– ALICIA –J’ai toujours aimé le sexe. Cet aveu peut paraître surprenant pour une femme de vingt ans mais c’est une réalité. D’ailleurs je n’ai pas honte. Il faut juste être prudent car si on parle de sexe partout, il n’est pas bon de s’afficher. Chez les people peut-être ! En tout cas pas dans ma famille.La première fois, j’avais quinze ans et cela m’a servi de leçon car le garçon s’en est vanté. Depuis, je suis très discrète. Je ne veux pas me faire cataloguer dans la catégorie de « celles-qui-couchent ». Maintenant c’est plus facile. À la fac, je n’ai plus ce genre de problème. Comme je vis toujours chez mes parents, tout se passe ailleurs. Il ne m’est jamais venu à l’idée d’amener un copain chez moi. Oh, mes parents ne m’ont jamais rien dit, mais à part une mise en garde de ma mère sur le sida et les risques du sexe, le sujet n’a jamais été abordé.Ce soir-là – il est bien trois heures du matin – Greg et moi sommes en route pour son appartement lorsqu’un couple sort d’un porche juste devant nous. Je suis tout étonnée de reconnaître mes parents qui s’éloignent pour monter dans leur voiture. Ce qui me surprend, c’est que mon père porte un sac de voyage à la main. Curieuse, je retourne sur mes pas pour retrouver le porche d’où ils venaient. Manifestement c’est une boîte de nuit. Il est juste indiqué « Chez Amiguaelle – Club privé ».Cette rencontre me turlupine et, à peine arrivée chez Greg, je me renseigne sur le Net et quelle n’est pas ma surprise de constater que c’est un club échangiste. Ce n’est pas possible ! D’accord, ils sortaient de là , mais il doit y avoir une raison. À la maison, je n’ai pas souvenir d’avoir vu mon père ou la mère autrement qu’habillés ou au pire, en peignoir. Mieux, au début de ma sexualité, il m’arrivait de surveiller les bruits qui provenaient de leur chambre. Rien. Rien non plus lorsque je fouillais leurs affaires à la recherche de « je ne sais quoi ». Il y avait bien ce placard fermé à clé dans leur salle de bain, mais ils m’avaient bien indiqué que c’était pour les médicaments.Ce placard je l’ai ouvert, après des ruses de sioux pour subtiliser les clés, le temps de faire un double. Et là , le ciel m’est tombé sur la tête. Des robes, des chemisiers, des jupes, de la lingerie, des accessoires sexuels et même des liens et des menottes. Tout le parfait attirail de la séductrice et d’une vie de couple animée. Même avec tout cela sous les yeux, je ne pouvais imaginer ma mère, d’habitude toujours très BCBG, portant ces tenues.Alors, tout en essayant de ne pas changer mes habitudes, je les ai surveillés et un mois plus tard j’étais derrière eux lorsqu’ils ont franchi la porte du club. La preuve est là . Ils sont échangistes, eux ! Incroyable ! Inimaginable ! Impossible !Il n’existe pas de pire aveugle que celle qui ne veut pas voir. J’ai compris. Mon père est médecin, ma mère infirmière. Ils sont là pour leur travail.Je pense « Idiote, il faut savoir. Entre et tu sauras. »Je sonne à la porte. Un cerbère ouvre un judas.— C’est réservé aux adultes.J’insiste en montrant ma carte d’identité. Je fais très jeune et c’est souvent qu’il faut que je justifie de mon âge. Enfin il ouvre, et il me conduit dans un bureau où une femme est installée.— Bonjour, Mademoiselle. Que pouvons-nous pour vous ? Vous n’êtes jamais venue ?Je pense qu’il faut que je la joue fine. Si je dis que je suis à la recherche de mes parents, elle va me virer.— Non, jamais. Mais… Je me disais… Peut-être que…— Allons, allons. Vous savez où vous êtes ?Je décide de paraître tout de même plus informée et de montrer mon intérêt. J’imagine que la clientèle de jeunes femmes est toujours intéressante pour le club.— Oui, oui. Bien sûr. C’est un club échangiste. J’avais entendu dire que vous acceptiez des femmes seules. Mais j’aurais voulu avant… Je ne suis pas sûre… Et si on me reconnaissait…— Bien sûr, c’est tout à fait normal. Soyez rassurée. Vous pouvez entrer et regarder. Les femmes seules sont toujours admises gratuitement. Tenez, prenez ce masque et cette robe. Ainsi vous serez anonyme et personne ne vous importunera si vous ne voulez pas.Quelques minutes plus tard, ainsi travestie, elle me conduit dans une pièce qui fait bar et piste de danse. Dès qu’elle me laisse, je me tapis dans le fauteuil le plus éloigné, tout de même intimidée par ma propre audace. Plusieurs couples bavardent en buvant un verre, d’autres dansent. Tout de suite je repère mon père qui discute au bar avec une femme que je ne vois que de dos. Pas de trace de ma mère. Mais… Si… C’est elle. Elle danse mais j’ai du mal à la reconnaître. Elle porte une perruque blonde qui la change complètement, encore plus que cette robe qui la moule outrageusement. Même moi qui suis loin, je peux deviner qu’elle ne porte rien dessous. Son cavalier la pelote et cela n’a pas l’air de la gêner, au contraire, elle se tortille. Incroyable !C’est vrai ! Mes parents sont échangistes. Ce n’est pas que je sois choquée par ces pratiques, je suis mal placée pour critiquer, mais c’est le contraste entre mes parents à la maison et ici. Les enfants ont toujours du mal à imaginer que leurs parents puissent faire l’amour et surtout en avoir du plaisir.Maintenant les deux couples se dirigent vers le fond de la salle. C’est une curiosité malsaine, mais je veux voir. Je les suis. Ils entrent dans une pièce et ferment la porte. Je suis déçue mais en m’approchant je vois que la porte possède un hublot de verre et je peux voir à l’intérieur.Ils ne perdent pas de temps et les deux femmes sont déjà à genoux devant les hommes en train de s’occuper de leur verge. Je sais maintenant pourquoi mes copains disent que je suce bien. Je tiens cela de ma mère. Je sais bien qu’il n’existe pas de gène de bonne suceuse et c’est sûrement dommage pour certaines femmes, mais elle le pompe avec maestria et je sais reconnaître une experte. J’oublie un instant qui elle est, pour ne regarder que la technique. Le gars n’a pas un sexe très long et elle le prend entièrement dans la bouche. Je suis sûre que le gland chatouille sa glotte et bloque sa respiration, pourtant elle le conserve un moment ainsi. Je sais que les hommes adorent ce moment et si on les écoutait, jouir de cette façon suffit à leur bonheur. Les égoïstes, et notre plaisir alors !Merde, ils m’ont vue. Je bats en retraite avant de réaliser que le masque m’assure l’anonymat. C’est aussi bien. Il n’est pas sain de regarder ses parents en train de baiser.Je reprends mes esprits et je me dis que, puisque je suis là , rien ne m’empêche de visiter et de faire la voyeuse. C’est un vrai dédale de pièces, de couloirs qui cheminent sur deux étages. Je ne suis pas une oie blanche, et j’ai déjà entendu parler de ce genre de club, mais le voir c’est autre chose. Certaines pièces sont fermées, d’autres ouvertes. Manifestement le code est simple. Certains acceptent ou souhaitent avoir des spectateurs, d’autres veulent conserver une certaine intimité. Je trouve même une pièce dont une cloison entière est en verre sans tain. Ainsi ceux qui sont de l’autre côté ne savent pas si on les regarde, ni qui les regarde. Un homme, une femme, un mari, un amant, un couple ? Quel jeu pervers.Ce n’est pas le cas de cette femme, plus toute jeune, qui mobilise trois hommes autour d’elle. Manifestement elle apprécie leur vigueur et chaque fois qu’elle abandonne la verge qu’elle suce, c’est pour encourager ses baiseurs qui la prennent par les deux côtés. Tiens, voilà une chose que je n’ai jamais faite ! Deux hommes en même temps. Ses seins lourds se balancent au rythme de la possession. Qui est le mari ? Est-elle venue seule ?Je continue ma visite. Je découvre. Tout ce spectacle me trouble. Il faut rentrer.En arrivant sur le trottoir, je constate qu’il pleut. Zut ! Je suis venue en scooter. Je vais être trempée. Mais après tout, cette pluie va faire disparaître ce trouble que ma visite a déclenché.Je fais à peine quelques pas, qu’un gars sort de l’ombre et commence à me traiter de tous les noms.– CYRIL –Bonjour. Je m’appelle Cyril et j’ai trente ans. Je travaille dans une société de logiciels et j’ai la possibilité d’organiser mes journées comme je l’entends. C’est très agréable mais il faut savoir gérer son temps. J’adore me balader dans Paris et regarder autour de moi. Les femmes m’attirent. J’aime les regarder, deviner ce qu’elles portent sous leurs vêtements, imaginer qu’elles vont rencontrer leur mari, leur amant. Attention, jamais un geste déplacé ou une incruste. Non, juste le plaisir de regarder. J’observe, c’est tout.Je vis depuis un an chez une copine et nous nous entendons vraiment très bien. Elle est flic et de ce fait, a des horaires chahutés, mais on s’arrange. Son appartement est dans un immeuble séparé par une grande pelouse d’un autre du même genre. Pendant ses services de nuit, j’ai pris l’habitude d’observer mes voisins. Tous ne ferment pas les rideaux – il n’y a pas de volets – pensant que la distance est suffisante pour garantir leur intimité.Depuis plusieurs mois maintenant, je me suis transformé en voyeur. J’ai même acheté un télescope avec un appareil photo. Je sais que c’est interdit par la loi, mais je ne vais pas faire de chantage ou balancer sur le net. Non, c’est juste pour le fun. Il faut dire que parmi toutes ces fenêtres, j’ai découvert une perle. Il s’agit de l’appartement d’un jeune noir qui a une vie sentimentale agitée. Régulièrement, de jour ou de nuit, il reçoit des femmes, jeunes et moins jeunes, blanches et noires, le vrai panel représentatif des habitantes du coin. Il faut dire qu’il est beau gosse, enfin, ce que moi je peux en juger. Il m’arrive de le rencontrer chez les commerçants et il semble connaître tout le monde. Donc, je l’observe et ma collection de photos ferait des jaloux, d’autant que la plupart du temps il n’éteint pas la lumière sauf si la fille le demande.Aujourd’hui j’ai trouvé un mot sous ma porte qui m’a surpris. Il était écrit.« Ce soir, regarde bien ! »Il est évident que je suis découvert et que mon « cobaye » sait que je l’observe. Je me rassure en me disant que, s’il était en pétard il aurait agi autrement. C’est donc avec impatience que je surveille ses fenêtres.Enfin, il est minuit passé et les lampes s’allument chez lui. L’éclairage de son entrée, je suppose. Pour l’instant je ne vois que deux ombres qui entrent dans sa chambre, deux ombres chinoises qui se détachent sur un fond de lumière. Le ciel est couvert et la lune cachée par les nuages ne me permet pas de voir mieux. Mais c’est aussi bien, je ne distingue que des silhouettes qui se rapprochent, s’éloignent, se touchent, se caressent. Les courbes ne laissent aucune ambiguïté sur le sexe de l’ombre. Un pull s’élève sur les bras tendus au ciel avant de tomber au sol. Un pantalon est tiré. On devine des mains qui dégrafent un soutien-gorge, un slip qui glisse. La femme est nue. Son profil laisse deviner une belle plante, des petits seins bien pointus, une croupe galbée. C’est à elle de s’occuper de l’homme et rapidement lui aussi est nu, enfin le bas c’est sûr, car le sexe apparaît en demi érection. La fille s’agenouille et je vois son visage s’approcher jusqu’à ce que la barre sombre de la verge disparaisse et que je ne puisse plus distinguer la tête de la fille avec le bas-ventre du garçon.Elle se sépare de lui et la barre sombre sert de lien entre la bouche dont j’imagine les lèvres entourant le pieu et le bas-ventre cambré qui sollicite la fellation. C’est terriblement excitant, bien plus que si la lumière éclairait la scène. Bravo pour la mise en scène. Je suis sûr que le baiseur appréciera les photos que je prends. La fille s’occupe bien de lui, j’aimerais que mon sexe, raide de cette vision, trouve le chemin de cette gorge gourmande. Mais c’est là -bas que cela se passe. Je ne suis que le spectateur. Elle le suce avec application avançant et reculant de plus en plus rapidement. La coquine doit aimer cela.Mais il veut changer. Il la place au bord du lit. Magnifique ombre de cette femme à quatre pattes, les seins pendants, les tétons saillants, la croupe offerte au mâle. La queue disparaît et maintenant il la baise. Ses mains vont prendre possessions des seins et il me semble apercevoir l’ombre d’une main qui glisse vers le pubis. C’est certainement celle de la femme qui est maintenant en appui sur la tête, offrant une cambrure de déesse.Ils s’activent. Je prends photo sur photo. Mon sexe est dur de ce qu’ils me montrent. La lumière qui jaillit me surprend. Il a dû allumer dans la chambre. Je distingue maintenant tous les détails des deux corps qui s’adonnent au plaisir. La femme est noire, son corps ondule. Elle va jouir. Son amant prend ses cheveux et tire comme un dresseur sur une crinière. Elle est tellement cambrée, allant au-devant de cette queue qui la prend, qu’elle semble comme désarticulée. Elle tourne la tête vers la fenêtre.Mais ! Non ! Mais si ! C’est bien elle ! Mélissa ! C’est ma copine que ce salaud fait jouir et pour en ajouter une couche, il se tourne dans ma direction en levant le pouce en l’air. L’enfoiré ! La garce ! C’est cela son service de nuit ! En tout cas la lumière ne semble pas la déranger. Manifestement elle s’en fout. Sa jouissance l’isole du reste du monde. Sa bouche s’ouvre et je peux presque entendre ses cris de plaisir. Lui se retire, fait sauter sa capote et balance la purée sur les reins et le dos de la salope.C’en est trop. Je quitte mon poste d’observation. Je passe un pantalon, des chaussures. Je vais sortir. Dans l’ascenseur je fulmine. Au rez-de-chaussée, déjà je suis plus calme. À quoi bon. Le mal est fait. Elle m’a trompé. Et lui, s’est vengé de mon espionnage.Quelques minutes plus tard, je suis de retour à l’appartement. Je ne peux pas m’empêcher de regarder à nouveau. Elle est déjà en train de lui redonner de la vigueur en le suçant. Il la pousse contre la fenêtre où elle prend appui sur les mains, penchée en avant. Il se positionne derrière. Soudain, elle ouvre la bouche, cherchant sa respiration. Je ne peux pas voir mais je suis sûr qu’il la prend par derrière. Elle est toujours très étroite par ce chemin et en général c’est douloureux, sauf si je la prépare longuement du doigt et de la langue. Mais ce n’est pas le genre de la maison. Il la bourre si fort que son visage vient s’appuyer contre la vitre, déformant un peu plus son expression de douleur. Mais elle ne semble pas protester. Au contraire, elle pousse sur ses bras pour reculer alors qu’il avance en elle. Je mitraille de photos. Le pire c’est que je bande. J’ai honte, mais je me branle et très vite j’éjacule contre les rideaux.À son expression, je peux suivre la montée du plaisir. Lui est bien plus long. Il regarde dans ma direction et lève à nouveau le pouce en signe de victoire. C’est la dernière photo que je fais. J’arrête. Je range tout.Lorsqu’elle est rentrée, j’ai fait semblant de dormir. Deux jours plus tard, j’ai déménagé ne laissant comme explication qu’une photo pleine page de son enculade, son visage reflétant la jouissance et son amant le pouce levé.Un copain m’a prêté son studio le temps que je me retourne. Les jours passant, j’ai commencé à regretter mon départ, surtout lorsque je revois les photos. À chaque fois, mon érection me fait comprendre que ce spectacle me plaît et que j’ai peut-être raté une occasion de satisfaire mon goût du voyeurisme avec Mélissa. Trop tard.Ce soir j’ai de la chance et je trouve une place de stationnement juste en face de chez moi. Je cherche ce satané téléphone qui a glissé sous mon siège lorsque j’entends une altercation à quelques mètres de la voiture. Un gars est en train de bousculer une femme qui crie et tombe à terre. Il a une attitude très agressive. Je ne suis pas un héros, mais je sors de ma voiture en criant :— Arrêtez, j’appelle la police, en montrant mon téléphone enfin retrouvé.L’homme ne demande pas son reste et s’enfuit.– ALICIA –Heureusement que l’homme est venu à mon secours. Je me voyais mal embarquée avec ce fou qui a dû me confondre avec une autre fille. Toujours est-il que je suis secouée de cette violence et littéralement trempée de ma chute. Je remercie mon sauveur.— Merci, heureusement que vous étiez là .Je me dirige vers mon scooter.— Vous n’allez pas partir tout de suite, en scooter en plus. Vous allez attraper la mort. Venez vous réchauffer un peu. J’habite juste en face, me propose l’homme.Quelques minutes plus tard, je me retrouve dans son studio avec un pull et un pantalon qu’il m’a prêtés, pendant que mes vêtements sèchent dans son armoire à linge. Il me propose un thé, un café, une tisane, un alcool et je me retrouve avec un verre de whisky qui me redonne du rouge aux joues. Je reprends mes esprits.Je découvre mon sauveur. Banal, assez grand, plutôt costaud, plus âgé mais un visage qui respire la franchise. Je pense, en rigolant à moitié, typiquement la tête sans histoire d’un tueur en série.— Ça va ? il demande.— Je n’arrive pas à me réchauffer.— C’est le contrecoup. Vous devriez prendre une douche. Cela va vous détendre. Attendez !Il s’absente un instant.— J’ai mis une grande serviette et un peignoir.Il a raison. J’accepte. L’eau chaude me réchauffe et me délasse. Je reviens dans la pièce. Ses yeux s’égarent. Acte manqué ou oubli, le peignoir n’est pas bien fermé. Un sein s’affiche. Je n’ai pas honte, j’en suis fière. Il montre le privilège de la jeunesse. Je ferme un bouton, juste assez pour ne pas faire la pute.Nous bavardons. Il me questionne.— Mais que faisiez-vous, à votre âge, seule dans cette rue. Où habitez-vous ? Vous devriez téléphoner à vos parents.J’en ai marre de me faire prendre pour une gamine. Je rétorque.— Mais j’ai vingt ans et je fais ce que je veux. Mes parents ? Ah, mes parents. Ils sont en face…— En face ? Vous voulez dire au club ?Je lui balance tout. Ma surprise. Mon jeu de piste pour voir de mes yeux. Ma soirée en face. D’ailleurs, en racontant et revivant ce que j’ai vu, un trouble revient. L’agression, la chute, la douche n’ont pas éteint le feu en moi. Zut, j’ai envie. Pourquoi ne pas faire profiter cet homme qui est venu à mon secours ?Je n’ai pas eu besoin de lui faire un dessin. Lorsque mon peignoir est tombé au sol, il est venu me tenir chaud. Il a été très doux, trop doux. J’avais envie de passion, de brutalité mais il a quand même été très bien. Moi, comme d’habitude avec un nouvel amant, j’ai joué la fille qui attend tout de l’homme. Pour le reste on verra plus tard.– CYRIL –Cette fille m’est tombée du ciel. On devrait être courageux plus souvent. Vingt ans, toute la fougue de la jeunesse. Pas seulement. D’ailleurs, à chaque fois elle se révèle un peu plus. C’est étrange. Elle a un visage de gamine – au point de me sentir coupable – mais des manières de femme qui savent ce qu’elles veulent dans l’amour.Ce soir encore, elle m’a comblé. À certains moments, les yeux fermés, j’ai l’impression d’être avec Mélissa. Ah, Mélissa, la liane, la soumise, toujours prête à satisfaire le moindre de mes désirs. Si j’avais su !On frappe. On cogne. Mais qui peut venir si tard ? Alicia dort à mes côtés et ne semble pas perturbée par le bruit.— Oui ? Qui est ce ?— Mélissa. C’est moi, Mélissa. Ouvre. Ouvre ou je réveille l’immeuble.J’ouvre. Elle force le passage. Entre. Aperçoit Alicia qui dort.— Salaud. Tu n’as pas mis longtemps pour me remplacer. Une gamine en plus. Ah, tu te demandes comment j’ai fait pour te retrouver ? Eh oui, je suis flic !Et elle s’effondre dans le fauteuil. Elle n’est pas nette. Elle a bu. Cela s’entend à sa façon de parler. Elle retrouve l’accent de son pays.— Allez, petite, réveille-toi. Tu ne sais pas avec qui tu couches. Sais-tu qu’il est parti du jour au lendemain, sans un mot, après un an de vie commune ?La pauvre Alicia émerge et nous regarde avec un air incrédule. Mais l’accusation et la mauvaise foi de Mélissa me met en colère.— Oui Mélissa, tu as raison. Je suis parti sans raison.Et je démarre la télé. Toutes les photos du fameux soir défilent dans un silence de mort. Il lui est difficile de nier. Elle accuse le coup mais rebondit :— Bon d’accord, j’ai merdé. Mais d’une certaine façon j’enterrais ma vie de jeune fille. Je pensais que nous deux c’était sérieux alors j’ai pensé qu’une dernière fois… Tu ne m’as laissé aucune chance. Tu t’es barré.Ses yeux sont mouillés et elle renifle.— Cyril. S’il te plait, pardonne-moi. C’était bien, nous deux ! Reviens. Je serais sage. Je ferai tout ce que tu voudras.Elle ne me laisse même pas le temps de répondre car elle sombre dans un sommeil peuplé d’anges et de satires complètement bourrés.Alicia, totalement réveillée, m’aide à la déshabiller et à la coucher sur le canapé. Inutile de dire que j’ai dû répondre à quelques questions, mais je pense que les photos ont plaidés en ma faveur.Je n’ai rien remarqué mais pendant la nuit, Mélissa est venue nous rejoindre dans le lit et ce matin je me réveille avec deux femmes. Impression déroutante, à la fois magique et gênante. Je me retrouve immobilisé par des bras qui m’enlacent. Je n’ose faire un geste de peur de briser le charme. Mais tout a une fin. Elles s’agitent. Leurs corps se frottent au mien. Comment ne pas réagir, je bande. Elles ouvrent les yeux, découvrent toute la scène et alors que j’attends qu’elles s’invectivent, elles se sourient.Paix des braves. D’accord, mais moi je reste sur ma faim. Petit déjeuner. Tout le monde s’active en sous-vêtements comme si cela était normal ce « couple » à trois.— Tiens, le club existe toujours, s’exclame Mélissa qui déguste sa tartine en regardant par la fenêtre.— Pourquoi, tu connais ? je demande.— C’est tout une histoire. J’ai commencé ma carrière de flic dans le commissariat du quartier et la visite du club faisait partie du bizutage des stagiaires.— Cela existe aussi chez les flics ? interroge Alicia.— Oh oui, et ils ne font pas dans la dentelle. On était deux stagiaires femmes et ils nous ont demandé d’aller surveiller « incognito, une boîte de nuit où il se passait des choses bizarres », avaient-ils dit. Je ne te raconte pas la surprise. Ma collègue est repartie furieuse et cela a failli faire une histoire. Moi, je suis restée et j’ai mené mon enquête. Mais tu me connais Cyril, il faut que je fasse les choses à fond. Alors j’ai testé, essayé, pratiqué au point que le commissariat s’est inquiété. Bien sûr, j’ai raconté que je m’étais endormie au bar.— Allez, tu nous fais marcher ? je demande.— Chéri, il y a prescription. C’était bien avant de te connaître. Tu ne vas pas être jaloux ?— Elle a raison, renchérit Alicia, sûrement solidaire de la condition féminine et de la libération de la femme.— Alors ça, c’est la meilleure. Me voilà classé dans la catégorie « vieux barbon » et « rabat joie ». Moi qui accueille, chez moi, dans mon lit, deux jeunes femmes et qui n’ai même pas un petit remerciement, dis-je en riant. Et j’insiste. Puisque c’est si bien en face, pourquoi vous n’y allez pas ?Elles éclatent de rire et presque en chœur disent « chiche ».– ALICIA –Je ne fais pas vraiment la fière en entrant dans le club, ce jour de semaine où les « individuels » sont acceptés. D’accord, je suis avec Cyril et Mélissa, mais ce n’est pas comme la dernière fois. Je regrette presque d’avoir défié Cyril en défendant son ex. C’est une situation étrange. Il est avec qui ? Elle ? Moi ? Ils se sont revus depuis ?Enfin la seule chose dont je suis sûre, c’est que mes parents ne seront pas là . Ils sont invités chez des amis et j’ai vérifié que c’était bien vrai.Notre entrée est remarquée. J’ai choisi une robe très sage, mais avec mes plus beaux dessous. Par contre, Mélissa est en provocation totale, en parfait accord avec le rôle que Cyril lui a confié. C’est elle qui invite les hommes à danser. Pendant ce temps, nous allons vérifier que la chambre avec le miroir transparent est libre. Car c’est cela le but de la soirée. Mélissa doit s’offrir à un homme pendant que Cyril regardera derrière la cloison.La coquine n’a pas perdu de temps. Elle entre dans la chambre. Un homme l’accompagne. Non, deux, car un second apparaît et ferme la porte. Elle n’a pas froid aux yeux.— Elle a osé ! Quand j’ai parlé de deux, c’était juste pour la défier. Jamais je n’aurais cru ! Quelle coquine ! dit Cyril avec un sourire béat.Ah la nature humaine me surprend chaque jour un peu plus. Mes parents échangistes ! Mon nouvel amant qui rêve de voir son ex avec d’autres hommes et faire le voyeur. Quand je pense que je me sentais coupable d’aimer le sexe. Au moins moi, c’était à deux. Classique.Ils sont passés à la vitesse supérieure de l’autre côté. Les deux hommes s’occupent de Mélissa et, en deux temps trois mouvements, trois corps nus enchaînent les figures sur le lit « King-Size ». Un homme la prend pendant que l’autre se fait sucer. Tiens, il doit y avoir des micros car on entend ce qui se passe.Cyril est scotché par le spectacle. Bien qu’il fasse très sombre dans notre pièce, je peux voir une belle bosse qui déforme son pantalon. D’ailleurs, moi aussi je suis troublée par le trio qui s’active. Un doigt dans ma fente revient imprégné de ma mouille.Je prends l’initiative. Ma robe glisse au sol. Cyril ne bouge même pas, toujours fasciné. Le goujat ! J’arrache son polo, défais sa ceinture et tire sur le pantalon. Le slip suit le même chemin. Ah, quand même ! Il me sourit. Son sexe maintenant libre s’est plaqué sur son ventre, comme tiré par un ressort. Pas de doute, le spectacle le fait bander bien raide.Et une petite gâterie pour monsieur qui daigne m’encourager en guidant le rythme de ma bouche sur son vit, pendant que les hauts parleurs transmettent des gémissements, râles et bruits de corps humides en mouvement.Quelqu’un vient s’asseoir à côté de nous et commente ce qu’il voit de l’autre côté.— Belle fille, hein ? Regarde, ils la prennent en sandwich.Une voix de femme répond, par un gloussement.Moi aussi, je veux voir. En effet, pendant que Mélissa chevauche un des hommes, le second se place pour la prendre par derrière. Le lit est si proche du miroir, et la coquine si bien placée, que nous avons une vue parfaite. Les trois corps sont maintenant solidement soudés par deux belles chevilles de chair et de sang. Ils restent un long moment immobiles.Mais je veux ma part de plaisir. Je m’installe à quatre pattes devant Cyril, face au miroir, dans une position qui ne laisse pas de doute sur mes envies. Nos voisins se déplacent aussi mais je n’ai pas le temps de m’y intéresser que deux mains se plaquent sur mes hanches en avant-garde du sexe qui se frotte sur mon sillon avant de glisser en moi. C’est bon, il est gros, dur, vigoureux et commence aussitôt à me baiser.Tout en faisant l’amour nous pouvons voir Mélissa que les deux hommes possèdent maintenant en cadence. Elle regarde de notre côté comme si elle pouvait nous voir tout en criant son plaisir. Moi aussi je veux que la queue me baise avec force. Oui ! Je veux ! Encore. Plus fort ! Je jouis. Je jouis. Je coule. Je crie mon plaisir. Je sens le sperme de Cyril m’inonder la chatte, couler le long de mes cuisses. Que c’est bon.Dans mon brouillard, j’entends une voix, loin, si loin.— Alicia ! C’est toi ? C’est toi ?Qui m’appelle ? J’émerge. Tourne la tête dans la direction de la voix. Je ne vois d’abord qu’un couple dans la même position que nous. La femme en levrette, un homme qui la prend. Mais, ce visage.Oh, mon dieu. Ma mère. C’est ma mère.