31 octobre 2021, dans l’après-midiViolaine a appuyé son dos contre un râtelier en bois au travers duquel trois chèvres désœuvrées grappillent quelques brins de foin. La plus jeune d’entre elles a glissé sa tête entre les barreaux et pousse son museau entre les jambes de la femme. Les chèvres aiment le salé. Sans doute a-t-elle trouvé une source goûteuse sous la robe.La jeune femme ne la repousse pas, acceptant mollement les petits coups de tête et les effleurements de la langue agile.Son esprit et ses sens sont ailleurs. Entre ses bras musclés, elle serre la couverture de selle d’un cheval qui la regarde du coin de l’œil depuis sa stalle. Il ne connaît que trop ce rituel morbide et semble compatir.Les couches des vaches sont vides, les bêtes profitent dehors des derniers rayons de soleil de la fin de l’automne. De la paille recouvre le sol des stalles des veaux. Tout est prêt pour leur retour du parc.Cette nuit, c’est Halloween, la veille de la Toussaint. La nuit de tous les impossibles pour qui aime et se donne corps et âme à cet amour.Les enfants vont parcourir bruyamment le village à la recherche de friandises, ou, en cas de refus, jeter des sorts à tout-va.Le plus mauvais des mauvais sorts, Violaine l’a vécu l’an passé et elle ne s’en remet pas. Comme chaque année, Pierre devait venir chercher des courges qu’il vendait au marché. Une occasion de plus de se retrouver en cachette et de s’offrir ces plaisirs que Violaine et lui ne trouvaient plus dans leurs couples respectifs.Ils devaient en permanence cacher leur désir, chercher des prétextes crédibles pour s’offrir l’une à l’autre et partager quelques folies érotiques. Violaine en aurait voulu beaucoup plus. Mais depuis longtemps, elle était arrivée à se persuader que se donner de cette manière à Pierre, fût-ce dans l’urgence, suffisait à son bonheur.Dès que le rendez-vous était fixé, le corps de Violaine se mettait en mode désir et ses sens bouillonnaient. Il suffisait de quelques minutes à peine pour qu’elle soit prête à accueillir l’homme au plus profond d’elle. Sans filtres, désireuse d’anticiper le moindre désir de son mâle, offerte sans pudeur, ouverte, mouillée, électrisée par le moindre effleurement.Attendre l’homme, compter les minutes, écouter les bruits de moteur familiers constituaient de très troublants préliminaires. Son impatience n’avait plus de limites lorsqu’elle pouvait enfin se jeter à son cou. Plus rien n’aurait pu la retenir de s’emparer de sa virilité et de l’enfouir dans le creux de ses reins.Leur conjonction commençait toujours par une baise fougueuse, à la hussarde, ponctuée rapidement par une abondante éjaculation et des grognements de rut en guise de compliment pour la femelle si réceptive.Après, mais seulement lorsqu’ils en avaient le temps, ils se cajolaient quelques instants, avant de refaire l’amour, plus lentement, plus attentifs à leurs désirs respectifs. Jusqu’à ce qu’il s’empare à nouveau d’elle et la remplisse de sa semence.Bien sûr, ces étreintes furtives, ces baisers langoureux trop tôt avortés, ces pénétrations acrobatiques dans des coins discrets de la ferme, tout ce que cet amour interdit leur imposait ne lui suffisait pas.Souvent, après le départ de Pierre, elle se faisait vraiment jouir en se caressant rageusement, dans l’écurie ou la grange, là où il l’avait prise, là où il lui avait murmuré ces mots qui glissaient tant d’espoir dans son cœur et son ventre.Un jour, il serait à elle. Un jour, ils feraient l’amour dans un lit, se lèveraient au petit matin, encore gavés des plaisirs d’une longue nuit. Un jour, il ne viendrait pas seulement acheter des courges ou quelques autres produits de la ferme, mais la chercher, elle, et lui donner une place à ses côtés.Ces mots si troublants faisaient monter le plaisir de Violaine en flèche lorsque Pierre prenait le temps de les lui murmurer. La bouche de Pierre dans son cou, elle écartait les cuisses pour le prendre plus profondément en elle, pour qu’il s’abandonne et jouisse dans son ventre.Elle avait renoncé à toute protection. Elle voulait sentir son sperme dégouliner le long de ses jambes après le dernier baiser. Elle voulait le goût de lui sur ses doigts pour apaiser les tourments de ses départs précipités.Le contact de cette laitance coulant de son vagin la mettait en transe. Il prolongeait l’acte d’amour, scellait un pacte tacite entre les deux amants.Peut-être même désirait-elle secrètement tomber enceinte de lui. Son époux, qui l’honorait maladroitement, mais néanmoins régulièrement, n’y aurait vu que du feu. Elle seule saurait ce lien indéfectible entre elle et Pierre. Il lui suffirait de caresser les cheveux de son enfant, de leur enfant, pour qu’elle retrouve le soyeux de la chevelure de son amant.ooo000oooMaintenant, Violaine ne serre plus seulement la couverture contre elle. Elle a dégrafé le haut de sa robe et presse ses seins nus contre le tissu rêche. Ses doigts effleurent le mannequin de laine comme ils effleuraient le torse et le ventre de son amant. Elle cherche les tétons et les prend entre le pouce et l’index.Elle retrace alors sur ces petits bouts de chair imaginaires les caresses qu’elle aimait offrir à son amant lorsque, dérogeant à leur rituel, il la laissait faire ce qu’elle voulait de son corps. Alors elle se glissait nue contre son dos, et jouait une partition affolante de ses doigts agiles. Une mélodie voluptueuse sur ses zones érogènes où les staccati, les saltendi ou les legati se suivaient avec une maîtrise consommée de l’art amoureux.Pierre ne résistait pas longtemps à des manipulations si passionnées. La queue dressée droit devant eux, enfermé entre les bras de Violaine, il la suppliait de mettre fin à ses tourments.Elle aurait préféré continuer, aller encore plus loin, sexplorer les limites de la résistance virile. Mais elle aimait aussi le sentir accepter sa domination et implorer une libération séminale trop longtemps contenue.Alors elle le branlait de quelques tours de main ciblés et provoquait l’éjaculation. Les puissantes secousses du corps de l’amant, qu’elle ressentait contre ses seins, la crispation des fesses de l’homme jouissant, tous ces mouvements désordonnés de l’accomplissement sexuel, elle les aimait plus que tout. Ils la comblaient de plaisir et de bonheur.Comme elle aimait cet instant où l’homme excité était totalement à sa merci, juste avant le premier spasme, et le premier râle qui ponctuait le puissant orgasme qu’elle savait lui faire vivre !Une fois la dernière vague de volupté évanouie, elle se gavait du bonheur de serrer son amant contre son corps nu. Elle se laissait pénétrer par sa chaleur, jouissait des frissons qui parcouraient sa peau, s’enivrait de l’odeur de sueur que son corps dégageait.Parfois, lorsqu’il en avait le temps après ce traitement amoureux particulier, il se retournait, caressait son visage, ses seins, son ventre, avant d’enfouir ses doigts dans sa vulve béante.Alors, face à face, les yeux dans les yeux, ils se donnaient du plaisir debout, à peine adossés là où l’urgence de leur besoin de s’aimer les avait saisis.Il connaissait les points sensibles du corps de Violaine, savait la caresser habilement, faire vibrer de parfaite manière les lèvres suintantes, le clito hypersensible, le périnée déjà traversé de délicieux frissons.En quelques minutes, il savait ouvrir les vannes d’une jouissance dont lui seul avait les clés. Elle s’abandonnait alors ostensiblement, comme pour le rassurer sur ses compétences amoureuses. Elle aimait tant le sourire satisfait qui illuminait son visage lorsqu’elle jouissait au cours de tels ébats amoureux.S’ils en avaient encore le temps, elle aimait le récompenser par une langoureuse fellation. C’était presque le moment de ces joutes qu’elle préférait. Enfin, une lenteur amoureuse s’installait. Il aimait qu’elle prenne tout son temps pour lui redonner vigueur, dépasser la phase de calme qui précède une nouvelle tempête génitale.Rien de ce qui se passait dans son sexe, dans ses boules souvent encore trop pleines ou son bas-ventre ne lui était inconnu. Elle savait par cœur ses réactions à ses caresses, au passage de sa langue, aux mordillements légers qu’elle lui prodiguait de manière si jouissive. Rapidement, elle le remettait en forme, puis le conduisait vers une nouvelle éjaculation, sur ses seins, son visage ou entre ses lèvres.Elle adorait cet instant de fragilité virile, lorsque le mâle ne peut plus se retenir et fait cadeau de sa semence.Malheureusement, trop souvent à cause du lieu inadéquat ou du manque de temps, elle sentait que la dernière goutte de sperme qu’il déposait sur elle mettait fin à ce partage amoureux volé. Autant lui avait-il appartenu jusqu’à ce moment, autant lui échappait-il dès ce point final.Le corps libéré des tensions sexuelles, l’esprit déjà tourné vers de nouvelles activités – avec d’autres femmes ? –, il se rhabillait rapidement, la serrait contre lui, embrassait son visage – ou ses paupières si son orgasme avait été particulièrement intense – puis disparaissait avec la cargaison de légumes qu’il était venu chercher.C’est ainsi qu’ils s’étaient quittés au soir du 29 octobre, un an auparavant. Une brève embrassade, pas de baiser sur les yeux, juste un mot de remerciement, une sorte de reconnaissance du bas-ventre qu’elle n’appréciait pas vraiment, tant cela correspondait mal à l’intensité de ce qu’elle éprouvait. Ni surtout à ce qu’elle espérait pour l’avenir de leur relation.Le lendemain, occupée à préparer les lots de courges pour la fête d’Halloween, elle n’eut néanmoins pas beaucoup le temps de ressasser ce qui s’était réellement passé lors de leur dernière rencontre.Un sentiment bizarre étreignait toutefois son ventre. Une impression d’inachevé, de précipité qui ne correspondait pas à leurs rituels amoureux. À quoi devait-elle s’attendre la nuit du 31 octobre où ils avaient convenu de se retrouver ? Serait-il à nouveau le même ou allait-il lui avouer quelque chose ? Serait-il en train de se lasser de leurs ébats adultères ? Ou pire, les secrets de son corps ne suffiraient-ils plus à le satisfaire ?Elle était prête à tout pour pouvoir le garder et l’aimer encore. Déjà, elle imaginait des ébats encore plus excitants, obscènes même s’il le désirait. Elle avait renoncé depuis longtemps à toute limite, toute pudeur, toute retenue pour mieux lui appartenir.Elle l’attendit toute la nuit d’Halloween. En vain. Le lot de courges qu’il avait commandées resta dans la cave où elle les stockait en attendant livraison.Elle n’eut plus de nouvelles de lui pendant trois jours. Trois jours de folie, d’incompréhension et de désespoir. Elle se retrouvait seule, sans un mot de lui, sans une explication. Cela ne ressemblait à rien. Et par-dessus tout, elle devait cacher son désarroi à son entourage, son mari notamment, qui sembla néanmoins ne rien remarquer des humeurs changeantes et maussades de sa femme.Elle eut la réponse en lisant les avis mortuaires dans le journal. Sa voiture avait été démolie par un chauffard ivre, alors qu’il se rendait à sa ferme pour prendre les courges, et lui faire l’amour. Il était apparemment mort sur le coup. Elle ne se remit jamais vraiment de ce choc.ooo000oooDe ses pouces, Violaine dessine des cercles sur les tétons de Pierre. Elle masse, enfonce puis étire les mamelons, dont elle connaît la sensibilité sur le bout des doigts. Il gémit et commence à bander.— Tu aimes donc encore ce que je te fais ?— …— C’est pour ça, juste pour ça que tu viens me retrouver, salaud ? Et moi, pauvre conne, je t’attends, folle de désir et d’amour. Je rêve, j’espère, je…— …— Ah oui, juste là, je sais que ça t’excite. Lâche-toi, ça va être ta fête. Je vais tellement te faire bander que, quand je te libérerai, tu vas te précipiter sur la première courge à ta portée pour te soulager. Les jolis trous ne sont pas faits que pour laisser passer la lumière de bougies !— …— C’est bien ça, hein, je suis la plus belle de tes courges pour te soulager ? Et à l’instant, tu serais prêt à promettre n’importe quoi pourvu que je vide tes couilles. Elle ne te donne pas ce genre de plaisir, ta femme. Pauvres boules toutes pleines de jus de mec. Depuis quand ne se laisse-t-elle plus toucher ?Les mains de Violaine virevoltent sur la couverture, excitant les points sensibles du torse et du ventre masculin. Finalement, après une longue manipulation érotique des tétons et du nombril, elle descend jusqu’au bas-ventre et commence à caresser le sexe dressé de l’homme.— Un an que tu ne l’as plus touchée ? Pour de vrai ! Donc depuis que tu m’as lâchée ? Trop mauvaise pioche : plus de maîtresse, plus de femme, la zone, quoi ! Laisse-toi aller, mon Pierre, même si je déteste ce que j’ai vécu tous ces mois sans toi, je vais t’en donner un beau d’orgasme. Un vrai, bien juteux, à t’en ratatiner les couilles pour des semaines.— …— J’aime tellement ton sexe. Il m’a rendue folle depuis la première pénétration. En plus, il est beau, juste beau, un régal pour les yeux quand tu reprends des forces avant de me sauter à nouveau.— …— Si j’aime cette impatience débridée ? Mais je l’adore, j’adore te sentir en moi, je perds pied dès que ta queue m’envahit. J’ai besoin d’elle comme j’ai besoin de respirer. Tu comprends ça ? Tu comprends à quel point j’ai besoin de ton corps dans le mien ? À quel point j’ai même besoin de ton égoïsme de mec, qui me laisse pourtant souvent en rade juste avant le feu d’artifice ? Je m’en fiche, j’ai dix doigts de bonne taille pour te remplacer après ton départ. Et là, mon gars, je te jure que je m’envoie en l’air, avec l’odeur de ton sperme dans les narines. Ton jus, c’est mon délire, ma drogue, ma coke à moi.— …— À toi aussi, nos séances de baise te manquent ? Alors pourquoi ne reviens-tu plus vers moi ? Pourquoi me laisses-tu si seule depuis douze mois ?Pendant qu’elle lui parle, dans le creux de l’épaule, sa main va et vient sur le sexe de l’homme. D’abord de haut en bas, doucement. Puis, petit à petit, elle lui offre des stimulations plus précises, sur le bout du gland, sous le frein. Elle le sent vibrer, se tendre, chercher déjà le plaisir dans le basculement des hanches, dans le simulacre de pénétration.Elle n’a toutefois pas l’intention de le laisser diriger les ébats. Elle le tient, elle ne le lâchera plus. Pour le convaincre de s’abandonner, elle le branle de plus en plus vite, le prend en main de plus en plus fermement, insistant sur le passage du gland.À chaque fois, tout son corps réagit, il se tend, se courbe, cherche instinctivement à pénétrer quelque chose qui le soulagera.— Je ne te donnerai pas le plaisir de me caresser, mais je veux que tu saches à quel point je mouille. C’est chaque fois la même chose dès que tu me touches. Je réagis au quart de tour, redeviens ton objet de plaisir, ta poupée gonflée.En disant cela, l’excitation la gagne, elle aussi. Elle agite sa main de plus en plus frénétiquement sur la queue de l’homme. En même temps, elle frotte les pointes de ses seins contre la couverture qu’elle tient toujours contre elle, comme si c’était le dos de son amant. En plus rugueux, en plus irritant, mais en plus jouissif.— Tu es prêt maintenant, hein, avoue ! Sauf que je n’en ai pas encore fini avec toi. Le bouquet final sera lent ou ne sera pas. Je veux que tu gicles bien plus loin que tu ne l’as jamais fait. Je veux te sentir te vider entre mes doigts, je veux couper ton souffle tellement tu seras terrassé par l’orgasme. Je veux que jamais tu n’oublies cette baise d’amour. Une baise si intense qu’aucune autre ne lui arrivera à la cheville. Plus jamais. Où que tu sois, mon bel amour. Je veux que t’éjacules au-delà de ce que tu n’as jamais osé fantasmer.— …— Tu demandes déjà grâce ? Tu peux te brosser. C’est moi qui donne le rythme, ton plaisir dépend de moi, à jamais. Mais tu ne le regretteras pas.Gardant toujours la couverture serrée contre ses seins, elle se déplace de quelques mètres dans l’écurie, jusqu’à une des machines prêtes pour la traite du soir. Elle en décroche un des pots en silicone et en recouvre le sexe volumineux de son amant. Le va-et-vient mécanique pousse son besoin de jouir au paroxysme.Il cherche à s’enfoncer le plus profondément possible dans le cylindre mou. Elle l’en empêche en plaçant le pot de traite juste à la pointe de sa verge, ce qui ne lui laisse qu’une marge de frottement de quelques centimètres.— Du calme, mon amour. Pas d’impatience ce soir. Nous avons tout le temps. Mon époux légitime est sorti avec ses potes, je suis seule dans la ferme avec toi. Et la nuit d’Halloween est la nuit de tous les impossibles.— …— Si des enfants viennent demander des friandises ? On leur lancera les courges invendables, les petites qui font mal quand on touche la cible ! Ou on les laissera regarder. Quelle plus belle manière d’apprendre ce qu’est un amour absolu, immortel ?Tout en lui parlant, elle ne cesse d’exciter le bout du sexe de son homme avec le gobelet de traite. De l’autre main, elle masse ses couilles et stimule la base du sexe jusqu’aux abords de l’anus. Cette fois, c’est l’homme qui est le jouet de ses désirs, elle ne se privera de rien.— C’est trop cruel ? Tu ne sais plus si tu vas jouir ou ne plus pouvoir éjaculer pendant longtemps tant tes glandes sont malmenées ? Ne panique pas, je t’aime trop pour te faire souffrir. Mais promets-moi que si je te laisse gicler, tu me laisseras ensuite te lécher, déguster tes sucs virils. Cela me manque tant, mon amour, tu n’imagines pas à quel point tu m’as douloureusement sevrée en m’abandonnant. Promets-moi !Alors elle laisse l’homme pénétrer plus profondément dans le gobelet de traite. Le rythme des coups de reins s’intensifie. Jusqu’à ce qu’elle le sente perdre pied. Elle retire le gobelet juste avant la première giclée.De puissantes vagues orgasmiques traversent son corps. Il gémit, râle, souffle, cherche son souffle, hoquette au passage de chaque expulsion de sperme. Comme elle l’avait prédit, le plaisir qu’elle lui offre ainsi ne ressemble en rien à ce qu’il a déjà vécu. Même pas avec elle.Elle sourit en voyant les abondantes giclées se répandre dans la rigole derrière les logettes des vaches. Le plaisir l’a fait décoller corps et âme au-delà de toute espérance. Pour un instant, qu’elle espère arriver à prolonger encore, il est redevenu son mec, son amant, le Pierre qu’elle n’a cessé de désirer jour et nuit depuis qu’il l’a abandonnée.S’il pouvait lui revenir, elle serait prête à tout pardonner, tout accepter pour qu’ils se retrouvent et puissent s’aimer à nouveau intensément.Terrassée par l’émotion, Violaine tombe à genoux dans la paille, à côté de l’enclos des chèvres. Tremblant sur ses jambes pourtant solidement musclées, l’homme se retourne et présente son sexe à peine débandé à quelques centimètres de la bouche de Violaine. Elle le saisit avec gourmandise et le glisse entre ses lèvres. Les yeux fermés, elle tend la langue pour lécher la queue luisante de foutre sur toute sa longueur.Alors, le goût de son homme revient immédiatement dans sa mémoire érotique. L’émotion est d’une violence inouïe. L’année d’abstinence, de manque d’amour et de sexe, tout ce qui a accompagné les trois cent soixante-cinq derniers jours remonte à la surface et la bouleverse.Elle se met à trembler, des larmes giclent de ses yeux, tout tourne autour d’elle, un hurlement lugubre jaillit de sa poitrine.D’un seul coup, la douleur de la perte de l’être tant aimé la submerge. Le tabou de la bienséance lui avait interdit de porter le deuil. Le rituel inachevé se rappelle à elle de la plus douloureuse manière.Le cœur une nouvelle fois brisé, les sens bousculés au-delà du supportable, elle craque et perd conscience. Comme un chiffon mou, elle se laisse choir à moitié nue dans la paille, le visage baigné de larmes.ooo000ooo— Violaine ? Violaine, mon amour, que t’arrive-t-il ? Pourquoi pleures-tu ? Et pourquoi es-tu nue dans le froid ? Violaine, explique-moi.— Pierre ?— Ben oui, Pierre, qui d’autre attends-tu ?— Tu es revenu ? Pour moi ou pour ces putains de courges ?— Pour toi, ma belle. Rien que pour toi. Mais seulement une nuit.— Une nuit d’amour, alors. Vraiment d’amour.— Le plus pur et le plus fou, promis.— Mais comment est-ce possible ? Ne me fais pas de mal de là où tu es. Je suis trop fragile, je ne supporterais pas de te perdre une nouvelle fois sans savoir, sans comprendre.— Je t’expliquerai tout. Mais laisse-moi d’abord te réchauffer. Viens dans mes bras, oublie les chagrins, les doutes.— Sommes-nous vraiment ensemble ?— Oui, en chair et en os. Pose ta main là où tu aimais la poser. Sens-tu comme je te désire ?— Je croyais que les anges n’avaient plus de sexe. Ce n’est pas très catholique une queue aussi grosse, maugrée Violaine en retrouvant le sourire. Garderais-tu la forme en tringlant en secret quelques vierges derrière d’épais nuages ?— J’avoue volontiers, l’éternité n’a pas que de mauvais côtés.Elle revient peu à peu à elle. Elle sait que Pierre est mort dans un accident la nuit d’Halloween de l’an passé. Il ne peut plus être là, elle doit délirer.Il faut qu’elle reprenne pied dans la réalité, sinon elle va devenir folle. À moins qu’il ne soit déjà trop tard et que le manque et le chagrin aient définitivement cramé ses neurones.— Pierre, mon amour, je t’en prie, sors de mon rêve, ne me torture pas— Ce n’est pas un rêve, Violaine. Ne crains rien, ne résiste pas.Il prend sa main et la guide contre son bas-ventre. Immédiatement, elle retrouve la sensation si troublante de son désir de mec.— Touche-moi, fais-moi bander, prends-moi en toi et tu pourras vraiment venir à ma rencontre.— Comment est-ce possible ? On t’a accordé une permission céleste pour bonne conduite ?— C’est un peu ça. Mais cela n’a pas vraiment d’importance. Ce qui compte, c’est nous, c’est toi et le bonheur que je veux remettre dans ton cœur. Et la preuve de mon amour que je veux déposer dans ton ventre.— Quelle preuve au fond de mon ventre ? Mon mari ne me touche plus depuis qu’il a découvert notre relation. Aucune chance que je tombe enceinte.— Si tu le désires vraiment, cela sera. C’est ce que je suis venu te révéler.Cet échange de promesses est complètement délirant. Violaine le sait, le sent. Mais d’un autre côté, les paroles de Pierre la calment et lui offrent un apaisement qu’elle n’avait plus ressenti depuis si longtemps.Son esprit lui dicte qu’elle sombre dans le délire, mais son corps et son cœur la poussent à s’abandonner, à faire confiance.À qui ? À quoi ? Elle ne le sait pas, mais quelque chose dans l’attitude de Pierre, dont elle tient le sexe raide entre ses mains, la conforte dans la certitude que ses sens, pour troublés qu’ils soient, ne peuvent mentir.Pierre est bien là, en chair et en os comme il l’a affirmé. Est-ce si important de comprendre comment et pourquoi ? Il est revenu, et il vient de lui faire la promesse d’un enfant de lui, cette nuit. Le reste ne compte plus.Alors ils commencent à faire l’amour, comme jamais ils n’avaient su prendre le temps de le faire. Allongée sous ses yeux, elle retire sa robe et s’offre à ses regards, dans l’éclatante vérité de sa nudité.Dressé au-dessus d’elle, Pierre se déshabille tout aussi lentement, vêtement après vêtement, jusqu’à l’ultime barrière de tissu qui cachait sa volumineuse érection. Il leur suffit de se redécouvrir nus pour qu’un violent désir s’empare d’eux.Conformément à leur rituel, elle écarte maintenant les cuisses pour qu’il puisse la contempler. Il se régale de ses charmes et lui montre son émotion en caressant sa queue et ses boules.Elle crève d’envie de se jeter sur cette épaisse friandise, mais se retient et poursuit le jeu de l’offrande.Elle écarte maintenant les plis de sa vulve, plonge un doigt entre les lèvres déjà gonflées et luisantes, puis lèche de manière particulièrement salace les sucs qu’elle a récoltés.Sans cesser de la regarder, Pierre tombe à genoux entre ses jambes. Elle lui murmure les mots qui attirent irrésistiblement le mâle, elle psalmodie l’appel de la femme amoureuse, qui ne saurait attendre plus longtemps avant d’être prise par son amant.D’ailleurs, elle s’est déjà emparée du phallus gorgé de sang et de sève, et le guide dans son intimité.D’un mouvement très doux, il pénètre en elle, de plus en plus profondément, encore plus profondément, jusqu’à ce qu’elle perde le souffle d’être si intensément envahie. Il est si gros, si dur qu’elle ne sait déjà plus distinguer entre plaisir et douleur.La sensation du sexe démesuré dans ses entrailles de femelle est indescriptible. Elle n’avait jamais ressenti ses pénétrations d’une manière aussi intense lorsqu’ils se retrouvaient en cachette.Maintenant, cette conjonction a quelque chose d’irréel. C’est au-delà d’une baise fougueuse, bien plus puissant qu’une copulation furtive entre deux bottes de foin, incomparablement plus voluptueux que leurs jeux amoureux d’autrefois.Là, il la possède comme aucun homme ne l’a jamais possédée. Elle lui appartient de la pointe des seins jusqu’au bout des orteils, en passant par ses ovaires qui commencent à sécréter des substances inattendues, aux effets délirants.Sous la puissance d’un tel écartèlement, elle sent monter dans tout son être un plaisir qu’elle n’avait jamais éprouvé. Une vague indescriptible qui va tout emporter sur son passage.Elle sait dans le plus profond de sa féminité qu’elle ne sera plus la même après l’orgasme qui s’impose de plus en plus, de plus en plus vite, de plus en plus intensément. Il y aura la Violaine d’avant, et celle d’après, dont les vœux les plus secrets, les prières les plus intimes pour obtenir la grâce de revoir une fois, ne serait-ce qu’une seule fois son amant chéri auront été exaucées.Non content de s’emparer de sa féminité au plus profond de ce que son ventre peut supporter, Pierre s’est maintenant emparé de sa bouche. Le baiser qu’il lui offre, l’envahissement buccal qu’il lui impose tendrement est aussi affolant que ce qu’il provoque avec son sexe.Habilement appuyé sur ses coudes et sur ses genoux, Pierre bouge lentement ses reins de manière à augmenter encore le plaisir de Violaine. Son corps recouvrant la jeune femme est étrangement léger, tout en étant incroyablement présent, dense, chaud et vibrant. Violaine se rassure de la réalité de ce qu’elle éprouve en prenant les fesses de Pierre fermement en mains. Un régal de rondeur et de force virile.Dès les premiers mouvements des hanches et du bassin, les deux amants retrouvent les sensations et les rythmes qui leur donnaient tant de plaisir autrefois. Longuement, ils font l’amour comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. Ils font même beaucoup plus que l’amour. À chaque pénétration du sexe de Pierre entre les lèvres intimes de Violaine, ils s’offrent plus intimement l’un à l’autre ce qu’ils ressentent, ce qu’ils éprouvent l’une pour l’autre. Ils retraversent, partagent et occultent enfin dans cette sublime imbrication tout ce qu’ils ont vécu séparément au cours des douze derniers mois.En vérité, ils ne se mélangent pas seulement dans un plaisir de plus en plus intense, mais leurs corps et leurs esprits s’imbriquent l’un dans l’autre pour mieux partager ce que la séparation les a forcés de vivre en solitaires. Ils vibrent à l’unisson et se mélangent l’un à l’autre.Après de très longues minutes de ce coït magique, Violaine sent quelque chose s’ouvrir en elle, comme un voile léger qui se déchire.Dès lors, son instinct de femme lui fait pressentir un orgasme d’une intensité inégalée. En vérité, non seulement un orgasme, mais la réalisation d’une union absolue avec l’homme qu’elle aime au plus profond de son cœur et de son corps. Et au-delà de ça, l’acceptation de tout ce qui pourrait naître de cette union.Elle ouvre les yeux pour regarder son amant juste avant de s’abandonner. Il lui sourit.— Pierre, je…— Je sais, laisse nous aller au bout de cet instant.— Donne-moi tout de toi, jusqu’à la dernière goutte.Alors tout peut s’accomplir, la vie est plus forte que tout.Dans un dernier éclair de lucidité avant le déferlement de plaisir, Violaine se dit que celles et ceux qui prétendent qu’une femme ne sent pas éjaculer l’homme dans son vagin sont tristement à côté de la plaque.À chaque spasme, chaque giclée, chaque secousse qui ponctue l’abandon de Pierre, elle sent tout ce qu’il dépose au fond de son ventre. Elle sent avec une étrange intensité chaque coulée de sperme. Elle sent aussi, bien avant que Pierre perde de sa raideur, à quel point les petits spermatozoïdes qui baignent ses muqueuses intimes partent déjà à l’assaut de sa matrice.Le bonheur d’appartenir à son homme de cette manière est sans limites. C’est ce qui la fait basculer dans une volupté incomparable, et libère l’orgasme qu’elle sentait monter depuis longtemps.ooo000ooo24 juillet 2022, en soiréeLe corps épuisé par le long effort de l’accouchement, l’esprit flottant entre la chambre de la maternité, l’écurie où Pierre était revenu lui annoncer l’inconcevable et la ferme où une vie nouvelle va commencer, Violaine réalise peu à peu l’immensité de ce qui lui est arrivé. Elle serre tendrement son bébé dans ses bras. Une bouffée d’amour pur fait battre son cœur plus fort.Son mari vient de quitter la chambre. Il l’a abondamment remerciée, félicitée, cajolée. Elle s’est laissée faire. Il se doute probablement de quelque chose, mais préfère rester dans le déni. Toute vérité n’est pas bonne à dire, surtout si elle devait provoquer l’aveu d’un désamour de la part de sa femme. D’une manière ou d’une autre, le petit être scelle leur couple, à défaut de renforcer un amour que le mari ne trouve plus ni entre les bras, ni même dans le regard de Violaine.Il n’en est pas moins fier de la naissance de leur fils. Ils vont vivre ensemble et l’élever dans les meilleures conditions possible pour son épanouissement. Le mari ne demandera rien de plus que ce que Violaine voudra bien lui offrir. Pourvu qu’elle reste avec lui à la ferme. Aimer et admirer cette femme fascinante dans le secret de son cœur lui suffira. Dieu fasse que jamais elle ne le méprise.Violaine caresse la tête du nouveau-né. Son cœur est empreint d’une reconnaissance infinie pour Pierre et le cadeau qu’il lui a fait la nuit d’Halloween, quel que soit l’endroit d’où il est revenu pour l’aimer.Halloween, la nuit de tous les impossibles pour qui aime et se donne corps et âme à cet amour.ooo000oooPS Cette histoire est (bien sûr !) imaginaire. Quoique ! L’idée et le titre proviennent d’une collision dans mon esprit entre le rite catholique de l’Annonciation (Luc 1, 26-38, fête le 25 mars) et le rite païen célébrant le surnaturel pendant Halloween (fête le 31 octobre).Je n’ai découvert qu’après une première écriture, qu’un autre auteur avait évoqué quelque chose de similaire (https://societe.paul-claudel.net/œuvre/annonce-marie). Qu’il me pardonne notamment l’emprunt du prénom de Violaine.Je laisse aux lectrices l’appréciation de l’hypothèse d’une filiation surnaturelle entre Paul Claudel et Olaf. Tout en précisant être artistiquement et spirituellement plus proche de sa sœur, Camille, que de Paul Claudel (http://www.museecamilleclaudel.fr/fr/collections/labandon).