Femmes enceintes…Vous l’avez certainement remarquĂ© comme moi, le printemps est la pĂ©riode propice pour que soudain, la rue n’appartienne plus qu’à elles.Elles ? Je veux parler des femmes enceintes, les futures mères de famille. Elles trimballent leur ventre rebondi et mettent en avant leurs seins qui ont doublĂ© de volume. Elles avancent Ă petits pas lents, une main plaquĂ©e sur le cĂ´tĂ© du ventre ou dessous pour en soulager le poids. Elles traversent la foule avec fiertĂ© et dĂ©termination, tout en prenant garde de ne pas heurter leur prĂ©cieux fardeau contre les passants pressĂ©s, souvent indiffĂ©rents, Ă©vitant aussi de se faire bousculer.Aux heures de pointe, Ă l’heure de la sortie des bureaux, lors de grandes soldes, elles avancent leur embonpoint, rĂ©ussissant la magie d’intercaler leurs ventres ronds entre deux espaces vides qu’elles repèrent toujours de loin. Les vieux messieurs leur jettent un Ĺ“il mĂ©chant, car elles sont destinĂ©es Ă prendre leurs places rĂ©servĂ©es, les femmes un Ĺ“il envieux, les hommes les enrobent d’un regard Ă©namourĂ© et souvent attendri. Quelques-uns s’en fichent et passent leur chemin comme si de rien n’était. Mais ils sont rares, ces butors.GĂ©nĂ©ralement, la vue d’une femme enceinte dĂ©clenche dans l’esprit des hommes, toujours frustrĂ©s par ces moments-lĂ , flashes et souvenirs. Ils se remĂ©morent l’époque oĂą leurs Ă©pouses attendaient aussi un bĂ©bé… et dans la tĂŞte de bon nombre d’hommes, quelques fantasmes tapis depuis toujours reprennent forme.Et pas seulement dans la tĂŞte des hommes lubriques et frustrĂ©s…La silhouette Ă©lancĂ©e, les cheveux blonds flottant au grĂ© de sa marche, le regard rivĂ© Ă quelques pas d’elle, ce qui en intensifie la couleur violette, le visage tavelĂ© de toutes nouvelles taches de rousseur, Sabine, jeune femme de vingt-cinq ans, fend la foule. Soudain, elle stoppe net et, avec difficultĂ©s, elle s’immisce au milieu d’un attroupement qui se presse Ă l’étal d’une Ă©choppe oĂą les soldes « avant fermeture dĂ©finitive » viennent de dĂ©marrer. Mains en avant, elle fouille allègrement dans un des bacs pour tenter de trouver au milieu des rossignols et des vieux modèles, quelque chose qui puisse lui convenir. C’est que depuis qu’elle est enceinte, plus grand-chose ne correspond Ă sa taille qui s’arrondit de jour en jour. Et Matthias, qui est parti en mission pour un an, n’est plus lĂ pour l’aider ou la protĂ©ger. Quand elle se penche en avant, elle a toujours la dĂ©sagrĂ©able impression que le poids de son ventre et de ses seins va l’entraĂ®ner et qu’elle va chuter. Mais ce n’est qu’une impression. Pourtant, elle fait toujours attention. Comme, en ce moment.Avec prĂ©caution, elle rĂ©ussit Ă extraire une sĂ©rie de blouses. Jusqu’alors, elles n’auraient mĂŞme pas attirĂ© son attention, tant elles sont amples, alors que son habituelle garde-robe a plutĂ´t tendance Ă ĂŞtre ajustĂ©e, près du corps. Un corps qui, il y a peu de temps encore, faisait se retourner les hommes dans la rue. Sans prĂ©cipitation, elle entre dans la boutique pour tenter de trouver une vendeuse et un salon d’essayage. C’est que mĂŞme en solde, mĂŞme pas cher, tout vĂŞtement se doit d’être essayĂ©.Dans le magasin, la foule est aussi dense qu’à l’extĂ©rieur. Sabine, cherche vainement une vendeuse, mais comment distinguer quelqu’un parmi cette masse grouillante de bonnes femmes hystĂ©riques ! En toute extrĂ©mitĂ©, elle se dirige vers la caisse oĂą une vieille fille Ă l’air revĂŞche et affairĂ© officie.— Pouvez-vous m’indiquer une cabine, s’il vous plaĂ®t ?La caissière stoppe son encaissement, daigne abaisser son regard vers Sabine et, s’apercevant de son Ă©tat, lui indique l’étage en lui assurant que lĂ -haut, elle sera plus tranquille.Sabine prend sa respiration et fend la foule jusqu’aux escaliers qu’elle monte pĂ©niblement, se retenant tous les deux pas Ă la rampe de cuivre. Ă€ l’étage, en effet, le calme semble rĂ©gner. Un calme Ă©trange mĂŞme, tant il contraste avec l’agitation qu’elle vient de quitter. Ă€ peine a-t-elle mis le pied sur le palier, qu’une vendeuse se prĂ©cipite dĂ©jĂ sur elle.— Puis-je vous aider ?— Je voudrais essayer cela…Sabine montre en mĂŞme temps quelques frusques puisĂ©es dans les bacs extĂ©rieurs. La vendeuse lui indique le chemin des cabines. En la prĂ©cĂ©dant, elle lui fait l’article sur diverses affaires, destinĂ©es aux femmes enceintes, avec un excellent rapport qualitĂ©/prix…Le rideau tirĂ©, Sabine se retrouve dans une spacieuse cabine d’essayage. Elle se dĂ©barrasse de son sac, de son manteau, commence Ă se dĂ©boutonner. Dans la glace, elle se regarde, Ă moitiĂ© nue. Le soutien-gorge spĂ©cial, Ă armatures renforcĂ©es, semble lui donner une « poitrine de vache laitière normande ». Quant au ballonnement de son ventre, maintenant, il dĂ©bute juste sous les seins, Ă son grand dĂ©sespoir. Tout en essayant, les uns après les autres, les diffĂ©rents chemisiers, elle se contemple entre deux essayages. De temps en temps, le minois de la vendeuse apparaĂ®t dans l’entrebâillement du rideau pour vĂ©rifier que tout va bien, puis elle revient avec une robe au bout des doigts qu’elle lui tend…— Vous ne voulez pas essayer cette robe ? Elle vous irait Ă ravir !Sabine, qui a presque terminĂ© ses essayages, se retourne. Essayer une robe ? Celle-ci ? Après tout, pense-t-elle, pourquoi pas ? MĂŞme si l’idĂ©e de se dĂ©shabiller en totalitĂ© lui apparaĂ®t soudain comme une chose presque insurmontable. Mais l’envie est plus forte que la difficultĂ©. Sabine s’empare de la robe en remerciant.Avec prĂ©caution, elle fait glisser la robe qu’elle porte et la laisse choir Ă ses pieds. Maintenant, elle est nue, enfin presque, se voyant dans une grande glace pour la première fois depuis longtemps. Chez elle, elle ne possède pas un tel miroir, ni ne cherche Ă regarder sa silhouette dans les vitrines qu’elle croise sur son chemin. Avec sa culotte, qui lui couvre le ventre presque jusqu’au nombril, les jambes qui ont Ă©paissi, les hanches qui s’évasent, ses seins qui reposent sur le haut de son ventre, son nombril qui ressort, sans compter cette affreuse raie brune qui marque son ventre du pubis au nombril, elle se trouve vraiment affreuse. Franchement pas du tout attirante ! La seule chose qui la rassure, c’est de se dire que cet Ă©tat ne durera pas une Ă©ternitĂ©, mĂŞme si, Ă six mois de grossesse, il lui en reste encore trois Ă patienter.Elle est ainsi Ă se regarder quand la vendeuse passe sa tĂŞte.— Tout va bien Madame ?— Euh ! Oui, sauf qu’il faut que je l’enfile par en bas, votre robe…— Vous souhaitez un coup de main ?Sabine hĂ©site quelques secondes. Après tout, pense-t-elle, pour une fois qu’une vendeuse veut m’aider… Et avec un grand sourire, elle accepte.— Je m’appelle Samira, mais vous pouvez m’appeler Sam.— Moi, c’est SabineSam est un petit bout de femme d’une quarantaine d’annĂ©es. Le cheveu noir, la mine pleine, les yeux violets, mais toujours fatiguĂ©s d’une fĂŞte de trop. Le verbe haut et la poitrine plate, les jambes fines toujours chaussĂ©es d’escarpins vernis Ă hauts talons, pour faire croire qu’elle est plus grande qu’elle n’y paraĂ®t. Ses mains fines et soignĂ©es sont toujours en mouvement. Elle Ă©prouve un besoin maladif de toujours tripoter quelque chose, un bout de tissu, une robe, la chaĂ®ne qu’elle porte autour de son cou ou une des lourdes bagues qui ornent ses mains.Sam se glisse dans la cabine, prenant bien soin de refermer convenablement le rideau derrière elle. Elle tend la main pour s’emparer de la robe que Sabine veut essayer. Sam marque un temps d’arrĂŞt et observe Sabine.— C’est beau, une femme enceinte !— Ah ! Vous trouvez… rĂ©pond Sabine, dubitative, en se contemplant dans le miroir.— Oh ! Oui… Regardez, vous ĂŞtes toute ronde… Vous ĂŞtes toute en beautĂ©Â !Sabine, incrĂ©dule, passe machinalement sa main sur son ventre, le soutenant avec l’autre. Non, dĂ©cidĂ©ment, elle ne se trouve pas « toute en beauté » Mais sans qu’elle y fasse attention, la main de Sam est venue se poser dĂ©licatement sur son flanc. Au premier contact, Sabine sursaute lĂ©gèrement et contemple la vendeuse, interloquĂ©e, muette.— Vous permettez ? J’aime les femmes enceintes…Sabine, un peu coincĂ©e dans la cabine, ne sait que faire, que dire et avant qu’elle prenne une dĂ©cision, la main de Sam, dĂ©jĂ largement Ă©talĂ©e sur son flanc, lui frotte le ventre. Elle est douce, souple, attentionnĂ©e. Ces gestes sont tendres et Ă©meuvent Sabine qui se laisse faire. Le contact de cette main lui procure de lĂ©gers frissons. Elle papillonne sur la peau tendue et rebondie, monte et descend, frĂ´le les seins en haut, interrompt sa marche en bordure de la culotte.Depuis deux mois que Matthias est parti, son corps n’a plus ce contact doux et tendre avec une main caressante. Surprise par ces premières sensations de bien-ĂŞtre qui parcourent son corps, excitent sa peau, Sabine se laisse faire. Elle s’appuie mĂŞme contre la cloison pour mieux offrir son ventre Ă cette adoratrice des femmes enceintes.Sam, doucement, continue Ă envelopper le vaste ventre de ses caresses. Quand elle passe en haut, sous les lourds seins, elle en sent le poids sur le dessus de sa main. Quand, en bas, elle touche la lisière de la culotte, imperceptiblement, elle en repousse les limites, arrivant maintenant au contact des premiers poils du pubis. Et elle continue et s’enhardit.Sabine ferme les yeux, car cette main Ă©trangère et caressante commence Ă l’envahir d’un trouble, d’un Ă©moi jusqu’alors inconnu d’elle. De lĂ©gers picotements accompagnent les frĂ´lements, les batifolages des doigts. Entre ses cuisses, elle sent son sexe se mouiller et son clitoris commencer Ă pointer. Sa poitrine mĂŞme semble augmenter de volume, se tendre. Ses mamelons se rĂ©trĂ©cissent et les pointes de ses seins durcissent comme si elles voulaient percer le lĂ©ger voile du soutien-gorge. Sa respiration aussi change et se fait plus sifflante, plus suffocante.Sam reste Ă l’affĂ»t des rĂ©actions de sa cliente et comprend que non seulement elle apprĂ©cie ses caresses, mais que celles-ci provoquent un dĂ©but de jouissance. C’est ce qu’elle attend, ce qu’elle espère. Alors, elle pousse plus loin son exploration. D’une main, elle continue Ă lutiner le haut du ventre tendu, tandis que de son autre main, du bout de ses doigts, Sam fait rouler la culotte et va s’emmĂŞler dans les poils du pubis. Des poils longs, formant un triangle touffu qui cache des lèvres grasses, Ă©paisses et suintantes. Sous la pression habile des doigts, elles se dĂ©plient, se dĂ©ploient, s’ouvrent comme si elles Ă©taient soudainement heureuses d’être libĂ©rĂ©es de la contrainte du tissu qui les compressait.Adroitement, Sam s’enfonce dans l’entrĂ©e du sexe de Sabine qui, maintenant, respire par petits halètements. Elle va cueillir un peu de l’humide plaisir qui s’en Ă©coule pour remonter vers le clitoris qui pointe largement dans le haut du sexe. Au contact de l’ongle mouillĂ© sur sa tigette tendue et rĂ©ceptive, Sabine laisse sortir un petit cri de plaisir vite assourdi. Une onde Ă©lectrique tend ses muscles et parcourt son corps, la force Ă s’appuyer un peu plus contre la cloison.Ses mains se portent sur ses seins qu’elle empaume par en dessous. Le bout de ses doigts se rejoint sur ses tĂ©tons durcis qui lui font mal. Ă€ travers le lĂ©ger voilage, elle les masse, les tord mollement, les titille. DĂ©jĂ , les premières gouttes d’un liquide jaunâtre et Ă©pais sourdent, tachent et humidifient le tissu arachnĂ©en.En bas, la main de Sam s’active toujours sur son clitoris. Elle l’effleure, le frotte, l’excite. Sous ses doigts humides et gluants, la petite tige est dure et roule, sursaute et envoie ses fulgurantes ondes de plaisir dans tout le corps de Sabine, qui se mord les lèvres pour ne pas crier. Pour tenter de maĂ®triser sa jouissance, les doigts de Sabine pressent et pincent un peu plus le bout des seins, prolongent la vague qui l’envahit, la submerge, la noie. Sam se rend compte qu’au bout des seins de Sabine perle un peu de colostrum et, sans lâcher le clitoris, murmure Ă Sabine :— Enlève ton soutien-gorge, il va ĂŞtre tout tachĂ© et tout humide…Sans ouvrir les yeux, les mains de Sabine lâchent sa lourde poitrine et passent dans son dos, dĂ©grafent les attaches du carcan qui lui ceinture le buste. LibĂ©rĂ©s de leur prison, les seins pointent et se posent sur le haut du ventre rond. Sam, insensiblement, approche sa bouche, dĂ©posant une sĂ©rie de petits bisous amoureux et tendres sur les gros globes blancs de Sabine, qui a repris son appui contre le mur, trouvant lĂ Ă accrocher ses mains Ă une patère.Sam, du bout des lèvres, insiste vers les mamelons, sort sa langue et va recueillir un peu du liquide qui sourd du pore. Au contact de cette lĂ©gère succion, Sabine se cogne la tĂŞte de plaisir, une Ă©trange sensation envahit son ventre, ses seins. Instinctivement, une main accrochĂ©e fermement au-dessus de sa tĂŞte, l’autre s’abaisse et bloque la tĂŞte de Sam sur le bout du sein, comme pour l’inciter Ă continuer, aller plus loin plus fort.Sam augmente la pression de sa bouche sur le bout des seins. Elle ne simule mĂŞme pas une tĂ©tĂ©e. Elle tète et sent le liquide couler sur sa langue, c’est Ă©pais, lĂ©gèrement sucrĂ©, c’est bon et ça l’excite. Sous ses lèvres, le mamelon durcit encore un peu plus, devient raide et Sabine Ă©met de lĂ©gers feulements de plaisir. Sans arrĂŞter de lui sucer le sein, Sam active de plus en plus fortement sa main dans le sexe de Sabine. Ses doigts fouillent entre les lèvres grasses et humides d’un plaisir qui suinte et coule sur et entre ses doigts, dĂ©borde dans sa main. Du pouce, elle simule une pĂ©nĂ©tration de Sabine. En mĂŞme temps, elle cherche Ă introduire un doigt dans son petit trou, anneau serrĂ©, chaud et humide qui, au premier contact, se dĂ©tend, s’ouvre et l’aspire.Sous l’effet de cette double pĂ©nĂ©tration et de la sucĂ©e de son sein, Sabine doit s’accrocher encore plus fortement pour ne pas dĂ©faillir et comprime la tĂŞte de Sam contre son sein. Elle sent monter son plaisir, approcher sa jouissance. Elle ferme les yeux, elle se mord les lèvres pour ne pas hurler. Jamais elle n’avait pensĂ© ĂŞtre aussi rĂ©ceptive Ă la caresse d’une femme, surtout dans son Ă©tat. Ses jambes tremblent de plaisir, sa poitrine est devenue lourde, tendue, sensible, elle Ă©carterait bien les fesses, mais elle a peur que la main de Sam l’abandonne. Sam, la main et les doigts broyĂ©s par les muscles des cuisses, du sexe et des fesses de Sabine, continue tant bien que mal ses va-et-vient, pour parfaire le plaisir qu’elle lui offre.Les vagues d’excitations montent les unes derrière les autres et finissent par aboutir Ă une jouissance totale et fulgurante qui fait Ă©mettre un long grognement Ă©touffĂ© Ă Sabine. Elle se sent glisser le long de la cloison et se retient au cou de Sam. Sam, qui rĂ©ussit Ă se dĂ©gager des seins pour pouvoir reprendre son souffle et extrait sa main du sexe et des fesses de Sabine, les doigts trempĂ©s et gourds. Sabine, Ă bout de souffle, haletante, les yeux mi-clos, la tĂŞte nichĂ©e dans le cou de celle qui vient de lui faire connaĂ®tre son premier vrai orgasme de femme enceinte, tente de revenir sur terre. Elle perçoit, plus qu’elle ne sent, les mains de Sam qui continuent Ă papillonner sur ses flancs, apaisantes et presque crispantes. Des mains qui enveloppent une fois encore ses seins, puis ses Ă©paules, touchent son cou, relèvent sa tĂŞte et emprisonnent sa figure.Les deux femmes sont face Ă face, leurs bouches Ă quelques centimètres l’une de l’autre. Sabine avance la sienne et ses lèvres douces et sèches s’emparent de celle de Sam. Les deux amantes occasionnelles Ă©changent un long et profond baiser qui avive les derniers spasmes de plaisir de Sabine, excite Sam et, curieusement, parachève leurs plaisirs.Dans une reprise de souffle, Sam murmure Ă la face de Sabine :— Tu es belle quand tu jouis…Encore sous l’emprise de son plaisir, Sabine ne sait quoi rĂ©pondre. Elle est heureuse et honteuse. Sabine est heureuse. Depuis que Matthias est parti, elle n’a plus fait l’amour. Elle n’a plus de mains pour la caresser. Elle n’est pas non plus une adepte des plaisirs solitaires, sans compter qu’elle aurait trop peur de faire mal au bĂ©bĂ©. En mĂŞme temps, elle est honteuse aussi. C’est la première fois qu’une femme lui procure un tel plaisir, dans un lieu insolite, inadĂ©quat et public, et qu’elle a magnifiquement pris son pied. Alors, avec cette contradiction en elle, elle prĂ©fère se taire, voir venir, laisser faire.Sam semble comprendre ce qui se passe en elle et respecte son silence. Ce n’est pas la première fois qu’elle se permet ce type d’attitude envers une femme enceinte. Elle aime les femmes enceintes, mais n’a jamais couchĂ© ou touchĂ© une autre femme. Non, seuls, ces gros ventres ronds, ces seins volumineux l’excitent, la rendent toute chose. Elles lui font perdre ses moyens.DĂ©jĂ , Ă plusieurs reprises elle a bien failli se faire pincer par les autres vendeuses, mais c’est plus fort qu’elle. LĂ , dans son univers Ă elle, Ă l’abri des regards extĂ©rieurs, quand ces femmes viennent faire des essayages en toute innocence, quand elles se dĂ©shabillent et exhibent devant elle leurs rondeurs, elle ne se contrĂ´le plus. Souvent, elles acceptent son aide en toute innocence, rarement par perversion. Il se forme, au fil des minutes, des caresses Ă©changĂ©es, une complicitĂ© qu’elle sait ne jamais pouvoir retrouver ailleurs, en d’autres lieux, en d’autres circonstances. En plus, elle est tellement timide, Sam, qu’elle n’oserait mĂŞme pas aborder une de ses congĂ©nères pour lui faire subir de tels attouchements.Et Sam est heureuse pour un petit moment, jusqu’à la prochaine fois. Les soirs suivants, quand elle rentre chez elle, seule dans son studio, elle se caresse. Elle repense Ă ses peaux tendues, soyeuses ou striĂ©es de vergetures, aux odeurs fortes ou lactĂ©es, Ă la douceur de ces poils pubiens oĂą elle a fourrĂ© ses doigts. Elle repense, en s’excitant, Ă ces clitoris petits ou gros, longs ou Ă©troits, fuyant ou arrogants. Elle revit les ondes de plaisirs qu’elle a fait monter. Elle imagine autour de ses doigts le resserrement des lèvres, leur humiditĂ©, l’aspiration d’un anus. Elle retrouve souvent dans la bouche, le goĂ»t si particulier du colostrum, ce liquide douceâtre qu’elle sait aspirer au bout des petits ou des gros tĂ©tons de femmes qu’elle caresse en catimini dans sa cabine d’essayage.Et des expĂ©riences comme celle qu’elle vient de vivre avec Sabine, elle en a dĂ©jĂ vĂ©cues quelques dizaines. C’est qu’elle sait aussi combien elles sont frustrĂ©es de caresses et de plaisir, les femmes enceintes. Leur difformitĂ© temporaire agace les maris. Leurs envies les assomment et leurs rapports sexuels sont de plus en plus dĂ©licats. Sam sait aussi que rares sont les maris qui se contentent seulement de caresser la future mère qui gĂ®t Ă leur cĂ´tĂ©. Elle sait – par confidences fĂ©minines – qu’ils ne peuvent pas souvent obtenir leur part de plaisir en retour. Alors ils sont frustrĂ©s de ce refus de pĂ©nĂ©tration, toujours redoutĂ©e par la femme enceinte qui a si peur de traumatiser « le petit ». VoilĂ pourquoi elle a souvent sa chance avec les femmes enceintes et que rares sont celles qui la repoussent. Au demeurant, elles sont aussi tellement rares, celles qui s’apprĂ©cient dans cet Ă©tat de fait, que le moindre compliment, le moindre geste câlin et tendre peuvent lui ouvrir toutes les portes, y compris les plus secrètes.VoilĂ aussi pourquoi, Sam respecte le silence de Sabine.Au bout de quelques minutes de ce silence, Sam constate que Sabine commence Ă reprendre ses esprits. Elle semble avoir enfin calmĂ© le feu qui couvait Ă travers son corps. Obligeamment elle l’aide Ă s’habiller, lui offrant – en guise de remerciement – la robe qu’elle Ă©tait venue lui proposer, en lui souriant, l’air complice.Quelques minutes plus tard, accompagnĂ©e de Sam qui ouvre la marche et fend la foule qui s’agglutine autour de la caisse, Sabine encore un peu tremblante, paie ses emplettes. Toujours sous bonne escorte, elle se retrouve sur le seuil de la porte du magasin.— Au revoir, Sam, et… merci !— À bientĂ´t, Sabine… et fais-nous un joli bĂ©bé…— Je m’y emploie… s’écrie Sabine qui s’éloigne, le sourire aux lèvres, heureuse soudain de son Ă©tat.Elle s’en va, lorgnant dans chaque vitrine sa silhouette. Soudain, elle admire son embonpoint et en est fière. Ceux qui la croisent, une main sur le ventre, en train de le caresser, l’autre portant quelques courses, la trouvent lumineuse et pensent : « VoilĂ une jolie femme, heureuse de sa maternitĂ©Â ! »… Sans se douter d’oĂą lui vient ce bonheur qui illumine sa figure et irradie de son corps.