Dans les épisodes précédents :Après avoir rendu visite à Clara sur le site archéologique où elle vit, Carole s’aperçoit qu’un pyromane a allumé un incendie. Carole parvient à rejoindre son amie. Elles tentent ensemble de s’échapper du brasier.– 3 –Elles ne pouvaient pas rester là, la clairière était trop petite et le feu les cernerait bientôt, tout autour d’elle des arbres et des broussailles commençaient à brûler.Le bull bloquait maintenant la route et flambait, ravivant les flammes et propageant l’incendie.Elles allaient mourir là, étouffées ou brûlées vives. Clara s’était brûlée un jour, et elle se souvenait encore de la douleur : elle imaginait ce que représentait un corps entier en feu.Elle mit une main sur l’épaule de Carole et s’accroupit à ses côtés. Elles étaient toutes deux méconnaissables, leur peau était devenue grise et noire, leurs cheveux en bataille ressemblaient à la fourrure d’un animal mort. Les blessures de Carole étaient noires de la terre collée, mélangée à son sang. Cependant elle ne souffrait plus.Le soir était tombé et le ciel était rouge comme le feu, surchargé de fumée et de cendres. Le vent ne s’était pas calmé et drossait les flammes vers les arbres rescapés.Elles rebroussèrent chemin rapidement en suivant la trace du bull. Elles se dépêchèrent, car le coupe-feu creusé par l’engin n’était pas très large et l’incendie avait repris de plus belle, le vent tournait et faisait valser les flammes. À moitié asphyxiée elles se retrouvèrent à leur point de départ, près des douches.Clara ouvrit en grand un robinet et à leur grande joie, une cascade d’eau fraîche les désaltéra et soigna leurs brûlures.Il faisait chaud, l’air était comme sortant de la bouche d’un four et elles transpiraient abondamment, les deux filles avaient soif et elles engloutirent des litres d’eau, se douchant avec plaisir malgré le danger.Elles se lavèrent tant bien que mal et Clara s’occupa des blessures de Carole. Elle la fit s’allonger et dirigea le jet d’eau sur les plaies qui barraient la peau bronzée de son amie. Elle serra les dents quand elle dut enlever les saletés qui noircissaient sa chair, elle lui tint les mains et nettoya avec délicatesse les estafilades qui balafraient son ventre et sa poitrine, sans pour autant empêcher la jeune femme de gémir.Le sang ne coulait plus et toutes les plaies restaient superficielles, mais douloureuses.Elles se reposèrent, un peu rassurées par la tournure que prenait l’incendie : il semblait être contenu et le camp les isolait du feu pour l’instant.Carole lui sourit, elle allait mieux, ses blessures la laissaient tranquille ; elle s’était assise sur le carrelage de l’entrée des douches, adossée à la porte, les jambes ouvertes en grand. Clara la regarda longuement, appréciant sa beauté et sa sensualité, même en ce moment si difficile. Sa nudité totale et son absence d’inhibition la rendaient attirante et désirable, Clara avait envie d’elle, comme jamais. Elle aurait volontiers passé des heures à la caresser, à toucher sa gorge moite, à masser son dos musclé. Elle voyait avec acuité son sexe ouvert, blessure rose entre ses jambes et cela l’attirait ; cela lui faisait ouvrir ses jambes, cela lui donnait des fourmis entre les cuisses et elle sentit son vagin se mouiller encore en attente de la langue de la jeune fille.Elles réfléchirent à haute voix, essayant de trouver une solution : Carole pensait qu’elles devaient tenter de traverser les flammes, mais Clara l’en dissuada. Elle connaissait le chantier comme sa main et savait qu’il existait une solution, elles étaient malheureusement dans la partie la plus boisée, la plus riche en vestiges aussi, ce qui expliquait cela. Les arbres avaient poussés dans les ruines et il était impossible de les abattre ou de les arracher sans tout bouleverser et ainsi perdre de précieux renseignements. Le charme de l’endroit, boisé et ombragé faisait leur malheur…Soudain, une énorme explosion retentit non loin de là, faisant trembler le sol et les arbres, un flash de lumière jaune et bleue éclaira les deux filles, assises sur les marches de ciment. Clara se dressa prête à bondir et hurla à Carole :— Ce sont les bouteilles de gaz de la cuisine, des grosses bouteilles de 35 kg ! Il y en a plusieurs ! Mettons-nous à l’abri, ne restons pas là, elles sont pleines, on les a changées ce matin !Elle la poussa vers une cabane à outils un peu plus loin.— Nous sommes trop près des autres bouteilles !À peine avait-elle dit cela qu’une gigantesque explosion fit naître une boule de feu presque blanche qui s’éleva au-dessus des arbres, à dix mètres de là.Malgré la distance elles en reçurent le souffle chaud sur leur peau nue. Cela s’éleva et ressembla bientôt à un champignon sinistre. La paroi de la cabane les avait protégées.Elles se réfugièrent dans la cabane et aussitôt des débris métalliques plurent tout autour d’elles, shrapnels aiguisés et brûlants.Le toit en tôle ondulée résonna bientôt comme sous la grêle et Carole se serra contre Clara, épouvantée.Les filles hurlèrent de peur, laissant la tension s’écouler hors d’elle. Elles se blottirent l’une contre l’autre.Soudain un bruit énorme les fit sursauter à nouveau et un tuyau de ferraille vint se ficher dans la tôle ondulée, la perçant comme un ouvre-boîte découpe le fer blanc à quelques centimètres de la tête de Clara.— J’ai peur, je ne veux pas mourir brûlée vive !— Ma Carole, tu ne dois pas abandonner. Viens, on va s’en sortir ! Suis-moi !Clara avait atrocement peur, mais se refusait de le montrer, la jeune fille comptait trop sur elle, sur son expérience et sa force… Elle se reprit violemment…— J’ai une solution.Elle avait dit cela d’un ton fort et décidé, mais en elle-même, Clara n’avait pas d’idée ni même de début de solution…Elle releva Carole et la tira par la main.Elle se souvint du poids des bouteilles, obligée qu’elle était d’utiliser un diable pour les déplacer depuis la camionnette de service jusqu’à la tente qui servait de cuisine.Et puis elle sentit son estomac se glacer…Elle avait changé les bouteilles de la cuisine, mais aussi celles des douches où elles se trouvaient, qui servaient à alimenter le chauffe-eau. Les bonbonnes se trouvaient derrière elles, un peu plus loin dans une cage de grillage, dans la forêt. Dans la forêt en feu.Elles allaient devoir passer devant.Le feu n’y était pas encore, mais cela pouvait aller vite. Il fallait les empêcher d’exploser.— Mais avant, je dois faire quelque chose…La jeune fille se laissa faire et suivit Clara.Elle la conduisit par un sentier à peine tracé, dans les broussailles et les herbes folles.Elles débouchèrent sur un replat pelé, le dos d’un énorme rocher.La cabane des douches où elles se trouvaient était située à la limite de la forêt. L’eau qui s’en évacuait était tout simplement dirigée vers la falaise et se perdait dans les rocailles.Clara s’arrêta, une idée lui venait. Elle pensait pouvoir débrancher les deux bouteilles afin de les balancer dans le vide, leur évitant de nouvelles explosions.Cela assurerait la sécurité de l’endroit et elles pourraient rester là, sur le rocher où rien ne pourrait prendre, elles pourraient y attendre les secours. Si seules les douches brûlaient, elles s’éloigneraient un peu, l’endroit était assez dégagé. Elles pourraient même les dégager assez facilement, ce n’étaient que des planches assemblées.Elle s’approcha des grillages et jura comme un charretier : les grilles étaient cadenassées ! Les bouteilles étaient enfermées dans une sorte de grosse boîte de bois, close par deux portes grillagées. Prise d’une fureur comme jamais elle n’en avait ressentie, la fragile Clara se dirigea vers un caillou gros comme un ballon de basket et le saisit à bras le corps, faisant saillir les muscles de son dos et de ses bras puis, chancelante sous le poids, le leva au-dessus de sa tête, dans un élan de colère aveugle et en poussant un cri de guerre l’envoya sur les cadenas d’acier, les cassant comme du verre. Carole ne put s’empêcher d’applaudir la performance, abasourdie à la vue du corps musclé de son amie. Clara se tourna alors vers elle et rit comme une folle, prise d’un fou rire inextinguible. Elle arracha les portes grillagées et commença à dévisser les colliers de raccordement en riant encore.Son rire ne dura pas, elle s’écorcha les doigts à essayer de débrancher la tuyauterie qu’elle avait elle-même serrée le matin.Elle paniquait et n’arrivait pas à desserrer les tuyaux, pestant contre celui qui avait dû les serrer si fort derrière elle.Aucun outil bien sûr, tout était rangé, à l’abri là-bas, dans les cuisines qui venaient de partir en fumée…Les arbres alentour prenaient déjà feu, s’embrasant en explosant, projetant des flammèches partout. Elle sentait la chaleur infernale sur ses fesses et son dos, elle transpirait pourtant, mais les flammes étaient si fortes que tout s’évaporait aussitôt.L’enclos grillagé était au bord de la clairière, entouré de broussailles. Elle n’arrivait toujours pas à ses fins. Carole la regardait faire, assise à même le sol, pressant son côté blessé, les jambes disjointes, et Clara malgré sa panique lui sourit, admirant la grâce de sa position, même à ces instants tragiques.Risquant le coup, elle prit une bouteille à bras le corps, collant son torse contre la tôle froide, couverte de buée et la balança de plus en plus pour la jeter à terre. Le contact de ses seins sur la tôle froide fut délicieux, enfin un peu de fraîcheur dans cet enfer…Elle avait fermé le robinet et les oscillations descellaient petit à petit les tuyaux de cuivre fixés au sol. Elle batailla contre le cylindre d’acier, elle le prit à bras le corps, l’enlaçant de ses cuisses comme un adversaire, elle jurait comme un charretier, hurlant sa colère, son corps bandé comme un ressort.La bonbonne hésita et se fracassa sur le sol, arrachant la tuyauterie, mais ne se détachant pas. Un bruit sinistre, un sifflement se fit entendre.Clara jura de plus belle. Le raccord était fendu maintenant, peut-être que cela empêcherait la bouteille d’exploser ?Tout d’un coup les broussailles flambèrent et la chaleur l’obligea à se retirer. Elle se souvint soudain que les tuyaux de gaz avaient un pas de vis différent !Elle aurait dû les dévisser de gauche à droite et non de droite à gauche, en fait elle avait resserré les raccords !Une autre évidence lui vint : elle aurait pu combattre les flammes avec l’eau des douches !Sautant sur ses pieds, elle se dirigea vers le bungalow des douches et y entra pour récupérer un tuyau d’arrosage, mais elle battit en retraite, n’y voyant rien et asphyxiée par la fumée. Elle se flanqua mentalement des claques. Elle pesta pour le temps perdu.Cela sentait de plus en plus le gaz. Son plan était compromis, les bouteilles allaient péter et elles avec sauf si…— Il va falloir passer là !Clara montra à Carole la paroi à pic d’une falaise rocheuse, coupure nette dans le plateau rocheux, lisse et abrupte. Il n’y avait pas de grillage à cet endroit, car personne n’aurait pu venir par là. Ni y descendre.— On n’y arrivera jamais !— Il le faudra !— Clara, ma jambe me fait très mal et elle se dérobe sous moi, je ne pourrai jamais descendre seule !Carole se pencha et frémit, elle imagina son corps désarticulé et ensanglanté, cinquante mètres plus bas, écrasé sur le chaos rocheux au bas de la paroi. Elle s’accrocha à Clara. Celle-ci était consciente de leur situation et se refusa à envisager le pire. Elles devraient descendre comme elles étaient, sans autre aide que leur force et leur endurance.Elle releva mentalement le défi. Elles le feraient.— Carole, nous devons nous dépêcher, les bonbonnes vont exploser, c’est ma faute, je n’ai pas réussi à les débrancher. Je vais passer devant.Clara faisait souvent de l’escalade et avait toujours voulu descendre la paroi qu’elles allaient emprunter, mais jamais elle n’avait pu le faire, trop prise par ses fouilles.Elle le regretta maintenant qu’elle était obligée de le faire dans les pires conditions.Carole en serait capable elle aussi, Clara se souvenait de ses prouesses au grillage d’entrée, avec Alex, mais ses blessures allaient la handicaper.Carole la suivit et elle approcha du rebord granitique. La roche, solide et dure formait des strates et avec un peu de chance les anfractuosités seraient suffisantes pour y poser les pieds ou pour s’y accrocher.Elle se coucha à même le sol pierreux et recula, laissant pendre ses jambes dans le vide, faisant de grands ciseaux pour essayer de poser un pied, de trouver une prise. Il faisait noir et elle ne put voir très loin. Elle demanda à Carole de lui tenir les bras. Derrière elles, le feu gagnait du terrain et bientôt la fumée leur piqua les yeux. Elle vit la silhouette de la jeune fille se découper en noir sur le rouge des flammes. Ses yeux la regardaient avec crainte disparaître et Clara savait ce que la jeune fille pensait, elle avait peur de la voir pour la dernière fois.Carole se coucha en gémissant sur le ventre, dans la poussière, rouvrant ses coupures et tint les bras de Clara et doucement la fit descendre, se frottant sur la roche acérée.Elle avait mal et serra les dents, car la jeune femme tirait sur ses bras et ses seins ainsi que ses hanches s’écorchaient aux silex du promontoire rocheux et aux chardons qui le tapissaient. Ses brûlures étaient à vif et la torturaient.Il y eut une explosion sourde et une boule de feu grimpa vers le ciel déjà presque noir : le gaz venait de prendre feu. La chaleur était infernale et sa peau la brûlait de partout, ses blessures la torturaient et elle mourrait de soif. Un bruit strident perça le vacarme environnant : le gaz s’échappait de la bouteille et prenait feu en une torchère jaune brillant qui illuminait le plateau !Clara pendait dans le vide, retenue par Carole, ses jambes battaient l’air, raclant les pierres pour essayer de trouver un trou, un rebord.Les flammes regagnèrent de fureur, dévorant le bungalow et ronflant comme une forge, découpant la forme de Carole et ses muscles bandés au-dessus d’elle.Clara savait que la bouteille de gaz devait bouillir maintenant, se demandant quand elle exploserait.Elle entendait le sifflement des flammes puis un autre bruit, plus inquiétant, celui du gaz en train de bouillir à gros bouillons et aussi un bruit métallique fait de craquements sinistres et sonores. Clara entendit soudain Carole hurler longuement puis sangloter en l’appelant. Elle sentit son bras se tétaniser puis la lâcher brutalement. Et puis une explosion énorme.La bouteille avait explosé, répandant le gaz dans l’atmosphère, elle imagina le gaz liquide s’échappant comme de l’eau bouillante dans l’air, coulant comme un torrent, le nuage blanc et puis l’enfer. Une gigantesque déflagration qui lui brisa presque les tympans. Clara tomba en criant.Elle se raccrocha à la paroi, griffant la roche, s’écorchant les doigts et les coudes au sang et miraculeusement posa son pied sur un rebord assez large pour qu’elle puisse s’y tenir, un mètre plus bas. Elle banda les muscles de ses pieds, les raidissant pour qu’ils s’accrochent comme des griffes au roc. Elle réussit à conserver son équilibre.Un bruit métallique retentit, quelque chose roulait sur les rochers. Puis un cri de panique :Et puis là-haut, une boule de feu gigantesque et démente, une éruption dantesque de flammes blanches et jaunes dont elle sentit la chaleur sécher sa transpiration en une fraction de seconde.Elle suffoqua, privée de l’oxygène que l’explosion avait pompé. Sa vue se voila et elle crut lâcher prise. Mais le vent qui balayait la falaise depuis le bas lui apporta de l’air et elle reprit ses esprits.Une vague d’inquiétude la submergea, Carole était en haut ! La boule de feu !La bonbonne de gaz avait dû être balayée par la première explosion et avait roulé tout près du bord et là elle avait explosé.Personne ne pourrait survivre à cela !Folle d’inquiétude, elle se haussa sur la pointe des pieds, et hurla vainement le nom de Carole en direction du rebord, plus haut.Aucune réponse ne lui parvint, la fumée au-dessus d’elle s’épaissit, des flammes sautèrent par-dessus le rebord.Elle s’en voulait, elle aurait dû la faire descendre la première.Elles auraient dû aller plus vite.Elles auraient dû…Carole avait dû être touchée par le feu ou se trouver prise sous les débris de la cabane.Une vague d’horreur submergea Clara, elle imagina le corps si fragile de la jeune fille, sa peau si douce qu’elle avait caressée, ses membres si fins qu’elle avait tenus, écrasés et brûlés par une masse en feu.Elle se recroquevilla sous le choc et ses membres tremblèrent sans qu’elle puisse y changer quoi que ce fût.Elle se redressa et essaya de reprendre ses esprits quand elle vit sur une plateforme rocheuse un peu plus bas le corps immobile et pâle de la jeune femme, allongée sur le côté au bord du vide.Folle de joie, elle se hâta de descendre le long de la paroi, insinuant ses pieds nus dans les fentes de la roche, se plaquant sur la pierre chaude. Elle appela et Carole lui répondit faiblement :— Ça va !— Carole, j’arrive !La joie et le soulagement balayèrent ses craintes et sa tristesse, Carole était là ! Clara pleurait. Elle pressa contre elle son amie, la positionnant contre la paroi, loin du gouffre, la faisant crier quand elle toucha ses plaies à vif, puis, sûre de leur équilibre, l’embrassa, doucement, folle de joie de la voir sauvée.Carole pleurait de douleur et de panique, elle avait été touchée par un brandon qui lui avait brûlé l’épaule, l’obligeant à lâcher prise, elle avait résisté pour assurer Clara.Puis elle avait entendu la bonbonne exploser sous la pression et avait décidé de se jeter dans le vide.La deuxième bonbonne avait été poussée par l’explosion et avait dégringolé, mais plus loin, elle avait explosé derrière un rocher et c’est ce qui l’avait sauvée.Elle avait sauté avant la boule de feu, elle aussi avait entendu le gaz bouillir et le métal craquer ; elle avait trouvé l’énergie nécessaire pour se jeter dans le vide, préférant tout à la mort par le feu.Elle avait accroché une branche par réflexe et s’était retrouvée projetée contre la paroi rocheuse. Le choc l’avait fait lâcher prise et puis elle ne se souvenait plus de rien.L’épaule de la jeune fille était ornée d’une cloque, moche à voir et l’estomac de Clara se crispa. Par contre, son ventre la faisait moins souffrir et ses coupures ne saignaient plus beaucoup.Carole avait pleuré de douleur et son visage noirci par la suie portait les stigmates de son épreuve. Si Carole l’avait lâchée quelques instants plus tôt, elle serait tombée.La jeune fille avait fait preuve d’un courage extraordinaire et Clara se demanda si elle aurait aussi bien résisté à sa place.Elle laissa quelques instants la jeune femme appuyée, tremblante contre la paroi, lui caressant doucement la nuque, puis lui demanda de ne pas bouger et progressa doucement seule, le long de la corniche où elles se trouvaient. Un peu plus loin, le rebord s’élargissait et devenait assez grand pour qu’elle puisse se retourner.Il faisait de plus en plus noir et seules les lueurs de l’incendie au-dessus d’elles, reflétées par les nuages poussés par le vent, éclairaient la scène. Il faisait moins chaud et Clara respirait mieux, la fumée remontait au-dessus de leurs têtes, poussée par un courant ascendant qu’elle sentait courir sur sa peau.La pierre rayonnait encore la chaleur du jour et Clara aurait apprécié cette sensation si la situation n’avait pas été si dure.Elle alla chercher Carole et la guida doucement, pas après pas. Arrivées à l’endroit qu’elle avait exploré, elle assit Carole, les jambes relevées sur sa poitrine. La jeune fille, tapie dans l’ombre, malgré la suie et les cendres qui la recouvraient parut magnifique à Clara qui admira la finesse de ses traits et la beauté sauvage qu’elle rayonnait. Carole était vraiment une belle fille, d’une beauté claire et nette et Clara se sentit de nouveau attirée par elle, malgré le tragique de leur situation, malgré ou à cause de la douleur, des épreuves. Ses yeux clairs la fixaient et éclairaient son visage noirci par la suie et les cendres. Sa peau était noire et grise, rouge par place, là où son sang avait coulé. Clara la trouvait belle malgré son état. Elle lui sourit.Un peu plus bas, le rebord aboutissait à une anfractuosité au plancher assez plat et large pour qu’elles s’y réfugient.Carole et elle s’y installèrent, déblayant les roches qui s’y trouvaient pour se faire une couche, étalant de l’herbe sèche à terre.La blessure de Carole à l’épaule était superficielle, le noir était spectaculaire, mais c’était surtout du charbon et la brûlure était peu étendue, à peine une cloque pourtant à vif. Clara se sentit coupable de ne pas pouvoir l’aider.Son ventre saignait à nouveau et la plaie la faisait souffrir, de la terre avait souillé la blessure.Elle tremblait, tout son corps secoué de frissons, et elle sanglotait, choquée. Elle avait froid. Elle était sans défense.L’incendie faisait rage au-dessus d’elle, mais aussi au bas de la falaise maintenant. Des flammèches tombaient continuellement sur elles du haut et certaines avaient allumé des foyers secondaires au-dessous d’elles.Heureusement, elles étaient assez haut perchées et les rochers en bas n’étaient que peu arborés empêchant ainsi le feu de s’étendre.Clara et Carole mourraient de soif, la chaleur, leur course et l’énervement, la panique les avaient déshydratées au plus haut point.Clara fit le tour de la grotte, mais ne trouva pas d’eau ni d’issue.La chaleur diminua fortement et un vent frais vint baigner leurs corps dénudés, les rafraîchissant et calmant la sensation de soif.Carole avait repris le dessus et s’était calmée, elle allait mieux et sourit à Clara.Au loin, dans la plaine, Clara vit les gyrophares bleus électriques des pompiers qui convergeaient vers le plateau en feu.Elle pensa à tout son travail, là-haut, détruit par le feu, par la faute d’un imbécile. Elle avait évacué récemment une grande partie de ses notes et toute la collection d’objets érotiques et s’en réjouit, mais tant restait à découvrir, à classer !Le vent soudain se calma puis tout se figea, silencieux.Clara regarda Carole, tribade aux peintures de guerre sur le corps, brûlée au charbon de bois, divinité érotique et se demanda si les filles qui fréquentaient les lieux deux mille ans auparavant n’étaient pas ses ancêtres lointaines.Elles entendirent les crépitements et les explosions, le ronflement du feu au-dessus d’elles, les flammèches tombaient en tourbillonnant devant elles, puis un grondement sourd les secoua, l’orage tant attendu arrivait !Le vent reprit alors, sauvage et violent, tortueux, il leur envoya des bouffées de fumée qui les fit pleurer, suffoquer puis du sable picota leur peau, les faisant se recroqueviller dans la grotte. Et l’éclair luit, pas loin d’elles, ébranlant la montagne, faisant s’écrouler des rocs, puis le tonnerre les assourdit, énorme, gigantesque. Carole, pétrifiée de peur se cramponna à son amie.Clara la prit dans ses bras, la serrant de toutes ses forces. Le corps nu et énervé de son amie, ses petits seins aux pointes dressées contre ses seins, son ventre frais sur le sien, sa cuisse entre ses jambes et sa main entre ses fesses, sur son mont de Vénus qu’elle avait bombé et humide la firent frissonner et revenir sur ses résolutions. Elle se souvint de cette nuit si chaude où elles avaient fait l’amour la première fois, tendrement, sauvagement.Carole avait mal, mais le contact de son amie la rassura et sa douleur s’estompait un peu.Clara décida de se laisser faire, de la laisser faire, elle aussi avait peur, bien qu’elle ne le montrât pas, elle aussi était sensuelle et elle savait, depuis leur fuite, que de savoir Carole nue avec elle, de la toucher, de connaître son intimité la jetterait dans ses bras.Elle avait besoin du contact d’un autre être, et avait besoin d’exprimer sa tension, de la faire sortir et faire l’amour à Carole ; jouir avec elle de leur faiblesse la rassurerait.Carole gémit doucement. Ses blessures la torturaient, mais elle voulait Clara.— Oui, oui, mets-toi là, plus profond, ouvre-moi ! Fais-moi l’amour, j’ai si peur, on a failli mourir là-haut ! Donne-moi du plaisir, fêtons la vie !— Carole, j’ai envie de te caresser depuis cet après-midi, je veux te sentir dans ma bouche. Je veux te faire du bien.— Viens, laisse-moi aussi te caresser, ouvre tes jambes, ouvre ton ventre, ouvre ton sexe…Elle embrassa doucement la jeune fille, explorant sa bouche fraîche, aspirant sa langue et la laissant en elle, puis elle descendit sur ses seins, si petits, mais si tendres, et évitant son sein blessé enfourna un téton qu’elle fit durcir, gonfler sous ses caresses.Son amie lui rendait la pareille, explorant chaque centimètre carré de sa peau, enfilant ses doigts partout où elle pouvait. Elle évitait les brûlures et touchait Clara, sans tabou. Elle toucha le sexe nu, lisse et chaud, souillé de cendres et de terre. Sa main s’y aventura et s’y mouilla. Elles firent l’amour, tendrement, comme deux femmes peuvent le faire, pour se faire plaisir, pour oublier sous leurs caresses.Clara se lâcha complètement et mit sa main entre les fesses humides de Carole, glissant ses doigts entre elles, touchant l’anus offert, puis les plaça sur la bouche mouillée et avide qui s’ouvrait au creux de ses cuisses et les y enfonça, doucement, lentement, éventrant de plaisir la jeune fille.La main de Carole s’aventura entre ses cuisses et elle se cambra un peu, ravivant ses plaies, ses doigts fripèrent ses muqueuses et se glissèrent dans sa féminité, tout au fond d’elle. Elle pinça doucement le petit sexe de chair qu’elle trouva, le roulant l’étirant, l’écrasant comme Clara aimait le faire quand elle se masturbait : Carole savait ce qui la rendrait folle de désir.Et puis ce fut la bouche au souffle chaud et fiévreux de Carole qui vint avec précaution entre ses jambes, sa langue qui vint lécher son miel, ses dents qui la mordirent et la firent tendrement souffrir. Elles tremblèrent sous des orgasmes terribles, à la mesure de leurs épreuves. La mort n’était pas loin d’elles et elles la repoussaient de leurs esprits. Le monde s’effaça et n’exista plus pour elles que deux chairs douces, prêtes à l’amour, à la jouissance.Clara coucha délicatement le corps menu de Carole sur la pierre encore tiède, puis se plaça tête-bêche avec elle, écartant ses cuisses au-dessus de son visage.Elle saisit les cuisses bronzées de son amie et les écarta doucement et avec joie sur son entrejambe mouillé, les monta lentement en passant ses mains sous ses genoux pliés, posant ses pieds à plat sur le sol, puis enfouit son visage dans la fourche de ses jambes, sur son ventre offert, dans son sexe, poussant avec force sa langue entre les jolies lèvres ourlées et glissantes de Carole.Ce faisant, elle écarta ses cuisses en grand, s’écorchant les genoux sur le rocher et aplatit son bas-ventre sur les mains fraîches de la jeune fille qui les enfila dans son intimité froissée, dégageant son clitoris, le faisant rouler et grossir entre ses doigts.Le vent redoubla et passa gaillardement entre leurs cuisses, entre leurs fesses, les touchant de ses doigts frais et impudiques. Clara gémit aussitôt, ondulant ses hanches vers les mains si hardies de la jeune fille qui la pénétraient, qui s’aventuraient en elle, lui faisant oublier les épreuves, le feu, sous un incendie déclenché en elle.Le ciel creva alors, noyant le paysage sous une pluie chaude, déluge tiède sur leur peau sale, les lavant sous des trombes d’eau, massant leur peau avec des milliers de doigts liquides qui les firent crier de jouissance.Leurs corps ondulaient, ruaient sous les assauts des orgasmes que Clara ou Carole déclenchaient en se mordant, en se pénétrant par tous les orifices qu’elles avaient trouvés, s’empalant sur des doigts, des langues effilées.Leurs corps mouillés glissaient sous leurs caresses, elles se prirent doucement à bras le corps, se pénétrèrent, sous la pluie douce et tiède qui les lavait et les purifiait.Clara acheva ainsi la nuit qu’elle avait passée avec la jeune femme. Le corps de Carole n’avait plus de secret pour elle, et elle se donnait complètement. Clara était abasourdie par le plaisir qu’elles pouvaient se donner et il leur arrivait de jouir ensemble, tremblant de jouissance, sous des rafales d’orgasmes qui les faisaient presque s’évanouir.Le ventre de Clara se déchirait sous les assauts de la jeune fille, impudique, sans retenue et elle se prit à aimer ces frottements sur son ventre, ces mains entre ses cuisses, dans ses fesses, dans son sexe, cette bouche et cette langue, ces dents qui la mordaient. Comment avait-elle pu passer à côté de cela, de ce déchaînement, de cette implosion qui la déchiquetait ?Carole criait à chaque fois que son épaule, brûlée méchamment, touchait Clara, mais ne renonça pas pour autant, serrant les dents sur sa douleur. Les blessures de son ventre se rouvrirent et Clara voulut arrêter, mais Carole passa outre et lui offrit son sang.Leurs cris d’amour retentirent dans la plaine, faisant se sauver les nocturnes et fuir les prédateurs. Le feu au-dessus d’elles, en elles, s’apaisa, se noya sous les trombes de l’orage, de l’orgasme.Clara aurait voulu se percer sur la verge de Max, si énorme en elle, si douce ; ce qu’elle vivait avec Carole ne la comblait pas, la jeune fille connaissait pourtant si bien son corps, sa féminité, sachant où elle devait porter sa bouche, où elle devait placer sa main, comment elle devait la pénétrer, excitant un endroit pour l’abandonner, puis y revenant encore et encore, la masturbant avec tout son corps, sans retenue, sans tabou, obscène et délicieuse.Clara se laissa faire jusqu’à l’orgasme, mouillant la jeune fille sous son miel, puis reprit le dessus et lui fit subir, elle aussi les plus tendres des tortures, lui mordant le ventre, la courbant sous elle, les bras tordus dans le dos, écartant ses cuisses pour ouvrir un sexe aux lèvres gonflées qu’elle forçait de sa main, la faisant hurler de douleur puis s’évanouir de jouissance.Elles s’écroulèrent, vidées, mortes, sous les trombes d’eau qui les glaçaient maintenant, chair pantelante et frissonnante de jouir, les sens fous et le ventre en feu, avides de s’ouvrir encore, comme on force un abricot pour en extraire le noyau, noyé dans la chair sucrée, pierre dure et résistante, cristallisation de la jouissance.Clara aurait voulu un sexe d’homme en elle, une chair chaude et souple qui se serait moulée dans son vagin, butant au fond de ses entrailles secrètes qu’elle ouvrait devant Carole, cherchant en elle ce qui pourrait la satisfaire. Elle aurait voulu se faire investir, emplir, voir son ventre se gonfler sous la progression d’un mandrin lubrifié, énorme pénétration, introduction, percement qu’elle aurait senti jusqu’au bord des lèvres. Elle aurait voulu se faire hara-kiri sur un sexe d’obsidienne, lui déchirant le ventre, puis se faire trancher la tête, maintenant, à sa jouissance maximum, dans un flot de sang.Il lui manquait l’odeur forte du sperme, la brutalité d’un sexe masculin dans son cul, pas dans son vagin, dans ses entrailles : dans son anus ; elle adorait quand Max la sodomisait, elle adorait sentir sa verge énorme forcer ses fesses et gicler en elle la lubrifiant définitivement.Les orgasmes ne la calmèrent pas complètement, la verge d’un homme, la sensation de prise, de possession lui manquaient trop. Elle sentit la main de Carole entre ses jambes, elle était fine et menue, et Clara lui demanda l’impossible et elle le fit.S’écartelant devant elle, Clara s’ouvrit en grand et Carole introduisit quatre doigts dans son vagin, les fit aller et venir puis poussa doucement sa main dans la chair ouverte et palpitante.Clara sentit la main entrer en elle et frémit de la savoir là. Carole poussa plus fort et d’un coup, sa main entra en elle, entièrement.Clara jouit sans discontinuer au contact des doigts de la jeune fille, elle ouvrait sa main et la fermait, la prenant comme un énorme sexe qui la tourmentait.Carole se masturbait de son autre main, folle de sexe en sentant sa main dans le ventre de son amie, au plus intime d’elle.— Fais-moi la même chose !— Je vais essayer…Clara se dégagea et enfila ses doigts dans le sexe de Carole, mais même en poussant, malgré le miel qui la trempait elle n’arrivait pas, la jeune fille était trop étroite pour sa main…Elle prit la jeune fille dans ses bras, lui caressa les seins, jouant avec ses tétons qu’elle sentait se dresser sous ses doigts, appréciant la douceur de sa peau si fine, si fragile, laissant son ventre se serrer à la vue des plaies qui la déchiraient, ses cuisses glissèrent l’une sur l’autre, mouillées par son miel et celui de Carole, puis elle la berça, ses cheveux humides contre sa poitrine et elles s’endormirent ainsi, les membres emmêlés, les mains entre leurs cuisses sales et collantes.Un bruit les réveilla, au milieu de leur nuit humide, Carole se serra contre elle, infiltrant ses cuisses de jeune fille entre ses jambes, agrippant son épaule.Une corde pendait devant leur refuge, bougeant en cadence au rythme de la descente d’un sauveteur.Puis le pompier arriva près d’elle et s’arrêta, suspendu à son fil, paralysé par la surprise.