Histoire d’Elisabeth. Chap. 6 Le dimanche après l’entrevue
Elisabeth a des remords, puis se reprend et se découvre telle qu’en elle-même enfin…
Pour Anna, toujours
Proposée le 2/08/2016 par Pierre Degand Votre note pour cette histoire érotiqueNous vous remercions pour vos nombreuses contributions, elles motivent les auteurs à poster leurs histoires érotiques.
Thème: pratiques sexuellesPersonnages: FHLieu: A la maison, intimeType: Roman
Je me réveillai le dimanche matin couverte de transpiration, sale, la bouche pâteuse, le corps endolori, l’estomac lourd et noué. Je vacillai en mettant la cafetière en route. Mon estomac se dénoua tout d’un coup, je me précipitai aux toilettes et rendis. « Tu te vomis toi-même » me dis-je.
Tassée sur une chaise de la cuisine, prostrée, je me sentis envahie par une vague de dégoût amer et noir. Comment avais-je pu faire ça ? Me laisser enlever au pied de mon immeuble par Maryse et emmener les yeux bandés, comme O, dans une maison inconnue chez des gens que je ne connaissais pas ? Subir sans broncher l’entretien préparatoire de cette Asiatique et son examen… et ses lavements, assise nue sur les toilettes devant elle si chic dans son tailleur pantalon. Dépravée… Je suis une dépravée, une désaxée qui s’allonge cuisses écartées et donne des détails sur ses expériences sexuelles, dit à des inconnus des choses qu’elle n’a dites à personne, pas même à son mari… à son ex-mari. Une fille abjecte sans morale qui écoute patiemment un discours prônant l’inceste comme le summum de la libération sexuelle et qui l’accepte au point de lui faire regretter de ne pas avoir baisé avec son neveu ! Une vicieuse sans pudeur qui se branle en public, se laisse enfermer dans un « cabinet » et s’y fait prendre pendant des heures de tous les côtés par deux hommes et une femme. Une pute… Une vulgaire pute qui se lave entre chaque client et refait le lit… Une nausée me submergea quand je repensai à mon déchaînement dans le « tableau » final.
J’éclatai en sanglots, j’étais écœurée de moi-même, de la putain dépravée que Maryse et ses comparses avaient faite de moi…
Et si toute cette histoire de Société et d’assemblée n’était qu’un jeu, une fable, un coup monté pour séduire des trainées désaxées comme moi ? S’il s’en servait chacun à leur tour pour attirer une femme comme moi et la livrer aux autres pour qu’ils la baisent et en fassent ce qu’ils voulaient… tout un après-midi ? Un scénario bien ficelé, une mise en scène réussie qui titillent les penchants déviants et les fantasmes sexuels et le tour est joué quand on tombe sur une personne un peu instable comme moi, pas toujours très bien dans sa peau ni dans son sexe. Mais Bon Dieu comment avais-je pu être tellement aveuglée par mes pulsions déviantes pour ne pas voir que toute cette histoire mélangeait Sade, Histoire d’O, Eyes Wide Shut, et les questionnaires de soumise qu’on trouve sur internet… Idiote ! Conne ! La conne que j’étais ! Ils avaient eu ce qu’ils voulaient, ils avaient partouzé des heures avec moi ; pour une raison ou pour une autre l’assemblée allait être annulée et je n’entendrais plus jamais parler d’eux… ni de Maryse… ni d’Eulalie…
Je pus enfin boire mon café, sans lait pour une fois, mais il me fut impossible d’avaler quoi que ce soit. Je pris une longue douche, brûlante, pour me désinfecter, me purifier de toute cette crasse. Si j’avais eu un autoclave pour tuer tous les germes de ces saletés qui me rongeaient et faire disparaitre toutes traces de ce qui s’était passé, je me serais mise dedans. Je décidai d’aller l’après-midi au sauna ; il fallait faire sortir, exsuder toutes ces saloperies.
Rouge comme une écrevisse, je m’enveloppai dans ma serviette et m’allongeai sur mon lit ; les yeux fixés sur le plafond. Quoi que je fasse, sauna ou pas, autoclave ou pas, je devais maintenant vivre avec le souvenir de ce que j’avais fait, de ce qu’ils m’avaient fait, de la pute qu’ils avaient fait de moi… Souvenir qui s’ajoutait à celui de la soirée dans le club échangiste, qui s’ajoutait à ceux de nos soirées épicées, qui s’ajoutait à celui de mes relations triangulaires avec Marc et Maryse… Souvenirs dont j’avais honte, qui me montraient dans toute mon abjection, que j’enfouissais au fond d’un tiroir de ma mémoire et qui revenaient sans cesse …
Sans crier gare, toutes les scènes de l’après-midi repassèrent en accéléré sur l’écran du plafond, mais ce n’était plus Jean qui me fessait mais l’homme du club, ce n’était plus Camille qui me humait et s’étendait langoureusement sur moi mais Luc, c’était Laurent que je masturbais en lui léchant l’anus, c’était avec Maryse que je faisais ce 69 torride. Mes doigts ne suffiraient pas à calmer ce déluge d’images qui mêlait maintenant dans son flot toutes les autres images du tiroir à souvenir. Je pris le godemichet dans la table de nuit et me l’introduisis d’une seule poussée tant j’étais ouverte et mouillée. En quelques va et vient la vague monta en moi, la boule de feu se forma, enfla puis éclata en mille étincelles qui tétanisèrent mon corps avec un long feulement que je ne sus contenir et que je ne me connaissais pas.
Une phrase me revint à l’esprit, troublant le calme après la tempête. « Tu te poses en victime, Elisabeth, mais tu es l’esclave de toi-même… ». Ils ne m’avaient ni forcée ni attrapée dans un piège. Maryse, elle si dominante et habituée à ce que je lui obéisse, m’avait demandé mon accord, plusieurs fois, et je l’avais donné, sans trop hésiter… J’avais assez d’informations pour faire mon choix, elle l’avait souligné… Je savais bien mais ne voulais pas savoir ce qui m’attendait ; je me leurrais moi-même « Naïve !quand on demande des analyses, ce n’est pas seulement pour en lire les résultats ». J’y étais allée de mon plein gré. Et Eulalie avait encore voulu entendre mon accord après m’avoir bien précisé, à ma demande répétée, ce qu’étaient les visites, que chacun d’eux allait avoir avec moi les rapports sexuels qu’il souhaitait, que je devais m’attendre à jouir et faire jouir de multiples façons… « Je reste et veux passer cette entrevue » A Camille encore j’avais dit « oui ». C’était de moi, pas d’une autre. C’est mon besoin de contrainte, mon plaisir à me sentir objet, mon envie d’être traitée en objet qui ont fait que j’ai accepté. Je ne suis ni déviante ni désaxée… C’est juste plus prononcé chez moi… Comme beaucoup de femmes, je n’aime pas, et ne veux pas, diriger les ébats amoureux et je me plie aux désirs de mon ou de ma partenaire… Et plus il ou elle en a, plus j’aime ça. Je ne prends jamais l’initiative même si l’envie me démange, ni des initiatives pendant… Luc me l’a reproché assez souvent. Bien des femmes aiment être attachées, menottées ou prises les yeux bandés. Bien sûr ce sont des jeux… mais ça correspond à une inclination, une appétence, un besoin, avoué ou pas… On ne joue pas à un jeu qu’on n’aime pas, à un jeu auquel on ne prendrait pas plaisir. Et ces « jeux » sont acceptés ou tolérés pour le moins, même si on se fait encore regarder de travers. D’autres encore attendent, ce que je ne peux pas comprendre, des injures, des mots grossiers, des humiliations, des fessées ou d’être prises brutalement, violées presque.… Non, ce n’était pas plus exagéré chez moi, pas plus grave, pas plus déviant que de rechercher l’excitation morbide de se faire violer. Ça allait chez moi au-delà de ces jeux d’entraves, pour sûr, c’en était le prolongement et il fallait que je me rende à l’évidence : je prenais plaisir à mon asservissement sexuel ; j’en étais seule responsable, j’étais comme çà et je devais l’assumer.
Raffermie par cette découverte, pourquoi n’avais-je pas pu la faire plutôt ? Après la soirée au club échangiste… forte de cette « ah ah Erlebnis », j’avais vu mon vrai visage dans le miroir de l’entrevue, je me levai, m’habillai et décidai de m’attaquer au tas de repassage que mes valses-hésitations de la semaine passée m’avait empêchée de faire diminuer… Je m’appliquai à repasser bien au carré mes mouchoirs, à empeser légèrement le col de certains chemisiers, à repasser même les rabats des taies d’oreiller. Camille et Maryse avaient eu raison : une phase de répulsion, de remords, n’était pas à exclure… elle s’était produite, j’étais fière d’avoir su la surmonter toute seule. Grande fille que j’étais ! Je devais… non je ne devais pas… je m’acceptais telle que j’étais avec mes besoins sexuels un peu bizarres, comme j’avais depuis longtemps accepté que mes seins ne soient pas ce que j’aurais voulu qu’ils soient. Moi au moins j’avais conscience d’avoir ces besoins ! Mais les relations incestueuses, ça, non ! Qu’ils le fassent si ça leur chante, mais moi je ne pouvais pas, et qu’ils n’attendent pas ça de moi… Même si j’avais parfois des démangeaisons, je ne coucherais pas avec Laurent… Là, il faudrait que je refasse l’ourlet… D’ailleurs, ils ne l’attendaient pas de l’esclave… ni vraiment de leurs membres. La Société les mettait face au dilemme de savoir jusqu’où ils pouvaient aller avec qui et leur ouvrait la possibilité de le faire sans crainte de réprobation, Maryse l’avait dit, Jean aussi… Je m’étais acceptée, et de mouchoir en pantalon, de top en robe, j’en venais peu à peu à accepter la Société… J’avais aimé la mise en scène de l’enlèvement, l’interrogatoire préliminaire, le grand oral… et les visites… et Eulalie. Et si tout cela sentait son Sade, son Réage, son Kubrick, si tout cela revenait périodiquement dans la littérature, c’est que cela devait bien correspondre à quelque chose, je ne sais pas, moi, à une attente, à un besoin, constants dans la mentalité et dans la culture occidentales… Et d’ailleurs, même un mauvais bouquin comme « Les Nuances de Grey » avait eu du succès… Mon tas de repassage avait bien diminué, j’étais contente de moi.
Avant de dîner, car il fallait que je mange, je téléphonerais à Maryse que j’avais passé une journée horrible, que j’avais eu des remords, que j’avais voulu tout laisser tomber mais que oui, je continuais, je ne me dédisais pas. Mais Camille m’avait demandé de contacter Eulalie au cas où… Et je n’avais pas son numéro de téléphone. Zut de zut ! Pourquoi ne me l’avait-elle pas donné ? Ou lui puisqu’il voulait que je la contacte elle et pas Maryse ? « Je t’appelle demain ou lundi » avait-elle dit… Pourvu que ce soit encore ce soir! J’allais descendre acheter quelque chose à me mettre sous la dent quand le téléphone sonna.
? Bonjour Elisabeth, c’est moi, Maryse
? Bonjour !
? Camille vient de m’appeler…
? Ah ?
? Pour me dire qu’Eulalie t’avait chaperonnée pendant l’entrevue et qu’elle continuerait à le faire jusqu’à l’assemblée.
? Je sais… il me l’a dit.
? Ce qui veut dire que nous ne nous reverrons que dans 15 jours…
? Oui, c’est dommage
? Oui et non… Je trouve que c’est une bonne chose… j’en viendrais à te dire ce qui se passe pendant les assemblées… Les deux ou trois photos que je t’ai envoyées, c’était déjà de trop…
? Mais on pourrait se voir, juste comme ça… On vient juste de se retrouver…
? Non, Elisabeth, je ne crois pas, « juste comme ça » n’est pas vraiment possible… Il y a eu trop de choses entre nous, entre toi et Marc… Tu as bien vu…
? Quoi ?
? Que dès nos retrouvailles…
? C’est juste…
? Crois-moi, c’est mieux ainsi. On verra après l’assemblée ! Bises !
? Je t’embrasse
Maryse s’était retenue de me demander comment j’avais passé la journée ou si j’étais toujours décidée… Elle, si autoritaire, si exclusive, si control freak, se pliait aux règles de la Société et obéissait strictement aux instructions de son Président… Je ne m’y serais pas attendue… Curieux comme la Société avait une telle influence sur elle… Je dévorai mon sandwich assise sur le canapé en relisant le chapitre de Juliette sur la Société des Amis du Crime. Ils n’en avaient pas beaucoup modifié les statuts… Plus de crimes de sang bien sûr, et on ne pouvait pas lever des esclaves en telle quantité de nos jours, pour autant que cela fût possible du temps de Sade… Ah les démesures de Sade ! Emportée par son style, je relus avec complaisance les rapports sexuels multiples et successifs auxquels ils s’adonnaient pendant leurs assemblées.
Eulalie appela enfin, juste au moment où j’allais me coucher. Je racontai en détail les affres de la journée et la façon dont j’avais progressivement remonté la pente. Je la sentais attentive au bout du fil, mais distante, froide… presque inamicale… Elle ne posait pas de questions, me relançait parfois d’un « et ensuite ? » puis écoutait sans commenter. Plus j’avançais, plus je sentais s’affermir en moi l’Elisabeth que j’avais enfin découverte et acceptée. J’avais l’impression de réunir tous mes morceaux en une seule personne… Opet-Nout remembrant, régénérant et remettant au monde son fils Osiris… Je m’arrêtai, songeuse, sur ce mythe égyptien qui m’avait tellement interpellée, autrefois, dans un cours d’histoire.
? Moi aussi j’ai eu du mal à m’accepter telle que je suis… Je connais d’expérience tout ce que tu viens de me raconter. Je suis contente pour toi que tu puisses m’en parler d’une manière si apaisée. Et ça me rassure ; j’avais peur que tu ne restes au fond du trou… Intuitivement, je sentais que tu devais passer par là, c’est pour ça que j’ai appelé ce soir…
? J’attendais votre coup de fil… je n’ai pas votre numéro…
? Oui, j’avais oublié de te le donner. Excuse-moi. Tu l’as maintenant ! On se voit demain soir, tu es libre ?
? Oui !© Copyright : Ce récit comme tous les autres sont protégés par le Code de Propriété Intellectuelle.
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