Élodie1 – La rencontreÉlodie souleva ses coudes de la table pour permettre au serveur de poser son plat de rĂ©sistance devant elle : du poulet aux amandes et nouilles dont il se dĂ©gageait une odeur sublime. Ce repas, qui avait dĂ©jĂ bien commencĂ©, promettait de continuer sous les meilleurs auspices. Tout en mettant en bouche une première fourchetĂ©e, elle tenta de se souvenir des desserts proposĂ©s et de celui qu’elle pourrait prendre.La jeune femme leva les yeux sur sa mère et se souvint qu’elle lui avait posĂ© une question.— Oui, oui, le rĂ©parateur est venu. La machine Ă laver remarche enfin, rĂ©pondit Élodie après avoir avalĂ©.— Ah, parfait, c’est super. Tu vas pouvoir cesser d’aller Ă la laverie.— Oui, c’est sĂ»r que j’en avais assez. Ce n’est vraiment pas mon truc ces endroits-lĂ .La mère d’Élodie sourit et avala Ă son tour un morceau de son plat chaud. Assez rĂ©gulièrement, Élodie voyait ses parents. D’habitude, son grand frère Ă©tait Ă©galement prĂ©sent, mais, ce jour-lĂ , il dĂ©jeunait chez les parents de sa compagne. Bien sĂ»r, ils n’allaient pas toujours au restaurant, cela aurait coĂ»tĂ© trop cher, mais ils se faisaient ce plaisir de temps Ă autre. Celui-ci, d’un prix assez Ă©levĂ©, affichait cependant des plats Ă la hauteur des tarifs. Élodie avala une nouvelle bouchĂ©e alors que son père et sa mère discutaient. La conversation continua ainsi pendant quelques minutes, lorsqu’Élodie se rendit compte que la salle Ă©tait devenue plus silencieuse. Des chuchotements se faisaient entendre, mais rien de plus. Elle regarda autour d’elle et constata que tous les clients avaient les yeux fixĂ©s vers le mĂŞme endroit, devant elle. Elle se tourna dans cette direction pour voir arriver quatre nouveaux clients. C’était eux qui attiraient ainsi l’attention et il y avait de quoi. Il y avait deux couples. Le premier Ă©tait très simple : tous deux d’une quarantaine d’annĂ©es, habillĂ©s chic mais sans volontĂ© d’époustoufler, ce n’était pas eux qui attiraient les regards.Le second homme, la trentaine passĂ©e, Ă©tait habillĂ© très simplement d’une chemise noire et d’un pantalon de ville de la mĂŞme couleur. Il avait un visage banal, des yeux marron d’un classique sans mesure, et un physique de passe-partout. Il n’était ni beau, ni laid, juste dans la norme. Ce n’était pas non plus vers lui que tous les regards se tournaient.Non, ce qui attirait l’attention Ă©tait sa compagne, pour autant qu’on ait pu nommer ainsi la femme qu’il tenait au bout d’une laisse. Tout chez cette crĂ©ature affichait la soumission. Elle se tenait la tĂŞte baissĂ©e alors qu’à son cou, un collier serti d’un anneau la reliait Ă son maĂ®tre par une laisse de cuir. Les clients regardaient avec Ă©tonnement cette Ă©trange compagnie qui venait d’entrer dans ce restaurant chic. Trois des nouveaux clients s’assirent tandis que la femme soumise s’agenouilla au sol sur ordre de son maĂ®tre. Elle resta ainsi prostrĂ©e en silence alors que le reste du groupe bavardait en regardant la carte. Les parents d’Élodie, qui s’étaient retournĂ©s pour eux aussi voir les nouveaux arrivants, se rassirent normalement.— Eh bien, il faut ĂŞtre fou pour faire ça ! s’exclama sa mère.Élodie sourit Ă cette phrase et remarqua que son père, lui, ne disait mot. Il n’avait pas acquiescĂ© Ă sa femme.— Fou ? dit Élodie en regardant sa mère. Hum… je ne pense pas. Il faut juste savoir ce qu’on veut et avoir le courage de le faire.— Du courage ? En quoi est-ce courageux d’agir de la sorte ? lança sa mère.— Ma foi, je crois qu’il en faut pour ainsi exposer ses fantasmes en public ! rĂ©pondit Élodie.— Fantasmes ? rĂ©pĂ©ta sa mère sans comprendre.— Maman, cette femme, regarde-la. Elle est vĂŞtue d’une petite jupe moulante, de bas et d’un haut très sexy. Elle porte des bracelets et un collier avec des anneaux. C’est une soumise et cet homme est son maĂ®tre. C’est sexuel, rien de plus. C’est un jeu. Que croyais-tu que c’était ? Et donc, je la trouve courageuse d’ainsi s’exposer aux regards de tous.— Moi, je trouve ça…Sa mère se contenta de faire une moue dĂ©goĂ»tĂ©e, ne parvenant apparemment pas Ă mettre un mot sur sa sensation. Élodie remarqua en souriant que ça n’était pas l’avis de son père qui se retenait de sourire pour ne pas crĂ©er une dispute avec sa femme. Élodie se demanda un instant si son père n’aurait pas aimĂ© ĂŞtre Ă la place du maĂ®tre. Après tout, la mère d’Élodie avait toujours Ă©tĂ© le « chef de famille ». C’était elle qui prenait les dĂ©cisions et ce depuis toujours. Peut-ĂŞtre son père aurait-il aimĂ©, le temps d’un jeu sexuel, faire de sa femme son esclave ? Élodie sourit Ă cette idĂ©e. Avec ses parents, les questions sexuelles n’avaient jamais vraiment Ă©tĂ© taboues et cela ne dĂ©rangeait absolument pas la jeune femme d’imaginer ses parents au lit. Elle eut surtout de la peine pour son père qui n’oserait jamais avouer ses envies Ă sa femme.Élodie reprit son dĂ©jeuner en mĂŞme temps que le reste du restaurant. Cependant, de temps en temps, Élodie levait les yeux vers l’étrange compagnie. Ils avaient commandĂ© mais la soumise n’avait rien eu. Apparemment, elle n’était pas lĂ pour dĂ©jeuner. Elle ne reçut aucune forme de nourriture ni ne bougea. Elle resta simplement agenouillĂ©e aux pieds de son maĂ®tre sans bouger ni parler, les yeux baissĂ©s. Se rendait-elle compte des centaines d’yeux qui, rĂ©gulièrement, passaient sur elle ? Probablement. C’était mĂŞme sĂ»rement ce qui lui apportait du plaisir dans cette situation. Élodie sourit Ă l’idĂ©e que cette femme put apprĂ©cier d’être ainsi sous le feu des projecteurs dans cette position humiliante.Le serveur vint chercher les plats vides et leur donna la carte des desserts. Tout en mangeant sa tarte aux pommes et Ă la confiture de coings, Élodie regardait la soumise et son maĂ®tre. Le groupe en Ă©tait Ă manger leur plat de rĂ©sistance. Son père lui posa une question. Élodie rĂ©pondit mais elle n’était pas vraiment avec eux. Non, elle Ă©tait assise avec le maĂ®tre et ses amis… Non, en fait, elle n’était pas assise avec eux, elle Ă©tait Ă leurs pieds, comme cette femme. Elle sentit sa respiration accĂ©lĂ©rĂ©e Ă cette simple pensĂ©e. Son cĹ“ur se mit Ă battre avec force et elle rougit en sentant son intimitĂ© se tremper. Elle espĂ©ra que nul ne l’avait remarquĂ© – et surtout pas ses parents – et se força Ă se calmer. Si elle se laissait aller, elle finirait par jouir rien qu’en s’imaginant tenue en laisse. Élodie avait toujours fantasmĂ© sur les situations de domination sans jamais pouvoir en vivre. En voir une se tenir devant elle la saisissait. Le dessert finit par se terminer et ses parents commandèrent un cafĂ©, qu’elle ne partagea pas. Alors que ses parents buvaient tranquillement leur boisson chaude, ayant jusqu’à oubliĂ© la prĂ©sence des autres clients, Élodie, elle, ne pouvait plus dĂ©tacher ses yeux d’eux. Elle regarda ses parents, qui avaient presque fini le cafĂ© et pensa :— C’est trop bĂŞte. Dans quelques minutes, on va partir et je vais rater cette occasion en or.Elle serra les dents. Elle Ă©tait d’un naturel timide. Oserait-elle faire ce qui la dĂ©mangeait depuis l’arrivĂ©e des quatre clients ? Elle Ă©tait en proie Ă une vĂ©ritable confusion. Ses pensĂ©es s’entremĂŞlaient. Ses envies et ses peurs s’entrechoquaient et Élodie ne parvenait plus Ă savoir ce qu’elle voulait. Finalement, elle sut qu’elle s’en voudrait toute sa vie si elle n’essayait pas. Il fallait qu’elle le fasse. Elle se força Ă respirer calmement, regarda la disposition des lieux, fut ravie de constater que tout allait dans son sens puis se tourna vers ses parents et souffla d’une voix la plus posĂ©e possible :— Je vais aux toilettes. Je reviens.Ses parents hochèrent la tĂŞte et reprirent leur conversation. Élodie se leva. Les toilettes Ă©taient droit devant elle. Ainsi, pour les atteindre, elle devait passer Ă cĂ´tĂ© de la table devant laquelle la femme se prosternait toujours. Elle respira fortement Ă chaque pas, cherchant ce courage qu’elle n’avait d’habitude pas. Elle avait la gorge sèche et les mains moites. Lorsqu’elle passa Ă cĂ´tĂ© du maĂ®tre qui lui tournait le dos, elle stoppa, se pencha lĂ©gèrement et dans le creux de son oreille, souffla :— Pourrais-je pour parler… en privĂ©Â ?Sans lui laisser le temps de lui rĂ©pondre, elle se redressa et se dirigea vers les toilettes sans se retourner. Elle ne s’était jamais sentie aussi fĂ©brile. Elle avait envie d’exploser. Elle se rĂ©pĂ©tait qu’elle avait Ă©tĂ© complètement stupide. Jamais il ne viendrait et mĂŞme si c’était le cas, qu’allait-elle lui dire ? Elle descendit les marches menant aux commoditĂ©s du restaurant. L’escalier menait Ă un palier sur lequel s’ouvraient trois portes : l’une rĂ©servĂ©e au personnel, la seconde menant aux toilettes pour femme et l’autre pour les hommes. Élodie attendit sur le palier. Elle s’adossa contre le mur et patienta. Son cĹ“ur cognait dans sa poitrine et elle avait l’impression que son sang bouillait, mais il ne venait pas.— Pourquoi le ferait-il ? pensa-t-elle. C’est idiot. Ça doit lui arriver tout le temps. Il n’a aucune raison de venir. C’est ridicule.Mais Élodie n’imaginait pas remonter car, pour rejoindre ses parents, elle devrait forcĂ©ment repasser devant lui et elle en mourrait de honte. Elle ne savait plus que penser, que faire. Elle n’allait pas non plus rester toute la journĂ©e aux toilettes ! Il allait bien falloir qu’elle sorte. Elle regarda sa montre. Cinq minutes. Personne ne restait aussi longtemps aux toilettes. Ses parents allaient finir par s’inquiĂ©ter et descendre et que leur rĂ©pondrait-elle alors ? Dix minutes. C’était vraiment idiot. Il ne comptait pas venir. Elle allait devoir remonter et braver son regard moqueur. Elle s’en voulait tellement. Pourquoi avait-elle fait ça ? Ça ne lui ressemblait tellement pas ! Elle si timide, si rĂ©servĂ©e, comment avait-elle pu agir de la sorte ?Pendant tout ce temps, parfois, des clients montaient et descendaient. Ă€ chaque fois, elle faisait croire qu’elle allait vers les toilettes, des fois que ça soit ses parents et Ă chaque fois, elle reprenait sa position d’attente sur le palier.Lorsqu’elle entendit des bruits de pas, elle se dirigea vers la porte des toilettes des femmes et fit mine d’en sortir. C’était lui. Elle se figea. Il ne lui accorda pas le moindre regard. Il se contenta d’entrer dans les toilettes pour homme. Élodie fixa la porte refermĂ©e avec mĂ©pris, comme si tout Ă©tait de sa faute. Elle se demanda quoi faire puis se dit qu’elle le savait très bien. LĂ encore, c’était Ă l’opposĂ© de ses actes habituels.« Maintenant que j’ai commencĂ©, se dit-elle, autant aller au bout. Allez, j’ose. »Elle poussa la porte des toilettes pour homme en inspirant fortement. Elle savait que deux clients, en plus du maĂ®tre, s’y trouvaient. L’un d’eux se lavait les mains et la regarda avec un air surpris mais ne dit rien. Le maĂ®tre lui tournait le dos car il vidait sa vessie dans l’un des urinoirs du fond. Le troisième homme se trouvait apparemment dans une des cabines de toilette. Élodie s’approcha du fond de la pièce et attendit en silence. Le maĂ®tre ne sembla pas lui porter la moindre attention. Une fois plus lĂ©ger, il se rhabilla puis partit se laver les mains. Élodie le suivit mais prĂ©fĂ©ra garder le silence. Après tout, sa soumise avait Ă©tĂ© obligĂ©e de se taire pendant tout le repas. Sans doute apprĂ©ciait-il les femmes sachant se faire discrètes. Élodie baissa alors les yeux sur le sol et attendit le bon vouloir de cet homme. Un client entra dans les toilettes et, remarquant la prĂ©sence d’Élodie, se choisit une cabine Ă la place de l’urinoir oĂą il comptait d’abord se rendre et y disparut rapidement. L’autre client dans une cabine en sortit et ne se plaignit pas non plus. Il se contenta de se laver les mains et de sortir.Le maĂ®tre, lui, avait pris tout son temps pour bien se frotter, puis se sĂ©cher les mains avec soin. Élodie douta qu’il Ă©tait un maniaque de la propretĂ©. Par contre, qu’il fasse exprès de prendre son temps pour faire durer ce moment Ă©tait une Ă©vidence. Cependant, cela ne dĂ©rangea trop la jeune femme. En effet, elle Ă©tait autant patiente que timide et pudique, ce qui Ă©tait peu dire. Elle savait prendre du plaisir dans l’attente. Ainsi, Ă chaque seconde supplĂ©mentaire, elle s’excitait davantage.Enfin, il se tourna vers elle et la dĂ©tailla de haut en bas. Élodie, de son cĂ´tĂ©, avait gardĂ© le regard baissĂ©. Après tout, elle l’avait matĂ© pendant tout le repas, il pouvait bien le faire Ă son tour. Élodie mettait parfois des vĂŞtements mignons et c’était le cas lorsqu’elle allait au restaurant. Elle portait ainsi un dĂ©colletĂ© lĂ©gèrement plongeant laissant apercevoir une partie de son soutien-gorge lorsqu’elle penchait ou lorsque, comme c’était le cas Ă ce moment-lĂ , on la regardait de haut. Elle avait mis un collier magnifique que ses parents lui avaient offert et qui ornait son cou avec dĂ©licatesse. Elle Ă©tait un peu maquillĂ©e mais sans ajout superflu. Ses jambes Ă©taient couvertes par un pantalon de ville noir et elle portait des chaussures fines mais confortables, car, après le dĂ©jeuner, ses parents et elle avaient l’habitude de faire une promenade en ville. Élodie s’habillait donc en fonction de cela. Lorsqu’il eut fini de la dĂ©shabiller des yeux, il souffla :— Que puis-je pour vous ?Élodie n’avait aucune de ce qu’elle allait rĂ©pondre. Et pourtant, cela faisait maintenant bien un quart d’heure qu’elle l’attendait dans ce but mais elle n’avait toujours aucune idĂ©e prĂ©cise quand Ă ce qu’elle comptait dire. Elle ouvrit la bouche pour parler mais aucun son n’en sortit ce qui fit sourire le maĂ®tre.— Je ne vais pas vous manger…— Je sais, dit-elle en levant les yeux sur lui. C’est juste que… je n’aie pas franchement l’habitude de faire ça.— Le contraire m’aurait Ă©tonnĂ©, rĂ©pondit-il en souriant de plus bel.Élodie se sentit rougir alors que l’homme annonça :— Et pourtant, il va falloir me dire la raison de ce rendez-vous.— Je sais… souffla-t-elle doucement.Il fallait qu’elle y arrive. Elle avait fait le plus gros du chemin. Il ne lui restait presque plus rien. Il lui suffisait de terminer ce qu’elle venait de commencer. Il lui prit le menton avec dĂ©licatesse et souffla :— Personne ici ne va se moquer. Dites-le simplement. On verra après. Ça ne coĂ»te rien et ça peut vous rapporter beaucoup. Allons, mademoiselle, dites-moi ce qui vous brĂ»le les lèvres et vous Ă©chauffe le ventre.Élodie n’en revenait pas. Le regard de cet homme la transperçait et elle avait du mal Ă avaler sa salive. Sa gorge Ă©tait sèche et son cĹ“ur battait Ă mille Ă l’heure. Lui, il souriait simplement du malaise Ă©vident de la jeune femme dont il soutenait toujours le menton. Un client entra mais Élodie ne le vit mĂŞme pas. Ses yeux rivĂ©s dans ceux de cet homme, plus rien n’existait. D’une Ă©trange manière, ce fut dans ses yeux qu’elle trouva la force de parler, d’annoncer tout haut ce qu’elle avait toujours rĂŞvĂ© de dire mais qui, jusque lĂ , Ă©tait restĂ© enfoui au plus profond de son cĹ“ur et de son âme. Cette chose, que d’aucun trouverait honteuse, mais qui Ă©tait tout simplement le chemin vers le plaisir.— J’aimerai… enfin, j’ai toujours rĂŞvĂ© d’avoir un maĂ®tre. Je… je ne vous le demande pas Ă vous, j’ai bien vu que vous aviez dĂ©jĂ tout ce qu’il vous fallait mais… peut-ĂŞtre que… vous en connaĂ®triez un…— Vous avez dĂ©jĂ Ă©tĂ© soumise ? demanda-t-il d’un ton plus professionnel que sensuel.— Euh… non, non, jamais.— Ce n’est donc qu’un fantasme, insista-t-il.— Oui, c’est cela, oui.— Hum… rien ne prouve en ce cas que vous serez en mesure de l’être. Il y a un gouffre entre un simple fantasme et sa rĂ©alisation. Comment savez-vous que cela vous plait si vous n’avez jamais essayĂ©Â ?— Euh… hĂ© bien, d’abord, je… je lis des histoires Ă©rotiques sur Internet et celles qui me plaisent le plus sont celles qui proposent ce genre de relation. Ensuite, les vidĂ©os coquines qui m’intĂ©ressent sont Ă©galement de ce genre.LĂ , Élodie se mordit la langue car le ton de sa phrase annonçait clairement qu’il y avait au moins une troisième chose. Le maĂ®tre ne lui laissa pas passer.— Et ? demanda-t-il d’un ton entendu.— Je… euh… ces raisons ne vous suffisaient-elles pas ?— Et ? insista-t-il.Élodie se fit une raison. Il ne la laisserait pas s’arrĂŞter lĂ . Elle serra les dents et se rĂ©solut Ă lui rĂ©pondre.— Enfin, dit-elle en insistant sur ce terme, je… j’arrive plus vite Ă jouir lors de mes sĂ©ances solitaires lorsque j’imagine ce genre de relations.Élodie avait l’impression d’être rouge de la tĂŞte aux pieds mais le maĂ®tre ne souriait pas. Il Ă©coutait simplement avec intĂ©rĂŞt et professionnalisme, ce qui calma grandement Élodie. Il la dĂ©tailla Ă nouveau des pieds Ă la tĂŞte avant d’annoncer :— Hum… vous me semblez bien… inexperte pour ça. Combien de relations sexuelles avez-vous dĂ©jĂ eue ?Élodie avala difficilement sa salive tant elle trouvait la question intime. Sa pudeur naturelle revenait au galop et elle baissa les yeux en refusant de rĂ©pondre. Le maĂ®tre attendit en silence pendant une minute puis souffla :— Si vous ne rĂ©pondez pas, je m’en vais.— Je… trois, j’en ai eu trois, annonça Élodie.— Trois compagnons ou trois relations ?— Trois relations, avec trois mecs diffĂ©rents.— Ça n’a pas l’air de durer longtemps, fit-il remarquer. Combien d’orgasmes ?— Aucun, je ne sais mĂŞme ce que c’est, rĂ©pondit Élodie en prenant confiance devant cet homme qui ne semblait ni la juger ni se moquer mais simplement en savoir plus. Mes partenaires n’étaient pas très douĂ©s.— Je vous plains, en toute sincĂ©ritĂ©.— En mĂŞme temps, je n’ai jamais dit Ă aucun d’eux ce qui me plaisait, alors, peut-on vraiment leur en vouloir ?Le maĂ®tre sourit Ă cette remarque qu’il sembla apprĂ©cier.— Donc, dit-il, vous voulez ĂŞtre comme ma soumise.— Non, dit-elle immĂ©diatement.Le maĂ®tre tiqua et souffla :— Non ? Comment cela ?— Je… je pense que le sexe est une chose privĂ©e qui ne s’expose pas en public. Alors, non, faire ça, ça ne me plairait pas.Le maĂ®tre sourit pleinement et murmura, plus pour lui-mĂŞme que pour Élodie :Il sembla un instant perdu, le regard dans le vide fixant le plafond carrelĂ© des toilettes du restaurant, puis, il sembla revenir Ă la rĂ©alitĂ© et ses yeux se fixèrent sur Élodie.— À genoux, ordonna-t-il.La première rĂ©action d’Élodie fut de sourire, tant l’idĂ©e lui paraissait ridicule, puis, voyant qu’il ne rigolait pas, elle lança d’un ton très calme :— Non.— C’est votre vision de la soumission ?— C’est votre vision de la domination ? rĂ©pliqua-t-elle. DĂ©solĂ©e, mais je me soumets devant quelqu’un qui le mĂ©rite, et non devant le premier venu.Le maĂ®tre la transperça des yeux.— Vous ĂŞtes très fière, très hautaine et très sĂ»re de vous pour une femme dĂ©sirant ĂŞtre soumise.— Je sais ce que je veux, c’est un tort ? Je me protège, ça vous dĂ©range ?Le maĂ®tre ne rĂ©pondit rien. Il lui envoya un regard brĂ»lant en silence, puis, Élodie ne cĂ©dant pas, il souffla :— Donnez-moi votre sac Ă main.Élodie le lui tendit volontiers. Il le fouilla rapidement – il Ă©tait petit – et en sortit ses papiers qu’il regarda avec attention avec de les remettre en place. Il lui rendit son accessoire puis sortit sans un mot. Élodie avait envie de l’insulter. Il avait vraiment cru qu’elle se soumettrait devant lui ici, dans ces toilettes publiques, après avoir discutĂ© pas plus de dix minutes ? Si c’était le cas, alors non seulement il rĂŞvait, mais en plus, il la dĂ©cevait Ă©normĂ©ment. Elle espĂ©rait que s’il lui envoyait un maĂ®tre, il serait plus intelligent que lui. Elle sortit des toilettes pour homme et alla se rafraĂ®chir dans celles rĂ©servĂ©es aux femmes. Elle rejoignit ensuite ses parents Ă leur table sans un regard pour le maĂ®tre qui ne lui accorda aucune attention. Elle ne s’assit pas car ses parents se levèrent Ă son arrivĂ©e. Ils avaient fini leur cafĂ© et payĂ© l’addition. Ils sortirent donc directement et allèrent faire leur promenade. Élodie fut surprise qu’ils ne lui demandent pas ce qui l’avait retenue mais en fut heureuse. Elle ne tenait pas vraiment Ă devoir s’expliquer.oooOOOooo2 – VolontĂ©s et limitesÉlodie entendit le tĂ©lĂ©phone sonner mais elle Ă©tait devant la tĂ©lĂ©vision. Elle ne bougea donc pas, laissant son frère rĂ©pondre. Il Ă©tait venu pour la soirĂ©e afin de profiter de sa liaison Internet. Il agissait rĂ©gulièrement de la sorte et sa prĂ©sence Ă©tait donc devenue une routine bien ancrĂ©e. Élodie n’entendait presque jamais son tĂ©lĂ©phone sonner et gĂ©nĂ©ralement, il s’agissait de racoleurs. Cela ne la gĂŞnait donc pas que ce soit son frère qui dĂ©croche.— Élodie ! C’est pour toi ! s’exclama Marc.Élodie regarda l’affichage sur le lecteur de DVD. Il Ă©tait près de vingt-deux heures. Qui pouvait donc l’appeler Ă une telle heure ? Les gens n’avaient-ils donc pas de dĂ©cence ? Elle se leva, Ă©nervĂ©e de rater la fin du film. Elle arriva dans sa chambre dans laquelle trĂ´naient l’ordinateur et le tĂ©lĂ©phone.— Qui est-ce ? demanda-t-elle en tendant la main pour prendre le combinĂ©.— Sais pas, rĂ©pondit Marc. Un homme.Élodie prit l’appareil alors que son frère se retournait vers l’écran d’ordinateur.— Allo ?— Bonsoir, Élodie.Elle reconnut immĂ©diatement la voix de l’homme du restaurant : douce, sensuelle mais forte et avec une pointe de domination. Cela faisait maintenant trois semaines qu’ils s’étaient parlĂ©s et depuis, il n’avait pas donnĂ© signe de vie. Élodie sourit puis prit son souffle avant de lancer.— Bonsoir.— C’est votre petit-ami qui m’a rĂ©pondu ? demanda-t-il.— Non, c’est mon frère. Je n’ai personne en ce moment, comme depuis longtemps, d’ailleurs.— Parfait. Votre ĂŞtes libre ce soir ?— Ce soir ? Mais il est vingt-deux heures !— C’est exact. La nuit est Ă nous !— Euh… je ne suis pas très nocturne. En fait, pour ĂŞtre sincère, je dors dĂ©jĂ Ă moitiĂ©.— Vous travaillez demain ? demanda-t-il rapidement.— Oui, mais je termine Ă quinze heures.— Que faites-vous dans la vie ?— Je suis serveuse dans une boulangerie, rĂ©pondit Élodie. Comme je fais l’ouverture, je peux partir plus tĂ´t.— Oh ! Donc, vous vous levez tĂ´t demain ! comprit-il. En ce cas, je vous laisse dormir. Je vous rappellerai demain Ă quatre heures.Ă€ ces mots, il raccrocha sans lui laisser le temps de rĂ©pliquer quoi que ce soit. Elle regarda le combinĂ© avec mĂ©pris.— Encore un racoleur ? demanda Marc, qui pensait sĂ»rement, au vu des rĂ©ponses de sa sĹ“ur, qu’elle venait de rĂ©pondre Ă un sondage tĂ©lĂ©phonique.— Oui, mentit-elle, peu dĂ©sireuse de s’expliquer avec son frère.Elle reposa le combinĂ© puis retourna dans le salon. Elle Ă©teignit puis retourna dans sa chambre.— Marc, je vais bientĂ´t me coucher. Le temps de prendre une douche…— OK, je serai parti d’ici lĂ . Bonne nuit, petite sĹ“ur.— Merci, dit-elle en disparaissant dans la salle de bain.Toute la journĂ©e du lendemain, elle fut ailleurs. Elle pensait Ă la conversation de la veille. Il avait voulu qu’elle le rejoigne tard le soir. Pourquoi ? Et en rentrant, il l’appellerait. Qu’attendait-il d’elle ? Ses collègues remarquèrent ses absences et la taquinèrent Ă ce sujet. Elle servit le pain avec son habituel sourire aimable puis rentra chez elle, ravie de pouvoir enfin s’asseoir. Elle travaillait debout toute la journĂ©e dans la chaleur des fours et apprĂ©ciait grandement de pouvoir se reposer en rentrant chez elle. Elle prit immĂ©diatement une douche afin de se dĂ©barrasser de l’odeur persistante de farine que les gens aiment tant lorsqu’ils entrent dans une boulangerie mais qui devient vite insupportable lorsqu’on la renifle Ă longueur de journĂ©e. Elle se changea – elle opta pour un petit haut sexy et une jupe – puis s’installa dans son canapĂ© et regarda dehors par la fenĂŞtre. Il faisait beau en ce dĂ©but d’automne, mais un peu frais. Elle s’était levĂ©e Ă cinq heures ce matin-lĂ et n’avait pas arrĂŞtĂ© depuis. Elle s’endormit donc, harassĂ©e. Elle fut rĂ©veillĂ©e par le tĂ©lĂ©phone. Elle se leva et se rendit compte qu’elle avait un fameux mal de tĂŞte. Elle dĂ©crocha le combina et souffla :— Oui ?— On dirait que je vous rĂ©veille.— En effet, je… je suis navrĂ©e mais je…— Ne soyez pas dĂ©solĂ©e, c’est moi qui devrais l’être. Si vous ĂŞtes fatiguĂ©e, il faut vous reposer. Votre travail n’a pas l’air des plus reposants.— Non, en effet, je suis debout toute la journĂ©e Ă porter des pains devant des fours brĂ»lants et Ă servir des clients devant lesquels je me dois de garder le sourire en toutes circonstances.— Ce n’est pas un travail que je me sentirai capable de faire, en toute sincĂ©ritĂ©.— Que faites-vous dans la vie ?— Moi ? Je suis cadre. Je bosse dans un bureau Ă des horaires normaux et quand je rentre après avoir Ă©tĂ© devant mon ordinateur toute la journĂ©e, je suis très en forme.Élodie rit doucement.— En plus, continua-t-il, je gagne plus que vous !— Oui, mais moi, je n’ai que mon bac, rĂ©pliqua Élodie. Difficile d’être cadre dans ces conditions.— En effet, rĂ©pondit-il. Votre travail vous plait-il ?— Oh oui ! C’est ce que je voulais faire ! J’ai dĂ©couvert ce mĂ©tier lors d’un stage en entreprise et j’ai su que j’étais faite pour ça. Je me plais dans mon emploi.— C’est tout ce qui compte et je suis ravi pour vous.— Mon emploi vous pose-t-il problème ? demanda Élodie, un peu triste.— Non, pas spĂ©cialement, c’est juste un point Ă prendre en considĂ©ration, mais ce n’est en aucun cas un problème, rassurez-vous.Élodie sourit et soupira. Elle prĂ©fĂ©rait cela.— Seriez-vous suffisamment en forme pour venir discuter en face Ă face avec moi ? demanda-t-il.— Oh ! Oui, bien sĂ»r.— Cela vous dirait-il que nous dĂ®nions ensemble ? proposa-t-il.— Euh… hĂ© bien… oui, pourquoi pas.— Parfait. Je viendrai vous chercher Ă dix-neuf heures. Cela vous laissera le temps de vous reposer. Je promets de vous libĂ©rer avant vingt-et-une heures, que vous puissiez dormir.— Merci. Ă€ dix-neuf heures, donc ?— Je serai en bas de votre immeuble, assura-t-il. Ă€ ce soir.— À ce soir, rĂ©pondit Élodie.Il raccrocha et elle fit de mĂŞme. Elle rĂ©gla sa montre Ă dix-huit heures puis se coucha. Elle trouva le sommeil très rapidement et une sonnerie la rĂ©veilla. Elle la fit cesser en appuyant sur un bouton puis se leva. Elle se maquilla lĂ©gèrement, se coiffa et remit en place ses vĂŞtements que la position allongĂ©e avait lĂ©gèrement dĂ©rangĂ©s. Elle se sentait mieux et son mal de tĂŞte avait disparu. Cette sieste lui avait fait beaucoup de bien. En baillant, elle mit ses chaussures puis sortit. Elle Ă©tait en bas Ă dix-neuf heures pile et une voiture l’y attendait. Elle s’approcha et il en descendit. Il Ă©tait vĂŞtu, comme au restaurant, de vĂŞtements simples et classiques. Il lui sourit, lui ouvrit galamment la porte puis la referma Ă sa suite. Il prit ensuite la place derrière le volant et dĂ©marra la voiture.— Vous semblez reposĂ©e.— J’ai dormi, rĂ©pondit-elle.— J’en suis ravi. Vous n’en serez que plus Ă©veillĂ©e pour moi.Élodie sourit. Alors qu’il passait un carrefour, Élodie demanda :— Elle n’est pas lĂ Â ?— Qui donc ? Demanda-t-il.— Votre soumise, rĂ©pondit Élodie.— Non, je suis seul, dĂ©sormais.— Oh ! J’en suis navrĂ©e. Que s’est-il passĂ©Â ? demanda-t-elle avant de se rendre que la question Ă©tait plus qu’indiscrète.— Elle Ă©tait jalouse, rĂ©pondit-il tout de mĂŞme. J’apprĂ©cie que mes soumises le soit un peu, j’en joue mĂŞme, mais lĂ , c’était vraiment trop. Elle n’a pas supportĂ© que j’aille vous parler et elle m’a fait une scène Ă la limite de l’acceptable. Le week-end suivant, lors d’un jeu avec des amis, j’ai pris une autre femme – comme d’habitude – et elle a osĂ© m’insulter devant les autres maĂ®tres.Élodie sourit. Elle comprenait que cela ne lui ait pas plu.— Donc, finit-il, elle n’est plus lĂ .— Vous l’aimiez ? demanda Élodie.— Disons que je l’apprĂ©ciais. Dire que je l’aimais serait sans doute un peu exagĂ©rer la relation qui nous unissait.Élodie hocha la tĂŞte. Ils Ă©taient un maĂ®tre et sa soumise et rien de plus.— Et elle ? Elle vous aimait ?— J’en doute, dit-il. Elle ne supportait pas de me voir avec d’autres parce qu’elle aimait me savoir Ă elle. Elle aimait que je la possède elle et nulle autre mais je doute sincèrement qu’elle m’aimait. Elle n’a pas semblĂ© si gĂŞnĂ©e que ça de partir.Élodie ne rĂ©pondit rien, considĂ©rant que cela Ă©tait inutile. Il y eut un petit moment de silence pendant lequel Élodie regarda les immeubles dĂ©filer Ă cĂ´tĂ© d’elle.— OĂą m’emmenez-vous ?— Dans un petit restaurant sympathique, rĂ©pondit-il. Rien de magnifique mais c’est juste un endroit que j’apprĂ©cie.Élodie hocha la tĂŞte et reprit son observation par la fenĂŞtre. Elle laissa ses pensĂ©es dĂ©river et se rendit alors compte d’une chose.— Au fait, je ne sais mĂŞme pas comment vous vous appelez.— Gilles, rĂ©pondit-il. Gilles Pelbon.Élodie enregistra l’information. Elle allait poser une autre question lorsqu’elle remarqua que Gilles ralentissait et se prĂ©parait Ă se garer. Elle dĂ©cida de garder ses interrogations pour le restaurant. Après tout, cela ne pressait pas Ă la minute. Ils sortirent ensemble du vĂ©hicule et Gilles lui proposa de la suivre Ă l’intĂ©rieur. Il lui tint la porte mais entra le premier dans la grande salle, comme le voulait la galanterie. Au serveur, il annonça avoir rĂ©servĂ© et ils furent menĂ©s Ă leur table. Un peu Ă l’écart, près de la fenĂŞtre, ils avaient une vue sur la rue tout en ayant un peu d’intimitĂ©. Le restaurant avait une dĂ©coration simple mais Ă©lĂ©gante. Le jeune homme qui les avait placĂ©s leur proposa la carte puis disparut en cuisine. Élodie regarda rapidement les plats et les prix. C’était tout Ă fait Ă sa portĂ©e. Un endroit simple et classique. Élodie apprĂ©cia. Gilles reposa rapidement le morceau de carton. Probablement un habituĂ© de lieux, il devait savoir quoi prendre. Élodie la reposa un peu plus tard et constata que Gilles le dĂ©shabillait des yeux. Elle sourit en rougissant lĂ©gèrement mais ne fit aucune remarque.— Alors comme ça, dit-il, vous voulez un maĂ®tre, mais un qui mĂ©rite ce titre Ă vos yeux.— C’est exactement cela.— Et que devrait-il avoir pour vous convenir ? demanda-t-il.Élodie le transperça des yeux. Il expliqua :— Si vous voulez que je vous en trouve un Ă votre convenance, il vaudrait mieux me le dire.— Mais je n’en sais rien, dit Élodie en prenant garde Ă ne pas trop Ă©lever la voix pour ne pas ĂŞtre entendue des autres clients. Je… je ne sais pas, moi. Il faut juste que j’ai confiance.— La confiance, ça se gagne.— Le respect Ă©galement, rĂ©pliqua-t-elle.— Donc, ce que vous essayez de me dire, c’est que vous ne saurez qu’après avoir passĂ© du temps avec un homme s’il vous convient en tant que maĂ®tre.— Je… oui, je suppose, dit-elle.Le serveur arriva et ils annoncèrent leurs commandes respectives avant de reprendre leur conversation dès le dĂ©part du jeune homme.— Le problème, dit Gilles, c’est que gĂ©nĂ©ralement, la relation de maĂ®tre/soumise commence dès la deuxième ou troisième rencontre. Serez-vous en mesure de savoir aussi vite ?— Je n’en sais rien moi ! rĂ©pliqua Élodie. Comment le pourrais-je puisque je ne l’ai jamais vĂ©cu !— Bien sĂ»r, dit-il avant de sourire.— Quoi ? s’exclama-t-elle.— Si je vous proposais d’être ma soumise, que rĂ©pondriez-vous ?Élodie fut prise de court par cette question Ă laquelle elle ne s’attendait pas. Elle n’avait jamais imaginĂ© qu’il lui propose puisqu’il avait dĂ©jĂ une soumise. MĂŞme en sachant que ce n’était plus le cas, elle n’aurait pas cru qu’il le ferait, surtout parce qu’elle n’avait pas eu l’impression de lui plaire.— Je rĂ©pondrai, finit-elle par dire, que pour le moment, c’est plutĂ´t mal parti.— Qu’ai-je fait pour vous dĂ©plaire ? demanda-t-il avec calme et patience.— Voyons, je ne sais pas moi, vouloir me soumettre dès notre première rencontre comme si j’étais la dernière des putains, par exemple.— Voyons, Élodie, si vous aviez acceptĂ©, je serai parti sans attendre. C’était votre refus que j’attendais.Elle en fut rĂ©ellement surprise. Elle comprit qu’il l’avait testĂ©e et n’était pas sĂ»re de prĂ©fĂ©rer cela Ă la première solution.— Oh ! Euh… vraiment. En ce cas, je… euh…Elle n’avait aucune idĂ©e de ce qu’elle Ă©tait censĂ©e rĂ©pondre et se trouva totalement idiote. Il n’avait jamais cherchĂ© Ă l’humilier mais au contraire, il l’avait testĂ©e. Elle se demanda vraiment ce qu’elle pourrait rĂ©pondre Ă cela.— Je dirai, annonça-t-elle après un moment de rĂ©flexion dont il ne la priva pas, que c’est un peu trop tĂ´t pour rĂ©pondre mais qu’à priori, je ne serai pas opposĂ©e Ă cette idĂ©e.Gilles sourit, visiblement ravi de cette rĂ©ponse.— Je ne comptais pas vous demander de vous agenouiller maintenant, rassurez-vous.— Tant mieux, parce que mĂŞme si j’étais votre soumise, j’aurai refusĂ©.— Parce que le sexe fait partie du domaine du privĂ©, j’avais saisi, dit-il.— En fait, ce n’est pas tellement ça qui me gène.— Ah ! Qu’est-ce que c’est alors ? demanda Gilles.— HĂ© bien, en fait… c’est un peu compliquĂ© mais… voilĂ , je vois la soumission comme un acte sexuel et comme rien d’autre. Or, Ă mon sens, un dĂ©jeuner n’en fait pas partie. Donc, je refuse cette situation. Par exemple, dans certains Ă©crits que j’ai pu lire, il Ă©tait proposĂ© une situation oĂą la soumise Ă©tait censĂ©e, je ne sais pas moi, prĂ©parer le dĂ®ner et nettoyer l’appartement. Avec cela, je ne suis pas d’accord. La soumission est seulement sexuelle. Je ne suis pas d’accord pour devenir la bonne de quiconque !— Je vois. Si je comprends bien, vous ne vous imaginez pas une soumission perpĂ©tuelle, c’est-Ă -dire qui durerait toute la journĂ©e.— Oh, Ă priori, je ne suis pas contre l’idĂ©e que ça puisse durer un week-end, annonça-t-elle, mais alors il faut que ça soit un temps court dĂ©cidĂ© ainsi. Il ne faudrait pas que cela dure tout le temps. Et puis, mĂŞme dans le cadre d’un week-end ou d’une journĂ©e complète, je n’accepterai pas d’être une esclave. Oui, je crois que c’est ça. Je veux ĂŞtre une soumise sexuelle, pas un esclave.Gilles hocha la tĂŞte. Il sentait la jeune femme se dĂ©tendre au fur et Ă mesure que le temps passait. Elle parlait plus librement de ce qu’elle souhaitait ou non. De ses limites, certaines qu’il sentait franchissable, et d’autres non. Il sentait qu’il pourrait la pousser plus loin qu’elle ne le pensait. Elle ferait une excellente soumise et serait un vĂ©ritable dĂ©fi pour lui, ce qui n’était pas pour lui dĂ©plaire.— En mĂŞme temps, nuança Élodie, si mon maĂ®tre me demande, par exemple, de lui porter son petit dĂ©jeuner au lit dans le cadre d’un week-end de jeu, je ne crois pas que je m’y opposerai, Ă la condition que le reste du temps, il fasse la mĂŞme chose pour moi. Vous voyez, j’ai beaucoup apprĂ©ciĂ© votre galanterie.Gilles sourit puis rĂ©flĂ©chit avant d’annoncer :— Si j’ai bien compris les sous-entendus dans vos dires, souffla Gilles, vous ne rejetez pas la possibilitĂ© de vivre avec votre maĂ®tre, mais Ă la condition que celui-ci n’exerce son autoritĂ© que dans vos jeux sexuels et non Ă longueur de journĂ©e.— C’est exactement cela. En mĂŞme temps, pour vivre avec mon maĂ®tre, il faudrait que je l’apprĂ©cie Ă©galement en temps que personne, et ça, ce n’est pas certain. Beaucoup de gens vivent avec une personne pour la « routine » et ont un amant pour le sexe. C’est finalement assez banal. Voir les deux rĂ©unis dans une mĂŞme personne est possible mais me semble plus tenir du miracle.— Je ne crois pas que ça soit aussi rare que ça, mais j’admets que ça n’est pas Ă©vident, rĂ©pondit Gilles.— Et vous ? demanda-t-elle. Qu’est-ce qui vous plait ?— Vous le dĂ©couvrirez en temps et en heure. C’est important que je sache ce qui vous plait ou non, l’inverse est moins grave. Ce que j’aime, c’est surtout que ma soumise m’obĂ©isse, quelque soit mes ordres, car je fais toujours mon possible pour lui plaire et la pousser au-delĂ de ses limites pour son propre plaisir… et le mien, cela va sans dire. En mĂŞme temps, j’apprĂ©cie lorsqu’elle me dit clairement ce qui ne lui convient pas ou au contraire lui plait Ă©normĂ©ment.— Je vois, dit Élodie. Je suis d’un naturel plutĂ´t timide et pudique. Je risque de ne pas ĂŞtre très…— Il va falloir, dit-il, mais pas d’inquiĂ©tude. DĂ©jĂ , je trouve que vous ĂŞtes très relaxĂ©e par rapport au dĂ©but du repas. Vous commencez Ă me parler avec franchise et facilitĂ©. Cela ira en s’amĂ©liorant. N’aillez crainte, je sais m’y prendre.Élodie sourit. Elle se sentait rassurĂ©e. Elle rĂ©flĂ©chit alors Ă ce qu’il venait de dire et souffla :— Votre phrase laisse sous-entendre que vous me considĂ©rez dĂ©jĂ comme votre soumise. N’allez-vous pas un peu vite ? Mon avis ne devrait-il pas ĂŞtre requis ?— Je ne vous considère pas comme ma soumise, car mes soumises, je les tutoie, annonça Gilles en souriant.— Ça ne semble pas ĂŞtre une chose que l’on peut changer…— Ça vous dĂ©range ?— Pas du tout, non, rĂ©pondit Élodie.— Tant mieux, parce que c’est une chose sur laquelle je ne pourrai pas faire la moindre concession. Je tutoie mes soumises, et elles me vouvoient. C’est ainsi, et pas autrement.— Pas de problème, souffla Élodie.Il y eut alors un petit silence. Élodie regarda un bus s’arrĂŞter sur le trottoir d’en face et y dĂ©verser quelques passagers avant de reprendre sa route.— Au fait, dit-elle en se tournant vers Gilles, j’avais dĂ©jĂ envie de vous poser cette question dans la voiture et j’ai failli oublier.— Je vous Ă©coute.— Serait-ce indiscret de vous demander votre âge ?— Pas le moins du monde. J’ai trente-cinq ans. Et vous ?— Vingt-quatre, annonça Élodie.— Vingt-quatre ans et seulement trois relations sans plaisir. Oui, vraiment, vous n’avez pas eu de chance.Élodie haussa les Ă©paules.— Avec moi, ça changera, je vous le promets.— J’ai l’impression que vous essayez de vous vendre, dit-elle en souriant.— C’est exactement le cas. Je suis totalement prĂŞt Ă vous prendre pour soumise. Je n’attends que votre accord. Mais je vous en prie, prenez le temps qu’il faut. Je ne voudrais surtout pas que vous regrettiez votre choix.Élodie hocha la tĂŞte et apprĂ©cia qu’il la laisse ainsi libre.— Parlez-moi de votre travail, proposa alors Gilles.Élodie fut bavarde. Elle aimait parler de son emploi qui lui plaisait Ă©normĂ©ment. La conversation fut intĂ©ressante mais Gilles y mit un terme.— Élodie, dĂ©solĂ© d’interrompre cette soirĂ©e que je trouve charmante, mais j’ai promis de vous ramener chez vous pour vingt-et-une heures, et ce moment est arrivĂ©.Il la raccompagna comme prĂ©vu et se sĂ©parèrent en toute cordialitĂ© sur le trottoir. Lorsqu’elle rentra chez elle, Élodie se dit qu’elle apprĂ©ciait dĂ©cidĂ©ment beaucoup ce beau brun.oooOOOooo3 – VirginitĂ©sIls se revirent trois fois pour de simples discussions. Deux dĂ®ners puis un dĂ©jeuner, un mercredi de repos d’Élodie mais de travail pour Gilles qui dut abrĂ©ger la conversation pour retourner regarder son Ă©cran d’ordinateur au bureau. Élodie passa l’après-midi Ă se demander ce qu’elle voulait. Elle commençait Ă vraiment apprĂ©cier les moments passĂ©s avec Gilles. Il Ă©tait très aimable et toujours très attentif. Il connaissait dĂ©jĂ les couleurs qu’elle aimait porter, ses prĂ©fĂ©rences en matière de nourriture et de voiture, ses passe-temps favoris et bien d’autres choses encore. En plus de tout cela, il Ă©tait galant, charmant et ses conversations Ă©taient intĂ©ressantes. Il ne parlait jamais pour ne rien dire, avouait facilement son ignorance dans certains sujets et bien que d’avis politiques opposĂ©s aux siens, il argumentait avec calme et patience, sans jamais s’énerver, mĂŞme lorsque leurs opinions diffĂ©raient radicalement. Élodie passa l’après-midi Ă se poser des questions, Ă rĂ©flĂ©chir, Ă se demander si elle pourrait l’accepter en tant que maĂ®tre. Sa première mauvaise impression avait maintenant disparu. Il lui semblait Ă mĂŞme de pouvoir tenir ce rĂ´le, de le mĂ©riter.En fait, elle pensait de moins en moins ĂŞtre capable de faire une bonne soumise. Il lui semblait qu’elle n’était pas du tout Ă la hauteur de cet homme merveilleux qu’elle venait de rencontrer. Elle s’étonnait encore qu’il ait pu accepter de venir lui parler, ce jour-lĂ , dans les toilettes de ce restaurant. Pourquoi l’avait-il fait ? Elle ne se l’expliquait pas. Elle n’avait rien fait pour le mĂ©riter et craignait par-dessus tout de le dĂ©cevoir. Elle tourna en rond dans son appartement toute l’après-midi et finalement, dĂ©crocha son tĂ©lĂ©phone et composa le numĂ©ro de Gilles au travail.— Oui ?— Excusez-moi de vous dĂ©ranger jusqu’à votre bureau…— Oh ! Élodie ! Vous ne me dĂ©rangez en aucune manière. Que puis-je pour vous ?— Pourrions-nous voir ce soir ? Chez vous, par exemple, mĂŞme si j’ignore oĂą cela se trouve.Il lui donna son adresse. C’était plutĂ´t loin. Ă€ au moins une heure de voiture de chez elle.— Je viendrai vous prendre, commença-t-il.— Non, c’est inutile. Je viendrai en voiture. Mon GPS me guidera. Ça serait bĂŞte que vous veniez. Vous travaillez de l’autre cĂ´tĂ© de la ville. Non, Ă quelle heure puis-je venir ? Vingt heures ?— Vous dĂ©sirez dĂ®ner avec moi ?— Euh… non, en fait, non. Juste parler.— D’accord, vingt heures, ça me va. Vous travaillez demain ?— Oui, mais je ne fais pas l’ouverture. Je commence Ă dix heures.— Parfait, nous pourrons donc parler un peu plus longtemps.— En effet, je pense qu’il me faudra partir au maximum un peu avant minuit.— Ça me convient parfaitement. Je dois vous laisser, mon patron arrive. Ă€ ce soir, Élodie.— À ce soir.Elle raccrocha. Ça y Ă©tait, les dĂ©s Ă©taient jetĂ©s. Dans moins de quatre heures, elle allait devoir lui annoncer ce qu’elle avait dĂ©cidĂ©. Elle espĂ©ra surtout avoir fait le bon choix. S’attendait-il Ă ce qu’elle lui parle ? Probablement. Elle se prĂ©para mentalement tout le temps qui lui resta et Ă dix-neuf heures, après avoir avalĂ© un rapide et frugal repas, elle monta en voiture et suivit les indications du GPS.Elle arriva Ă l’heure sans encombre devant l’immeuble oĂą vivait Gilles. Elle chercha son nom sur les boĂ®tes aux lettres puis sonna Ă l’appartement indiquĂ©. La porte de l’immeuble s’ouvrit et elle entra. Elle monta les deux Ă©tages pour le voir l’attendre sur le palier. Il arborait un grand sourire. D’un geste, il lui proposa d’entrer. Elle retira ses chaussures Ă sa demande avant d’entrer plus en avant et dĂ©couvrit un appartement de taille modeste mais bien pensĂ© et en ordre sans ĂŞtre rangĂ© Ă la perfection. L’endroit Ă©tait aussi classique en apparence que son propriĂ©taire. Il lui dĂ©signa le canapĂ© et elle s’y installa. Il disparut dans la cuisine pour revenir avec une bouteille de jus de fruits pour elle et une boisson lĂ©gèrement alcoolisĂ©e pour lui. Il savait qu’elle n’apprĂ©ciait pas Ă©normĂ©ment l’alcool et Élodie fut donc ravie du rafraĂ®chissement proposĂ©.Ils commencèrent par bavarder de choses et d’autres, de leur travail, de leurs voisins, de leurs collègues, de leurs amis et de leurs familles respectives. La soirĂ©e Ă©tait dĂ©jĂ bien avancĂ©e lorsque, les sujets venant Ă manquer, le silence se fit. Élodie dĂ©cida qu’il Ă©tait temps qu’elle se lance, d’autant qu’elle Ă©tait totalement en confiance.— Vous savez, j’apprĂ©cie beaucoup ces moments passĂ©s avec vous.— Moi aussi, Élodie, lui assura-t-il en retour.— Vraiment, c’est très agrĂ©able. Je ne crois pas avoir dĂ©jĂ Ă©tĂ© aussi bien avec quelqu’un. En fait, j’ai peur de gâcher tout cela.— Que voulez-vous dire ? demanda-t-il, un peu surpris par cette dĂ©claration.— J’ai envie d’être votre soumise mais j’ai peur que cela ne change notre relation.Ă€ ces mots, les yeux de Gilles brillèrent et un sourire complet envahit son visage. Il prit les mains d’Élodie avec douceur et souffla :— Élodie, j’ai très bien compris vos revendications et vos volontĂ©s. Je saurai faire la part des choses. Vous ne serez ma soumise que lors de jeux et de moments bien dĂ©finis Ă l’avance. Le reste du temps, pourquoi notre relation serait-elle diffĂ©rente ? Enfin, je veux dire, je crois qu’elle sera forcĂ©ment diffĂ©rente mais Ă mon avis, elle n’en sera que plus profonde et plus intense.Élodie fit la moue. Elle Ă©tait terrorisĂ©e Ă l’idĂ©e de le perdre, que ce choix ne les Ă©loigne l’un de l’autre. Elle avait passĂ© des moments tellement agrĂ©ables en sa compagnie.— Je… j’ai peur que…— Tout se passera bien. Faites-moi confiance.Élodie serra les mains de Gilles qui accepta la pression avec joie.— Je… d’accord, je serai votre soumise. Enfin, je veux dire, s’il vous plait, acceptez d’être mon maĂ®tre.— Volontiers, Élodie, ça sera avec joie que je serai ton maĂ®tre, annonça Gilles en passant du vouvoiement au tutoiement. Maintenant, Élodie, si tu le veux bien, en dehors de nos jeux, j’aimerai que tu me tutoies et que tu m’appelles par mon prĂ©nom. Lors des moments sexuels, vouvoie-moi et appelle-moi maĂ®tre. Cela n’en dĂ©limitera que plus clairement nos relations.— D’accord Gilles.Le maĂ®tre sourit puis souffla :— Je pense qu’on peut faire preuve de tendresse sans aller forcĂ©ment jusqu’au sexe. J’aimerai simplement finir cette soirĂ©e avec toi, et non avec ma soumise. Tu veux bien ?— Oui, bien sĂ»r.Il s’approcha alors d’elle, affichant clairement son dĂ©sir de l’embrasser mais ne faisant pas tout le trajet nĂ©cessaire, obligeant ainsi Élodie Ă agir. Elle s’exĂ©cuta avec plaisir et le baiser dura. Élodie n’avait jamais Ă©tĂ© aussi bien embrassĂ©e. Ce fut un vĂ©ritable plaisir, d’autant que Gilles s’amusait Ă poser ses mains sur son corps au moment oĂą elle s’y attendait le moins. Elle fermait les yeux, si bien qu’elle ne voyait pas venir la caresse sur son bras, son Ă©paule, sa nuque ou ses hanches, et il faisait en sorte qu’elles soient imprĂ©visibles. Lorsqu’il s’éloigna enfin, Élodie Ă©tait aux anges.— J’adore ta façon d’embrasser, souffla Gilles.— Vraiment ? s’étonna Élodie, Ă qui personne n’avait jamais fait cette remarque.— Oui, vraiment, je ne le dirai pas si je ne le pensais pas, rĂ©pondit Gilles avec assurance.— HĂ© bien, j’adore aussi ta façon d’embrasser.— Tu m’en vois ravi, annonça-t-il.Il prit son temps afin de graver cet instant dans sa mĂ©moire, le visage souriant d’Élodie, sa nouvelle soumise, puis lança :— Il est tard. Tu devrais rentrer. On se voit samedi soir ? Tu viens dĂ®ner chez moi ?— D’accord, dit Élodie.— Tu sembles déçue. Tu t’étais attendue Ă plus ce soir ?— En toute sincĂ©ritĂ©, oui, mais en fait, j’apprĂ©cie que ça ne soit pas le cas.— Tant mieux, dit-il. Allez, rentre bien et repose-toi.— Toi aussi, Gilles.Ils s’embrassèrent rapidement puis se quittèrent. Ils Ă©taient ravis, l’un comme l’autre.Les jours qui suivirent, Élodie se languit de son maĂ®tre. Elle n’avait qu’une envie : le voir, lui parler, le toucher, l’embrasser Ă nouveau. Elle avait Ă©tĂ© excitĂ©e par ce simple baiser et en dĂ©sirait plus, beaucoup plus. Il l’avait laissĂ©e sur sa faim, probablement de manière volontaire. Il cherchait sĂ»rement Ă l’exciter par cette attente et si c’était le cas, alors c’était une totale rĂ©ussite. Samedi, elle rentra du travail Ă dix-neuf heures. Elle se lava et se changea avant de se rendre chez Gilles. Elle Ă´ta ses chaussures et le rejoignit dans la cuisine oĂą la table Ă©tait mise pour deux personnes et de laquelle s’échappait une odeur des plus agrĂ©ables. Élodie proposa son aide mais Gilles refusa poliment, lui ordonnant de s’asseoir et de ne pas bouger sur un ton moqueur. Elle obĂ©it volontiers. Gilles lui proposa de lui raconter sa journĂ©e – ce qu’elle fit – pendant qu’il finalisait le repas. Puis, il posa les plats sur la table et servit. Le dĂ®ner fut agrĂ©able, comme toutes leurs rencontres jusque lĂ . Gilles proposa ensuite de se rendre au salon. Ils s’assirent dans le canapĂ©. Gilles tamisa lĂ©gèrement la lumière puis annonça :— Élodie, je vais maintenant devoir te poser des questions plus… intimes. Cela va m’aider. Essaye de me rĂ©pondre avec la plus grande sincĂ©ritĂ© possible. Tu as confiance en moi. Tu sais qu’en aucun cas je ne vais me moquer ou te juger.Élodie hocha la tĂŞte.— Bien, j’ai besoin de savoir ce que tu aimes, ou au contraire dĂ©testes, en matière sexuelle.— Je n’ai pas Ă©normĂ©ment d’expĂ©rience.— C’est justement pour ça que je dois te poser des questions. Je dois savoir ce que tu connais ou ignores, ce que tu aimes ou dĂ©testes. Tu veux bien ?— Oui, bien sĂ»r.— Bien. Tu m’as dĂ©jĂ dit avoir lu et vu des scènes Ă©rotiques. Donc, je pense que tu pourras rĂ©pondre Ă la question : Qu’est-ce que tu n’as jamais fait avec tes prĂ©cĂ©dents amants ?— Je pourrai y rĂ©pondre, en effet, dit Élodie, mais je crois sincèrement que ça serait plus rapide de te dire ce que j’ai fait.Gille sourit puis souffla :— D’accord, comme tu veux. Vas-y. Au fait, ça te dĂ©range si je prends des notes ?— Du moment que tu ne les publies pas sur Internet, non.Gilles embrassa rapidement Élodie en souriant avant de lui proposer d’un geste de rĂ©pondre Ă la question.— Alors, voyons, par quoi commencer. Euh… je vais les dire comme ils viennent, sans ordre.— Fais.— On m’a dĂ©jĂ fait un cunnilingus.— Tu as aimĂ©Â ? demanda Gilles.— La première fois, j’ai dĂ©testĂ©. La seconde n’a simplement pas Ă©tĂ© dĂ©sagrĂ©able. Mais je n’ai jamais rĂ©ellement aimĂ© ça. En mĂŞme temps, je ne crois pas ĂŞtre tombĂ©e sur des amants de rĂŞve.Gilles sourit mais se garda bien de formuler un quelconque commentaire.— Continue.— On m’a dĂ©jĂ masturbĂ©e.— Tu as aimĂ©Â ? rĂ©pĂ©ta-t-il.— Comme le cunni, je n’ai juste pas dĂ©testĂ©.Gilles hocha la tĂŞte, griffonna son bloc-notes et proposa à Élodie de continuer.— Ah oui, se rappela-t-elle, on m’a dĂ©jĂ sucĂ© et mordillĂ© les seins et j’ai dĂ©testĂ©. Je crois que je suis trop sensible pour ça.Gilles hocha gravement la tĂŞte et nota le renseignement avec attention.— Voyons, que dire d’autres… ah oui, j’ai dĂ©jĂ masturbĂ© des hommes de mes mains et l’un d’eux a failli jouir mais il s’est retenu pour ne pas salir.— Dommage pour lui…— Je suis bien d’accord. Je lui avais dit que ça n’était pas grave mais il y a vraiment tenu. Enfin bref, j’aime beaucoup ça. J’aime aussi beaucoup caresser les fesses d’un homme.Gilles Ă©crivit cela en gardant un visage neutre et grave.— Continue, demanda-t-il alors.— Je n’ai rien d’autre Ă dire, annonça Élodie.— Tu as oubliĂ© l’acte sexuel en lui-mĂŞme, annonça Gilles.— Tu m’as demandĂ© ce que j’avais fait avec un homme, et je t’ai fais la liste. Je n’ai rien oubliĂ©.Gilles releva les yeux sur elle mais dans son regard, elle ne lut aucune moquerie. Il semblait la plaindre. Il pinça les lèvres, hocha doucement la tĂŞte et nota l’information.— Rien d’anal ni de buccal de ta part ? demanda Gilles, comme pour bien s’assurer qu’elle n’avait rien oubliĂ©, mĂŞme involontairement.— Non, non, rien d’autre, vraiment. Tu sembles… je ne sais pas, bizarre. Ça te dĂ©range ?— Je n’en sais rien. Ça ne m’était jamais arrivĂ©. Je crois… que ça va ĂŞtre un vrai plaisir de te faire dĂ©couvrir tout cela moi-mĂŞme.La remarque arracha un sourire à Élodie.— Bien, et maintenant, tu m’as Ă©galement annoncĂ© te masturber. Ou bien ai-je mal compris ?— Non, non, je pratique bien le plaisir solitaire, assura Élodie.— Tu utilises tes mains ou des objets ?— Les deux, au grĂ© de mes envies, rĂ©pondit Élodie.— Quels objets ? demanda-t-il.— Vibromasseur, Ĺ“uf vibrant et god. En dehors de cela, j’ai des boules de geisha.— Tu en portes souvent ? demanda Gilles d’un regard intĂ©ressĂ©.— Oui, assez, j’aime bien les sentir dans mon ventre.— Tu en portes en ce moment ?— Non, mais j’en ai portĂ© toute la journĂ©e, rĂ©pondit Élodie en souriant sous le regard brĂ»lant de Gilles.— Pourquoi les avoir Ă´tĂ©s ?— Pour me sentir plus Ă l’aise et je crois avoir bien fait.— Et moi je pense le contraire, rĂ©pondit Gilles en notant quelque chose. Les autres objets, tu aimes ?— Oui, je m’en sers rĂ©gulièrement.— Donc, si j’ai bien suivi, tu n’as jamais senti qu’un sexe factice entrer en toi, et tu as apprĂ©ciĂ©Â ?— En effet, dit Élodie.Elle se sentait remarquablement bien malgrĂ© le sujet de la conversation. Elle d’un naturel si rĂ©servĂ© se confiait ouvertement Ă un homme sur des choses aussi intimes. Elle avait du mal Ă le croire et pourtant, c’était bien elle qui discutait en souriant et avec calme. Gilles notait tout consciencieusement. Parfois, il n’écrivait qu’un seul mot et Ă d’autres moments plusieurs lignes d’affilĂ©e qu’il griffonnait Ă toute vitesse.— Bien, maintenant, y a-t-il des choses que tu n’as jamais vĂ©cues mais que tu aimerais beaucoup vivre ?— À part une relation de dominant Ă soumise ?Gilles sourit Ă cette rĂ©ponse et lui envoya un regard coquin.— Je dirai que j’adorerai ĂŞtre attachĂ©e et avoir les yeux bandĂ©s. Cependant, je n’aime pas le bondage. Je veux dire, j’ai vu des vidĂ©os oĂą les filles sont complètement ligotĂ©es, et ça ne m’attire pas. J’aimerai ĂŞtre juste attachĂ©e, simplement.— Je vois, dit Gilles qui n’avait pu retenir un petit sourire. Oui, murmura-t-il, je sens que je vais adorer te faire dĂ©couvrir ce monde.Élodie en rougit jusqu’aux oreilles. Elle avait l’impression d’être une tomate mĂ»re prĂŞte Ă ĂŞtre cueillie. Elle ne put rĂ©frĂ©ner un sourire et un petit rire nerveux. Gilles fit mine de reprendre son calme et ce faisant, il changea de position et Élodie remarqua alors que son pantalon Ă©tait dĂ©formĂ©. Cela l’acheva et elle partit dans un fou rire incontrĂ´lable. Lorsque, après plusieurs minutes, un violent mal de ventre l’empĂŞcha de continuer Ă rire, elle souffla :— DĂ©solĂ©, c’était nerveux.— Pas de problème, je prĂ©fère t’entendre rire que pleurer, Élodie. Puisses-tu rire souvent en ma prĂ©sence.Élodie sentit un pincement au cĹ“ur Ă ces mots qui la transpercèrent tant ils suintaient de sincĂ©ritĂ©.— Tu as d’autres questions Ă me poser ? demanda Élodie.— Que penses-tu du SM ?— Je ne crois pas que ça soit mon truc. Je n’apprĂ©cie pas spĂ©cialement de souffrir et je ne crois pas y ressentir le moindre plaisir. Maintenant, je ne suis pas contre d’essayer. Qui ne tente rien n’a rien.Gilles hocha la tĂŞte et nota un mot sur son petit carnet. Puis, il le referma et lança :— Pour le reste, on verra sur le moment. Maintenant, il est tard. Tu devrais rentrer. Avec ça, dit-il en montrant le carnet, je vais pouvoir prĂ©parer notre prochaine rencontre. Que dirais-tu qu’on dĂ©jeune ensemble mardi, ton prochain jour de repos, puis qu’on vienne chez moi pour une première sĂ©ance douce ? Ce sera juste histoire de nous lancer. N’aie pas peur, je serai lent et je saurai prendre mon temps. Demain, je ne serai pas disponible. Je vais Ă un mariage dans ma famille. Je prendrai un jour de repos mardi, j’en ai quelques uns en retard.— D’accord pour mardi, rĂ©pondit-elle.— Parfait.— À mardi donc, fais attention sur la route.Ils se sĂ©parèrent d’un baiser tendre et doux. Élodie Ă©tait nerveuse. Elle passa les jours qui suivirent Ă se demander ce qui l’attendait. Elle craignait de plus en plus de ne pas ĂŞtre Ă la hauteur, cependant, après cette discussion intime, elle Ă©tait plus rassurĂ©e. Maintenant, il savait Ă quoi s’attendre avec elle. Il ne pouvait plus l’accuser d’avoir trichĂ© ou menti. Il savait ce qu’elle avait fait et surtout, pas fait.