L’abriLe blizzard soufflait, projetant avec force des projectiles glacés sur leurs visages douloureux.Laure savait qu’ils étaient perdus.Plusieurs heures auparavant, elle s’était irritée de l’impatience de son mari devant son allure trop lente. Elle lui avait dit de la laisser tranquille et de rejoindre la tête du groupe. Elle-même était restée seule avec les derniers, un couple et un homme placide et massif, entre deux âges.Alors qu’ils approchaient du village, le ciel s’était assombri, les nuages noirs se regroupant à une vitesse redoutable, avant que la tempête arrive. En quelques minutes, les traces de piste qu’ils suivaient avaient disparu dans un monde de blancheur uniforme.Il faisait maintenant presque nuit. Laure suivait le couple, lorsqu’elle entendit l’homme qui fermait la marche crier quelque chose. Elle alerta ses autres compagnons, tous quatre se regroupèrent.Il leur montra une forme indistincte dans la neige, une minuscule cabane, un abri plutôt, avec un toit très bas, à moitié effondré sous le poids de la neige.Ils se concertèrent. Laure ne voulait pas rester là . L’abri était minuscule, sans aucun moyen de chauffage. L’homme insista. Comme isolant, la neige qui recouvrait tout serait cette fois leur alliée. Dans l’obscurité leurs chances de tomber au hasard sur le bon chemin étaient infimes. Leur état de fatigue emporta la décision, ils ne seraient pas capable de rester en mouvement jusqu’au matin.L’homme déchaussa, secoua la neige sur lui, puis se glissa tant bien que mal par l’ouverture trop étroite pour lui. De son sac, il sortit une couverture de survie, une fine toile métallisée, dont il recouvrit le sol.A son tour Laure déchaussa, enleva autant de neige que possible de ses vêtements et le suivit, elle-même suivie par le couple, la femme en premier.A grand peine, gênés dans leur mouvement par le manque d’espace, l’obscurité maintenant presque complète et leurs mains glacées, ils rassemblèrent leurs sacs et obturèrent complètement l’entrée étroite.Ils ne pouvaient plus guère bouger, devant rester pratiquement allongés sur la couverture, côte à côte, dans l’ordre dans lequel ils étaient rentrés dans l’abri. Au milieu, le toit incurvé descendait dangereusement sous le poids de la neige, laissant peu de hauteur.Au prix de contorsions supplémentaires pour fouiller leurs sacs et leurs poches dans l’obscurité, ils partagèrent leurs maigres provisions, un bidon d’eau, quelques biscuits, des barres énergétiques. Laure dut enlever ses gants, et durant le partage fut surprise de sentir les mains chaudes de l’homme, s’y attardant un moment. Seul parmi eux quatre, il ne semblait pas avoir froid.L’homme suggéra qu’ils enlèvent leurs vestes et les partagent, en construisant ainsi une seule grande couverture, les éléments étant reliés tant bien que mal par quelques boutons. Laure s’exécuta à grand peine et participa à la construction malgré ses doigts rigides, coincée entre ses deux voisins.Ils se serrèrent, tous sur le côté, la femme tournée vers son mari, Laure se serrant à son tour contre son dos, contente de ne pas être sur un bord, avec la sensation un peu embarrassante du contact de leur sauveur, derrière elle. Il n’était pas temps d’être regardante sur la promiscuité, seule la chaleur comptait. Peu de temps après, Laure perçut une onglée dans ses doigts et ses pieds. La chaleur revenait dans ses extrémités, c’était bon signe.L’homme avait eu raison, leur abri était bien isolé par la masse de neige, alors que la couverture les préservait de l’humidité du sol.Laure pensa qu’ils allaient peut-être survivre jusqu’au matin, finalement.Laure et le couple parlèrent un moment, tout d’abord épiloguant sur l’inquiétude de leurs proches, l’envoi d’hypothétiques secours. Puis ils discutèrent de tout et de rien, de vieux souvenirs de camping, riant à quelque plaisanterie. Qui était le scout qui avait aussi mal monté le toit de leur tente, bien trop bas? Derrière Laure, l’homme parlait peu, et à un moment Laure comprit à sa respiration devenu régulière qu’il s’était endormi.Tous se turent, puis essayèrent de s’endormir à leur tour. Au début le bruit des arbres furieusement agités par le vent gêna Laure. Mais elle était fatiguée, elle avait maintenant chaud, et se sentait en sécurité à défaut d’être à l’aise, avec derrière elle la chaleur rassurante.Elle se demanda encore ce que son mari allait penser. Il passait probablement une très mauvaise nuit, sans pouvoir savoir qu’elle n’était pas en train d’errer dans la tempête. Après tout, cela lui servirait de leçon. S’il voulait l’entraîner dans ce genre d’aventure, il n’avait qu’à rester avec elle. Avant de s’endormir, une de ses dernières pensées fût que s’il avait été là , elle ne voyait pas bien comment il aurait pu tenir dans l’abri déjà bien rempli par eux quatre. Il n’y avait pas sa place….….Lorsque Laure se réveilla, il faisait toujours nuit, le noir était total. Le silence la frappa – le vent s’était finalement calmé.Puis un bruit l’intrigua, à la fois familier et saugrenu dans cet environnement.Elle réalisa qu’elle n’était plus au contact de la femme. Elle avança une main, avec précaution – et se figea, au contact bien identifiable d’une peau nue et chaude.Elle retira précipitamment sa main, resta immobile quelques minutes.Tout était silencieux.Puis le bruit reprit, un souffle, le froissement de la toile métallisée de la couverture, et Laure comprit. Le couple à côté d’elle était en train, le plus discrètement possible, de faire l’amour… Sans doute la femme avait-elle réussi l’exploit de baisser le strict nécessaire parmi ses vêtements, malgré le manque de place.Laure resta figée et totalement silencieuse. Il en était de même de l’homme dans son dos, mais Laure n’entendait pas sa respiration pourtant toute proche. Il devait aussi être réveillé, et avait lui aussi pris le parti de faire le mort.Lorsque les amants ne parvinrent plus à limiter l’ampleur de leurs mouvements, la hanche nue de la femme commença à venir rythmiquement au contact de sa propre cuisse. Laure fut terriblement troublée par ce contact. Elle tenta de se reculer, mais fut arrêtée par la sensation très ferme d’une autre anatomie – elle n’eut soudain plus aucun doute sur le fait que son compagnon était également réveillé, et partageait son trouble.Lorsque le couple en eut fini après un dernier soupir, il y eut quelques chuchotements indistincts, des reptations délicates pendant qu’ils se rajustaient.Le silence revenu, Laure ne parvint plus à dormir. Elle pensa qu’elle allait rester réveillée jusqu’au matin, et en voulut au couple de l’avoir mise dans cet état… et aussi à son propre mari, qui n’était pas là .A tous petits gestes, Laure défit un bouton, puis deux, puis glissa une main sous son pantalon.Elle commença à se caresser, sans faire de bruit. Par chance la femme était restée étroitement serrée contre son mari, et lui laissait un peu de place.Au bout d’un moment elle devint consciente que sa propre respiration n’était plus aussi silencieuse qu’elle l’aurait souhaitée. Elle réalisa aussi que le contact de l’homme, derrière elle, avait repris la fermeté qu’il avait eue en entendant le couple. Elle en fut troublée, mais elle n’allait pas s’arrêter si près du plaisir. L’homme avait montré qu’il savait être discret, il se rendormirait après.Puis elle se figea… Une main venait de se poser sur sa cuisse.La main glissa, une lente caresse qui lui fit se mordre les lèvres pour ne pas gémir. Elle remonta jusqu’à sa taille, s’inséra sous les vêtements, glissant sur son ventre vers sa poitrine, vint toucher ses seins, dégagea les globes du soutien-gorge.La main était épaisse, les doigts calleux, un contact bien différent de celui auquel Laure était habituée, et d’autant plus troublant.Les tétons érigés sous la pression, Laure était figée, une partie d’elle-même se demandant pourquoi elle ne réagissait pas – alors qu’en même temps une autre partie le savait parfaitement.La main redescendit, glissa sur la sienne maintenant immobilisée sur son sexe, repoussa l’étoffe du pantalon pour caresser la hanche.Une autre main se glissa sous la taille de Laure, insista, se força un passage.La main poussa vers le haut. Laure fut surprise de sa force, comme si elle-même ne pesait rien. Instinctivement, elle souleva sa hanche, obéissant à la pression.L’autre main remonta vers sa ceinture, et commença à repousser le pantalon déjà détaché et le slip vers le bas. Laure resta passive, pensa qu’il ne parviendrait pas à ses fins, tant les vêtements étaient serrés sur ses hanches, et la position peu favorable. À sa surprise, il y parvint cependant, forçant à la limite de la résistance du tissu, lui arrachant une grimace de douleur tant la friction sur sa peau était forte.Le pantalon à mi-cuisse, elle eut soudain conscience de sa peau nue, offerte. Son cœur battait à toute allure, sa bouche était sèche. Au moins était-elle protégée par le noir absolu, dissimulant sa nudité, l’indécence de son attitude, et – pensa-t-elle brièvement – celle des actes à venir.L’homme se rapprocha d’elle. Son sexe tenta de se frayer un chemin entre ses cuisses. Laure restait tétanisée, sans chercher ni à aider, ni à repousser sa tentative.L’homme parvint à légèrement plier sa jambe supérieure, à s’insérer. Elle dut à nouveau se mordre les lèvres lorsqu’il atteignit son point le plus sensible. La position ne lui permettait pas la pénétration, bien que Laure y ait été physiquement plus que prête, mais lorsqu’il commença un lent mouvement il se mit à glisser sur son bouton, propageant en elle à chaque fois une onde irrésistible.Laure se dit qu’après tout, elle ne pouvait pas y faire grand-chose… Elle avait déjà tout oublié du monde, elle oublia maintenant l’abri, et ses voisins, pour ne plus penser qu’au contact sur son sexe, à la sensation délicieuse partant du contact doux et ferme avant de se propager dans son corps entier, aux muscles durs de l’homme contre ses reins, à la sa force et sa chaleur derrière elle.Elle gémit lorsqu’une main revint vers ses seins, se mit à jouer avec ses tétons.Elle se mit à onduler, accompagnant le mouvement, puis de plus en plus, le devançant, dans sa recherche de plaisir. Le membre frottait maintenant sur une plus grande longueur, changeant, amplifiant la sensation. À un moment, il se détacha dans le vide, elle le ramena impérieusement contre sa chair, le guidant de sa main.Elle sentit la vague venir, se mordit les lèvres, avant de jouir dans un long souffle, se raidissant, immobilisant le sexe dur entre ses cuisses.L’homme modifia sa position, pesa, cherchant à nouveau entrer en elle. Elle se pressa contre lui, mais ce faisant, le repoussa sans l’avoir fait exprès.Il se retira, essaya à nouveau, cette fois glissa dans le creux de ses fesses. La sensation était douce et chaude sur sa peau, et elle le laissa faire, jusqu’à ce qu’il modifie à nouveau son angle et vienne se presser contre son anneau. Elle se contracta, il se retira, s’immobilisa un moment, comme incertain de la suite à donner.Laure fit rapidement glisser ses vêtements au-dessous de ses genoux, et plia cette fois largement sa jambe supérieure. Elle tendit une main en arrière, l’empoigna, s’arrêta un instant, troublée de sa taille, de sa chaleur et de sa douceur, le caressa comme pour mieux l’évaluer, avant de le guider vers l’ouverture de son sexe.Se penchant vers elle, il la prit, lentement, lui laissant le temps de s’ajuster, avant de parvenir au plus profond. Il reprit un lent mouvement de va-et-vient. Laure se sentait bien, infiniment femme, contente de la force de l’homme contre elle et en elle, contente de lui appartenir. S’abandonnant à la sensation de plénitude, elle le laissa faire, suivant son mouvement qui s’amplifiait, son rythme qui s’accélérait progressivement, son souffle contre son oreille, sa main se crispant sur la taille de Laure annonçant l’arrivée de son orgasme.Elle perçut la jouissance qui le secoua, le flot de vie qui l’emplissait à longs jets chauds venant comme une récompense.Ils restèrent unis. Laure n’avait nulle envie qu’il s’éloigne et le maintenait d’une main, posée en arrière sur le haut de sa hanche. Elle s’endormit, serrée lui, cette fois détendue et sans aucune gêne, confortée par sa présence.Une alarme au fond de son cerveau la réveilla. Elle devina une faible lueur passant par un interstice. L’aurore venait… Immédiatement après, elle réalisa aussi que l’homme, endormi, avait retrouvé toute sa vigueur, son sexe toujours fermement planté en elle.C’était embarrassant, elle devait le réveiller… avant que la lumière du jour ne révèle la situation qui l’empêchait de bouger.Ils se sépareraient, et elle ne le verrait plus… elle ne s’y résignait pas.Elle se dit qu’elle avait encore quelques minutes.Lentement, elle commença à bouger ses hanches, variant le contact, la pression du membre sur l’avant de sa paroi, le frottement contre la peau nue de ses fesses.C’était délicieux…L’homme se réveillait, commençant insensiblement à participer, à répondre, sans que Laure n’abandonne le contrôle de leur mouvement, décidant de leur rythme.Laure jouit une première fois, puis une deuxième, à chaque fois se crispant un instant, avant de reprendre. Elle aurait aimé durer ainsi des heures, mais la lueur du jour, de plus en plus nette, la pressait. Elle accéléra le mouvement, oublieuse des autres.La main de l’homme meurtrissait sa chair, elle sut que la fin approchait.La jouissance vint, violente. Comme elle l’avait voulu, il se vida enfin de sa force en elle, l’emplissant, puis redevenant flasque alors qu’il reprenait son souffle.Ils se rajustèrent. Laure avait la tâche la plus difficile et l’espace le plus étroit. Elle tenta de limiter l’ampleur de ses mouvements et les bruits d’étoffe, sans vraiment y parvenir, la remontée de son pantalon n’étant pas plus aisée que son retrait. Heureusement les deux autres jouèrent le jeu, restant silencieux, qu’ils aient été réveillés ou non.A peine avaient-ils terminé qu’ils entendirent des appels. L’autre couple se réveilla – ou fit semblant. En écartant les sacs de l’entrée, la lueur du jour les aveugla presque. Ils ressortirent un par un, provoquant les exclamations du groupe venu à leur rencontre, parmi lesquels Laure reconnut immédiatement son mari. Dans la clarté revenue, ils pouvaient maintenant apercevoir le village et ses quelques lumières encore allumées, ils n’étaient vraiment pas loin.Malgré le froid, Laure sentit soudain la chaleur lui monter aux joues. Elle se jeta dans les bras de son mari, évitant ainsi de croiser son regard. Par dessus son épaule, ses yeux trouvèrent ceux, mi-ironiques, mi-complices, de l’autre femme, qui semblait détendue et en pleine forme. Rougissant, elle garda ensuite les yeux baissés, préférant éviter ceux de ses compagnons d’une nuit.La serrant contre lui, son mari prit pour de la joie ce qui n’était que de l’embarras, et pour la seconde fois fut infiniment soulagé, après la nuit d’angoisse qu’il venait de passer.Laure était consciente, à ses dépends, du fait que l’un de ses seins, celui que son amant avait gardé sous sa main jusqu’au matin, était resté au-dessus du bonnet du soutien-gorge. Il lui faudrait endurer l’inconfort jusqu’au village, il n’était pas question de se rajuster en public.