le tablier, mais que l’on ressent vivement à peau nue. Mon ventre (merci ma touffe ! ) et mes seins accueillent de multiples micros-gouttelettes qui sont autant de piqûres d’aiguilles que je reçois stoïquement. Le retrait à mi-cuisson est l’occasion d’une nouvelle salve dont j’ai l’impression que mes aréoles font seules les frais.Retrait à mi-cuisson parce que ma Maîtresse préfère ses frites sautées à la poêle avec aïe et persil. Ses désirs sont des ordres, n’est-ce pas ? Donc, me voici queue en main à tenter d’esquiver les morsures des invisibles assauts que je provoque en secouant l’ustensile. La main de Madame, elle, caresse mes fesses, glisse dans le sillon, approche du point sensible… C’est agréable jusqu’à ce qu’un doigt se pose sur l’œillet. Quand il fait mine de le forcer, je me crispe et m’immobilise.— Une soumise ne se laisse jamais distraire dans sa tâche, sache-le, m’avertit-on à l’oreille.Je me relaxe, décontracte mon cul, me résigne à la pénétration et me remets à l’œuvre. Le doigt joue avec les bords de mon trou puis le dédaigne. Ce n’était qu’un simulacre en guise de leçon. Je suis rassurée. Soulagée, oui, mais pourquoi déçue, aussi ?Les patates sont cuites, dorées à souhait. La table est mise, Colette me vouvoie à nouveau. Elle me complimente pour la cuisson, je lui réponds mettre ma réussite au compte de son intermède culier. C’est faux, bien sûr, mais ça nous amuse. J’ai le droit de me couvrir, je m’y refuse. L’atmosphère est douce, j’aurais trop chaud avec le manteau de mouton retourné prêté par mon hôtesse. Elle m’imite par courtoisie pour m’accompagner dans un repas naturiste et profite de ma nudité pour passer un baume sur mon buste tourmenté.Le massage des seins est un délice sous des doigts délicats. Entre nombril et pubis, c’est un bonheur. Je suis encore sous le charme tandis que nous dînons frugalement avant de nous retrancher dans le petit salon contiguë à la cuisine pour la suite de nos échanges.— Emportez le manteau, me conseille Colette. La température va baisser ici. J’ai ouvert la porte de l’escalier pour que la chaleur monte dans ma chambre. La vôtre sera glaciale cette nuit, je vous invite à dormir avec moi.Je n’ai rien contre, je n’envisage aucun sous-entendu de sa part. J’ai surtout hâte d’entendre et de noter le récit de son entrée en Noviciat.______________________________Sixième récit de Colette : Examens préalablesColette avait passé la matinée aux côtés de Clémence. Personne d’autre de la maison ne s’étant manifestée, elle avait tenu compagnie à la cuisinière, l’aidant à l’occasion pour les légumes ou la vaisselle malgré les objections de cette dernière qui craignait les remontrances de la Gouvernante. « Je suis une invitée, » avait-elle rétorqué, « si Madame Irène vous grondait, je lui dirais que ce que je fais ne regarde que moi ». La seule chose qui la chagrinait était qu’elle aurait voulu troquer son drap de bain pour une tenue plus adaptée.Clémence s’était désolée de ne pouvoir lui fournir autre chose que sa propre blouse dont le port lui était interdit en sa présence. En fin de compte, Colette avait accepté, se changeant sans gêne entre femmes qui se connaissaient déjà dans leurs détails les plus intimes. L’affaire les avait amusées et un peu plus rapprochées.Vers onze heures et demie, Jenny et Issa étaient passées en coup de vent, leurs corps nus luisants de transpiration, pour se désaltérer avant d’aller se doucher mutuellement dans le jardin. Elles n’avaient fait aucun commentaire en découvrant l’invitée vêtue du costume de la cuisinière aux côtés de cette dernière dans sa nudité punitive. Jenny leur avait simplement confié sa perruque le temps de se laver.Quelques minutes plus tard, Madame Irène entrait pour découvrir le même spectacle. Sa combinaison ajustée et chamarrée moulait parfaitement sa longue silhouette musclée qui, avec le fouet qu’elle tenait négligemment, lui conférait l’allure d’un dompteur de cirque. Elle non plus ne fit pas de remarque se contentant de saluer très courtoisement Colette et de s’enquérir de ses souhaits.— Je vous ferai apporter une robe dès que ces demoiselles auront terminé leurs ablutions, l’assura la Gouvernante. Je vous prie maintenant d’excuser mon absence, le travail me réclame. Notre Novice doit être prête pour ce soir.Elle désigna d’un geste distrait Aloïse qui attendait à la porte en trottinant sur place, suante et soufflante, le cadenas tressautant entre ses cuisses. Malgré sa fatigue manifeste, elle avait l’air exalté. La perspective de sa promotion semblait concentrer tous ses espoirs.— Nous déjeunerons à douze heures trente au réfectoire, précisa la Gouvernante en sortant. Clémence, tu veilleras à ce que tout soit en ordre.— Bien Madame.Tandis que Madame Irène s’éloignait, docilement suivie par Aloïse, Clémence cligna de l’œil en direction de Colette.— Elle va la masser et l’inspecter dans tous les recoins. Madame Ève n’admettrait pas la moindre erreur.— Ah bon, répondit prudemment Colette. Elle ne vous a rien dit de désagréable, en tout cas. Je peux continuer à vous aider en mettant le couvert !Son sourire ne suscita qu’un hochement de tête dubitatif. Clémence accepta néanmoins son assistance pour dresser la table dans la pièce sobre et fonctionnelle où se prenait d’habitude le repas de midi. Le vêtement promis arriva pendant qu’elle disposait les verres. Une ample robe de lin grège à taille haute qu’Issa lui remit pour s’éclipser discrètement aussitôt. Trop vite pour lui laisser le loisir d’apprécier les charmantes courbes sans voile de son anatomie.Quitter la blouse et passer la robe ne prit qu’un instant. Elle tombait parfaitement. Colette se demanda par quel mystère chacune ici connaissait exactement ce qui convenait à ses formes. Elle rendit son bien à Clémence, un peu gênée des emmanchures empreintes d’humidité, mais celle-ci n’en parut que plus heureuse de s’y glisser. Les pruderies n’avaient pas lieu d’être si l’avenir confirmait leur amitié naissante.La Gouvernante revint à l’heure dite, en jupe et chemisier de soie rose pâle, apparemment sa couleur de prédilection, suivie des deux Converses, Jenny et Issa, portant chacune jupette bleue et tee-shirt blanc. Aloïse fermait la marche, aussi nue que pendant ses exercices du matin, mais fraîche et requinquée. Colette fut priée de prendre place en face de Irène, les autres s’installant équitablement sur les côtés, et Clémence assura le service.L’ambiance cordiale du déjeuner et la simplicité des échanges firent presque oublier à Colette son statut transitoire. Personne ne fit allusion à l’exhibitionnisme de son arrivée ni aux ébats et péripéties qui avaient émaillé le souper de la veille, pas plus que l’on n’évoqua ce qu’il se passerait en fin de journée. Après le café, la Gouvernante lui suggéra de se reposer un moment et de profiter ensuite de sa liberté pour découvrir le parc.— Je viendrai vous chercher à seize heures, lui indiqua t’elle en se levant. Clémence et moi vous aiderons à vous préparer pour ce soir.Son départ entraîna celui des trois jeunes filles, les unes pour une après-midi d’études, l’autre pour une dernière révision. Clémence déclina fermement l’assistance que proposait Colette pour la desserte ou la vaisselle et lui conseilla d’aller plutôt se vider la tête par une sieste.— Je vous réveillerai d’ici une demi-heure, trois quarts d’heure. Vous aurez une bonne heure de promenade pour vous détendre avant de retourner dans votre chambre pour attendre Madame Irène.Colette décida de se fier à des recommandations sans doute fondées sur l’expérience. La solitude et le calme la satisfirent dans un premier temps. Les inquiétudes et les conjectures sur son avenir immédiat l’empêchèrent très vite de trouver le repos espéré. Finalement, l’arrivée de Clémence fut un soulagement, et une longue marche dans un environnement paysager agréable s’avéra un meilleur remède à ses préoccupations. Elle en revint à l’heure, un peu lasse mais beaucoup plus sereine.La Gouvernante honora ponctuellement leur rendez-vous et lui demanda aussitôt de quitter sa robe tandis que Clémence étalait un drap de nylon sur le lit.— Notre Maîtresse m’a informée de votre souhait de discipliner vos poils pubiens dont nous avons toutes eu le loisir de constater l’abondance, annonça sentencieusement Madame Irène. Vous lui avez également fait part de votre désir que cet éclaircissement s’effectue à sec. Elle ne peut malheureusement vous satisfaire elle-même, mais elle m’en a confié le soin. J’espère que cela ne vous dérange pas ? De toute façon, c’est nécessaire pour votre examen.— Co… Comment… à sec ? Que voulez-vous… je ne crois pas que, balbutia Colette soudain affolée par l’apparition d’une pince à épiler.— Rassurez-vous, je n’enlèverai que le superflu qui foisonne sur vos grandes lèvres. Il vaut mieux commencer tout de suite. Serez-vous capable de vous maîtriser ou Clémence doit-elle vous maintenir ?— Je… j’essaierai…— Bien. Allongez-vous et ouvrez les cuisses, s’il vous plait.En saisissant instinctivement ses jambes sous les genoux, Colette regretta sincèrement la folle inconscience qui l’avait poussée à crâner devant les promesses d’épilation dont l’avait défiée Me. Eve L* lors de leur rencontre. Les premières sensations furent supportables, bien plus que les décollements de bandes de cire dont elle se souvenait. Les gestes étaient rapides et précis, alternant d’un côté à l’autre de sa vulve. Chaque arrachage de poil ne lui provoquait qu’une infime douleur, comparable à une piqûre d’épingle, simplement plus aiguë peut-être. Leur multiplication suscita une montée insidieuse de la souffrance. Au bout de cinq minutes, elle eut l’impression d’avoir les deux lèvres en feu et éprouva les plus grandes difficultés à garder la pose.— Arrêtez de gigoter ainsi, la tança Madame Irène. Je risque de vous faire mal !L’ironie de l’euphémisme ne lui apparut même pas. Elle concentrait toute sa volonté à rester immobile. Elle n’en fut bientôt plus capable. Espérer une dispense, voire un simple répit, était inutile. Elle oublia sa fierté, sollicita de l’aide, et s’abandonna à son destin.Clémence était à cheval sur sa poitrine, lui interdisant tout mouvement. Elle avait coincé ses chevilles sous les bras et tenait ses cuisses écartées, dégageant largement la zone où la pince pouvait maintenant voltiger à son aise. L’épilation se poursuivait et l’embrasement de la peau augmentait.Colette ne comptait plus les poils dont elle faisait le deuil. Elle serrait les dents dans le souci dérisoire de s’interdire de gémir. Les larmes débordaient de ses paupières vainement closes. La sueur perlait de chacun de ses pores, la baignant d’une moiteur ridicule. Quand ses lèvres furent déclarées nettes, elle ne doutait pas qu’elles fussent à vif.Ce n’était pas le cas. Elles avaient seulement l’aspect d’une chair de poule, nonobstant la couleur de la peau, d’un rose soutenu piqueté d’une myriade de petits points plus vifs. Du moins, était-ce ainsi que l’épileuse les lui décrivit. Elle n’avait pas osé regarder, ni soutenir son regard narquois. Elle se laissa emmener à la salle de bain et courber sur un tabouret. A quoi bon résister ?Elle se crispa pourtant, lorsque Clémence enduisit de vaseline son anus. Elle ne s’y attendait pas, elle avait supposé que la position imposée préfigurait une épilation culière. Sa réaction lui valut une sévère claque sur les fesses.— Détendez-vous, voyons ! Nous devons vous donner un lavement, l’informa sans aménité Madame Irène.— Un lavement ? Mais pourquoi ?!— Vous ne voudriez pas qu’un accident regrettable souille votre examen, n’est-ce pas ? Ecartez vos fesses, je vous prie.Clémence lui expliqua plus gentiment qu’il s’agissait d’une précaution à laquelle toutes ici se soumettait lors de leur examen médical annuel et qu’elle était particulièrement indispensable pour celui dont elle bénéficierait tout à l’heure. Puis, après avoir soigneusement étalé la pommade sur un cratère craintif, elle le força d’un doigt ferme pour graisser l’intérieur.La canule entra aussi facilement qu’un suppositoire. Colette avait pratiqué le gode anal. Sans en être une adepte absolue, elle trouva sur le moment que ce substitut n’avait rien de très impressionnant. La Gouvernante lui retira le tabouret.— Penchez-vous jusqu’à attraper vos chevilles et relâchez votre sphincter, s’il vous plait.La violence de l’afflux de liquide l’étonna. L’envahissement de ses entrailles lui donna un haut le cœur. Elle se contint, luttant contre le réflexe de resserrer l’anus. L’invasion durait et gonflait son ventre. Les spasmes commencèrent. Ses intestins se distendaient, ses tripes se nouaient. Il lui semblait que des litres et des litres l’emplissaient. Le flot s’interrompit sans qu’elle s’en rendît compte avant de sentir le glissement de la canule que Clémence retirait.La lutte changea brusquement de sens. Il lui fallait se forcer à fermer son cul, repousser le besoin de tout expulser au plus vite. L’injonction brutale de tout garder, lui parvint à peine, superflue, de toute façon. La peur de se vider la tenaillait. Les crampes la tordaient, son ventre allait exploser. Elle ne pourrait se retenir, elle se répandrait horriblement. Elle tint.Elle tint, sous les regards impassibles qui l’observaient. Elle tint, une main sur l’abdomen, une main sur les fesses ; l’une pour calmer, sans succès, la douleur, l’autre pour empêcher, heureusement, les fuites. Elle tint, le temps que s’écoulent les minutes imparties. Elle tint, le temps qu’on la mène, titubante, aux toilettes. Elle tint, le temps qu’on la laisse, enfin seule, sur la cuvette.La porte refermée, ce fut la cataracte. Elle pissait du cul, une cascade irrépressible et dégoûtante qui la libérait. De nouveaux spasmes la secouèrent, bienfaisants ceux-là. Ils accompagnaient des rejets successifs qui se tarissaient progressivement. Elle se souvint, à la dernière seconde, d’attendre, de laisser s’évacuer l’ultime écoulement des dernières gouttes du clystère avant de se lever.Avec le soulagement vint la faiblesse. Elle dut se hisser à la force des bras pour se redresser. Elle dut s’accrocher à la poignée murale pour rester debout. Une douchette hygiénique lui offrit un premier nettoyage. Un distributeur de serviettes de papier moelleux lui permit de finir de se torcher. Son ventre avait repris une forme normale. Il paraissait même plus plat et son endolorissement était presque agréable.Elle revint seule, les jambes flageolantes, tourmentée d’inquiétude à l’idée de traces qui aient pu échapper à son attention. On lui indiqua d’un geste la douche déjà ruisselante, elle s’y jeta avec reconnaissance. Elle découvrit que le prurit de l’épilation avait disparu, se savonna, se frotta, se rinça, et s’attarda sous le jet jusqu’à ce qu’on la force à sortir.Clémence l’attendait, une poire à lavement à la main. Elle ouvrit de grands yeux et esquissa un geste de révolte quand la Gouvernante lui demanda de tendre encore une fois son cul.— Ce n’est qu’une lotion à l’eau de Rose, lui expliqua t’elle sobrement. Pour nous assurer de la parfaite propreté de votre ampoule rectale. Clémence vous fera quelques injections que vous pourrez rejeter dans le bac. Ensuite, vous voudrez bien me montrer votre con.Elle baissa docilement la tête, exposa ses fesses et fit ce qu’on lui avait dit, puis s’assit sur le bord du tabouret et écarta sa chatte à deux mains.Deux doigts y plongèrent profondément sans objection de sa part. Ils s’y agitèrent et s’y imprégnèrent à loisir sans autre résistance. Ils en sortirent pour être reniflés par un nez suspicieux sans susciter de honte. Le récurage poussé de la vulve et les douches vaginales, dont l’inspection avait montré la nécessité, furent supportés sans récrimination. Sa mission accomplie, Madame Irène s’éclipsa et revint un instant après vêtue d’une robe bleu pâle aux lignes fluides.A dix-sept heures trente, Colette était réputée prête pour son examen d’entrée en Noviciat. Plus nue que jamais, elle aurait aimé trouver un peu de réconfort auprès de Clémence. Mais celle-ci opposait à ses tentatives un visage aussi fermé que celui de la Gouvernante pendant qu’elles la conduisaient à travers les couloirs. En arrivant devant un lourd rideau qu’elle reconnut, elle se rangea docilement derrière Aloïse, statue d’albâtre encadrée par les deux Converses. La raideur de la nuque trahissait l’anxiété de la Novice.Une sonnerie retentit cinq minutes avant dix-huit heures. La Gouvernante ouvrit le rideau et entra, Issa prit Aloïse par le bras et suivit, Jenny se chargea de Colette, Clémence ferma la marche et le rideau.La pièce était bien la même, mais, quasiment vide la veille lors de la présentation de Colette aux résidentes, le mobilier qu’elle contenait à présent semblait l’avoir rétrécie. Un côté était aménagé comme un cabinet médical, avec desserte métallique à tiroirs, balance, toise, table d’examen et fauteuil gynéco. En face, étaient disposés deux fauteuils de cuir derrière un bureau et deux tabourets devant. Deux profonds canapés encadraient l’entrée. Les deux impétrantes furent priées de se mettre à genoux, mains dans le dos, Colette près de la table d’examen, Aloïse au pied d’un canapé.Un discret brouhaha de voix annonça l’apparition de la maîtresse des lieux en boléro rouge rehaussé de noir sur une jupe à l’avenant, et de ses invités. Une femme et deux hommes la précédèrent dans la pièce. Gwladys, la Collaboratrice suivait à distance respectueuse, vêtue à son habitude d’un élégant tailleur, gris perle ce soir-là.La femme était une grande rousse mince aux traits fins d’une cinquantaine d’années. Colette ne l’entendit jamais appelée autrement que « Madame le Professeur », ou « Chère Amie » lorsque Ève s’adressait à elle. Son ensemble jupe et gilet d’un luxe sobre évoquait une intellectuelle sans affectation.L’un des hommes, apparemment cinquantenaire aussi, plus petit et rond, affichait une figure joviale. Un costume de bonne coupe, d’un classique bleu nuit, ainsi que les termes similaires dans lesquels il était nommé, le désignaient également comme un probable universitaire. Le troisième personnage, plus jeune et élancé, portait lunettes et vêtements de sport. Il tenait à s’excuser de n’avoir eu la possibilité de se changer après avoir honoré une partie de golf.— Je ne saurais vous en tenir rigueur, mon cher Docteur, l’absolvait Ève. Je vous suis trop reconnaissante de votre présence malgré ma demande honteusement tardive. Je suis votre obligée à tous trois pour cela, Chers Amis, continua-t-elle avec un sourire charmant. Je ne l’oublierai pas, croyez-le.Il s’en suivit un échange de dénégations, remerciements et contre remerciements assortis d’assurances d’amitiés et de promesses que tout le plaisir de faire plaisir était partagé par chacun et chacune. Quand cette litanie d’aménités fut enfin terminée, Ève appela Colette pour la présenter à ses examinateurs.— Ma chère Ève, pensez-vous en faire quelque chose, s’enquit sans ambages Madame le Professeur, elle est beaucoup plus âgée que vos stagiaires habituelles, m’a-t-on dit.Son collègue opina du même air dubitatif légèrement dédaigneux, mais le médecin balaya l’objection d’un geste insouciant.— Notre amie Ève doit avoir ses raisons, sourit-il, n’en doutons pas ! Voyons d’abord si le cas que l’on nous soumet ne présente pas de contre-indication médicale. Ton nom, ma petite ?Il fallut une bourrade de Ève pour que Colette, surprise d’un tutoiement humiliant, se décide à répondre.— Bien. Colette, monte sur la balance. Tu ne vas faire d’histoire, n’est-ce pas ?Elle se soumit sans histoire, en effet, aux mesures de poids, de taille et autres mensurations, y compris la longueur de sa fente et la profondeur du sillon fessier, dont Issa promue au rang de secrétaire médicale notait les résultats dans un cahier. Puis suivirent les usuelles auscultations au stéthoscope, prise de la tension et palpation des seins. Rien que de très banal qui la rassurait.Elle fut invitée à s’étendre sur la table pour se prêter aux tests de réactivité des voûtes plantaires et à un examen approfondi du buste. Souplesse de l’abdomen, de l’estomac au pubis, tonicité des muscles tenseurs, fermeté et élasticité des tétons, sensibilité des aréoles et du clitoris, tout fut étudié et noté en détail.— Aucune réponse anormale au toucher externe, conclut le médecin. Tu sembles en bonne forme physique, Colette, pour ton âge. Va te mettre sur le fauteuil afin que je voie si tout va bien aussi côté sexe.Dès qu’elle eut posé les pieds dans les étriers, Colette se sentit basculer en arrière. La tête plus basse que les hanches, sa chatte exposée à bonne hauteur, elle dut s’accrocher aux accoudoirs et se fier à son oreille pour compenser son champ de vision limité. Au moins cela lui éviterait-il de voir les mimiques qui accompagneraient les inévitables commentaires sinon d’entendre ceux-ci…— Mais nous aurions presque là une concurrente à la Vénus Hottentote, fut le premier.L’exclamation amusée de leur collègue éveilla l’attention des autres membres du jury qui devisaient avec Ève. Ils acceptèrent volontiers son aimable proposition de satisfaire leur curiosité, comme celle d’observer de près la suite de l’examen.Colette était résignée de longue date aux remarques, souvent désobligeantes, que suscitaient de petites lèvres qualifiées d’hypertrophiées. Elle ne s’attendait pas à ce qu’elles fussent mesurées en long et en large. Elle apprit ainsi qu’elles étaient de forme grossièrement carrée, plus épaisses que la moyenne, d’une surface conséquente et notablement extensibles. Mais ces considérations étaient énoncées d’une voix égale, sans intonation ironique, ce qui la surprit agréablement.— Je vais te sonder, l’avertit le médecin.Le viol de l’urètre était une nouveauté. Le conseil de se détendre vint trop tard. La sensation aiguë de l’introduction du cathéter la fit japper, l’image d’un serpent s’insinuant en elle la musela. Il ondula, hésita sur une vague douleur, progressa et se figea. Il ressortit quand la vessie fut vidée, ne lui laissant que l’impression confuse d’avoir pissé sans s’en être aperçue, et un sentiment de malaise en souvenir.— C’est parfait, la réaction du sphincter urinaire est tout à fait normale. Passons au vagin, tu connais cet instrument, je suppose ?La main du docteur brandissait un spéculum au dessus du ventre de Colette. Elle aurait haussé les épaules si sa position l’avait permis. Il n’y eut pas de gel pour faciliter la mise en place. À quoi bon ? Elle mouillait depuis les premières manipulations de ses seins…L’écartement fut maximal. La morphologie de la vulve le supportait, d’après le praticien. La distorsion des chairs n’était pourtant pas indolore, pas plus que le rude toucher des parois vaginales, au doigt nu sur les bords de l’orifice puis à la palette métallique de plus en plus profondément. Colette sursauta plusieurs fois, plus sensible à l’excitation qu’aux agressions que son abondante lubrification atténuait.Aux mouvements qui l’entouraient, elle devina la succession des visages venus explorer de visu l’intérieur d’une chatte dont ils avaient contemplé l’extérieur. Ils pouvaient se repaître du spectacle, admirer ou critiquer la profusion de cyprine que dégorgeait son con, elle s’en fichait, elle croyait avoir atteint les abysses de l’humiliation. Quand le spéculum fut retiré, elle perçut nettement la coulée de liquide visqueux sur son périnée.— Lève-toi, lui intima le médecin en redressant le fauteuil. Mets-toi à genoux, la tête vers le dossier, ajouta t’il.Colette obéit mécaniquement, sans chercher à comprendre l’intérêt de cette gymnastique, sinon de l’obliger à une exhibition supplémentaire de son cul. Elle se rebiffa en sentant un doigt lui enduire l’anus de pommade. Un autre lavement, maintenant ? C’était impensable ! Pas là, pas ici, pas devant tout le monde !!— Tiens-toi tranquille, s’il te plait. Et pousse, si tu ne veux pas avoir plus mal !Le spéculum anal était moins gros. Il força néanmoins le trou sans ménagement. Elle poussa. C’était mieux d’avoir l’intestin vide. Elle poussa autant qu’elle pouvait. L’objet entra, et s’écarta. Une onde de douleur la tenailla, ses bras fléchirent. Le front sur le dossier, ses oreilles bourdonnaient et ses muscles se relâchaient. La souffrance s’estompa. On parlait derrière elle. Les mots lui parvenaient à travers une ouate.— Un très joli rectum… sain et tonique… Si vous voulez vous rendre compte… Voyez : on aperçoit…Elle n’écoutait plus, ne voulait pas entendre. Sa seule pensée était que ça finisse vite. Elle l’espérait et le redoutait. Ce fut moins pire qu’elle ne le craignait. Les palettes se refermèrent et son sphincter expulsa l’intrus. Il ne laissait qu’une impression de vide et de cratère ouvert.Elle se redressa lourdement.— Félicitations, Colette ! Ton envers vaut ton endroit, s’amusa le médecin en la soutenant. Il ne reste plus que le test d’équilibre. Monte sur ces tabourets.Ils étaient toujours devant le bureau, espacés d’un bon mètre. Elle se résigna. Sa première tentative d’escalade fut lamentable. Les Converses durent l’aider pour qu’elle parvienne à se percher. Elle mit les mains sur la nuque comme on l’y invitait. Elle ferma les yeux comme on le lui demandait. Elle se tint immobile comme on le lui ordonnait.Le temps passait. Elle luttait pour ne pas tanguer, effrayée à l’idée de basculer dès qu’elle sentait un début de balancement. Ne pas tomber, cela seul comptait. Le ridicule de sa pose lui importait peu. Enfin on lui permit de rouvrir les yeux. Le docteur était assis au bureau. Il ne l’autorisa pas à descendre ni à changer la position de ses mains.— Une léger problème d’équilibre, sans gravité, nota t’il. Ma chère Ève, votre Colette est médicalement apte à suivre votre formation. Je vous établis quelques ordonnances par acquit de conscience : analyses, mammographie, électrocardiogramme d’effort…— Mon cher Docteur, vous êtes un ange ! Je vous remercie, susurra Ève. Nous avons tous apprécié le soin avec lequel vous avez mené vos examens… Vous plairait-il de vous détendre maintenant que votre tâche est achevée ?— Chère Ève, j’en serais ravi, mais comme je vous l’ai dit je n’ai pas eu le temps de me changer avant de venir.— Cher Ami ! Ne vous privez pas d’un plaisir pour cela ! Jenny se fera une joie de débarrasser votre sexe des impuretés de la journée. Je vous confie à ses soins et vous ferez l’expérience d’un crâne nu entre vos mains, conclue Ève en souriant.La Converse à genoux devant un canapé avait déjà quitté sa perruque et attendait son patient qui la rejoignit après une galante inclinaison de tête à l’adresse de Ève. Ses collègues le remplacèrent derrière le bureau.— Bonjour, Colette, dit l’homme.— Bonjour, Colette, dit la femme.— Bonjour Madame, bonjour Monsieur, dit Colette.— Nous allons vous poser quelques questions, dit la femme. Êtes-vous prête à répondre ?— Heu… dit Colette.— Des questions de culture générale, dit l’homme. Prenez le temps de rassembler vos idées, si vous voulez.— Heu… répéta Colette.La situation était embarrassante et déroutante ; cocasse, si on la considérait de l’extérieur. Elle était perchée à poil devant un couple d’examinateurs. Ses jambes bien écartées exposaient ouvertement sa moule. Ses longues lèvres devaient briller de mouille, qui en goûtait, peut-être. Sa chatte obscène était juste à hauteur de leurs yeux, et ses mains sur la nuque lui interdisaient d’espérer la moindre furtive dissimulation.— Commençons, alors, sourit la femme en l’enveloppant d’un regard froid.Elle consulta négligemment une fiche sur le bureau et revint fixer, droit devant elle, le tableau que lui offrait Colette. L’interrogatoire débuta aussitôt. L’homme s’assura en premier de son degré d’études et lui réclama quelques réponses simples. Il passa la parole à sa collègue et le niveau s’éleva. Grammaire, math, littérature, musique, arts plastique ou pictural, les questions roulaient, enchaînant les thèmes. La femme et l’homme se relayaient, passaient de la politique à la psychologie et du social à la philosophie, pour revenir ensuite à des connaissances basiques. Colette était déboussolée, elle se trompa plusieurs fois, dut avouer souvent son ignorance, se troubla et se sentit piteuse.Les examinateurs notaient erreurs et bonnes réponses du même air indéchiffrable. À la fin, ils échangèrent un regard entendu avec Ève et se mirent à rédiger leur évaluation en se consultant à voix basse. L’attente parut interminable à Colette toujours obligée de s’exposer en vedette. Son excitation s’était asséchée, il n’en restait qu’une impression de souillure, mentale et physique. La sentence tomba, énoncée par Madame le Professeur.— Ma chère Ève, malgré de nombreuses lacunes, cette… personne est capable d’intégrer votre formation.— Nous avons consigné ici les prescriptions scolaires que nous recommandons, ajouta Monsieur le Professeur. Il sera utile qu’elle soit astreinte à les suivre.— Je vous suis très reconnaissante de ces préconisations, et je ne manquerai pas de veiller à ce qu’elles soient observées, l’assura Ève. Quant à toi, Colette, tu peux remercier le jury pour sa mansuétude, et retourner dans ton coin.— Me… merci, balbutia Colette.Nul ne vint à son aide pour descendre des tabourets. Elle failli s’effondrer de fatigue avant de se retrouver près de la table d’examen, et se remettre à genoux, comme Ève le lui rappela vertement. Elle vit d’un œil distrait sa Maîtresse – oui, c’était sa Maîtresse, maintenant – faire signe à Aloïse de se lever et de s’approcher. Elle la regarda à la dérobé retirer le cadenas des lèvres de la Novice et lui ordonner de s’étendre, juste au dessus d’elle.— Je vous la confie, cher Ami. Dites-nous si l’état de santé de cette demoiselle lui permet d’espérer un statut supérieur, demanda Ève au Docteur.Ce dernier arborait un visage satisfait en remerciant d’un sourire Jenny qui s’essuyait la bouche. Détendu, quoique légèrement essoufflé, il s’empressa d’honorer le second volet de sa mission. Palpations, tension, auscultation, inspection détaillée des seins et de la vulve, spéculum vaginal et anal, le même protocole recommença au bénéfice de Aloïse. Elle en sortit vierge de toute affection et après un bref contrôle de son dossier médical le médecin la remit sans réserve au jury universitaire.L’encore Novice fut donc priée de prendre la place de Colette sur les tabourets, à la différence près qu’elle devait s’y installer à genoux, de dos aux examinateurs. Là, tenant son cul et son con écarquillés à deux mains, elle répondit à la quasi-perfection, une hésitation exceptée, au feu soutenu de questions que l’homme et la femme se renvoyaient. Une rapide délibération, pendant laquelle elle était tenue de garder la pose, consacra son admissibilité au second degré de la formation.Tandis que Aloïse recevait les félicitations d’usage en rejoignant ses sœurs Converses, Ève proposa à ses invités de s’accorder une récréation qu’ils avaient bien méritée.— Clémence nous a préparé un apéritif qui pourra être servi ici afin de ne pas perdre de temps pour la suite de nos travaux, suggéra-t-elle. Gwladys, Irène, venez le prendre avec nous. Irène, ma chérie, tu veux bien expliquer à Colette ce qu’elle doit faire ?L’obligation était simple : rester à quatre pattes au milieu des convives, le plateau d’amuse-gueule sur le dos. Il n’était pas prévu de boisson pour elle, ni pour les Converses, d’ailleurs.______________________________— Profitons de cet entracte pour aller nous coucher, me déclare Colette.Je ne réalise pas tout de suite la temporalité de sa phrase. Colette a la faculté de passer de l’évocation de ses souvenirs à la réalité du présent avec une agilité d’esprit qui me stupéfait. J’admire aussi la précision de sa mémoire qui me fait vivre les tribulations qu’elle a subies comme si elles s’étaient déroulées hier. Je le lui avoue et je lui confesse dans un nouvel élan de franchise combien son récit m’a émue.— Je m’en suis aperçu, sourit-elle. Ce n’était pas que la moiteur d’une transpiration que j’ai sentie sous mes orteils, n’est-ce pas ?Je ne rougie plus quand mon hôtesse me taquine sur l’excitation que provoquent en moi ses descriptions de scènes érotiques ou de situations humiliantes. Je n’ai pas besoin non plus de lui confirmer ce qu’elle a deviné. Ses pieds entre mes cuisses ont tout enregistré de mes réactions, de même que les miens entre les siennes ont suivi l’échauffement de ses pensées au fil de ses confidences.C’est curieux, je n’arrive pas à concevoir un attouchement sexuel dans ce contact intime. Je le ressens plutôt comme une proximité affectueuse dénuée de pudibonderie. Le regret de l’interrompre et la frustration que j’en éprouve devraient pourtant m’éclairer sur la nature de mes sentiments.Colette insiste. Il faut recharger le poêle, il faut le bourrer à ras bord et réduire le tirage pour que le feu grésille doucettement toute la nuit. Bref, il faut nous lever de cette douillette ottomane ! Il faut donc que nos petons quittent nos minous, quoiqu’il m’en coûte. Colette a la gentillesse de me dire que ça lui coûte aussi.— Emportez votre carnet de notes, ajoute-t-elle. Je vous conterai la suite de mon intronisation avant de dormir.La corvée de bois terminée, elle retire du four deux briques brûlantes qu’elle enveloppe dans des serviettes. Une recette de grand-mère pour assainir les draps qu’elle me recommande si l’on doit dormir dans une pièce non chauffée. Nous grimpons quatre à quatre l’escalier et traversons en vitesse la fraîcheur du grand salon pour arriver dans sa chambre.— Bienvenue dans mon lit, Chantal, m’accueille-t-elle avec une révérence de comédie.Elle se débarrasse de sa cape de laine et se glisse nue sous la couette. Je l’imite et la rejoins. Le froid du tissu me surprend, mais cette sensation ne dure pas. Une serviette chaude contre le ventre, la douceur de la poitrine de Colette contre mon dos, l’édredon qui nous recouvre toutes les deux, nos pieds qui se mêlent pour s’échanger leur tiédeur, et la perspective d’entendre de nouvelles péripéties excitantes… que demander de plus !A suivre