Résumé de l’épisode précédent : Cassandra a passé haut la main l’épreuve de la Présentation. Elle a conquis le clan tout entier en honorant nombre de ses membres…Voilà deux bonnes heures qu’une petite troupe chemine dans la forêt tropicale. Marche éreintante pour Cassandra sur le sol spongieux complètement détrempé. La veille, peu avant le départ prévu, le ciel avait ouvert ses vannes et Viriathe lui avait alors expliqué que cette pluie diluvienne n’était en rien comparable aux averses violentes, mais sporadiques habituelles.— Là , ma pauvre, c’est parti pour la journée au moins !L’expédition avait été donc reportée à la journée du lendemain.Autant dire que ladite journée avait été pénible pour l’impatiente Cassandra. Frustrée par ce contretemps, la jeune femme s’était murée dans un silence boudeur, refusant tout contact. Bien qu’elle eut grande hâte de retrouver sa sœur, elle se surprit cependant à rêvasser à son David chocolat. Lors d’une halte dans la remontée du fleuve, alors que les cousines s’étaient enfoncées dans la jungle à la recherche de fruits et de baies et qu’elle-même, allongée à plat ventre, lézardait sur le sable, Diego lui avait prodigué un long et délicieux massage du dos et de la nuque. Dans un premier temps, la jeune femme avait imaginé que ces caresses n’étaient que préliminaires à d’autres, plus orientées, qu’elles dériveraient rapidement vers des zones moins innocentes, mais les mains s’étaient contentées de glisser de sa nuque à ses lombaires, sans jamais franchir les lanières de son pagne indigène, unique vêtement (si on peut l’appeler ainsi) qu’elle portait. La docteure avait apprécié à leur juste valeur les pouces qui débloquaient une à une ses vertèbres, les caresses circulaires qui détendaient ses omoplates, agaçaient délicieusement ses salières de Vénus. Un véritable travail de kiné !Patiemment, l’homme avait dénoué les tensions musculaires, alterné frictions puissantes et massages caressants pendant d’interminables et délicieuses minutes. Un traitement qui avait fini par éveiller certains appétits de la jeune femme. Les frissons d’abord diffus avaient fini par se concentrer pour confluer vers un unique point : le delta de ses cuisses. Pour marquer son accord autant que son désir, Cassandra avait laissé échapper quelques gémissements avant, dans un souffle rauque, d’intimer l’ordre implorant : « Plus bas ! »Sans nullement se précipiter, Diego avait laissé ses phalanges franchir la cordelette du pagne, pour caresser, pétrir, amadouer les lunes pâles des fesses. Impatiente, la demoiselle n’avait pas tardé à onduler sous les mains légères pour les amener vers le but ultime, ponctuant chaque minuscule avancée des doigts entre ses fesses ou vers son sexe échauffé par des soupirs d’aise. Écartant largement ses cuisses, elle avait relevé son bassin, ouvert le chemin vers sa corolle épanouie déjà . Exaspérant, Diego avait contourné le chaudron brûlant, deux doigts dessinant simplement les contours de ses lèvres inondées, se contentant de répandre la mouille sur les berges des grandes lèvres. Cassandra avait beau rouler des hanches, les phalanges réussissaient à éviter le bouton excité, les nymphettes déployées, le gouffre surchauffé. Il avait fallu que la belle s’effondre sur la main pour que les doigts viennent enfin appuyer sur le détonateur sensible. Pour Cassandra, ce contact avait été libérateur, la faisant bondir de mille marches d’un coup sur l’escalier céleste. Le corps tétanisé, elle avait aperçu, à la fois si proche et si lointaine, la lumière iridescente de l’arc-en-ciel des dieux. Pour éviter tout dérapage sur le chemin fragile de l’orgasme, elle avait imploré son compagnon :— Tes doigts ! Mets-moi tes doigts !Conscient de l’urgence absolue, Diego avait obéi immédiatement. Trois doigts dans le bénitier, un pouce martyrisant son clitoris, Cassandra avait basculé alors dans le vide interstellaire, explosé dans la lumière, s’était atomisée dans les éthers chatoyants. Ruant, soufflant, pleurant, riant, elle avait rebondi d’étoile en étoile, d’astres en constellations, de gouffres en sommets scintillants.Abasourdie par puissance du transport, Cassandra avait longuement savouré sa félicité. Quand Diego, précautionneusement, avait voulu libérer la chatte de ses doigts désormais immobiles en elle, elle avait imploré :— Non, garde-les-moi, dit-elle avant de s’interroger immédiatement sur le sens de cette formulation étrange.« Laisse-les » aurait été compréhensible. « Garde-les-moi » : la phrase n’a pas de sens en termes de syntaxe ! À moins d’y ajouter un pronom : « Garde-les en moi » et donc profite encore de ma chaleur, garde possession de mon sexe. Qu’il lui garde ses doigts en elle, comme si elle ressentait l’impérieux besoin de lui appartenir encore, d’être sous sa coupe.À moins qu’il ne faille au contraire enlever le déterminant à l’invite et totalement oublier les doigts : « Garde-moi » : ne m’abandonne pas ! Ne me laisse pas ! Dès lors, de simple plan cul, elle réalisait qu’elle faisait passer Diego au rang de partenaire, de compagnon. Un peu ahurie, Cassandra avait réalisé que c’était vraisemblablement cette attente, cette espérance et sa formulation n’était alors qu’une ultime pudeur dissimulant cet impossible aveu.Quelque chose s’était produit, qu’elle n’avait pas compris. Que le ciel se fende en deux, qu’un éclair déchire les nues, qu’un tonnerre secoue la jungle ne l’aurait pas surprise davantage. Une chose lui était apparue évidente : son attirance pour Diego n’était plus simplement sexuelle !Un sentiment largement renforcé l’instant suivant : ouvrant largement ses cuisses, Cassandra avait invité son partenaire à prendre sa part, bien méritée. Mais le bonhomme avait gentiment refusé :— Non, ma belle, merci ! Je ne pense pas me tromper en disant que tu as atteint des sommets himalayens, non ? … Alors franchement, je préfère en rester là , que tu profites pleinement de l’instant. Les filles ne vont pas tarder, je n’ai pas envie qu’elles nous trouvent en train de copuler comme des bêtes. Je voudrais qu’on se garde ce moment pour nous, rien qu’à nous…Cassandra avait été submergée par une bouffée de sentimentalité qui l’avait tourneboulée et mis le rouge aux joues.Après les folies des derniers jours, Cassandra avait ressassé cette scène toute la journée. Dilma avait dû user de patience pour finir par l’amadouer et la câliner tendrement en fin d’après-midi, lui redonnant enfin un semblant de sourire.oooOOOoooMalgré les embûches du chemin, l’Européenne ne ralentit qu’à peine le rythme de sa douzaine d’accompagnateurs : son impatience lui donne des ailes. Viriathe la prévient lorsque certains passages sont plus difficiles que d’autres, la soutient pour franchir les traîtres entrelacs de lianes ou enjamber un ru grossi par les pluies. Depuis le départ, la troupe est déjà passée à proximité de deux autres communautés Pilvajõ : à chaque fois, les salutations, palabres et négociations rituelles à la délégation clanique, sans doute prévenue par des guetteurs, avaient engendré des pertes de temps irritantes pour l’impatiente Cassandra qui, de plus, avait mal supporté les regards lubriques des officiels emplumés. Tout en trottinant, la jeune femme s’est enquise d’ailleurs de certains menus détails auprès de Viriathe :— Est-ce que je vais devoir sacrifier à une nouvelle Présentation ?— Non, l’avait rassurée le chef, nous ne resterons pas chez nos amis. Le temps pour moi de régler quelques affaires avec mon homologue et pour ta sœur de faire ses paquets, et nous repartirons chez nous. Cela nous fera une bien longue journée, mais nous te soutiendrons si nécessaire.Ces propos avaient rassuré la belle. Et beaucoup amusée aussi. Avec elle, Viriathe pratique un portugais très policé, académique. L’entendre parler de son « homologue » est presque aussi drôle que s’il avait désigné comme « plénipotentiaires » les délégués des villages rencontrés !Cassandra est intimidée, vaguement tremblante, au moment d’entrer dans la case dévolue à sa sœur à quelques jets de pierre du village, mais éclate de rire dès le seuil franchi : Docteur Josepha est en pleine consultation gynécologique ! Agenouillée au sol, la tête entre les cuisses de sa patiente, sans doute vérifie-t-elle que celle-ci ne souffre pas de sécheresse vaginale ! Les forts cuissots de la cliente, plaqués à ses oreilles, l’ont certainement empêchée de percevoir l’agitation qui a animé quelques instants plus tôt le village, à l’arrivée du groupe de voyageurs.— Toujours prête à payer de ta personne, je vois, Jofa !Josefa relève son museau, reste un instant à dévisager la silhouette qui se découpe à contre-jour. Plus que la silhouette, c’est le petit nom entendu qui la fait réaliser : il n’y a que sa sœur pour l’appeler Jofa ! Sidérée, elle se relève d’un bond et court vers sa jumelle en essuyant précipitamment les traces de très bonne santé laissées par sa patiente sur ses joues.— Cassy ! Mais c’est toi ! C’est bien toi, s’écrie-t-elle en bourrant l’arrivante de petits coups de poing avant de l’étreindre éperdument.Entre deux bisous, elle bafouille :— Mais qu’est-ce tu… Mais comment est-ce que…Les deux sœurs pleurent et rient de retrouver. Cassandra en quelques mots raconte son inquiétude et sa pérégrination.— Oh, je suis si désolée, ma grande, de t’avoir inquiétée. Tu sais ici, pas de téléphone et pour le courrier, deux ou trois levées par an… si tant est que les lettres arrivent déjà jusqu’à Manaus ou Porto Velho. Mais je suis tellement heureuse de te voir ? Qui t’a amené jusqu’ici ?— Viriathe, répond la jumelle grand sourire. Il est charmant, tu sais…— Mouais, approuve Jofa en riant, il a, je dirais, un charme… pénétrant ! Tout s’est bien passé pour toi ? Tu as été bien accueillie ?Le sourire en coin de Josefina souligne clairement le sous-entendu de sa dernière interrogation.— Ma foi, il n’y a pas que Viriathe à posséder un charme… pénétrant ! Quelle bamboula ! Mais rassure-toi, je leur ai tenu la dragée haute !— La dragée ?— Oui, la dragée sur ma bonbonnière a été très appréciée par toutes et tous !— Tous ? demande son aînée en faisant les gros yeux.Cassandra adorerait lui balancer qu’elle est sans conteste la reine des Présentations, mais ce ne serait pas très sport. Elle répond par un haussement d’épaules et une moue marquant l’approximation.— Et toi, tu as droit à une deuxième présentation en arrivant ici ?— Belote et rebelote, ma chère ! C’est le troisième clan que je visite ! Mais bon, on s’y fait ! Y a pire comme obligation !Cassandra éclate de rire et, se souvenant d’un détail, demande sur un ton moqueur :— Dis donc, tu étais adepte du triangle fourni si je me souviens bien. La danse des moules pinceuses n’a pas été trop douloureuse ?— Douloureuse ? Non, du tout ! Merveilleuse leur crème anesthésiante et apaisante ! Je te jure qu’on fait fortune si j’arrive à en obtenir la recette. Rien qu’en la commercialisant juste au Portugal, on serait riches ma sœur ! Par contre, ç’a été un longuet, j’ai failli perdre patience. Je bouillais de passer à autre chose et ce n’est pas le seau d’eau qu’elles m’ont balancé à la fin qui aurait pu refroidir mes ardeurs.Jofa change de sujet :— Je te présente Rhéa, ma gouvernante et cuisinière et mon assistant, Kipo…— Ton assistant ? Bon sang, mais c’est bien sûr, suis-je sotte, raille Cassandra ! J’ai effectivement remarqué qu’il mettait du cœur à vérifier le bon fonctionnement des mandibules de ta gouvernante.Au moment où elle était entrée, la cuisinière, non contente de se faire astiquer le bourgeon par sa patronne, subissait parallèlement une exploration ORL en profondeur par un outil de fort diamètre.Ladite gouvernante est plutôt surprenante : loin d’être laide malgré des yeux petits et un peu trop enfoncés qui lui donnent un air chafouin, la jeune fille est menue, épaules fines, des seins parfaitement honorables pointant comme des scuds et un bedon à peine rondelet.Mais sous la taille, changement radical de physionomie : hanches larges, un cul à boucher l’avenue Louise, pense Cassandra qui tient l’expression d’un petit ami bruxellois, des cuisses en pilier de cathédrale sur des jambes courtes. La pauvre, quand elle se déplace, gênée par ses énormes jambonneaux, elle marche en canard, se dandinant comme un culbuto.— Rhéa est une excellente cuisinière et à de multiples talents qui la rendent très attrayante, précise Josefina qui a croisé le regard de sa sœur.Rien de particulier à signaler au sujet l’assistant, si ce n’est son membre dont la taille et le diamètre ridiculiseraient tous les Rocky Sifredo et cons frères. Cassandra tâterait volontiers du morceau, mais l’heure n’est pas à la gaudriole.— Dis-moi frangine, tu as l’intention d’explorer tous les clans Pilvajõ ?— À dire vrai et à vrai dire, j’en ai un peu ras la zézette. Retrouver quelque temps la syphilisation ne me déplairait pas. Tu me ramènerais dans tes bagages ?Cassandra hoche la tête, désespérée par la manie incessante de sa sœur à détourner les mots et expressions. Lamentable !— Volontiers ! Je suis venue pour ça ! Mais tu n’as pas peur d’abandonner ces deux-là  ? demande-t-elle en désignant les assistants dont les mines viennent de s’allonger.Prenant le duo dans ses bras, Josefina les cajole.— T’inquiète ! Eux m’auraient de toute façon lâchement abandonnée pour retourner à Belém dans quelques semaines. Enfin, dès que la fac rouvrira ! Plaise à dieu, au virus… et à Bolso-démago ! Vous me manquerez les enfants. Et n’oubliez pas de me prévenir quand vous nous ferez un petit !En voyant les regards échangés par le couple, Josefina comprend :— Ah je vois ! Bon sang, mais c’est bien sûr ! Mademoiselle a déjà son polichinelle dans le tiroir. Félicitations mes chéris ! Je m’disais aussi que tu avais pris du ventre ces derniers temps. Et des nichons. Et, s’interrompant le doigt en l’air comme si elle venait d’avoir une illumination, tu n’as plus le même goût, ajoute-t-elle en glissant précisément son doigt dans le sexe rosé de la future maman avant de porter à sa bouche. Non-non, insiste-t-elle, plus le même goût !— N’imp’ ! Là , c’est du grand n’importe quoi, frangine ! oooOOOOoooLe retour avait été effectué à marche forcée. Une seule petite halte pour se restaurer, se désaltérer et permettre à Josefina de se changer. Dès le départ, voyant sa sœur enfiler une courte jupe, évidemment sans slip, Cassandra avait émis des réserves :— Tu crois vraiment que c’est la tenue idéale pour crapahuter dans la forêt ?— Oh-hé, après un an passé à oilpé sous un pagne, je ne supporterais plus d’étouffer ma chatte dans des chiffons, avait rétorqué Jofa. Et puis j’ai pris du cul avec le régime bananes, je n’entre plus dans mes futals.Cassandra se garde bien de demander quelque précision que ce soit sur la nature exacte des bananes évoquées…La petite jupe avait son effet : la satisfaction des porteurs du groupe avait été manifeste, mais relativement contenue. Toutefois, quand le groupe avait fait une halte, le pukiniké largement visible sous la courte jupe de la blonde assise en tailleur sur une souche avait échauffé les esprits. Maugréant, Josefina s’était résolue à enfiler un pantalon de sa sœur dont elle avait dû retrousser trois ou quatre fois les ourlets. Elle se trouva dès lors largement moins sexy ainsi fagotée, mais la marche avait pu reprendre dans une ambiance plus sereine.Même ainsi attifée, Josefina n’en avait pas néanmoins fait une entrée triomphale au village, d’autant qu’elle s’était dépêchée de troquer ses frusques pour le pagne traditionnel, offrant pour le coup un strip-tease savamment dosé. Jalouse de voir tous les regards masculins braqués sur les obus de sa sœur, Cassandra avait suivi le mouvement et offert elle aussi un strip-tease langoureux aux spectateurs. Une exhib qui avait détourné quelques mâles regards vers elle et visiblement conquis bon nombre de femmes. « Gros nichons E excitent – Petits C captivent », s’était-elle convaincue.Si Viriathe n’était pas intervenu, sûr que plusieurs membres du clan, thermomètre à la main, auraient proposé de s’assurer de leur bonne santé à toutes deux, en prenant leur température, buccale, vaginale et même rectale en cas de doute.— Tu devrais amener ta sœur chez moi maintenant, avait glissé Aryan à l’oreille de Cassandra. On chuchote dans la foule, on parle de fête. Viriathe va devoir inventer une raison pour justifier une espèce de nouvelle Présentation si ça continue.Dans la hutte, les généralistes jumelles, discutent tranquillement avec Aryan et Dilma, rient des aventures extra-sexuelles de la docteure blonde quand Viriathe vient se placer dans l’encadrement de l’ouverture.— Vous, rugit-il exagérément en pointant le tandem médical, vous deux, je vous accuse de trouble à l’ordre public !S’asseyant dans le cercle amical, il poursuit, rigolard :— J’ai la communauté sur le dos ! Vos fans vous réclament ! J’ai essayé de négocier, mais j’ai dû céder finalement et inventer la … RE-Présentation ! Mais bon, la journée a été longue et éreintante, j’ai obtenu de reporter la fête à demain. Du coup, faudra mettre le paquet, les filles ! Vous avez la soirée pour y réfléchir, vous me direz demain matin ce dont vous avez besoin. Mais, je vous préviens, nos moyens sont limités : pas de rampes de spots ni de sono puissante !— Demain, soupire Josepha, c’est un peu court. C’est qu’c’est pas rien une RE-Présentation ! Il faut qu’on se concerte, Cassandra et moi, pour mettre au point notre show… Mais bon, franchement…, ajoute-t-elle en soupirant, ces orgies à répétition, c’est lassant.Cassandra fait la moue elle aussi.— Tu as tout fait raison ! Pas envie ! Même votre boisson et l’élixir miracle d’Aryan ne pourraient me transformer en succube déchaînée !— Oh oh, les Pilvajõ vous auraient-ils dégoûté du sexe ?Les frangines se regardent : elles se parlent du bout des yeux et sont sur la même longueur d’onde.— Du sexe, non, ne rêve pas Viriathe, répond Josefina, mais là , c’est vrai, on a notre compte côté partouzes. Moi, j’ai quand même eu droit à trois Présentations ! Plus le quotidien, les patients qui paient de leur personne. Sans parler de ma cuisinière à feu continu et de son bonobo éléphantiasis !— Le sexe pour le sexe, ça va un moment, renchérit Cassandra. Du cul, du cul, du cul, encore du cul : basta point barre… Saturation ! Ras la craquette ! Et la tendresse bordel ?— Bien les filles, applaudit Viriathe. Rassurez-vous, c’était juste un test, je voulais savoir où vous en étiez. Il y avait effectivement trois-quatre obsédés, toujours les mêmes, pour réclamer une nouvelle fête, mais le reste du groupe n’était pas chaud. On a voté : pas de RE-Présentation. Vous avez de la chance, nous serions en pleine récolte ou transformation de nos plantes rares, vous repassiez à la casserole ! Mais là , mes Pilvajõ sont plutôt sages.— Sages, s’exclame la blonde, Pilvajõ et sage, voilà deux mots qui ne… s’accouplent pas ! oooOOOOoooLe bateau glisse silencieusement sur l’onde, simplement porté par le courant. Depuis un quart d’heure que le moteur a été coupé, à la proue, Josefina manie de temps à autre une pagaie pour seconder le barreur à garder l’embarcation au milieu du fleuve. Où trouve-t-elle l’énergie et la force nécessaire à cette tâche ? Bien plantée sur ses deux jambes écartées, l’humanitaire a calé le manche de sa large rame entre ses seins et s’arcboute lorsqu’elle plante la pelle dans l’onde verte pour freiner a contrario de la direction souhaitée. Résultat de ses efforts et de l’hygrométrie ambiante, une fine sueur perle sur sa peau uniformément hâlée. Outre un immense chapeau de paille qui préserve ses épaules et seins nus des ardents rayons du soleil, la jeune femme ne porte que le traditionnel pagne Pilvajõ, exposant ses petites fesses musclées aux autres occupants de la pirogue. Charmant spectacle que ses rondeurs fermes et musclées.À la barre, Diego caresse mollement la poitrine de Cassandra qui somnole appuyée contre son torse. L’heure est à l’indolence, à la sérénité, au calme, malgré la cacophonie joyeuse ou l’inquiétant, voire l’angoissant silence de la canopée quand les caquetages des oiseaux cessent brutalement, sans doute à l’arrivée d’un puma ou autre prédateur. Au deuxième jour de la redescente vers Calama, les occupants de la pirogue sont fatigués, saoulés par les senteurs mêlées exhalées par le fleuve, par l’humidité accablante, la chaleur harassante. Par certains excès nocturnes sans doute aussi…L’avant-veille, alors que Cassandra préparait ses affaires avant de quitter ses chers sauvages, une silhouette s’était dessinée dans l’ouverture de sa hutte.— Ah ben quand même ! Mais t’étais passé où ? Invisible depuis notre arrivée ici ! Moi, je pensais te voir lors de ma Présentation, mais non : monsieur brillait par son absence !Des éclairs dans le regard, Cassandra fusille son visiteur. Pour autant, Diego n’est pas vraiment impressionné. Plutôt satisfait en réalité : la colère de la jeune femme témoignerait-elle de son impatience à le retrouver ? Un petit sourire moqueur aux lèvres, il s’explique :— D’abord, sache que je n’ai pas eu le choix : à peine arrivée, trois matrones m’ont réquisitionné pour que je les conduise jusqu’à Porto Velho. Tu parles d’une balade ! Et pour ce qui est de ta Présentation, ben… je ne suis pas mécontent de l’avoir ratée.Sidérée par cet aveu, Cassandra ouvre des yeux ébahis.— Franchement Cassandra, explique Diego, faire le pied de grue pendant cent sept ans pour pouvoir… t’enfiler vite fait bien fait, ça n’avait rien de tentant !— Ah bon ! Tu es déjà rassasié de ta sacrée pétroleuse sans doute, demande, radoucie, la jeune femme qui subodore les raisons de son compagnon !— Franchement Cass’, ce n’est pas que je sois antipartouzes, mais tu mérites mieux. Tu mérites qu’on te câline, qu’on te caresse, qu’on te cajole, qu’on te porte résolument vers le plaisir, qu’on te fasse l’amour quoi…— Mmm ! J’aime assez cette approche… Cependant, il y a un problème !Comme Diego fronce des sourcils perplexes, la maligne Cassandra poursuit :— Ben oui, crois-tu que je le connaisse ce « on » ? Qui cela pourrait-il bien être ?En guise de réponse, Diego s’approche d’elle et lui tend ses lèvres. La jeune femme ne résiste pas une seconde et leur baiser s’éternise, témoignant de leur bonheur commun de se retrouver.Main dans la main, les yeux dans les yeux, souriants, ils vont, après s’être dévêtus, tranquillement s’installer sur un des châlits de la case. Étendus sur le matelas mousse, ils se cajolent, se câlinent tendrement, sans précipitations. Ils se découvrent, se redécouvrent patiemment, pressent leurs corps l’un contre l’autre pour fusionner leurs épidermes. Ils s’amadouent, paisiblement, sans précipitation, avec une délectable gourmandise pleine de retenue. L’heure est à la tendresse et si aucun mot n’est prononcé, leurs regards clament bien plus que du désir charnel. Ils sont indéniablement deux amoureux comblés de se trouver. Libres et heureux.Lorsque les mains de Diego s’animent doucement sur ses seins dressés, Cassandra s’abandonne : elle ne veut que s’offrir et donner en laissant d’abord le contrôle à son cher amant. Cette fois, elle ne sera pas panthère gourmande, putain avide, succube insatiable. Juste femme, femme enamourée, conquise, presque soumise, pleinement heureuse de la fusion qu’elle appelle en totale acceptation. Au-delà de ses sens, c’est son cœur qui chavire, ce cœur si gonflé de tendresse et d’amour pour son bel éphèbe…aux tempes vaguement grisonnantes. Elle savoure cette flamme qui la consume, flamme apparue comme une évidence quelques jours plus tôt et qui l’avait tant stupéfiée.Chaque parcelle de leurs corps, de leurs peaux exaspérées, est explorée, câlinée, savourée. Les plus banales caresses, les plus légers bisous leur offrent des sensations indicibles. Presque craintivement, toujours à l’écoute des réactions de l’autre, ils effeuillent sereinement les pages sépia du grand livre coquin des libres amants, parcourent les rivières suaves de la carte du tendre. Les jambes se mêlent, les cuisses se pressent, les bassins s’appellent, les ventres se confondent. Le fier bâton de Diego louvoie sur le mont de Vénus, s’insinue parfois dans la fente submergée, effleure le promontoire sensible, faisant s’arquer alors le corps de Cassandra qui malgré son impatience retenue ne peut contenir le soubresaut électrique. Une fois, deux fois, dix fois, le membre turgide réitère sa manœuvre câline, fissurant, morcelant, pulvérisant l’indolente sérénité.Cassandra capture les lèvres de son amant, lui offre un baiser brûlant :— Viens, souffle-t-elle. Doucement !Diego vient se glisser entre les cuisses désormais ouvertes, s’introduit à peine dans la fente béante, s’enfuit un instant avant d’y revenir plus avant. Le rondin réglisse progresse en douceur, jusqu’à buter le fond de la caverne incendiée. Les deux amants restent alors immobiles, savourant cette connexion ultime, fusion de leurs chairs qui prélude à celle de leur sens. Les yeux dans les yeux, les amants se sourient tendrement, heureux qu’ils sont de cette unicité qu’ils souhaiteraient éternelle.D’un simple battement de cils, Cassandra rompt finalement leur immobilité. En elle alors, la trique s’anime, moderato d’abord, crescendo ensuite. Va-et-vient accélérés qui surchauffent le conduit pourtant inondé, ramonage en règle qui dévaste la matrice sensible, téléporte le couple vers les éthers.Brusquement, Diego s’immobilise : il se régale alors de l’interrogation affolée qu’il lit dans le regard écarquillé de sa chérie, s’en amuse un instant avant de reprendre de plus belle son limage forcené. Cette pose, cette station surprenante n’a pas interrompu l’ascension de Cassandra sur le chemin de l’orgasme : bien au contraire, ses sensations en sont décuplées, ses tétons sur-tendus s’affolent à chaque frôlement du torse de Diego, son bouton se tétanise, son sexe se constricte spasmodiquement autour du burin dévastateur et la jeune femme a l’impression désormais de bondir d’étoile en étoile. Le pubis de l’homme écrase frénétiquement le clitoris exacerbé et les micro-séismes de la queue étouffée dans le brûlant bouillon du chaudron annoncent l’hallali.L’explosion, si attendue pourtant qu’elle ait été, surprend les amants, les stratosphérise de concert, les désintègre en millions de parcelles pour mieux les fusionner dans un plaisir unique. Au-delà des corps, leurs esprits, leurs âmes se confondent dans cette union sidérale.Cassandra nage encore dans les cieux vaporeux qu’elle a déjà compris que demain ne ressemblera plus à hier.ÉpilogueEn deux petites années seulement, avec notamment le concours de nombreuses influenceuses du net, la crème éPilvajõ a trusté les marchés : c’est un succès international. Au dernier soir de leur séjour, Josefa avait obtenu en effet la recette secrète de la crème dépilatoire miracle, négocié un accord équitable avec Viriathe : les Pilvajõ fournissent à un juste prix les plantes indispensables et touchent une soulte confortable sur toutes les ventes.Si rouée qu’elle soit, la blonde n’avait tout de même pas essayé de soutirer la recette de la boisson aphrodisiaque des Indiens. Consciente des effets de la potion, elle en avait compris les dangers et ne voulait aucunement plonger la planète dans une pandémie orgiaque totale et permanente ! Tout juste avait-elle demandé que quelques litres soient régulièrement joints aux livraisons des herbes dépilatoires.— Juste pour notre usage personnel…Si Josefa gère la production et l’administratif de la société au Portugal, Cassandra, elle, a monté et contrôle les circuits de distribution avec les conseils de son compagnon qui a bien entendu démissionné de l’Université de Belém. Pour eux deux, voyages incessants à travers le monde, lunes de miel chaque jour renouvelées pour le couple enamouré. Enamourés, mais libres : d’un commun accord, ils ont décidé de ne pas mettre leurs noms au bas d’un parchemin. Pas de contraintes, pas de limites. Pas d’exclusives non plus, les tourtereaux sont partageurs et toujours en quête de nouvelles expériences. Expériences qu’ils partagent à l’occasion avec la volcanique Josefa… et d’autres… On ne se refait pas !Tous les six mois, le couple revient passer quelques jours chez les Pilvajõ pour présenter les comptes. Démarche en soi parfaitement inutile puisque le cabinet d’avocats de Manaus est tenu au courant des ventes au jour le jour. Mais Cassandra et Diego ont besoin de ce retour aux sources de leur bonheur.Une réunion publique est alors organisée sur le forum du village. Assemblée générale un peu formelle où sont présentés les comptes, tendances des ventes, pénétration des nouveaux marchés.Bien droite et fièrement campée sur ses deux jambes, Cassandra vient justement d’exposer les résultats commerciaux et préciser la manne dévolue au peuple Pilvajõ. À son côté sur l’autel-estrade de la place, Viriathe traduit ses propos qui suscitent l’enthousiasme de l’assistance. Cassandra a également annoncé les nominations de quelques jeunes diplômés du clan à des postes de direction commerciale dans divers pays.— Une dernière chose pour en finir. Afin de compléter notre organisation, nous avons décidé la création d’une filiale commerciale couvrant et administrant la totalité du continent américain, du détroit de Behring à la Terre de Feu. À la tête de cette entité, comme il nous fallait une personne particulièrement fiable et dotée de multiples talents, le conseil d’administration a décidé de nommer à ce poste…Cassandra marque un temps d’arrêt avant de se pencher un peu en avant :— Il me semble que tu pourrais quand même arrêter un instant de me brouter le minou quand je parle de toi, Dilma !Le visage barbouillé de mouille, Dilma se relève vivement et vient remercier son amie : l’ardent baiser (puki collés) que s’offre les deux femmes totalement nues clôt la cérémonie protocolaire et lance les bacchanales !Dommage que Josefa ne soit pas là …