ALBIN— C’est qui ? Comment elle s’appelle ? Tu l’as rencontrée où ?— Mais de quoi tu parles ?— Ta maîtresse ! Je sais que tu as une maîtresse ! Je m’en doutais mais maintenant c’est une certitude.— Une maîtresse ? Mais tu es folle ! Où vas-tu chercher cette idée stupide ?— Pas si stupide que ça. Allez, reconnais-le. Je promets de ne pas me mettre en colère si tu l’avoues.— Je ne reconnais rien du tout. Qu’est-ce qui peut bien t’avoir mis cette idée en tête ?— Albin, voyons ! C’est une évidence. D’ailleurs, je ne te fais aucun reproche, mais reconnais que tu as changé.— Changé ? Moi ? Mais non !— Sexuellement parlant. Il y a un mois, pour la première fois depuis qu’on se connaît tu m’as fait un cunni. Depuis, on fait l’amour deux à trois fois par semaine, et tout à l’heure, pour la première fois tu m’as prise debout dans la salle de bain après que nous l’ayons fait dans la chambre. Reconnais que c’est nouveau. Remarque, je ne me plains pas ! Chéri, c’était vraiment très bien. Je suis juste un peu jalouse que ce soit une autre que moi qui te fasse découvrir ça. Mais il n’y a pas que ça. Depuis quelque temps, tu as changé au quotidien. Tu as pris de l’assurance. Tiens, l’autre jour, au marché, tu as fait remarquer à un homme qu’il essayait de resquiller en lui indiquant qu’il y avait une file d’attente. Et la façon dont tu as rembarré Paul alors qu’il voulait encore te demander de l’aider le week-end… avant, tu aurais accepté sans dire un mot !Elle vient se lover tout contre moi. Elle a raison, j’ai une maîtresse depuis plusieurs mois, mais pas une maîtresse classique, non, elle est particulière et je n’arrive pas encore à cerner sa vraie personnalité. Il faut dire que je ne suis pas un expert autant pour la sexualité que pour la connaissance des femmes.J’ai rencontré Alice, mon épouse, à l’âge de dix-huit ans, ma première année de Fac. Elle avait vingt-deux ans, donc plus vieille, mais surtout avec une expérience et une liberté que je ne connaissais pas.Je viens d’une famille hyper-catho, presque du genre à arrêter la pendule juste après l’arrivée de la radio. À la maison, pas de télé, pas de box, pas d’écran. Pas question de traîner après l’école. Heureusement, j’étais très fort en maths et mon prof de terminale a fait ce qu’il fallait pour que je sorte de ce carcan.C’est Alice qui a été la première. J’ai toujours en mémoire cette première fois où j’ai été nul de chez nul en crachant dans sa main avant même de la pénétrer. Il faut dire que le sexe ne m’attire pas, je veux dire, ne m’attirait pas, car les choses changent avec Chloé qui m’a pris en main. « Hi ! Hi ! Que je suis drôle ! »En plus de ce manque d’appétence pour le sexe, je suis timide, de cette timidité qui me fait perdre mes moyens dès que je sors de ma bulle de confort. Il n’y a qu’au travail que je m’épanouis.— Tu n’as pas, en effet, à être jalouse. Ce sont des circonstances exceptionnelles qui ont tout fait. Mais avant d’aller plus loin, puisqu’on parle de maîtresse, toi aussi tu pourrais me dire qui est ton amant… Attends, avant de protester, je dois te dire que j’ai été, sans le vouloir, le témoin d’une conversation qui ne laissait aucun doute.— Ah ! Il y a longtemps ?— Un an, je crois.— Et tu ne m’as rien dit !— J’ai conscience que mon approche de la sexualité n’est pas suffisante pour toi. Je le sais depuis le début de notre vie commune. Ton ex, Jean, se faisait un malin plaisir à me vanter ton appétit sexuel, me prenant à témoin, tu sais, du genre :Ah ! Alice ! Mec, tu ne dois pas t’ennuyer au lit… Exigeante, inventive, volontaire, il ne faut pas lui en promettre. Je t’envie.— Le salaud. Tu aurais pu m’en parler.— Si à dix-huit ans j’étais encore peu au fait de ce qu’est le sexe et ses pratiques, j’ai appris depuis que les femmes avaient aussi des besoins. J’avais parfaitement conscience que je n’étais pas capable de te satisfaire. Le sex toy que tu caches sous ta lingerie en a été une preuve. Je l’ai découvert par hasard un jour où, maladroit, j’ai fait tomber l’étagère. La conversation téléphonique, une preuve supplémentaire. Ma seule angoisse est que tu partes un jour avec ton amant, lassée de ce mari si peu attentif à …— Ça ne risque pas. Si j’ai un amant, c’est, comme tu dis, pour satisfaire mes besoins sexuels. D’ailleurs, en réalité, j’en ai plusieurs.— Plusieurs ? Tu as plusieurs amants ? En même temps ?Elle rit.— Bien sûr que non. Un seul à la fois, je n’ai pas des besoins si extravagants à satisfaire. Je veux juste dire que je fais très attention à ne pas m’attacher. C’est toi que j’aime. Eux, je ne les aime pas, c’est juste pour des rencontres rapides que j’oublie dès que je les quitte. Mais tu n’es pas jaloux ?— Bien sûr que si, mais je n’ai pas le droit de le montrer. Je suis heureux avec toi. Moi aussi je t’aime.— Qui est donc cette femme qui transforme ainsi mon mari ?— Elle s’appelle Chloé, doit avoir ton âge.— Et tu l’as rencontrée comment ? Je ne te vois pas draguer. Un site de rencontre ?— Une rencontre, mais pas par un site. Une rencontre un peu brutale. Je ris de ce souvenir.— Raconte, ne me fais pas languir.__________________________________________Je l’ai heurtée en voiture. Elle était en vélo. Il pleuvait à verse et comme je ne l’ai vue qu’au dernier moment, elle est tombée. Oh, rien de grave, mais il y avait une grosse flaque. Bref, je lui propose de monter avec moi, de mettre son vélo dans le coffre, et de la poser à son travail dont elle me donne l’adresse. En arrivant, je constate que l’adresse qu’elle m’a donnée est juste devant un sex-shop, tu sais, ces boutiques… En la quittant, je lui donne mon 06 pour me rappeler et pour une éventuelle indemnisation.Elle m’appelle deux jours après.— Finalement, le vélo n’a rien, et moi, à part un début de rhume, rien non plus.— Parfait. Si je peux vous dépanner un jour pour me faire pardonner…— Pourquoi attendre ? Ils viennent d’ouvrir un nouveau resto dans ma rue, vous pourriez m’y inviter.C’est la rue où elle a sa boutique. Le resto est du genre intime. Tu sais comme je ne suis pas à l’aise dans des moments comme cela. Le silence est pesant, alors elle me questionne sur ma vie, mon travail. Elle voit mon alliance et donc je lui confirme que je suis marié.La politesse veut que je l’interroge aussi.— Alors vous travaillez… Je me sens en terrain glissant. Je ne sais comment m’en sortir, mais :— Un sex-shop oui. Cela vous choque ?— Non, non, pas du tout, c’est juste que…— Que quoi ? Je sens bien que vous n’êtes pas à l’aise avec ça. Vous êtes sûrement déjà entré dans une boutique comme la mienne.— Euh, non, jamais.— Adepte alors des sites en ligne ?— Pas plus.— Sérieux ? Vous savez tout de même ce que je propose dans ma boutique ?— Oui. Mais votre travail consiste en quoi ?Elle rit.— Je vous vois venir. Non, c’est un travail honorable. Comme une boutique normale, gérer, approvisionner. Mais j’ai aussi un rôle de conseil.— Conseil pour ?— Il y a deux catégories de clients. Les habituées ou ceux qui savent ce qu’ils cherchent, couples ou individuels.— Couples ?— Cela vous étonne ? Mais oui, des couples pour s’émoustiller avec des accessoires ou des vidéos. Mais aussi des hommes seuls bien sûr, et parfois aussi des femmes seules.— Des femmes ?— On est au 21e siècle. Les femmes ont droit aussi au plaisir et aux fantasmes. Mais la clientèle que je préfère ce sont les nouveaux, les hésitants, en couple ou pas, qui se promènent dans les rayons. Ceux-là , je leur propose de les conseiller. Je sais deviner à certains regards les envies qu’ils n’osent pas montrer, les non-dits dans les couples. Si c’est moi qui propose tel ou tel accessoire, telle ou telle lingerie, c’est plus facile pour eux. Beaucoup de couples ne se parlent pas vraiment. Et vous ?— Quoi, moi ?— Vous êtes un couple qui parle de sa sexualité ?— Pas vraiment.— On voit bien que vous êtes timide, mais votre épouse ?— Euh, eh bien…— Laissez, c’est indiscret.Un silence juste couvert par les conversations des tables voisines. Nous avons parlé doucement, d’une sorte d’échange complice alors que nous sommes des inconnus l’un pour l’autre.— Je vous demanderais bien une chose.— Oui, quoi ?— On vous attend chez vous ?— Pas vraiment, j’ai dit que j’avais une réunion.— Une réunion, à cette heure ? Vous n’avez pas parlé de moi ?— Non. J’ai souvent des réunions très tard car j’ai des clients aux USA, et avec le décalage horaire… Vous vouliez me demander quoi ?— De visiter ma boutique.— Oh, pourquoi ?— Je voudrais voir vos réactions. D’une certaine façon, vous êtes un client sans a priori.— Peut-être, mais d’un autre côté, je suis peu intéressé par tout cela.— Cela, quoi ? Ce que l’on peut trouver dans un sex-shop ou la sexualité en général ?Waouh, elle a appuyé ou cela fait mal. Depuis quelques mois, je sais que mon épouse a un amant. D’une certaine façon, je l’excuse. Je ne suis pas un bon amant. J’ai plein de « retenues » pour certaines caresses. Il me reste dans le crâne la litanie de mes parents.« Il ne faut pas faire cela, c’est sale. » Alors qu’ils m’avaient surpris à me branler.« La sexualité c’est pour procréer. »Les caresses doivent se faire avec les mains. Surtout pas avec la bouche. Inimaginable de penser au petit trou. Je n’accepte que deux positions. Pourtant, dans les films, même tout public, on voit des couples se faire des choses !Je n’arrive pas à me débarrasser de ces interdits. Ma pauvre épouse en pâtit. Elle doit trouver avec l’autre plus de diversité dans le plaisir qu’avec moi.Où a-t-elle acheté le sex-toy vibrant que j’ai découvert ? Peut-être dans cette boutique ?— Je veux bien. Après tout, je vous dois bien cela.— Merci. On y va ?On passe par la porte de derrière. La vitrine est protégée par un rideau de fer, au moins on ne nous verra pas de la rue.Ma première impression est d’être entouré de femmes pulpeuses, très peu vêtues avec des tenues que je n’avais jamais vues. Une débauche de lingerie portée par des mannequins aux formes parfaites. Cela va de la nuisette arachnéenne, à la petite culotte avec une sorte de fente dans un endroit que l’on cache normalement, sans parler de tout le reste.Je me sens observé par mon accompagnatrice. J’essaie de faire l’indifférent, le blasé, mais tout ce qui m’entoure est la plupart du temps inconnu de moi.Oh, je sais qu’il existe des reproductions de sexe depuis l’antiquité. J’ai même vu à la télé une émission ou un souffleur de verre montrait sa collection de sexes, ma foi joliment travaillés. Ici, il y en a des dizaines, de toutes les formes de toutes les couleurs, certains dont Chloé doit m’en expliquer l’usage.Et le reste, tout le reste, ces « plug » comme elle les appelle, ces déguisements, ces jeux…À l’étage, une succession de cabines privées, individuel ou couple. Oui, couple, car elle m’explique que des couples viennent visionner des vidéos érotiques pour faire l’amour. Et cette salle, avec un écran de projection ? Mais aussi, si je comprends bien, certains viennent s’exhiber devant d’autres.— Je crois que je n’avais jamais vu cela, me dit ma guide alors que nous sommes revenus au rez-de-chaussée et que nous buvons un café dans la petite pièce derrière le comptoir.— C’est-à -dire ?— Écoutez, dites-moi si je me trompe, mais vous n’aviez aucune idée de ce qu’un sex-shop vendait ? Mieux, la majorité de tout ce que vous avez découvert est un mystère pour vous ? Dans votre couple, vous n’utilisez aucun de ces objets ? Aucun jeu ? Excusez mon indiscrétion, elle est tout autant professionnelle qu’amicale.Pourquoi nier !— Je vais vous paraître « demeuré », mais je dois reconnaître que vous avez raison.— Mais comment c’est possible à notre époque ?— Il suffit de ne pas chercher…Alors il se produit une chose que je n’aurais jamais crue possible. Je me confie à cette inconnue. Moi le quasi « puceau » je me dévoile devant une femme dont le métier est de fournir tous les accessoires afin que ses clients puissent se réaliser sexuellement et même plus !Elle ne se moque pas. Elle me laisse parler. Un flot continu se déverse de mes lèvres. Je me mets à nu devant elle. Depuis mon enfance jusqu’à ces jours. Je vais même jusqu’à lui confier que mon épouse me trompe, ajoutant que si j’ai conscience qu’Alice peut avoir des besoins, un blocage terrible m’empêche de les réaliser.Elle me questionne, mais sans jamais me juger.Ma confession est suivie d’un long silence. Elle me propose un verre de vodka que je bois d’un trait.Un long silence, et puis :— Mais avez-vous envie de changer ? Après tout, on peut être heureux sans une sexualité débridée. Chacun son tempérament.— Je m’en contentais jusqu’à maintenant, mais d’apprendre que ma femme va satisfaire ses envies avec un autre me blesse. Elle peut trouver l’amour et me quitter. Mais je l’aime et je la veux près de moi. Alors oui, j’aimerais changer.— Alors je peux vous proposer quelque chose.Croyant qu’elle allait me proposer de faire l’amour, je dis :— Je suis un piètre amant. Je ne saurais pas…Elle sourit.— Je pensais à autre chose. Mais d’abord, il faut que vous me disiez si vous voulez VRAIMENT changer.— De toute mon âme. Quel idiot je fais ! C’est justement mon « âme » que je dois oublier pour faire surgir des choses plus « physiques ».— Alors je vous rappelle dans quelques jours._____________________La porte s’ouvre, mais en face de moi ce n’est pas la femme que j’ai quittée il y a quelques jours. J’avais renversé une cycliste en pantalon et tenue de pluie. J’avais invité à dîner une femme en robe assez classique. Celle qui me fait entrer est différente. Sa robe en matière synthétique noire la moule outrageusement. Elle est courte, mais de grandes bottes prennent le relais. C’est comme certains mannequins de sa boutique. Je ne peux retenir un :— Oh ! Vous…— Je ne vous fais pas peur au moins ?— Non, c’est impressionnant. Je ne m’attendais pas du tout.— C’est une tenue qui est plus en harmonie avec ce que je vais vous montrer.Elle referme la porte. Quelques secondes de silence, et puis, après la surprise, un peu de bonne éducation reprend le dessus. J’ose un compliment.— Cela vous va très bien.— Merci. Je sais que vous êtes étonné, mais c’est une tenue qui est en adéquation avec le sous-sol et mon état d’esprit.Ses paroles m’inquiètent un peu. Il est évident que le sous-sol de sa boutique doit contenir des choses particulières. Mais quoi ? Que peut-il y avoir de plus que ce qu’elle m’a déjà montré ?J’ai eu la curiosité, pour la première fois de ma vie, de faire fonctionner le sex-toy vibrant de mon épouse. Il est bien classique comparé à tous ceux que Chloé m’a montrés. J’ai fouillé aussi plus systématiquement en recherche d’autres objets. J’ai trouvé, dans un carton à chaussures, un tube de gel anal et un gode dont la forme ressemblait à certains dans la boutique et que Chloé m’avait indiqué comme « spécial anal ». Ainsi mon épouse à qui je refusais ce chemin passait outre avec cet objet. Cet objet et… Est-ce qu’avec son amant ils… Je me suis senti humilié, chassé de ses envies qu’elle réalisait avec un autre. Mais avais-je le droit de pleurer sur mon sort ? Après tout, j’avais refusé son offre avec un tel dégoût, la fois où elle m’avait dit :— Si tu veux tu peux me prendre par mon petit trou.— Mais non, jamais… C’est… Dégoûtant… On n’a pas le droit de…Il faut reconnaître que j’avais fermé la porte à cette proposition d’une façon brutale. Mais, ma visite du sex-shop m’avait montré que le petit trou était manifestement un chemin très utilisé. Chloé m’avait expliqué qu’au moins un tiers des femmes pratiquait la sodomie de façon régulière et que beaucoup d’hommes hétéros se laissaient séduire aussi.J’ai l’impression d’être d’un autre monde.Le sous-sol voûté est composé d’une succession de pièces, résultat (dixit ma guide) de la réunion de caves afin de créer des espaces suffisants, mais tout de même intimes.À l’étage, j’avais été étonné, à ce niveau, je suis sidéré. Ce que je découvre ce sont plus que des accessoires, mais des meubles ou équipements dont l’utilisation m’est vite expliquée car à chaque objet est associé un écran qui en montre l’usage. Une démonstration grandeur nature ! Je découvre un autre monde. Sans pudeur, Chloé m’en explique les arcades. Mais une sonnette retentit :— Je vous laisse une minute. Je dois accueillir quelqu’un.Continue de visiter. Je propose que nous nous tutoyions. D’accord ?Quelques minutes plus tard, le temps de regarder à quoi peut bien servir cette sorte de balancelle, elle revient. Elle est accompagnée par une femme.— Laisse-moi te présenter, Manon, ma Soumise.— Manon la quoi ?— Ma Soumise. Tu ne connais pas ce terme ?— Si, bien sûr, je connais ce que signifie « soumission », mais une femme, soumise, j’ai peur de ne pas comprendre.— Que tu es mignon ! Une Soumise, ou un Soumis, est une personne, femme ou homme, qui a accepté de se laisser diriger par un Maître ou une Maîtresse. C’est en toute connaissance de cause que la Soumise accorde ce droit. Dans le cas de Manon, c’est un accord entre son mari, Joseph, elle, et moi. Joseph trouve que son épouse est peu « coopérative » au lit. Ne va surtout pas imaginer qu’elle ne vient pas de son plein gré. Comme manifestement tu n’as aucune idée sur cette pratique, sache qu’il suffit à Manon de dire stop et tout s’arrête. En général, son mari est présent, mais il a gentiment accepté de ne pas venir afin de ne pas te mettre mal à l’aise.— Mal à l’aise ? Pourquoi ? Je ne comprends pas.— Tu vas comprendre. Tiens, assieds-toi dans ce fauteuil. Pour l’instant, regarde.— Enlève ton manteau. C’est à la femme, Manon, qu’elle s’adresse.La jeune femme n’hésite pas. Elle s’exécute tout en me regardant. C’est moi qui détourne le regard, mal à l’aise devant tant d’assurance. Ce n’est pas sur une robe ou un chemisier avec jupe que le manteau s’ouvre, non, c’est sur la nudité totale de la femme. Elle est parfaite, d’une beauté accomplie, une poitrine de rêve, des hanches juste marquées, des fesses arrondies. Les miroirs sur les murs m’en donnent le reflet.Je m’étonne que son mari ne se suffise pas de ce que son épouse lui offre. Pourquoi la soumettre ? Pourquoi la confier à une femme afin qu’elle lui enseigne ? Enseigne quoi d’abord ? Lui ne peut pas le faire ? Pourtant, elle semble pleine de bonne volonté, ne demandant qu’à répondre aux attentes de son époux. La preuve, cette tige métallique qui transperce chacun de ses tétons. On peut avoir du plaisir avec ça ?Mais tais-toi donc. Tu es qui pour faire ce genre de remarques ? Avant de juger, tu ferais mieux de balayer devant ta porte. Toi qui n’arrives même pas à satisfaire ta propre épouse, coincé que tu es par un enseignement dont tu n’arrives pas à te débarrasser, programmé dès l’enfance avec des préceptes d’un autre temps.Je vois Chloé sourire de ma surprise. Elle s’approche de sa « Soumise ».— Tu n’as plus mal ? Elle la questionne tout en posant doucement sa main sur un sein.— Non, Maîtresse… plus du tout depuis 15 jours.— C’est bien.Elle se tourne vers moi.— Le mari de Manon voulait qu’elle porte un piercing sur chaque téton. Je leur ai trouvé un vrai professionnel pour le faire.— Tu trouves une différence ? Question posée à Manon.— Oh oui, Maîtresse, c’est encore plus sensible qu’avant. Joseph trouve que je jouis très vite maintenant si on me caresse.— Pour te récompenser, j’ai prévu un cadeau. Je te présente Albin. Albin est un homme particulier. Aucune femme ne l’a encore fait jouir en le suçant. Je te confie cette mission. Montre-lui ton talent afin qu’il reparte d’ici avec l’envie de recommencer.— Oui Maîtresse.— Bien.— Albin ?— Euh ! C’est que… Je ne sais pas si…— Je t’en prie. Tu veux changer n’est-ce pas et ne plus laisser d’autres hommes satisfaire ton épouse et risquer de la perdre.— Oui, mais…— Lève-toi. Viens…J’obéis à sa demande. Elle me fait avancer pour m’approcher de la femme. Elle prend ma main…— Sens comme c’est doux.Elle guide ma main sur un sein. J’en sens la chaleur, mais surtout la réalité d’un téton tendu par le piercing. Sa main entraîne la mienne, elle lui fait parcourir le corps, déclenchant des frissons à Manon qui a fermé les yeux. Pour la première fois de ma vie, c’est un autre corps que je découvre. La réalité d’une intimité juste palpée, mais aussi… Alors que j’enveloppe ses fesses, elle me fait toucher…— Tu sais ce que c’est ?— Un sex-toy… Non, un plug.— Bravo.Manon porte un plug. J’ai juste senti une forme circulaire et je me souviens très bien de ceux que j’ai vus il y a quelques jours, de forme, de matière, de taille différente.— Tu ressens quelque chose ?Il me faut quelques secondes pour comprendre le sens de sa question et je réalise alors que je suis troublé au point de déclencher une érection. Je bande… Je ne peux le nier car Chloé a le regard dirigé vers mon ventre et la bosse que je découvre en même temps qu’elle. Je ne sais quoi dire.— Tu vois. Alors, laisse-toi faire. Si tu veux, je te laisse seul avec elle ?Le « Je veux bien » est un aveu de faiblesse… Le fait de retourner m’asseoir dans ce fauteuil avoue mon envie.Chloé quitte la pièce non sans avoir dit à Manon :— Je te fais confiance. Ne me déçois pas. Si tu échoues, je te punirai.Elle s’agenouille devant moi. Aussitôt, elle s’attaque à mon zip. Je suis comme paralysé. Je découvre avec elle la réalité de mon érection. Je pensais qu’elle allait tout de suite me prendre dans sa bouche, mais non. Elle prend le temps d’enlever mes chaussures, mes chaussettes, tire sur mon pantalon alors que je me surprends à me soulever pour l’aider. Je fais la même chose avec mon slip. Mais elle ne s’arrête pas là , ma chemise me laisse nu, nu devant cette beauté dont, même si je sais que c’est sur ordre, je suis le centre de son attention.J’attendais une fellation, elle me caresse de ses lèvres, descendant après un baiser furtif, vers un téton qu’elle titille de sa langue pour continuer, et après un regard qui affiche le vice et la perversité que mon éducation condamne, elle les pose sur mon gland.Alors, alors, les anges du paradis doivent se cacher les yeux et se boucher les oreilles. Je suis le Sodome et Gomorrhe qu’il ne faut pas regarder sous peine de finir en statue de sel.Ma statue à moi n’est pas de sel sinon elle se serait dissoute avec la salive de celle qui me suce. Au contraire, elle grossit et durcit encore et encore.Manon est silencieuse. Je parle pour elle. Je me surprends à gémir, pousser des petits cris sous ses caresses, nouvelles pour moi. Elle est silencieuse, mais son regard parle pour elle. Elle le fait sur ordre mais c’est un ordre qu’elle apprécie, sinon, pourquoi son regard serait si parlant et m’entraînerait avec elle dans les dédales du plaisir.Ce qu’elle ne prend pas dans sa gorge, elle le caresse de sa langue, de ses mains. Des mains douces, peau de velours qui pétrissent mes bourses qu’elle gobe aussi.Mon sexe est brillant, humide. Les lèvres de Manon laissent couler des filets de sa salive et je m’étonne de ne pas trouver cela glauque. Et ce regard ! Ce vice affiché ! Ce plaisir qui transpire !J’annonce dans un dernier souffle :— Je viens, je viens ! Réalisant au dernier moment qu’il ne faut pas qu’elle reçoive mon sperme dans sa gorge.Par quelques mouvements de sa main, elle termine son doux labeur et dirige ce qui jaillit de ma verge sur son propre corps, sa poitrine se tachant de coulures blanchâtres.Un silence se fait. Je n’ose plus la regarder en face. Je ne peux quitter du regard ses mains qui étalent ce que j’ai craché, pour un massage dont je saisis toute la dépravation.Chloé réapparaît comme si elle savait que c’était terminé.(Je saurai plus tard qu’un miroir est sans tain et que de l’autre côté elle nous regardait. Mais je saurai aussi que le mari de Manon avait demandé que tout soit filmé pour qu’il puisse en déguster les meilleurs passages.)— C’est bien. Alors Albin, comment c’était pour une première fois ?— Divin. Mon Dieu, quel sacrilège, utiliser ce terme pour qualifier une fellation ! Mais je chasse cette idée. Après tout, si Dieu nous a fait ainsi, c’est bien pour que cela serve…— Manon mérite d’être récompensée, tu ne crois pas.— Si bien sûr !En disant cela, je ne m’attendais pas du tout à ce que Chloé la prenne par la main et l’entraîne dans une autre pièce. C’est en me levant que je prends conscience de ma nudité. J’hésite à me rhabiller, mais j’entends un « Tu viens ? » qui ne souffre pas de délai.Non, je ne m’attendais pas à ça. Chloé qui attache Manon, par les poignets au plafond bas, les bras très écartés pour compenser la faible hauteur et les chevilles au sol dans un même mouvement, ce qui immobilise la Soumise.Je réalise que je pense « Soumise » autant que « Manon », sa position lui donnant tout naturellement ce qualificatif.Non, je ne m’attendais pas à ça alors qu’elle se saisit d’une sorte de badine dont l’extrémité est plate. Qu’elle questionne la prisonnière :— Lui ou moi ? Tu as exceptionnellement le droit de choisir. C’est ta récompense.Récompense ? Le choix de celui qui va vous frapper ?Je me retrouve la badine en main, avec un conseil :— Sur les fesses, bien à plat. J’ose un refus poli.— Merci mais non, je ne saurais pas.— On lui a promis un cadeau, tu dois le faire.Non, je ne m’attendais pas à cela.Mon premier coup est mal assuré.— Soumise, je t’accorde le droit de lui parler.— Merci Maîtresse. Plus fort s’il vous plaît.Non, je ne m’attendais pas à cela.Frapper. Découvrir que les cris de la femme ne sont pas que de douleur, mais mêlés de plaisir.Apprécier d’entendre des : Oui, comme cela, encore, merci.Non, je ne m’attendais pas à ça !__________________________________________Bien entendu, je ne fais pas le récit complet de ma rencontre avec Chloé et tout ce que cela a entraîné. Il suffit à Alice de savoir que celle qu’elle croit, juste ma maîtresse, est « spéciale » et que son métier lui a permis de me « décoincer ».Mais, pas plus.Non, pas que, pour totalement me libérer, ma maîtresse a suivi des chemins tortueux.Non, pas que, si Alice peut la considérer comme ma maîtresse, en réalité, je suis lentement devenu son obligé, son Soumis.Non, pas que, si je deviens un mari entreprenant, c’est sur ses ordres, ordres que je suis bien volontiers.Non, pas que, pour me motiver, Chloé me fait porter une cage et un plug. Une cage qui, lorsque je la quitte, donne à ma verge une envie de gonfler. Un plug, s’il est discret, est équipé d’une bille mobile que je sens bouger lorsque je baise mon épouse.— Waouh. Quelle rencontre ! Quel hasard ! Un hasard qui a bien fait les choses. Mon Chéri, je te le répète, je suis heureuse autant pour toi que pour moi. Cette femme doit avoir un don particulier et je l’envie. Si seulement tu l’avais rencontrée plus tôt je n’aurais pas eu besoin de… Enfin, tu vois, d’aller ailleurs… Mais maintenant, tout cela est derrière nous. Bien entendu, je cesserai de voir d’autres hommes et j’imagine que tu feras pareil de ton côté. Nous allons enfin vivre une vie de couple.— Bien sûr.ALICEJe ne sais pas pourquoi mais le « Bien sûr » m’a paru bien tiède, sans réel engagement. Il est vrai qu’en y réfléchissant, la maîtresse de mon mari, cette Chloé, devait vraiment avoir quelque chose de spécial. Albin était englué dans une telle « bien-pensante éducation » que malgré tous mes efforts je n’avais pas réussi à l’en extraire. Alors qu’elle, si. Et cela ne marchait pas que pour le sexe. Certains de nos amis m’avaient posé la question :Dis-donc, Albin est changé, il est dopé ou quoi ? On ne le reconnaît plus, lui, toujours en retrait, a pris une assurance folle ! J’ai aussitôt eu un doute. J’ai fait une chose horrible, mais si je voulais sauver mon couple, je devais le faire. Je l’ai suivi. J’ai trouvé l’adresse du sex-shop où il se rendait, car c’était là qu’ils se retrouvaient, pas à l’hôtel ou chez elle._____________________C’est la première fois que j’entre dans ce genre de magasin. Autant les vitrines sont « soft », autant, dès le pas de la porte avec son petit sas franchi, on pénètre dans un autre monde. Je remarque tout de suite les deux vendeuses, en réalité une femme et un homme. Je fais celle qui visite tout en regardant discrètement vers la vendeuse. Je visite et découvre tout ce qui touche à la sexualité. Les rayons avec tant de jouets que je suis admirative devant l’inventivité des gens. L’étage avec ses cabines d’où suintent des sons qui ne laissent aucun doute sur ce qui est visionné. Une salle plus grande, déserte. Le sous-sol ! Oh, le sous-sol est à voir absolument si on veut découvrir jusqu’où certains peuvent aller pour le plaisir. Heureusement que des mini-vidéos en montrent l’usage.Mais c’est en remontant les escaliers que je me retrouve face à la vendeuse. À la façon dont elle me regarde tout en me saluant et disant :— Je peux vous aider, Madame ? Vous cherchez quelque chose en particulier ?Je vois qu’elle me reconnaît. Que je suis bête ! Albin a bien dû lui montrer quelques photos de moi.Nous nous regardons. Le doute n’est pas permis cependant je demande :— Seriez-vous Chloé ?— Oui.— Je suis Alice, l’épouse de…— Je sais.Quelques secondes où nous nous toisons. Elle est belle, autant brune que je suis blonde, plus grande que moi.— Rassurez-vous, je ne suis pas ici pour faire un esclandre. Mes paroles semblent la rassurer. C’est juste que j’aimerais comprendre. Déjà une question : est-ce qu’Albin vous a dit que nous avions parlé de vous ?— Non, je ne le savais pas. Depuis combien de temps ?— Deux semaines.— Ah ! Et vous voulez que nous parlions de quoi ?— Albin m’a parlé de votre rencontre, mais tout me semble surprenant. Il a changé.— Écoutez, je n’ai pas le temps maintenant, mais si vous êtres encore dans le quartier à 13 h, je vous propose de manger ensemble.Notre conversation, si elle a été polie, ne m’avance pas vraiment. Sauf peut-être, et ce n’est pas anodin, que leur liaison est purement sexuelle. Également que l’ambiance du sex-shop a été déterminante. Mais pas plus. Je n’ai pas osé poser les questions qui me taraudaient du genre : Comment l’avez-vous séduit ? Ou bien est-ce lui qui a fait le premier pas ? Comment l’avez-vous sorti de cette bouillie sectaire et rétrograde qui le bloquait dans sa libido ? Pourquoi s’intéresser à un homme qui est si loin de votre milieu ? Et tant d’autres questions. Mais sans que je l’aborde ou le demande, c’est elle qui spontanément propose :— Maintenant que vous savez, je vais cesser de le voir.— Merci, mais vous avez bien vu que lui n’a pas l’air de le vouloir.— Ne vous inquiétez pas, je sais comment le décider.— Je sais que ce n’est pas mon rôle d’épouse de dire cela, mais est-ce que cette rupture ne va pas le déstabiliser et le faire régresser comme avant ?— Au contraire. Si vous me faites confiance, votre couple aura tout à y gagner. Mais il faut vraiment me faire confiance.J’hésite à peine. Cette femme à un don et je ne vois pas ce que j’ai à perdre.— D’accord.— Attention, cela risque de vous étonner, probablement même vous choquer, et je ne veux pas que vous vous rétractiez au dernier moment.— Vous avez ma parole._____________________La porte s’ouvre, mais en face de moi ce n’est pas la femme avec qui j’ai déjeuné il y a quelques jours.Celle qui me fait entrer est différente, très différente. J’ai rencontré une femme, certes très belle, certes affirmée, mais rien de comparable avec ce que je vois.Sa robe en matière synthétique rouge la moule outrageusement et le zip complet la fait encore plus provocatrice. Elle est courte, mais de grandes bottes prennent le relais. C’est comme certains mannequins de sa boutique. Je ne peux retenir un :— Eh bien, si je m’attendais.— Je te choque ?— Non, mais surprenant. On se tutoie ?Elle sourit.— On a un point commun.— Albin ? Mon mari ?— Albin, oui, mais ce soir si tu l’acceptes, tu seras plus que sa femme. Toujours partante ?— Encore plus. Cette robe te donne un aspect… Oui, c’est ça, une peu démoniaque…— Sois patiente. Suis-moi. Mais pas un mot, c’est capital. Même si tu es surprise.J’obéis. Elle m’entraîne au sous-sol. Avant d’entrer dans une des pièces, elle me fait à nouveau signe de ne pas parler.J’en comprends aussitôt la raison. Un homme est là , nu, attaché, harnaché et cet homme c’est mon mari. Je le reconnais et pourtant il a un bandeau sur les yeux et des choses qui… Mais c’est bien lui… Je ne peux m’empêcher d’approcher alors que Chloé m’impose à nouveau le silence.Attaché, poignets et chevilles. Aveuglé par un bandeau manifestement très ajusté. Muet par un autre bandeau avec une sorte de boule qui sort de ses lèvres. Un collier métallique autour du cou duquel pend une lourde chaîne. Les tétons pincés avec des poids qui les tirent vers le bas. Le sexe réduit à une sorte de pauvre chose, recroquevillé dans une cage métallique manifestement accrochée à un anneau qui enserre la base de la verge. Et derrière, cette ombre noire, alignée dans la raie des fesses, ombre qui fait penser qu’un plug est dans son fondement.Dominé ! Soumis ! Je comprends maintenant la tenue de Chloé, de sa Maîtresse. Albin est son jouet. Je comprends, mais me demande comment cela est arrivé. Il n’est pas entré un jour en homme libre, visitant la boutique et ressorti dans la foulée en Soumis ! En tout cas, si cela n’explique pas tout, au moins cela peut être une explication, bien étonnante, de la conversion de mon mari à une sexualité plus assumée.Mon Dieu, Albin !— J’ai une surprise pour toi. En réalité, deux surprises. Tu m’écoutes ? Il hoche de la tête tout en tournant, par réflexe, le visage dans la direction de la voix.— Bien. La première n’est pas vraiment une surprise, mais le résultat d’une décision que j’ai prise. Tu es attentif ? Même hochement. Mais Chloé tape une fesse avec sa main. Mieux que cela ! Le mouvement est nettement plus marqué.Ce soir est ma dernière séance avec toi. La réaction est immédiate, il cherche à bouger, on entend un grognement qui sort de ses lèvres, il bouge la tête.Chloé se saisit d’une sorte de martinet et frappe son Soumis qui cesse aussitôt de s’agiter.— Je suis encore ta Maîtresse. Je n’accepterai aucun relâchement.Nous avons fait le tour du sujet. Pour continuer avec un peu de piment, il faudrait que ton épouse vienne se joindre à nous… Je sens la provocation, soulignée par un sourire, mais Albin n’est pas de cet avis. Il refuse de la tête.Pourquoi pas ? Peut-être qu’elle apprécierait nos jeux. Tu m’as dit que vous vous aimez, c’est bien le cas, tu aimes ton épouse, Alice ? Le oui de la tête est comme un cadeau. Tu serais prêt à tout pour elle, n’est-ce pas, la preuve, ta présence avec moi pour être enfin un mari, un amant et ne plus la laisser dans les bras d’autres hommes. le mouvement est moins marqué, cependant bien visible. Quelle belle preuve d’amour !Mais je ne vais pas te laisser seul. Tu as encore des progrès à faire pour devenir un amant parfait. Je ne suis pas seule avec toi. Quelqu’un m’accompagne. Une amie, une femme dominante qui va prendre ma suite. Mais avant de se décider, elle veut te juger. Tu es prêt ? Il hésite, mais acquiesce cependant. Ce soir elle va m’assister et si elle accepte de prendre ma suite alors elle se présentera à toi, mais pas ici, dans le lieu qu’elle décidera. Elle te contactera et toi de ton côté tu accepteras ou pas.Elle va t’enlever ton bâillon.D’un geste, Chloé m’invite à le faire. J’ai un peu de mal avec la lanière et la boucle. Il gronde car manifestement pour le détacher, je suis obligée de tirer un peu.Voilà , je l’ai fait. Je tiens dans ma main ce bâillon avec cette boule gluante, constatant que des filets de salive s’écoulent des lèvres de mon époux.C’est à cet instant que je prends conscience de ce que sa Dominatrice me propose. Prendre sa suite et devenir la Maîtresse d’Albin. Quelle drôle d’idée ! Je n’ai aucune prédisposition pour ce rôle. Je savais que cela existait, mais pas plus. Je ne jugeais même pas, ignorante de ce que cela impliquait ! Mais la femme ne me laisse pas de répit.Elle saisit ma main et en pousse deux doigts dans la bouche d’Alban. Il suce mes doigts comme une femme suce un sexe d’homme.Elle guide ma main le long du torse pour se saisir d’un poids de téton, le lever, le tirer vers le haut entraînant un gémissement que plus rien n’empêche de s’exprimer.— Tu as mal ? demande Chloé.— Oui, Maîtresse. Je remarque la voix assurée, mais qui officialise sa douleur.— Tu veux qu’elle arrête ?— Non, Maîtresse, continuez si vous voulez ! La soumission est évidente, puissante, acceptant la douleur, laissant à sa Maîtresse la liberté de continuer ou pas. Total abandon entre les mains d’une autre personne. Et dire que c’est ce « traitement » qui a libéré mon mari !!! Chloé me fait continuer. D’une certaine façon, je me laisse guider par elle, adjointe de sa domination, future prêtresse, mais pour l’instant « à ses ordres ».Elle continue de me guider. Après les tétons et leurs poids, la verge embastillée, les bourses libres cependant contraintes par des tensions.Il gémit lorsqu’elle me fait refermer ma main par une étreinte puissante sur les couilles de mon homme. Il n’attend pas la question manifestement « programmé » par des jeux antérieurs.Comme il dit « Merci » alors qu’elle me fait saisir ce qui se moule dans la raie de ses fesses pour le tirer et extraire une masse sombre, une double masse, deux formes profilées pour mieux se lover au plus intime. Je peux en apprécier la taille et la longueur car il m’arrive dans des moments de solitude sexuelle de me prendre avec mon plug et me « vibrer » le clitoris avec mon sex-toy. Mais j’ai à peine le temps de voir l’anus respirer, encore ouvert du passage de l’objet qu’elle me le fait repousser dans une glissade sans fin.Mon Dieu, jamais je n’aurais imaginé cela. Une maîtresse, amante classique, oui. Mais une Maîtresse comme Chloé avec tout ce que cela entraîne, jamais ! Et pourtant ! Peut-être fallait-il une vraie transgression, des plaisirs dérangeants, des pratiques que beaucoup condamnent pour extraire mon mari de son puits de bondieuseries bigotes.Elle m’invite aussi à claquer les fesses d’Albin, fesses dont la peau rosit sans déclencher de demande de grâce. Au contraire, on dirait que tout son corps vient au-devant des coups.Et puis tout cesse. On dirait que Chloé réfléchit. Elle a pris sa décision. Elle me fait le geste de patienter et alors, dans un silence à peine troublé par le cliquetis de bracelets qui s’ouvrent, elle libère mon mari.C’est en prenant la lourde laisse de métal qu’elle le tire derrière elle.Un geste suffit pour m’inviter, d’ailleurs pas vraiment nécessaire, car de toute façon j’aurais suivi.Une autre pièce. Avant d’en voir la vidéo, je n’avais aucune idée à quoi pouvait bien servir cette sorte de balancelle. C’est une des découvertes parmi tant d’autres que j’avais faite lors de ma visite de reconnaissance.Je me sens inutile tellement leur ballet paraît bien réglé. Albin, bien qu’aveugle, sait comment se placer afin que sa Maîtresse puisse l’attacher et ne faire qu’un avec cette balançoire.Chloé me fait signe pour qu’on s’éloigne un peu.— Ça va ? Pas trop choquée ? me demande-t-elle.— Surprise, totalement surprise de ce que je vois. Mais j’ai conscience qu’il fallait un choc de cette importance pour qu’Albin se libère vraiment.— Est-ce que tu veux prendre ma place maintenant ?— Je ne sais pas. Il faut faire quoi ?Elle me montre l’objet posé sur un meuble. Un gode, un gode ceinture avec deux sexes. Je le regarde. Il paraît imposant. Mais je me vois mal avec cet objet, obligée de me dénuder pour m’en équiper et de m’en servir sur Albin… Devant cette femme qui a l’expérience que je n’ai pas…— Je ne suis pas prête pour ça. Je veux juste regarder.Elle n’insiste pas mais, étonnamment, ne s’empare pas du jouet alors que je l’imaginais s’en ceindre. Non, elle dit juste :— Si tu es surprise, surtout ne le dis pas. Aussi, sache qu’avec Albin on a fait le nécessaire pour ne plus avoir à se protéger.Je ne comprends pas pourquoi elle insiste tant sur mon silence. Je viens d’en apporter la preuve. Je suis capable de me retenir. Par contre, j’apprécie sa remarque sur la sécurité. De mon côté avec mes amants j’étais toujours extrêmement prudente.Elle tire sur son Zip. Sa poitrine jaillit, magnifiques seins avec des tétons très marqués. Elle croise mon regard et me sourit. Je suis le chemin du zip qui s’ouvre encore plus et sépare, en deux, la robe si moulante. Elle ne porte rien dessous et son intimité… Son intimité…Mais c’est une verge qui apparaît !!!Oui, un sexe d’homme. Aucun doute. Une tige qui pend, des bourses que l’on devine. Chloé est un homme… Non, un… Une…Le monde à l’envers. C’est d’une certaine façon la touche qui complète le tableau stupéfiant de mon mari en Soumis, actuellement allongé, ligoté, immobilisé sur une couche de cordes que la vidéo démontrait d’une perversité démoniaque.Il ne s’étonne même pas alors que Chloé lui fait sentir l’extrémité de son sexe. Extrémité protégée du regard et du reste par un capuchon de peau.Ses lèvres s’ouvrent. Chloé y dépose son cadeau, aussitôt enveloppé par une langue avide.Alors le sexe gonfle. La peau se rétracte, plus exactement elle n’est plus assez grande pour couvrir ce qui pointe maintenant, un gland. Un gland rose, déjà brillant de la salive de celui qui le lèche.Et puis la bouche s’ouvre assez pour le passage du bâton. Albin est dans une position inconfortable, la tête ne reposant plus sur le filet qui supporte son corps, mais ainsi sa gorge est « accessible ».Chloé ne se prive pas de cette gorge accueillante. Avec ses mains, elle entretient un balancement qui fait que son sexe, bien que fixe, disparaît puis réapparaît de la caverne gluante.J’entends le clapotis que d’aucuns jureraient infâme, mais qui est celui naturel d’une verge tendue qui brasse la salive du Soumis.Il ne proteste pas et pourtant par instant j’ai l’impression que le mandrin disparaît totalement ne laissant que deux bourses qui se frottent à son nez…Mon mari, Albin suce une queue de mec. Dieu, si ses parents le savaient, ils le condamneraient à l’enfer.Une seconde, je me dis que Chloé va cracher son sperme dans la gorge de mon époux, mais non.Elle l’en prive. Elle fait le tour et tout en me regardant, retire le plug qui occupait le « cul » de son Soumis. Il n’est pas nécessaire d’être devin pour imaginer.Elle fait couler un liquide gras qu’elle concentre vers l’objet de son désir.C’est le « cul » qui vient s’empaler et non l’inverse. Bien vite, le mandrin disparaît. Le soupir qui sort des lèvres de mon mari n’est pas de douleur. Je ne doute plus que depuis quelque temps ce chemin soit souvent occupé et probablement dilaté.Elle me fait signe d’approcher. Je la vois retirer la cage qui enfermait la petite chose toute molle mais qui se déploie comme une fleur au printemps.Elle l’encule.Elle le branle.Je ne suis que spectatrice et pourtant j’aimerais pouvoir… Mais non, de toute façon, il est trop tard. La balancelle bouge avec tant de force que le claquement des peaux remplit la pièce.Alors ! Alors ! Un cri accompagne l’éjaculation de mon mari, foutre qui jaillit et va s’étaler sur son corps en coulures et gouttes généreuses.Alors ! Alors, elle jouit. Ils sont tous les deux rivés l’un à l’autre, liés l’un à l’autre, Soumis l’un à l’autre…Même une Dominatrice donne des signes de faiblesse lorsqu’elle éjacule…Épilogue— Bonsoir, à qui ai-je l’honneur ? Albin répond à mon appel téléphonique. Appel masqué. J’ai aussi déguisé ma voix le mieux possible. Manifestement, il ne remarque rien.— Je t’appelle de la part de ta Maîtresse, Chloé. C’est moi qui vais prendre sa suite.— Ah ! Vous étiez…— Oui, j’étais présente. Je te propose un premier rendez-vous. Moi je suis d’accord pour te prendre comme Soumis, mais il faut que tu donnes ton accord. Tu veux toujours continuer ce jeu ?— Oui… Oui, Maîtresse. Que dois-je faire ?— Demain, Hôtel du Passage, Rue Maringalle, Chambre 35, 21 heures. J’entends sa respiration. Deux secondes avant qu’il réponde.— Oui Maîtresse. Dois-je porter quelque chose de particulier ?— Non, tout te seras fourni sur place._____________________J’ai loué deux chambres communicantes, ainsi je peux, ayant entrebâillé la porte de séparation, le voir s’équiper.En arrivant, il a trouvé un mot lui expliquant qu’il devait s’habiller avec ce qui est sur le lit. Je le vois donc quitter ses vêtements masculins pour revêtir tout ce qui fait la féminité, c’est-à -dire, en premier, la lingerie. Évidemment que tout est à sa taille. La perruque blonde, le corset-porte-jarretelles avec les bas, la petite culotte si mini que son sexe montre des velléités de se montrer.Il a tout de la petite femelle. Il ne sait pas que je le regarde. Il prend la pose devant le miroir.J’entre.La stupeur est un mot bien faible lorsqu’il constate que c’est moi. Les mots n’arrivent pas à sortir de ses lèvres. Enfin, il bredouille :— Alice ? C’est toi, mais que fais-tu là  ? Attends, ne va pas imaginer que… Pendant quelques secondes, il cherche comment expliquer sa tenue, sa présence, enfin tout…— Je suis ta nouvelle Maîtresse.— Non… Quoi ? Mais… Tu…— J’étais avec Chloé. Tu m’as menti, tu continuais de la voir. Je t’ai suivi et je l’ai rencontrée. On a parlé et elle m’a invitée à ta dernière séance.— Tu… Tu…— Oui, j’ai tout vu. Évidemment que j’ai été surprise. Je ne m’attendais certainement pas à cela lorsque tu m’avais parlé d’une maîtresse. Mais d’une certaine façon, je comprends. Alors j’ai décidé de prendre sa suite. Tu as quelque chose contre ?— Non… Oui… Enfin, je…— Arrête de bégayer. Assieds-toi sur cette chaise. Tiens, prend ces cordes. Attache tes chevilles aux barreaux. Il est comme un somnambule qui exécute sans réagir. Bien, maintenant, pose tes bras sur les accoudoirs, je vais t’attacher. Je me suis entraînée car je suis plutôt maladroite et pas manuelle pour un sou. Ça va ? Ce n’est pas trop serré ?— Non, ça va.— Ça va, Maîtresse. Dernier avertissement. J’essaie de me glisser dans mon nouveau rôle. J’ai invité quelqu’un pour ma première séance. Pas d’objection ?— Non, Maîtresse.— Tu peux venir.Elle fait son entrée. À nouveau, il est stupéfait. Il découvre que c’est Chloé.— Pour cette première fois, tu ne seras que spectateur. Ce sera ta punition. Non pas pour ce jeu mais pour m’avoir menti après nos confidences et pour avoir continué de la voir.C’est une punition pour lui, mais une façon pour moi de réaliser un fantasme qui me hante depuis que j’ai découvert la réalité sexuelle de Chloé. Elle a accepté mon invitation en toute connaissance de cause. J’avais compris que je ne lui étais pas indifférente.Mon premier baiser de femme.Ce plaisir si particulier de caresser une poitrine alors que d’autres mains s’occupent de la mienne.Ce regard qui ne nous quitte pas.Ce dernier rempart qui saute pour laisser apparaître ce sexe d’homme déjà dressé, preuve de son désir pour moi.Ce cunni qui me fait jouir très vite.Ce bâton que je suce et déguste sous le regard de mon mari. Un mari dont la petite culotte laisse apparaître un gland et ce qui le prolonge.Ce sperme qui me remplit la bouche et que dans un geste obscène je vais porter aux lèvres de mon Soumis.Cette bite qui ne faiblit pas, que je flatte de la main alors que je mange les tétons de la magnifique poitrine de Chloé.Ce sexe sur lequel je m’empale, prenant bien soin à ce que mon mari puisse voir ce qui me possède.Ces cris que je pousse alors que je me baise avec vigueur.Ce regard d’Albin qui ne quitte plus le mien, partage ultime dans le plaisir.Cette compassion qui me fait quitter le mandrin pour venir me mettre en levrette, face à Albin.Ce geste de femme qui libère le mandrin de la petite culotte de mon Soumis.Ce sexe qui me reprend alors que mes lèvres enveloppent le gland de mon mari.Ce mouvement si bon qui m’incite à gober encore plus du bâton marital.Cette puissance qui me laboure.Cette main qui dirige vers mon petit trou…Oh, Chéri, Albin mon amour, tu avais raison au moins sur un point dans toutes tes bondieuseries d’une autre époque. Oui, il existe. Mais pas au ciel, sur terre, oui, le paradis existe…