Attention : cette première partie contient très peu de traces d’érotisme, c’est pourquoi j’ai crĂ©Ă© un petit rĂ©sumĂ© au dĂ©but de la deuxième partie. Libre Ă vous de survoler donc cette première partie, mais vous rateriez tout de mĂŞme quelque chose !Cher lecteur, chère lectrice, l’histoire que je vais vous raconter ici est pratiquement rĂ©elle, aussi Ă©trange que cela puisse paraĂ®tre. Je dis bien « pratiquement », car quelques passages sont très lĂ©gèrement romancĂ©s pour vous permettre une lecture plus agrĂ©able. Les prĂ©noms ont aussi Ă©tĂ© modifiĂ©s.Je vous souhaite une bonne lecture !* * * * *Cette histoire se dĂ©roule durant l’étĂ© 2005, l’étĂ© de mes dix-neuf ans, l’étĂ© de la cessation, pour moi, de mes activitĂ©s scolaires. Enfin, celles qui prĂ©cĂ©daient mes futures Ă©tudes universitaires car, comme chacun le sait, le bac n’est pas une fin en soi, mais au contraire le dĂ©but des vĂ©ritables Ă©tudes. Ce mĂŞme bac que j’avais obtenu avec une honorable mention « Bien », qui avait fait le grand plaisir de mes parents, mes amis et mes anciens professeurs.C’est ainsi que je me retrouvais Ă Saint-Malo, cette magnifique ville bretonne dans laquelle ma mère vit depuis sept ans, depuis son divorce d’avec mon père qui, quant Ă lui, demeure en rĂ©gion parisienne. Majeur depuis trois mois, je profitais pleinement de ce voyage. Le temps Ă©tait splendide, la chaleur caniculaire de l’astre solaire flirtait avec la brise lĂ©gère de ce somptueux bord de mer… Une dĂ©licieuse glace coco en main, une musique envoĂ»tante – une sorte de rock japonais très rythmĂ© – dans les oreilles, je m’adonnais Ă mon loisir prĂ©fĂ©rĂ©Â : le skate-board.Assez grand, des yeux vert Ă©meraude quelque peu bridĂ©s, on m’a souvent dit que je dĂ©gageais quelque chose de particulier, un charme intĂ©rieur intense…Amoureux d’Internet, j’étais par ailleurs un grand « cyber-dragueur ». Peu des filles Ă qui je parlais me cachaient rĂ©ellement des choses, et pourtant j’étais assez rĂ©servĂ© dans la vie courante, trop timide pour dĂ©clarer ma flamme Ă quelque fille que ce soit…Et ma vie prit, ce lundi-ci, un tournant extraordinaire. Alors que je me baladais, dĂ©ambulant skate en main dans la ville fortifiĂ©e, jetant quelques coups d’oeil furtifs un peu partout – j’étais assez curieux et Ă vrai dire ceci me forgea très jeune une solide culture gĂ©nĂ©rale -, j’aperçus alors, sur la terrasse d’une pizzeria…Une vĂ©ritable angeresse.En y rĂ©flĂ©chissant, je ne vois pas quel autre terme j’aurais pu employer que ce nĂ©ologisme rarement usitĂ©, tellement cette fille resplendissait, tellement sa beautĂ© me subjuguait…Elle avait des cheveux assez longs, descendant entre sa nuque et ses omoplates et flirtant entre le roux et le châtain. Moi qui avais toujours Ă©tĂ© secrètement passionnĂ© par les blondes, elle affichait une teinte de cheveux d’une beautĂ© si exceptionnelle que les superlatifs ne sont pas assez nombreux et forts pour vous la dĂ©crire par l’écriture, c’est vous dire…Sous cette si craquante frange se dessinaient deux petits yeux noirs, assez ronds, un nez très fin et des lèvres pulpeuses, d’un rose Ă©blouissant, scintillant. Il rĂ©sultait de tout cela un visage radieux, dont l’adorable petite moue qui s’y dessinait parfois aurait fissurĂ© le coeur de pierre le plus dur et le plus froid du plus misogyne des misogynes… En un mot, elle Ă©tait divine.Elle ne semblait pas avoir une très grosse poitrine, mais l’on pouvait tout de mĂŞme deviner deux jolis globes naissants sous son t-shirt… Sa taille paraissait assez fine, elle avait des jambes plutĂ´t longues et galbĂ©es, parfaitement lisses. Son short en jeans laissait deviner ses fesses assez rebondies.Voici donc comment se prĂ©sentait cette somptueuse fille, qui devait avoir un âge très proche du mien…Mais voyez-vous, si ce genre de coup de foudre peut arriver souvent, en rĂ©alitĂ© c’est une raison bien plus Ă©tonnante qui me pousse Ă faire ce rĂ©cit aujourd’hui. Car lorsque je vis cette fille, un frisson très violent et froid me parcourut instantanĂ©ment, et en quelques secondes je compris pourquoi.Il me semblait connaĂ®tre cette fille !C’était le sosie parfait d’une fille que je connaissais depuis trois ans grâce Ă Internet, et avec qui j’avais beaucoup d’affinitĂ©s. Étonnant d’ailleurs, car elle Ă©tait, elle aussi, particulièrement rĂ©servĂ©e. D’elle, je savais seulement qu’elle habitait Genève, que sa taille Ă©tait proche du mètre soixante (ce qui Ă©tait aussi le cas pour la fille de la terrasse !), qu’elle adorait les chiens, la guitare, et qu’elle avait… un bonnet B.J’ai dĂ©cidĂ© de forcer le destin. Dans ces moments, on ferait n’importe quoi pour s’assurer qu’on a raison… Ou tort.On dit couramment qu’un malheur n’arrive jamais seul. Dans mon cas ce serait plutĂ´t le coup de veine qui n’est pas arrivĂ© seul : une table, Ă cĂ´tĂ© de la sienne (ou devrais-je dire « de la leur », car elle Ă©tait accompagnĂ©e de deux individus qui semblaient ĂŞtre ses parents), Ă©tait libre. Je m’y suis donc installĂ©. En fait, vu la disposition des tables, nous Ă©tions presque face Ă face, mais Ă trois mètres l’un de l’autre. Pour fĂŞter cette rencontre inopinĂ©e, une belle quatre saisons m’attendait.Pendant près d’une heure et demie, j’acquis des informations importantes : d’abord mon impression Ă©tait bel et bien confirmĂ©e, il s’agissait bien d’elle : Laura, de Genève, ce que j’appris lorsque son tĂ©lĂ©phone sonna et qu’elle dit « Ouais, ouais, je retourne Ă Genève jeudi ». Sa petite voix, plutĂ´t aigĂĽe, Ă©tait bien celle que j’avais Ă©coutĂ©e jadis.Je la dĂ©vorais des yeux, je sentais mon coeur Ă deux doigts de se fendre Ă chaque fois que nos regards se croisaient. Je me souvins alors que je n’avais jamais eu l’occasion de lui montrer une photo de moi. Elle ne savait donc pas qui j’étais… Et c’est lĂ que je compris que j’avais devant moi l’occasion de marquer plus de points que Federer Ă Roland-Garros (j’aime aussi le tennis, oui !) : je ne la laissais pas indiffĂ©rente, du moins c’est ce que je devinais aux petits sourires et regards qu’elle me jetait.J’aurais alors pu prendre le taureau par les cornes, et tout lui avouer… Mais je ne l’ai pas fait pour deux raisons : d’abord, ma timiditĂ© reprenait le dessus et me figeait sur ma chaise Ă chaque fois que je comptais me lever. Ensuite, parce que j’appris quelque chose de bien plus intĂ©ressant en Ă©coutant la conversation qu’elle tenait avec ses parents : le lendemain, mademoiselle serait Ă la plage et surtout, elle serait seule, car ces deux derniers auraient des choses Ă faire.Finalement, elle partit en premier. Bien dĂ©cidĂ©, je me suis alors dit : « Tu es presque dans les mailles du filet, attends que je le referme… »* * * * *Mardi matinJe n’ai presque pas fermĂ© l’oeil de la nuit. Tout ce que j’avais vĂ©cu, ajoutĂ© Ă tout ce que j’imaginais, voici le cocktail pour une bonne nuit blanche… de masturbation.Je lus alors sur mon rĂ©veil : « 08:58 ». Il devait sonner Ă neuf heures, je l’arrĂŞtai avant que ne retentisse le gong. Lavage, rasage, gel, et autres produits diaboliques, tout y passa afin que je sois le plus prĂ©sentable possible.Je quittai le domaine familial Ă midi, dĂ©cidĂ©, excitĂ©, et aussi un peu inquiet. Mille questions trottaient dans mon esprit… Serait-elle bien prĂ©sente ? Comment rĂ©agirait-elle ? Ai-je bien fait de mettre cette chemise-ci ? Et cætera. Non, je devais me reprendre en main, j’étais sĂ»r de moi.Mon fidèle skate toujours en main, je m’approchais progressivement de la plage. Il faisait un temps magnifique, la plage Ă©tait noire de monde. Après avoir marchĂ© quelques minutes sur la digue, il me semblait avoir aperçu une fille qui pouvait bien ĂŞtre elle…Demi-tour de la jeune femme, bingo, c’était bien elle ! Seul problème, comment y aller ? PlutĂ´t que de faire stupidement une approche indirecte Ă©laborĂ©e, digne d’un agent secret, j’avançai d’un pas dĂ©cidĂ© et m’assis Ă environ cinq mètres d’elle. Elle Ă©tait vĂŞtue d’un superbe bikini blanc Ă fleurs rouges, plutĂ´t Ă©chancrĂ©. Je m’attardai sur ses cuisses, qui me paraissaient si douces… Soudain, je la vis tourner la tĂŞte vers moi. Je dĂ©tournai alors le regard, observant la mer, un peu gĂŞné… Ce qui se passa alors m’étonna au plus haut point, et ce encore aujourd’hui : je voyais bien que son regard n’était pas que furtif, elle me dĂ©visageait complètement, de la tĂŞte aux pieds, et cela dura peut-ĂŞtre quinze secondes… Je me demandais ce qu’elle pouvait bien se dire… « Quel beau garçon ? Encore un dragueur de plage ? Pourquoi me regarde-t-il ainsi ? »Et si elle m’avait reconnu ?Je n’ai pas tardĂ© Ă avoir la rĂ©ponse : je la vis se lever, avancer vers moi. Je pensai alors : « Elle ne va pas venir, elle va aller se baigner, ou aller je ne sais où… ». Et pourtant. Et c’est lĂ que j’ai appris Ă ne plus juger les filles sur les apparences. Et pour cause… Elle qui paraissait si timide, si rĂ©servĂ©e, m’aborda sans dĂ©tour :— Excuse-moi, c’est bien toi que j’ai vu hier Ă la pizzeria, non ?— Oui, il me semble, pourquoi ?J’adore jouer avec les gens, vous allez vous en rendre compte !— Euh… Juste comme ça… En fait…— En fait quoi ?— C’n’est pas facile Ă dire mais… Je te trouve assez mignon… Et c’est pas mon style d’aborder comme ça les garçons en plus !Tu m’étonnes, j’avais bien compris!— C’est gentil, Laura.— Mais… comment tu connais mon prĂ©nom, toi ?— HĂ© hé… Secret d’État !DĂ©jĂ un sourire chez elle, c’est bon signe !— Ah oui je pige, tu l’as entendu hier soir.— Ouais, mais…Progressivement, Laura Ă©tait venue s’asseoir Ă cĂ´tĂ© de moi, et nous parlions comme si nous nous connaissions depuis des annĂ©es…— … Mais quoi ?— Eh bien, il me semble que je le savais dĂ©jĂ .— Pardon ?J’avais ouvert une brèche, Ă moi de m’y faufiler.— Oui, c’est pas la première fois que je rencontre une Laura…J’aurais bien ajoutĂ© « aussi belle » dans cette phrase, mais patience !— Ah d’accord… C’est vrai que ce prĂ©nom est si courant, tu le hurles dans la rue, y a au moins cinq filles qui se retournent…Tiens, joli coup d’ironie, cette fois-ci c’est moi qui souris. Disons 15-A !— Ben… C’est pas ce que je voulais dire…— Tu voulais dire quoi alors ?— Que tu risques d’avoir quelque chose de très intĂ©ressant Ă dĂ©couvrir… si tu le mĂ©rites !Je sens l’excitation monter en elle, elle m’adresse de plus en plus de sourires radieux qui ont le don d’éclairer mon coeur, comme de me mettre en Ă©rection… Du calme ! Un peu de maĂ®trise, un peu de patience, je suis sur la bonne voie.— Et c’est quoi ?— Ça, c’est Ă toi de le dĂ©couvrir.— Oh, ok ! dit-elle avec une pointe d’impatience. Bon alors faisons les prĂ©sentations… Je m’appelle donc Laura, je viens de…— Genève, en Suisse ?— Mais ! Tu connais tout de moi, ou quoi ? Bon, je suppose que tu l’as aussi Ă©coutĂ© hier, ça !— Tu sais, je connais aussi ta passion pour les chiens et la guitare, hein…Silence de mort, qui dure un certain temps… Elle me regarde, interloquĂ©e. LĂ , c’est sĂ»r, il y a un truc. Qui est-ce, en face d’elle ? Le digne successeur de Nostradamus ? L’apprenti de Gary Kurtz ? Ni l’un ni l’autre, juste un malin garçon… Elle dit alors :— Tu es très fort… Y a un truc, c’est une camĂ©ra cachĂ©e ? C’est quoi ton prĂ©nom ?— Jimmy, pour vous servir.— Tiens c’est amusant, j’en connais un grâce Ă MSN, très gentil d’ailleurs !Et là … Très grand sourire qui m’indique alors que j’ai tout Ă gagner, son coeur m’est ouvert. Comme un coup de tonnerre, je lance :— Il s’appelle Delcaux ? (Mon nom de famille, bien sĂ»r !)Deuxième silence de mort. Pour le coup, le terme « interloquĂ©e » n’est pas assez fort. MĂŞme Louis de Funès n’a pas su « exorbiter » ses yeux Ă ce point ! Pour ma part, je crois bien avoir fait le break. Et lĂ , je la sens chanceler, bien qu’assise… Un petit sourire se dessine Ă nouveau sur son visage, elle quitte alors sa moue si adorable. Et me tombe littĂ©ralement dans les bras ! Elle me serre fort, j’ai mĂŞme l’impression qu’elle sanglote, sa poitrine me paraĂ®t très douce contre la mienne, je la sens mĂŞme pointer un peu. Si je ne m’écoutais pas, je la dĂ©shabillerais lĂ , sur cette plage pleine de monde, et lui ferais torridement l’amour, Ă la faire hurler de plaisir, pleurer de jouissance. Pas très correct, comme idĂ©e…Elle reprit ses esprits après une bonne trentaine de secondes, continuant son Ă©treinte, en se serrant contre moi.Puis nous parlâmes des heures, de tout et de rien, heureux. Et elle me dit finalement Ă seize heures qu’elle devait partir. Voyant le dĂ©sarroi dans laquelle elle me mettait, elle alla faire quelque chose Ă cĂ´tĂ© de son sac, puis glisser ce mĂŞme quelque chose dans le mien. Après quoi, elle me colla un baiser très chaud, très doux, sur ma pommette, Ă deux doigts de mes propres lèvres. De quoi m’exciter pour la semaine. Mais dĂ©jĂ , elle s’éloignait, me faisant un signe de la main. M. Fugain, si vous m’écoutez…J’ai eu envie de pleurer en Ă©tant le triste acteur de cette scène Ă la limite du pathĂ©tique. Je me suis quand mĂŞme repris, et une fois remis de mes Ă©motions, j’allai jeter un oeil vers ce qu’elle m’avait glissĂ© dans mon sac. Un papier. Je me suis dit « SĂ»rement son numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone ou un petit mot… ». J’étais très loin du compte. VoilĂ en fait ce que je pus lire sur ce mĂŞme papier :RDV ce soir Ă 22 h… Sois lĂ Â !PS : Appelle-moi avant de venirSous ce post-scriptum, une adresse, un numĂ©ro de portable, et un petit cĹ“ur…Je n’étais pas Nostradamus, comme vous l’avez sĂ»rement compris, mais j’avais quand mĂŞme le sentiment que j’allais passer une très bonne soirĂ©e…