Il est des emplois où l’effeuillage est difficile, délicat, indécent. Il est des scénarios où le strip-tease frôle le voyeurisme et l’appel à l’audimat. Or, dans le paysage audiovisuel français, rarissimes sont les séries où Molière aurait pu dire :Couvrez ce sein que je ne saurais voir :Par de pareils objets les âmes sont blessées,Et cela fait venir de coupables penséesen tendant un mouchoir blanc – enfin, je veux dire un carré blanc (pardon, décidément, je date).Pourtant, en cette année 2005, quelle surprise ! Dans l’univers glauque d’une île bretonne où se déroule l’action d’un polar qui mêle intrigue policière et fantastique, apparaît en clair-obscur la belle et pulpeuse Ingrid C., nue……Et dans la nuit noire, au milieu des éclairs et de la tempête, le dolmen s’est dressé et coule !Ah ! L’olympienne femme qui s’étale impudiquement sur les écrans noirs de nos nuits blanches… quel effet peut-elle bien produire sur la gent masculine, souvent en vacances, plus disposée à assouvir alors ses fantasmes…Lumière bleutée et tamisée, suggérant la nuit… Draps blancs, oreiller moelleux… La jeune femme dort profondément, une main sur l’épaule, la tête sagement tournée vers la caméra, elle est perdue dans ses rêves scénarisés. Bruit extérieur, soudain et inquiétant ! Soubresaut dans la nuit, sursaut dans le lit. Brusquement, la jeune femme s’éveille. Redressée et assise sur sa couche. Bouche légèrement ouverte, dents blanches éclatantes luisantes dans la nuit cinématographique, yeux écarquillés et apeurés, regard noir et perçant, le drap glisse naturellement et laisse voir les seins… Divine apparition qui met le feu à la tête et aux poudres et vous fait oublier une situation oppressante.Seins lourds, volumineux et fermes, aux mamelons légèrement bruns, aux bouts pointus. Le sillon marqué entre les deux globes incite à s’y perdre, à s’y épuiser, à s’y noyer. Et la frayeur passée, pudiquement, le drap remonte sur la gorge… Trop tard ! Le spectateur a gravé la scène en images de feu dans le tréfonds de sa mémoire d’homme aux fantasmes inassouvis.Les aficionados d’Ingrid C., à la recherche de ses apparitions découvertes, exceptionnelles sur les écrans, doivent se pencher sur les pages glacées des magazines branchés, avant de s’épancher avec langueur sur la froide reproduction de son corps dénudé.Autres décors… encore un lit. Un grand lit, tout de blanc recouvert. Draps froissés à souhait. En travers, le corps d’Ingrid C. nue. Entièrement nue. La tête, rejetée en arrière, décoiffe les courtes boucles blondes aux mèches cendrées. Les yeux fermés, aux paupières ombrées d’un brun mordoré, laissent imaginer un regard de braise. La bouche légèrement ouverte découvre une dentition ajustée et brillante. Le menton pointu souligne un visage dynamique et volontaire, supporté par un cou gracile. Bras subrepticement croisés devant la gorge, les mains posées à plat sur des épaules tavelées de petites taches de rousseur. Doigts longs, fins et manucurés soulignant une main délicate qui doit savoir dispenser de si douces caresses. À les contempler ainsi, enveloppantes, gracieusement placées sur les épaules, on ose en imaginer ce contact discret, timide, chaud et réconfortant. Sous le bras croisé sur la poitrine on devine sagement la naissance d’un sein, légèrement laiteux sur un corps bronzé d’or. Ventre plat, marqué d’un nombril étroit et serré. Hanche parfaite qui s’évase à l’arrière pour former une fesse ronde, pleine où l’on discerne le léger duvet marquant cette exquise vallée qui les sépare en deux hémisphères plantureux. Jambe galbée à la cuisse ferme et musclée mise en avant pour dissimuler le giron. Dans le fond, on distingue, un peu blanchâtre, la plante d’un pied dénudé, sagement posé sur son homologue. Douceur d’un talon marqué par une cheville fine… Cette femme, généreuse de ses formes, présente une harmonie épanouie dans son corps et laisse à l’imaginaire des couleurs qui lui tannent la peau, un satiné et un velouté de pêche, fruit de l’été mûri au soleil qu’elle pourrait incarner à merveille et que l’on a envie de toucher, de caresser, dans laquelle on planterait volontiers les dents pour en sentir le jus couler autour de ses lèvres, jusque sur le menton.Fille de la mer, femme de la côte, Ingrid C. aime aussi jouer avec l’eau, la vague, le sable, les rochers.Autre décor… photo de plage. Ce n’est pas une de ces photos souvenirs du temps de l’adolescence. Non, c’est celle d’une sauvageonne rassérénée, aux cheveux en bataille, décoiffée par le bain de mer dans lequel elle vient de se régénérer, en trempant son corps, en frottant son épiderme aux milles gouttes d’eau vitales et dynamisantes. Mèche rebelle qui fouette le visage sous l’effet du léger zéphyr qui balaie la côte et la chevelure. La bouche pulpeuse porte la marque presque boudeuse de celle qu’on surprend et dérange dans son intimité sciemment offerte. Le regard noir, soudain devenu dur, est perdu sur un horizon lointain de rêves et de projets. Les grains de sable blanc maculent jambes et cuisses. Naïade prise à la sortie de son bain, un paréo aux étranges allures militaires souligne le haut de la cuisse fuselée et le plein de la fesse, plus deviné que montré. Main en avant protégeant la fine cheville au pied enfoncé dans le sable perlé qui a poli sa plante. Talon blanc, délicatement fripé d’une exposition prolongée à l’eau qu’à merveille l’on se prendrait à réchauffer au creux de sa main, si la naïade en faisait la demande.Mais la naïade sait aussi se faire sirène.La voilà alors sagement exposée sur un rocher gris, pull-over rouge éclatant porté à même la peau et longue jupe bleu marine. Un sourire mutin aux lèvres, elle vous fixe dans les yeux, légèrement par-dessous, telle la femme qui connaît et maîtrise son pouvoir de séduction et d’attraction et se veut volontairement soumise à votre bon vouloir de voyeur. Chevelure brune où se reflète un soleil rasant. Le buste ramassé sur lui-même. La belle se donne et se protège. Les deux mains en avant, le bout des doigts effleure et câline le rocher entre ses jambes. Un savant drapé de la jupe laisse voir une cuisse dénudée. Une jambe calant le corps, l’autre remontée lui permet de voiler la naissance des seins qu’une échancrure trop large ose exhiber trop librement à son goût. Le relevé de la cuisse, qui se finit dans l’ombre des plis de la jupe, expose une chair ferme, un mollet galbé, au genou modelé. La cheville fine et osseuse se termine sur un pied mince aux orteils nus, sans vernis ni apprêts. Des orteils recroquevillés, qui servent d’appui à cette jambe que l’on imagine soyeuse et douce au toucher. Le pouce du pied, légèrement pulpeux, est marqué par un ongle blanc, rectangulaire, joliment soigné et arrangé. Une fois encore, le cuivré de la peau marque sa délicatesse et l’on se surprend à en respirer des senteurs capiteuses, lourdes de ses effluves d’iodes, de varech, d’ambre et de musc. Voile de parfums capiteux et évanescents qui enrobent la femme adulée, l’accompagnent dans son sillage et s’évaporent avec la fin du film, la page qui se tourne, chamboule votre nuit, hante vos narines et vos rêveries.Et la femme de la mer, la fille de la côte, peut endosser les habits de la sophistication et de la provocation.Toute de noir vêtue, elle joue alors l’artifice de la tenue. Femme fatale aux gants noirs qui montent au milieu du bras, le jeu subtil de la mise en lumière et des ombres en confond les courbes, les met dans leurs avantages. Le soutien-gorge bustier, triangle de satin ou de soie noire, frangé dans son bas, montre plus qu’il ne cache une opulente gorge, à l’arrondi parfait. Le déhanchement lascif de la pose rejette la hanche sur le côté et, dans la pénombre, met en relief la volupté de la fesse pleine. Les franges servent d’habillage et dénudent un ventre plat, souligné par une culotte noire à l’entrejambe prestement fondu dans l’ombre. Pourtant, un habile et audacieux coup de lumière vient mettre un léger relief sur l’avant de la cuisse pour en souligner le satiné, en accroître le modelé, en suggérer la douceur et en accentuer la sensualité. Les épaules nues, aux attaches fines, jouent, elles aussi, avec la lumière. Une lumière qui gomme une partie des traits saillants du visage, le rendant plus irréel, en agrandit le regard en le rendant plus velouté, plus fatal et nimbe le buste et la tête dans une aura envoûtante.En jouant la sophistication et la femme fatale, ainsi mise en scène, Ingrid C. accentue la distance entre l’actrice et la star et elle peut venir hanter toutes nos nuits, toutes nos soirées jusqu’à satiété, jusqu’à plus soif.Mais le rôle est de courte durée car, au naturel, tout en étant la femme-star de nos fantasmagories nocturnes, Ingrid C., sans sophistication, sans scène dénudée séduit aussi.Apparition télécommandée pour une promotion sur un plateau de télévision…Chemisier beige foncé qui s’harmonise parfaitement, une fois encore, avec la carnation de sa peau et la couleur noisette grillée de ses yeux. Coordination des tons aussi avec les cheveux, frisottés, aux mèches dégradées dans les tonalités blond cendré. Les lèvres, juste surlignées d’un vieux rose, en sont charnues à souhait et lorsque le rire ou le sourire vient illuminer les yeux pétillants et la bouche, le saillant des pommettes est souligné par deux adorables fossettes qui marquent le bas du visage… Le menton pointu posé sagement sur la main, les doigts fins tendus à l’horizontale, le coude sur l’accoudoir, Ingrid C. sait aussi écouter attentivement. La star devient alors femme. Alors que la femme est déjà star et sait faire oublier l’inaccessible rêve qu’elle peut être pour se faire humble et disponible, au service de son public.Adulée, rêvée, fantasmée, Ingrid C. en habituée du petit et du grand écran, des pages dociles des magazines, traverse avec une sereine tranquillité notre paysage onirique, alimentant nos fantasmagories de mâles inassouvis de clichés sur papiers glacés ou, plus fugacement, sur nos écrans de télévision pour notre bon plaisir des yeux. La voir, la regarder, la contempler, l’admirer, l’épier peut devenir une passion dévorante pour qui se sait amoureux transi d’une étoile qui ne saurait briller qu’au firmament des stars.