La montre du tableau de bord indique 08:29:37. C’est mieux que les huit heures et demie que j’avais prévues. Je coupe le contact de la voiture et je crie, un peu comme une annonce d’entrée en gare :— Debout là -dedans ! On est arrivé à la station de ski ! Super-Dévoluy, Super-Dévoluy, Les voyageurs pour la combe Ratin changent de train !Ceux qui dormaient encore s’étirent en devinant, à travers les vitres embuées, les dernières étoiles qui s’éteignent dans le ciel bleuissant du petit jour. Nous sortons en désordre et nous enfilons en hâte nos blousons de ski. Mais ils suffisent à peine à nous protéger du froid, tellement l’air est vif. Comme d’habitude, c’est Zébulon qui râle en premier. Il ne peut pas s’en empêcher, celui-là . Mais c’est toujours pour nous faire sourire et il faut bien qu’il y ait un râleur patenté pour souder un groupe. Tout comme il faut un frimeur, comme moi. Pour nous réchauffer, nous jacassons à tout va en claquant des pieds dans la neige gelée :— Pétard, ce que ça caille ! C’est pas possible, ils ont encore oublié de mettre le chauffage cette nuit.— T’as raison Zébulon. On devrait même se plaindre au syndicat d’initiative. À voir la vitesse à laquelle ça givre sur les vitres des voitures, on ne doit pas être loin des moins dix degrés. C’est super ! La neige va être au top !— Ça ! Y’a que Rocco pour dire qu’il aime des froids pareils. Tu me diras, c’est pas étonnant, vu qu’il est franchement givré quand il est sur ses planches.— Dites donc, il faudrait qu’on déballe notre matériel. Au moins, ça nous réchaufferait.Pendant que nous descendons les skis des toits des voitures, un grand gaillard en tenue rouge et blanche s’approche et nous interpelle :— Bonjour ! Je cherche un groupe de skieurs qui a commandé un accompagnateur hors-piste. C’est vous ?Je m’approche pour lui serrer la main et je réponds :— Oui, c’est bien nous. Bonjour à vous aussi. Je m’appelle Rocco.— Enchanté. Je m’appelle Boussol, Nicolas Boussol. Je suis votre guide pour la journée. Avant toute chose, je voudrais que vous vous présentiez, pour que je sache ce que vous savez faire à ski. Ça me permettra d’adapter le parcours à votre niveau.Comme tous les membres du groupe sont affairés à régler leurs chaussures, je décide de faire les présentations moi-même :— Eh bien voilà  ! Je te présente ma compagne Tina Maffamm. Là -bas, les deux grands gaillards s’appellent Lebreton et Kazoar. Ce sont deux amis avec qui nous skions depuis longtemps. À côté, occupées à mettre de la crème solaire, tu as Ice-Shaker et Fons-Alfonse. Ce sont deux filles. Ne rigolez pas, vous autres ! Sinon elles vont encore nous traiter de gros Gaulois. Excusez-moi, Monsieur Boussol, Ils sont incorrigibles.— Tu peux me tutoyer tout le temps, ce sera plus simple.— D’accord. Je précisais que ce sont des filles parce qu’avec les casques et les blousons, ce n’est pas toujours évident à voir. Enfin, le petit teigneux qui s’énerve sur les lacets de ses boots c’est Zébulon, le copain d’Ice-Shaker. C’est le seul surfeur. Tous les autres membres du groupe sont des skieurs qui savent tourner aussi bien à gauche qu’à droite, si tu vois ce que je veux dire. Y’a que les deux filles qui ont tendance à tirer tout droit pour nous rappeler qu’on est des petits joueurs. Mais ne t’en fais pas, on connaît la combe Ratin. On l’a déjà descendue l’année dernière.Boussol fait un peu une mine déconcertée et il lâche :— Ouais ! De toute façon, à voir comment vous êtes tous équipés, j’aurais pu deviner que vous en avez l’habitude. Y’en a parmi vous qui restent quand même un peu sur les pistes quelquefois ?Fons-Alphonse répond en riant :— Oui ! Moi ! C’est même pour ça qu’ils m’ont emmenée aujourd’hui. Pour une fois, ils auront peut-être une chance de passer en premier.Ice-Shaker lui répond :— Ah oui ! Tu pourras me dire si le dos de mon blouson est joli…— Oh ! Toi ! Pour une fois que tu es avec nous et non pas accrochée à tes piolets sur une de tes cascades gelées, j’espère que tu vas me laisser devant !Il faut que je m’en mêle un peu. Sinon, en plus de nous ridiculiser, elles vont encore nous casser les oreilles toute la journée, ces deux-là  :— Dites donc, les deux furies ! On n’est pas encore sur la neige que c’est déjà la compétition ? Si Ice-Shaker aime faire de l’escalade avec son chéri par moins vingt degrés, c’est son droit !Les hochements de tête de Boussol laissent penser qu’il se demande sur quelle équipe de givrés il est encore tombé. Il met tout le monde d’accord en nous rappelant à l’ordre :— Bon ! On a seulement la journée pour faire cette descente. Alors il faudrait y aller, tout de même.Après les traditionnelles vérifications du matériel de sécurité contre les avalanches, nous prenons les remontées mécaniques dans la bonne humeur. Comme d’habitude, d’ailleurs. Sinon ça ne servirait à rien de sortir ensemble. Un groupe d’amis, c’est fait pour vérifier l’idée que l’homme est un animal qui ne peut s’épanouir qu’en groupe. Donc, nous faisons de l’ethnologie en rigolant abondamment.Pour tuer le temps de l’ascension nous entreprenons de chambrer Kazoar, qui étrenne de nouveaux skis, en l’assaillant de blagues de gamins :— Tu as vu la largeur de ces engins ? Dis donc, Kazoar ! Ça te serait revenu moins cher si tu avais acheté deux planches à repasser plutôt que tes skis Big Trouble. Et ça donnerait le même résultat !— Eh ! Lebreton ! Avec Kazoar, c’est plutôt Big trous bleus. B’en oui ! Il n’arrête pas de planter la tête dans la neige !— Kazoar ! Quand est-ce que tu passes ta première étoile ?Il rentre dans le jeu en faisant mine de se froisser :— Rigolez bien, bande de jaloux. Je vais tous vous enrhumer !— Avec Ice-Shaker tu vas avoir du mal, Kazoar. Tu sais que la poudreuse c’est quand même sa spécialité, quand elle est sur deux planches.— À propos, Ice-Shaker ? Ça ne suffisait pas qu’on sache que tu es une furieuse sur tes skis, il a fallu que tu en trouves où c’était écrit dessus ? C’est même écrit X Wing Fury. Tu te sens des ailes d’ange noir avec ?Kazoar renchérit :— Avec sa gueule d’ange, ça se pourrait bien, Roc’ ! Dis donc, Ice-Shaker ? Pourquoi t’as acheté ces planches de guerrier, plutôt que des skis de fille ?— Y’en avait pas dans la couleur de mon pantalon chez le marchand.— On va y croire, tiens ! C’est encore pour nous mettre la pression ?Nicolas, un peu agacé, nous remet les pieds sur terre :— Eh, les artistes ! Il faudrait tout de même penser à descendre de la benne !Nous sortons en continuant de rigoler, mais pas pour longtemps. Les choses sérieuses commencent : pour rejoindre le point de départ de la descente, il faut passer sur une arête rocheuse étroite avec nos skis posés sur les épaules. Ce qui n’est pas rassurant à faire, avec des chaussures de ski aux pieds. Au prix d’un peu de transpiration, nous finissons par atteindre le plateau qui couronne le sommet de la station, à plus de deux mille cinq cents mètres d’altitude. Ce plateau, c’est celui de Bure, qui domine le Dévoluy, au nord de Gap et qui est célèbre pour son observatoire astronomique.~~oooOOOOooo~~La magie, celle que nous sommes venus chercher ici, commence à opérer. D’abord, il y a l’odeur qui commence à nous griser. Celle de la neige froide, qui est si caractéristique à ces altitudes. Et tout est dépaysant dans cet endroit : au loin, j’aperçois les immenses antennes paraboliques du radiotélescope. On dirait que ce sont des géants de tôles brillantes qui gardent les tourbillons de neige, sur ce plateau désert balayé par les vents. Le ciel bleu nuit du matin est encore chargé d’infimes cristaux de givre qui scintillent au soleil en nous enveloppant de leurs reflets multicolores. Ce décor lunaire, notre pas lent et nos tenues de free-riders casqués me rappellent de vieilles images d’archives des premiers hommes sur la lune. Eux aussi évoluaient casqués et enveloppés de poussières scintillantes : celles que leurs pas soulevaient et qui restaient suspendues dans le vide, pratiquement sans retomber. Comme le givre ultra-léger de ce matin.Vraiment, on a de la peine à croire qu’on est sur Terre, et encore moins en France, tellement ce paysage est d’une beauté sauvage. Tout autour de nous, les sommets blancs nous font les mêmes signes majestueux. Franchement, il n’y a pas que le froid qui nous fait frissonner. Mais c’est normal, cette émotion. Elle touche tous les humains si vous les plongez dans le bain de la puissance et de la beauté de la nature.Nicolas Boussol nous interpelle :— S’il vous plaît, j’ai besoin de votre attention. Même si la descente est facile à lire, il faut que vous connaissiez tous le parcours. On va d’abord plonger devant nous dans cette grande combe de neige fraîche. Au passage, vous pourrez vous lâcher si vous en avez envie. Même si vous finissez en vrac, y’a pas de danger. Ensuite, nous passerons à droite, sous cet éperon calcaire. Là il ne faudra pas tomber. Il y a une falaise infranchissable juste en dessous. Après nous prendrons la direction de la bergerie que vous devinez derrière la forêt du fond de la vallée. On parlera de la suite après. C’est compris ? Bien. Je vous rappelle qu’on ne part pas trop groupés pour limiter la casse en cas d’avalanche. Qui veut partir en premier ?Les deux filles répondent en coeur :— C’est nous !— Alors allez-y, la pente est à vous !Il n’aurait pas dû leur dire ça, Boussol : on va arriver trop vite en bas, avec ces deux-là . Surtout qu’Ice-Shaker part en criant :~~oooOOOOooo~~La pente est belle. C’est jouissif de skier dans cette neige immaculée. C’est d’ailleurs dans des conditions proches de celles-ci qu’il arrive à certains de mouiller leur culotte. Et pas seulement des femmes ! Je ne dis pas que cela m’arrive souvent, puisque je n’ai pas la prétention d’avoir un niveau technique exceptionnel à ski. Mais je connais quand même l’ivresse à plus de quarante-cinq degrés. Bien sûr, ce n’est pas l’ivresse dont parlent les poivrots habitués à la gnôle. Mais c’est celle qui fait rêver les free-riders quand le degré d’inclinaison du sol commence à dépasser cette valeur vertigineuse.Cela ne vous dit peut-être pas grand-chose, le plaisir qu’on ressent en s’engageant dans ces pentes qui vous font descendre plus de vingt-cinq étages alors que vous n’avancez que de cent petits mètres. Mais pour tous ceux qui le font, c’est une jouissance presque indescriptible. C’est même tellement shootant que si le ministre de la justice savait cela, le ski hors-piste serait interdit depuis longtemps. Car pour combattre la somme des stress démesurés que vous vous imposez en faisant cela, votre cerveau fabrique un mélange explosif d’hormones qui augmente votre plaisir certainement autant que bien des produits interdits. Si vous le permettez, je vais prendre quelques secondes pour vous expliquer ce qui se passe quand on a la chance de pouvoir faire ce genre d’expérience.Ça commence toujours de la même façon et dans le même décor : celui d’un petit groupe de skieurs agglutinés sur une corniche au bord d’un précipice en forme de couloir encaissé. Le choix de cette forme étroite, c’est bien entendu pour supprimer toute possibilité de faire des virages facilement. C’est la première contrainte, le premier des stress.Vous rajoutez un soleil au ras des cimes dans un immense ciel bleu d’encre pour vous donner l’impression que le paysage est à l’envers, comme si vous contempliez la mer avec la tête en bas. Ça, c’est pour parfaire l’ambiance de folie. Et enfin, il faut les moins quinze degrés Celsius qui servent de prétexte au fou rire que vous déclenchez en pensant qu’il vous réchauffe.Ce rire n’a pas encore de lien avec celui qui va vous gondoler quand vous demanderez Chiche ! On y va ?. Non. Ce rire d’auto-dérision sert pour l’instant à bâillonner votre stress. Et celui-ci monte très vite, dès que vous avez comparé cette pente avec votre capacité à la dominer. Et il devient énorme dès que vous êtes certain que cela ne passera que si vous arrivez à dépasser les limites de votre corps et de votre volonté. C’est précisément au moment où vous avez cette certitude que vous klaxonnez ce fameux Chiche ?, aux autres riders du groupe.À partir de cet instant, il faut vous dépêcher. Il faut presque vous précipiter pour mettre votre appréhension hors service, pour éviter que la peur s’installe. La peur. Cette salope qui tire sur votre col en vous déséquilibrant pour provoquer la faute, la dernière, celle qu’il ne faut surtout pas commettre. Mais cette peur est balayée par un sentiment étrangement jouissif de confiance absolue en vous. Il naît à l’instant précis où vous sentez que votre corps plonge en avant, quand vous lancez vos skis dans la pente. Ce sentiment extraordinaire est la première manifestation des hormones qui vous shootent pour de bon, en décuplant toutes vos sensations.Alors vous sentez dans le premier virage – et avec un plaisir qui monte dans un crescendo explosif – que vous maîtrisez absolument tout ! Que le virage suivant est évident. Qu’il ne peut pas être ailleurs que là où vous voulez l’engager. Que vous allez poser la pointe du bâton à l’endroit idéal pour le déclencher. Comme si vous aviez choisi votre trajectoire il y a deux mille ans, dans une vie antérieure de bouquetin habitué de ce couloir aux parois de granit rouge magnifique. Ce granit que vous devinez furtivement, au travers de la plaque de neige qui se déchire sur ses bords au contact du rocher. Ce flash coloré vous rappelle dans un tressaillement de coeur que la fragilité de la neige à cet endroit est dangereuse. Et que tout appui marqué y est interdit sous peine d’avalanche.Mais ça passe ! OUI ! Et là , il n’y a plus de limites. Il pourrait y avoir une difficulté inconnue, théoriquement infranchissable pour vous, vous savez que cela va continuer à passer ! C’est Dieu qui tient les bâtons dans ces moments-là . Vous, vous n’êtes plus qu’un spectateur halluciné, allumé par le spectacle grandiose et l’air froid qui fouette votre visage. Mais vous êtes surtout surexcité par toutes les sensations extrêmes qui vous assaillent et vous malmènent.À commencer par celles que provoquent les chocs que vous renvoient vos skis à la sortie de chaque virage. Leur violence vous fait décoller de la neige en vous remontant parfois les genoux jusqu’à la poitrine en vous coupant le souffle. Comme si vous étiez propulsé en l’air par un coup de raquette de géant. Mais cet instant violent fait aussi partie du plaisir. C’est même peut-être la plus irréelle, cette griserie qui vous donne l’impression que vous ne touchez plus la neige qu’un mètre sur trois, tellement la pente est raide. Mais cet instant d’apesanteur est bien réel. Car c’est cette absence de contact au sol qui vous permet d’ajuster avec une facilité insultante la position de vos skis pour foncer sur le prochain virage. À cet instant, vous jubilez de l’orgueil d’être le meilleur. Sûrement comme le font les aigles, pendant qu’ils ajustent la position de leurs serres juste avant de fondre sur leur proie. Parce qu’ils savent alors qu’il leur est impossible de la manquer. Comme vous, qui savez que le prochain virage va passer !Je crois me souvenir que c’est dans ces instants magiques que vous prenez conscience que vous êtes en érection. En même temps qu’il vous prend l’envie de hurler la musique la plus tonitruante que vous connaissez. Comme pour accompagner votre film d’action avec une bande son époustouflante.Alors, vous attendez le prochain coup de raquette en étant complètement surexcité à l’idée qu’il va rallumer votre plaisir en faisant jaillir de sous vos skis comme une éjaculation de neige en gerbes majestueuses. Même la puissance musculaire qu’exige ce tour de force, vous ne savez pas que vous la possédez. Et pourtant, c’est bien elle qui vous asphyxie. Car cette débauche d’efforts est boulimique d’oxygène.Il faut alors vous forcer à respirer, car vous sentez maintenant que cette fonction vitale doit être maintenue coûte que coûte pour ne pas chuter irrémédiablement. Il ne faut pas, par manque d’air, risquer l’évanouissement ou provoquer la déchirure musculaire dont vous sentez les prémices dans les douleurs terribles qui montent de vos cuisses. Mais ces douleurs déclenchent un nouveau shoot : celui des endorphines qui masquent toutes ces tortures en vous rallumant, au point de vous faire hurler comme pendant un orgasme. Vous êtes alors au sommet du septième ciel, emporté par le délire de ce que j’appelle « l’orgasme musculaire ». Et cela, alors même que vous redoutez d’être emporté par les coulées de neige que vous avez provoquées et qui dévalent derrière vous à toute allure.C’est peut-être tout cela qui vous donne l’impression d’être un pilote de chasse, assis dans son avion en flammes, avec tous les klaxons d’alarmes qui hurlent qu’il est encore temps de tirer sur la poignée du siège éjectable pour sauver sa peau. Mais il ne le fait pas encore, tellement il est fasciné par ce danger terrifiant. Sauf que vous, vous n’avez même pas de siège éjectable… Alors banco !Vous repartez de plus belle, boosté par la certitude instinctive et arrogante que vous pouvez encore ramener votre corps-aéroplane hors d’usage jusqu’au fond de la vallée au mépris de tous ces dangers. Et vous trouvez alors la force de faire durer ce plaisir délirant, encore et encore, en continuant vos cabrioles insensées. Jusqu’à l’épuisement qui survient comme une lance de pompier sur l’incendie de toutes vos sensations, au moment précis où vous vous arrêtez enfin.Il ne vous reste plus qu’à vous affaler sur vos bâtons pour retrouver le souffle et pour essayer de calmer ce coeur qui tente de sortir de votre poitrine en cognant comme un sourd.Vous pouvez alors stimuler votre poing G du skieur. Celui que vous serrez contre votre épaule, avec le bras replié en criant Oui ! Je l’ai fait ! Comme le pilote téméraire qui a réussi à poser son appareil sur le ventre juste avant qu’il n’explose. Mais vous ne pouvez pas encore regarder la montagne derrière vous. Ce sont les frissons dans tout votre corps et votre sourire qui vous empêchent de vous retourner pour contempler la trace que vous avez laissée, comme le passage de Zorro dans ce couloir de l’impossible. Et quand vous vous retournez enfin, le soleil vous aveugle en vous empêchant de la voir, cette pente insensée. Ce n’est pas pour vous embêter que le soleil fait ça. C’est pour qu’il puisse réapparaître en flashant d’un seul coup, sous l’ombre de votre main, ce couloir en forme de Vé dans la montagne. Pour qu’il puisse vous survoler de toute sa blancheur zébrée de vos signatures. Ce Vé crie alors au monde entier Votre Victoire sur Vous-même. Oui ! Celle de personne d’autre que vous et vos compagnons de white trip.Il arrive donc, les grands jours de neige poudreuse, que le boxer ait des problèmes de déformations localement humides. Alors, bander dans un lit… Franchement ? Je préfère autant serrer Tina dans mes bras quand elle arrive à son tour au bas du couloir en pleurant, elle aussi, sa joie d’être passée. Et aussi rire, quand Ice-Shaker nous double en tirant la langue pendant que nous nous enlaçons en lui faisant un signe d’une main amicale. Ce geste, ce n’est pas simplement pour nous sentir complices. C’est surtout pour nous sentir des vivants de la même chair et du même sang. Ou tout au moins, de la même famille d’allumés.(Note de l’auteur : Je vous rappelle pour l’anecdote, que vous venez de lire ce passage en six minutes. C’est exactement le temps que dure une descente comme celle-ci. Ça vous donne donc une idée assez précise de la durée de l’orgasme qui va avec.)Mais aujourd’hui, les pentes ne seront pas suffisamment raides pour en arriver là . Peu importe, le plaisir est quand même au rendez-vous.~~oooOOOOooo~~Les skis des deux filles dessinent dans la neige des arabesques enlacées et je ne peux pas m’empêcher de sourire en les voyant descendre. Je skie déjà dans ma tête et c’est moi qui négocie leurs virages comme par télépathie. Tina part à son tour et je me précipite pour entrer dans ses traces. J’adore la suivre quand elle signe dans la pente la preuve de son plaisir de skier. Quand la sensualité du roulement de ses hanches superbes dessine des lacets en soulevant des salves silencieuses et scintillantes de cette neige qui me submerge en m’asphyxiant. Cela m’enivre au point que je colle Tina au plus près, comme un aveugle qui agrippe l’épaule de son guide pour s’abandonner au plaisir de lui confier sa vie. Mais je suis souvent trop près d’elle, au risque de nous balayer tous les deux dans la pente. Ce qui arrive parfois pour le plus grand bonheur de notre entourage. Ça leur permet ensuite de s’amuser à démêler notre enchevêtrement de corps et de jambes en rigolant, pendant que nous tentons de nous embrasser à travers le tas de neige glaciale qui s’insinue entre nos bouches.Pour l’instant personne n’est tombé (je ne compte pas les chutes de Kazoar, il nous bat tous). Pourtant, Ice-Shaker fait tout pour y arriver. Après un Chiche que tu ne le fais pas de la part de Zébulon, elle ne trouve rien de mieux à faire que de vérifier s’il est possible d’emprunter un passage abrupt dans les barres rocheuses. Elle finit sa course en figure libre pas très homologuée. Nicolas Boussol secoue la tête et crie dans leur direction :— Oh ! Les deux excités, vous vous calmez ? On n’est pas dans un snow park pour les gamins !Je crois que ça n’y change pas grand chose. Comme prévu, le slalom entre les arbres de la forêt de mélèzes se transforme en une belle partie de rigolade et Zébulon nous fait une démonstration de ses talents de clown blanc. Il faut même l’aide de Fons-Alfonse et de Kazoar pour arriver à l’extraire d’un tas de neige, tellement il y a planté son surf profondément. Sans compter qu’il est très difficile de déneiger quelqu’un quand on est plié en deux par le rire. Et je ne vaux guère mieux : pour éviter de passer dans l’averse de neige provoquée par le contact viril entre Lebreton et un sapin surchargé de poudreuse, je suis à deux doigts de sodomiser Boussol avec mon ski droit. Pour finir, tout le monde arrive à suivre Ice-Shaker pratiquement sans problème et nous nous arrêtons à la bergerie prévue pour le casse-croûte. Au moment ou Fons-Alfonse nous éclabousse tous de la gerbe de neige qu’elle soulève en s’arrêtant, Nicolas me demande :— Dis donc, vous jouez tout le temps comme ça à celui qui en fait le plus ?— Quand on aime, on ne compte pas !Comme à l’accoutumée, Lebreton arrive bon dernier et Tina lui demande :— Hé ! Tu regrettes ton kayak pour ramer comme ça ?Il hausse les épaules sans répondre et il sort de son sac à dos ce qui reste de son sandwich écrasé dans ses chutes. Dans mon cas, c’est la mandarine qui n’a pas résisté aux mauvais traitements. Le casse-croûte passe rapidement. Mais comme on a de l’avance sur l’horaire, Lebreton et Kazoar décident de faire une sieste au soleil. Le reste du groupe commence alors à papoter pour passer le temps. Fons-Alfonse demande :— Elle est encore utilisée, cette bergerie ?Boussol lui répond :— Bien sûr ! Si tu viens ici l’été, tu verras qu’il y a des moutons partout dans la montagne. Et il faut bien des abris pour les bergers qui restent en altitude avec eux.J’entends alors ma copine Tina qui m’appelle :— Tu viens ? On va la visiter.Je dégage la porte coincée par la neige et nous entrons. Dans le noir, j’avance à tâtons vers le fond de la pièce et j’ouvre les volets de la fenêtre qui donne derrière le bâtiment. Cela fait rentrer suffisamment de lumière pour nous faire découvrir ce qui peut servir de logement exigu à pas plus de deux hommes. Mais je sais que c’est parfois une femme seule, amoureuse de la solitude, qui doit occuper cet endroit. Il m’arrive de rencontrer l’une d’elles l’été, sur les hauteurs des Alpes de Haute Provence.L’expression « confort sommaire » a dû être inventée ici : sous la suie qui les couvre, on devine que les murs ont été blanchis à la chaux. Le sommier est hors d’âge, et un poêle à bois qui ne doit rien chauffer trône au milieu de la pièce. Posé sur un de ses angles, il reste un souvenir de la saison de travail de l’année dernière. C’est une bouteille de vin presque vide de marque Le régal du douanier. Elle dégouline du suif figé de la bougie au trois-quarts consumée qui la bouche. Bref, c’est l’hôtel Plazza mais en mieux. Et il a beau faire ici un peu moins froid qu’à l’extérieur, je ne voudrais pas y passer la nuit. Ça m’impressionne tellement que je dis à ma brune :— Dis donc Tina ? Même en été ils doivent avoir les noix qui gèlent quand ils dorment ici. Et il n’y a pas d’eau courante ! Tu imagines comme ça doit être dur pour les bergers de se laver au petit matin avec l’eau glacée du ruisseau d’à côté ?— Oui. Il paraît même que lorsqu’ils font l’amour, ils mettent des préservatifs en laine pour ne pas avoir froid.— C’est Kazoar qui a raconté cette histoire ? C’est bien son style, tiens !— Allez Rocco, viens me réchauffer. J’ai froid entre les cuisses.— Je savais bien que la visite des bâtiments agricoles, ce n’était pas dans ton genre. Tu avais déjà cette idée en tête avant de rentrer ?Elle enfonce la tête dans les épaules en jouant la timide et elle répond :Elle a dit ça en croisant les jambes pour les serrer entre elles. Sans doute parce que ses envies lui picorent déjà l’entrejambe. Tina me plaque contre elle et m’embrasse goulûment en enlevant son casque pour me donner sa tête. Elle sait que j’aime la caresser quand nous nous embrassons. J’enlève mes gants et je ne la déçois pas. Ses joues sont froides mais c’est mieux comme ça : elle doit trouver que mes mains sont chaudes et ça doit être agréable pour elle. Sans abandonner sa bouche, j’ouvre son blouson et je cherche l’entrée sous son sweat-shirt en polaire. Sa peau est chaude et je me demande si ce n’est pas le contact de cette matière douce directement sur sa peau qui a provoqué son désir. Quoi que, tout à l’heure, elle skiait à fond dans la grande combe. Ça aussi, ça a dû l’exciter. Pourtant, elle me repousse en ronchonnant :— Tes mains sont trop froides ! Trouve autre chose de plus chaud.— De plus chaud ? De bien au chaud ?— Oui ! Et dépêche-toi, les autres vont se réveiller.Elle est vraiment incorrigible. Je rumine intérieurement : Toujours l’urgence… Je n’ai pas de fantasmes d’amour au grand air ! Surtout par ces températures glaciales. Ça va encore être épique. Comme cet été, dans le dortoir du refuge. Alors, comment faire ? Sur le lit de fakir ? Adossés au mur sale ? La fenêtre ! Bien sûr ! Ravi d’avoir trouvé une solution, je lui demande en souriant :— Viens ici et appuie-toi sur le rebord de la fenêtre comme si tu regardais dehors.Elle a un regard interrogateur mais elle s’exécute. Elle approche et se penche en avant pour poser les coudes sur l’appui de fenêtre. Cela m’offre tout l’arrière de son corps dans une position très intéressante. Je ne peux pas m’empêcher de dire :— C’est parfait comme ça ! Tu es presque dans ma position préférée. Madame est servie !— Mais pour l’instant, Madame ne sent rien…Pendant que je baisse nos pantalons, Tina me lance des regards aguicheurs par-dessus son épaule. Je n’ai donc aucun scrupule à plaquer ses fesses contre mon ventre en agrippant ses hanches sans aucun autre préliminaire. Je commence par nous frotter l’un contre l’autre pour nous réchauffer. Pour m’exciter, je masse ses seins pendant quelques instants, mais je sens que tout ça n’est pas très érotique. Elle demande alors :— Dégrafe mon soutien-gorge. Je ne peux pas le faire avec mes gants.Je comprends bien que mon affamée en veuille plus. Pour lui faire plaisir, je dégrafe son soutien-gorge du bout des doigts en évitant leur contact glacial sur sa peau. Puis je dégage ses petits seins des bonnets. Mais elle replace précipitamment son sweat-shirt en me bousculant. Il fait malheureusement trop froid pour qu’elle puisse supporter tout de suite mes mains mâles sur ses rondeurs femelles. Surtout qu’avec ce froid, elles doivent être encore plus fermes que d’habitude. Cette idée m’émoustille. Alors j’agrippe sa polaire sous les aisselles et je tire sur le tissu pour qu’il glisse sur le bout de ses seins. Ce contact doux comme une main d’ange doit lui plaire car elle ondule des épaules. Je suis même pratiquement sûr qu’elle l’apprécie maintenant que je vois naître la forme de ses mamelons à la surface de l’étoffe. Ça me fait sourire car je suis toujours étonné de la gentillesse avec laquelle Tina accepte mes initiatives quand il s’agit de lui donner du plaisir.En régalant sa nuque du bout de ma langue, j’ajuste les paumes 85B de mes mains sur ses seins et Tina avance son buste vers elles pour parfaire cette étreinte étroite. La polaire est magique. Elle donne un moelleux incroyable à ces emblèmes de femme qui s’alourdissent tendrement en remplissant mes mains. Je les parfais en les pressant un peu pour les faire saillir et j’en pince les pointes dans mes doigts pour les raffermir encore plus. Même si c’est macho, j’adore faire ça. J’aime croire que Tina le souhaite. En tout cas, ça a l’air de l’exciter au-delà de mes espérances. Elle roule les épaules et elle presse son petit cul encore plus fort au creux de mon ventre. Ses grognements suraigus m’électrisent de frissons qui m’enveloppent toute la tête. Maintenant, l’atmosphère est surchauffée et j’ai l’impression que c’est ce qui commence à faire fondre les étoiles de glace brillante qui couvrent les vitres de la fenêtre ouverte. Mais c’est seulement le soleil qui les réchauffe.Je glisse mes mains sur les flancs de Tina jusqu’à ses hanches et je ralentis mon déhanchement pour l’accorder au sien. J’aime cette position de levrette tendre. Même si ici c’est un peu extrémiste, avec des chaussures de ski aux pieds et le froid qui nous mord. Je roule du pubis et elle répond en se cambrant. À leur chaleur, je devine les lèvres gonflées de son sexe contre mon ventre. Je ne sais pas ce qu’elle se projette mentalement comme DVD mais l’acteur doit être performant, car je sens que mon ventre est humide et que ce n’est pas de la transpiration qui le mouille.Même si je pelote tout le haut de son corps avec délice, c’est quand même un peu juste de caresser ses seins et ses épaules à travers des vêtements. Je suis même un peu frustré, car c’est terrible d’avoir les doigts trop froids pour pouvoir les poser sur sa télécommande à plaisir. Celle qui n’a qu’un bouton, caché tout en haut de son sexe. Ça doit manquer aussi à Tina : elle adore que je joue avec son clito.Maintenant, j’ai vraiment envie d’elle. Alors je suce mes doigts pour les réchauffer mais ce n’est pas la peine : elle est déjà si chaude entre les jambes, là où je touche ses belles lèvres charnues. Je frôle avec délice ce qui ferme si joliment l’entrée de son sexe. J’aime tellement son sexe qu’il me donne parfois envie d’être une femme. Je voudrais un jour ressentir le plaisir d’être pénétré comme elle. Pour savoir. Pour apprendre à recevoir et non plus à donner. Je glisse le bout de mes doigts sur la ligne qui joint ses petites lèvres délicates comme pour leur demander de s’ouvrir et je rêve de leur douceur intérieure, celle que l’on ne peut pas voir mais qui fascine tous les hommes.Elle met fin à ce rêve en tirant sur ma main droite. Elle en suce l’index, l’aspire, le masturbe comme si c’était une bite de star du porno. Elle n’est pas assez chaude pour s’auto-provoquer à ce point avec cette fellation de doigt ? Non. Elle est seulement jalouse de mon majeur et de mon annulaire qui maintenant remuent dans son vagin.Je sens qu’elle frissonne. Pour la réchauffer, je la blottis de nouveau au creux de mon ventre. J’en profite pour attraper le lobe de son oreille du bout des dents. Est-ce bien raisonnable ? Ses roulements de tête et d’échine prouvent tout le contraire. En représailles, elle attrape ma main gauche et me force à pétrir son sein. Elle feule en se torturant avec nos doigts mêlés comme des complices de ses envies, de son plaisir, de sa beauté, de ses cris, de son… Enfin, de tout ce que j’aime quand elle est dans mes bras. Mon désir commence à prendre forme, la forme d’un pénis gonflé de mon sang et de mes envies d’elle. Je remonte mon pubis contre sa fente et ce que j’attendais se produit : elle tourne à nouveau la tête vers moi, elle me regarde en souriant et je sens le contact de son gant qui presse nos sexes presque l’un dans l’autre. Sa vulve moelleuse fond comme de la neige au soleil et nous régale de ce frotte-minou qui mélange sa chaleur et ma fraîcheur. Je sens battre son coeur dans ma main qui enveloppe son cou. Il m’encourage à profiter d’elle et de ses désirs. De ma main libre, je caresse tout son ventre pour contrôler sa respiration ample. Je la soûle d’air frais comme si je voulais la soûler de désirs.J’ai froid maintenant. Alors je réchauffe mon gland en le glissant un peu plus entre ses lèvres trempées. Elle n’attendait que cela. Dans un râle qui résonne jusqu’au fond de son ventre, elle force son sexe glouton à m’avaler inexorablement. Ma verge glacée, enfin serrée dans son fourreau brûlant, fond en gonflant complètement. Elle attise maintenant son four de sa respiration haletante. Elle m’excite tellement que je remue ses entrailles en rêvant de sentir les remous de ma queue qui la fouille dans ma main qui caresse son ventre.Je crois qu’elle devient folle. Elle récite à présent la bande son de son film porno en gémissant de plus en plus fort :— Vas-y. Encore ! Elle est bonne ta bite. Oh, oui. Encore Rocco ! Plus loin ! Bien plus loin. Tout au fond ! Oui, fort dans ma chatte !J’ai l’impression que dans son hystérie de baise elle glapit comme une renarde. Elle m’affole ! Je veux jouer dans son film. Je veux claquer ses fesses et hurler des trucs de salopard. Mais je ne sais pas, je ne peux pas faire ça ! Elle commet alors l’irréparable : elle serre les cuisses. Elle sait que cette surpression précipite les choses. Alors je lui dis oui : je mets mes mains partout ! J’agrippe ses seins. Je fourre un doigt dans sa bouche et je relève sa tête en enveloppant de ma main tout son cou, toutes ses joues comme si je voulais lui fermer la bouche. Comme si je ne pouvais plus supporter d’entendre ses cris de baiseuse surexcitée. Mais ses cris étouffés m’affolent encore plus ! Je la remue, je la ballotte ! Et je claque enfin ses fesses. Je griffe son ventre en lui demandant :— T’aimes ça ? C’est ça. T’aimes ça ! T’aimes m’exciter, ma cochonne ? Dis-moi que tu aimes être ma belle salope.— Oh ! Oui j’aime ça. Attrape mon cul et baise-moi bien. Encore. J’en veux !Et j’enfonce une phalange dans son petit trou pour qu’elle crie plus fort. Encore, oui, encore, comme elle dit si bien pour m’affoler. Je la lime, Je fourre son sexe comme un baiseur de foire, oui. À couilles rabattues, en tirant sur ses bras pour la plaquer contre moi, pour qu’elle sente jusqu’en haut de son corps, jusque dans ses épaules et dans sa nuque étirée, combien j’ai envie d’être complètement en elle et pour elle. Je la prends à grands coups de « Tu la sens ? » De « Ma chienne ! Ta chatte ! Je te prends, ma toute belle. Je t’empale, je vais jouir ! » Et je reprends ses hanches à pleines mains pour me donner tout entier en explosant en elle, en lui offrant tout mon foutre, le ventre collé à ses fesses de toute la pression qui cogne dans mes couilles et de toute la puissance de mes bras qui enserrent tout son corps. Je hurle à chaque giclée, à chaque secousse qui m’unit un peu plus à elle jusqu’à l’épuisement. Jusqu’à sentir dans mes testicules asséchés cette douleur délicieuse qui annonce que je lui ai tout donné.Je tremble encore, les bras agrippés à ses épaules et mes hanches soudées à ses fesses, en ayant presque le remord de ne pas lui en avoir donné assez ou plutôt, de ne pas l’avoir remplie autant qu’elle le désirait.Un coup de vent glacial me ramène à la réalité. Mais pas elle, car elle murmure encore ses fantasmes d’adorable et de toute tendre salope en continuant à exciter son bas-ventre avec sa main gantée. Elle tremble aussi. Doucement, je caresse son dos. Tina tourne la tête et me regarde en souriant silencieusement. Elle ondule encore lentement. Mais c’est maintenant pour profiter de ma douceur en elle. Comme si ce que je venais de lui donner rafraîchissait enfin son sexe surchauffé. Je sens qu’elle peut enfin me répondre :— Ça va, Tina ?— Oui, ça va aller. Mais quand même, tu y es allé un peu fort. Je sens des brûlures sur mon ventre, juste au-dessus de ma chatte.— Oh ! Excuse-moi. Je croyais que cela te plairait que je griffe un peu ton mont. Je l’aime, ton petit mont de Vénus. Et d’habitude tu aimes bien ça. Mais comme tu dis, j’ai dû exagérer. Je te demande pardon, Tina.— Ça ne fait rien, le reste m’a bien plu. Merci.— Dis donc, c’est moi qui dois dire merci. Ce n’est pas toi qui as joui !— Qu’est-ce que tu en sais ?Voilà qu’elle éternue. Ce qui finit de nous réveiller. Bon Dieu ! C’est vrai qu’il fait froid : nos cuisses sont violettes ! J’essaye de couvrir son corps tant bien que mal et ça l’amuse que je la rhabille en hâte. Elle se laisse faire en gloussant encore avec un large sourire et des yeux pétillants d’envies. Elle prend même une pose provocante, quand j’agrafe son soutien-gorge : elle rejette les épaules en arrière pour présenter ses seins comme si elle avait encore envie que je joue avec eux. Nous n’avons plus le temps pour le deuxième service. Et puis faire l’amour une seule fois dans un froid de congélateur suffit amplement. Je ne veux pas nous soigner ce soir à coup de grogs ou de vin chaud pour éviter la grippe !Il est vraiment approximatif, ce rhabillage express. Elle arrangera mieux sa tenue tout à l’heure. Je rajuste mes vêtements tout aussi vaguement en pensant que ce n’est pas le miroir crasseux pendu à côté de la fenêtre qui va nous permettre de refaire nos coiffures correctement. Bah ! Les copains ne verront rien avec nos casques.En refermant les volets, je jette un coup d’oeil circulaire pour vérifier que nous n’avons rien oublié. Non, rien. Ou si peu : il ne reste de notre passage que des traces de pas sur le sol gelé et une petite tâche blanche à mes pieds, juste devant la fenêtre. Je la distingue à peine car elle est en train de disparaître, pétrifiée dans le combat de sa chaleur et du froid du givre cotonneux qui couvre la dalle de ciment.Quand nous revenons au soleil, nous retrouvons Nicolas, qui discute avec Kazoar :— Pourquoi t’appellent-ils tous Kazoar, tes collègues ?— Il paraît que je leur casse les oreilles comme cet oiseau-là , avec mes blagues à deux balles.— Tiens, vous revoilà . Alors ? Ça valait le coup de visiter les lieux ?Je devine aux sourires amusés de l’assistance que le son du lecteur de DVD devait être réglé un peu trop fort. Et d’où viennent-ils Zébulon et Ice-Shaker ? Ils ont entre eux des sourires plus que coquins. Il y avait sûrement une autre pièce dans la bergerie et ils en ont profité comme nous. Je n’ai pas le temps d’aller le vérifier car Nicolas sonne le rassemblement :— Maintenant que tout le monde s’est fait plais… Enfin, que tout le monde est reposé, on peut continuer la balade. Il suffit de tirer un coup tout droit dans la pente de cette clairière large pour rejoindre une route forestière qui n’est pas déneigée. Elle nous ramène directement au premier bar de la station. Le dernier en bas paye la tournée générale !Le rire de Lebreton, que j’entends dans mon dos, attire mon regard vers Tina. Elle aussi me regarde du coin de l’oeil en pouffant de rire. C’est parti ! Il est inutile de le préciser, mais c’est bien sûr Fons-Alfonse qui part la première dans cette neige qu’on croirait damée par le soleil. Elle est suivie de près par Tina qui en profite pour me doubler en position de débutante avec un sourire de farceuse jusqu’aux oreilles. Je pense qu’on ne va pas pleurer pendant ce retour à la civilisation. En plus, ça va encore être usant. Quelle vie de galériens !Demain matin, nous nous réveillerons tous fatigués puisque cette nuit, en rêve, nous allons tous enchaîner cette descente mémorable une deuxième fois.RsR