Allez, on tente le coup, une histoire de pure fiction, sans Ă©rotisme, sans sexe, juste pour le plaisir d’écrire et de mettre en situation un personnage. Je vais peut-ĂŞtre dĂ©toner avec la plupart des histoires qui paraissent sur ce site, mais pourquoi pas !Avertissement aux lecteurs qui ne me connaissent pas :toutes les autres histoires parues sur ce site avec mon pseudonyme (Masteros) n’ont rien Ă voir – mais alors rien Ă voir – avec celle-ci.Je vous aurais prĂ©venus.Au fait, les critiques et les auteurs de textes, ne vous prenez pas trop au sĂ©rieux. Votre passe d’armes est assez sympathique, cela dĂ©tend un peu. Mais quelle importance d’avoir une bonne ou une mauvaise critique ? Pour le critique qui vous sac… il se fait plaisir cinq secondes. Pour vous, une petite colère, vite compensĂ©e par un e-mail chaleureux d’un lecteur enthousiaste.Alors, Ă©crivains, faites-vous plaisir en prenant la plume, le reste n’a que peu d’importance.Le soleil commençait Ă peine Ă se lever sur l’horizon. Depuis l’aube, le jeune Garoun attendait patiemment le passage de sa proie. Aujourd’hui, s’il arrivait Ă tuer ce Grandes-Dents, il allait enfin devenir un homme. Il pourra alors revenir vers sa tribu la tĂŞte haute, sinon il restera parmi les enfants du clan jusqu’à la prochaine saison chaude et ça, il ne pouvait pas le tolĂ©rer. Trop de choses dĂ©pendaient de sa rĂ©ussite.En premier, Elore, fille d’Aren, le plus brave guerrier du clan. Elore lui disant, avant son dĂ©part pour sa quĂŞte, l’amour qu’elle Ă©prouvait pour lui et la confiance qu’elle avait en sa rĂ©ussite. En second, Garus, son pire rival, lui aussi Ă©tait en âge de devenir un guerrier, et il convoitait Ă©galement Elore. Pour ses deux raisons, il se devait de terrasser ce Grandes-Dents qu’il avait remarquĂ© rĂ´dant depuis quelques jours dans la savane.Peu de jeunes chasseurs avaient rĂ©ussi cet exploit. Les Grandes-Dents Ă©taient les plus grands fauves vivant sur le territoire de la tribu, les plus dangereux aussi. Très intelligents, ils observent leur proie afin de l’étudier avant de fondre sur elle de toute la puissance de leurs membres robustes. Une fois Ă terre leur victime n’a plus aucune chance, les griffes acĂ©rĂ©es et les longues canines du fauve ont vite fait de donner la mort.Soudain, Garoun prit conscience que tout n’était plus que silence autour de lui. Pas le moindre chant d’oiseaux. Du fond de son ĂŞtre, il sentit surgir la peur ancestrale, celle que tout guerrier avait dĂ» maĂ®triser devant l’imminence d’un combat. Il Ă©tait lĂ , Garoun le savait. Le Grandes-Dents Ă©tait tout prĂŞt, l’épiant, le surveillant. Ce sera une lutte sans merci. Chacun devant vaincre pour la survie de son espèce. D’une main ferme, le jeune chasseur saisit sa sagaie dont il avait patiemment fait durcir au feu l’une des extrĂ©mitĂ©s. Les sens aux aguets, calmant sa respiration par de longues inspirations, Garoun se laissait remplir par un vide immense.— Concentre-toi sur ta proie, tu dois ĂŞtre ta proie, n’arrĂŞtait pas de lui marteler Aren, lors de leurs exercices de chasse.Aujourd’hui, pour la première fois, il devait mettre seul en application toutes ses heures d’apprentissage. Aux souvenirs de ces moments passĂ©s, un calme serein l’envahit. Il ne fit plus qu’un avec la nature qui l’entourait.Maintenant il percevait le moindre bruit, le moindre craquement de brindilles et Garoun sut avec certitude que le Grandes-Dents Ă©tait derrière lui. La pire des situations qu’il pouvait envisager. Comment s’était-il laissĂ© avoir ? OĂą avait-il commis une erreur ? Plus le temps de se poser des questions. Tout allait se jouer en quelques instants. Sa mort risquait d’être le prix Ă payer pour son Ă©tourderie. Le beau visage d’Elore passa devant ses yeux, immĂ©diatement remplacĂ© par celui de Garus, souriant, se moquant de lui tout en prenant la main d’Elore pour la conduire vers le puits sacrĂ© des unions. Cette vision sortit Garoun de sa torpeur et, d’un rapide mouvement sur le cĂ´tĂ©, il se laissa tomber dans un roulĂ©-boulĂ©. Le Grandes-Dents, sur le point de bondir, fut dĂ©stabilisĂ© un moment suffisamment long pour que Garoun, dans un rĂ©flexe, puisse lancer sa sagaie. Un rugissement furieux rĂ©pondit Ă son geste, lui faisant comprendre qu’il avait fait mouche.Sans regarder en arrière, Garoun se releva et courut de toute la puissance de ses jambes vers l’arbre le plus proche. Sa vie dĂ©pendait de sa rapiditĂ© Ă atteindre ce refuge et Ă grimper dans les branches les plus hautes. Les Grandes-Dents ne pouvant pas sauter aussi haut et, Ă©tant trop lourd pour monter sur ces fines branches sans qu’elles ne cassent, il serait sauvĂ©. Le souffle rauque, il atteignit l’arbre refuge qu’il avait choisi. Garoun sauta, et d’un rapide rĂ©tablissement, grimpa sur la première branche, puis il enchaĂ®na l’escalade jusqu’à se trouver sur la plus petite qui pĂ»t supporter son poids. Alors seulement, il prit le temps de regarder oĂą se trouvait le Grandes-Dents et fut surpris de ne plus l’apercevoir. Il avait beau regarder dans toutes les directions, plus de traces du tigre. Sachant de quelle ruse ce fier animal Ă©tait capable, Garoun prit la dĂ©cision d’attendre, afin d’avoir la certitude qu’il Ă©tait bien parti. Il patienterait jusqu’au coucher du soleil s’il le fallait.Petit Ă petit, le chant des oiseaux rompit le silence provoquĂ© par l’apparition du Grandes-Dents et Garoun acquit la certitude que tout danger Ă©tait Ă©cartĂ©. Pourtant, une chose l’intriguait : pourquoi le Grandes-Dents avait-il abandonnĂ© la lutte si rapidement après avoir Ă©tĂ© blessĂ©Â ? La seule rĂ©ponse qui lui vint Ă l’esprit fut que le Grandes-Dents Ă©tait une femelle et qu’elle dĂ©sirait retourner auprès de ses petits. Garoun descendit de son refuge et se mit en quĂŞte des traces laissĂ©es par le fauve dans sa fuite. Rapidement il trouva les premières empreintes de pas, puis des taches de sang indiquèrent rĂ©gulièrement le chemin Ă suivre.Après quelques centaines de mètres, un feulement le cloua sur place. Le cĹ“ur battant la chamade, il dĂ©couvrit, tapie dans l’ombre d’un buisson, la femelle Grandes-Dents. Sa sagaie Ă©tait plantĂ©e dans le flanc de l’animal, au niveau du cĹ“ur. Le hasard avait permis Ă Garoun de blesser Ă mort le magnifique fĂ©lin, dont la vie s’écoulait goutte Ă goutte par la plaie. La tigresse le regardait par intermittence, mais elle fixait rĂ©gulièrement le buisson. Lorsqu’il fit mine de bouger, un nouveau feulement sorti de la gorge du Grandes-Dents, immĂ©diatement suivi d’un petit miaulement. Un jeune tigron sortit du buisson et se mit Ă mordiller la patte de sa mère mourante.Garoun fut touchĂ© par cette scène, il Ă©tait responsable de la blessure mortelle de la femelle Grandes-Dents et se sentait coupable. La règle d’or des chasseurs Ă©tait de ne jamais tuer une femelle qui avait des petits, afin de respecter le cycle de la vie. Garoun avait enfreint cette règle. Il se mit Ă genoux Ă quelques pas du fauve, son regard fixĂ© dans les yeux de la femelle, essayant de se faire pardonner pour son erreur.Le petit chaton s’approcha de lui, mais Garoun n’osa pas dĂ©crocher son regard du fauve adulte, ne sachant pas si, dans un rĂ©flexe dĂ©sespĂ©rĂ©, elle n’allait pas l’attaquer pour dĂ©fendre son petit. Le jeune fĂ©lin se fit de plus en plus entreprenant, venant mĂŞme jusqu’à lui lĂ©cher la main. Le regard de la tigresse allait de son petit Ă Garoun et de Garoun Ă son petit, comme pour lui indiquer la marche Ă suivre. Garoun se saisit du tigron, qui se mit immĂ©diatement Ă ronronner, puis il fixa la bĂŞte mourante. Un petit feulement sortit de sa bouche, comme si elle approuvait son geste, puis ses yeux se fermèrent pour ne plus jamais se rouvrir.Garoun avait rĂ©ussi, dès qu’il serait de retour au village, il allait devenir un homme lors de la fĂŞte du Soleil et il pourrait alors prendre Elore pour femme. Mais il savait aussi qu’il avait une dette envers ce magnifique animal, mort Ă ses pieds. La seule façon de s’en acquitter serait d’élever son petit. Jamais, de mĂ©moire d’homme, on n’avait tentĂ© d’apprivoiser un Grandes-Dents, lui, Garou, sera le premier. Il Ă©tait sĂ»r d’y parvenir.