Après concours, je venais d’être nommĂ© intendant dans un collège de province du cĂ´tĂ© d’AngoulĂŞme. Avec cette nomination, m’était accordĂ© un logement de fonction qui me permit de mettre de la distance avec ma vie de couple qui ne me satisfaisait plus guère. Ă€ jeun sexuellement depuis un certain temps, il me fallait retrouver une partenaire avec qui vivre de bons moments.Un soir de solitude, je m’étais inscrit sur un site de rencontre et après avoir fouillĂ© parmi les nombreuses fiches, j’en retins une avec cette prĂ©sentation : « Blonde mince et Ă©lĂ©gante, bon niveau social et culturel, cherche compagnon de mĂŞme niveau. »Ayant gardĂ© au cĹ“ur mes valeurs familiales prolĂ©tariennes, je ne pus m’empĂŞcher de lui rĂ©pondre :Vous cherchez quelqu’un de beau de riche et d’intelligent ? Louise, me voilà  ! LĂ©o, pour vous servir et tenter de vous plaire… Beau ? Si les Ĺ“uvres d’art ne sont faites que d’imperfections, notamment en peinture, alors je crois que l’on peut dire que je suis un chef-d’œuvre ! Intelligent ? Oui, par nature : je n’y suis pour rien car je suis d’origine belge (je me soigne – mais en vain, depuis bien longtemps…) et suis l’œuvre d’un retour de Lourdes. Un miracle ? Une catastrophe pourrait dire certaines. Au point de vue « neurones », je ne suis pas un cheval de course, plutĂ´t un âne, mais au contraire de mon congĂ©nère, sachez que l’âne peut passer dans des endroits escarpĂ©s et gravir la montagne. Quant Ă la richesse, j’ai accumulĂ© les strates de l’expĂ©rience de la vie et demain, je pourrais peut-ĂŞtre ajouter que je suis riche de vous… Votre profil me plaĂ®t beaucoup et j’aimerais vous connaĂ®tre un peu mieux, mais pour ce faire, je ne crois pas que les messages soient le plus appropriĂ© alors, d’une façon peut-ĂŞtre abrupte mais qui ne vous engage en rien, je vous propose de me tĂ©lĂ©phoner au 06 … pour papoter en toute simplicitĂ© le temps qu’il vous plaira.Message qui reçut comme rĂ©ponse :MDR : Un grand Ă©clat de rire !Mon tĂ©lĂ©phone resta silencieux les longs jours suivants avant de se manifester un soir tard, trois heures avant minuit.— Bonsoir, c’est Louise. Je ne vous dĂ©range pas ?— Que non ! J’attendais votre appel avec impatience !S’ensuivit une longue conversation durant laquelle nous avons parlĂ© de tout, surtout d’elle, car je m’étais bien gardĂ© de ne dĂ©voiler aucun dĂ©tail qui aurait pu me faire repĂ©rer. Rien, si ce ne n’était mes qualitĂ©s et ce petit plus qui permit de faire Ă©merger chez la femme une pointe d’admiration : Ă savoir le fait d’élever seul mes deux enfants tout en assurant une vie professionnelle intense. Je le fis avec la voix radiophonique grave et chaleureuse que mon entourage me reconnaissait. Je sentais bien qu’il nous Ă©tait difficile de mettre fin Ă la conversation mais qu’il le fallait pour permettre le lendemain un lever gaillard. Nous le fĂ®mes en nous promettant de nous appeler le lendemain après le repas du soir. Mais avant de m’endormir, j’ouvris mon PC pour lui adresser ce petit message :Il se fait tard. Je m’approche de votre lit Ă pas de velours, soulève dĂ©licatement le drap qui vous couvre, Ă©carte encore plus dĂ©licatement la bretelle de votre chemise de nuit et y dĂ©pose du bout des lèvres au creux de votre cou un petit baiser « Bonne Nuit » puis remets doucement la bretelle avant de m’en aller dans la nuit…Qui reçut le lendemain matin Ă l’heure de mon petit-dĂ©jeuner sa rĂ©ponse.Il est 8 heures. Vous n’êtes peut-ĂŞtre pas encore levĂ©. Alors j’ouvre ma fenĂŞtre, je forme dans le creux de ma main un petit Baiser RĂ©veil, je le confie au vent, je vous l’envoie. Il cognera bientĂ´t Ă votre fenĂŞtre, ouvrez-lui très vite, il a froid, il est gelé ! posez-le sur votre poitrail pour le rĂ©chauffer et laissez-le vagabonder.Le soir après une journĂ©e Ă©reintante, je m’empressai de prendre rapidement une douche et mon repas et de m’installer dans ma zone de confort : un fauteuil profond et moelleux. Ă€ l’heure qui m’est apparue correcte, je lui envoyais un texto :Madame est-elle disponible ?Louise rĂ©pondit : Madame vous attend impatiemment.Je composai son numĂ©ro :— Bonsoir, Louise, comment allez-vous ?— Très bien. J’ai pensĂ© Ă vous toute la journĂ©e qui me fut donc Ă la fois longue et dĂ©licieuse.Je lui posais moult questions mais avec beaucoup de dĂ©licatesse.Elle me dĂ©livra de nombreux dĂ©tails sur ses apprĂ©hensions, ses peurs, ses joies, son stress. Progressivement, la conversation glissa sur son intimitĂ©Â : sa famille, son environnement. Elle dĂ©voila mĂŞme, sans bien s’en rendre compte, le prĂ©nom de ses collègues, le lieu de son travail alors que moi-mĂŞme restais très vague Ă la fois sur mon travail, Ă la fois sur mon intimité !Je choisis cet instant pour m’excuser de m’absenter deux minutes, le temps de me verser un petit whisky pour fĂŞter cet heureux Ă©vĂ©nement tout en regrettant de ne pas pouvoir partager cette joie avec elle.— Mais ! je vais trinquer avec vous ! Pourquoi m’en priverais-je ? C’est l’occasion de dĂ©boucher cette liqueur de Savoie qu’une amie m’a offerte au Nouvel An. J’y vais de ce pas !— Tchin, Leo !— Tchin, Louise !— C’est drĂ´lement dĂ©licieux ce truc !— Alors, prenez-en un second verre ! Le plaisir nĂ©cessite quelquefois qu’il se dĂ©guste dans l’instant !— C’est drĂ´lement bon ! Mais j’ai l’impression que ce plaisir m’envoie dans les nuages !Je l’amenais peu Ă peu Ă me faire dĂ©crire son appartement. Je dĂ©couvris ainsi, de par sa dĂ©coration, un peu mieux la personne avec laquelle je correspondais. Quand la description arriva Ă la chambre, Ă son dressing, je pris beaucoup de plaisir Ă la faire me dĂ©tailler ses vĂŞtements, ses sous-vĂŞtements, leur couleur, leur texture, leur forme.Le ton de notre conversation baissa alors d’un cran, s’ajustant Ă un niveau plus confidentiel, voire mĂŞme empreint de sensualitĂ©. Quand je lui demandais la qualitĂ© du tissu de tel ou tel tee-shirt, s’ensuivait un lĂ©ger silence, le temps probablement pour elle de l’apprĂ©cier en le caressant avant de me rĂ©pondre. Je profitais de ce relâchement amenĂ© par cette petite liqueur de Savoie qui semblait faire son effet pour lui demander sa taille et dĂ©tailler son profil. Elle ouvrit le tiroir des sous-vĂŞtements. Elle me demanda mes goĂ»ts. Je lui avouai que j’avais horreur des soutiens-gorge « push up » mais que par contre j’aimais beaucoup les soutiens-gorge lĂ©gers, en dentelle, doux au toucher laissant poindre au travers de la dentelle ou du tissu l’arĂ©ole des seins. J’ajoutai que je ne supportais pas les strings rosbif mais prĂ©fĂ©rais les culottes enveloppĂ©es et fines soulignant la pleine forme du bassin de la femme mis en valeur par exemple dans ces peintures flamandes…— Je crois que nous partageons les mĂŞmes goĂ»ts, LĂ©o !— J’en suis vraiment très heureux, Louise. Pour tout vous avouer, j’aime que la femme s’arrange pour faire dĂ©couvrir Ă un Ĺ“il intĂ©ressĂ©, gourmand, ce dĂ©but de gorge enrobĂ© de dentelle ; qu’elle tente de s’arranger pour laisser par inadvertance un ou deux boutons de chemisier s’ouvrir avant de se pencher pour se saisir d’un quelconque objet, de choisir le rayon du soleil adĂ©quat qui lui permet de faire deviner au travers de la fine robe ou jupe, ce cul si joliment enrobĂ© comme une sculpture de Christo. Je sais que je vous choque, Louise, mais seul notre incognito me permet de rĂ©vĂ©ler ce fantasme que je rougirais d’avouer si je vous connaissais de visu. Je vous prie de me pardonner cette sortie libidineuse que vous mettrez sur le compte de ce petit whisky si… Et que vous pouvez Ă©galement mettre sur le compte de cet Ă©rotisme que vous dĂ©gagez par votre voix, le timbre avec lequel vous l’utilisez et le choix des mots. Pour conclure, je dirais que c’est de votre faute, Louise !— (Grand Ă©clat de rire !) Vous ne manquez pas de culot ! Mais j’adore car votre fantasme rejoint le mien et si je possède ce genre de sous-vĂŞtements dans mon tiroir, c’est bien pour qu’il intime Ă mon corps l’ordre d’attirer le regard de l’homme !— Comment ĂŞtes-vous habillĂ©e ce soir ?— Chemise de nuit de soie mi-cuisses, rien dessous ! Mais je peux m’habiller d’un ensemble assorti Ă cette chemise de nuit : Ă savoir un soutien-gorge balconnet noir bordĂ© d’un petit liserĂ© en dentelle jaune poussin. Mais sachez que jamais je n’accepterai de me montrer en vidĂ©o avant notre première rencontre.— Vous me feriez ce plaisir, Louise ?— Volontiers ! VoilĂ , c’est fait ! Soutien-Gorge Ă corbeille de chez Aubade. C’est mon prĂ©fĂ©rĂ©. Il Ă©pouse parfaitement ma poitrine tout en laissant son galbe apparent : toute une plage Ă caresser ! Quant au bas : une culotte en soie, très douce au toucher. Vous en seriez Ă©tonné !— Wouah ! Quel effet vous me faites ! Les lentes et lourdes pulsations du dĂ©sir montent en moi : mon appareil reproducteur est prĂŞt Ă fonctionner. Je le sens dĂ©jĂ cabrioler dans mon pantalon de jogging. — LĂ©o ?— Oui Louise…— Je deviens « toute chose », LĂ©o…— Louise, j’aimerais que vous vous caressiez ! J’imagine vos doigts fins Ă©carter les pans de cette chemise de nuit, baguenauder sur cette culotte si fine, dessiner sur votre bas ventre des cercles concentriques qui s’élargissent en crĂ©ant au travers de ce tissu des ondes de plaisir comme les ondes qui s’élargissent Ă la surface de l’eau lors d’un jet de caillou. Je les imagine s’aventurant dĂ©licatement avec une lĂ©gère hĂ©sitation le long des aines de vos cuisses, l’annulaire et l’index dĂ©cidant d’accompagner le majeur dans cette promenade a priori dĂ©licieuse, allants et venants dĂ©licatement, y revenant mĂŞme avec un peu plus de conviction laissant la paume de la main frĂ´ler cette petite culotte de soie. Cette balade au clair de lune commençant pas crĂ©er sous ce tissu un Ă©veil de plaisir, une ouverture vers l’intime, provoquant alors un frĂ©missement de la peau se concrĂ©tisant en apparition de chair de poule…Je crus entendre un lĂ©ger gĂ©missement presque imperceptible, je compris alors que Louise se « lâchait ». Je lui susurrais alors : — Louise, je vous accompagne… Et j’exfiltrais alors mon membre turgescent gorgĂ© d’envie, saoul de dĂ©sir, et tout en grognant de plaisir, l’enduisis d’une salive qui lui permit de s’exprimer entre mes doigts et de montrer son impatience en projetant son milliard de sans-papiers sur mon Nike tout neuf !— Leo, qu’avons-nous fait ?— Nous nous sommes simplement donnĂ© du plaisir, Louise !— Cela fait du bien. J’étais tellement en manque ! Et surtout, cela calme mon stress pour la rentrĂ©e de demain.— La rentrĂ©e ?— Oui, d’abord celle des professeurs Ă 14 h.— Alors bonne rentrĂ©e Louise.— Merci Leo. Quand accepteriez-vous que l’on se rencontre ou au moins que nous Ă©changions nos photos ? je crains fort « qu’attendre » nous laisse crĂ©er dans notre esprit un fantasme visuel qui serait déçu Ă la confrontation de notre première rencontre— BientĂ´t Louise, je vous le promets !Elle ignorait bien sĂ»r totalement que je l’avais positionnĂ©e, cĂ´toyĂ©e au cours d’une rĂ©union administrative au Rectorat. Elle habitait Ă 15 km seulement, Ă©tait Proviseure.Le lendemain matin, je me prĂ©cipitais sur mon PC pour commander en ligne un Ă©norme bouquet de roses Ă livrer Ă son lycĂ©e Ă 14 h prĂ©cises avec ce message : Bonne rentrĂ©e. SignĂ©Â : LĂ©o qui, peut-ĂŞtre, sera prĂ©sent lors de cette rĂ©union de rentrĂ©e ?Je rejetais inconsciemment et moralement cette dĂ©marche qui me semblait perverse, mĂ©chante et malsaine. Mais d’un autre cĂ´tĂ©, je pressentais peut-ĂŞtre Ă tort que mon rang hiĂ©rarchique, mon profil m’interdirait d’entrer dans cette relation, que cette superbe Proviseure m’était inaccessible et donc, par cet acte malsain, je me vengeais de cette inaccessibilitĂ©. Je savais qu’à cet instant « Tout » s’arrĂŞtait. J’eus quand mĂŞme le sourire en l’imaginant recevoir ce bouquet, dĂ©cacheter avec impatience le pli agrafĂ© et prendre connaissance avec effroi de ces mots « qui sera peut-ĂŞtre prĂ©sent lors de cette rĂ©union ». Je l’imaginais scruter les visages de ces messieurs, essayer de dĂ©crypter qui un sourire, qui un clignement des yeux, qui une attitude particulière. Je l’imaginais aussi rĂ©primander un haut-le-cĹ“ur en pensant que c’était peut-ĂŞtre, lĂ devant, ce professeur de mathĂ©matiques exhibant une bedaine couverte d’un polo tachĂ© ou ce petit enseignant de physique freluquet vindicatif l’auteur de ce message. Elle essayait probablement de trier les voix dans sa tĂŞte, de se remĂ©morer la voix de ces professeurs suspectĂ©s qui se taisaient sur le moment, de faire parler ces nouveaux qui dĂ©barquaient. Tout cela pour dĂ©masquer LĂ©o. Je l’imaginais enfin troublĂ©e dans cette rentrĂ©e, accumulant les erreurs, torturĂ©e en pensant Ă ces conversations tĂ©lĂ©phoniques, Ă tous ces aveux auxquels elle s’était prĂŞtĂ©e. En Ă©change de quoi ? Car elle ignorait tout de lui, vraiment tout. Peut-ĂŞtre mĂŞme avait-il enregistrĂ© leurs conversations ? « Quelle idiote je suis », devait-elle se dire !Ă€ 15 h, mon tĂ©lĂ©phone mis sur silencieux bipa. Je ne rĂ©pondis pas mais pris connaissance du message laissĂ© sur le rĂ©pondeur.C’est mĂ©chant ce que vous venez de faire ! Odieux ! Je vous somme de vous dĂ©voiler ! je ne mĂ©rite pas cela ! Pourquoi ? Mais Pourquoi ?S’ensuivait un sanglot. Ce sanglot m’émut jusqu’aux tripes. Je me rĂ©solus de rĂ©tropĂ©daler immĂ©diatement en lui envoyant ce message.Henri Martin, intendant du lycĂ©e Jean Zay Ă AngoulĂŞme… Rassurez-vous, je ne vous harcèlerai pas et ne tenterai pas de vous recontacter malgrĂ© les moments dĂ©licieux passĂ©s en votre compagnie. Je n’ai gardĂ© aucune trace de vos messages. Je vous souhaite une bonne rentrĂ©e. LĂ©oEn fin d’après-midi, un nouveau message :Bonsoir LĂ©o. Mon cĹ“ur est partagĂ© entre la colère la plus noire de savoir que vous vous ĂŞtes moquĂ© de moi et la presque satisfaction de savoir, qu’en rĂ©vĂ©lant votre identitĂ©, vous n’êtes pas tout Ă fait pervers… Quoique…J’ai besoin de vous rencontrer Ă la fois pour vous dĂ©livrer une gifle magistrale qui me soulagerait vraiment et Ă la fois pour clore dans ma tĂŞte dĂ©finitivement cet Ă©pisode en souhaitant que vous ne soyez qu’un petit mec moche, rabougri et sans envergure. Je m’en voudrais, en effet, que naisse en moi une sorte de regret et prĂ©fĂ©rerais mettre tout ceci sur le compte d’un mirage passager.Vous serez prĂ©sent ce soir au parking du pont de l’Auber Ă 21 h prĂ©cise. Ma voiture sera une CitroĂ«n C4 blanche. La torture que vous m’avez infligĂ©e m’autorise Ă vous prĂ©senter cette requĂŞte comme une exigence que la moralitĂ© de votre fonction vous obligera Ă satisfaire. LouiseQue faire ? Je connaissais son physique, elle ignorait le mien. Je la savais relativement grande, mince, la coiffure blonde, le visage ovale avec un petit nez en trompette et des lèvres fines, les yeux rieurs et le sourire frĂ©quent, la voix douce, la poitrine avantageuse.Je me donnais un physique relativement quelconque sans dĂ©faut particulier mais aussi sans grand Ă©clat pour un mètre 80 et 81 kg, des yeux verts. Les amis me prĂŞtaient plus de race que de classe mais surtout contrairement Ă celle que j’allais peut-ĂŞtre rencontrer, j’étais plus douĂ© pour me fondre dans la masse que pour les devoirs du « paraĂ®tre ». J’étais un solitaire, un marginal : un vrai ! Ă€ savoir celui que les instituts de sondage se place toujours dans les 1 ou 2 %, celui qui, sous des abords très classiques, se montre dans l’intimitĂ© très original dans ses pensĂ©es et exprime beaucoup d’humour. Par vengeance envers ce manque de confiance en moi qui me posait des problèmes depuis mon adolescence lors des passages Ă l’acte et par provocation envers ce qui m’apparaissait inaccessible Ă savoir l’amarrage d’une culture prolĂ©tarienne dont j’étais issu Ă un environnement de brillance et d’apparence. Je dĂ©cidai d’y aller et accusai rĂ©ception de son message avec ces mots : Advienne que pourra ! Vous dĂ©couvrirez ce soir, Ă 21 h prĂ©cises, celui qui pourrait peut-ĂŞtre avoir l’intention de vous attacher, dans un endroit sombre du parking, Ă un arbre, de vous y dĂ©nuder petit Ă petit, lentement mais pas complètement, en vous regardant droit dans les yeux et de vous y torturer de caresses inachevĂ©es, de baisers effleurĂ©s et s’évanouissant Ă leur chute, de vous torturer avec un brin d’herbe au liserĂ© de l’interdit, de dĂ©poser sur le tĂ©ton de votre sein droit cette petite coccinelle qui se promène Ă proximité… de parcourir votre corps Ă demi dĂ©nudĂ© de mon souffle lĂ©ger et de chevaucher avec les miennes vos lèvres frĂ©missantes pour enfin vous laisser lĂ , tremblante de dĂ©sir mais intacte dans la lumière tamisĂ©e de la lune et revenir quelques instants plus tard pour vous emboĂ®ter lentement.Après mon repas je pris une douche, enfilais une chemise jaune col mao dont l’échancrure laissait apparaĂ®tre un collier fin portant une plume sergent major en or et un jean tendance. Je pris Ă©galement Ă la volĂ©e, instinctivement et sans l’avoir prĂ©mĂ©ditĂ©, le cyclamen parme, couleur sensualitĂ©, que je venais d’acheter pour moi, le dĂ©posai dans un sac Ă provisions et me dirigeais vers la voiture.Dehors, le temps Ă©tait doux. ArrivĂ© au pont Auber, je cherchais en vain une C4 blanche, me garai en marche arrière pour avoir une vision sur les entrĂ©es et coupai le contact tout en laissant la lumière intĂ©rieure allumĂ©e pour me signaler.Ă€ 21 h, la voyant arriver, je sortis de la voiture avec mon sac et me dirigeai vers elle. Elle baissa sa vitre. Je me prĂ©sentai.Elle resta en silence.— Vous permettez que je m’assoie près de vous ? ĂŠtre giflĂ© en public m’humilierait ! Elle ouvrit la portière passagère.J’extirpai alors le cyclamen de son sac et le lui offris tout en me laissant chuter sur le siège.— L’heure tardive Ă laquelle vous m’avez convoquĂ© ne m’a pas permis de passer chez le fleuriste. Veuillez me pardonner le type de fleur choisi et surtout leur symbole qui, au contraire des roses par exemple, ne s’offre pas habituellement aux Dames d’un certain âge.— Ah bon ? me dit-elle, mais quel est donc ce symbole ? — Celui de la mĂ©nopause parce que… le Cycle ? … Amen !LĂ encore, l’inconscient volontaire m’avait fait pousser le bouchon un peu loin ! « Fuir le bonheur de peur que le bonheur ne te fuie », dit une chanson… Ce fut peut-ĂŞtre un appel Ă faire suivre la gifle qu’elle m’a promise par une seconde sur l’autre joue que j’attendais.Elle me scruta longuement. Son regard passa par tous les Ă©tats pour sembler s’attendrir vers la fin alors que commençait Ă se dessiner Ă la commissure de ses lèvres l’esquisse d’un sourire qui culbuta très vite en un grand Ă©clat de rire que j’accompagnai aussitĂ´t.— Vous n’êtes pas gonflé ! C’est la première fois qu’on ose me draguer de cette façon ! Elle Ă´ta dĂ©licatement mes lunettes avant de m’attribuer une gifle qui bien que n’étant pas blessante, me laissa un souvenir impĂ©rissable, puis, avec la mĂŞme main, agrippa le derrière de ma nuque pour rapprocher mon visage du sien et sans baisser les yeux, dĂ©posa sur mes lèvres ce petit baiser « quick » inoubliable. Tout en maintenant sa main sur ma nuque, son baiser glissa le long de mes lèvres devenues très accueillantes. Une envie irrĂ©sistible s’empara de tous mes sens m’intimant l’ordre immĂ©diat de l’éteindre en l’enlaçant tout en laissant mes lèvres vagabonder le long de son cou pour remonter en le mordillant le profil de sa mâchoire afin de revenir vers ses lèvres provocantes entre lesquelles, ma langue vint fureter avec l’assentiment de sa propriĂ©taire.Exhalait de son corps un parfum sucrĂ©, enivrant. Tout en laissant Ă notre baiser le soin de dĂ©crire sa chorĂ©graphie, ma main droite caressa son dos, se laissant guider par la bretelle de son soutien-gorge pour aller tâter en va-et-vient puis empaumer ce sein dont le tĂ©ton dur de fiertĂ© et d’envie voulait certainement dire : encore ! encore !— Aubade ? murmurai-je Ă son oreille.— D’après vous ? me rĂ©pondit-elle avant de se replonger dans la chorĂ©graphie tout en empoignant au travers de mon pantalon cette rigueur tĂ©moignant de la force de mon dĂ©sir.— Taille 5 de chez Éminence ? gloussa-t-elle au creux de mon oreille ? Cette remarque suivie d’un second Ă©clat de rire nous permit de reprendre nos esprits.— Vous n’avez pas fini d’expier votre perversitĂ©, Monsieur l’Intendant ! Suivez-moi jusque chez moi pour dĂ©couvrir la marque de nos lingeries respectives…