Souvenirs de pensionnat (2)Huitième et dernière année dans ce cher pensionnat. Depuis la terminale, nous avons scellé avec Clémence un pacte d’amitié érotique. Amitié profonde, sans faille, qui trouve dans de longues séances de caresses partagées une manière plus intime, plus sensuelle d’incarner ce lien que ces années d’internat ont noué entre nous. Caresses de substitution, alors que les garçons sont maintenus à l’écart de l’institut par un mur de quatre mètres de haut et une petite armada de surveillantes et de religieuses.Nous venions de fêter nos vingt et un ans, et l’accession à la dernière année de classe préparatoire nous permettait de profiter du privilège tant attendu d’une chambre sous les combles. Fini le dortoir commun, les élèves de Lettres Spéciales partagent à deux une « turne ». Le choix des co-turnes ne se faisant officiellement pas par affinité, nous avons, Clémence et moi, été obligées de déployer des trésors d’ingéniosité et de charme pour que le hasard du tirage au sort nous affecte la même chambre.Nous partageons depuis un mois et demi les mêmes 15 m² auxquels est adjoint un minuscule cabinet de toilette commun avec la chambre contiguë. La rentrée et nos retrouvailles après les deux mois de vacances scolaires ont été dignement fêtées. Nous avons étrenné notre cabinet de toilette par une douche commune. Nos mains, nos lèvres, nos yeux ont rapidement retrouvé les caresses délaissées, le goût de nos langues, le velouté de nos fesses et de nos seins.Deux personnes ont été affectées à la surveillance des turnes de « Spé ». Dorothée, une ancienne élève qui arrondit ses fins de mois en assurant des heures de garde et Mademoiselle Thérèse. Elles alternent les semaines de nuit. Dorothée, à peine plus âgée que nous, assure son service de nuit avec beaucoup de compréhension et une pointe de connivence. Après l’heure légale de l’extinction des lumières, elle ferme les yeux sur les rais de lumière qui filtrent sous la porte des chambres. Mademoiselle Thérèse, quant à elle, a la réputation d’être beaucoup plus sévère. Je ne sais pas exactement quel âge elle peut avoir. Quarante ? Quarante-cinq ans ?Contrairement aux autres filles qui la surnomment Belphégor, j’ai beaucoup d’affection pour elle. Il me semble deviner, sous son apparente rigueur, une grande douceur. Ses yeux pervenche, qui ne trahissent que de très rares émotions, laissent parfois passer un signe discret de complicité. Un plissement de paupières, l’esquisse d’un sourire à la commissure de ses lèvres, sont autant de signes que j’interprète comme l’expression d’une forme de connivence. Certaines attentions, de petits riens, me laissent penser que je ne lui suis pas indifférente. En un mot, je pense que je suis un peu sa chouchoute. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais le fait est qu’elle est habituellement plus compréhensive avec moi qu’avec les autres.Ce mardi soir, alors que sonne l’heure fatidique de l’extinction des lumières, je suis sous la douche. Les yeux clos, je laisse l’eau tiède emporter le shampooing. Je coupe le jet et à l’aveuglette me saisis de la serviette dans laquelle j’enturbanne mes cheveux. Je glisse à tâtons mes pieds dans mes chaussons. J’ouvre les paupières… Un frisson de stupeur parcourt mon corps, je crois que j’ai dû pousser un petit cri… Sur une chaise, hiératique… Mademoiselle Thérèse, ses yeux pervenche fixés sur moi.— Oh ! Mademoiselle…Passé le moment de surprise, je prends conscience de ma tenue. J’arrache la serviette qui enveloppe mes cheveux et tente de couvrir mon corps.— Calmez-vous, Patricia, ce n’est que moi… Je suis désolée de vous avoir fait peur…Mademoiselle Thérèse parle bas, ses mots sont comme un lent soupir. Je remarque, en écho à mon propre embarras, le rouge qui colore ses pommettes. Elle se lève lentement et prend sur mon lit le peignoir qu’elle me tend sans détourner les yeux.— Je suis vraiment désolée Patricia, je ne voulais pas vous faire peur… Couvrez-vous, si vous voulez…Tout en maintenant serrée sur ma poitrine la serviette mouillée, je tente d’enfiler le peignoir. Mademoiselle Thérèse s’est rassise, les mains posées à plat sur ses cuisses, apparemment calme, très droite. Elle porte l’uniforme des maîtresses d’internat. Une jupe de flanelle grise, un chemisier de coton blanc à col Claudine bordé d’un croquet et un cardigan bleu marine.Mademoiselle Thérèse a approché sa chaise de mon lit. Elle tapote l’édredon et me fait signe de m’approcher.— Venez vous asseoir, Patricia, j’ai besoin de vous parler…Encore sous le choc de la surprise, je serre les deux pans du peignoir et m’assieds sur le bord du lit. Malgré mes yeux baissés, je sens son regard clair sur moi.— Levez les yeux, Patricia… Soyez gentille, regardez-moi… Voilà… commença-t-elle sur un ton d’une douceur que je ne lui aurais pas supposée. J’ai imaginé que, Clémence étant à l’infirmerie, vous seriez un peu seule ce soir. En passant devant votre chambre, j’ai vu de la lumière et j’ai pensé que nous pourrions parler ensemble. Vous ne m’en voulez pas ?Mademoiselle Thérèse me parle de mon avenir, de l’internat, de son entrée prématurée et de sa sortie tout aussi rapide des ordres… Le son mélodieux de sa voix chuchotée me berce lentement… Quel âge peut-elle avoir ? Je ne m’étais jamais attardée à regarder son visage. Le front lisse, un peu pâle ; l’arête très droite de son nez qu’un léger retroussis rend mutin ; la bouche dont les lèvres bougent à peine quand elle parle. Et ses yeux pervenche, profonds… J’esquisse un léger sourire en pensant aux noms communs de la petite pervenche, la « vinca minor » que Madame de Sévigné recommandait à sa fille pour ses qualités médicamenteuses : pervenche, violette du serpent, bergère… pucelage… Associer le mot de pucelage à Mademoiselle Thérèse ne m’était jamais venu à l’esprit… Mademoiselle Thérèse était-elle vierge ? Probablement. Avait-elle vu le loup ? Comment vit-elle sa sexualité ? Elle a l’air plutôt mignonne… Sous l’uniforme terne qui masque toute forme, tout arrondi, je me prends à imaginer son corps, à tenter de deviner la courbe d’un sein sous le blousant du chemisier…— Vous ne m’écoutez plus, Patricia ?La voix de Mademoiselle Thérèse met un terme de mes divagations.— Pardon, Mademoiselle…Je dois être rouge de honte…— À quoi pensez-vous, Patricia ?Que répondre, mes joues doivent être écarlates… Mille réponses se mélangent, se brouillent…— À rien… enfin, je veux dire… à vous Mademoiselle…La seule réponse que je ne voulais pas donner…— Euh, enfin… pas exactement… je voulais dire…Mademoiselle Thérèse a un léger sourire. Elle aussi a les joues un peu plus roses. Elle se penche lentement et prend mes mains qu’elle maintient avec les siennes sur ses genoux. Ce geste, témoignage de confiance et d’intimité, m’oblige à me pencher en avant. Mademoiselle Thérèse plonge le bleu de ses yeux dans les miens. Pas un mot. Je suis comme hypnotisée par la profondeur de son regard, sa douceur, sa sensualité. Ce n’est plus la maîtresse d’internat que j’ai devant moi mais une femme, belle, mature, et même appétissante. Son regard quitte lentement le mien et descend vers ma bouche, il s’y arrête, détaille l’ourlet de mes lèvres… descend encore… Je me rends compte que dans cette position, penchée vers l’avant, les pans de mon peignoir ont dû s’entrouvrir… Je baisse les yeux pour suivre ses mains qui se sont posées sur l’éponge, qui écartent lentement les pans de tissu.Il se passe quelque chose d’indicible entre nous… En toute liberté… sans contrainte, sans honte, sans regret ni remords… Je sais maintenant que je vais faire l’amour avec Mademoiselle Thérèse… Elle, une surveillante… Une femme de quarante ans au moins… Je n’ai jamais caressé, ni même vu le corps d’une femme de cet âge… C’est sûr, c’est ce qui va se passer. Comme un acquiescement, mes paumes s’ouvrent sur ses cuisses. Sous le tissu de coton gris, je sens la chair tiède, souple, vivante, frémissante. Mademoiselle Thérèse a écarté les pans de mon peignoir et défait maintenant avec autant de douceur le nœud de ma ceinture. Je sens le lien d’éponge glisser et tomber sur mes cuisses. L’air frais de la pièce me fait frissonner. Le peignoir glisse sur mes épaules.Mes doigts pincent l’épais tissu, remontent le coton le long des jambes. La blancheur de la chair apparaît dans la gangue d’étoffe grise. Le regard pervenche de Mademoiselle Thérèse s’est fixé avec ses mains sur ma poitrine. Tout dans ses yeux n’est que désir. Un frisson de chair de poule couvre mes seins, en durcit les mamelons. Ses paumes se posent en conque. La découverte commune de nos corps s’accorde de la nécessaire lenteur des premières fois. Éloge de cette lenteur sensuelle et joyeuse qui, en acceptant de perdre du temps en contemplation, nous fait gagner en sensualité. Tension de nos mains, de nos regards, volontairement ralentis, qui permet de mieux incarner notre plaisir. Délicieuse lenteur, sensualité maîtrisée, patience délicate…… sous la robe d’Hélène j’ai trouvé les jambes d’une reine… Les paroles de la chanson de Brassens me viennent à l’esprit. Après la rotondité nacrée des genoux apparaît le galbe de ses cuisses. Peau nue et tiède sous mes mains, promesse de caresses, désirs à tâtons entre pudeur et obsédante sensualité. Elle ne porte pas de bas.Les doigts de la surveillante jouent avec mes mamelons, petites pointes de chair turgescente, presque douloureuses. Elle me parle du « Cantique des Cantiques », lorsque le bien-aimé entre dans le jardin pour y manger des fruits exquis, y recueille sa myrrhe, y mange son miel et boit son vin.Que tu es belle, ma compagne, que tu es belle… Tes deux seins comme deux faons, jumeaux d’une gazelle paissant parmi les lys.Mes doigts en écho suivent la courbe de ses mollets, effleurent l’arrondi du genou, glissent vers l’intérieur de ses cuisses, remontent vers l’aine. La jupe forme un bourrelet de tissu gris autour de son ventre. Nous avons imperceptiblement écarté nos cuisses. Elle joue maintenant avec le frisottis des poils de mon ventre. Je découvre avec émotion la culotte blanche, le double fond de coton marqué d’un trait humide un peu plus sombre. Simultanément, nos index descendent le long du sillon humide. Mes lèvres s’ouvrent sous la légère pression de son doigt. Je voudrais qu’elle se déshabille, qu’elle soit nue.Mademoiselle Thérèse se lève lentement, sa jupe retombe mollement sur ses cuisses. La moue qui marque mes lèvres la fait sourire. Elle met un doigt sur sa bouche pour m’apaiser. La clef tourne dans la serrure, la lumière du plafonnier s’éteint. Seule la lampe de chevet éclaire la chambre. La surveillante revient vers le lit avec la même lenteur mesurée. Elle se plante à quelques centimètres de mon visage. Ses doigts défont un à un les boutons de son chemisier. Elle en écarte les pans puis le laisse glisser jusqu’au sol. Avec le même calme, elle reprend son déshabillage. Ses mains croisées dans son dos défont l’agrafe du soutien-gorge. Un léger temps d’arrêt, et les bonnets libèrent sa lourde poitrine. À la différence de mes seins de brune, ses aréoles à peine rosées sont quasi invisibles, les mamelons ronds bourgeonnent en leur centre. Elle tourne sa jupe et descend la fermeture éclair dans un crissement métallique. La large culotte de coton blanc qui enserre très haut sa taille rejoint sur la descente de lit le reste de ses vêtements. Malgré son chignon un peu strict, Mademoiselle Thérèse, débarrassée de son uniforme, resplendit de sensualité. Au bas de son ventre nacré et légèrement rebondi, recouvert d’une épaisse et naturelle toison claire, se devine l’amorce saumon des lèvres de son sexe.J’ai subitement envie de son corps, d’enfouir mon visage entre ses seins, de pétrir ses hanches… Elle se penche et ses mains posées sur mes épaules m’obligent à m’allonger, puis elle se couche sur moi. Nos bouches se joignent. Sa langue un peu épaisse s’insinue entre mes lèvres. Je suis loin des tendres baisers de Clémence. À mesure que nos salives se mêlent, une véritable fureur s’empare de nos corps, de nos mains. Mademoiselle Thérèse a inséré une jambe entre mes cuisses, d’une poussée du bassin j’écrase mon sexe contre son genou. Sa langue me fouille avec frénésie, elle gémit doucement. J’ai envie de jouir tout de suite, je laisse les spasmes de mes reins envahir mon ventre… Je sais que je mouille abondamment, j’imagine sur sa chair la trace luisante de mon plaisir. La surveillante lâche ma bouche, se redresse brusquement. Ses yeux fixes me dévisagent, elle mord sa lèvre inférieure…— J’ai envie de vous… j’ai envie de nous, je veux vous voir jouir… Je veux jouir… Ah ! Patricia… j’ai honte… votre bouche, votre corps, vos seins… vous, oui…À genoux, une jambe entre mes cuisses, elle prend ses seins entre ses mains, les caresse, les malaxe, les palpe… masses blanches, laiteuses, marbrées de veinules bleutées… Mes mains quittent ses hanches un peu larges. Je saisis sa main et guide ses doigts vers mon ventre. Je voudrais qu’elle me caresse, là, maintenant… tout de suite… Elle me sourit et se retourne, enjambant mon corps. Ses cuisses enserrent mon visage, elle plonge son nez entre mes cuisses. Sa langue s’insinue entre mes lèvres, les déplie, s’attaque avec précision à mon clitoris qu’elle décapuchonne… À quelques centimètres de mon visage, entre les cuisses opalines et un peu molles, le foisonnement exubérant de son pubis. Entre les longs poils blonds, diaphanes, où brillent les perles luisantes de ses sécrétions, je devine les lèvres épaisses, béantes, violines… Mes mains s’emparent des globes pâles de ses fesses, les écartent, dévoilant la raie beige au milieu de laquelle me fixe l’œillet sombre et granité de son anus… Dans la frénésie d’un désir incontrôlable je ne peux m’empêcher de penser que sous mes yeux, là, c’est l’anus de Mademoiselle Thérèse, l’œil cyclopéen… le trou de balle, le trou de balle, le trou de balle… je ne peux m’empêcher de chasser ce mot obsédant qui résonne dans ma tête, j’en ai un peu honte… Non, je n’ai pas honte, je vais jouir, nous allons jouir…Je sens sa langue descendre entre mes lèvres, caresser le périnée, agacer la périphérie de mon anus. Je plonge, j’enfouis mon visage entre les lobes moites. Les exhalaisons épicées où se mêlent les effluves de sueur et de sécrétions vaginales redoublent mon excitation. L’anneau rétracté de son anus cède sous la pression de ma langue… Cette langue plantée dans l’anus de mademoiselle Thérèse… une forme de sacrilège, d’outrage… La charmante petite Patricia, adorable élève de classe préparatoire, profane vingt ans d’éducation… Par ce geste, cette pénétration, elle se libère… Elle veut jouir sans entrave, passer outre les règles dans une explosion délirante et orgiaque…Mademoiselle Thérèse râle, ses halètements, prémices de la jouissance qui la submerge, se muent en un ronflement sourd. Mon nez, ma bouche glissent le long des fesses vers le cloaque humide… Mes lèvres se saisissent des replis juteux, les sucent, les aspirent dans une sarabande orgiaque. Je sens la houle agiter le corps de ma partenaire, elle va jouir… Je veux jouir avec elle.— Mon p’tit œillet, mon p’tit œillet…Thérèse comprend, glisse une main sous mes fesses, enduit son majeur de ma liqueur et, avec une justesse diabolique, le visse dans mon anus…Dans un éclair de lucidité nous enfouissons nos gémissements dans le bâillon de nos muqueuses. Nous jouissons, écrasant simultanément nos visages dans le compas de nos cuisses.Nous roulons sur le côté. En un réflexe de pudeur, Mademoiselle Thérèse tire le drap sur nos corps… Nous restons plusieurs minutes allongées côte à côte, puis la surveillante pose sa tête sur ma poitrine… Son chignon a perdu sa régulière et méticuleuse ordonnance…. Je sens son souffle sur mon ventre… Ma main se pose sur son épaule…