Résumé de l’épisode précédent : J’ai été choisi par trois jeunes femmes comme donneur de sperme pour une FIV. Florence m’a fait passer ses tests en premier au cours d’une nuit magique. Au contraire de Catherine et Nicola qui ont profité de ma naïveté dans un bar pour motards.Deux jours plus tard, au réveil, je reçois un texto de Florence, me demandant de la rejoindre. Chez elle, cette fois.Je préfère frapper discrètement à la porte plutôt que de sonner. Une vieille habitude pour les visites à une dame. Florence me répond du fond de l’appartement d’une voix mal assurée que la porte est ouverte et que je peux entrer.Je traverse un hall jusqu’à sa chambre. Là, je découvre un spectacle de désolation. Elle est recroquevillée au pied de son lit, pâle, tremblante. Elle porte une chemise de mec, bien trop grande pour elle. Sur le devant, je vois des souillures jaunâtres, sans doute de vomi. Elle pleure et cache son visage entre ses mains.Auparavant, j’ai vu au passage une cuisine dévastée, le sol jonché de débris de vaisselle, de verre, d’aliments et de boissons, toutes plus alcoolisées les unes que les autres. À l’évidence, la jeune femme est ivre et elle le supporte mal.Je fais celui qui ne comprend pas et lui demande d’un ton qui se veut neutre ce qui se passe, si elle a été cambriolée ou quelque chose du genre.— Cambriolée ? Dans mon intime, oui, arrive-t-elle à répondre entre deux sanglots.— Qui t’as mise dans un état pareil ?— Moi, toute seule après le départ de Catherine. J’ai tout fumé les Craven A, j’ai tout vidé le rhum-coca, j’ai fait rien que des bêtises, fallait pas casser mon cœur ⁽¹⁾.Apparemment, les vapeurs d’alcool n’ont pas encore extirpé tout reste d’humour de son cerveau.— Catherine ? Tu l’as revue ? Elle t’a raconté ce qu’elle a fait pour me tester ?— Je savais avant que tu montes sur ta bécane. Mais ce qu’elle a fait avec toi n’a aucune importance pour nous.— Elle t’a fait du mal ?— Au contraire, elle m’a orgasmée, arrive-t-elle à murmurer avant qu’un spasme fasse remonter entre ses lèvres une giclée de sucs gastriques mélangés à de l’alcool et quelques cacahuètes mal digérées.Je vais chercher un linge et l’aide à essuyer son visage et sa bouche. Une odeur aigre l’entoure. Je n’ai rien d’un bon samaritain, mais face à cette débandade, rien ne me rebute. J’ai juste envie de l’aider, de l’apaiser.— Elle t’a fait retrouver le chemin du plaisir, c’est plutôt positif, non ? Tu n’as pas apprécié ?— C’était intersidéral. Un orgasme venu du plus profond de moi. Un truc… identifiant.— Alors, pourquoi te mettre dans un tel état ?— Avant même que je finisse de jouir, elle m’a annoncé ne plus vouloir me revoir. Je ne suis rien pour elle, juste un jouet.— Et pour toi, elle est quoi ? D’ailleurs, c’est quoi un orgasme identifiant ?— Le point final d’une évolution de quatre mois, respectivement de trente-trois ans. La découverte que je suis cis-genre, bi-sexuelle et probablement demi-woman ⁽²⁾. J’ai fait mon coming-out, puis je me suis abandonnée entre ses bras. Elle a abusé de ma confiance et de mes sentiments à son égard. Juste pour se prouver qu’elle arriverait à me faire jouir à nouveau. Pire qu’un mec.— Tu es amoureuse d’elle ? Pourtant tu sais qu’elle a un crush avec Nicola ?— Je ne suis pas dans ce registre, Simon. J’éprouve des trucs dont la puissance me dépasse, mais me transforme aussi. Je ne veux plus l’empêcher. Ça me fait flipper de ne plus avoir de repères pour savoir qui je suis, quelle identité j’ai, amoureusement, sexuellement, physiquement. Mais je ne reviendrai plus en arrière. Et puis…— Et puis ?— Ce que nous avons partagé la nuit de l’enluminure ne simplifie rien. C’est loin d’être anodin. Avec le désir d’enfant avoué. Et toi, que j’ai dans la peau d’une certaine manière.— Tu sais qu’elle a aussi abusé de ma naïveté dans le bar à motards.— C’est Nicola qui a tout combiné. Et qui t’a sucé, par la même occasion.— Mais, Nicola est lesbienne, non ?— Ielle est trans, Simon. Tu commences à comprendre ce que la fluidité de genre et de désirs représente, quand elle s’impose soudain comme une évidence ?— J’essaie. Mais alors pourquoi Catherine ne fait-elle pas un enfant avec Nicola, si c’est ce qu’elle désire ?— Trop de traitements, trop d’hormones, elles ont peur des dégâts.— Et tu t’es associée avec elles pour plaire à Catherine et m’utiliser comme bourdon ?— Tu m’en veux ? Tu n’arrives pas à me suivre ?Je ne lui en veux pas à elle, mais à Catherine et à Nicola, et à leur monstrueux égoïsme. J’en veux aussi à l’autre ou aux autres ielles qui se sont amusé.e.s à m’extirper une pleine rasade de liquide séminal pour une improbable insémination.La souffrance qu’elles provoquent en Florence me touche profondément. Toutefois, même si je découvre un peu brusquement ce que signifie cette fluidité dont elle parle, je veux essayer de la partager avec elle.En commençant par lui proposer une douche et un changement de tenue. Elle accepte mon aide et s’appuie sur moi jusqu’à la salle de bain.Je commence par nous déshabiller. Puis, j’entreprends de lui laver les dents. Pas facile sans brevet de garde-malade. Notre complicité chancelante et la sorte d’intimité, que nos gestes provoquent, sont indéniablement chargées d’érotisme. Florence est encore assez lucide pour le ressentir aussi. Elle se laisse faire avec un sourire complaisant.Je la prends finalement dans mes bras pour passer sous l’eau. Elle se laisse complètement aller, luttant bravement contre quelques spasmes nauséeux.Je la savonne de haut en bas, sans laisser le moindre centimètre carré de son corps inexploré. Elle écarte les jambes pour me faire de la place, non sans s’excuser de tout ce qu’elle a laissé s’écouler de son ventre chamboulé.— Disons qu’au championnat des mufflées, tu mérites le haut du podium. Tu as fini tous les cadavres qui jonchent le sol de ta cuisine ?— Trop de mélanges, pas assez d’entraînement. Mon foie est HS.Sans doute pour s’épargner d’autres questions, elle colle ses lèvres contre mon oreille et me demande de repasser la main entre ses cuisses et ses fesses. À ce que je comprends malgré sa voix pâteuse, mes caresses ont des vertus apaisantes sur l’agitation de son estomac.Bien arrimée d’un bras autour de mon cou, elle m’offre le même traitement, en s’attardant sur mon membre de plus en plus raide, puis entre mes fesses. Le petit jeu sensuel semble lui redonner envie de vivre.Elle met fin à nos ablutions en m’offrant ses lèvres. Je renonce à plonger ma langue dans sa bouche, pour éviter tout haut-le-cœur. L’intensité et la tension érotique de l’instant n’en diminuent pas pour autant. Je commence à avoir sérieusement envie d’elle, malgré ce qui se trame dans ses entrailles.Après un bref séchage, je la porte jusqu’à son lit. Là, je masse quelques points d’acupressure que je sais avoir un effet calmant sur l’estomac. Pour conclure, je recouvre son corps du duvet.Juste avant de sombrer dans le sommeil, elle m’offre un regard plein de tendresse. Et de promesses de retrouvailles dès que la cuite sera résorbée.ooo000oooJe renonce à m’allonger tout de suite à ses côtés, et entreprends un nettoyage d’urgence dans la cuisine. Puis je prends le temps de découvrir ce qu’elle range sans sa bibliothèque, les livres qu’elle lit, la déco qui donne une touche personnelle à son lieu de vie.De temps à autre, je retourne dans sa chambre pour m’assurer qu’elle dort paisiblement. Et pour la contempler discrètement. Je ne vois plus de traces de chagrin sur son visage. Sa beauté et l’abandon de son corps dans le sommeil m’émeuvent. Quelques souvenirs de notre nuit de test font battre mon cœur un peu plus fort. Je caresse son visage tendrement, écarte les mèches qui m’empêchent d’en voir tous les détails.À nouveau, la finesse de ses traits me fait craquer. Et j’en veux d’autant plus à Catherine, la félonne qui a mis Florence dans cet état.Pas question de lui laisser la moindre place dans le cœur de Florence. Pour autant qu’elle l’accepte, je veux devenir plus qu’un simple donneur de sperme.Notre courte discussion identitaire laisse envisager quelques difficultés dans une telle relation. Qu’importe, le peu que je connais de la jeune femme me donne envie d’aller plus loin avec elle, quelle que soit son identité profonde.Je finis par m’allonger dans son lit, une main sur son ventre, le nez contre son aisselle. Les parfums de son corps me font agréablement planer. Je plonge dans un sommeil agrémenté de rêves érotiques.Elle se réveille avant moi. Elle est en train de me regarder, un joli sourire aux lèvres, lorsque j’ouvre enfin les yeux. Il doit être près de onze heures du matin. Elle semble se sentir mieux. Ce qu’elle confirme, comme à son habitude, par une salve de questions existentielles.— C’était doux et chaud contre ton corps. J’aime te sentir autour de moi.— Merci. Serais-je une sorte d’exception sensuelle ?— En termes de frissons, d’envies de découvertes, de partage d’émotions, sans aucun doute.— Ma masculinité ne t’importune pas ?— Pas plus que ta virilité triomphante au cours de rêves apparemment fort jouissifs.— Je ne me souviens que du dernier. Dont tu étais effectivement l’héroïne, animée d’une volonté de plaisirs divers et multiples.— Avec toi ?— Notamment, mais pas que.— Et que faisais-tu pour me satisfaire ? Tu partageais mes désirs fluides ?— Je m’y appliquais. J’ai beaucoup à apprendre.— En vérité, Simon, me trouves-tu belle ?— Oui, très.— Qu’est-ce que tu préfères en moi ? Qu’est-ce qui t’attire le plus ? Et ne parle pas de mon âme ou de mon esprit pour éviter de répondre.— Sincèrement ?— Toujours !— Je trouve très belle et très bandante l’harmonie des différentes composantes de toi.— Une manière comme une autre de me laisser face à mes doutes.— Juste une manière de dire que tes seins de forme X sont en parfaite harmonie avec ton cul de forme Y et tes hanches de forme Z.— Mouais…— Et toi, chez moi ?— Ta bite, dont j’adore la raideur contre mes cuisses, et les promesses fécondes qu’elle porte. Pis tes mains, sur mes seins. Pis ta bouche. Elle me rend dingue, j’ai tout le temps envie de l’embrasser !Dont acte, en dévorant mes lèvres, longuement, pour mieux savourer le contact léger ou plus intense de nos muqueuses.— Et quand tu m’embrasses, ça fait quoi dans ton corps harmonieux ?— Un truc délicieux au bout de mon clito. Un fort désir que tu le lèches. D’ailleurs, j’en ai très envie juste maintenant. Mais seulement avec la bouche, s’il te plaît.Je glisse le long de son corps, mon ventre anticipant agréablement le moment où je vais atteindre son intimité et la dévorer. Elle a déjà ouvert ses cuisses pour me prendre tout contre elle.Je joue quelques minutes avec son impatience, posant d’innombrables baisers sur son bas-ventre, l’intérieur de ses cuisses, la plage sensible entre le haut des cuisses et l’approche du sexe.Elle gémit, se plaint mollement de ce traitement inhumain qui rend l’attente insupportable, et contre lequel il devrait y avoir les lois.Finalement, elle prend ma tête à pleines mains et presse mon visage contre sa vulve.J’en lèche le pourtour, puis enfonce ma langue aussi loin que je peux.Elle gémit de bien-être et m’indique par d’habiles pressions des mains où et avec quelle intensité elle désire être stimulée. Sa manière de demander « encore » ou « ah, oui, juste là » est un régal. Je sais que je ne la ferai pas jouir, mais le jeu érotique est excitant.Progressivement, la pression de ses mains diminue, elle pose ses doigts sous mon menton trempé de sa mouille et me fait revenir en face-à-face, à hauteur de son visage.Elle m’embrasse à nouveau, rejouant avec sa langue et ses lèvres ce que je viens de lui offrir entre ses cuisses.— Merci, Simon, c’était presque aussi intense qu’avec Catherine.— Qu’est-ce que tu ressens, avec elle ou avec moi ? Est-ce très différent ?— Les émotions sont complètement autres, mais les sensations sont similaires. Toi tu es doux, j’aime ta retenue, comme j’aime aussi l’impatience et la fougue chez elle. Ta manière de me lécher me fait craquer et je peux me laisser aller. Sa manière de torturer mon clito, par moment au-delà de la douleur, me fait grimper aux rideaux.— Et qu’est-ce qui est ressemblant ?— Tu sais, quand je dis être bi, ça veut aussi dire que je ne compare pas un mec avec une nana. Je ne cherche pas qui me donnera le plus de plaisir. Lorsque je craque pour un mec, c’est de lui et de lui seul que je veux tout le plaisir possible. De même si je craque pour une nana. Il n’y a ni exclusion d’un potentiel hétérosexuel ni recherche de plaisirs homoérotiques particuliers. Je veux le mélange des corps pour prolonger le mélange des émotions. Tu peux me suivre ?— Je crois.— Mais pour les similitudes, je dirais que tous les deux, vous mettez un violent désir au fond de mon ventre. Un désir indéfinissable. Peut-être en réalité une sourde envie d’orgasme, même si je suis un peu perdue dans ce domaine. Voire une envie de pénétration, même si là encore, trop de blocages m’empêchent de découvrir cet aspect de ma féminité.— Et après le ventre ?— Avant d’aller plus loin avec le ou la partenaire, j’ai souvent besoin d’une pause, mais pas trop longue, comme un intermède tendresse. Rassurant, je pense.— Ensuite ?— Mes seins deviennent vite tyranniques et hypersensibles. Il leur faut des caresses quoi qu’il en coûte. Apaisantes ou affolante, peu importe. Ils me font même parfois désirer de mauvais traitements de leurs pointes. Après un échauffement réussi, je peux supporter énormément de trucs délicieux, limite violents. D’ailleurs, j’en ai très envie juste maintenant. S’il te plaît.La combinaison de sa manière presque détachée de dire ses envies et de l’offrande simultanée qu’elle fait de ses désirs et de son corps est particulièrement raffinée et excitante.Je m’empare de ses seins et leur offre toute la gamme de ce dont mes lèvres et mes doigts sont capables.À nouveau, elle m’accompagne et me guide. Cette fois du creux de la main sur ma queue et mes boules, dont elle s’est emparée dès mes premiers baisers.De son autre main, elle caresse sa vulve, délicatement, sans impatience, comme pour relier le haut et le bas de son corps soumis à des sensations très diverses.Après quelques instants et une multitude de douceurs sur sa poitrine et les bouts gonflés de sang, je prends un sein entre mes mains et le tète, comme le ferait un nourrisson.Une puissante vague de plaisir traverse son corps, accompagnée d’un long gémissement.J’attends un bref instant, puis renouvelle la succion. À nouveau, un intense frisson parcourt son corps de haut en bas.Florence m’empêche de continuer avant le troisième assaut.— Arrête, Simon, t’es un salaud !— Pourquoi, tu n’aimes pas ?— Tu sais exactement ce que cette manière de me téter réveille en moi. Ne joue pas avec mon désir d’enfant.— Pardonne-moi, je ne jouais pas. C’est un geste érotique très intense et j’ai eu envie de le partager avec toi.— OK, je te crois, mais, dis-moi franchement, pour le désir d’enfant, tu as aussi envie de le partager ? Tu peux le comprendre ?— Dans l’absolu, oui. C’est d’ailleurs pour cela que tu m’as choisi comme donneur de sperme.— Pour féconder mes ovocytes et faire un enfant toute seule. Par défaut de mec avec qui le vivre.— Et c’est en train de changer.— C’est de plus en plus confus, effectivement. Mais plus tout à fait exclu.— Tu ne crois pas qu’on prend un risque en faisant les choses à l’envers ?— C’est-à-dire ?— D’habitude, on se rencontre, on s’aime, on se met en couple, on achète un chien et on fait un bébé. Là, tu veux faire un bébé, on s’est à peine rencontré et tu n’as pas l’intention d’être en couple avec le donneur de sperme, et je ne sais toujours pas si tu aimes les chiens.— Ta vision hétéronormée de notre rencontre exclut-elle a priori de s’aimer dans ces conditions ? Que s’est-il vraiment passé pour toi entre nous l’autre nuit ?— Quelque chose de très fort. Une entente intense aussi bien émotionnellement que physiquement. Et un désir de quelque chose de plus au petit matin. Comme aujourd’hui, en réalité.— Pour moi aussi, au-delà de ce que j’avais ressenti avec d’autres mecs. Sauf que j’ai vécu quelque chose de parallèle avec Catherine entre temps.— Jusqu’à l’orgasme retrouvé.— Oui, peut-être parce que, submergée par les doutes et la confusion, j’ai tout lâché. Pourtant, rétrospectivement, j’ai l’impression qu’elle en a profité. Elle aime les romances avec des femmes fragiles. Elle aime dominer, exacerber le désir et les émotions amoureuses qu’elle provoque. Pour mieux les détruire lorsque le jouet ne l’excite plus.Comme au restaurant lors de notre première rencontre, un long silence s’installe après cet aveu. Elle est repartie dans ses pensées et ses émotions.Je remonte le duvet sur nos corps nus et lui demande de me laisser rester entre ses bras quelques instants de plus. Elle murmure que oui, mais qu’elle ne supporterait pas de ressentir des attentes de ma part ni une impatience à recevoir des réponses précises.Je lui avoue être profondément ému par ce que nous venons de partager, de la crise violente à la montée de désir que le contact de nos épidermes provoque. J’ai autant besoin qu’elle de retrouver un peu de calme.Elle se blottit contre moi et se détend à nouveau. Puis elle caresse mon visage, amoureusement, en précisant avoir rendez-vous vers midi pour une commande d’enluminure. Mais qu’elle a très envie de me garder un peu plus longtemps dans son lit.— En fait, si je t’ai bien compris, tu aimerais me connaître mieux, demande-t-elle soudain à voix basse. Vraiment ? Ce que tu as aperçu ne t’a pas découragé. Pas même la débâcle nauséeuse.— Non, une fois passés le choc et l’envie de t’apaiser, ton aura n’a en rien pâli.— Combien de temps faudra-t-il pour faire le tour de nous ?— Jules Verne a fait le tour de monde en quatre-vingts jours, ça nous laisse un peu de marge.— C’est long, mais je veux bien essayer. Et après, si ça matche, tu me fais un bébé ?— On a un contrat.— Je sais. Mais là, je veux dire me faire un bébé en vrai. Pas au laboratoire.— On choisit dans quatre-vingts jours !— C’est bien une réponse de mec, ça ! As-tu au moins une méthode infaillible de succès pour le tour de nos mondes ? J’ai des envies de découvertes, d’inattendu, même dans la rue d’à-côté.— On pourrait commencer par partager un truc fort tous les dix jours. Ça fait huit découvertes main dans la main.— Et ajouter un texto-sexto quotidien pour nous raconter nos humeurs du moment ?— Pour répondre à ton besoin de rigueur et de précision d’exécution dans un relâchement artistique total, on pourrait fixer douze heures douze comme point fixe ? Un message de toi les jours pairs, de moi les impairs.L’idée l’amuse. Elle propose que nous classions nos découvertes en quatre domaines qui nous permettront de nous dévoiler peu à peu : deux turpitudes, deux sanctitudes (pour compenser), deux sportitudes et deux artitudes. Les mots ne veulent rien dire, mais, vu le grain de folie qui ne demande qu’à pousser en elle, le concept laisse présager du plus intense.Nous sommes le douze juin à onze heures trente. Ce sera à elle de lancer le premier texto à douze heures douze. J’espère qu’elle avouera ce qu’elle ressent à mon égard.De mon côté, je proposerai la première découverte dans les jours qui viennent.— Des trucs forts de préférence locaux, durables et zéro carbone, hein.— Bien entendu. Et en plus véganes, j’imagine ?— Ah non, surtout pas.— Et pourquoi donc ?— Je ne vais pas me priver des doses de protéines que j’arriverai à faire gicler de ta douce bite. D’ailleurs, à l’instant, j’en aurai très très envie.Sans plus attendre, elle se tourne, me tend ses fesses et me guide dans le creux qui sépare ses fesses de ses cuisses. D’une main, elle me presse le long de sa fente toujours humide.— Viens, offre-moi ton plaisir au bord de mon ventre.— Je croyais que tu détestais quand un homme se lâchait de cette manière.— D’autres hommes, c’est vrai, mais toi, j’ai vraiment envie de te sentir jouir tout contre moi.J’ai trop envie d’elle pour résister. De toute façon, elle ne me laisse plus de répit avant que je m’empare de ses hanches, coulisse de plus en plus fougueusement contre son intimité et finisse par me répandre entre ses cuisses.Le plaisir qu’elle m’offre ainsi est rapide et presque hygiénique. Il n’en est pas moins intense. Comme quoi où que soit le curseur de la fluidité sensuelle ou érotique, un corps offert amoureusement recèle un infini potentiel de voluptés.— J’en veux encore plein des petits matins comme ça. J’adore te sentir prendre du plaisir contre moi.Sur cette parole pleine de promesses érotiques et séminales, elle se lève, s’habille et me quitte en m’expliquant comment fermer la porte en partant.Je reste quelques instants de plus dans la couche de cette troublante tornade fluide et me gave des parfums de son corps.Au moment de quitter son appartement, je me sens prêt à faire le tour de nos mondes, de rapprocher ce qui peut l’être et de partager ce qu’elle voudra bien. Nous n’aurons pas le temps de nous ennuyer ces dix prochaines semaines._____________________________________ ⁽¹⁾ Sabine Paturel, Les bêtises https : //www.youtube.com/watch ? v=gD7trwyPGKA ⁽²⁾ F. Poirier : Applications binaires des savoirs et réalités plurielles https : //www.cairn.info/revue-recherches-en-psychanalyse-2020-1-page-39.htm