Niveau 1 : D’abord essaie de penser à l’inverse de toi-même, conteste tes idées, dis-toi que tu as tort.Niveau 2 : Ensuite dis-toi qu’entre toi et ton contraire ce n’est pas la bonne problématique. La solution est ailleurs dans une autre dimension… perpendiculaire.Niveau 3 : Échappe de cette surface plane… construis-toi un cube…Niveau n : n-ième dimension jusqu’à ce que tu deviennes fou… Essaie donc encore de franchir une étapeEn ce jour de grâce du 69 grp-fffh 6969, sur la planète Bananoïd, une foule immense s’était rassemblée dans la vallée humide et profonde de tous les désirs. On accourait de toute part, des confins même du royaume, pour assister au grand rassemblement historique. Revebebe en personne avait convoqué le grand colloque intersexualiste où était réunie toute la fine fleur de la constellasexe.La vallée touffue, bientôt transformée en mont chauve, s’était alors peu à peu remplie d’une foultitude de cohortes sexuelles qui y menaient ripailles dans un tintamarre assourdissant, celui du bruit des sexes spongieux qui s’emmanchent les uns dans les autres. Et chaque école de pensée y allait de ses stances et haranguait les foules dans l’espoir de se faire des adeptes. Et, entre deux beaux discours, foutre et jus de chatte coulaient à flots.Venus des confins de la planète, des territoires extérieurs, Belle-Inda Grassescuisses et John-Lennon Décoction progressaient avec difficulté vers la coupole. Ils devaient à chaque instant enjamber les corps suintants avachis dans la sueur et patauger sans cesse dans la boue spermatique qui recouvrait désormais une plaine devenue gluante. La coupole enfouie dans les tréfonds des grandes lèvres semblait pour eux encore désespérément lointaine et inaccessible, des jours encore de progression dans cet univers hostile dans lequel ils pouvaient à chaque instant se faire embrocher par une énorme bite crachante ou périr étouffés entre deux grosses tétasses ventripotentes. Quelle fin horrible de se noyer ainsi dans la mouille !— Belle-Inda, quelle est ta quête ?— Ohhh John chéri, je veux jouuuuuuuuiiiiirrrrrrr !!!!— Du cul, du cul, du cul, toujours plus de cul, je veux du Q avec un grand Q.Au fur et à mesure de leur avancée, la foule devenait toujours plus compacte, toujours plus menaçante. Les guildes fanatiques rassemblaient leurs adeptes dans la gorge étroite, tout près de l’endroit où allait se tenir le grand colloque. Une dizaine de guildes se partageaient à cette époque le pouvoir, chacune d’entre elles avait bien sûr ses bannières, ses couleurs et ses dictons. Quelques-unes étaient gentillettes et aguicheuses, d’autres, au contraire, incroyablement méchantes et perfides… Mais toutes en tout cas étaient on ne peut plus sectaires et essayaient de toutes les façons possibles de les happer dans l’infernale spirale du vice.Il y a avait bien les tout mignons verdâtres qui poétisaient devant les gourgandines jusqu’à plus soif et qui se bécotaient tendrement du bout des lèvres en dissertant sur l’incommensurable beauté de l’univers sous-jacent et sur son incroyable volupté pré-sénile… Mais bon, ne dit-on pas « Trop poli pour être honnête » ? Ça cache quelqu’chose, toutes ces douceurs ! Et sous ces banalités chatoyantes, ces voluptés voluptueuses et ces amours romanesques… tous ces hypocrites qui s’en fichent parce qu’ils veulent du cul, du cul et du cul, du cul et rien d’autre, toujours plus de cul…Le clan majoritaire était depuis toujours celui des Hétéros. Ceux-ci étaient partout, omnipotents, une vaste coalition centre-gauche/centre-droite, des pourris d’arnaqueurs de première, sans saveur et sans couleur, avec leurs langues de bois, leurs bites en latex et leurs faux nichons, rien que de l’apparence en somme. Style BCBG, premier de la classe avec son sourire mentholé de débile du XVIème, pour épater la galerie ou faire mine d’une illusion d’intelligence, le genre de truc impossible pour un taré congénital. Et ils verrouillaient pompeusement toutes les strates du pouvoir. Blanc bonnet, bonnet blanc, ils avaient des capotes de toutes les couleurs, du bleu pâle au rose pâle. Certes, ils admettaient de temps à autre que l’on puisse s’écarter de la norme mais point trop n’en faut et il fallait pas non plus qu’ils nous cassent trop les burnes, ces putains d’extrémistes. Eux, ce qu’ils désiraient, c’est une belle bite bien honnête qui s’enfonce dans une chatte bien juteuse et que cela produise un bon vieux flic-flac des familles avec une pointe de cocufiage. Les mâles en rut n’arrêtaient d’ailleurs pas de faire des propositions malhonnêtes à Belle-Inda.À gauche, l’âne et son énorme zigounette bleue. À droite, la vache et ses deux grosses mamelles roses, à moins que ce ne soit le contraire dans la lithurgie traditionaliste. Deux groupes dissidents particulièrement actifs mais peu reproductifs, une bonne alternative au clan majoritaire. Là, changeant de décor, les mâles s’enculaient à tire-larigot et les femelles se faisaient du broute-touffe. Et cette fois-ci, ce fut John qui se la prit dans le cul. Enculage et déculage sont les mamelles de cet hommage !Venaient ensuite les très vilains Violeurs, les âmes damnées, les méchants gris tyranniques qui prêchaient les contraintes. Belliqueux et hargneux comme des teignes, ils voulaient asservir le bas-peuple, violer les salopes à coups de zobs gigantesques et enculer les p’tites lopettes. Revêtues de sombres armures, ces brutes stupides et avinées étaient toujours prêtes pour la guerre et pour défoncer des culs. Imaginez-vous le pire cauchemar de la planète Bananoïd, un zob perforateur de bidoche, l’être le plus vil suivi d’une flopée d’imbéciles écervelés et vous aurez tout compris. Les chefs de cette guilde se camouflaient derrière un anonymat malhonnête et distillaient en sous-main de sombres préceptes sectaires et fascistes. Leur pouvoir était assis sur un réseau de milices clandestines qui s’infiltraient partout. Les mauvaises langues osaient même dire qu’ils flirtaient parfois avec d’horribles sectes pédophiles et avec les tortionnaires nazis… Belle-Inda était véritablement tétanisée par leurs yeux glauques, leurs dents tranchantes et leurs griffes acérées. Ils menaçaient à tout moment de la découper en lambeaux et de lui crever le bide à coups de bites.Un peu plus loin, les abominables Hardos, qui se complaisaient dans les sales étrons marron de leur abomination. Ces horribles mutants, issus d’un croisement contre nature entre un être humain et une bouse de vache, étaient plongés dans le foutre et la luxure depuis leur plus jeune âge et pataugeaient sans protection dans les fosses septiques des décoctions humaines. Souvent stupides, voire complètement crétins, en tout cas attardés, ils se con-plaisaient dans l’immonde fange du sexe sans limite, avec toute la bassesse que cela comporte, n’hésitant pas à baiser des bêtes, des mottes de beurre et même d’horribles lutins boudinés couverts de boutons purulents. Les grands maîtres de cette secte particulièrement immonde et grotesque, tels de grands vaudous bouddhistes engoncés dans des tapis à clous, parvenaient même, à force de contritions, à confondre la merde et le nectar et se délectaient spirituellement dans des bains de boyaux sanglants. Belle-Inda et John s’en donnèrent à cœur joie et gerbèrent sans limite en traversant ce gros tas d’immondices.Ensuite il leur fallut affronter la très jet-set high-class SM, club réservé à l’élite, un univers particulièrement enchaîné/cadenassé composé de militants caca d’oie, un obscur groupe paramilitaire fait de bric et de broc, probablement sponsorisé par une multinationale de bricolage ou une association de ferrailleurs. J’te coupe, j’te découpe, j’te pique, j’te pince, j’te brûle, j’te fouette, j’t’attache, j’te crache dessus, c’est pas parce que j’te chie pas à la gueule que j’te pisse pas au cul… Mais tout ça, c’est parce que j’t’aime, vile esclave stupide et servile et, puisque ton maître est magnanime, il te permet de bouffer son petit cul merdeux… Ô oui maître fais-moi souffrir comme Jésus sur la croix, je mérite le châtiment exemplaire de ton méprisant dédain envers mon immonde personne. Les cliquetis de ce divin attirail étaient pour le moins effrayant, des êtres transpercés de toutes parts surgissaient sans cesse avec des regards froids sans pitié en agitant leurs breloques. Brrr, frissons garantis, Belle-Inda en était toute lacérée.Passons ensuite à ce gros tas de bidoche emmêlée comme sur l’étal du boucher, d’effrénées partouses bien juteuses, violettes sans doute parce qu’Éros rejoint toujours Thanatos pour se ronger l’os et qu’il s’agit ainsi d’une couleur mortuaire. La fosse commune érotique où ces corps s’entrelacent et s’emboîtent à l’infini les uns dans les autres n’étaient pas sans rappeler le suicide de certains rongeurs dans les pays nordiques. Irrésistiblement attirés par l’âcre parfum des odeurs corporelles nauséeuses, qui déclenchait cette luxure génétiquement programmée, ces individus se regroupaient sans raison apparente dans de noctambules sabbats pour se noyer dans la chair et composer cette toile surréaliste faite de corps enchevêtrés à l’infini et qui s’ébattaient en cadence dans un concentré de luxure.Au bout du voyage il ne restait plus rien, un goût amer d’avoir tout vu, tout vécu, de n’avoir plus rien à découvrir ni à espérer. Après avoir baisé mille et une fois au cours de leur périple, dans toutes les positions et de toutes les façons, Belle-Inda et John Lennon arrivèrent devant Revebebe en personne. Mais le maître était morose. Et alors qu’ils avaient fait tout ce chemin pour retrouver l’espoir, ils étaient là, tous les trois, les bras ballants et la tête vide, nourrie de désillusions sur le monde…Ils se retournèrent en silence et observèrent la plaine. Les histoires continuaient d’arriver par centaines, les bonnes, les moins bonnes, les enjouées, les tristounettes. Revebebe était perplexe devant cette belle déferlante… comment endiguer ce raz-de-marée… L’immense invasion des bites et des chattes continuait sans relâche, les forces étaient en marche, elles progressaient inexorablement sur la plaine, un rêve devenu cauchemar…Bientôt ils allaient se réveiller en plein cœur de la nuit, tout en sueur, pour échapper aux agressions des sexes sirupeux cracheurs de jute…PostfaceAlors que certains nous rejouent pour la n-ième fois le vieux scénario du coït ordinarius, d’autres au contraire y vont de la surenchère pour sonder toujours plus loin les collines de l’absurde.Quelques fois aussi un brillant littéraire émerge du troupeau, immédiatement encensé par une critique en pâmoison. Blablablabla…Mais qu’importe ces fantasmes, collectionneur de vide, tout ce temps passé devant ton écran ou alors ta téloche, ne vois-tu pas le temps passer… Ne sais-tu pas que la vraie vie existe en toi…Internationale multimédiat, dictature du commerce, consommateur de sexe… Désormais ils te vendent des idées ou du vide, peu importe, même gratuitement… Il n’y a plus de limite, tout est possible désormais…