Une petite histoire vraie qu’on m’a racontée il y a bien longtemps.—————–Cela faisait des jours et des jours qu’il errait dans le désert, avec pour seul horizon le sable chauffé à blanc quand le soleil était à son zénith, ou rougeoyant à l’approche du crépuscule. Parfois, l’horizon miroitait et lui faisait presque croire que la mer était là, à quelques pas, toute proche, et que sans doute il arriverait bientôt en vue de la plage.La plage… il en rêvait à présent, avec ses transats et ses baigneuses. Bronzées, blondes aux yeux bleus, brunes aux yeux verts, des longues jambes fuselées, des cambrures de déesses, des peaux satinées et brillantes, en tout petits bikinis, toutes voiles dehors. Des couleurs tout autour, beaucoup de couleurs, surtout du vert.Mais qu’est-ce qu’il lui avait pris de se lancer dans cette stupide traversée du Sahara dans le sens de la longueur, avec un chameau pour seul compagnon ? C’est vrai, quoi, le mâle aventurier au physique de surfeur venait de se prouver à lui-même qu’il n’avait que deux neurones. Pas sûr, en outre, qu’ils soient connectés correctement.Jim était grand, athlétique et bien gaulé. Dame Nature avait jeté son dévolu sur lui dès le berceau mais pour parfaire le tableau, elle l’avait doté de ces quelques imperfections qui rendent les hommes irrésistibles : un rien de brioche, par exemple, qui lui seyait fort et l’empêchait de ressembler au premier minet tout juste débarqué de l’adolescence ; ou encore un sourire asymétrique, qui lui faisait découvrir des canines de chasseur d’un côté mais pas de l’autre. Aucune femme ne résistait à ce sourire. Quand il se mettait à leur parler de sa voix grave et chaude, elles sentaient ordinairement une sorte de vibration douce à l’intérieur, dans le creux du ventre, une sensation indéfinissable faisant monter la chaleur jusqu’à la tête et le rose aux joues. Venait ensuite le regard insistant et captivant : il avait de beaux yeux, mais aucune n’aurait pu déterminer avec certitude leur couleur, tant elles se perdaient dans la puissance de ce regard, une arme absolue pour leur couper le sifflet.Mais ce que Jim préférait, c’était mener ses proies au bord de l’évanouissement rien qu’en les effleurant. La plupart mouillaient alors si abondamment qu’il en percevait l’odeur avant de les avoir dénudées. Bon plan, autant pour tirer un coup vite fait que pour prendre tout son temps et celui de la dame.D’ailleurs, il l’imaginait bien, là, maintenant, tout de suite, la jolie pouliche, étendue sur sa serviette de plage, la peau frissonnante, la bouche rouge et les yeux humides de reconnaissance. Ses lèvres s’étaient entrouvertes et elle fredonnait un petit air lancinant :Les chameaux dans le désert…Putain de chameau ! Putain de désert ! La vision lui avait filé la gaule et cette petite chanson qui lui trottait dans la tête, en prime ! Par contre, rien à baiser !Rien ?Le chameau s’était arrêté, il avait tourné vers lui des yeux humides.Nan…Les chameaux dans le désertOnt la peau tellement tendue…Mais allez ! Avance donc espèce de sale carne ! Sinon on y sera encore à la saint-glinglin ! Et avec cette chaleur…Mais la bête ne bougeait pas. Elle se contentait de fixer l’homme et de remuer placidement la mâchoire. Tiens, Jim se serait bien pris un chewing-gum, ça lui aurait rappelé des bons souvenirs, comme la fois où il avait piqué un bonbon à une blonde sculpturale qui était venu le rechercher dans sa bouche. Une langue conquérante avait cherché la sienne et remué ciel et terre pour retrouver la gourmandise perdue. La blonde avait gagné, et pour assurer sa prise avait avalé le bonbon. Mais Jim ne s’avouait pas vaincu : il avait suivi des lèvres la trajectoire supposée du bonbon jusqu’entre les cuisses de la belle, et avait cueilli là le fruit de son obstination. C’était drôle, sous sa langue, celui-ci avait comme un goût sucré. La blonde se tortillait en gémissant, sans doute pour aider le bonbon à descendre. Il avait introduit un doigt, juste pour aider un peu plus, et la fille avait soupiré :— N’arrête pas ! Je sens qu’il vient !Elle avait fermé les yeux, les hanches ondulant sur un air lancinant :Les chameaux dans le désertOnt la peau tellement tendueQue quand ils ferment les paupières…Et ce putain de chameau qui se décidait à repartir au meilleur moment ! Et ce soleil qui cognait !Cela dit, à bien y regarder, la bête avait quelque chose de chaloupé dans la démarche, une sorte d’abandon nonchalant qui donnait des idées. Et puis, elle avait le poil doré, tirant sur le blond.Le désir de l’homme se faisait pressant. Il revoyait le magnifique cul de la blonde pendant qu’il la prenait en levrette. Son sexe glissait entre les lèvres luisantes, le bassin se creusait ou s’arrondissait, et tandis qu’il tenait ses fesses à pleines mains, la porte étroite semblait s’entrouvrir de manière absolument indécente. Il n’avait pas résisté à l’appel et son pouce s’était enfoncé aussi loin que possible. La blonde avait tourné vers lui des yeux suppliants, ses paupières s’étaient fermées. La danse avait continué de plus belle sur le même air lancinant :Les chameaux dans le désertOnt la peau tellement tendueQue quand ils ferment les paupièresÇa leur ouvre le trou du culRêvait-il ou le chameau venait-il de lui faire un clin d’œil ?Malgré quelques occasions et des préliminaires prometteurs, Jim n’avait jamais enculé personne. Souvent, la fille refusait autre chose qu’un doigt ou deux.Mais là, un chameau… C’est bizarre, quand même, les idées qui pouvaient vous venir comme ça, sans prévenir. Ce devait être le soleil. Non, mais non, il n’avait aucun penchant zoophile, c’était juste de la curiosité. Et puis, il était seul depuis si longtemps, il avait des besoins fort naturels, non ? En outre, personne pour le regarder. Il n’aurait pas besoin de raconter cette péripétie à son retour. De toute façon, pour la réalisation, c’était une autre paire de manches. Il aurait plus vite fait de se trouver une fille. Il soupira. Il se contenterait du fantasme et de la petite chanson qui accompagnait désormais les balancements de son pas.Quelques heures plus loin, en pleine halte, le chameau tourna la tête vers Jim. Putain, cette fois il ne rêvait pas, il avait bien cligné de l’œil ! Il le provoquait ! Il fallait avouer que parfois, une bête peut se montrer très expressive ; celle-ci, avec ses yeux noirs en amande, rappelait la biche apeurée, celle qui a besoin qu’on la défende et qu’on la b… qu’on la protège. Enfin, disons une grande biche bossue qui blatère, mais quand le soleil tape, on est moins regardant sur ces menues différences. La décision de Jim était donc prise. Il attendrait que le chameau soit assis, il soulèverait sa queue, s’accrocherait à une de ses bosses et lui ferait son affaire, ça lui apprendrait à se montrer impudique.Sitôt pensé, sitôt prêt : le chameau, justement, était au repos et détourna pudiquement le regard.L’homme approcha doucement de sa proie au poil doré, défit son pantalon et sortit l’arme du crime. Il allait dévoiler l’objet de sa convoitise quand le chameau se redressa, se secoua sur ses longues jambes fuselées et avança de quelques pas.Pas découragé, l’homme rengaina, remonta le pantalon et suivit la bête qui se rassit un peu plus loin. La même opération que précédemment entraîna les mêmes effets.De toute évidence, la technique d’approche n’était pas vraiment au point. À la troisième tentative, la bête tourna la tête et l’homme lut dans son regard noir une nuance de reproche.— Quoi ? Quoi ? Qu’est-ce qu’y a ?Le chameau redressa le menton, cligna les yeux et se détourna avec un air de mépris.— OK, c’est bon, j’ai compris, tu veux des préliminaires, c’est ça ?Le chameau ne répondit rien mais Jim vint le flatter, lui tapota les flancs, lui caressa le cou et gratouilla le menton.— Heureusement que je suis seul, pensa-t-il, parce que si les copains me voyaient…La bête semblait jouir doucement de ce moment de tendresse. Elle fermait les yeux et sa peau se tendait un peu plus. L’homme passa le plus discrètement possible derrière elle, baissa son pantalon, ressortit son engin en imaginant les fesses blondes qui l’attendaient. Il souleva la queue du chameau et la vue d’un orifice palpitant qui lui faisait de l’œil acheva de l’exciter. Il approcha son gland turgescent. Il tremblait d’émotion. Il effleurait la blonde toison. Un long frisson le parcourut. Qui se communiqua à la bête et la tira de sa torpeur. Elle se secoua et se leva à nouveau.L’homme trépignait.— Sale chameau ! Sale chameau ! Sale chameau !Pour plus de commodité, et parce qu’il trouvait ridicule de devoir à chaque fois baisser et remonter son pantalon, il préféra l’ôter définitivement. L’orgueil blessé avait rendu à l’homme son instinct de chasseur : il ne serait pas dit qu’on résisterait à sa puissance. Il poursuivait et immobilisait le chameau qui se dérobait à chaque tentative de baise.Ils parcoururent ainsi une certaine distance qui les mena dans une oasis, au milieu des palmiers. La bête s’arrêta à l’ombre de l’un d’eux, à côté d’une magnifique Ferrari rouge décapotée. Le temps que Jim s’interroge sur sa présence dans une oasis en plein désert, une splendide blonde à la carrosserie parfaite en descendit.Perchée sur des sandales à talons hauts, elle exhibait avec une certaine insolence des jambes interminables, galbées et fermes, dont la peau bronzée semblait douce comme la soie ; un petit short en jean cachait à peine la lune et sa face cachée ; elle portait un chemisier blanc, fermé seulement par un nœud au niveau des seins qu’on devinait par une traitresse transparence. Une telle paire, Jim n’en avait pas encore vu dans sa vie. Peut-être que si, mais après une traversée du désert, on n’a plus le temps de réfléchir à ce genre de détail.La belle retira ses lunettes de soleil et fit voler langoureusement sa chevelure dans la brise légère. Elle avait les yeux aussi bleus que l’océan.Un instant, l’homme se sentit bête à exhiber ses bijoux de famille. Pourtant, il affichait une belle érection que la blonde eut sûrement le temps de voir avant que deux mains ne viennent la dérober aux regards indiscrets. Il tentait d’afficher un air dégagé.— Bonjour monsieur, roucoula la belle, vous tombez à pic et vous pourrez sans doute m’aider…Une demoiselle en détresse. C’était bien sa veine !Du coin de l’œil, Jim surveillait le chameau, des fois qu’il s’éloigne avec tout le chargement de vivres.— Heu… bonjour… vous aider ?La voix grave et mâle provoqua une drôle de vibration dans le ventre de la belle. Elle balbutia :— Oui… je suis tombée en panne… avec ma voiture.— Une panne ?Il la regardait fixement. Cette fois, elle manqua se noyer dans ces yeux ténébreux et se troubla davantage :— Oui… je vais vous montrer.Elle prit Jim par la main et l’amena près du capot avant, qu’elle souleva.— Le moteur était en surchauffe… touchez… là… vous sentirez.Elle l’attira plus près et tandis qu’il se penchait au-dessus du moteur, il sentit très bien des airbags naturels se coller dans son dos.— Alors ? Demanda la belle après une première observation.L’homme se retourna.— Alors il semble que ce soit à cause du liquide de refroidissement.— C’est aussi ce que je me suis dit… c’est toute cette chaleur… ça s’évapore vite.Une vraie blonde. Mais avec les airbags sous le nez, Jim ne creusa pas beaucoup ses réflexions. Il s’assura juste que le chameau n’avait pas bougé de place et continuait de sucer de grandes herbes au pied de son palmier. Il tenta une esquive :— Mais c’est peut-être seulement un faux contact qui empêche l’allumage.— Vous êtes sûr ?— Il faudrait que j’examine un peu pour m’en assurer.— Je vous laisse maître, alors.L’homme ne se fit pas prier, il connaissait la mécanique, et il sentait un désir impérieux d’en finir. La petite chanson lui revenait en tête et il ne lui fallut que le temps de quelques couplets — toujours le même — pour résoudre le problème d’allumage du moteur. La blonde se confondit en remerciements.— Ah ! Monsieur ! Vous m’avez sauvé la vie !— Ben… de rien…Il avait les mains pleines de cambouis et n’osait plus rien cacher. Dans un élan d’enthousiasme, la belle lui dit :— Demandez-moi ce que vous voudrez, je suis prête à tout pour vous remercier !Elle fit mine de refermer le capot, grimpa dessus pour mieux décoincer un essuie-glace et fit lentement onduler sa croupe. L’homme réfléchit :— Tout ? Vraiment ?— Oui, oui, vraiment ! Tout ! Absolument tout !Puis, après une pause :— Ça vous gêne si j’enlève mon short ? J’ai vraiment trop chaud.— Faites… faites…Ils seraient presque à égalité. Le short glissa et dévoila deux fesses rondes et lisses. Nan, c’était pas possible : en plein désert, le cagnard, une Ferrari, une blonde, il hallucinait. Mais quitte à halluciner, il fallait profiter de cette occasion unique : si c’était que dans sa tête, autant se faire vraiment plaisir ! No limit !— Vous êtes sûre de votre proposition ?— Mais oui… tout à fait sûre !— Parce que vous savez… c’est un peu gênant et parfois les gens se choquent pour un rien…— Rien ne saurait me choquer !— Alors tant mieux… vous voyez le chameau ? Vous pourriez vous mettre devant et me le tenir bien fermement ?