S’il me faut être folle,Je serai folle à lier,De soie rouge, lierMes poings et mes pieds,Mes délires libérés,Mon âme écartelée,Pour assouvir mon corps.Chercher et chercher encoreLes routes improbables,Les rivages inabordables,Sublimer l’infime d’une caresse,Chahuter les certitudes,Désaxer ces habitudes,Offrir mes gouffres humides et brûlantsÀ tes goûteuses raideurs, enivrantsAbysses de moi,Tentacules de toi,Je te laisse prendre possession,Tu te laisses posséder, sublime évasion,Saveur intrusive, alchimie inventive.T’imaginer, te rêver,Te faire existerDu bout de mes doigts.S’il fallait vous écrire une histoireJ’écris toujours à quelqu’un : obligatoire existence de l’autre au bout des mots, nécessité de la séduction, moteur de mon imagination. Alors comment faire pour vous séduire, vous qui n’avez ni regard ni corps, seule une âme perdue dans le vent du virtuel.Rien n’est innocent, tout est axé, dirigé, forcément. Il me faut le poids, le charme des tournures, délester en mots ce qui ne peut plus être dit avec le geste.L’érotisme comme une philosophie, une quête des sens, du sens, une quête de soi.En fait, il me faut vous émouvoir à bout de clavier, vous que je ne connais pas. Vous ensevelir dans mes perspectives animales, dans les profondeurs abyssales de mes humidités viscérales, en paroles harmonieuses. Parce que j’aime l’harmonie, cette symphonie rythmique du son des phrases, celles capables de faire naître le rêve, celles capables de vous caresser l’esprit à l’autre bout de votre ordinateur, ordonnateur de nos échanges, vous faire participer au fantasme bien malgré vous.Vous êtes mes proies dès lors que vous lisez, mais je suis aussi votre esclave soumise et asservie, attendant dans la grande impatiente votre lecture, votre possible émotion, vos probables frissons. Je peux même m’amuser à vous songer une main sur votre queue, un doigt glissé dans vos intimités humides et chaudes, lisant et vous caressant.Rien n’est gratuit, tout est indécence, belle indécence. Je me déshabille le mieux possible, tout du moins j’essaie, je m’offre à l’inconnu, pour une autre tentative, vous faire chavirer, je ne rêve que de ça, de chavirage dans les eaux troubles de mes folies sensuelles.Vous emmener à votre tour en promenade, que soyez homme, femme, quels que soient vos penchants, vos goûts, vous donner envie de tous les possibles.Écrire m’offre cette magie d’être ce que je veux, homme, femme, ange, démon, avec toutes les inclinaisons, hétérosexuelles, homosexuelles, bisexuelles, un, plusieurs, qu’importe ! pourvu que je trouve l’ivresse.Vous plaire à tous, vous emporter dans une respiration, dans le parfum musqué d’une peau avide, graver dans votre esprit des lignes indélébiles, ultime prétention, certes.Mais j’aime l’illusion, je veux vous rêver dans des fusions volcaniques à la lecture de sons épidermiques.Je vous préfère exigeants, un rien tortionnaires. Finalement, cela titille mon imaginaire, cela me contraint à vous croire subtils et malicieux.Ma poule, enfin tu peux faire mieux, je ne bande pas assez, je mouille tout juste, j’ai tout juste décollé que l’histoire était déjà finie. L’ambiance, tu as oublié, celle qui fait naître ailleurs, le descriptif de possessions hasardeuses dans des positions les plus scabreuses possibles. S’il te plaît, sers-moi cette salade exotique, épicée, difficile à avaler tant le piment te brûle la gorge, fais-moi donc cette construction savante et alambiquée qui me fasse me sentir au bord d’un gouffre crachant le soufre. Tout n’est qu’affaire de stupre et fornication en tout genre, fais-moi rêver, fais-moi bander, fais-moi jouir, fais-moi m’évanouir dans de douces et violentes perceptions… il s’agit de ça finalement, vous emmener en promenade vous aussi.Et le scénario ? Je ne fais jamais de scénario, ce serait dans la plupart des cas plutôt l’autopsie de mes ressentis, je décharne, je dépèce mes perceptions d’un moment d’abandon. En fait, je peins en mots lorsque je délaisse mes pinceaux, mais vous, vous aimez la lecture, nourriture pour rêves à caresses.Alors il y a ceux qui préfèrent le bien saignant, bien tranchant, le bon vieux porno, les pénétrations multiples, les grosses bites, les images dans toutes leurs crudités, le cul sans ménagement, sans l’emballage de papier de soie… Je ne déteste pas, d’ailleurs.Et il y a les autres, que la douceur, le suave dans la langueur inspirent mieux.Alors, hard-rock ou sonate au clair de lune ?Il s’agit de parler de la même chose, finalement. Seule la forme change, alors peut-être vous proposer deux versions d’une même histoire, changer de musique pour trouver vos satisfactions.Et si je commençais sans scénario, comme à mon habitude, juste quelques tableaux les uns à la suite des autres ?— Vous attacher solidement sur une chaise et vous sucer sauvagement la queue, la gober tout entière, la décalotter, la presque violenter tant la succion est appuyée, prisonnière de cette paroi de chair gloutonne. Vous n’êtes capable que d’un mouvement de paupière, vous n’êtes plus qu’un pieu érigé, suppliant la douceur.— Vous enrubanner de liens de soie et vous lécher la nuque de la pointe de ma langue, dorloter vos raideurs masculines dans l’onctueux de ma salive, aller et venir, mes longs cheveux caressant vos cuisses.Que préférez-vous ?— Vous retourner sans ménagement, et glisser mes doigts au creux de votre cul sans préparation, parce que ces plis et replis religieux me donnent envie de m’y introduire, de forcer cette porte si bien close, à me faire regretter plus que de raisonnable de n’être pas pourvu d’un membre turgescent et palpitant. Vous faire partager ce plaisir d’être empalé sur cette chaleur irradiante, parce que vous le pouvez.— Vous caresser avec douceur, prendre possession de la si jolie rondeur de vos petites fesses, qui m’inspire tant de belles promenades en milieu humide. Promener ma langue, ma bouche dévorante à l’orée de mon plaisir d’intrusion, et me glisser par effraction, que vous soyez languide ou suppliant.Que préférez-vous ?— Vous libérer un instant, pour vous attacher plus fermement encore, mais allongé cette fois-ci, pour un rien de confort, pour que je puisse profiter de vous comme bon me semble, avoir le loisir de vous rouler sur un côté, sur l’autre, sur le dos, sur le ventre, que vous soyez ma proie, ma biche aux abois, abuser de vous, de votre chair tendue comme une corde de violon jouant la symphonie de l’abandon.— Vous êtes si beau, pieds et poings liés, je ne délie que pour mieux recommencer le chemin des liens soyeux autour de vos poignets, autour de vos chevilles, vous deviner un peu inquiet mais aussi avide, attentif au moindre geste, à la plus fine sensation.Que préférez-vous ?L’on apprécie vraiment la liberté que lorsque l’on en a été un tant soit peu privé.Et finalement vous rendre la liberté, fameuse liberté du geste.Que ferez-vous donc de moi, version porno, version soft, ou rien du tout ? À vous de choisir…Mais, mon Dieu, que pouvez-vous donc aimer ? Vous êtes si nombreux, si différents, si déroutants…Il y a de la manipulation, ce sentiment étrange de vouloir prendre le pouvoir, pour votre plus grand plaisir, pour vous satisfaire. Vous êtes des muses en quelque sorte, dotés de corps polymorphes pour mes délires de chair, habités d’esprit volatiles et insaisissables.