Une histoire située au tout début des années 60. Bonne lecture : )Grandeur et décadence de la vie d’artisteHier, cette jeune blondinette était assise à peu près à la même place, au premier rang, face à la scène sur laquelle je me produis encore ce soir. Aujourd’hui, sa robe me semble être un peu plus courte, et son décolleté un peu plus échancré, ou bien je n’avais pas trop fait attention. Et comme cette jeunette n’est pas un fil de fer, ça déborde un peu, mais j’aime ce genre un peu canaille, avec des courbes partout, contrairement à la mode actuelle de nos années soixante qui flashe de plus en plus sur des filles longiformes.Le maintien de l’ordre en Algérie n’est toujours pas fini, mais déjà bien des appelés sont rentrés chez eux, au grand regret de certains hommes restés dans l’Hexagone qui ne pourront plus consoler des fiancées esseulées. Quand cette guerre, qui ne veut pas dire ce nom, sera enfin close, je suppose qu’on assistera à plein de mariages, puis quelques mois plus tard, il y aura un gros bond dans la courbe démographique, ce qui fera plaisir aux natalistes en tout genre.Depuis un bon mois, je suis en tournée dans l’Hexagone, pour jouer une pièce de théâtre de boulevard. Le cinéma ne fait plus beaucoup appel à moi, sauf pour des rôles de gangster ou de flic usé par la vie. Pourtant je n’ai même pas atteint le demi-siècle (il me reste une bonne année pour cela). Quand j’avais le quart de siècle, juste avant la guerre, je jouais les jeunes premiers.Maintenant, ce n’est hélas plus le cas.À cette époque, j’avais beaucoup de succès auprès des dames, je pouvais sans problème mettre chaque soir une nouvelle conquête dans mon lit, quand ce n’était pas plusieurs. Même quand je me suis exilé durant la guerre en Amérique, nation pourtant assez puritaine, du moins en surface. Cette époque bénie a quand même duré une bonne décennie, puis mon physique a changé, a mûri, et en même temps, d’autres jeunes premiers sont arrivés.La demande des spectateurs, et des spectatrices surtout, avait aussi changé…Par la suite, j’ai eu encore quelques bonnes fortunes, mais moins qu’avant. Puis, je me suis marié avec une belle comédienne italienne très volcanique qui s’est avérée aussi très jalouse. J’ai dû faire une croix sur les aventures d’un soir. Ce fut une relation à la fois fort torride, mais très chaotique. À mon grand regret, mon nom apparaissait plutôt dans la rubrique « Potins » que dans « Spectacles ». Après beaucoup de remous et d’orages, ma femme et moi avons divorcé, il y a environ deux ans, mais ce n’est pas pour autant que les admiratrices en folie assiègent ma couche de célibataire, même si je ne suis pas à plaindre par rapport à la majorité des hommes de mon âge.Le spectacle s’achève. Avec les autres comédiens, je salue le public. Puis ce samedi soir, je décide de m’offrir un petit bain de foule : je descends dans la salle pour serrer les mains des spectateurs et faire la bise aux spectatrices. Comme souvent, je suis vite entouré. Constater que ma popularité reste assez intacte me fait du bien. Je suis bien conscient que j’ai eu de la chance par rapport à bon nombre de collègues qui ont débuté en même temps que moi, il y a plus de vingt ans, presque trente.Bien qu’elle regarde dans ma direction, la jeune femme est restée sagement assise. Il faut dire que j’ai carrément une petite troupe qui m’entoure. Je me dirige lentement vers elle, la foule autour de moi s’éclaircit. Voyant que je viens vers elle, la jeune femme rougit un peu, elle se lève. Tandis que je lui fais d’abord une bise sur la joue, je serre sa main que je garde un peu plus longtemps que de coutume, je m’offre ensuite le luxe de regarder copieusement dans son décolleté. Elle me sourit de façon avenante. Avant de la quitter pour aller à la rencontre d’autres personnes qui attendent leur tour, je lui glisse à l’oreille :— Loge cinq, dans quinze minutes.Puis, je m’éloigne à regret pour continuer à serrer d’autres mains anonymes et bisouter d’autres joues. Je verrai bien dans quelques minutes si j’ai fait une bonne pioche ou pas. Qui ne risque rien n’a rien, n’est-ce pas ?AnnetteLa loge cinq n’est pas la mienne, mais je sais qu’elle est vide. Je n’y serai pas dérangé, puisqu’on me croira ailleurs ou déjà parti. Lors de l’entracte, j’ai demandé à un garçon des coulisses de prendre discrètement quelques affaires dans ma loge pour les déménager, sans oublier le sacro-saint champagne dans son seau à glace.Je suis à peine arrivé depuis deux-trois minutes qu’on toque délicatement à la porte. Est-ce elle ou pas, je vais être fixé dans quelques secondes. J’ouvre, il s’agit bien de la jeune femme bien en chair que je convoite. Affable, je la fais rentrer aussitôt.— Entrez, chère demoiselle. Merci d’être venue.— Euh, pas de quoi…Tandis que je referme derrière elle, ayant pris soin de vérifier s’il y avait quelqu’un dans les parages, je lui demande :— Vous n’avez pas eu de problème pour venir dans les coulisses ?— Non, pas du tout. Mais il y a plein de monde dans l’autre couloir, après le coude.— Normal, les vraies loges sont placées là. La cinq est à l’écart, ne me demandez pas pourquoi. Mais j’avoue que c’est pratique pour la discrétion.Elle rosit un peu, je poursuis :— Vous étiez là déjà hier, si je ne m’abuse.— Ah, vous m’aviez remarquée ?— Oui, je vous avais remarquée, mais hier soir, j’avais des obligations avec la mairie et les notables du coin. C’est souvent le cas quand j’arrive dans une nouvelle ville. Mais même si ça me barbe souvent, je ne peux m’y soustraire.Je m’empare de la bouteille qui reposait dans son seau à glace :— Une coupe de champagne ? Puis-je connaître votre prénom ?— Volontiers… moi, c’est Annette…— Moi, c’est Jean-Gérald, mais ça, vous le savez déjà.Je l’invite à s’asseoir sur le canapé, puis j’apporte deux flûtes pleines sur la table basse située devant ses genoux. En me penchant pour poser les verres, je peux avoir un fugace aperçu de ses cuisses. Tout ceci augure bien. Comme il faut bien discuter un peu, tandis que je m’assieds à côté d’elle, je lance avant de boire une gorgée de ma flûte :— C’est amusant, vous avez une petite ressemblance avec cette toute nouvelle chanteuse venue de Bulgarie, celle qui chante en duo avec Frankie Jordan.— Ah, Sylvie Vartan ? C’est plutôt elle qui copie sur moi, car je suis quand même plus âgée qu’elle et que j’ai ce physique-là depuis mes quinze-seize ans.— Ah oui… Bien des garçons ont dû vous tourner autour !Elle se met à rire :— Houla, oui ! Ma mère avait assez peur à chaque fois que je mettais un pied dehors !— Elle avait tort de s’inquiéter ?— Ben… oui, quand même ! Mais pas pour ce que vous croyez.Elle s’interrompt pour boire une première gorgée :— Eh, il est très bon, ce champagne !— Je m’arrange pour boire de la qualité… Et qu’est-ce que je ne dois pas croire ?Après une deuxième gorgée, Annette répond :— Oh, je ne suis pas restée une pure jeune fille bien longtemps. Je reconnais que j’ai fait plein de petites folies ci et là, mais aucun souci concernant le « neuf mois plus tard »…Elle boit une autre gorgée. Je suis étonné de cet aveu. Il est rare qu’une femme évoque aussi spontanément ce sujet délicat :— Ah bon ? En quel honneur ?Elle devient fugacement plus sérieuse :— Quand j’avais cinq ans, j’ai fait une sacrée chute. Comme j’avais des bizarreries avec ce que vous savez que les femmes doivent avoir chaque mois, étant ado, avec ma mère, j’ai consulté un spécialiste, puis un autre et encore un autre. À chaque fois, ce fut le même verdict : si je veux avoir des enfants, il faudra que je les adopte.— Ah ! C’est… triste…Oui, c’est triste pour elle, mais au fond de moi, ça m’enlève un poids. Je ne pense pas qu’elle mente, je sais reconnaître à présent les modulations de la voix. Cette admiratrice ne pourra pas me faire un éventuel chantage à l’enfant, même si j’évite au maximum d’aller explorer de ma verte verge les fentes féminines sous le bosquet, bien que je sache que les préservatifs existent. Il y a bien des façons de jouir d’une femme et de la faire décoller vers le septième ciel.Elle boit une troisième gorgée avant de répondre :— Oh non ! Je n’ai pas l’instinct maternel, et tant que je peux, j’essaye de profiter de la vie. Comme ce soir…— Compte sur moi, ma petite…Je marque une courte pause :— Je peux te tutoyer ?— Entre nous, ça me faisait drôle quand vous me dites « vous ». L’écart d’âge… la notoriété…— Cet écart ne te gêne pas ?— Les hommes matures ont souvent plus d’expérience que ceux de mon âge.— Je ne te donne pas tort ! Maintenant, découvrons un peu tous les mignons trésors que tu as apportés sur toi…Elle se met à rire, tandis que je plonge avidement mon nez dans son décolleté.Plein de trésors à découvrirContrairement à bien des femmes que j’ai eu le plaisir de lutiner, Annette ne joue pas les mijaurées. Sa robe est maintenant largement ouverte (c’est pratique, le boutonnage par devant) et son soutien-gorge ne cache plus grand-chose. Je me délecte de ses seins un peu lourds qui ruissellent vers son ventre que je devine rebondi, malgré la gaine. Cette même gaine sert de porte-jarretelles à des bas qui enveloppent des cuisses dodues. Mon Annette du soir a le profil de la bonne paysanne replète qu’on adore dévorer dans une meule de foin !Ça me rappelle bien des souvenirs très heureux, mais très anciens…De son côté, il ne lui a pas fallu longtemps pour caresser ma verge par-dessus le tissu de mon pantalon. Peu après, ma colonne de chair bien raide était dans sa main. Puis un peu plus tard, dans sa bouche. Tout lui semblait naturel, évident.Se faire sucer est un plaisir de gourmet. Je peux très bien lutiner avec des femmes sans les pénétrer. Bien sûr, je m’arrange pour qu’elles aient aussi plein d’étoiles dans les yeux. Mais évacuer son trop-plein de tension rien que par des fellations, ça me convient parfaitement. Et la petite est douée !Pour un peu, je me demande si elle n’est pas une pro, car non seulement, elle sait très bien jouer de la flûte, mais aussi jouer à la pétanque ! Très bien même. À tel point que j’ai un mal de chien à résister :— Attention, je vais finir par tout lâcher !Sa seule réponse est d’accentuer sa divine sucette et de mieux me masser les bijoux. Ce qui devait arriver arriva. J’ai le bonheur d’éjaculer dans cette bouche si efficace ! Puis, à ma grande surprise, je constate que la pitchoune continue de m’avoir en bouche alors que je suis en train de me vider en elle. Oui, bonne pioche !Avec soin, elle nettoie mon service devenu flasque. Je l’en félicite :— Eh bé ! T’es drôlement efficace ! Comment t’as appris tout ça ?— Sur le tas…— Sur le tas ? C’est-à-dire ?L’explication arrive sans fard et sans honte :— Plus jeunette, les garçons du coin voulaient souvent me sauter dessus. Donc, j’ai vite appris une façon de les soulager qui ne m’obligeait pas à me laver ensuite là où vous savez. Surtout que ma mère veillait sur moi comme le lait sur le feu.— Ah oui… je comprends mieux… T’as dû en faire des travaux pratiques !— Je ne sais pas… Vous savez, à la campagne, les filles sont souvent plus libérées qu’en ville. Et une de mes cousines me bat largement !— Hmmm… je vois…En souriant, elle désigne mon entrejambe :— En tout cas, vous, vous savez vite remettre le couvert !— J’ai une certaine habitude des banquets, ma jolie ! Ce que je vais me faire un plaisir de te démontrer tout de suite !Chose promise, chose due. Je n’aime pas faillir à ma parole. Je suis assez réputé dans mon milieu pour cela. Quand je dis oui, c’est oui. Quand je dis non, c’est non. Il est rare que je revienne sur ce que j’ai dit, sauf si on arrive à me prouver que je me suis trompé.Comme ce soir j’ai un très bon public, je me fais donc un plaisir de démontrer que je suis à la hauteur des attentes des dames qui en veulent et reveulent. De ce fait, les vêtements de la pitchoune ne font pas long feu sur elle, sauf ses bas et ce qui les retient. Quant à moi, je ne porte plus rien sous la ceinture.Oui, cette Annette est un sacré beau morceau de choix, voluptueuse, charnelle, un pur plaisir de courbes dont je me délecte. Et ravie de mon empressement envers elle, cette petite se laisse butiner sans complexe, ce qui m’attise encore plus !— Oh vous alors ! Faut pas vous en promettre !— Fallait pas me laisser mettre mes doigts partout sur toi !— Dans ce cas, vous avez un peu plus de dix doigts…Ah ces lourds lolos, ces tétons érigés et si sucrés, cette bouche rouge si accueillante, sans oublier ces cuisses fraîches et dodues, ces fesses rebondies à souhait, et ce petit bosquet bouclé qui cache une grotte humide et odorante que je visiterai bientôt !Pourquoi remettre à plus tard, ce que je peux m’octroyer tout de suite ?— Annette… j’en ai trop envie…— Servez-vous, Jean-Gérald… c’est fait pour ça…— Hmmm, tout est simple avec toi…Elle m’adresse un sourire complice :— Pourquoi se compliquer la vie ?— Ah, si seulement tout le monde raisonnait comme toi !Ses mains autour de mon cou, elle m’attire à elle. Je me positionne au mieux. Sans préambule, poussé par l’urgence, mon gland s’enfonce dans son bosquet, caressé par les poils bouclés, c’est exquis ! Je veux posséder cette femme, me perdre en elle, me noyer au plus profond ! Ce n’est pas la première nana avec laquelle je m’envoie en l’air, d’ailleurs, je ne les compte plus, contrairement à mes jeunes années, mais cette Annette, c’est quelque chose ! Je suis rudement content que le destin l’ait mise sur ma route !— Aaah ! Que c’est bon !Oh oui, j’adore être dans sa chatte si accueillante. J’ai l’impression que ma verge est carrément massée tandis qu’elle entre et sort dans son antre si délicieux. J’ai rarement vécu cette sensation, et quand j’y ai eu droit, ce n’était pas avec des débutantes, sauf une fois, c’est vrai.Foin de ces réflexions, je coulisse comme un beau diable entre ses cuisses si fraîches, bien décidé à profiter de ma bonne fortune du jour, d’entendre jouir cette pitchoune et de jouir moi aussi comme un fou. La vie est trop courte pour qu’on se gâche l’existence, je laisse ça aux pseudo-intellectuels existentialistes de Saint-Germain ! Ou du moins, à ce qu’il en reste !Une première petite idéeEn général, je suis assez résistant, surtout lors des marathons dans l’intimité des chambres et des loges, mais il y a hélas une limite à tout, même si on a le cœur à l’ouvrage. Vautrés dans le canapé, nous nous reposons l’un à côté de l’autre, repus, vidés, épuisés par nos jouissances respectives, car Annette s’est laissée aller sans complexe. J’adore ce genre de femme qui ne fait pas de chichi !La première, Annette prend la parole :— Ah, c’est dingue ! Même si je l’espérerais, j’aurais jamais cru que j’aurais été choisie afin de baiser avec un grand artiste comme vous ! Oh pardon !Je me mets à rire :— Hahaha ! Baiser, c’est bien le bon terme ! En ce qui concerne le grand artiste que je suis, comme quoi que tout peut arriver… Mais bon, ma grandeur est quand même derrière moi…— Mais… pourquoi moi ?— Pour être franc, j’adore les filles un peu enrobées, grassouillettes, avec de la chair qui déborde un peu… Ce n’est pas péjoratif, ce sont mes goûts. Une vraie femme avec ce qu’il faut où il faut.— Ah, OK ! Enrobée, oui, c’est ce que je suis, je ne me voile pas la face…Basculant sur le côté, elle me regarde curieusement :— Et un peu vulgaire aussi, n’est-ce pas ? Votre ex-femme est pourtant bien différente de moi.— Disons que je ne suis plus très adepte des manières de la Haute Bourgeoisie.— C’est bien dit…— Et si tu veux tout savoir, Annette, j’aime plutôt les petites cochonnes dans ton genre. On ne peut pas dire que tu aies beaucoup de tabous…Elle rosit un peu :— Ben… pour être honnête, comme c’était inespéré de m’envoyer en l’air avec vous, je me suis dit qu’il fallait que j’en profite, parce que ça risquait d’être la première, mais aussi la dernière fois.— Première fois, je te confirme. Dernière fois, ce n’est pas dit…— Ah bon ? Pourquoi ?Je continue de caresser ses seins un peu flasques qui sont si doux et si mous sous mes doigts :— Hmmm… et si je te proposais de finir la nuit à deux dans ma chambre d’hôtel ? Je commande un truc à grignoter, histoire que toi et moi, nous reprenions des forces. On pourrait même prendre le petit-déj ensemble.— Oh, vous vous afficheriez en ma compagnie ?— Bah, tu sais, ma réputation n’est plus à faire…— Oui, mais bon, on risque de jaser, vous ne croyez pas ?Il y a toujours une solution à tout problème :— Au pire, je peux faire aussi monter le petit-déj dans la chambre.— Honnêtement, c’est un programme qui me dirait bien… mais vous allez vouloir me faire des tas de cochonnerie, n’est-ce pas ?— N’es-tu pas une belle petite cochonne ? Ça ne sera pas pire que ce qu’on vient de faire…— Euh… je ne sais pas si ça sera pire ou pas…— Eh bien, pour le savoir, passe la nuit avec moi !Elle réfléchit quelques instants, puis elle lâche :— D’accord… Mais il faudra que quelqu’un me raccompagne chez moi. Y a pas beaucoup de bus le dimanche matin !— S’il n’y a que ça qui te chagrine, pas de souci !Quelques minutes et un taxi plus tard, nous sommes dans ma chambre. Avant de passer aux festivités, je commande un repas froid pour deux à l’accueil. En attendant que celui-ci arrive, je lutine ma nouvelle conquête.Peu après, on toque à la porte, je revêts prestement ma robe de chambre. Après avoir donné un pourboire, je reviens avec le chariot que je poste près du lit où m’attend une Annette déjà toute nue (sauf bas et porte-jarretelles). Reprendre quelques forces ne sera pas inutile.Une fois le repas achevé, sans préambule, je me jette sur Annette qui se met à rire devant mon empressement. Bien vite, je déguste tout son corps, ses plis, ses replis, ses creux et ses reliefs, tout en somme, sans négliger la moindre parcelle, et visiblement, la pitchoune aime beaucoup !— Hiii ! Vous me chatouillez !— Et comme ceci ?— Rhoo ! Vous êtes un gros filou, vous !C’est dingue, j’ai l’impression d’avoir vingt ans, prêts à gravir les montagnes, à courir sur des kilomètres et des kilomètres, sans effort. Je vois bien dans son regard qu’elle est ravie de mes performances, d’autant que j’essaye de me préoccuper d’elle au mieux, cherchant à exacerber son désir et par ricochet le mien.Je suis bien partout sur elle et en elle, j’adore me vautrer sur son corps tout doux. J’adore aussi sentir son poids sur moi, sa chair fraîche et tendre, toutes ses masses molles dans mes mains, dans ma bouche, une véritable orgie de dégustation sans craindre la crise de foie !De son côté, Annette ne reste pas inerte comme bon nombre de femmes qui jouent les étoiles de mer. Non, elle participe, elle caresse, elle griffe, elle branle, elle embrasse, elle lèche, elle suce, et bien d’autres choses.Oui, cette petite vaut largement le déplacement !Plus tard aux abords de l’aube, je suis épuisé, vidé, vanné et tous les adjectifs du même cru ! Je viens d’accomplir mon voyage au bout de la nuit, mais une très belle nuit. À moitié recroquevillée, Annette dort déjà, toute aussi hors-service que moi. Attendri, je la regarde une dernière fois, avant de sombrer moi aussi dans un sommeil réparateur.Puis une autre…Un rayon de soleil taquine mon visage. J’ouvre un œil ; juste à côté de moi, Annette dort comme une bienheureuse. On dirait presque une enfant ! Un doute m’assaille soudain : et si elle m’avait menti sur son âge ? Mais vu son habilité au lit, je pense que non. Ou bien, elle est ultra-précoce !Tandis que je récupère de cette folle nuit, une idée curieuse s’empare de mon esprit. Je la chasse, mais elle revient aussitôt. Puis, je me dis que, finalement, cette solution n’est pas si idiote, « un bon tien vaut mieux que deux tu l’auras », comme dit le proverbe.— Hmmm ? Z’êtes déjà réveillé ?— Il y a une minute ou deux… Tu peux continuer à dormir… Profites-en…Elle s’étire voluptueusement, le drap blanc glisse, révélant ses belles masses blanches, jusqu’à la limite du buisson de son pubis. Une bien belle cochonne avec de belles formes, cette pitchoune ! Oui, je me la garderai bien un peu plus longtemps que cette nuit qui fut torride.Je m’empare du téléphone pour demander qu’on nous apporte un petit déjeuner. Comme hier, je pars le chercher quand on toque à la porte. Me voyant revenir, Annette s’exclame :— C’est bien la première fois que j’ai droit au petit-déj au lit !— Ah bon ? Pourtant, c’est un classique…— Et c’est aussi la première fois que je passe la nuit avec une célébrité ! Et ça, c’est pas très classique !— Célébrité, célébrité… c’est un bien grand mot ! Disons que je ne suis pas retombé dans l’anonymat, c’est déjà ça !Sa réponse fuse instantanément :— Vous au moins, vous ne vous la pétez pas !— On va le dire comme ça !Nous déjeunons. Comme hier, Annette ne fait pas de chichi pour manger. De plus, toujours nue, elle m’offre un beau spectacle. Mon idée me turlupine toujours, mais je préfère reprendre des forces dans un premier temps. Étirant les bras, sa poitrine se relevant, Annette s’exclame :— Aaah, ça fait du bien par où ça passe !Elle marque une petite pause avant d’ajouter :— Je parlais du petit-déj… mais je dois reconnaître que… vous savez vous y prendre pour faire jouir une femme…— Je te remercie du compliment, ma petite.Tout en caressant le ventre rebondi de mon admiratrice nocturne, je continue :— Puisque tu sembles aimer ma cuisine, j’ai un deal à te proposer, Annette : ma tournée dure encore trois mois. Et si je t’embarquai dans mes bagages ?— Vous… vous voulez dire que…— Officiellement, tu seras ma camériste.Elle s’étonne :— Votre quoi ?— Ma femme de chambre, si tu préfères.— Ah OK, là je comprends mieux. Votre femme de chambre ou votre femme de lit ?— Les deux, les deux…Elle se moque :— Vous êtes bien un homme, vous !— Je crois te l’avoir prouvé depuis hier.— Ah ça, oui !Je place mon bras derrière son cou pour la rapprocher de moi, elle ne résiste pas. Nous nous faisons un petit câlin. Quelques longues secondes s’écoulent. Je m’étonne d’avoir proposé d’office trois mois. Quand ce genre de lubie me prend, je propose plutôt une semaine ou un week-end. Peu importe, là maintenant, je veux profiter d’Annette.La serrant fortement contre moi, je lui demande ensuite :— Alors, tu en penses quoi, de ma proposition ?— Trois mois ? C’est beaucoup ! Vous n’allez pas vous lasser de moi ?— Dans ce cas, si tu as des craintes, prends l’option « un mois » pour commencer.Toujours blottie contre moi, elle avoue :— Honnêtement, un mois, deux mois, trois mois, ça me tente, mais il va y avoir des petits problèmes à régler…— Lesquels ?— Ben, je travaille, figurez-vous !Je grimace. J’oublie souvent ce détail, trop habitué aux intermittentes du spectacle qui sont souvent plus disponibles :— Ah oui…— Bon, je n’aime pas trop mon actuel boulot, ce n’est pas trop un problème que de ne plus y retourner. D’ailleurs, vu ce que je gagne… Mais si je ne travaille plus, je fais comment pour le loyer de mon appart ?La demoiselle est décidément pragmatique, mais je constate avec plaisir qu’elle n’est pas contre ma proposition. C’est d’ailleurs la toute première fois que je propose une si longue période à l’une de mes conquêtes, je m’étonne moi-même ! Sans trop réfléchir, je réponds :— Pas de souci, je te le paye, ton loyer. Et je te verserais une sorte de salaire, pour voir venir ensuite, le temps que tu te retrouves quelque chose. Bien sûr, je prends à ma charge tes divers frais quand tu seras avec moi.Toujours collée à moi, elle proteste :— Oh, pour le salaire, c’est pas la peine, je retrouverai facilement du boulot.— Ma petite, prends ce qu’on te donne de bon cœur.Elle me sourit d’un air malicieux :— En parlant de ce qu’on me donne de bon cœur, je reprendrais bien un peu de votre bite !— Oh toi, je sens que nous allons bien nous entendre !Puis elle joint le geste à la parole, pour ma plus grande satisfaction !La suite de la tournéeLes membres de la tournée et de celles d’avant n’ont jamais été étonnés que je m’affiche un jour ou deux avec la même femme. Ils ont commencé à l’être un peu plus quand ce fut durant une semaine, et encore plus quand, un mois plus tard, Annette était toujours à mes côtés, sans qu’il y ait eu la moindre anicroche, le moindre orage.Il faut reconnaître qu’Annette est de très bonne composition, sans être pour autant servile, elle est pleine de vie, toujours de bonne humeur, et de plus, elle est performante au lit et très ouverte dans tous les sens du terme.Je vais être franc, j’espérais bien que ça durerait au moins un bon quinze jours, mais je n’aurais pas parié une fortune sur une durée plus longue. Je me connais, je suis sincère sur le moment, puis mon naturel cavaleur revient au galop.Enfin, c’était avant, dirait-on…Mais, à la réflexion, pourquoi aller chercher ailleurs si Annette m’offre ce dont j’ai finalement besoin, et même plus ? Et sur une large palette. Pour paraphraser un célèbre proverbe : « une bonne cochonne vaut mieux que deux tu l’auras ».Nos jours à deux se ressemblent tout en étant différents, je n’arrive pas à bien m’expliquer. Annette est souvent dans la salle lors du spectacle, elle est avec moi avant mon entrée en scène, lors de l’entracte, et bien sûr après la prestation. Elle me récompense à sa façon, et elle le fait si bien et de bon cœur. Par exemple, j’adore me laisser aller dans sa bouche avant d’entrer en scène, c’est un plaisir divin ! Parfois, c’est restau au-dehors, parfois c’est repas en tête à tête. J’aime me balader en sa compagnie dans les rues d’une ville inconnue, faire des emplettes.Non, je n’arrive pas à me lasser de cette fille, de cette femme.Je me contrefiche des commentaires qu’on peut faire sur nous. Je sais qu’il y a une différence d’âge, mais je ne suis pas le seul homme sur terre à passer pour le père de ma maîtresse. Annette n’est pas non plus un mannequin, elle n’a pas non plus un physique hollywoodien, mais cette fille est un véritable régal pour mes yeux, mes mains, ma bouche et j’en passe.Et puis, j’adore la façon qu’elle a de se presser contre moi, pour que je la protège du monde entier…Comme j’ai l’esprit parfois pervers (mais pas tout le temps), je me suis dit que je pouvais aussi « exploiter » ma compagne d’une autre façon, afin de tenir la dragée haute à certaines personnes, et leur en mettre plein la vue.— Annette, et si je t’offrais des robes assez… coquines…— Tu veux dire quoi par là, mon Gégé ?— Samedi soir, j’ai envie de parader au bras d’une femme éblouissante.— Moi, éblouissante ? Tu veux rire ?— Avec un peu de maquillage et une robe adéquate, tu seras éblouissante, je te l’assure.Annette cogite un peu, puis elle me demande avec un petit sourire en coin :— Tu ne serais pas un peu exhibitionniste de tes bonnes fortunes ?— Au singulier : de ma bonne fortune, c’est-à-dire toi.— T’es gentil de dire ça…J’affirme :— Je le pense.— Je sais… Je le vois à tes yeux…Je préfère ne pas lui demander ce qu’ont mes yeux de si spécial. Trois jours plus tard, elle s’essaye à ce nouveau jeu, quand on m’apporte la robe que j’ai commandée pour elle dans notre chambre d’hôtel. Elle est assez stupéfaite quand elle se regarde devant la glace :— Waaaw ! C’est moi ça ?— Oui, je te le confirme, c’est bien toi, tu es magnifique, ma jolie !— Merci, mon Gégé ! Mais… ce… ça fait pas un peu… euh, vulgaire ?— La mode est effectivement aux portemanteaux rachitiques. Dès qu’il y a un gramme qui dépasse, les têtes qui se disent pensantes pensent que c’est vulgaire.— Euh, oui… mais…Je balance un argument assez convaincant :— Les vrais hommes aiment les vraies femmes, et les vraies femmes, elles ont des courbes, contrairement aux vrais hommes qui ont des angles.Ce qui la fait rire aussitôt. Femme qui rit est convaincue (ce qui peut aussi s’écrire en deux mots).Depuis que nous nous connaissons, Annette m’accompagne lors des réceptions et des soirées. Au début, je devais insister, elle ne se croyait pas à la hauteur. Avant Annette, j’y allais souvent seul et j’en revenais souvent accompagné. C’est curieux, mais au début, quand je commençais à m’afficher avec ma nouvelle compagne, les autres femmes me semblaient… comment dire… insipides…Maintenant, c’est pire encore ! C’est quoi le mot pour dire insipide au carré ?Il faut dire qu’Annette n’ergote pas sur ses tenues, souvent à la mode des années trente (ça lui va si bien), mais pas que ces années-là. De plus, ses décolletés vertigineux valent largement le déplacement, sans parler de ses jupes souvent joyeusement fendues, sans parler de son popotin merveilleusement moulé !Et puis, nous nous entendons si bien, parfois sans même prononcer un seul mot !Annette prend goût à ce genre d’exhibitionnisme. Avant, je devais la pousser. Maintenant, c’est tout juste si je ne dois pas la freiner ! Un jour, elle me faisait admirer sa nouvelle toilette, me demandant ce que j’en pensais :— Ah ça, pour être sexy, c’est sexy ! Très sexy !— Merci, mon Gégé ! Donc ça te plaît ?— Moi, j’adore, mais tu ne pousses pas un peu trop loin le bouchon avec tes tenues ? Si tu déambulais comme ça dans la rue, je ne te donne pas cinq minutes pour être embarquée au poste de police, ma poussinette !Annette a vite appris à argumenter à ma façon. Il faut croire que je suis un bon professeur :— Dans la rue, j’dis pas. Mais dans une soirée, ça passe, non ? De plus, je ne compte plus le nombre de starlettes qui en montrent plus que moi, n’est-ce pas, mon Gégé ?— Les starlettes, on ne les trouve que dans deux endroits : Paris et la Côte d’Azur. Ici, nous sommes dans la Prôôôvince prôôôfonde… La mode de Paris met au moins un siècle pour arriver jusqu’ici !— Eh bien, rien qu’en me zieutant, les gens du coin vont gagner pas mal de temps !Pas faux, comme dirait l’autre. Il est vrai que je découvre de temps à autre ma compagne en première page des journaux locaux, et très souvent dans les premiers feuillets. Un petit journaliste m’a même confié un jour :— Oui, je prends plein de photos de votre… euh… accompagnatrice, mais sous des angles différents. Comme ça, le jour où on aura une panne d’actualité, on saura quoi mettre à la Une, et on vendra quand même !Pourquoi pas ? Comme je ne suis pas du genre jaloux et ombrageux, je ne vais certainement pas faire une scène à Annette parce qu’elle monopolise parfois l’attention à mon détriment. Mais comme je suis toujours à ses côtés, on est bien obligé de me mentionner quand même. Je ne vais certainement pas râler que ma compagne fasse envie !Et puis, j’aime bien faire bisquer les autres hommes !Un jour, il lui a pris la fantaisie de porter la fameuse robe à strass de Marilyn Monroe dans « Certains l’aiment chaud ». Ce fut torride, une vraie tuerie ! Surtout qu’au niveau « formes », il y avait de quoi mater ! Annette a eu un succès fou (nettement moins auprès des bonnes âmes). Elle était le pot de miel, et tous les hommes présents, les abeilles ! Quand nous sommes rentrés, n’y tenant plus, je me suis carrément jeté sur elle, tellement qu’elle m’avait excité !Elle a même ri de mon ardeur décuplée, s’offrant totalement à moi comme elle sait si bien le faire ! Tandis que je la trimais avec volupté, j’ai eu fugacement une pensée charitable pour tous ces hommes qui ne feront jamais l’amour avec mon Annette à moi !Les pauvres !Mise au pointAlors que je viens juste d’arriver dans son bureau, après les salutations, mon impresario ne prend pas de gant, il attaque tout de suite, voyant que je suis seul (pour une fois) :— Je reconnais que ton Annette t’a assagi, Jean-Gérald… Mais… tu ne devrais plus t’afficher autant avec elle.— Et pourquoi donc, Pierre ?— Elle est trop vulgaire, elle fait franchement « sincière » comme on dit par chez moi, c’est pas très bon pour ton image de marque.Je réponds un peu vertement :— Et alors ? Sincière, fermière, fripière, lavandière, Annette me plaît telle qu’elle est. Point barre.— Si tu aimes le style « blondinette », c’est avec Sylvie Vartan que tu devrais t’afficher. Je crois que cette jeunette ira loin.— Ah oui ? Et tu crois sincèrement que ta pitchoune de Sylvie Vartan va venir s’afficher amoureusement à mon bras ?Il se gratte la tête :— Euh… oui… il y a peu de risque, je crois qu’elle préférerait plutôt les jeunes premiers, comme ce petit Belge qui se déhanche sur scène et dont je ne sais plus le nom…— Écoute, Pierre, je sais très bien que j’ai maintenant une aura de gangster, de flic sur le retour. Ma meilleure promo, c’est justement Annette. Le public n’est pas déçu.Pierre esquisse un petit sourire :— Vu comme ça…— Et puis, rappelle-toi le film qu’on a tourné, il y a quinze jours. J’y fais une courte apparition avec Annette. Le réalisateur a même dit que c’était parfait, alors qu’il est pourtant réputé pour être un gros salopard qui houspille ses acteurs, même les plus célèbres.— Excuse-moi de te rappeler que ton Annette tenait le rôle d’une prostituée, et toi, celui de son mac…— Et alors ? Je m’en fiche. Je suis bien avec elle. De plus, j’ai déjà fait cinq « couv » depuis que je suis avec elle, sans parler des articles intérieurs. C’est de la réclame toujours bonne à prendre. Ça faisait combien de temps que je n’avais pas fait la Une d’un journal, même de province ?— Tu parles ! On ne peut pas dire que ce soit de la réclame de haut de gamme !Je m’assieds sur le rebord du bureau :— C’est de la réclame circonstanciée. Avec mon physique, je ne peux plus jouer les jeunes premiers ni les beaux vieux ou l’inverse. J’aurais aimé être le Cary Grant français, mais c’est raté. D’un autre côté, je ne suis pas non plus le nouveau Michel Simon.— OK, OK… mais avoue que ton Italienne d’ex-femme avait plus de classe.— C’est vrai, je te l’accorde, mais tu vois où ça nous a menés ? J’avais carrément un budget « vaisselle », car Antonella avait la sale marotte de me balancer des assiettes à la tête pour un oui ou pour un non. Et je ne te parle pas du reste, dont tu ne sais même pas le quart de la moitié. Avec Annette, c’est nettement plus reposant !Se rappelant peut-être cette époque de ma vie très agitée, Pierre hoche la tête quelques courts instants, puis il demande :— Un truc m’intrigue : pourquoi ton Annette est la plupart du temps habillée comme avant la guerre ? Elle était pourtant une nourrissonne à cette époque.— Parce que ça l’amuse et parce que ça me rajeunit…— Ça te rajeunit ?— Ben oui, ça me rappelle mes débuts, c’est aussi con que ça. Et puis, ça lui va bien, tu ne trouves pas ?Pierre acquiesce :— Même si ta nana n’est pas mon genre, je reconnais que ça lui va bien, en effet.— Je sais, toi, t’as un penchant pour les Slaves éthérées…— Éthérées ? T’as de ces mots !— Dis-moi que j’ai tort, mon Pierrot !Mon impresario sourit. Posant ses mains sur mes épaules, il me regarde dans les yeux :— Bon, redevenons sérieux : ta tournée s’achève bientôt, elle a duré un peu plus longtemps que prévu, car nous avons dû rajouter quelques dates.— Quelques dates ? Tu fais dans l’euphémisme, Pierrot ! Deux mois et demi de plus, quand même !Pierre temporise :— Oui, oui… Tant mieux ! La plupart du temps, c’est l’inverse. Et puis, il y a eu quelques blancs dont tu as profité pour le film. Mais quand la tournée sera finie, tu vas faire quoi avec ta « camériste », puisque c’est son titre officiel ?— J’ai encore trois semaines devant moi…— Je vois que, toi-même, tu ne sais pas trop…Je marque une légère pause avant de répondre :— J’aimerais bien la garder avec moi, tu vois… mais ce sera une vie moins trépidante. Cela dit, avec un peu de chance, on peut monter une nouvelle tournée assez vite, ou faire de la figuration ou des seconds rôles dans divers films.— Tu n’es pas très ambitieux, Jean-Gérald…J’explique mon point de vue :— Je sais l’âge que j’ai, et je ne suis pas Jean Gabin. Je suis encore dans le circuit, sans en être dans les bas-fonds. Le jour où je verrais que c’est vraiment fini pour moi, je me retire avant d’être ridicule ou pathétique. Comme tu le sais, je n’ai pas tout dépensé, j’ai placé mon argent, et d’après les derniers calculs faits par mon banquier, je pourrais vivre décemment jusqu’à la fin de mes jours. Oh, ce ne sera pas le grand luxe, mais ce sera plus que largement décent.— C’est vrai, tu as toujours eu un petit côté fourmi…Je hoche un peu la tête :— Dès le départ, je savais que ça ne durerait pas éternellement. Je suis même parfois surpris d’être toujours là, avec ma petite notoriété. Et c’est cette petite notoriété qui m’a fait rencontrer Annette, il y a maintenant cinq mois à la louche.— Tu n’as pas peur qu’elle te quitte, si tu te retires des projecteurs ?— Peut-être que je me goure, mais je ne pense pas que ce soit le genre… Je commence à bien la connaître. Elle est à celui qui sait la comprendre et la prendre, il me suffit de savoir l’écouter et de l’exaucer, sans toutefois être obligé de soulever des montagnes contrairement à beaucoup de femmes.— C’est vrai qu’elle est comme toi : pas trop exigeante.— Qui se ressemble s’assemble…Pierre soupire :— Je suppose que je ne te ferai pas changer d’avis… Bon, garde-la, ton Annette. Peut-être que dans six mois, ce sera de l’histoire ancienne. Et puis, elle et toi, ça vous permet de faire parfois la une de certains journaux et ça attise en prime la curiosité du public.— On verra ce que ça donnera… La vie m’a appris qu’il fallait éviter de faire des pronostics sous peine de se planter en beauté.— Tu es très pragmatique, et c’est tout à ton honneur. Je connais bien des jeunots qui se croient tout de suite sortis de la cuisse de Jupiter parce qu’ils ont un brin de succès. Si je m’écoutai, je les bafferais !Mon agent marque une courte pause avant d’ajouter :— Il y a les femmes avec qui on s’affiche, et les femmes avec qui on couche. Toi, tu t’affiches avec une femme avec qui on couche.— Une autre façon de dire « sainte » ou « putain » ?— En quelque sorte… Bah, je parie que tu dois faire des tas d’envieux, même s’ils n’oseront jamais l’avouer !En entendant cette phrase, je souris :— Toi le premier ?— Je ne suis pas trop fan des blondinettes un tantinet rondouillettes, tu le sais bien. Il paraît que j’ai un penchant pour les Slaves éthérées, c’est un ancien jeune premier qui me l’a confié ! Bah, c’est peut-être toi qui as raison de te foutre de ce qu’on peut raconter sur ton dos.— Je te signale qu’il y a plein d’hommes âgés qui ont mis une jeunette ou plusieurs dans leur lit, même chez les politiques. Tiens, regarde par exemple Charlie Chaplin…— T’exagères avec ta comparaison ! Lui, il allait carrément les chercher au berceau !Nous rions de concert. Peu après, nous nous quittons.Suite, mais pas finPar la suite, j’ai fait d’autres tournées, fait acte de présence dans divers films, et même joué quelques seconds rôles dans des films importants. Parfois, je montre le bout de mon nez à la télévision, en général tard le soir, sur l’unique chaîne française qui existe. Idem en Belgique, mais avec un ton plus libre.Je ne suis plus vraiment au-devant de la scène, mais on ne m’oublie pas, c’est déjà ça.Je sais qu’on médit dans mon dos : un vieux machin avec une jeunette d’allure vulgaire, sauce années trente. Il faut dire que les quelques rôles qu’Annette a pu jouer n’étaient pas en mesure de casser cette image : on lui propose souvent d’être une prostituée, une soubrette et j’en passe. Ce sont des rôles fugaces, souvent avec des dialogues très réduits, mais Annette s’en moque, ça l’amuse. Elle ne se sent pas du tout actrice et n’essaye même pas de prendre quelques cours :— M’en fous, mon roudoudou, je suis pas comédienne, c’est pas mon truc.— Pourtant tu as fait quelques prestations réussies…— C’est parce que tu étais là, et que ça me permet de rester avec toi.Attendri, je la serre dans mes bras :— J’ai bien fait de te rencontrer !Elle se moque gentiment :— Oui, t’as bien fait de me rencontrer !Puis, elle redevient plus sérieuse :— Et puis, honnêtement, j’ai une vie beaucoup plus belle avec toi. Sinon, qu’est-ce que je serais devenue ? Une simple sténodactylo comme il y en a tant ? Je me serais peut-être mariée avec un petit comptable à qui je n’aurais pas pu faire d’enfants ?— En effet, vu comme ça…— Honnêtement, tu nous vois, toi et moi, avec des enfants ?— Euh… pas vraiment…Elle se colle un peu plus contre moi :— Et puis… je suis bien avec toi, tu sais t’occuper de moi, me faire rire, me surprendre aussi. Tu es un bon amant, mais ne te gargarise pas trop vite pour autant. Je ne sais pas si nous serons encore ensemble dans un an, dans cinq ans, dans dix ans… D’ici là, je prends ce que la vie me donne.— Eh oh ! J’espère bien que, dans vingt ans, tu seras toujours avec moi et à moi !Ses seins bien aplatis contre moi, elle se moque à nouveau gentiment :— Oui, oui… je serai ton infirmière toute dévouée, et je pousserai amoureusement ton fauteuil roulant !— Une infirmière sexy, je présume ?— Ben voyons, gros cochon ! Oui, je serais en bas de soie à coutures et porte-jarretelles assortis. J’oublierai de mettre une petite culotte, et ma tenue sera trèèès courte ! Ça te va comme ça ?— À la bonne heure !Nous nous embrassons. J’adore cette femme, ma meilleure rencontre. Dans quelques années, ou même dans quelques mois, il faudra que je lui propose le mariage, afin de la mettre à l’abri du besoin s’il m’arrive quelque chose, on ne sait jamais. Telle que je la connais, elle serait capable de refuser !Honnêtement, il y a peu de temps encore, je ne me voyais pas être l’homme d’une seule femme, j’imaginais bien avoir plein d’aventures féminines jusqu’à un âge assez avancé, si la Nature me le permettait. Mais je ne veux pas risquer de briser ma belle relation avec Annette pour des histoires de fesses sans lendemain.Annette est MON histoire de fesses, la grande, la belle, et ça me va très bien ainsi.Après, on verra le temps que ça durera, mais c’est à moi de faire ce qu’il faut pour que, justement, ça dure le plus longtemps possible. Trèèès longtemps !